Gastel Etzwane
18/7/2025
Depuis 2020, nous vivons dans une spirale ininterrompue : de peur en peur, de crise en crise, de division en division.
Tout est devenu motif d’alerte, d’urgence, d’exception.
On nous a confinés, isolés, dressés les uns contre les autres.
Puis sont venus les conflits, les pénuries, les plans d’austérité, les discours martiaux, les ennemis à nos portes.
Et pendant ce temps, ce que nous perdons en silence n’émeut plus personne.
La souveraineté, d’abord.
Notre capacité à décider pour nous-mêmes, à produire ce dont nous avons besoin, à définir nos priorités.
Elle s’est effacée sous les traités, les injonctions financières, les dépendances stratégiques.
Nous ne savons plus faire une voiture, ni construire une usine, ni assurer notre autonomie énergétique.
On nous parle de redressement, mais on ferme les dernières usines.
On nous parle de rigueur, mais on étouffe les familles.
Le lien à la nature, lui aussi, a été abîmé.
Nos grands-parents la connaissaient avec simplicité : elle nourrissait, elle enseignait, elle apaisait.
Aujourd’hui, elle n’est plus qu’un terrain de culpabilisation ou de spéculation.
On ne marche plus en forêt, on suit un graphique.
Le vivant a disparu derrière des normes.
Et ce n’est pas tout.
Le lien aux autres se délite.
On nous apprend à nous méfier, à dénoncer, à rester à distance.
Les jeunes n’ont plus de repères. L’instruction s’effondre.
On leur parle d’ouverture, mais on leur refuse les fondations, les racines, les exigences qui donnent du sens.
Et par-dessus tout, on nous interdit d’aimer ce pays.
Parler de la France, de son histoire, de ses paysages, de ses églises,
c’est devenu suspect. Rétrograde. Réactionnaire.
Prier dans un monastère, vouloir la paix, désirer l’unité : tout cela est jugé naïf, ou dangereux.
Alors que reste-t-il ?
Un pays épuisé, disloqué, inquiet, à qui l’on demande toujours plus, sans jamais lui redonner ce qu’il a perdu : la maîtrise, la beauté, la confiance.
Et si l’effort est à faire, et il le sera,
qu’il porte au moins sur la reconquête de ce qui nous a été retiré sans bruit :
le droit d’aimer, le droit de comprendre, le droit d’habiter pleinement cette terre.