Gabriel Nerciat
-30/5/2025- Dans la France de ce XXIe siècle, un homme ou une femme malade lassé de vivre aura le droit de se suicider avec l'aide de l'État et de la médecine, mais les autres n'auront pas le droit de fumer une cigarette ou une pipe dans les jardins publics, les plages, les stades, l'abord des écoles et bientôt, n'en doutons pas, les terrasses des cafés.
C'est d'ailleurs la même ministre, Catherine Vautrin, typique (comme Retailleau) de cette droite faux derche et philistine des notables de province, qui a soutenu les deux lois, à quelques jours d'intervalle.
Ce qui me rend le plus triste, dans cette séquence, ce n'est pas tant que des parlementaires couards ou indignes aient légalisé en toute bonne conscience le droit de donner la mort à plus faible que soi – alors même qu'il existe depuis longtemps des moyens médicaux d'éviter ou de contourner ce geste fatal et impardonnable.
C'est que la plupart des médecins l'ont accepté, et que peu d'entre eux, j'en suis sûr, courront le risque de braver le scélérat "délit d'entrave" prohibé par cette loi criminelle.
Ce qui me rend le plus amer, ce n'est pas tant qu'une ministre de fortune sans fidélité et sans principe ait pu signer une directive aussi hypocrite et liberticide que celle qui interdit pour des motifs de salubrité publique de fumer en plein air dans un lieu public.
C'est que la plupart des fumeurs, sinon tous, vont respecter cette loi, comme ils l'ont fait déjà pour les bistrots et les restaurants.
Alors que dans un pays libre, ils auraient dû par millions se précipiter la clope au bec pour prendre d'assaut le premier parc venu.
Les Français sont devenus tellement apathiques, conformistes, narcissiques, décérébrés et indifférents à tout qu'on se demande vraiment quelle mesure plus barbare ou absurde que les autres serait encore susceptible de les faire sortir du coma moral où ils sont plongés.
À dire le vrai, c'en est à pleurer de rage ou de honte. Si ça continue à ce rythme, je ferais peut-être mieux de demander à mon médecin de m'euthanasier.