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10 février 2023

Zelensky, Grand-Croix de la Légion d’Honneur

Radu Portocala

Nous apprenons par un communiqué de l’Élysée que « le Président de la République a élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur le président Zelensky ». Et M. Macron a publié ces mots : « Hommage à toi, cher Volodymyr, pour ton courage et ton engagement. »
(Notons le tutoiement, devenu une sorte d’obligation grotesque dans les relations internationales de la France.)
À un autre moment, un autre président français avait « élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur » Ceausescu.
En 1988, lorsque, avec un groupe d’opposants roumains, nous avons demandé à la Chancellerie de la Légion d’honneur de retirer la décoration de Ceausescu pour indignité – ce qui est une possibilité inscrite dans les statuts –, il nous a été répondu que nous poussions le bouchon de l’anticommunisme un peu trop loin [sic !]. Un an plus tard, le personnage en question a été fusillé malgré sa Légion d’honneur, comme pour montrer que nous n’avions pas poussé ledit bouchon « trop loin ».
N’étant nullement sanguinaire, je ne voudrais pas que Zelensky ait le sort de Ceausescu. Bien au contraire. Pour le bien des Ukrainiens, je lui souhaite de vivre paisiblement dans une de ces propriétés qu’il a dans le monde, avec peut-être la Grand-Croix accrochée au-dessus de sa baignoire.
Quelqu’un disait à propos de cette si convoitée distinction : « L’honneur, c’est de ne pas l’avoir. » Il n’avait pas tort.

6 février 2023

SOUVENIRS

Radu Portocala

À partir de la fin des années 1950 et pour bien longtemps ensuite, Domenico Modugno a été l’un des plus connus chanteurs italiens, gagnant plusieurs fois la première place dans des concours et festivals internationaux. Au début de l’automne 1962, il fut invité à Bucarest pour trois concerts, organisés dans l’immense Salle des congrès.
Les billets, bien entendu, s’épuisèrent en un rien de temps, mais, dans un élan de générosité, les autorités laissèrent une chance à ceux qui voulaient entendre et, surtout, voir le chanteur : le dernier concert allait être transmis à la télévision. Même si, à l’époque, les téléviseurs étaient encore peu nombreux, on trouva moyen de se faire inviter par un parent ou un voisin qui en possédait un. Ainsi, certains appartements – dont le nôtre – furent transformés en salles de spectacle, les invités étant si nombreux que quelques-uns furent obligés d’apporter leurs propres chaises.
La plupart des chansons étaient déjà connues du public roumain, très friand alors de musique italienne. Les applaudissements étaient assourdissants. Mais la salle, secrètement, avait un espoir. Dans le répertoire de Modugno il y avait une version, certes allégée, mais très bien chantée du « Ave Maria » de Schubert. Pour des raisons évidentes – la lutte contre le « mysticisme » était encore acerbe en Roumanie – les organisateurs l’avaient enlevée du programme proposé par le chanteur. Le public, néanmoins, attendait un miracle.
À la fin de son tour de chant, Modugno revint sur scène sous les applaudissements de plus en plus puissants et offrit plusieurs chansons supplémentaires. Finalement, les projecteurs s’éteignirent et l’immense cortine se ferma. Mais personne ne quitta la salle et tout le monde continua à applaudir. Au bout d’un moment, Modugno, qui avait abandonné sa veste, sortit entre les lourds pans de velours et salua ses admirateurs. Il fit encore deux ou trois sorties, alors que la salle refusait de se vider. La dernière fois, il avait un microphone à la main. Le public comprit, et un silence absolu descendit dans la salle. Seul, sans l’accompagnement de l’orchestre, il commença à chanter « Ave Maria ». Sur-le-champ, quelqu’un prit la décision inepte d’éteindre toutes les lumières. Presque dans le noir – seules les lampes de sécurité étaient encore allumées –, peut-être même enhardi par cette forme de censure, Modugno alla jusqu’au bout de la chanson. La télévision, elle, de manière incompréhensible, n’arrêta pas la transmission.
Ce fut comme une sorte de révolution. Peu comptait pour nous que Modugno ne risquait rien en outrepassant l’interdiction qui lui avait été faite. Ce qui nous émerveillait, c’était de voir qu’il avait pris la liberté dont on avait voulu le priver. C’était, en réalité, la liberté qui résonnait sous la vaste coupole. Et c’était ce malgré eux qui nous importait et nous fascinait en écoutant. Cet homme seul, en chemise, au bord de la scène, dans la salle obscure, chantant ce qu’on lui avait dit de ne pas chanter, était un homme libre. Cela nous semblait soudain une chose simple, à nous qui ne connaissions plus la liberté. Nous lui étions reconnaissants. Quant à moi, je comprends maintenant qu’une vérité précieuse venait, inconsciemment sans doute, de s’inscrire dans mon esprit.

3 février 2023

« Allié » de l'Ukraine ?

Radu Portocala

Parlant des membres de l’OTAN et de l’Union européenne, nombre d’analystes et commentateurs dont la parole est influente les désignent comme « alliés de l’Ukraine ». Pas « amis », pas « fournisseurs d’armes », pas « zélateurs », mais « alliés ».
Que dit le dictionnaire ? « Allié [en droit international en parlant de pays, d’États] : uni par un accord, un traité d’alliance (en particulier en temps de guerre) ».
Avons-nous un traité d’alliance nous liant à l’Ukraine ? Non. Le fait de vendre et de donner des armes à un pays, fût-il en guerre, n’est pas une alliance. Et de tenir des discours enflammés en sa faveur, tout en aspergeant d’injures son adversaire et cherchant vainement à le punir, ne l’est pas non plus.
Personne, cependant, dans les hautes sphères du pouvoir, ne semble gêné par l’utilisation de ce mot, ni ne cherche à le bannir. Or, se définir comme « allié de l’Ukraine » c’est reconnaître notre rôle de co-belligérants – un rôle que nous ne pouvons pas tenir.
Certes, la ministre allemande des Affaires étrangère, disait l’autre jour, dans un moment d’égarement, que « nous sommes en guerre contre la Russie ». Son gouvernement a dû faire ensuite des efforts ridicules pour la contredire.
Cette guerre contre la Russie est voulue, sans aucun doute, mais nul n’ose, à part les washingtoniens les plus excités, avouer ce désir. Et nul n’ose, bien entendu, se lancer dans une telle aventure – surtout après les échecs américains et occidentaux de ces 70 dernières années. On se contente de rêver d’une Russie vaincue, mais vaincue par d’autres.
Pour l’instant, l’Occident se contente de mots que, belliqueux et craintif à la fois, il se garderait bien de coucher sur le papier. Et, finalement, nous réussissons l’exploit d’être en guerre contre nous-mêmes.

2 février 2023

Voyage à Kiev - mode d’emploi

Radu Portocala

Le sommet UE-Ukraine s’ouvre aujourd’hui à Kiev. Les pontes européens accourent pour recueillir les ordres d’achat de Zelensky et ses instructions. Mais, avant même de se mettre en route, le Secrétariat général de la Commission européenne, probablement sur recommandation de Kiev, leur a envoyé un certain nombre de directives.
Ainsi, nul ne portera du kaki ou même du vert, couleurs réservées au grand chef ukrainien et à ses hommes. Un commissaire européen ne saurait se déguiser en chef de guerre.
Il est recommandé, également, de « voyager léger », d’éviter les valises, leur préférant les sacs à dos. « Le temps exact du voyage étant impossible à prévoir, il est recommandé d’être prêts d’aller directement du train aux rencontres officielles. » Imaginer Macron & Comp. traversant Kiev au pas de course et affublés d’un sac à dos est assez plaisant. ll est également recommandé aux voyageurs de se munir de « chaussures confortables, de pantalons et de gilets. »
Des « boîtes contenant des repas froids » seront distribuées dans le train, mais il est recommandé aux voyageurs d’emporter des « provisions de base ». Difficile à deviner ce que cela veut dire, mais on peut penser qu’il s’agit de donner l’image d’un régime spartiate.
Enfin, les voyageurs sont prévenus qu’il y aura dans le train « des canapés individuels pour dormir, un WC commun et pas de salle de bains ». En somme, une sorte de pyjama party se déroulant dans des conditions déplorables. Ils se prendront tous pour des héros et se souviendront toute leur vie d’avoir fait la queue devant la porte des toilettes.
Lors des discussions avec les membres du gouvernement ukrainien, les pontes européens ne doivent intervenir que lorsqu’il est nécessaire. Ce qui veut probablement dire : pas de babillage inutile. Difficile pour nos manieurs de la langue de bois, maniaque des discours-fleuves.
Enfin, il a été dit à nos chefs que, mise en scène guerrière obligeant, les photos qui seront prises doivent prolonger et confirmer le message politique qu’il faut transmettre. Autrement dit qu’ils ne doivent pas être surpris en train de rigoler ou de faire les clowns.

28 janvier 2023

LES GRILLONS

Radu Portocala

La récente autorisation qu’a donnée la Commission européenne pour la mise sur le marché de la poudre de grillons domestiques en tant que « nouvel aliment », et son utilisation dans une large série de produits de l’industrie alimentaire, a entraîné une certaine émotion, assez mesurée toutefois. Cette faible réaction serait-elle due à l’incrédulité ? À une forme de lassitude ? À une terrible forme d’abandon ?
Cette dernière décision est pourtant la troisième de ce genre. La Commission a déjà approuvé l’utilisation des criquets et des vers de farine dans diverses préparations ou même tels quels (comme les commercialise, par exemple, la société Jimini’s).
La vente en Europe de la poudre de grillons domestiques, dit le Règlement d’exécution de la Commission est réservée pour une durée de cinq ans, en exclusivité, à la société Cricket One qui détient et a refusé de le dévoiler le secret de fabrication. Comme pour les vaccins dits anti-Covid. C’est une société vietnamienne – une start-up, telle qu’on les aime à l’Élysée ces dernières années – qui a ramassé beaucoup d’argent, mais ne dit pas quelle en est la source. Les obsédés de la viande artificielle, comme le célèbre Bill Gates, ne sont peut-être pas étrangers à cette générosité.
La question qui se pose, cependant, est de savoir quels ont été les arguments par lesquels cette société a persuadé la Commission européenne d’autoriser la vente de son produit. Ou, plutôt, pourquoi la Commission a-t-elle accepté la proposition de la société Cricket One ? Envisage-t-elle, a plus ou moins longue échéance, d’interdire la commercialisation de la viande animale ? Prévoit-elle une grande famine en Europe, qu’elle songe combattre avec des grillons dessechés ? Veut-elle nous dresser ? Nous faire plier aux fantasmes les plus délirants d’un groupe de bien-pensants déments ?
L’histoire des anciens temps présente comme une abomination le fait que, durant les périodes de disette, les pauvres mangeaient des rats ou des racines – qui, d’ailleurs, n’étaient que les légumes qui poussent sous la terre. Voilà que les temps modernes, dévastés par l’écolo-progressisme, laisseront derrière eux le souvenir d’une société imbécillisée et asservie au point de se repaître d’insectes.

22 janvier 2023

Du gaz qatari à défaut de gaz russe ?

Radu Portocala

Pour se libérer de l’emprise du gaz russe, pour ne plus « faire couler du sang ukrainien dans les radiateurs », comme l’a dit l’un de nos nombreux génies, une partie de l’Europe est allée acheter du gaz au Qatar. C’est-à-dire du gaz démocratique.
Cependant, des députés européens malveillants ont découvert que le Qatar a approvisionné en argent liquide, par sacs entiers, d’autres députés européens, plutôt socialistes et éminemment moralisateurs, afin qu’ils plaident en sa faveur dans diverses occasions.
Ainsi est né ce que la presse a appelé le Qatargate. Les méchants voulaient une enquête, l’espéraient, l’annonçaient même. Des révélations scandaleuses étaient attendues. Mais tout cela, comme on pouvait s’y attendre, a énervé le Qatar. Qui a fait savoir que si l’Union européenne continuait avec ces bagatelles, les livraisons de gaz allaient s’arrêter.
Nous voilà, donc, devant un dilemme plutôt cocasse : soit nous reconnaissons qu’un choix imbécile a été fait, et nous laissons la justice suivre son cours en nous privant de gaz ; soit nous arrêtons recherches et poursuites et continuons à acheter le gaz qatari, acceptant ainsi la victoire du chantage et l’impunité de la corruption. Ce serait être immoral au nom de la morale. Une posture qui ne peut en rien gêner les bureaucrates de Bruxelles et d’ailleurs.

10 janvier 2023

De la dignité à la fonction présidentielle

Radu Portocala

Pendant sa campagne électorale, François Hollande avait dit vouloir redonner sa dignité à la fonction présidentielle. Il est vrai que son prédécesseur l’avait malmenée à plusieurs reprises et de diverses manières. La dignité étant un attribut de la personne et non de la fonction, Hollande n’a réussi que donner à la présidence l’apparence de sa propre personnalité : il l’a rendue ridicule.
Emmanuel Macron a eu la même prétention : faire de la présidence un Olympe au sommet duquel régnerait, dans un silence recueilli, son austère sagesse. Il a très vite réussi à la transformer en un mélange de cirque et de cour de récréation, où se déroule un permanent carnaval de mauvais goût.
Une partie de la masse, habituée au triste spectacle des émissions de divertissement, trouve cela très bien. Elle imagine que c’est sous cette forme lamentable que s’incarne la démocratie. S’afficher avec des clowns, se déhancher sur les marches du palais présidentiel, se montrer débraillé, serrer dans ses bras des voyous déshabillés, tutoyer à droite et à gauche, faire des blagues douteuses de collégien, tout cela est devenu, avec Emmanuel Macron, geste politique. Et tout cela n’est qu’abaissement du politique, nivellement par le bas.
Mais que se passerait-il si un homme sérieux, rigoureux, dont l’action serait bénéfique à la France en cas de victoire, se présentait à la future élection ? La perception de la fonction présidentielle ayant été pervertie, la masse risquerait de le rejeter, car elle ne comprendrait pas qu’il ne veuille continuer le mauvais spectacle. C’est la création de ce risque qui est une des parties les plus néfastes de la présidence d’Emmanuel Macron.

7 janvier 2023

Radu Portocala

« 2022 pulvérise le record de l’année la plus chaude en France », annonce « Libération », fière de pouvoir nous faire part d’une nouvelle qu’elle tient pour catastrophique.
Autrefois, il y avait « Le vrai salaire des cadres », « Le prix de l’immobilier à Paris » et autres bêtises de la sorte, qu’on nous servait année après année, avec la monotone régularité des saisons. On les appelait, pour cette raison même, des « marronniers ». Depuis quelque temps, c’est la température qui hante les rédactions et qui supplée à l’absence d’imagination des journalistes. Ils aiment les catastrophes, même quand elles ne sont que fantasmées.
Comment sait-il, le génie qui a pondu ce titre et qui veut donner l’impression d’avoir scruté toute l’histoire de la France et de son climat, que 1047, par exemple, n’a pas été une année plus chaude que 2022 ? Que lui donne la certitude de son constat péremptoire ? Rien ! Une conviction, tout simplement, qui tient d’avantage de l’idéologie que d’une science exacte.
Le journaliste qui écrit de telles choses a un très grand avantage sur le lecteur à qui il les impose : il sait que personne n’ira perdre son temps à chercher les vieilles chroniques, les anciennes statistiques, pour vérifier et comparer. Il sait qu’il peut écrire n’importe quoi à ce sujet parce qu’il est hissé sur la barricade du climatiquement correct et que quiconque s’aviserait à le contredire serait éliminé promptement du débat, accusé de pratiquer le coupable scepticisme.
Son double rôle, qu’il joue avec la bénédiction de sa rédaction est de culpabiliser les uns et de terroriser les autres. Il s’en flatte. Quel privilège d’être parmi ceux qui savent le désastre à venir, de l’annoncer, d’appeler les foules ignares à la lutte pour la survie !
Pourtant, si on regarde les vieux livres, on apprend que la Seine a séché plusieurs fois aux siècles derniers. Rien à voir !, nous dira-t-il agacé. Et, déjà, il se prépare pour l’annonce qu’il fera d’ici un an : 2023 aura été l’année la plus chaude de l’histoire.

4 janvier 2023

LE FRANÇAIS, CETTE LANGUE QUI DÉPÉRIT

Radu Portocala

On me parle avec un certain étonnement d’un adulte roumain qui s’est lancé dans l’étude du français. C’est, en effet, chose rare. Le français n’intéresse presque plus personne en Roumanie. Ni ailleurs, hélas !… On lui préfère l’anglais appauvri et approximatif, dont des mots et des expressions importés sans aucun besoin sont entrés dans le fond lexical autochtone et raclent l’ouïe des grincheux et des anachroniques.
Autrefois, on parlait beaucoup le français en Roumanie. C’était une preuve de culture, de civilisation. Le régime communiste, après la guerre, l’a évincé, on ne l’enseignait plus à l’école. Il était devenu symbole de « décadence bourgeoise », d’« exploitation capitaliste », de « cosmopolitisme » – et, pour les communistes, accuser quelqu’un de cosmopolitisme était aussi grave, si ce n’est plus, que l’est aujourd’hui d’accuser de complotisme. Le Lycée français et l’Institut français de Bucarest, dont les nouvelles autorités ont prétendu qu’ils faisaient de l’espionnage, ont été fermés en 1948, et les étudiants qui fréquentaient la bibliothèque française ont été envoyés se changer les idées en prison.
Pourtant, le français a survécu. Les vieilles dames de l’ancienne bonne société, réduites à la misère, donnaient clandestinement des cours de français, s’offrant ainsi un mode subreptice de survie et assurant, par là même, la survie d’une langue dont l’usage aidait les Roumains à maintenir un lien avec le monde qui, brusquement, leur avait été interdit. Avec leurs racines latines aussi, car la langue roumaine, soumise au cours du temps à tant d’influences, a été re-latinisée, à partir du XVIIIe siècle, par les jeunes Roumains dont les familles avaient les moyens de les envoyer étudier à Paris. Jamais la francophonie n’a eu de si bons, de si zélés ambassadeurs que ces vieilles dames qui cherchaient à ne pas mourir de faim.
En décembre 1989, quand nombre de journalistes français se sont rendus en Roumanie à la recherche d’une vérité qu’ils n’ont jamais trouvée sur le renversement de Ceausescu, ils furent étonnés de constater que de très nombreux Roumains parlaient le français. Le parlaient encore… Car, tournant le dos au grand frère soviétique, ils se sont jetés dans les bras du nouveau grand frère américain et ont été happés par son empire linguistique producteur d’un parler bâtard. La France – jadis appelée « la grande sœur latine » – et le français n’ont pas su les intéresser.
Curieusement, c’est au moment où la Roumanie s’éloignait du français qu’elle a été reçue dans l’Organisation internationale de la francophonie. Ce n’était, pour elle, rien de plus qu’un appui sur lequel elle savait pouvoir compter en vue de l’admission plus rapide dans l’Union européenne. Mais aussi l’occasion de créer quelques postes pour des bureaucrates qui en avaient grand besoin.
Pendant l’année où j’ai dirigé l’Institut culturel roumain de Paris, il y a de cela trois lustres, j’ai été convié à plusieurs réunions au sujet de la francophonie. Bavardage et vœux pieux. Et beaucoup d’argent dépensé, bien entendu. Cette année-là, Bucarest accueillait l’inutile Sommet de la francophonie, et il fut ouvert par un président roumain qui ne parlait pas un mot de français.
Beaucoup de gens dits sérieux gagnent bien leur vie en brassant de l’air dans les diverses instances de l’Organisation internationale de la francophonie, se démenant à bureaucratiser la langue, à la transformer en passe-temps pour fonctionnaires faussement occupés. D’ailleurs, l’Organisation n’est plus ce qu’elle était. Puisque la France n’est plus grand-chose et que le français n’intéresse plus grand-monde, autant remplacer la défense de la langue française par la promotion de la langue de bois. Elle s’occupe maintenant de la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme, du développement durable, de l’écologie, du développement local et solidaire et autres sujets du même genre, qui ont l’avantage de permettre à des gens inutiles de se donner de l’importance et de justifier les plus abracadabrantes dépenses somptuaires.
Si on compte ceux qui, le long des siècles, par leurs écrits, ont fait de la langue française cette merveille que nous connaissons encore, ils sont probablement moins nombreux que les gratte-papier pompeux et les moulins à paroles qui prétendent aujourd’hui la défendre. Pendant ce temps, en France même, on malmène la langue, on l’idiotise, on la soumet aux délires idéologiques les plus divers, on la simplifie au bénéfice de ceux qui n’ont aucune envie de l’apprendre. Si le français ne rayonne plus, c’est parce que la France, petit à petit, s’éteint, et que sa culture, qui fut immense, s’abaisse petit à petit, n’aspirant plus qu’au niveau de l’étal de supermarché.

2 janvier 2023

Radu Portocala

Un an de plus…
Un an de plus avec notre bon petit président et ses amis nombreux et avides.
Un an de plus avec l’excellent Jo Biden, ce phare de la pensée politique mondiale.
Un an de plus avec Klaus Schwab, le nouveau petit père des peuples, avec ses lumineux projets.
Un an de plus avec Ursula von der Leyen, bienfaitrice de tant d’Européens ingrats.
Un an de plus avec Albert Bourla, qui dépense chacun de ses instants pour notre bien.
Un an de plus avec tous les révolutionnaires de la pensée correcte, de plus en plus nombreux, de plus en plus crétins.
Un an de plus avec la racaille qui, sous nos yeux, fait le monde d’après.
Un an de plus… Mais surtout une année de moins.

7 décembre 2022

Radu Portocala

Deux assertions faites au commencement de la guerre en Ukraine méritent d’être examinées après 11 mois de conflit.

1. La Russie a des missiles pour seulement une semaine. (Certitude américaine.)

2. « Les sanctions sont efficaces. Les sanctions économiques et financières sont même d’une efficacité redoutable. […] Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie. Nous allons donc provoquer l’effondrement de l’économie russe. » (Bruno Le Maire, dans un moment d’euphorie.)

Ces deux inepties, proférées peu de temps l’une après l’autre, montrent que les États-Unis, suivis aveuglement par tout l’Occident, se sont lancés dans cette guerre sans rien savoir sur la situation réelle dans laquelle se trouvait l’adversaire.

C’est une réalité élémentaire, un simple fait de bon sens, qu’avant de se lancer dans une opération militaire, il faut espionner l’ennemi, apprendre le plus possible sur lui, sur son état d’esprit, sur ses moyens, sur ses forces et faiblesse économiques.

Sûrs de leur droit absolu de régenter le monde et de leur invincibilité (cette dernière conviction étant du domaine de la pathologie, si on tient compte de toutes les défaites qu’ils ont subies ces 75 dernières années), les Américains et leurs fidèles alliés ont considéré que ces précautions étaient superflues. Faire la guerre sans se renseigner sur celui qu’on va affronter tient à la fois de la folie et de la stupidité. L’Occident est en train d’en faire la preuve et de subir les conséquences.

Ajoutons à cela les informations très précises fournies par les services d’espionnage des États-Unis et de Grande Bretagne sur l’état de santé de Poutine. Cancéreux au dernier degré, atteint de la maladie de Parkinson, il ne vit que grâce aux appareils auxquels il est branché et n’a que peu de moments de lucidité.

Inventer et diffuser de telles imbécillités était plus important, sans doute, que d’essayer d’apprendre quelle était la situation des stocks militaires de la Russie et comment se portait en réalité son économie. Cela prouve - mais fallait-il encore prouver quoi que ce soit ? - à quel point ceux qui prétendent mener le monde manquent de sérieux.

5 décembre 2022

Radu Portocala

Une première version du livre « Ces malades qui nous gouvernent » par Pierre Accoce et Pierre Rentchnick avait été publiée dans les années ’70. Un deuxième tome fut ajouté en 1988, comprenant un chapitre sur Ceausescu.
À l’époque, j’étais correspondant du service roumain de « Voice of America » pour la France, la Belgique et la Suisse et la rédaction me demanda de faire une interview des deux auteurs. J’étais, pour une ou deux semaines, dans un village au fin fond de la Normandie, ce qui me permit d’invoquer des difficultés techniques. En réalité, je ne voulais pas de cette discussion pour la simple raison qu’avec mes amis opposants au régime de Bucarest, nous ne voulions pas « médicaliser » le cas de Ceausescu. Déclarer qu’un dictateur est fou à lier le décharge de toute responsabilité, l’innocente en quelque sorte. C’était, bien entendu, contraire à notre ligne d’attaque.
On m’expliqua, cependant, que la technique ne posait aucun problème. J’obtins les numéros de téléphone d’Accoce et Rentchnick par l’attachée de presse de leur maison d’édition et j’établis avec eux la date et l’heure de cette rencontre téléphonique.
Lorsque l’enregistrement commença, nous étions cinq sur la ligne : le studio d’enregistrement, la rédaction - les deux à Washington -, Accoce à Paris, Rentchnick en Suisse et moi dans un petit village normand. Techniquement, je trouvai ça exaltant. J’étais là, devant un poêle qui luttait vainement contre le froid humide, et j’avais trois villes au bout du fil.
À un moment donné, le technicien coupa l’enregistrement : « Please don’t smoke sir, Mr Portocala ! » Ils étaient tous d’une politesse quasi militaire. L’un d’entre eux, plus très jeune d’après la voix, et qui m’enregistrait presque tous les week-ends, me demandait systématiquement : « How is weather in Paris, sir ? »
Un peu plus d’un an après cette interview, Ceausescu était fusillé - non en tant que fou, mais en tant que dictateur. On lui reprochait, entre autres, d’avoir organisé des pénuries, d’avoir imposé des coupures de courant injustifiées, d’avoir décidé qu’il fallait qu’il fasse froid dans les maisons.
Mais pourquoi diable je pense à ça ?

21 novembre 2022

Une possible révolte ?

Radu Portocala

J’entends ici et là, de plus en plus souvent, ces mots qui se veulent rassurants : « Ils ne peuvent pas aller trop loin. On ne les laissera pas. »
« Ils », c’est le pouvoir dans un sens très large, puisqu’il implique aussi bien Paris que toutes les structures auxquelles Paris s’est subordonné au fil des décennies.
« On », c’est beaucoup plus vague. Cela veut, certes, signifier le peuple, mais le peuple est divers dans ses opinions et ses réactions. Le peuple est compliqué.
« On ne les laissera pas » sous-tend l’annonce d’une révolte. Un mouvement uni, puissant, capable de balayer le pouvoir multiforme, pour le remplacer par un autre, plus sage et plus juste.
Malgré ces prophéties menaçantes, la révolte ne s’est pas produite dans les urnes, et ne risque pas de se produire dans la rue.
L’homme accablé par la misère, les obligations, les restrictions pense à sa survie et la met bien au-dessus de toute velléité de révolte. Les dictateurs de toujours ont su cela et en ont profité. Les temps durs fatiguent ; ils n’exaltent pas l’appétit de révolte. Avoir faim et froid achève de vous enfermer dans votre coquille de soumission.
Quant au reste, les absurdités idéologiques qui nous tracassent de plus en plus, ces interdictions qui se multiplient, qui va se révolter contre elles ? La masse avachie devant les émissions de variétés ? Les admirateurs des gestionnaires télévisuels de la pensée ?
Bien entendu, tout le monde rouspète ; certains écrivent même des textes remarquablement critiques, voire violents. Que change tout cela ? Rien. Parce que l’homme opprimé finit par acquérir une tiède quiétude et, s’il lui arrive de blâmer le pouvoir, il est gêné quand d’autres le blâment aussi. Il craint le pire, et l’expérience lui montre que la masse en mouvement peut représenter ce pire. La peur du désordre le ferait même voter contre ses propres opinions – et, ce faisant, il ruinerait consciemment ses intérêts.
Il faut de très grands malheurs pour que l’homme se révolte. Le pouvoir, aussi inepte soit-il, le sait, et cherchera toujours que ces très grands malheurs n’arrivent pas. Par cette espèce d’équilibre déséquilibré, la révolte est matée avant même de naître. Mais l’espoir, le rêve d’une possible révolte ne l’embarrasse pas, car les énergies qui lui sont contraires s’y perdent, très utilement pour lui.

2 novembre 2022

Radu Portocala

À la place d’Albert Bourla, PDG de Pfizer, qui a refusé catégoriquement d’être entendu par le Parlement européen, avouant ainsi implicitement qu’il y a des questions auxquelles il ne veut pas répondre, les députés ont dû se contenter de Janine Small, envoyée pour représenter la société.
Pendant la discussion, un député néerlandais a demandé à Janine Small si le produit de Pfizer a été testé avant la mise sur le marché pour prouver son pouvoir contre la contamination. La réponse - sidérante ! - a été très claire : NON.
Empêcher la transmission de telle ou telle maladie est, justement, le rôle d’un vaccin. Or, Pfizer a mis son produit en vente sans savoir s’il avait cette capacité. Pfizer a vendu et continue à vendre une mixture dont on ne sait pas exactement ce qu’elle est. L’appeler « vaccin » est, par conséquent, non seulement impropre, c’est une tromperie, une escroquerie. Une démarche qui, si je ne m’abuse, est du domaine du droit pénal.
Le même raisonnement s’applique à la Commission européenne qui n’était pas loin de rendre obligatoire l’administration d’un produit sans efficacité vaccinale, mais qu’elle présentait comme un vaccin.
Et quoi dire de tous ces membres du personnel médical - médecins et infirmières - qui ont perdu leur poste parce qu’ils ont refusé de se faire « vacciner » avec un produit qui n’est pas un vaccin ? Ne faudrait-il pas qu’ils soient réintégrés sans tarder et dédommagés correctement ?
Quant à la continuation de la campagne de « vaccination », fortement recommandée par Ursula von der Leyen et ses acolytes bureaucrates bruxellois, ne mérite-t-elle une bonne et ferme réponse judiciaire ?

26 août 2022

L’abondance est finie !

Radu Portocala

Nous devons sacrifier notre bien-être pour punir la Russie.
L’Ukraine nous est si chère que nous devons avoir froid pour elle, manger moins pour elle.
Le nouveau petit père des peuples, Joe Biden, a dit : « Cut off Russian gas gonna hurt Europe but that’s the price I am willing to pay. » (Couper le gaz russe fera du mal à l’Europe, mais c’est le prix que je veux payer.)
Organisons chaque jour l’heure de haine. Haïssons la Russie.
Passons ensuite à l’heure d’amour. Aimons l’Amérique (et donc l’Ukraine).
Grelotter, c’est moral puisque c’est l’Amérique qui nous le dit. Faisons, donc, notre devoir et grelottons !
Payons plus cher notre pain, puisque cela aidera à terrasser le monstre russe !
L’insouciance est finie !
Remplissons nos poches de cartouches (il y en a pour deux semaines) et tenons-nous prêts. L’Amérique veut faire la guerre à la Russie et à la Chine. Soyons ses soldats, puisqu’on a mis son sang dans nos veines et ses idées dans nos têtes ! Soyons fidèles à ses idéaux ! Cessons de penser à nous !
Et, par-dessus tout, soyons confiants : l’imbécillité est en passe de gagner.