Jean-Claude Delhez
-4/6/2025- Avez-vous noté cette distorsion ? Quand un pouvoir politique s'exprime, il peut le faire par plusieurs voix différentes. C'est du moins le cas en Europe. Ainsi, la parole peut-être portée par le chef de l'État, par le premier ministre, par le ministre en charge du dossier ou encore par le porte-parole du gouvernement. C'est la même chose en Russie. La position du pays peut être exprimée par le président (Poutine), par le vice-président (Medvedev), par le ministre des Affaires étrangères (Lavrov) ou encore par le porte-parole du Kremlin (Peskov). Que les médias occidentaux focalisent sur Poutine, parce qu'ils trouvent cela plus vendeur, ne tient qu'à leur volonté. De même qu'il ne tient qu'à leur volonté de ne pas relayer la plupart des déclarations officielles russes, de façon à pouvoir forger de toutes pièces des intentions qu'ils leur prêtent.
Et l'Ukraine dans tout cela ? Si je vous demandais qui est le premier ministre du pays, qui est le ministre des Affaires étrangères, qui est le ministre de la Défense, vous seriez bien en peine de répondre. Si je vous montrais leurs photos, vous ne pourriez pas les reconnaître. Parce que l'Ukraine n'est incarnée que par une seule personne, son président. Et, dans ce cas, ce n'est pas un choix des médias occidentaux, c'est un choix de Zelensky lui-même. Il est pour ainsi dire le seul à parler au nom de l'Ukraine. Et il ne s'en prive pas. On a droit à son intervention presque chaque jour de l'année depuis 2022 (à croire que la télévision est livrée avec Zelensky à l'intérieur...).
La technique qu'il emploie n'est pas anodine. Son mode de communication habituel est le face caméra, en plus ou moins gros plan, et seul, sans la moindre personne autour de lui. Ces temps-ci, il a une préférence pour la contre-plongée, une technique qui magnifie le sujet, le place en position de dominant. Il met en scène une personnification du pouvoir. À la mode soviétique, mais avec des moyens modernes. On se souvient que, par son premier métier, Zelensky est un comédien et un homme de télévision.
Vous noterez le paradoxe dans le discours médiatique occidental. Zelensky est présenté comme le démocrate, par opposition au pouvoir russe. Et la manière dont ce démocrate s'exprime, c'est la négation de toute personne autre que lui, c'est le pouvoir d'un seul homme, du chef, le culte de la personnalité.