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6 septembre 2025

LA Ve RÉPUBLIQUE ASSASSINÉE OU LE COUP D'ÉTAT IMPERMANENT

Gabriel Nerciat

-5/9/2025- Bien sûr, Macron est veule, égocentrique et nul ; on l'a tous dit cent fois et c'est une évidence.
Mais sans verser dans le complotisme rhétorique, je reste persuadé que ceux qui l'ont mis là où il est ne sont pas du tout fâchés aujourd'hui de voir grâce à lui la Ve République se déliter, et se transformer en IVe anachronique et impuissante.
Dès qu'il s'agit des avatars et des métamorphoses du libéralisme européen, ce régime douteux né des compromissions idéologiques du XIXe siècle et des utopies contractualistes du XVIIIe, on en revient toujours à la fameuse maxime du Guépard de Lampedusa, que Visconti, vieux marxiste aristocrate et roué, avait judicieusement placée dans la bouche du beau et cynique Alain Delon : "Il faut que tout change pour que rien ne change".
L'adoption du bloc de constitutionnalité en juillet 1971 par les gnomes du Palais-Royal, moins d'un an après la mort de Charles De Gaulle, puis la ratification du traité de Maastricht et du traité de Lisbonne, entre 1992 et 2008, ont commencé le travail de sape institutionnelle que l'élection d'Emmanuel Macron parachève en beauté depuis huit ans.
Ne demeurait finalement qu'un seul obstacle à abattre : ce qui restait de la statue du Commandeur, détenteur ultime de la souveraineté nationale par la volonté du suffrage universel direct, plus ou moins idéalement émancipé des partis, et initiateur de possibles référendums dévastateurs pour les rêves de l'élite supranationale.
Avec l'échec, autant subi que voulu, du Banquier Président, la détestation unanime et légitime dont il fait l'objet, le poids commode de la dette et la pulvérisation du champ parlementaire générée par la nouvelle tripartition idéologique, l'impossibilité de nommer un gouvernement stable et apte à gouverner achève de détruire l'architectonique institutionnelle de 1958-62, pour le plus grand bonheur des héritiers de Mendès, Reynaud et Monnet.
Le régime même pas occulte né après la mort de De Gaulle, dont l'UE et les juges constitutionnels sont la clef de voûte de moins en moins contrainte, peut dès lors essayer d'imposer sa tyrannie en toute quiétude, ainsi que Philippe Séguin l'avait perçu dès l'époque de l'Acte Unique (1987).
Pourtant, ses représentants sont nus, comme le roi du conte d'Andersen, et ils ne craignent plus d'exhiber leurs peurs devant les enfants tristes que nous sommes tous devenus.