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22 mai 2025

Stéphane Arguillère

-22/5/2025- Il faut surtout reconnaître qu'il y a un profond changement de nature du journalisme depuis au moins un quart de siècle, à telle enseigne qu'il serait plus sain d'inventer un nouveau terme que de garder l'ancien, les deux professions, l'ancienne et la nouvelle, n'ayant pas grand-chose en commun. Le néo ou post-journalisme a pour objet la construction de récits plausibles conformes aux orientations dominantes communes des pouvoirs en place, avec une petite marge de liberté pour la petite part non commune, enfin pour ce qui singularise certaines micro-factions au sein des pouvoirs en place. Ce post-journalisme a également pour vocation de récuser (plutôt discréditer que réfuter) les autres récits plus ou moins également plausibles mais déviant trop du récit souhaité. Le tout dans un climat caractérisé par une perte d'audience créant une situation de profonde dépendance financière (subventions, etc.) à l'égard de ces pouvoirs ainsi qu'un ajustement aux attentes du public résiduel vieillissant, craintivement attaché à un narratif suranné et ne correspondant plus en rien aux faits actuels, mais qui a besoin d'être bercé dans des illusions rassurantes (tout en restant disponible aux campagnes de terreur type COVID où ils sont appelés à jouer le rôle de délateurs, de demandeurs d'un pouvoir plus répressif, etc.). Je ne sais pas s'il faut attacher au grand âge de pas mal des derniers usagers de la presse l'absence de tout scrupule à l'égard de la contradiction – raconter une chose un jour, le contraire le lendemain, ou la présenter un jour comme centrale, l'oublier le lendemain – mais tout l'ensemble sue la sénilité et ne se comprend plus que comme le stade terminal d'une sorte d'escroquerie à la subvention.
Et c'est bien dommage, parce que, chacun n'ayant pas le temps de tout vérifier soi-même, on aimerait quand même être informés par des gens sérieux.