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25 juillet 2025

Comment la France laisse passer le développement des cryptomonnaies

H16

-25/7/2025- Du renoncement au nucléaire (pour rétro-pédaler pesamment ensuite) à l’intelligence artificielle, en passant par le spatial ou le numérique, la France semble avoir résolument choisi le repli, quitte à courageusement attacher ses bouchons aux bouteilles sous les moqueries générales.


Les développements majeurs se sont multipliés sans que la France se montre capable de positionner fermement l’une ou l’autre licorne, ou sans qu’elle s’en aille bien vite hors des frontières. Petit à petit, en dépit (ou à cause, plutôt) des gesticulation de ses dirigeants, l’Hexagone est passé à côté de développements majeurs et s’est ainsi entêté à prendre du retard face aux autres pays occidentaux. À ce titre, l’intelligence artificielle est un exemple particulièrement criant pour lequel la France et le reste de l’Europe se sont rapidement fait laisser dans la poussière par les Américains et les Chinois, alors même que le pays disposait pourtant d’excellents atouts.

Cependant, il apparaît actuellement qu’un autre domaine est en train de lui passer sous le nez avec le détachement dont nos dirigeants sont maintenant coutumiers : le développement du Web3 (ou Web 3.0), cette « prochaine génération » d’internet ou, plus exactement, le développement de nouveaux outils et paradigmes caractérisés par la décentralisation, la technologie blockchain et l’économie basée sur les jetons (tokens). Cette nouvelle façon d’envisager internet vise à transférer le contrôle des grandes plateformes centralisées aux utilisateurs, en leur donnant une plus grande propriété et un meilleur contrôle de leurs données et de leurs actifs numériques.

Mais peut-on s’étonner que la France loupe encore ce nouveau virage ? Pas trop : après tout, cette nouvelle tendance repose sur une décentralisation et une indépendance accrue des acteurs de l’internet, au moment même où l’État français fait des pieds et des mains pour au contraire accroître son contrôle et sa centralisation…

Dans ce nouveau paradigme, le cas des cryptomonnaies – à commencer par Bitcoin – joue un rôle prépondérant et montre par contraste à quel point les politiques françaises sont en décalage complet avec ce qui se passe effectivement dans le monde. Ainsi, un indicateur particulièrement révélateur est le nombre de distributeurs automatiques (ATM) de cryptomonnaies par pays : ces appareils permettent d’acheter ou de vendre facilement ces cryptomonnaies contre de la monnaie classique gouvernementale.


En se basant sur les données du site CoinATMradar qui recense justement ces ATM, la France (comme la Belgique, d’ailleurs) n’en a qu’un.


Dans le même temps, un pays comme la Pologne en propose plus de 300 sur son territoire. À ce petit jeu, la France fait pâle figure, même devant la Russie et l’Ukraine – pourtant en guerre – en ont plus avec 26 et 11 respectivement. Même le Kosovo en compte 15. La comparaison avec d’autres pays européens n’améliore pas le tableau : les Espagnols et les Italiens semblent en avoir un grand nombre (389 et 218), les Allemands affichent un nombre raisonnable (151), même si l’on pourrait arguer que c’est un peu faible pour leur population comparativement à l’Italie ou l’Espagne.

Toutefois, force est de constater que le gros de l’activité est principalement en Amérique du Nord avec les États-Unis et le Canada qui possèdent des milliers de ces machines (plus de 30000 pour les Américains et 3600 pour les Canadiens).

S’il est probablement un peu hardi de se servir de ce nombre d’ATM comme un proxy vaguement fiable de l’activité cryptomonétaire des pays, il n’en reste pas moins que la vigueur outre-Atlantique contraste avec la timidité européenne et le quasi-néant frisant le scandaleux pour un pays comme la France. C’est aussi assez révélateur de la différence de moyens et de poids économique entre les deux continents.

Au passage, on notera qu’en Septembre 2023, on pouvait compter 15 ATM en France comme le rapportait ce site à l’époque : en quelques mois, les ATM spécialisés dans les cryptomonnaies ont donc disparu de l’Hexagone… Très probablement suite à l’inévitable action du Régulateur financier français qui a fait fermer les ATM pas encore enregistrés. La filière était probablement trop dynamique et il était donc temps de la tuer dans l’œuf avant que des emplois et des richesses soient créées.


Comme par hasard, ce sujet de l’enregistrement (et de la paperasserie attenante) est d’ailleurs un point de discorde des différents intervenants liés aux cryptomonnaies au sein de l’Union européenne : certains pays comme Malte délivrent des autorisations très rapidement là où la France a choisi le rythme pépère d’administrations sous Tranxène, garantissant une évaporation efficace des succès futurs.

Eh oui : comme on peut le deviner, la réglementation européenne MiCA (Market in Crypto Asset) impose aux entreprises de cryptomonnaies une autorisation d’exercer en Europe. Selon un récent article de la Tribune, la France accumule le retard pour la délivrance de ces permis, tandis que Malte et Chypre les délivrent facilement. Dès lors, certaines entreprises qui prévoyaient initialement de s’installer à Paris choisissent désormais les îles méditerranéennes, démontrant une nouvelle fois comment une bureaucratie délirante et inefficace fusille des secteurs innovants en France.

À ces lenteurs et une fiscalité confiscatoire sur les plus-values – là encore très favorable par contraste à des pays comme Malte ou la Suisse, s’ajoute une criminalité croissante contre les entrepreneurs et les détenteurs de cryptomonnaies en France, qui semble désormais être le cœur de cette criminalité européenne.

Le site Nomad Capitalist, qui se spécialise dans le conseil de sociétés offshore et dans les paradis fiscaux, considère que le top cinq des pays les plus favorables aux détenteurs de cryptomonnaies est composé de l’Allemagne, la Suisse, le Salvador, le Portugal et Malte.

Et pendant ce temps, les États-Unis ne restent pas les bras croisés : en effet, l’administration Trump adopte actuellement une approche très favorable aux cryptomonnaies avec des lois qui entendent former un cadre légal plus clair autour des cryptomonnaies.

Signalons qu’au-delà d’offrir un climat plus favorable, ces lois établissent un régime particulier pour les stablecoins : ces cryptomonnaies ont une valeur liée à un actif de référence comme le dollar ou l’euro ; le jeton suit exactement le cours de l’actif sous-jacent. Dans le cas du dollar, la loi « GENIUS » impose aux émetteurs de stablecoins de détenir des réserves à parité unitaire (dollar pour dollar), principalement en bons du Trésor américain ou en dette gouvernementale à court terme. Ainsi, en obligeant les réserves à être investies en dette publique, cette loi pourrait générer une demande accrue pour les obligations américaines, renforçant ainsi le statut du dollar comme monnaie de réserve mondiale et réduisant potentiellement les coûts d’emprunt pour le gouvernement américain.

On le comprend aisément : avec plusieurs voisins résolument favorables aux cryptomonnaies, avec une Amérique véritablement conquérante en la matière, si la France ne se réveille pas très rapidement, cette technologie finira rapidement à Zurich, Lisbonne, la Valette, voire à New-York…


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