Translate

Affichage des articles dont le libellé est [Éducation nationale]. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est [Éducation nationale]. Afficher tous les articles

15 octobre 2023

MONUMENT AUX MORTS

Gabriel Nerciat

Dans quelques années, sur les territoires de la nation où les Français de souche européenne seront encore à peu près majoritaires, on édifiera des monuments aux morts, sur le modèle de ceux de 1918.
Ils porteront comme inscription liminaire : "Aux professeurs d'histoire et d'humanités tués par l'islamisme, la République reconnaissante."
On peut seulement espérer qu'il y aura moins de noms que sur ceux de 14-18.
Mais peut-être que la République elle-même, attentive aux recommandations des Frères musulmans comme à celles de l'école sociologique bourdieusienne, aura définitivement renoncé à enseigner l'histoire, la langue française et les humanités classiques.
En fait, Mélenchon et les siens ont peut-être raison, retrouvant la grande inspiration de leurs prédécesseurs internationalistes et pacifistes des années 1920 : il suffirait que les anciennes nations coloniales européennes renoncent à persévérer dans leur être ou à transmettre leur mémoire historique et leur langue pour que le monde islamique tout entier, de la Tchétchénie au Proche-Orient arabe, daigne nous laisser vivre en paix à défaut de nous aimer.

30 septembre 2023

René Chiche

Ainsi, Gabriel Attal veut introduire des cours d'empathie dès la maternelle.
Je n'ai rien contre, si du moins cela ne se fait pas une fois de plus au détriment de la transmission des connaissances, laquelle, lorsqu'elle est convenablement pratiquée, n'exerce pas seulement l'intelligence mais cultive également la forme humaine de l'affectivité, ce que le nom même d'Humanités suffisait jadis à indiquer.
Attendons d'en savoir plus avant de se mettre à jaser au quart de tour.
Ce qu'en revanche je puis d'ores et déjà dire à ce sujet, c'est que les premiers à qui il faudrait donner des cours d'empathie, ce sont les recteurs.
Et les DRH.
Et les secrétaires généraux d'académie.
Et les inspecteurs.
Enfin la plupart d'entre eux.
Nota : je suis volontaire.

24 septembre 2023

La véritable tragédie de l’Éducation nationale

Maxime Tandonnet


Le Figaro du 21 septembre: « Combien y a-t-il de quarts d’heure dans 3/4 d’heure ? » À cette question apparemment simple, seule la moitié des élèves qui entrent en sixième trouve la bonne réponse. Dans une note d’alerte publiée le 20 septembre, le Conseil scientifique de l’Éducation nationale (Csen), présidé par le neuroscientifique Stanislas Dehaene, conclut à une « inquiétante mécompréhension » des nombres et surtout des fractions de la part des élèves qui sortent de l’école primaire. Pour beaucoup, « les nombres décimaux et les fractions n’ont aucun sens. Or, la compréhension de ces outils mathématiques est indispensable à la mesure de n’importe quelle dimension physique », souligne le Conseil scientifique […] Les erreurs révèlent aussi « une vaste confusion entre différents types de nombre s», et « une méconnaissance du sens des symboles ».

Les élèves confondent ainsi 1/2 avec 1,2, ou encore 2/1 avec 2,1. Ils se trompent également dans les calculs avec les nombres décimaux : beaucoup pensent que 0,8 + 1 fait 0,9. Ce déficit de compréhension concerne tous les milieux sociaux. S’il atteint 85 % en éducation prioritaire, il reste élevé (75 %) hors éducation prioritaire et dans les écoles privées […] Ces constats viennent confirmer les résultats des enquêtes internationales Pisa (la prochaine évaluation, centrée sur les maths justement, sera dévoilée le 5 décembre) et Timms, qui soulignent le retard considérable des élèves français en mathématiques. Dans cette discipline, la France occupe la dernière place en Europe.

La maîtrise des mathématiques conditionne la formation des ingénieurs, des scientifiques, des informaticiens et le développement des technologies. L’effondrement du niveau en mathématique prépare ainsi la marginalisation croissante de la France qui s’est longtemps targuée d’une supériorité en cette matière (médailles Fields). Cet effondrement a au moins en partie des causes idéologiques : il vient du culte des élites dirigeantes françaises pour le nivellement par le bas. Les mathématiques, trop sélectives, considérées comme un outil de sélection, ont été méprisées et dégradées. Bien évidemment, cette catastrophe frappe tout autant, sinon pire, la connaissance de l’orthographe et de la grammaire : considérées tout autant comme des outils de sélection que les idéologues au pouvoir se sont appliqué à briser. Détruire les fondement de la langue française, c’est-à-dire le vecteur de la communication et de la cohésion sociale est aussi dramatique pour l’avenir.

Mais plutôt que de reconnaître le désastre scolaire et de proposer des pistes à long terme pour y remédier, les responsables politiques de ce dossier préfèrent gesticuler pour détourner l’attention des Français sur l’écroulement qui est à l’œuvre. L’abaya est sûrement un sujet sensible mais qui concerne un nombre infime d’élèves, environ 200 sur 12 millions. Et elle a été promue au rang d’évènement de la rentrée. C’est tellement plus facile et spectaculaire de bomber le torse et de donner des coups de menton virils sur l’abaya plutôt que de se mettre au travail de fond. Idem pour le harcèlement scolaire : bien sûr que c’est atroce le harcèlement scolaire, mais c’est une question qui devrait se traiter localement, par les chefs d’établissement ou les professeurs. Comme c’est facile de se saisir du sujet nationalement et de jouer les justiciers médiatiques sur les drames du harcèlement en donnant les mêmes petits coups de menton virils – à la mode. Et puis je l’ai dit mille fois, le cinéma autour du drapeau dans les classes (tiens, on n’en parle plus), l’encasernement des élèves par le prétendu service national universel – pendant les heures de classe – ou encore l’obligation du port d’un uniforme sont autant de leurres commodes pour esquiver l’essentiel : le vertigineux déclin de l’intelligence scolaire qui entraîne la France par le fond.

17 septembre 2023

Les points sur les i...

René Chiche

Il y a dans l'Éducation nationale des gens qui sont en dessous de tout, et il faut le dire.
L'affaire du l'adolescent qui s'est suicidé après avoir été harcelé et dont les parents ont reçu un courrier ignoble de la part du rectorat de Versailles est un cas d'école.
Beaucoup mettent en cause l'ex-rectrice mais les choses ne sont pas aussi simples, ce n'est évidemment pas elle qui a écrit ce courrier. Le problème est plus profond, et pour cette raison plus grave.
Quand vous avez des représentants syndicaux (sauf nous, à Action & Démocratie/CFE-CGC), qui réclament "plus de formation" [sic] après tel et tel drame (attentat, décapitation d'un collègue, harcèlement), vous vous dites que ces gens-là font partie du problème, voire qu'ils sont le problème.
On agite le mot "harcèlement", comme s'il s'agissait de quelque chose de nouveau. Non, il y a seulement des méchants qui pourrissent la vie de braves gens. Mais il y a aussi des spectateurs qui ne font rien parce qu'ils ont peur, n'ont pas de consignes ou sont insensibles à la souffrance.
Je le dis avec tristesse et gravité : les enseignants, CPE, chefs d'établissement qui refusent d'écouter les victimes ou prétendent qu'elles exagèrent sont les vrais responsables du "harcèlement".
J'ai dû retirer mon fils du collège pour de telles raisons : persécuté par des gamins méchants, mais avec la complicité d'adultes, notamment un CPE tordu. Mon fils avait passé une journée avec la jambe cassée en se plaignant et les adultes "responsables" de l'établissement, surveillants et CPE en tête, l'accusaient de faire du cinéma, lui disant que ce n'était pas si grave. Jusqu'à ce qu'on apprenne aux urgences qu'il avait bien une fracture ! Bien entendu, il n'a plus remis les pieds dans ce collège et s'en est ensuite porté très bien.
Depuis, je pense aux milliers, aux dizaines de milliers, aux centaines de milliers de jeunes gens dans des situations semblables ou analogues.
Il faut en finir.
La personne du rectorat de Versailles qui a écrit cette lettre ignoble, même si elle doit évidemment être sanctionnée, ne doit pas pour autant servir de bouc émissaire et permettre que les responsabilités de tous, y compris de tel enseignant, tel chef d'établissement et jusqu'à tel chef de service, tel recteur, ne soient pas recherchées.
Il est grand temps que tous ceux qui collaborent à l'état lamentable dans lequel se trouve désormais l'éducation nationale se relèvent enfin et demandent pardon.
Ceux qui mentent aux élèves sur leur niveau ; ceux qui regardent ailleurs quand certains se font persécuter ; ceux qui font de la merde en profitant de la démagogie et du laxisme ambiant au lieu d'instruire leurs élèves ; ceux qui ont osé mettre des heures de colle à des élèves qui ne portaient pas bien le masque au lieu de se comporter en adulte raisonnable et responsable. Tous.
J'attends aussi du ministre une réaction à la hauteur. Ses mots sont justes, voyons maintenant ses actes.

7 septembre 2023

Contre l’uniforme à l’école

Maxime Tandonnet

Pourquoi suis-je carrément contre l’uniforme à l’école, et suis-je ainsi à contre-courant de l’époque ? Et à contre-emploi de ma présumée tradition politique ? Parce que, de mon point de vue, cette idée est assez malsaine, dans la catégorie des fausses bonnes idées. On imagine que l’habit fait la discipline. Pas plus qu’il ne fait le moine. Ce n’est pas parce que tous les enfants, collégiens, lycéens, porteraient une tenue identique qu’il seraient plus sages et plus attentifs. L’habit ne fait pas le moine. Là on est dans l’illusion. Tous pareils dans la forme, donc tous pareils sur le fond : absurde. La mode est à l’autorité, aux oukases, aux petits chefs, à l’ordre soi-disant… Illusion, cette mode ne sert qu’à recouvrir l’impuissance, le chaos la violence. Faute de réussir à combattre l’absentéisme, l’échec scolaire, la violence, la drogue, le communautarisme, l’effondrement vertigineux du niveau en mathématiques et en orthographe ou en histoire, on se donne l’illusion du contrôle en imposant aux élèves l’uniformité vestimentaire. L’abaya touche quelques centaines de scolaires sur 12 millions. Faut-il imposer de lourdes contraintes à 12 millions d’élèves et leurs parents pour quelques centaines de trublions? Au fond, vouloir parader sur le thème de l’uniforme en classe, c’est une manière de reconnaître qu’on est incapable d’imposer une tenue correcte – libre mais correcte – à 12 millions de scolaires. Ce n’est pas un signe de force des institutions. C’est un aveu de faiblesse. Moi je suis de ceux qui pensent que l’école est là pour enseigner la pensée, la réflexion, l’esprit critique, fournir des bases à la curiosité intellectuelle. Elle n’est pas là pour uniformiser, cloner, encaserner. Mieux valent des dépenses en livres, en crayons et en cahiers qu’en tenue réglementaire. Mais n’ayons aucune crainte : encore un coup de menton qui s’achèvera comme tout le reste. Il est simplement dommage que la ruée soudaine des politiciens de tout bord vers cette idée d’uniforme à l’école ne soit rien d’autre que le signe patent d’une incapacité à imposer une tenue correcte, propre, convenable. Donc, aveu de faiblesse. Et ne parlons même pas de la discipline. Vous n’êtes pas d’accord ? Tant mieux, la liberté commence par le débat, l’échange et la discussion, la tolérance aux idées d’autrui. 6/9/2023

27 août 2023

LES MINISTRES PASSENT, L'ÉDUCATION TRÉPASSE (rediffusion)

Jacques COTTA

À quelques jours de la rentrée scolaire, ce n° 2 de mon magazine "Dans la gueule du Loup". Vous retrouverez dans ce magazine vu déjà des dizaines de milliers de fois :
- Michèle Victory, alors députée socialiste de l'Ardèche,
- Vincent Jeanbrun, conseiller régional LR, délégué spécial à l'Emploi, la formation professionnelle et l'apprentissage en IDF,
- Natacha Polony, journaliste et essayiste,
- Denis Collin, professeur de philosophie et écrivain,
- Jean-François Dupeyron, maître de conférence en philosophie.


26 août 2023

« Les élèves ne savent plus rien »

Eve Vaguerlant

Eve Vaguerlant est agrégée et docteur en Lettres modernes, professeur de français depuis une dizaine d’années. Elle a enseigné dans plusieurs collèges et lycées de la région parisienne et vient de publier « Un prof ne devrait pas dire ça – Choses vues et choses tues dans l’Éducation nationale » (L’Artilleur). 

Un essai qui décrit les différents problèmes qui minent le système scolaire français : effondrement du niveau, refus de la culture et de la transmission, banalisation de la violence, absence de discipline et de sanctions, ingérences idéologiques, atteintes à la laïcité, pression des parents d’élèves, déni des enseignants et des chefs d’établissement, etc.

« Les enfants ne sont pas à l'abri des dérives que je dénonce dans les établissements dits tranquilles. Les parents ont l'impression que s'ils réussissent à éviter le collège de ghetto, leur enfant recevra une instruction satisfaisante. Ce n'est pas vrai. »

Pour Eve Vaguerlant, l’École est le théâtre d’une banalisation de la violence et « beaucoup d’élèves n'interagissent désormais plus qu’à travers les coups et l’insulte » : « On leur apprend l'impunité, cette culture de la victimisation où rien n'est jamais de leur faute, ils ne savent pas s'excuser, il n'y a jamais de sanction pour leur faire comprendre qu’ils ont fauté. »

Une violence endémique qui est aussi le produit du manque d’instruction : « Les élèves fonctionnent avec très peu de mots de vocabulaire, ils utilisent des béquilles de langage comme “wallah”, “wesh”, etc. Cela crée un climat d'agressivité verbale permanent. [...] Nous produisons des masses de jeunes qui ne connaissent que la violence comme mode d'expression, c'est très inquiétant. »

Si Pap Ndiaye a fait de l’éducation à la sexualité l’une de ses priorités, Eve Vaguerlant estime que le ministre se trompe de combat : « Quand on voit la violence dans les établissements scolaires, la chute vertigineuse du niveau, ça me paraît en décalage total avec la réalité et les besoins du terrain. »

« Quand on parle d'éducation à la sexualité, il faut être très méfiant. Il s'agit de faire intervenir des militants d'extrême gauche qui vont répandre la théorie du genre, systématiquement », renchérit l’enseignante, qui cite l’intervention d’une association féministe venue expliquer à des collégiens « la façon dont les filles sont ostracisées pendant leurs règles en France ».

« L’intervenante a expliqué son problème en n'utilisant jamais le mot femme. Elle préférait dire “personne ayant un utérus”, car il y a aussi des hommes trans qui ont leurs règles. Elle a expliqué ça devant un parterre de gamins de 12 ans. »

Selon Eve Vaguerlant, l’absence de réponses aux problèmes du système scolaire français « vient d’un aveuglement volontaire des politiques, de l’institution scolaire », mais aussi des professeurs eux-mêmes : « Les manifestations de profs reviennent toujours à réclamer davantage de moyens [...]. Vous n'aurez jamais une manifestation pour réclamer des sanctions, de la discipline, ce sont des termes jugés fascistes par la majorité du corps enseignant. »

00:00 Intro
01:58 Pourquoi lever le voile sur le quotidien d’un prof de l’Éducation nationale ?
03:21 Les parents qui pensent que leurs enfants sont à l’abri sont-ils naïfs ?
07:19 Quel est le rôle du pédagogisme dans le délitement de l’École ?
18:22 En quoi l'École produit-elle des individus dociles et malléables ?
23:05 En quoi la politique d’inclusion favorise-t-elle la culture de l’excuse et la victimisation ?
29:04 Comment les ingérences idéologiques se manifestent-elles à l’École ?
34:50 La théorie du genre trouve-t-elle une traduction concrète dans les ressources pédagogiques et les enseignements ?
39:52 L'éducation à la sexualité est-elle une priorité ?
43:29 En quoi les formations à la laïcité sont-elles inadaptées ? Les enseignants sont-ils condamnés à s’auto-censurer pour éviter d’être menacés ?
48:11 La baisse du niveau scolaire favorise-t-elle l’expansion des comportements violents ?
57:04 La crise du système scolaire français est-elle le reflet d’une crise plus profonde ?
01:01:38 En quoi le corps enseignant est-il responsable de son propre discrédit ?
01:04:18 Que valent les diplômes comme le brevet ou le bac aujourd’hui ?
01:06:11 Les bons élèves font-ils eux aussi les frais de la chute du niveau scolaire ?
01:14:05 Comment garder la foi et continuer à y croire ?
01:16:55 L’apocalypse scolaire peut-elle être évitée ?


24 août 2023

René Chiche

22/8/2017 - Il ne m’a pas échappé que le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer affiche une entente cordiale et une collaboration efficace avec son homologue de la culture, ce qui est une excellente chose à tout point de vue. Aussi voudrais-je en profiter pour les interpeller conjointement et leur soumettre une proposition qui, sans être onéreuse d’un point de vue budgétaire, serait néanmoins susceptible de produire des effets très positifs dans le quotidien de l’école, et à plus long terme dans celui de la nation. On a trop souvent l’impression, quand on entre dans un établissement scolaire, de mettre le pied dans l’antichambre de Pôle emploi, tant les bâtiments, à l’exception de rares écoles implantées dans des monuments classés ou dignes de figurer à l’inventaire des monuments historiques, sont en général sans âme et n’inspirent aucun sentiment particulier, alors que la disposition des affects et la préparation de l’imagination sont si indispensables à l’activité intellectuelle. Il faudrait que, dès qu’on pénètre dans un établissement scolaire, on sache immédiatement qu’on se trouve dans un lieu de culture et même, à vrai dire, de haute culture. Le moyen en est fort simple : il suffirait d’orner les couloirs et les salles de classes de belles reproductions d’œuvres, de citations bien choisies et à la typographie soignée, afin que partout où le regard se pose, ce dernier y trouve quelque chose à admirer. Ainsi, même dans la mémoire de l’élève le plus distrait cessant d’écouter le maître viendrait s’inscrire une de ces formules que des générations d’admirateurs ont conservées tant parce qu’elles ont enrichi la langue commune en donnant aux mots usuels une nouvelle profondeur que parce qu’elles sont elles-mêmes un trésor de nouvelles pensées. Les salles de classes également devraient être toutes baptisées, à l’instar des célèbres amphi Descartes et salle Cavaillès de la Sorbonne, du nom d’un de ces grands hommes et femmes dont le legs nous nourrit à chaque instant, qu’on le veuille ou non et qu’on le sache ou non, comme le philosophe Comte, en inventant la sociologie, l’a si justement remarqué, en identifiant la société au Grand-Etre c'est-à-dire à l’Humanité. Suivre un cours de mathématique en salle Euclide ou Fermat et un cours d’histoire en salle Michelet ou Thucydide, c’est tout de même autre chose qu’aller en 118 ou en 203 ! Laisser négligemment ses yeux errer sur le système géocentrique de Ptolémée en cours de physique, c’est tout de même mieux que plonger un regard vide sur les dalles froides et préfabriquées de murs et de plafonds qui sont communs aux écoles, aux hôpitaux et aux services administratifs des préfectures de province ! Et s’il faut des mécènes pour en équiper tous les établissements de France et de Navarre, gageons que Vinci ou Bouygues se précipiteront, quitte à vouloir apposer leur logo au bas des panneaux, lesquels seront éclipsés par les merveilles qui y occuperont malgré eux la plus belle place ! Faire des écoles d’ostentatoires établissements de culture, ce serait, Madame et Monsieur les Ministres, en faire les premiers remparts contre la folie fanatique qui se revendique de ce que bon lui semble et prospère comme le chiendent dans les esprits qu'on laisse en jachère !

17 juin 2023

Abaya

Denis Collin

Abaya : tout le monde le sait, cette affaire est la énième offensive des intégristes avec des jeunes filles et jeunes femmes comme fer de lance. Comme d'habitude, les défenseurs de "nos-valeurs", à demi-décérébrés, organisent la capitulation dans le désordre et permettent à nos ennemis de marquer des points, encore une fois.
Trouverons-nous un vrai ministre de l'Éducation nationale, capable de dire ce qu'il faut dire : dans les établissements scolaires, ce n'est ni le djihad ni carnaval. Les abayas sont interdites comme les burkas et les autres accoutrements des fanatiques religieux. Pour faire bonne mesure, on établit dans chaque établissement un "code de vêtement" conforme à la vocation de l'école. Pas de claquettes, de shorts et de marcels quand reviennent les beaux jours. Pas de filles montrant leur nombril. Beaucoup de parents d'élèves, l'engeance la plus terrible pour l'école, vont hurler, me dira-t-on. Mais rêvons, nous aurons un jour un ministre de l'EN conscient de la nature de ce qui devrait être son sacerdoce.
Ensuite, on peut revenir à une école qui instruit, des notes qui veulent dire quelque chose, un bac à 70% de réussite, des études surveillées, des années complètes et la fin de tous les prétendus enseignements farces et attrapes.
Voilà le programme minimal si on veut éviter l'effondrement. Malheureusement, il est à craindre que la coalition des lâches, des démagogues et des oligarques ne fasse tout pour éviter qu'on commence d'appliquer un tel programme. Le chaos à l'école, la normalisation islamiste, la déchéance et l'abêtissement de la jeunesse, ils adorent ça. (Je mets évidemment LFI dans la coalition, dont ils forment simplement l'aile gauche pendant que les LR macronisés forment l'aide droite).

16 mai 2023

René Chiche

J’ai été exclu de mes fonctions pour une durée de trois mois par un arrêté du ministre de l'éducation nationale en date du 11 avril 2023 considérant que certains propos que j'avais tenus sur les réseaux sociaux, à la radio et à la télévision étaient contraire à « l’exigence d’exemplarité incombant plus particulièrement aux personnels enseignants » et « portaient atteinte à l'image et la réputation du service public de l’éducation nationale ». Ces reproches sont stupéfiants et nullement fondés.
J'ai donc décidé de déposer un recours auprès du tribunal administratif pour faire annuler cet arrêté. J'ai confié au cabinet de Maître Jérémie ASSOUS le soin de défendre mes intérêts contre le ministère de l'éducation nationale, ainsi que par voie de conséquence celui de défendre la liberté d'expression contre un pouvoir exécutif qui a tendance à outrepasser ses prérogatives en ce domaine comme en tant d’autres. Au-delà de ma situation personnelle, cette démarche intéressera tout professeur, tout personnel de l'éducation nationale et plus largement tout agent public : elle permettra en effet au juge de dire si un agent de la fonction publique, et dans le cas d'espèce un professeur, peut encore en France exprimer ses opinions sans être inquiété.
Ce n'est pas tout. Le 7 mai 2023, au cours de l'émission Dimanche en politique diffusée sur la chaîne du service public France 3, alors qu’il était interrogé sur « l’affaire des professeurs de philosophie suspendus pour leurs tweets », le ministre Pap NDIAYE a qualifié mes propos d' « outranciers et de complotistes (sic) » tout en citant, de façon incomplète d'ailleurs, un tweet qui fait cependant l'objet d'une procédure judiciaire suite à la plainte que la députée Aurore BERGÉ a portée en cette qualité contre moi. La proximité affichée entre ces deux personnalités met en question la nature exacte des poursuites engagées contre moi et un possible détournement de la procédure disciplinaire pour des motifs politiques. Il se trouve que les conditions dans lesquelles cette procédure a été engagée sont obscures, pour ne pas dire suspectes. Je souhaite que toute la lumière soit faite à ce sujet. J'ai donc décidé de porter plainte également auprès du procureur de la République pour les multiples infractions pénales qui sont susceptibles d’avoir été commises lors de cette affaire, et j'ai donné mandat à Maître Ludovic HERINGUEZ pour ce faire.
Ces procédures ont un coût que je ne suis pas en état de supporter, et ce indépendamment de la privation de salaire pendant trois mois.
J’ai reçu d’innombrables messages de soutien sur les réseaux sociaux, par courriel, par courrier, par téléphone. Je remercie toutes les personnes qui me les ont adressés, qu’elles soient d’accord ou non avec les opinions que j’ai exprimées. Je leur demande de bien vouloir participer à la cagnotte que j’ai ouverte sur leetchi afin de me permettre de faire face aux frais de justice. Cette cagnotte n’a absolument pas pour but de compenser ma perte de salaire, car je compte bien gagner au tribunal ! Il s’agit uniquement des frais de justice et je rendrai compte sur ce site de l’utilisation de l’argent collecté en publiant toutes les factures d’avocat tandis que l’éventuel surplus sera reversé pour soutenir quelque action servant un intérêt public analogue à celui qui est ici en cause.
Tel est le premier objet du site internet renechiche.fr bricolé à la hâte et dont je confierai la construction et l'amélioration à un connaisseur. Ce site est également destiné à permettre à mes avocats de communiquer et de rendre publics sous leur responsabilité tous les documents qu’ils jugeront utiles de faire connaître. Ce site me permettra enfin de rectifier certaines inexactitudes lues dans la presse au sujet de cette affaire et de m’exprimer directement sur un certain nombre de sujets tels que le devoir de réserve, invoqué ici à tort, la liberté d’expression, qui est une conséquence de la liberté de penser, ou bien encore la place du professeur de philosophie dans la Cité ou l'instrumentalisation de la Shoah et tout autre sujet à propos desquels je désire livrer des réflexions utiles et contribuer à relever le niveau du débat public, actuellement au plus bas.
René CHICHE, 14 mai 2023

10 mai 2023

Éducation nationale : le niveau passe de mauvais à alarmant

H16

Gentiment, calmement mais avec une détermination qui confine à l’obstination, les réformes s’empilent dans l’Éducation nationale ; après celles du lycée et du bac, voici celle du lycée professionnel qui, outre l’introduction de rémunérations symboliques des stages en entreprise, va en augmenter le nombre et la durée.

Rassurez-vous, ces rémunérations – entre 50 et 100 euros par semaine pour les stagiaires – ne seront pas prises en charge par les entreprises mais par l’État qui a trouvé là un moyen de faire passer sa réforme sans déclencher d’irritation populaire, ce qui peut aider par les temps qui courent, d’autant que les enseignants n’ont pas été oubliés : moyennant quelques menues “missions” supplémentaires, ils pourraient toucher jusqu’à 7500 euros brut supplémentaires. Voilà qui mettra un peu d’huile dans les rouages.


Autre bonne nouvelle : le temps de formation accru sera bien évidemment pris sur le temps d’apprentissage des autres matières, comme la lecture, l’écriture et le calcul que nos lycéens maîtrisent heureusement de mieux en mieux.

Sur le papier, les entreprises seront donc ravies d’avoir des élèves plus présents et encore mieux affûtés par un système éducatif au taquet.

En réalité, les actuelles gesticulations du gouvernement donnent encore une fois cette furieuse impression d’ajouter de la confusion et de la complexité à quelque chose qui n’en manquait déjà pas, et de persister à construire sur des fondations de plus en plus meubles : tenter de réformer le lycée (pro ou non) alors qu’un nombre croissant d’élèves parvient en sixième à un niveau proche de l’analphabétisme, c’est parfaitement idiot.

En fait, les dernières réformes couplées aux confinements des années 2020 et 2021 ont accéléré le délitement complet de l’éducation publique en France. Entre la remontée systématique des notes de toutes les matières pour camoufler le désastre du bac, la multiplication de profils scolaires comiquement incohérents permis par la réforme (comme spécialisation “Théâtre-SVT”) ou la modification du bac en contrôle continu, le pilonnage systématique des parcours scolaires par ces bricolages compulsifs aboutit à présent à une énorme disparité entre quelques établissements qui ont fait le choix (facturé) de l’élitisme et l’immense reste qui ne forme ni n’instruit plus grand monde que de façon très approximative.

Par exemple, la réforme du bac pousse maintenant à boucler les programmes courant avril, les épreuves de spécialités s’étalant mollement de mars à juin. Autrement dit, la prétendue reconquête du mois de juin (mois traditionnellement bousculé par la présence des épreuves du bac) s’est progressivement muée en reconquête … du mois de mars. C’est grotesque.

Par exemple, l’actuel Plan Vélo lancé en fanfare par les clowns gouvernementaux va encore mobiliser de l’énergie pour faire tenir sur une bicyclette des gamins dont les générations précédentes prouvent qu’ils pourraient très bien apprendre ça par eux-mêmes ou avec leurs parents plutôt qu’au sein d’une école déjà débordée par des missions de plus en plus accessoires.

Par exemple, l’introduction au vérin pneumatique d’une écologie active et consciente partout dans tous les cours et de façon lancinante a permis de faire des petits écocitoyens climato-anxieux qui ne savent ni lire ni écrire, ce qui est en réalité assez pratique dans la vie de tous les jours (du point de vue des politiciens et surtout de ceux qui savent lire et écrire, s’entend).


Mais les bases n’étant pas acquises, tout ce qui est péniblement construit dessus finit par s’effondrer.

Le désastre est maintenant difficile à camoufler à tel point que même la presse spécialisée et la presse grand public sont obligées d’en faire part dans leurs colonnes elles-mêmes soumises à l’une ou l’autre fautes d’orthographe, de grammaire ou de ponctuation, les journalistes étant passés par la même éducation que les autres : un élève de seconde ne sait plus reconnaître un sujet d’un verbe, on observe un manque de vocabulaire abyssal, des proportions toujours plus grandes d’élèves qui, en première, ne savent tout simplement pas lire, …

Faut-il rappeler, du reste, que la génération de professeurs actuels est celle qui fut massivement formée avec ces “nouvelles méthodes” introduites dans les années 80 et après, à coup de maths ensemblistes, de méthode globale, de permissivité, de référentiels bondissants et autres couillonneries bien pensantes qui infusent maintenant toute la société ?

Le bilan est sans appel : beaucoup ont du mal à écrire sans faute d’orthographe. Pour certains, les calculs de base sont un défi du quotidien. Autant d’éléments qui expliquent les critères de plus en plus faibles de recrutement au CAPES et autres concours. Sans surprise, ce sont aussi ces professeurs qui ont subi le plus gros du déclassement dans l’enseignement avec un niveau de vie qui n’a cessé de chuter. Il faut dire que la plupart d’entre eux, à force de voter consciencieusement socialiste, ont fini par obtenir ce qu’ils souhaitaient, même si l’égalité ainsi obtenue aura surtout consisté à un nivellement par le bas dont ils sont les auto-victimes.

Dans ce contexte, inutile de dire que les élèves qui sont formés le sont de plus en plus approximativement, et sont donc de moins en moins aptes à trouver leur place dans une société qui, du reste, ne fait plus rien ni pour s’adapter à eux, ni même pour tenter de fonctionner de façon saine. Le malaise global de la société française ne provient pas d’ailleurs, à savoir des cohortes d’adulescents mal dégrossis, qui n’ont appris ni à réfléchir, ni à temporiser leurs passions, ni à canaliser leurs instincts car l’instruction (oubliée par l’État) comme l’éducation (évitée par des parents déresponsabilisés) ne sont tout simplement plus fournies.

Ce constat est alarmant pour l’avenir de la France.

Certes, l’économie est en berne suite aux coups de boutoirs de 40 ans de gouvernements dépensiers et jmenfoutistes, et les pirouettes débilissimes de Burneau Le Maire n’ont rien arrangé. Certes, la classe politique est probablement l’une des pires qu’on ait pu hériter depuis des lustres : même face aux traîtres et aux veules des années 40 du siècle précédent, cette classe se compare défavorablement. Néanmoins, ni l’économie déplorable, ni la classe politique lamentable ne scellent aussi sûrement pour le pays un destin funeste qu’une génération entière d’enfants abrutis par une éducation et une instruction complètement sabotées.

Ce pays va droit à la catastrophe et il n’y aura que cette dernière qui lui permettra de nettoyer un tel passif.

Ce pays est foutu.

30 avril 2023

« Je ne me tairai pas »

René Chiche

Je suis exclu de fonctions pendant trois mois, et bien entendu sans traitement, pour me punir de mes propos publics en qualité de professeur de philosophie et de représentant syndical sur les réseaux sociaux, à la radio et à la télévision.
Mes premières pensées vont à mes élèves. À deux mois de l'épreuve de philosophie du baccalauréat, le ministre de l'éducation nationale prive ces derniers de leur professeur qui, depuis le 16 septembre 2022, faisait l'objet d'une procédure disciplinaire pour des "propos inappropriés tenus sur Twitter envers des personnalités publiques, sur la politique sanitaire du gouvernement et sur la guerre de la Russie contre l'Ukraine". L'éducation nationale leur annoncera que je suis "absent pour raison administrative". Ce n'est pas tout à fait exact. On me fait un procès politique et on cherche à museler un syndicat qui dérange.
On n’est certes pas en dictature, mais c’est bien imité.
Néanmoins, je ne me tairai pas.


Denis Collin

En quelques jours, deux professeurs de philosophie suspendus pour délit d'opinion. Après Franklin Niamsy, c'est au tour de René Chiche. Dans les deux cas, on leur reproche d'être publiquement intervenus sur des sujets politiques. Et c'est tout. Mais la macronie se dirige à grande vitesse vers la pure et simple dictature. Les droits les plus élémentaires sont bafoués.
Après la sanglante répression des Gilets jaunes, on voit nettement que la crise sanitaire n'était qu'un test pour voir si on pouvait décréter l'état de dictature permanente en France. Maintenant, on passe aux choses sérieuses. Les manifestations contre Macron sont interdites, les propos critiquant sa politique sont censurés. Jusqu'où ira-t-on ?
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs !
PS : ceux qui ont appelé à voter Macron "contre le-z-heures sombres", doivent maintenant se cacher de honte ! Les heures sombres arrivent et conformément aux prédictions de Pasolini, le fascisme s'appelle maintenant antifascisme.

22 février 2023

LGBT : mieux les accueillir à l’école, c’est-à-dire ?

Pierre Duriot

On ne voit pas trop de quoi parle le Ministre de l’Éducation nationale, quand il veut mettre l’accent sur l’accueil des élèves LGBT. En primaire et maternelle, qui seraient ces élèves ? On a beau chercher, on n’en voit pas. En collège et lycée, il serait question de mieux accueillir les élèves homosexuels. Parce qu’ils ne le seraient pas ? L’école est obligatoire, même pour eux. Donc ils sont accueillis, que faut-il de plus ? Qu’ils se déclarent homosexuels et que l'on mette en place quelque chose de plus pour eux ? De quel ordre ?

En réalité, le Ministre Pap Ndiaye a rebondi sur le suicide d’un collégien de 13 ans, harcelé, en raison de son homosexualité. Homosexuel pratiquant, à 13 ans ? Ah ? N’est ce pas plutôt un garçon, un peu efféminé ? Ou trop peu viril, aux yeux de ses camarades ? On ne sait pas trop, mais cela renvoie surtout au phénomène du harcèlement, pour lequel, il existe déjà des règles et des lois. En principe, les harceleurs doivent être poursuivis, les familles également et tout ce beau monde devrait faire l’objet de sanctions. En pratique, c’est beaucoup moins simple, cela dépend de qui est le harcelé et surtout, de qui sont les harceleurs. S’ils ont un profil ethnique particulier, pas de vague et c’est donc le harcelé qui est puni et condamné à changer d’école, on l’a vu avec la petite Milla, cachée dans plusieurs établissements. Quand les harceleurs et les harcelés sont tous des gens d’ici, par contre, la loi passe normalement. Et quand tous sont du profil ethnique particulier, on évite de trop en parler, comme du fameux harcèlement au voile, qui consiste à obliger les filles à le porter entre la maison et l’établissement scolaire, où il reste encore interdit. Bien qu’en pratique, là encore, parfois, la loi ne s’applique plus, faute de pouvoir l’appliquer.

Dans le cas des LGBT, que met-on en place ? Faut-il qu’ils se déclarent comme homosexuels, ou que leurs parents les déclarent comme tels, s’ils sont mineurs ? Et mieux les accueillir consistera en quoi, puisque déjà, on n’arrive pas à gérer correctement les problèmes de harcèlement ? Que fera-t-on de spécial pour les harcelés LGBT, qu’on ne fait pas pour les harcelés ordinaires ?

En réalité, l’école s’est mise, ça et là, à développer un langage hors sol, de type idéologique, où certains profs expliquent que les garçons peuvent devenir des filles et inversement. Pourquoi et comment ? Une collègue qui s’y est risquée, s’est fait reprendre par un père barbu, qui est venu lui demander d’arrêter ses âneries, parce que dans sa « culture », les garçons sont bien des garçons. Et pour changer de sexe, quand on est ado, il faut des opérations chirurgicales et des traitements sans fin et que cela laisse des traces graves, dans les corps et les psychismes. Qui fait cela et combien sont-ils ?

Ce battage médiatique concerne très peu de cas, très peu d’enfants. On monte en épingle l’invention de quelques esprits pervers et les médias s’appliquent à faire passer pour une normalité quelques cas extrêmes, qui ne concernent pas la majorité des établissements et encore moins la très grande majorité des élèves. Il serait temps de revenir à la raison, l’école à d’autres chats à fouetter, autrement plus importants pour l’avenir de nos chères têtes blondes et de la nation.

23 janvier 2023

L’Éducation nationale empile les réformes comme les mauvaises grippes

H16

La réforme des lycées donne déjà ses fruits et pas de doute, ils sont mûrs, ils sont juteux et pleins de vitamines !

Mise progressivement en place depuis 2018, cette réforme a ainsi abouti depuis l’année dernière à se passer complètement de mathématiques dans son tronc commun à partir des classes de première, ne laissant cette matière que pour les filières scientifiques. Joie, délivrance et décontraction pour une grande quantité d’élèves pour qui les mathématiques n’ont constitué qu’une forme élaborée de torture mentale tout au long de leur cursus scolaire, cette suppression leur a donc permis de se consacrer pleinement à toutes les autres matières (langues, histoire, géographie, français notamment) dont ils allaient faire leur miel lors de leurs études supérieures.

Las : une partie de ces mêmes élèves se retrouve à présent quelque peu déconfite lorsqu’il s’agit de candidater pour les études supérieures de leur choix qui, elles, réclament ou bien un niveau suffisant en mathématiques ou, pire, d’avoir continué cette matière bien au-delà de la classe de seconde. Patatras, les choses deviennent complexes : au moment de s’inscrire sur Parcoursup, certains découvrent l’horrible réalité que l’inscription en faculté d’économie (par exemple) nécessite un niveau en mathématiques qu’ils n’ont plus.

Bien évidemment, ici, on devra s’interroger sur le raisonnement obscur qui s’est mis en place dans la tête de ces élèves pour d’un côté s’inscrire sciemment dans les classes de première et de terminale ne comportant aucune option de mathématiques avec, dans le même temps, la ferme intention de poursuivre leurs études dans des disciplines pour lesquelles les mathématiques, si elles ne constituent pas un pilier fondamental, n’en sont pas moins présentes et indispensables.

Certes, ce niveau d’inconséquence portera à sourire pour des jeunes qui prétendent assez vite à participer à la société et, plus alarmant, frétillent d’aise à la perspective de voter et s’engager politiquement pour certains d’entre eux…

Cependant, ce constat ne devra surtout pas faire oublier que ce pataquès vient s’ajouter aux trop nombreux autres qui s’empilent maintenant depuis des années pour tout ce qui touche l’instruction des enfants français : alors que l’Éducation nationale permettait jusque dans les années 70 de former des individus aptes à s’insérer dans la société, les décennies suivantes ont violemment bénéficié de chacune des lubies du moment, de réformes toutes moins habiles et pertinentes les unes que les autres et la mise en place de systèmes d’orientation qui ont spectaculairement échoué à produire autre chose qu’un désastre.

Il faut ici évoquer l’incompétence fulgurante des ministres et des administrations qu’ils ont, les uns après les autres, fait semblant de cornaquer dans le marais putride dans lequel l’équipage s’est enfoncé depuis des lustres et continue d’y barboter calmement.

Doit-on réellement s’appesantir sur les ratages, maintenant multiples et retentissants, de Parcoursup qui, d’année en année, étonne par sa capacité à inventer des situations toujours plus ubuesques, à laisser sur le carreau des étudiants, à produire des affectations farfelues et à ne pas tenir compte ni des souhaits ni des réalités de terrain ? On pourra arguer que seul un tout petit pourcentage d’élèves se retrouve consciencieusement embrouillé (pour ne pas dire broyé) par ce système mal fichu, mais même un petit pourcentage, sur un grand nombre d’étudiants, cela finit par faire beaucoup.

Et à la fin, c’est toujours trop pour quelque chose qui devrait se passer sans anicroches au point que même le chef de l’État, pourtant pas réputé pour être en prise directe avec la réalité, finisse par admettre que ce truc est une usine à gaz stressante, rejoignant en cela les témoignages (nombreux) de ceux qui ont dû l’expérimenter.


Quant au reste, force est de constater que malgré l’empilement frénétique de réformes, le niveau scolaire des Français ne s’améliore pas, au contraire. Tout se passe comme si la succession de ministres hétéroclites n’avaient absolument pas aidé l’institution à simplement faire son travail, au contraire même. C’est à se demander si les efforts n’ont pas été portés, de façon systématique et avec application, sur à peu près tout sur ce qu’il ne faut pas faire.

Les exégètes des enquêtes de niveau scolaire menées ces dernières décennies multiplient les tergiversations, les euphémismes et les atermoiements pour ne surtout pas regarder la réalité en face et avouer que le Roi est nu, ou qu’il est, au mieux, vêtu de fripes rapiécées : la France n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut il y a 25 ans, et à plus forte raison il y a 50 ou 100 ans.


Tant et si bien que la récente suppression des mathématiques du tronc commun des classes de première et de terminale a provoqué des dégâts déjà visibles, une paire d’années après cette magnifique initiative, au point tel que l’actuel ministricule en charge du Titanic éducationnel français a été obligé de convenir qu’il y avait un souci et qu’il fallait faire marche arrière : dès la rentrée 2023, les mathématiques reviennent dans le tronc commun.

Mhmh enfin, en théorie… Les dissensions se creusent entre la tête du ministère et l’administration, pour laquelle rien n’est réellement acté. Si vous êtes élève en 2023, bonne chance pour savoir ce qui va se passer exactement…

En somme, le bordel incompréhensible qui a présidé à l’instigation d’un Parcoursup finalement mal fichu et encombrant n’a pas été contenu et le voilà qui perfuse maintenant toutes les strates de l’administration scolaire française. Le programme, les options, la nature précise du tronc commun et ce qu’on doit faire ou ne pas faire n’est plus qu’une vaste soupe conditionnelle et floue. Pour tout dire, on dirait les douzaines de pages de protocoles sanitaires que Blanquer et sa fine équipe de malades mentaux ont pondu pendant la crise pandémique en espérant rendre simple le fatras d’injonctions contradictoires qui constituait la position officielle du gouvernement en la matière.

Dans ce bouillon opaque de réformes indéchiffrables ajoutées les unes aux autres, l’élève n’est plus qu’une variable d’ajustement. Et comme de surcroît, tout a été fait pour qu’il ne soit pas de plus en plus autonome et affûté, mais exactement le contraire, on ne parvient qu’à une unique conclusion : ce pays est foutu.

13 janvier 2023

Blabla et néolibéralisme à gogo : ce que contient le rapport de McKinsey sur l’école

Hadrien Brachet / Marianne
Publié le 12/1/2023

Épinglé par la commission d’enquête du Sénat en janvier 2022, le rapport de McKinsey sur l’évolution du métier d’enseignant destiné au ministère de l’Éducation nationale est désormais accessible en ligne. Un concentré de langage managérial insipide qui pousse à la libéralisation de l’école et à son adaptation au marché du travail.

Une opération facturée pas moins de 496 800 euros, pour un résultat plus que discutable… En janvier 2022, la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil s’était étonnée d’une mission de McKinsey opérée en 2020 à destination du ministère de l’Éducation nationale et de la Direction interministérielle de la transformation publique. Le directeur associé de McKinsey France, Karim Tadjeddine, avait alors expliqué devant des sénateurs remontés qu’il s’agissait d’accompagner l'organisation d'un « séminaire » pour « réfléchir aux grandes tendances des évolutions du secteur de l'enseignement ». Celui-ci ayant été finalement annulé pour cause de Covid-19, le cabinet de conseil américain avait finalement rendu trois « livrables » sur les évolutions du métier d’enseignant, en s’appuyant sur des comparaisons internationales.

Jusque-là, ces documents n’avaient pas été rendus publics. Grâce à des démarches auprès de la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA), David Libeau, développeur, membre de l’association OpenKnowledge France et Marc Rees, journaliste pour le site d'investigation L’Informé, viennent de les obtenir et ont pu les mettre en ligne ce mercredi 11 janvier. Parmi eux, la « version en cours d’élaboration » datée d'avril 2020 de la fameuse note intitulée « Éclairer les évolutions du métier d’enseignant au XXIe siècle ». Un rapport qui, comme le reconnaissait lui-même le ministère de l’Éducation nationale auprès de la commission d’enquête, « a pu alimenter sa réflexion sur l'accompagnement des professeurs par leurs pairs (mentorat), le besoin de repenser leur formation et la nécessité de mieux valoriser leurs compétences. » Seule interrogation pour le journaliste Marc Rees, les métadonnées du document qui signalent une modification le 4 avril 2022, près de deux ans après le rendu : « je ne sais pas si cela correspond à une modification substantielle ou juste orthographique ou graphique », pointe-t-il.

En tout cas, tout au long des 204 pages pour l'instant disponibles, à la présentation léchée, alternant textes, graphiques et images d’illustrations, la note développe une vision de l’école conforme à celle développée par Emmanuel Macron au cours de sa campagne présidentielle de 2022, promouvant autonomie des établissements, rémunérations au mérite et fonctionnement décentralisé. Partant du constat que « le métier d’enseignant évolue profondément », McKinsey estime qu’« appréhender ces évolutions est une nécessité impérieuse pour permettre aux professeurs de continuer à assurer leur mission, au service de la réussite de tous les élèves ». Désormais, les professeurs « ne sont plus uniquement des "sachants" qui transmettent un savoir théorique, assure le cabinet de conseil. Mais ils offrent un accompagnement plus global au développement et à l’épanouissement de l’élève – y compris, en l’éduquant sur des sujets comme le respect de la diversité, le développement durable, l'équité sociale ou l'égalité des sexes. »

NUMÉRIQUE ET « ESPRIT D'ENTREPRISE »

Pour répondre aux défis de l’époque, le rapport préconise donc de faire évoluer le quotidien des enseignants et leurs méthodes pédagogiques. Et pour cela, à de multiples reprises, le cabinet de conseil incite à développer l’usage du numérique. Si l’apprentissage de la programmation ou la sensibilisation à l’usage des outils informatiques sont certes essentiels, McKinsey va bien plus loin, faisant appel au numérique jusqu’à plus soif. Le cabinet de conseil suggère d’« accélérer la diffusion des méthodes comme l’apprentissage mixte », le « blended learning » (sic) qui consiste à associer apprentissage en ligne et cours.


Quant aux professeurs, ils « pourraient accéder à des outils technologiques pour préparer les cours, automatiser partiellement la notation, ou encore les seconder dans l’analyse des progrès réalisés par les élèves ». McKinsey propose même déjà des logiciels clés en main : « Gradescope », qui « s’appuie sur des méthodes informatiques d’apprentissage machine pour permettre aux enseignants de noter les élèves plus rapidement » ou « Schoolrunner » qui « permet aux enseignants de suivre et d’analyser les données de leurs élèves ». En somme, délesté de sa position de « sachant », l’enseignant devient un simple gestionnaire, analysant courbes, graphiques et pourcentages au profit de la maximisation des résultats.

YOGA ET PRIMES

L’idéologie néolibérale, centrée sur l’adaptation permanente des individus à une économie globalisée, imprègne d’ailleurs tout le rapport. On apprend qu’on pourra, dès le primaire, sensibiliser les élèves « aux opportunités de la société numérique » par exemple « en éveillant leur esprit d’entreprise (sic) ». Il n’est jamais trop tôt. De manière générale, l'Éducation nationale est incitée à ouvrir ses portes aux entreprises (et pas n’importe lesquelles : start-up plutôt qu’artisans boulanger ou acteurs de l’industrie) : « Des partenaires externes pourraient être sollicités (associations, start-up, entreprises du secteur éducatif) pour développer et dispenser des programmes d’apprentissage numérique. »

À deux doigts d’inventer le pantouflage pour les profs, le cabinet de conseil suggère aussi de « baliser des parcours de mobilité [...] vers le privé ». McKinsey appelle à développer pour les enseignants « des parcours professionnels plus individualisés, flexibles et dynamiques » et la « rémunération au mérite ». Peut-être même pourraient-ils recevoir des « chèques cadeaux supplémentaires » s’ils sont jugés « excellents », envisage McKinsey dans l’un des trois autres documents livrés au ministère.


Et pour améliorer le bien-être au travail, on pourra leur « proposer des activités extrascolaires au sein ou hors de l’école (par exemple, sport, yoga, méditation, événements conviviaux avec des parents) ». Il ne manque plus qu’une table de ping-pong et des poufs, et c’est sûr, les profs en auront fini avec leurs revendications syndicales d’un autre temps. D’ailleurs, « McKinsey n'a jamais cherché à associer à sa réflexion la communauté enseignante ou les représentants syndicaux », précisait la commission d’enquête du Sénat. À quoi bon ?

DES ENSEIGNANTS DEVENUS MANAGERS

Toujours dans un esprit parfaitement start-up, le cabinet de conseil assure que « les compétences sociocomportementales pourraient faire l’objet d’un renforcement dans les programmes scolaires, en multipliant les exercices pratiques visant à développer chez les élèves la communication, le travail en équipe, l’esprit critique, la créativité ». Bien sûr que l’esprit critique et le travail en équipe doivent être développés chez les élèves, mais dans le vocabulaire du cabinet de conseil, l’enseignant n’est pas loin de devenir un manager – voire un « chief happiness officer » – toujours là pour aider ses élèves à brainstormer. Ces managers seraient eux-mêmes de plus en plus managés par leur chef d’établissement auquel McKinsey, comme Emmanuel Macron, veut donner plus de prérogatives. On lira ainsi qu’il faut renforcer son « leadership pédagogique », notamment en lui donnant « des pouvoirs étendus dans l’allocation de ressources financières et humaines ».


Quant au modèle républicain de l’école française, il est à peine effleuré dans ce document de 204 pages. La laïcité n’est citée qu’une fois, pour rappeler que l’enseignant « incarne également des valeurs (liberté, égalité, fraternité, laïcité, neutralité) ». Si l’éducation morale et civique doit être transformée, c’est seulement pour sensibiliser les élèves aux « enjeux d’une société multiculturelle, complexe, connectée ». À l’école républicaine, fondée sur la connaissance et l’émancipation, le cabinet de conseil préfère une école-entreprise, tournée vers l’adaptation constante au monde du travail et focalisée sur le savoir-être, plutôt que le savoir-faire. Idéal pour préparer les jeunes à la « flexibilité » du monde du travail et à une société atomisée. Ferdinand Buisson voulait « faire des républicains », McKinsey rêve de faire des startupers.


21 décembre 2022

L'abaissement du niveau général de nos jeunes générations

Yann Bizien

Très peiné de découvrir l'effondrement du niveau des candidats au concours d'entrée dans l'Éducation nationale.
Très peiné, mais finalement pas étonné.
Le métier d'enseignant était jadis une vocation et un engagement sacrés. Il faisait rêver des générations. On transmettait l'essence de cette vocation dans la famille. Elle était partout admirée, reconnue et respectée. Et on s'engageait dans l'institution pour y faire une carrière complète.
L'École, autrefois, instruisait. Elle encourageait l'effort, fabriquait des esprits bien faits, chassait l'ignorance, transmettait des valeurs, suscitait le respect de l'autorité, savait punir, récompensait les mérites, et générait de l'excellence.
La France pouvait briller et rayonner. Les enseignants étaient fiers de leurs résultats.
Je relisais tout récemment « Qu'est ce qu'une Nation », ce magnifique discours prononcé en 1882 à la Sorbonne par Ernest Renan. Je me demandais si les candidats avaient pris le temps de lire cette pépite intellectuelle. Car on y retrouve tout ce qui peut qualifier un esprit bien fait et lumineux : le fond culturel, la capacité à bousculer des concepts, l'aptitude à confronter, à organiser, à contextualiser et à hiérarchiser des idées, le sens de l'analyse, du développement, de la démonstration, de l'argumentation et de la prise de position.
En voulant privilégier la mixité sociale, l'adhésion aux théories progressistes, à l'écologisme et à l'égalité des chances, la classe politique a abandonné toute ambition d'instruction au détriment de nos enfants devenus aujourd'hui des adultes ignorants. [...]
Notre classe politique a abandonné la notion d'exigence. Exigences de souveraineté, d'indépendance, d'autonomie industrielle et énergétique, de défense forte, de frontières surveillées et respectées, de sécurité, d'amour de la Patrie, d'instruction de nos enfants et d'excellence.
Nous découvrons aujourd'hui le triste résultat de toutes nos négligences et capitulations. Ce bilan, c'est celui, hélas, de la médiocrité et de notre effondrement intellectuel.
« La Culture ne s’hérite pas, elle se conquiert » disait André Malraux. C'est ce qui répond à l'homme lorsqu'il se demande ce qu'il fait sur terre, ajoutait-il.
« Les hommes se sont mille fois plus acharnés à acquérir des richesses que la culture, bien qu'il soit parfaitement certain que le bonheur d'un individu dépend bien plus de ce qu'il est que de ce qu'il a » disait Arthur Schopenhauer.
Notre jeunesse a des écrans plats. Mais il lui manque l'épaisseur de la Culture. Et nos enseignants, démotivés, en perte de sens, mal défendus, ne font plus carrière. Beaucoup, déçus, seuls face à l'ensauvagement des classes, démissionnent.
Ce n'est donc pas le nouveau Ministre de l'Éducation nationale qui remettra sur pied notre vieux Mammouth. Bien au contraire. Il va accélérer et intensifier l'abaissement du niveau général de nos jeunes générations.