Pages

26 mai 2025

L'INGÉRENCE AMÉRICAINE EN UKRAINE

Jean-Claude Delhez

-26/5/2025- L'un d'entre vous a signalé un intéressant article consacré au rôle joué en Ukraine par la « Fondation nationale pour la démocratie ». La NED (en anglais « National Endowment for Democracy ») a été fondée par le président Reagan pour développer l'influence américaine sur le reste du monde sans avoir recours à la CIA. Elle est financée par le programme USAID (dont on a beaucoup parlé dernièrement). Son mode d'action consiste à créer des ONG dans des pays qui résistent à l'influence américaine afin de susciter l'arrivée au pouvoir de gouvernements plus favorables à Washington et à son modèle économique (voilà qui explique pourquoi certains pays de l'est de l'Europe adoptent des lois de contrôle des ONG étrangères).
Le journaliste libanais Ali Hassan Mourad s'est penché sur les archives récentes de la NED consacrées à l'Ukraine. Déjà avant les manifestations de la place Maïdan à Kiev (2014), la NED investissait dans le pays en y fondant et finançant des ONG pro-occidentales. Ainsi, le budget y consacré en 2013 s'élevait-il à 2,8 millions de dollars. Il passe à 4,5 millions en 2014, dans le but d'impacter les élections. En vue du futur renversement du régime, la NED fonde trois chaînes de télévision dès novembre 2013 : Spilno TV, Espreso TV et Hromadske TV. Elles incitent la population à s'opposer au régime en place et à descendre dans la rue pour protester, éventuellement par des méthodes violentes. La NED finance aussi l'« Institut d'information de masse » pour qu'il s'implique dans le soulèvement.
Une fois le renversement du régime obtenu grâce à Maïdan, la NED poursuit son action afin de formater le nouveau pouvoir ukrainien conformément aux intérêts des USA. Il s'agit de créer des partis politiques qui s'alignent sur les intérêts de Washington, d'inspirer une politique économique néolibérale (« thérapie de choc » : privatisations, augmentation des inégalités...) et de cibler le voisin russe. L'arrivée au pouvoir de Joe Biden, en 2021, accroît encore cette politique, avec un budget annuel porté à près de 6 millions. Le but est alors de générer des médias, des activistes et des personnalités civiles qui vont contredire le discours de Moscou sur la guerre civile du Donbass, et susciter opposition et hostilité vis-à-vis de la Russie.