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17 mai 2025

Pfizergate

Laurence Muller-Bronn
15/5/2025

Ce 14 mai 2025, la justice européenne condamne la Commission pour son refus de divulguer les SMS d'Ursula von der Leyen.

C'est un sujet que nous avons continué à suivre. "Nous" : nous les anonymes, les lanceurs d'alerte, les petites mains, les journalistes et, bien sûr, les citoyens européens et du monde qui nous préoccupons de libertés publiques et de l'accès à l'information...

Le jugement de ce procès – initié par les révélations du New York Times en avril 2021, l'entêtement principalement du journaliste Alexander Fanta, de la députée européenne Michèle Rivasi et du lanceur d'alerte et lobbyste injustement rayé des registres de la Commission européenne Frédéric Baldan, plainte soutenue par les conclusions de la médiatrice européenne et le rapport de la Cour des Comptes européenne... – était particulièrement attendu.

Tous contestaient l'abus de la Commission de refuser de donner accès à ces textos échangés entre Albert Burla, le boss de Pfizer et la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en pleine négociation des vaccins covid. Ces textos qui traitaient du prix des vaccins – à en croire du moins le New York Times et les déclarations de Albert Bourla himself – devenaient les preuves explicites d'un abus de pouvoir de la part de la Présidente de la Commission européenne. La gardienne des traités devenait celle qui les court-circuitait. Mauvais effet pour un contrat à 35 milliards d'euros…

À qui profite le crime demandait toujours Michèle Rivasi, avant d’analyser un dossier. Qui, ici, a pu profiter de ce silence et de cette opacité ?

Le Tribunal de l'Union européenne a estimé, mercredi 14 mai, que la Commission européenne avait illégalement refusé de donner accès à des échanges entre Ursula von der Leyen et le PDG de Pfizer. Ces messages, envoyés en pleine pandémie de Covid-19, concernaient les négociations sur l'achat de vaccins.

"La Commission européenne n'a pas le droit de refuser l'accès au contenu des SMS échangés durant la pandémie de Covid-19 entre sa présidente, Ursula von der Leyen, et le PDG de Pfizer, Albert Bourla. C'est ce qu'a estimé, ce mercredi 14 mai 2025, le Tribunal de l'Union européenne, en annulant la décision de la Commission de ne pas communiquer les messages concernés, qui auraient été échangés dans le cadre des négociations d'un important contrat d'achat de vaccins produits par l'entreprise pharmaceutique américaine" écrit aujourd'hui Toute l'Europe, l'un des médias officiels de l'actualité de l'Union européenne."

Qui rappelle aussi : "Ce jugement fait suite à une plainte déposée par la journaliste du New York Times, Matina Stevis, qui demandait, au nom du droit d'accès aux documents publics, de pouvoir consulter ces SMS échangés entre janvier 2021 et mai 2022. La journaliste était à l'origine des révélations, en avril 2021, concernant l'existence de ces messages et réclamait alors d'en connaître la teneur. (...) L'exécutif européen avait refusé la requête de Matina Stevis, invoquant l'absence de "contenu substantiel" qui justifierait l'archivage des messages en tant que documents publics. Une décision qui a suscité de vives critiques sur le manque de transparence de l'institution bruxelloise, qui plus est dans un contexte de montée des thèses complotistes sur les vaccins. En 2022, la médiatrice européenne alors en poste, Emily O'Reilly, avait elle-même dénoncé l'opacité de la Commission sur ce dossier."
Politico rappelait hier, aussi, le contexte et les conséquences possibles de cette décision.
Michèle, nous te le redisons : "Ensemble, nous gagnerons !"