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11 mai 2025

QUE VIVE LEON XIV !

Gabriel Nerciat

-10/5/2025- Si j'avais été cardinal-électeur du Sacré Collège romain, je n'aurais sans doute pas voté pour lui, mais accueillons quand même avec confiance, bienveillance et même un minimum d'espoir l'élection de ce nouveau pape américain porteur d'un nom français.
D'abord parce que le pontificat de Bergoglio a été tellement long, éprouvant et infect que celui-ci, quoi qu'il arrive, ne pourra pas être pire (c'est l'avantage, dans tous les milieux, de succéder à un dirigeant médiocre ou scélérat).
Ensuite parce qu'il a choisi de s'inscrire dans la lignée de Léon XIII et pas de son prédécesseur (il a volontairement refusé de s'appeler François II, peut-être sous la pression des cardinaux traditionalistes qui disposaient d'une minorité de blocage, et assumé toute la pompe protocolaire et liturgique liée dans la tradition romaine à l'élection du successeur de Pierre et de Paul).
Léon XIII, c'est certes le premier pape moderniste de l'Histoire, artisan de la réconciliation - très relative - de Rome avec la République française et auteur de Rerum novarum (la fameuse encyclique qui condamne vigoureusement à la fois capitalisme et socialisme), mais quiconque connaît un peu sa biographie sait que ce fut un pape réaliste et prudent, qui, contrairement à Jean XXIII ou Paul VI après lui, se gardait bien de vénérer les valeurs du monde moderne avec lesquelles il se voyait contraint de composer partiellement (rappelons qu'à l'époque, les papes étaient quasiment prisonniers du jeune Etat italien né avec le Risorgimento en 1860).
Comme Léon le Grand dont il avait choisi le nom, il s'agissait d'un souverain pontife qui ne se leurrait pas sur ce que signifiait l'empreinte croissante du Prince de ce monde sur les esprits de la société moderne et sur la progression des barbares qui l'accompagne autour de Rome (comme au sein de Rome même, d'ailleurs : il fut très clair là-dessus puisqu'on lui attribue une citation assez sidérante sur la présence réelle de Satan au cœur de l'Eglise de Pierre).
Les deux premières déclarations du nouveau pape : "Le mal ne gagnera pas" et "Beaucoup de gens aujourd'hui pensent à tort que ceux qui se tournent vers l'Eglise sont des ignorants et des superstitieux" font directement écho à celles de son lointain prédécesseur. Et j'y vois au moins un signe de lucidité, qu'on aurait eu bien de la peine à trouver dans la bouche d'un autre pape post-conciliaire (saint Jean-Paul II et Benoît XVI exceptés).
Enfin, son appartenance à la Curie comme à l'ordre des Augustins, sa connaissance approfondie du droit canon et de la théologie thomiste, son passé de missionnaire au Pérou, l'importance qu'il accorde publiquement à la dévotion mariale me semblent aussi de très bon augure. Visiblement, ce n'est pas un faux prophète jésuitique, ambitieux et hypocrite comme l'était Bergoglio, qui n'aurait qu'hostilité ou mépris à l'encontre de l'héritage spirituel et historique de la vieille Europe latine.
Alors bien sûr, tout cela ne gage rien pour le reste, et il est probable que nous aurons encore droit à des encycliques et des sermons en nombre pour nous expliquer (faussement) que nous devons être envers les migrants venus d'Afrique ou d'ailleurs l'équivalent du Bon Samaritain de l'Evangile. Mais malgré tout, je crois que ce n'est pas rien.
Si déjà ce pape, que l'on dit rigoureux et discret, s'applique à restaurer l'unité de l'Eglise que son prédécesseur a tellement divisée, ce ne sera pas si mal.
Prions donc pour lui, pour la gloire du Christ, et pour la réussite de son pontificat.
Amen.