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Affichage des articles dont le libellé est Chazaud Anne-Sophie. Afficher tous les articles
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1 mars 2023

Ça ou le chaos

Anne-Sophie Chazaud

Lorsque j’ai vu cette improbable déclaration d’Olivier Véran tout à l’heure, j’ai d’abord publié un post en forme de blague, puis, j’ai constaté avec hilarité la déferlante humoristique que les propos du chatbot de la Macronie avaient provoqués, comme celui, très drôle, de Gersende Bessède auquel je vous renvoie pour la poilade.
Mais plus sérieusement, il me semble important de souligner que ce sont ces mêmes individus qui ont agité la même rhétorique systématique dont on mesure ici le niveau de fantaisie par rapport au réel, dans absolument tous les contextes où ils ont rencontré une forme quelconque d’opposition.
Le Cercle de la Raison, autoproclamé de la Science ou, plus simplement, de l’expertocratie, explique avec des arguments tous plus tordus, mensongers et foireux les uns que les autres, que l’on n’a jamais le choix qu’entre ce qu’il impose et un prétendu Chaos digne de quelque fiction cocaïnée.
Ici, la grève empêcherait la pluie et viderait les nappes phréatiques.
En d’autres temps, ce fut l’Union Européenne ou le chaos (on mesure en ce moment chaque jour combien l’affirmation était de haute tenue prédictive).
Plus près de nous, mettre le pays à l’arrêt et imposer des mesures sanitaires délirantes était présenté comme dépourvu de toute alternative autre que le chaos (comme quoi, c’est assez variable comme règle scientifique, manifestement…).
Dites-vous bien également que quoi qu’on pense de la situation, c’est également exactement la même rhétorique qui pousse à l’intensification de la guerre en Ukraine : ce serait, formule superbement oxymorique, la guerre totale ou le chaos.
Pareillement bien sûr, ce fut, électoralement, Macron ou le chaos. Si bien d’ailleurs que lorsque je vois tous les castors se gaussant – à juste titre – aujourd’hui de la déclaration de Véran, j’ai tout de même furieusement envie de leur rappeler que c’est la même rhétorique tordue qu’ils ont suivie comme un seul homme en faisant élire ces mauvais robots linguistiques que sont les macronnards…
Il faut bien comprendre que c’est sur la base de ces rhétoriques manipulatrices, outrancières et infondées, déconnectées de tout rapport au réel, que TOUS les opposants, de tout poil, sont depuis des années qualifiés de complotistes, factieux et colporteurs de fausses informations.
Je forme des voeux pour que cette énième outrance du Cercle de la déraison ouvre les yeux de ceux qui avaient encore quelques doutes quant aux procédés grossiers de gouvernance qui nous sont appliqués. Nous avons affaire à de dangereux et grotesques malades.
Et sinon, rapport au rôle des mouvements sociaux sur la météorologie, nous aurons au moins appris quelque chose aujourd’hui…

26 février 2023

Conflit ukrainien

Anne-Sophie Chazaud

Je savais qu’en publiant ce texte de réflexions sur la difficulté de mettre la paix en avant, je ne satisferais aucun des jusqu’au-boutistes des deux camps.
C’est une position que j’assume totalement et la seule qui soit précisément conforme à ce que je pense, fort peu représentée du reste dans le brouhaha ambiant, raison pour laquelle j’ai éprouvé le besoin d’en jeter les premières lignes dans ce post.
Je remercie ceux qui ont pris le soin de lire ce texte et qui en partagent les grandes lignes.
Je respecte tout à fait ceux qui pensent autrement à la condition que précisément ils n’avancent pas avec la bêtise à front de taureau en fonçant sur moi afin de tout écrabouiller comme à leur stupide habitude, de manière insultante ou agressive.
J’avais anticipé les quelques piailleries hystériques des ukranolâtres. Ils vocifèrent, menacent, insultent depuis un an : on a l’habitude et on s’en fiche.
J’avais en revanche sous-estimé l’acharnement du camp pro-russe qui, miroir inversé de son frère siamois, ne supporte viscéralement pas qu’on puisse tenter de prendre de la hauteur et de la distance en refusant de se laisser embobiner dans une logique binaire.
Je rappelle donc ici ce que j’ai déjà eu l’occasion de dire en d’autres circonstances : informer, réinformer, ce n’est pas opposer une propagande à une autre propagande. C’est accepter le débat contradictoire et, surtout, la nuance qui est le contraire de l’hystérie belliqueuse.
Lorsque j’ai découvert avec stupeur que pour certains propagandistes de ce camp-là, même le grand reporter Régis le Sommier ne trouvait pas grâce à leurs yeux, lui qui pourtant connaît le terrain et a le malheur non seulement de « tremper la plume dans la plaie » plutôt que d’être derrière son ordinateur ou dans son salon, mais aussi de comprendre que le réel n’est jamais ni tout blanc ni tout noir, j’ai compris que ces personnes avaient traversé le miroir de la même manière que leurs frères ennemis ukranolâtres et qu’ils étaient désormais perchés quelque part très haut dans la stratosphère en stabulation libre géostationnaire loin du raisonnement dialectique.
Je m’étais toujours poliment abstenue de réagir mais enfin, je ne suis pas non plus Jésus, et ma foi, si on vient me chercher chez moi, c’est sûr qu’on finit par me trouver…
Concernant la Russie, je rappelle à toutes fins utiles que je suis la première dans ce pays à avoir publié un article dans la presse nationale pour fustiger la russophobie et le racisme abject dont les Russes ont rapidement fait l’objet.
Concernant Poutine, je redis que cette opération manque d’intelligence stratégique, la preuve étant qu’un an après on y est encore et que ça emmerde tout le monde, y compris ses alliés et amis (Chinois par exemple, sur la ligne desquels je me situe de plus en plus au plan diplomatique).
Concernant les adjectifs que j’ai utilisés au sujet de sa santé mentale que j’estime un peu paranoïde sur les bords, je fais évidemment référence à sa phobie pathologique du covid qui, pour moi, et bien que je ne le diabolise pas et le considère comme moins ravagé que la momie Biden, n’est pas le signe de quelqu’un qui va bien dans sa tête. Les remarques les plus hystériques qui m’ont été opposées sur ce sujet viennent, et c’est amusant, de la part de personnes qui étaient très engagées et virulentes (à juste titre) contre les restrictions sanitaires – et d’une manière parfois outrancièrement ridicule il faut bien le dire… – Comprenne donc qui pourra…

25 février 2023

Enrôlés de force

Anne-Sophie Chazaud

Voilà donc un an que nous nous trouvons enrôlés de force dans un conflit à la fois local/fratricide qui ne nous concerne pas et à la fois sorte de guerre par procuration (de moins en moins indirecte) de type proxy que se livrent les USA et la Russie sur le dos de l’imbécile Union européenne.
Un an que nous sommes sommés à grands sons de trompe de prendre à toute force position pour les belligérants sous peine d’excommunication, de menaces plus ou moins violentes, de points Godwin en pagaille, d’insultes, et d’appels à faire la guerre depuis son salon tv, plateau tv et ordinateur, mais toujours avec le sang des autres. Le sang des enfants des autres, et je me permets d’insister personnellement sur ce point, ce qui me donne une certaine légitimité pour m’exprimer. Car si le conflit venait à s’envenimer, ce ne sont pas les enfants de BHL, de Gluscksman, d’Enthoven ou de je ne sais qui, qui paieraient de leur sang cette folie d’aller mourir pour le Donbass, mais le mien.
Un an que, le pistolet sur la tempe, nous sommes contraints de porter haut les couleurs d’un patriotisme étranger par ceux-là mêmes qui, depuis des décennies, nous interdisent de porter notre propre patriotisme. Nous obligent à considérer que le nazisme ukrainien est fréquentable quand la moindre de nos prises de position de simple bon sens ici, chez nous, est systématiquement disqualifiée sous prétexte de fascisme rampant.
Un an que nous sommes tenus de sauver un pays d’une invasion étrangère quand le nôtre s’enfonce chaque jour dans la barbarie, la sauvagerie et la psychose d’un passage à l’acte à base de couteaux volants et de voitures folles devenues la norme et contre lesquelles aucune guerre d’envergure, la seule qui devrait nous concerner, n’est menée.
Un an qu’il est devenu impossible de raisonner de manière équilibrée et dialectique. Un an que l´on subit une propagande sans limites dans laquelle à peu près toute la presse hexagonale s’est grotesquement déconsidérée, au point que le mot-même de «paix» est devenu le synonyme de quelque bassesse munichoise puisque cela fait également un an que des historiens de supermarché comparent historiquement tout ce qui ne peut pas être comparable, aucune comparaison historique n’étant de toute manière jamais fondée méthodologiquement.
Un an qu’il est impossible d’avoir un point de vue tempéré et non hystérique sur ce conflit. Impossible de dire que oui nous devons venir en aide aux populations victimes d’une invasion, mais tout comme nous devions venir en aide depuis des années aux populations du Donbass victimes de la sauvagerie ukrainienne à leur encontre, ou encore à nos amis Arméniens persécutés, à nos frères chrétiens d’Orient persécutés, ou encore aux pauvres Yéménites persécutés, et à toutes les populations victimes des guerres américaines, notamment aux Proche et Moyen Orient ces dernières années, lesquelles ont délibérément et sur des bases mensongères, saccagé des régions entières du monde sans jamais qu’on leur en ait a posteriori demandé des comptes, allant plutôt jusqu’à embastiller ceux qui, comme Julian Assange, révélèrent la vérité.
Un an que nous sommes sommés de choisir entre un autocrate un peu parano et qui a commis une invasion stupide et un comique pénien cocaïnomane qui, lui au moins contrairement à ses pauvres compatriotes, ressortira de cette petite affaire avec plus d’argent qu’il n’en avait au départ.
Un an que nous devons supporter la stupidité des commentateurs et politiciens de tout poil, rêvant de démanteler la grande Russie et frappant à présent de leurs petits poings et lançant de petits coups de menton parfaitement grotesques en direction de la grande Chine.
Pauvres incultes…
Un an que nous devons supporter de devoir choisir entre les incontestables crimes commis par Wagner et l‘ukronazisme qui, comme le martèle courageusement Arno Klarsfeld, n’a pas fait son examen de conscience.
Un an que nous devons supporter la russophobie la plus inculte et la plus abjecte, les autodafés, les commentaires les plus stupides, le révisionnisme le plus immonde, la relativisation effective de la Shoah et de la part majeure prise par la Russie dans la victoire contre le nazisme.
Un an aussi que l´on ne fait qu’opposer une propagande à une autre dans une logomachie hystérique et stupide : on ne peut être, bien sûr, qu’un valet de Poutine, un laquais de l’Empire américain, une pu… de l’Otan. On ne peut qu’être un partisan du wokisme ou un serviteur des régimes autoritaires.
Aucune voie médiane n’est autorisée. Aucune mesure. Aucune tempérance. Aucun recul.
Permettez pourtant que l’on en revienne à une ligne gaullienne qui, considérant que les pays n’ont pas d’amis mais uniquement des intérêts, je considère en premier lieu ce qui est bon pour mon pays.
Que je ne cède à l’hystérie belliqueuse ni des uns ni des autres, que je ne me réjouisse des crimes de guerre de personne (crimes incontestables, et dans les 2 camps et étant évidemment admis que je ne mets pas dans cette balance sur un même plateau l’agresseur et l’agressé).
Permettez que je ne choisisse pas entre la folie impérialiste culturelle d’un wokisme dégénéré et les régimes autoritaires russes ou chinois qui, toutefois, ont le mérite d’opposer un contrepoids dans le rapport de force aux États-Unis.
Permettez que je ne choisisse pas entre un autocrate qui a pris des décisions stupides dans lesquelles il est désormais embourbé comme ses troupes, et un vieillard sénile marmonnant n’importe quoi entre 2 chutes d’avion.
Permettez que je n’accepte ni l’invasion objective d’un pays souverain (et quoi qu’on pense de celui-ci) ni le mensonge, la trahison, la tromperie, la duplicité permanente et la cupidité comme par exemple le sabotage américain de NordStream qui nuit directement aux intérêts de MON pays, ce qui m’importe en premier lieu.
Permettez que je prenne un peu de hauteur et que je fasse observer que les 3/4 de la planète n’en ont strictement rien à faire de cette histoire de chrétiens d’obédiences diverses qui s’entretuent dans un grand moment de vive intelligence.
Un an au terme duquel je n’attends qu’une seule chose donc, c’est qu’une paix dont personne ne ressorte humilié soit trouvée, voire imposée.
La Chine, la Turquie poussent en ce sens et l’Europe serait bien inspirée d’en faire autant.
Espérons par conséquent que l’année à venir soit plus utile sur tous ces points que la précédente, en particulier sur le plan de l’intelligence collective manifestement disparue.


19 février 2023

Errance du système médiatique, quelque part entre la caverne de Platon et l’Ile enchantée de Pinocchio

Anne-Sophie Chazaud

[Quelques considérations en vrac, j’y reviendrai de manière plus méthodique et en détail par voie d’articles, ultérieurement.]

Il y a quelques jours, je publiai ici quelques réactions suite à l’accident en tous points dramatique et spectaculaire provoqué par P. Palmade.
Ces remarques n’avaient pas vocation à s’inscrire dans le marbre pour l’éternité, simple commentaire d’actualité.
Aussi, quelle n’est pas ma surprise quand, m’en revenant d‘une agréable pause, je m’aperçois avec stupéfaction que la plupart des médias grand public sont encore branchés presqu’en continu sur ce sujet…
Nous avons un très gros problème d’information et il va falloir commencer à sérieusement le traiter, tout particulièrement dirimant en France.
Dans un système médiatico-politique démocratique normal, la révélation (par un ancien lauréat du prix Pullitzer, excusez du peu…!) de la responsabilité américaine avérée dans le sabotage de NordStream devrait occuper absolument tous les écrans, tant elle permet de comprendre ce qui se joue réellement dans la manipulation du conflit proxy ukrainien.
Mais non, silence quasi absolu, motus et bouche cousue : ce qui semble capital ce sont les viennoiseries de Palmade. Tout au plus l’officine sous perfusion Le Monde tente-t-elle de détruire un peu plus l’économie nationale en accusant Auchan de vendre des clous et des clopes à la Russie : en route pour le Pullitzer version farce.
De même, le scandale de corruption européenne impliquant von der Leyen, qui refuse toujours de communiquer ses échanges au sujet du « vaccin » : pas un mot.
Aux États-Unis, les révélations sur les manipulations d’information et pressions électorales anti-démocratiques mises en évidence par les Twitter files, la corruption de l’État profond, la dépravation tolérée du fils Biden sur fond de corruption ukrainienne et j’en passe… tout cela devrait renverser la table quant à la compréhension des enjeux véritables auxquels nous nous confrontons, mais non, chacun continue comme si de rien n’était. La falsification de la vérité n’est même plus un problème puisque les opinions publiques occidentales ont été méthodiquement dressées pour ne plus voir ce que l’on voit.
Cette semaine fut tout de même une masterclass du genre puisque ceux-là mêmes qui voient des complotistes farfelus partout y compris dans leur salle de bains, sont allés, ne lésinant pas sur les moyens, jusqu’à tenter d’instiller un narratif d’invasion extraterrestre. Justin Trudeau y est allé à fond avec son habituel air niaiseux, les USA ont tenté le coup mais, face à l’incrédulité des populations, la baudruche fake n’a cette fois-ci pas pris. C’était quand même un peu gros. L’invasion des aliens sera pour une prochaine fois.
Cette histoire abracadabrantesque aura tout de même permis de ne pas évoquer les gigantesques incendies de sites et trains transportant des matières industrielles et chimiques un peu partout en Occident et surtout aux USA depuis quelques jours. Les écologistes et ligues de vertu ont manifestement piscine dès lors que ces mystérieux écocides sont commis grâce à l’incurie de leurs amis du Camp du Bien, comme ce navire amianté coulé par le fond par notre cher ami Lulla. Il semble loin le temps où Macron morigénait Bolsonaro sur les dégâts environnementaux de l’action publique brésilienne.
J’ai eu souvent l’occasion de le dire mais cela devient de plus en plus grave et préoccupant : le problème vient de ce que ce sont les manipulateurs qui se présentent comme informateurs et qui, avec les concepts fumeux de fake news, de post-vérité et de complotisme, délégitiment tous les contenus réellement informatifs qui ne conviennent pas à la propagande et à l’idéologie dont ils sont les serviteurs zélés.
Les officines anti-fake news sont, je l’ai démontré moult fois, en lien direct (et souvent financier) avec un pouvoir et une idéologie qu’elles ont pour fonction de promouvoir. L’affaire StoryKillers vient souligner de manière magistrale cette analyse, hélas. Mais là encore, l’occultation est de mise.
J’ai également démontré que l’essor du concept de fake news et de post-vérité a été historiquement directement monté de toutes pièces afin de contrer le Brexit, l’avènement de Trump puis de Bolsonaro et, d’une façon générale, de délégitimer tout discours émanant du peuple, « populiste » ou simplement démocratique et réellement contradictoire et interrogatif.
Nous étions traités de complotistes lorsque nous évoquions des passations de marchés plus que douteuses au sujet du « vaccin », nous étions traités de complotistes lorsque nous disions que les effets secondaires sur les personnes jeunes, sportives et en bonne santé posaient problème (souvenez-vous des shitstorms que s’était ramassé Djokovic), nous étions traités de complotistes lorsque nous nous amusions de ce que les Russes n’avaient pas franchement intérêt à faire exploser leurs propres gazoducs, etc. etc., la liste est infinie et chaque jour renouvelée et, chaque jour, la presse mainstream se déconsidère davantage en poursuivant sur cette pente qui semble tomber si bas qu’elle va bientôt probablement rejoindre le centre de la Terre et ressortir de l’autre côté, à force de creuser.
Cette semaine, sans que personne de mentalement sain dans le monde journalistique ne s’en émeuve, nous apprenions par exemple aussi que le comite médical chargé d’examiner la momie sénile Biden l’avaient jugée parfaitement apte à rempiler pour un nouveau mandat et disposant de toute sa lucidité et de tous ses moyens intellectuels, entre deux marmonnages incompréhensibles.
Je rappelle que la plus grande fake news de l’histoire récente est le mensonge de guerre produit par les États-Unis pour justifier l’invasion de l’Irak et la déstabilisation de toute cette région (merci encore). Les Américains intelligents, ceux que l’on aime et avec qui nous échangeons quotidiennement sont les premiers à le dire et je vous recommande plus que jamais d’écouter la lumineuse Tulsi Gabbard.
Pendant ce temps, pour avoir révélé la vérité, Julian Assange croupit dans les geôles anglo-saxonnes, sur ordre des États-Unis, dans le plus grand silence médiatique.
Nous allons devoir sérieusement nous atteler à traiter ces questions.

12 février 2023

Very bad trip

Anne-Sophie Chazaud

La nouvelle de l’accident impliquant Pierre Palmade s’est répandue avec la fulgurance d’un véhicule dont on perd le contrôle et le fracas des tôles entrechoquées.
Nous avons déjà connu des sortes de chocs, en tant que public, de semblable nature et dans des contextes certes différents mais qui me sont immédiatement revenus en mémoire : la mort de Lady Di, le matin où nous perdions Marie Trintignant par exemple…
Dans le bruissement électronique des réseaux et médias, très vite, des schémas réactifs se sont mis en place sur fond de tribunal populaire.
Partout l’indécence a prévalu.
Tout d’abord il y eut l’étonnante manière dont le milieu médiatico-mondain, serrant les fesses et les rangs, s’est empressé de « protéger » son rejeton, ne nous donnant des nouvelles que de celui-ci, semble-t-il rescapé du drame terrible que son addiction, connue, aura causé.
Peu ou pas de considération pour les victimes, anonymes, du drame, des gens du peuple, des gens de rien, sortes de victimes collatérales des outrances tolérées d’une caste hors sol. Cette même engeance populaire que l’on morigénera et moralisera politiquement tout à loisir avant chaque élection ou à chaque épidémie, que l’on affichera, si besoin, sur quelque mur des cons propre à la caste si par malheur elle vient à se plaindre de son statut de victime.
Ensuite et en lien avec le point précédent, il y a, larvée, l’abjecte tolérance de cette caste pour les comportements antisociaux et délinquants entourant la consommation de drogues. Il est vrai qu’un épais nuage blanc s’élevant du Palais de l’Élysée ou de celui de Kiev, et parfois des deux mêlés où l’on s’entrefrotte le nez entre quelques obscènes papouilles et tutoiements complices, l’on comprend bien l’infinie mansuétude de la caste pour certains trafics et l’on comprend d’ailleurs bien également la complaisance dont bénéficie le lumpen prolétariat qui lui permet, par la désorganisation perverse de quartiers entiers livrés au trafic, de s’adonner à son vice. L’élite antisociale ne perd jamais son sang-froid.
En réaction à cela, le tribunal populaire s’est mis très vite en place, celui d’une opinion publique sans doute excédée par le constant deux poids deux mesures dont cette abominable affaire est une nouvelle fois le symptôme fracassant. Un menu peuple s’efforçant à l’honnêteté, à qui l’on ne pardonne rien et une sorte d’élite qui se permet tout, sans vergogne et surtout sans contrôle.
S’est ajoutée à cela l’atroce logique juridique dont on comprend bien qu’elle soit philosophiquement fondée, selon laquelle un fœtus (la femme frappée par le véhicule de Pierre Palmade étant enceinte de 7 mois et ayant perdu son bébé) n’est pas considéré comme un individu, ce qui empêche de caractériser l’homicide en l’occurrence involontaire même avec la circonstance aggravante de la consommation de stupéfiants… Comment supporter en pareille situation qu’un bébé désiré, déjà choyé, auquel on chante probablement déjà des chansons, dont on prépare la chambre, qui est viable en cas d’accouchement prématuré, dont on écoute avec tant d’émotion le cœur battre à chaque visite médicale, que l’on sent bouger toute la journée, qui a certainement déjà un prénom et est déjà entré dans le registre du langage, c’est-à-dire dans l’ordre des humains, ne soit pas considéré comme un individu auquel on vient d’ôter la vie, simple « amas de cellules » aux dires des plus idéologues tout heureux ici de pavoiser.
Très vite donc ce débat a fait rage sur les réseaux, opposant deux visions du petit d’homme, dans le temps que l’un d’entre nous, certes à venir, venait de se voir privé de son premier souffle…
Enfin, il y a eu le procès de Pierre Palmade, aussi virulent et rapide que le fut sa défense immédiate par la Caste.
J’ai adoré cet humoriste qui, avec quelques autres, ont complètement renouvelé le genre dans les années 90. On a toujours senti chez lui une forme d’inquiétude, de doute, de fragile incertitude à laquelle l’humour exceptionnel venait offrir protection, autodérision et armure.
Je pense pouvoir affirmer qu’il doit être aujourd’hui absolument terrassé par ce qu’il a commis, fruit d’une addiction et d’un désordre contre lesquels il luttait et qu’il portait comme une croix. Je ne l’excuse pas mais je l’explique et surtout, connaissant le personnage qui n’a rien du pervers narcissique, je l’imagine profondément accablé et dans une totale détresse face aux conséquences de ses actes. Bonjour le réveil… Qui peut s’imaginer qu’il se dise aujourd’hui « chouette, quelle bonne aubaine, je ne suis pas mort » ?
J’aimerais par ailleurs que sincèrement chacun regarde en lui-même et se demande s’il ne s’est jamais réveillé un matin de cuite sans se souvenir d’où était garée la voiture ni de comment on était rentré, voire d'avec qui. Il faut lutter sans relâche contre la conduite sous l’emprise de l’alcool et des stupéfiants qui gâche tant de vies mais que celui qui n’a jamais été dans cette situation jette le premier Pierre.
Alors voilà, quel que soit le contexte, il me paraît sain de désactiver nos réactions, certes humaines, face à ce drame et, pour le coup, laisser faire la justice et le remords infini des hommes, et les regrets aussi.

11 février 2023

Confessions

Anne-Sophie Chazaud

Chers amis, après des mois très particuliers sur lesquels je vais revenir ici, je pense que je vous dois quelques explications. Vous êtes nombreux à me faire l’honneur et le plaisir de me suivre, certains depuis longtemps et avec lesquels, au fil des ans, de solides liens affectifs se sont bâtis, comme immuables car suspendus dans l’atmosphère électronique de nos affinités, à l’abri des contingences. D’autres nous ont rejoints en cours de route et l’on se retrouve finalement assez nombreux sur mon mur, en balance avec un pied dans le vide en un équilibre incertain, se demandant bien, depuis quelques temps, ce que fabrique la maîtresse des lieux, parce que, bon, on l’aime bien mais ce serait bien qu’on comprenne où elle tente de nous emmener…
Beaucoup ont été je le sais déconcertés par mes apparitions/disparitions, mes posts allant et venant au gré de logiques incertaines, au gré de mes hésitations quant à la nature de ma présence ici et du sens de tout cela.
Il m’aura fallu de très longs mois pour parvenir à l’évidence de la nécessité de cette lettre que je vous adresse et je vais donc, vous me pardonnerez, vous parler un peu de moi car, après, tout, votre patience et l’amitié que vous me faites, le méritent bien.
Il y a bientôt un an, tandis que je baguenaudais non loin du Mont Saint-Michel, j’ai été frappée par un très grave accident cardio-vasculaire. Pendant de très longues minutes je me suis vue (au mieux) morte, incapable de parler, marmonnant ridiculement, incapable de me mouvoir correctement, le centre de pilotage ne parvenant manifestement plus à transmettre correctement les instructions au reste de l’habitacle. Quelques minutes plus tard, grâce à ce que j’ai découvert comme étant la « plasticité cérébrale » (phénomène tout à fait passionnant), tout redémarrait comme après une sorte de panne (ou de grève ?). Mais j’avais traversé l’Achéron dans un curieux baptême et j’en ressortais à la fois émerveillée et rincée.
Au terme de cet épisode assez particulier dont je vous parle parce qu’il a modifié en profondeur ma perception des gens, du monde et de la vie, épisode dont on n’a d’ailleurs absolument jamais identifié ni compris la cause (si ce n’est celle, probable, du vaccin mais cela c’est une autre histoire…), je suis revenue peu à peu aux affaires mais en ayant toutefois le sentiment intime d’avoir été intensément modifiée et, d’une certaine façon, métamorphosée. Car, si je suis sortie miraculeusement et totalement indemne de cet événement, je n’en suis pas ressortie sans conséquences et sans effets.
Je me suis, pendant de longs mois, retrouvée dans une sorte d’entre-deux, entre mon monde d’avant et mon monde d’après, prise constamment dans une pénible indécision dont mes atermoiements et mes apparitions/disparitions/contradictions ont été ici le symptôme. Car il faudrait être fou pour s’en revenir d’un tel événement sans changer rien à sa vie, au regard que l’on porte sur elle, repartir la fleur au fusil comme un imbécile et comme si de rien n’était, sans faire le détour par la question du sens que l’on donne à ce que l’on fait et à l’existence. D’une façon générale d’ailleurs, il faut être fou pour ne jamais rien changer en soi, pour ne jamais douter, pour ne jamais se remettre en question.
Il se trouve que mon apocalypse personnelle (dans son sens étymologique de dévoilement) a coïncidé avec une sorte d’effondrement collectif dont la concomitance d’avec mon agenda intime ne pouvait que me saisir et m’étreindre. Dans le même temps que je contemplais le spectacle de ma propre finitude (dont j’avais bien la connaissance, mais enfin, tout cela demeure assez théorique finalement jusqu’à ce que cela surgisse, bam…), je voyais le monde s’écrouler de tous côtés. Je constatais que mon pays, celui de mon enfance, devenait une sorte d’abominable coupe-gorge tiers-mondisé en mode Walking Dead, je voyais le sens de la parole publique s’effondrer dans une ère d’irréelle post-vérité, j’avais le sentiment que toutes les paroles devenaient folles, déliées de tout rapport au réel, lui-même aboli, je mesurais également la fragilité de notre condition environnementale avec beaucoup de mélancolie tant j’aime la nature, et, pour couronner le tout, la menace d’un hiver nucléaire venait donner à tout cela une petite onction radioactive du meilleur effet.
Bref, dans ce contexte, j’ai retiré mes marrons du feu en vivant de manière très intense, très réelle, très charnelle et en me détournant autant que possible d’un champ de débat où il m’a semblé que nos paroles accumulées devenaient caricaturales à force de répétitions et inaudibles à force d’empilement. Comme j’avais tout de même envie et besoin régulièrement de m’exprimer, je revenais parfois, vous livrais une petite analyse puis, presqu’aussitôt après, je m’en retournais loin, tel un petit renard non apprivoisé, jouant probablement avec vos nerfs et votre patience, dans une sorte de mise en scène involontaire du Fort-Da freudien, testant votre présence, qui m’est si chère (et réciproquement je crois bien), puis repartant vers d’autres expériences.
Je ne savais plus, je crois, ce que je faisais ici, ni pourquoi je parlais, ni à qui. Car il me semble que l’on devrait tout autant que du pourquoi l’on s’exprime, se demander toujours à qui l’on écrit. Je suis même tout à fait persuadée qu’une écriture qui ne se pose jamais la question de son destinataire n’a aucun intérêt, comme privée de désir et de plaisir (on me pardonnera ces vaticinations barthésiennes). Je pensais souvent, modestement tout de même, à la chanson de Barbara « Ma plus belle histoire d’amour… c’est vous », que l’on écoute toujours en se demandant s’il s’agit d’une expérience amoureuse ou de son public. Dans le fond, on ne tranche pas vraiment puisque, ce dont il s’agit, c’est du désir et du plaisir de partager et de vivre ensemble des émotions. De se sentir vivants, avant que Dieu sait quel ciel, personnel ou collectif, ne nous tombe sur la tête.
Ceux qui m’ont accompagnée durant cette période d’entre-deux vies savent combien cela m’a été douloureux parfois de ne pas pouvoir trancher : partir, revenir, rester, que dire, que faire, comment le faire, ici, sur mon site, dans la presse, dans des livres, comment le dire, et pourquoi, et à quoi bon… ?
Cette longue maïeutique est aujourd’hui parvenue à son terme.
Concernant les rapports que j’ai avec vous, puisque c’est de ceux-ci que je parle ici, je me suis rendue compte qu’ils m’étaient tout à fait précieux. J’ai vécu ici depuis 10 ans beaucoup de choses, des joies intenses, des peines, des choses brutales, d’autres très tendres, bref, j’ai vraiment vibré dans cet espace et je n’ai pas envie d’y renoncer tout à fait même si je ressors de toute cette période convaincue que nous devons régénérer nos façons de faire, sortir de nos routines, changer notre vision/compréhension du moment civilisationnel très particulier dans lequel l’humanité se trouve plongée. Je suis à présent convaincue par ailleurs qu’il y a une forme de paresse dans les visions apocalyptiques qui nous traversent : l’Occident se meurt grotesquement, la planète est en ébullition (aux sens propre et figuré), le monde se déchire et se redessine, mais enfin, dans le fond, je n’y crois pas vraiment à la fin de l’aventure. Il y aura autre chose qui sera enfanté par tout ce magma dans lequel nous sommes plongés, et je crois que j’ai bien envie tout de même de faire partie de l’aventure même si pour le moment cela prend un peu l’allure d’un train-fantôme.
Je me retrouve donc, au terme de tout ce parcours d’une certaine façon initiatique, confortée dans mon existence, très solide sur mes appuis (j’aurais même tendance à dire assez indestructible), et avec la certitude qu’il faut accorder tout le temps nécessaire aux choses véritablement essentielles.
Pour autant, la conversation/relation que nous avons nouée au fil des ans a toute sa place dans le dispositif, à la condition toutefois d’échapper autant que faire se peut aux automatismes réactionnels, aux stéréotypes d’indignation et aux figures de style figées.
Je vais donc reprendre la Route avec vous, tranquillement, j’alternerai mes publications, qui désormais resteront présentes et visibles sur ma page (je m’engage à ne plus les faire sadiquement disparaître) entre ici et mon site (sur la dynamique duquel je vais d’ailleurs réfléchir de façon nouvelle).
Bref, comme après toute expérience majeure, je m’en retourne, comme il est dit des Rois Mages dans l’Evangile de Saint-Matthieu « par un autre chemin ». L’on revient, apparemment au même endroit, mais on est changé, profondément, et, après tout, c’est bien de cela que se nourrissent nos innombrables épiphanies.
Je vous dis donc à bientôt, dans une joie naturelle, que j’espère ressourcée et légère.
©ASC 10/2/2023


10 février 2023

Culture et censure

Anne-Sophie Chazaud

La Ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a proféré hier des menaces de censure à l’encontre des chaines CNews et C8.
Ces menaces (de privation de séquence) au motif que l’Arcom a adressé plusieurs avertissements aux chaînes concernées depuis 2019, sachant que l’Arcom, comme je le rappelle dans mon travail sur la censure, n’est en rien indépendante idéologiquement et politiquement, ont déclenché le tollé qu’elles méritent depuis hier.
Je voudrais juste, en passant et sans m’attarder trop, faire une petite observation et attirer l’attention sur un point qui, telle la lettre écarlate, n’est pas beaucoup relevé : autrefois, la censure était le fait des ministres de l’Intérieur et de l’Information. On se souvient des ciseaux d’Anasthasie maniés avec détermination, dextérité et sans hésitation par Alain Peyrefitte par exemple.
Le fait que ces menaces émanent à présent du Ministère de la Culture en dit long sur ce qu’est devenue ladite Culture, certes flanquée dans le portefeuille de son double communicationnel.
Loin de l’esprit de liberté et de confrontation des opinions/visions contradictoires qui seul peut garantir une créativité digne de ce nom, la Culture est donc ramenée à ce que décrit Gramsci : un outil de conquête et, depuis des décennies, comme je le dis là aussi dans mon travail, un outil de maintien au pouvoir.
Elle est objectivement ramenée sans même s‘en cacher au rang de simple propagande.
Nous le dénonçons depuis longtemps, mais cette perversion opérait de manière sournoise, par l’infiltration/contamination idéologique des messages encouragés (subventionnés).
Désormais donc, grâce au volet « Communication », la culture est revendiquée comme n’étant plus, comme le disait Gilles Deleuze dans une magnifique conférence à la Fémis en 1987 portant sur l’acte créatif, qu’un acte de mise en forme (« informer ») de « mots d’ordre ».
Pour tout vous dire, c’est bien cette dénaturation vicieuse de la notion de Culture qui devrait nous préoccuper, davantage que la volonté de censure dont on sait que les enfants de la gauche post-socialiste extrême-centriste raffolent car elle seule leur permet d’exister et de continuer de raffler la mise.
Il s’agit bien d’une guerre culturelle, et, sur ce point au moins, nous serons tout à fait d’accord avec ceux qui la mènent contre les tenants de la liberté.
Il faudrait finalement remercier la Ministre pour avoir manifesté la réalité de la situation sinistrée de la Culture avec autant de clarté.

7 février 2023

Emmanuel Macron doit rendre des comptes à Bruxelles dont il n’est qu’une des marionnettes

Anne-Sophie Chazaud

Anne-Sophie Chazaud, philosophe, essayiste et chroniqueuse, auteur de "Liberté d'inexpression" (L'Artilleur), est une voix très discordante qui mérite d'être entendue tant son discours sort de la doxa intellectuelle imposée. Réforme des retraites, le rapport de Macron au pouvoir, oppositions politiques et révolte populaire. L'essayiste propose une analyse sans concession de la situation française. Décapant !

[Extrait. Merci à Nicolas Vidal pour son aimable sollicitation]

Nicolas Vidal. - Arc-bouté sur sa réforme des retraites, entre deux escapades notamment en Espagne, Emmanuel Macron n’a jamais semblé aussi inflexible et méprisant malgré 6 premières années de mandat agitées. Qu’en pensez-vous ?

Anne-Sophie Chazaud. - J’aurais paradoxalement tendance à dire qu’il a raison. Le mépris, la morgue, l’incompréhension de ce qu’est le peuple français, la volonté d’ « emmerder » certains d’entre eux, le désir de clivage, la violence assumée, tout ceci est la marque de fabrique du macronisme.
Or, malgré tout cela, 58% des électeurs votants l’ont désigné pour de nouveau présider le pays. Il se moque de l’électorat-castor qui avait pourtant toutes les cartes en mains pour savoir de quel bois se chauffait l’individu et quel sort il comptait réserver au peuple français puisque la réforme des retraites était clairement annoncée dans son programme. Les cocus mécontents se plaignent de ce que l’élu de leur cœur ne tienne pas sa fameuse promesse selon laquelle il avait conscience qu’une partie des votants s’était reportée sur lui pour empêcher Marine Le Pen d’accéder au pouvoir (la seule dans le haut du tableau d’ailleurs qui faisait clairement campagne sur le thème de la lutte contre l’inflation et contre cette réforme des retraites… comprenne qui pourra).
On les voit désormais couinant que le locataire de l’Élysée ne tienne pas sa parole selon laquelle ce vote par défaut l’obligeait (sic). Mais lorsqu’on a pu constater pendant cinq ans la manière de se comporter de l’individu, son absence de scrupules, sa violence envers le peuple français et son absence totale d’humilité, on se demande bien quel niveau de stupidité il fallait avoir atteint pour lui apporter ses suffrages en espérant qu’il en aurait une quelconque reconnaissance ou que sa parole valait quoi que ce soit. Aussi suis-je tentée de me dire : vous l’avez voulu, vous l’avez, débrouillez-vous-en ! Et pour cette raison il me semble qu’Emmanuel Macron joue sa partition et qu’il a raison de le faire : pourquoi se gênerait-il puisque quoi qu’il fasse, il en sort gagnant ?
De fait, il a la légitimité conférée par le suffrage universel et il le fait valoir avec une parfaite mauvaise foi dont, je le redis, il aurait bien tort de se priver. Il s’adresse avec cynisme à son noyau électoral, le bloc « élitaire » dont les petits-bourgeois gauchistes, métropolitains, s’avèrent être les réguliers supplétifs.

La légitimité parlementaire en revanche est loin d’être acquise mais lorsqu’on voit le comportement adopté par la NUPES lors de l’examen de la loi à l’Assemblée nationale, là encore, on ne peut que penser que la Macronie a raison (de son point de vue, bien sûr) de dérouler son programme antisocial.
En effet, à quoi sert la Nupes à l’Assemblée si ce n’est transformer cette-dernière en ZAD, faire régner un tumulte de cirque, s’agiter dans tous les sens, rendre les débats inaudibles voire impossibles, ce qui ne peut que nuire à l’image du mouvement d’hostilité à la réforme ? Qui, voyant ces gesticulations et manœuvres de bas étage, peut avoir envie de se rallier derrière pareils individus ?

La Nupes a non seulement porté Emmanuel Macron au pouvoir mais elle a également hier empêché le vote de la motion référendaire portée par le Rassemblement National, privant ainsi une seconde fois, après la trahison du 24 avril, le peuple français et notamment les classes populaires, de toute possibilité de s’exprimer directement et politiquement sur la défense de leurs intérêts. Ces gauchistes de foire semblent avoir concrètement pour mission d’empêcher la constitution du « bloc populaire » dont parle Jérôme Sainte-Marie et qui, existant bel et bien dans le pays en face d’un bloc élitaire toujours soudé sur son noyau d’intérêts, ne parvient pas, à cause d’eux, à trouver une traduction politique. Cette seconde trahison d’hier est probablement encore plus grave que la première dans ce qu’elle révèle comme niveau de compromission et de collaboration avec le bloc bourgeois dont la Nupes se rend, consciemment et régulièrement, coupable. » [...]

PUTSCH.MEDIA  (réservé aux abonnés)

4 janvier 2023

2022-2023 : Vivre et aimer au temps de l'interminable effondrement occidental

Anne-Sophie Chazaud


Semblablement à la nuit de Noël, je m’étais dit que le changement d’année serait peut-être l’occasion d’un miracle et que soudain tout changerait. J’ai donc attendu que celui-ci se révèle à nous et vienne inverser la course à la fois grotesque et folle dans laquelle notre société semblait résolument engagée, avant que de vous adresser mes vœux circonstanciés. Las ! C’est reparti de plus belle et cette attente-là aura été vaine.

À peine avons-nous eu le temps d’éponger notre Champagne et nos libations que le maire (socialiste, faut-il le préciser) de Pantin change le nom de sa ville (son vil ?) en Pantine, ce qui permettra très sûrement de lutter pour l’égalité hommes-femmes et surtout de réduire avec efficacité l’explosion des violences faites à celles-ci. Tremble Poutine, Pantine veille ! Après tout, certaines petites-bourgeoises oisives proposaient bien d’élargir les trottoirs quand les clownesques édiles lyonnais (de la bonne ville de Lyonne) s’engageaient avec entrain pour des pistes cyclables non genrées alors même qu’il n’était plus trop possible de traverser la Guillotière sans risquer de s’y faire qui égorger, qui dépouiller, qui violer, qui harceler dans le meilleur des cas… Chacun ses petites priorités.

Je m’étais hier soir, à la vue de cette information, félicitée que le maire de Pantin ne le fût point de la Tour du Pin, puis les réseaux ont regorgé de propositions salaces de la même veine, étant entendu qu’il vaut mieux en rire…

Il m'a semblé que cet énième épisode témoignant de l'ineptie gauchiste (dont je répète à travers le désert qu’elle ne fait que nuire continuellement aux causes qu’elle prétend défendre et auxquelles, pour la plupart, je souscris) pouvait finalement servir de bon appui et de parfait symptôme de la déliquescence de notre monde et que l’on me pardonne cette sémantique décliniste parfaitement assumée, alors même que j’aborde pourtant cette nouvelle année dans la plus grande joie.

Si je ne fais plus beaucoup d’articles dans la presse fustigeant lesdites stupidités gauchistes c’est qu’il me semble que nous avons en réalité tout dit sur le sujet et que l’on est souvent contraint d’y jouer une sorte de comédie dans un jeu de rôles pathétique et caricatural opposant de pseudo-réacs à de pseudo-progressistes. Je pense avoir suffisamment fustigé toutes les formes du gauchisme culturel pour ne pas souhaiter poursuivre indéfiniment dans cet exercice (autrement que sous la forme toujours appréciée de l’humour).

Par ailleurs, bien que le réservoir à stupidités du wokisme soit inépuisable sous de multiples formes possibles, sur le fond, nous savons très bien, tous, ce qu’il faut en penser, nous savons que la bêtise, l’inculture, le désœuvrement et la paresse de cette petite-bourgeoise métropolitaine encore sur-représentée (par accident et plus pour très longtemps) dans les sphères de « fabrique de l’opinion » sont la forme la plus visible et la plus ridicule d’un effondrement occidental beaucoup plus profond et d’une importance autrement moins anecdotique.

Nous avons tout dit, les gens savent ce qu’il faut en penser, et pourtant, nombre d'entre eux élisent ce genre d’individus.

De la même manière, 2022 restera à mes yeux, avec la réélection d’Emmanuel Macron en dépit de son bilan calamiteux dans à peu près tous les domaines, la preuve que les gens SAVENT, connaissent le réel, et que, pourtant celui-ci n’a plus aucune importance ni aucune prise sur l’action publique et sur les décisions des uns et des autres.

Je m’amuse bien sûr de ce que certains qui ont réélu Macron soient à présent les premiers à couiner contre sa néfaste réforme des retraites, laquelle était pourtant parfaitement annoncée dans son programme de campagne. Il est vrai que les idiots utiles de la Macronie pensaient pouvoir élire (sic) Mélenchon Premier ministre… On leur suggère de garder leurs nez de clowns jusqu’à Mardi Gras, ce qui permettra de faire quelques économies de déguisement.

Les gens savent, donc, sur tous les sujets, et cela ne change rien. Il s’est même trouvé des Gilets Jaunes éborgnés pour revoter Macron (la piste du sadomasochisme n’est pas à exclure…).

Le Président à la houppette changeante peut bien ensuite aller raconter n’importe quoi pour ses vœux dans le CDI du Collège Georges Brassens de la Patte d’Oie d’Herblay ou de Triffouillis les Olivettes (chauffé, le CDI ?), cela ne changera de toute façon rien puisque rien ne change plus rien et que la connaissance du réel n’influe plus sur rien. Du reste, en vérité, qui l'écoute encore réellement?

C’est cela que je retiens de 2022 et très vraisemblablement d’une manière générale du moment de crise profonde dans lequel se trouve l’Occident : le réel n’a plus de prise, n’a plus d’importance et sa connaissance argumentée, réfléchie, dialectisée, contradictoire, n’est plus là pour venir éclairer ni le Prince ni le citoyen, le fameux "lecteur-électeur" cher au regretté philosophe Robert Damien. Les Lumières se sont éteintes, aux sens propre comme figuré. Toute personne qui s’efforcera de procéder de manière rationnelle à l’examen contradictoire des faits sera qualifiée de « complotiste », de « poutiniste » ou du bon vieux « fasciste », ce qui n’a aucune autre valeur intellectuelle que d’empêcher le débat éclairé d’avoir lieu sur quelque sujet que ce soit. Vous pouvez bien écrire des essais, vous échiner à faire des thèses, chroniquer l’actualité du matin au soir, hanter les plateaux télé, saturer les réseaux sociaux, tenter d'éclairer les citoyens par des analyses étayées autant que vous voulez : j’ai acquis la certitude qu’en l’état actuel de la pensée occidentale effondrée (déconstruite) cela ne sert strictement plus à rien, d’autant que nous avons déjà tout dit et qu’il n’y a juste plus qu’à agir, pour le moment chacun dans sa sphère propre et avec ses proches en attendant le big crunch qui ne sera du reste peut-être pas spectaculaire mais plutôt en forme de grotesque chose bouillie et progressivement informe.

Il est impossible et vain de dresser ici le catalogue exhaustif de toutes les folies qui témoignent de cet état de fait, de cet abolissement du réel, mais je retiendrai toutefois quelques exemples emblématiques.

Quoi que l’on pense du régime poutinien (et je suis suffisamment critique à l’égard des malfrats de Wagner pour me permettre cette observation), ne pas être en capacité de comprendre la redistribution des rapports de force mondiaux (marginalisation de l’Occident) qui est en train de s’opérer et dans lesquels l’affaire ukrainienne n’aura été qu’un épisode mineur sur lequel l’Europe se sera focalisée et par lequel elle se sera méthodiquement suicidée dans un sens en permanence contraire à ses intérêts les plus évidents et les plus élémentaires, est un premier exemple de cette cécité au réel. La crise énergétique que nous subissons du fait de la bêtise et de la crapulerie de nos dirigeants n’est elle aussi qu’une conséquence logique de cette incapacité à simplement voir et comprendre le réel sur lequel nous avions pourtant prévenus : comprenez bien que si nous en sommes là c’est également parce que nous sommes dirigés par des personnes qui ont pensé intelligent de donner des gages et de conditionner l’avenir des Français à des semi-cerveaux capables de rebaptiser leur ville Pantine. C’est cela la réalité. Nous le savons, et pourtant cela n’a rien changé.

Un autre exemple de cette bascule de notre société dont j’ai eu l’occasion de dire qu’elle était de l’ordre de la « post-vérité » est l’absence quasi-totale d’effets des gigantesques scandales révélés par les #TwitterFiles.

Tout ce que nous expliquions quant à la manipulation savamment orchestrée des scrutins par ce que nous appellerons un peu grossièrement et par commodité le « camp du Bien », absolument tout y est confirmé et prouvé. Qu’il s’agisse des processus électoraux, de la manipulation de l’opinion publique, de la censure parfois la plus grossière, de l’agenda woke savamment encouragé, de la désinformation au sujet du covid et j’en passe sur des dizaines et des dizaines de sujets : absolument tout est désormais prouvé et confirmé et pourtant cela ne change rien alors que dans n’importe quelle autre époque cela aurait entraîné une révolution.

L’Occident est sorti du régime politique et épistémique qui le liait à la vérité.

Non pas que le mensonge n’existât pas, bien sûr, auparavant. Mais le mensonge lui-même suppose la vérité et sa connaissance et c’est par rapport à ces dernières qu’il s’élabore. Là, à présent, nous sommes dans un moment de moisissement intellectuel et théorique de l’Occident tel qu’il n’est finalement plus besoin de mentir puisque, même révélée, la vérité, l’appréhension du réel, n’ont plus d’importance ni dans la décision publique, ni dans les décisions de vote.

Dans ce contexte sinistré, il m’apparaît que ce que nous avons de mieux à faire est de nous préparer pour la suite à titre personnel et au regard des gens qui nous entourent. C’est d’ailleurs ce que beaucoup de Français ont d’ores et déjà commencé à mettre en place.

L’effondrement total des missions régaliennes de l’État, là encore, est connu, et pourtant cela ne change rien : établissements scolaires qui ne peuvent plus se chauffer, établissements sportifs en berne, professeurs sous-qualifiés, élèves désinstruits, artisans contraints de mettre la clé sous la porte, insécurité devenue simplement délirante, personnes âgées violées, agressées désormais de façon hebdomadaire, agressions, hyper-violence tous azimuts, églises qui continuent d’être saccagées, brûlées (à propos, où en sommes-nous de l’enquête sur l’incendie de Notre-Dame de Paris ?). L’hôpital et le secteur de la santé qui étaient l’un de nos plus beaux fleurons sont au bord du précipice et, comme tout le reste, dans un état de tiers-mondisation impensable il y a encore 20 ans. L’État ne contrôle tout simplement plus rien si bien que l’on se demande par quel miracle les choses parviennent encore à tenir un tout petit peu et jusqu’à quand…

Beaucoup savent cela, les constats sont clairs, et pourtant cela ne change rien. Ce réel, là encore, ne change rien, n’a plus de valeur.

L’effondrement du sens se répercute sur l’appauvrissement préoccupant des formes symboliques (esthétiques et dialectiques) de notre civilisation. La consécration du style inexistant d’Annie Ernaux en est une des illustrations (et même pas la plus nulle).

Sur cette base, il est difficile de se souhaiter vraiment une bonne année.

On devrait surtout se souhaiter du courage, s’organiser dans nos propres environnements.

À titre personnel, comme vous avez dû l’observer, je vois de moins en moins souvent l’intérêt de continuer de commenter et analyser l’effondrement de façon frontale, comme je le faisais depuis longtemps, sachant que nous avons tout dit déjà. C’est une des raisons de la raréfaction de mes interventions publiques : je ne vois pas d’intérêt à ce que nous soyons condamnés au radotage et à la rumination stérile. Aussi bien, sinon, pourrions-nous passer encore toutes les années qui viennent à commenter chaque gogolerie wokiste ou à fustiger la désinformation ambiante et l’on aurait tôt fait, centenaires, de se retrouver à compter nos likes avec nos doigts osseux en redisant ce que l’on avait déjà dit un demi-siècle plus tôt, étant entendu qu’on serait alors méthodiquement passés à côté de nos vies pour rien. Ou alors, juste pour satisfaire une forme de narcissisme résiduel et illusoire. J'ai sur ce plan assez donné et assez reçu.

Alors je vous souhaite de la vertu (au sens de la puissance), de l’effort physique et sportif, de la santé, une vie spirituelle riche, pour ceux qui le peuvent une foi ardente et dynamique, qui donne de la force, le courage d’aimer, surtout, plutôt que le fatalisme dépressif, car c’est particulièrement courageux d’aimer, par les temps qui courent et c’est une forme de lâcheté que de s’y dérober. Avoir, bien sûr, la lucidité minimale d’organiser notre sécurité et notre défense (certes par les moyens légaux…) car nous savons bien que la Justice, elle aussi, quand par miracle la police est parvenue à remplir sa mission, n’a plus ni l’envie ni les moyens d’accomplir la sienne (protéger les citoyens). Bref, vivre, et survivre.

Je vous souhaite donc une année d’action et de méditation et je pense que le moins nous serons présents sur les réseaux, le plus cela aura, lorsque nous y serons, du sens, tandis que le reste de notre vie doit s’employer à commencer à infléchir un réel que nous devons nous efforcer de regarder en face, dans l’action. Je pense aussi que les formes symboliques un peu décalées en lieu et place des bonnes vieilles chroniques frontales seront probablement, par la métaphore, par l’ironie, par le travail de l’écriture, les plus à mêmes capables de nous donner un levier sur ledit réel et, au moins, de l’apercevoir révélé en anamorphose là où le brouhaha d’une parole publique devenue inaudible ne permet plus de rien comprendre (d’où mon choix d’illustration par les fameux Ambassadeurs de Holbein).

Je me suis battue, beaucoup, à un moment de ma vie pour aider à faire sauter les digues qui pesaient sur la liberté d’expression depuis plusieurs décennies de totalitarisme gauchiste. Je pense à présent non pas qu’il faille revenir à une quelconque forme de censure, bien sûr, mais que plus nos paroles seront rares, pesées au trébuchet et nourries spirituellement, poétiquement et intellectuellement, plus elles retrouveront de la vigueur et du sens.

C’est en tout cas l’objectif que je me suis fixé cette année, en votre compagnie bien sûr, chers lecteurs auxquels je suis très attachée.

Amicalement

ASC

6 décembre 2022

Désinformation de masse et abolition du réel : pourquoi il n’y a plus de Watergate possible

Anne-Sophie Chazaud

Il y a quelques jours a eu lieu un immense événement avec la révélation, preuves à l’appui, des pressions, manipulations, délits et censures exercées pour dissimuler les faits de corruption et de dégénérescence morale (et matérielle) du fils Biden, ceci en pleine élection présidentielle, avec un rôle très actif joué par certains démocrates appuyés par l’État profond mais surtout par la plupart des médias mainstream et la basse besogne des Gafa, Twitter en tête.

L’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter avait déjà mis le feu aux poudres car celui-ci avait annoncé être favorable à la liberté d’expression ce qui, par les temps qui courent, sème une grande panique chez tous ceux qui avaient depuis si longtemps pris l’habitude de disposer du magistère de la parole autorisée.

C’est donc lui qui a permis la révélation de ce nouveau Watergate puissance 2000 ayant rendu possible l’élection de Biden, avec notamment, entre autres outils, la dissimulation délibérée des éléments à charge contre le clan démocrate et la censure exercée à l’encontre de Donald Trump (quoi qu’on pense du bonhomme) et de ses électeurs pour la plupart réduits au silence pendant l’élection.

Lorsque ces révélations ont été faites il y a quelques jours, j’ai donc pensé que l’ampleur de la désinformation révélée allait déclencher un scandale mondial au regard d’ailleurs des nombreuses implications internationales de cette manipulation (si l’on ne considère par exemple que la question ukrainienne où sévissait le fils Biden), mais aussi au regard du nombre de pays dits libéraux où le soi-disant « progressisme » avance, comme en France, en comptant toujours pour cela sur une censure efficace et un contrôle pressant des moyens d’information et de formation de l’opinion (on connaît le goût obsessionnel de la Macronie pour les dispositifs liberticides en la matière et l’on a vu également l’empressement des européistes à bondir sur Elon Musk pour tenter de l’intimider, tout affolés par la perspective d’une véritable liberté).

Bref, j’ai pensé que, de façon logique, la vérité avait une importance et allait par conséquent avoir des implications de taille. J’ai pensé, comme tout le monde au Watergate.

Rapidement pourtant j’ai été frappée par le fait que cette information capitale était soit, au mieux, minimisée, soit le plus souvent tout simplement invisibilisée, tue, tuée.

Ce qui avait tenu en alerte la planète Twitter pendant toute une nuit au regard de l'importance de l'affaire n’avait tout simplement pas le moindre écho médiatique et politique. Pire : de nombreux médias mainstream se payaient le luxe de produire, sans doute pour allumer des contre-feux, des émissions sur le thème d’un retour prétendu des discours de haine sur Twitter depuis l’arrivée d’Elon Musk et PAS UN MOT sur les révélations du scandale d’État Hunter Biden.

Ce scandale aura très vraisemblablement à terme des conséquences importantes sur la politique intérieure voire judiciaire américaine.

Toutefois, nous ne pouvons que constater que nous avons changé d’ère en ce que, tout simplement, il n’y a plus de Watergate possible : l’ère dans laquelle nous avons basculé est celle de la désinformation assumée, et connue. Malgré la connaissance que le public en a, la réalité n’a plus d’incidence sur le traitement politique, idéologique et médiatique des faits.

Dans mon livre sur la Liberté d’expression (je vous prie de m’excuser si je le mentionne mais c’est que je travaille depuis plusieurs années sur ces questions) je propose une réflexion sur l’émergence du concept de « post-vérité », associé ensuite à celui de fake news. Je démontre que la mise en avant de ces deux notions dans le débat public a été en réalité le fruit d’une volonté idéologique de disqualification de certains courants d’opinion et en particulier afin de contrer l’expression démocratique populaire dont le Brexit et l’élection de Trump furent quelques-uns des fruits.

Ces concepts insistent sur l’idée que la connaissance de la vérité n’a plus d’impact sur l’opinion publique, que la "vérité de fait" (pour reprendre l’expression de Hannah Arendt) est devenue indifférente aux individus qui se sont réfugiés dans un système de croyance éloigné de la raison.

Or, le paradoxe de la situation dans laquelle nous nous trouvons est que ce sont les désinformateurs eux-mêmes qui dénoncent de manière systémique tout ce qui ne va pas dans le sens de leurs convictions comme relevant du « faux » : « fact checkers », « debunkers » et autres « journalistes » déploient toute l’énergie possible pour escamoter le réel qui les dérange tout en dénonçant leurs adversaires idéologiques comme étant sortis du « cercle de la raison » : c’est assez pratique et l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même !

Le fait que Julian Assange croupisse (dans l'indifférence médiatique la plus totale) dans les geôles anglo-saxonnes sous diktat américain pour avoir révélé au monde entier les mensonges qui ont fondé les interventions militaires américaines de déstabilisation (notamment en Irak) de ces dernières décennies aurait dû suffire à nous alerter définitivement sur le fait que nous avions changé de régime, à la fois régime politique et régime épistémique : nous ne sommes plus dans un régime démocratique issu des Lumières où la raison et la connaissance viennent éclairer le citoyen et légitimer le pouvoir. Nous sommes bel et bien passés dans le régime de la post-vérité dans lequel les faits, la raison et la vérité (en tant que valeur légitimante) n’ont plus la moindre importance. J’avais produit un article au sujet de la manière dont les événements du Stade de France avaient été traités politiquement et médiatiquement : tout le monde savait la vérité, le monde entier avait VU la vérité, mais le ministre de l’Intérieur pouvait mentir et dire que ce que tout le monde avait vu n’existait pas, et tout ceci n’a emporté strictement AUCUNE conséquence. Nous sommes donc tout simplement sortis d’un régime de vérité qui fonderait l’information du citoyen, par ceux-là même qui prétendent combattre la désinformation.

Rarement la propagande n’a donc atteint un tel niveau de subtilité systémique.

Davantage que les révélations du scandale Hunter Biden, c'est donc bien l'indifférence que cette vérité suscite qui est l'événement majeur incarnant le système dans lequel nous évoluons désormais. Tous ceux qui tenteront de s'échapper de cette caverne de Platon version post-moderne seront disqualifiés, traités de fous, criminalisés voire éliminés, au minimum médiatiquement.

3 décembre 2022

#HunterBidensLaptop : un Watergate international

Anne-Sophie Chazaud

À la faveur d’une bronchite, j’ai assisté cette nuit de manière inattendue à la révélation du plus grand scandale de manipulation de l’information et de l’opinion de l’époque contemporaine dans un Thread sur Twitter qui avait été annoncé en fin de journée par Elon Musk.

J’aurai l’occasion de revenir sur l’ensemble de ce dossier dans un article ultérieur qui reprendra toute l’affaire depuis le début, mais je dois vous dire que ce qui s’est passé cette nuit et qui aura tenu beaucoup d’entre nous en haleine est de nature à bouleverser beaucoup de choses si la démocratie a encore une réalité.

Les preuves sont apportées dans ce thread plus haletant qu’aucune série Netflix de ce que j’avais démontré dans mon essai sur la Liberté d’expression comme étant une forme aiguë et dangereuse de « porosité » entre le camp autoproclamé du Bien, du néoprogressisme, en l’occurrence une large partie du Parti Démocrate américain et de nombreux médias ainsi que, surtout, la Big Tech, en l’espèce Twitter.

Des copies d’écran complètement sidérantes viennent d’être révélées qui prouvent la volonté délibérée de désinformer, de modifier par la désinformation l’opinion publique et il s’agit là de la révélation d’un trucage avéré et criminel de l’élection américaine ayant porté Joe Biden au pouvoir. Souvenons-nous par ailleurs des accusations qui étaient parallèlement menées d’ingérence étrangère (russe, évidemment) alors que l’ingérence criminelle dans l’élection et la corruption opérait de l’intérieur-même du camp démocrate (et de l’État profond dont il est le pantin).

Tout le scandale révélé cette nuit porte sur la volonté avérée des démocrates et de Twitter et autres géants de la Big Tech de dissimuler les liens de corruption entourant les activités de Hunter Biden en Ukraine et en Chine, révélations qui, si elles avaient été révélées de façon normale comme avait tenté de le faire le New York Post et certains comptes Twitter, auraient conduit à l’évidente non-élection de Joe Biden, alors même que Twitter œuvrait inversement à museler sous prétexte de lutte contre les « fake news » que j’ai toujours appelées « pseudo-fake news » l’expression libre du camp républicain, en supprimant notamment le compte du président alors élu (Trump) et de plus de 70 000 de ses supporters en pleine élection.

À l’heure qu’il est, le thread continue de se dérouler, dévoilant chaque minute des éléments de plus en plus scandaleux dans une affaire qui, par ses implications mondiales (songeons aux multiples dispositifs de porosité idéologique et de pseudo lutte anti fake news dont s’est obsessionnellement entourée l’équipe de campagne de Macron – j’en parle également beaucoup dans mon livre et cela vaut pour les 2 campagnes électorales –, songeons également bien sûr à la question ukrainienne, est un scandale encore plus important que le Watergate.

Avant d’y revenir plus tard, lorsque tout sera dévoilé, j’attire votre attention sur un point qui me semble important : l’on critique beaucoup les États-Unis pour leurs mauvais aspects, je le fais autant que de besoin en matière de wokisme ou encore à travers le rôle éminemment contestable joué par les USA dans la déstabilisation ukrainienne, mais ô combien l’on est admiratif (et envieux !!!) lorsque cette grande démocratie, celle qui place la liberté d’expression en Première place des amendements de sa Constitution, joue pleinement son rôle.

Quiconque a assisté cette nuit en direct à cet événement majeur se souviendra pour longtemps de ce que la démocratie signifie. La question qui se pose à présent est : dans quelle mesure les systèmes verrouillés de contrôle de l’opinion et de l’information, dont l’Union européenne et notamment la France sont les plus vaillants zélateurs, traiteront cette gigantesque affaire qui, au passage, en plus de souligner ce que nous dénoncions depuis des années concernant la corruption et la désinformation, apporte des éléments probants concernant les troubles affaires ukrainiennes à travers un personnage (Hunter Biden) qui incarne à lui tout seul la décomposition morale et matérielle de l’Occident.

À suivre.


17 novembre 2022

Coupe du Monde 2022 : bienvenue en Absurdie !

Anne-Sophie CHAZAUD

Pour les amoureux du ballon rond, la Coupe du monde qui va débuter le 20 novembre au Qatar est en elle-même une véritable épreuve et, quelle qu’en soit l’issue, un crève-cœur parce qu’elle contraint ceux qui ont vibré autrefois avec Raymond Kopa et Just Fontaine, chanté avec Michel Platini, prié pour la main de Dieu sur Maradona, versé des larmes d’enfants pour Battiston, dansé avec Zidane, et tant d’autres encore, à choisir entre la peste de la compromission et le choléra du renoncement. Elle oblige d’emblée à abdiquer toute forme de rêve, ce qui est pourtant le levier, le secret spécifique de ce type de compétition.

Cette Coupe relève de l’aberration dans tous les compartiments du jeu. Les joueurs – qui ne sont pour rien dans ce choix opaque et douteux de la FIFA –, transformés depuis quelques années (à leur corps défendant le plus souvent) en porte-drapeaux des causes sociétales ou morales du moment (brassards arc-en-ciel, jaunes et bleus ou autres croisades et engagements imposés qui sont autant de gages de vertu…), ce qui, empressons-nous de le rappeler, n’aurait jamais dû être leur rôle, sont désormais sommés à l’inverse de n’avoir subitement plus le moindre avis et, le cas échéant, de ne surtout pas le donner afin de ne pas froisser la susceptibilité manifestement très sourcilleuse de leurs riches hôtes qui se trouvent être parfois aussi leurs patrons/payeurs en clubs : songeons par exemple qu’à travers la seule possession du Paris-Saint-Germain, lequel vaut bien une messe, le Qatar a barre évidente sur des leaders d’équipes nationales aussi importants que Neymar pour le Brésil, Lionel Messi pour l’Argentine ou encore Kylian Mbappé pour la France que l’on imagine par conséquent mal aller ruer trop bruyamment dans les brancards non plus que mordre tout à coup la main qui les nourrit, ou alors de façon très marginale et résiduelle. Il ne faut paraît-il pas « politiser le sport » selon les déclarations d’Emmanuel Macron, ce qui relève évidemment d’une hypocrite supercherie puisque, pour ne prendre que cet exemple emblématique, les joueurs russes ont été exclus de cette compétition…

« Ce qui est frappant dans la séquence qatarie c’est qu’absolument rien ne va : il n’est pas un seul aspect pour rattraper l’autre et rendre l’événement acceptable. »

Si des exemples existent de Coupes du monde controversées par le passé – songeons à 1934 en Italie fasciste, à 1966 en Angleterre sur fond de décolonisation arrogante, au Mundial de 1978 en Argentine sous dictature militaire, ou plus récemment en Russie juste après l’annexion de la Crimée –, ce qui est frappant dans la séquence qatarie c’est qu’absolument rien ne va : il n’est pas un seul aspect pour rattraper l’autre et rendre l’événement acceptable. Qu’il s’agisse des plans sportif (bouleversement du calendrier traditionnel et des cadences pour les joueurs), politique, social, éthique, environnemental, humain, rien ne convient, rien n’est admissible. Tant et si bien qu’avant même que cette sinistre mascarade n’ait commencé, on peut déclarer que les grands finalistes en sont la honte et la compromission.

Écartons d’emblée le contre-argument selon lequel les critiques viendraient de l’habituel camp des grincheux et poseurs vouant au football une sorte de haine de classe aussi dédaigneuse qu’insignifiante sur fond de dénonciation du sport-business : non, cette fois-ci les arguments pleuvent de tous côtés, malgré les dénégations de certains, et depuis les rangs des amateurs et supporters notamment. Les invitations au boycott se sont multipliées dans les tribunes, comme c’est devenu par exemple régulièrement le cas en Bundesliga ou encore par exemple en Ligue 1 lors de la dernière rencontre PSG-Auxerre au cours de laquelle les Bourguignons ont déployé une banderole appelant au boycott de la coupe au Qatar, non sans insulter au passage en termes fleuris ce dernier (propriétaire, rappelons-le, du club parisien…).

Il semble du reste loin le temps où l’exécutif pseudo-progressiste exerçait avec zèle la police des chants paillards jugés quelque peu binaires jusque dans les tribunes pour d’obscurs soupçons d’homophobie (on se souvient que la ministre des Sports Roxana Maracineanu en avait fait une quasi obsession qui l’avait rendue fort impopulaire dans les stades où elle finissait par n’être plus tout à fait la bienvenue…) : la haine, réelle cette fois-ci, institutionnalisée, de l’homosexualité, ne semble plus être un problème dès lors qu’elle est le fait avéré de l’État islamique rétrograde (l’arriération des mœurs étant parfaitement compatible avec un haut niveau de développement matériel et financier) qui va accueillir la compétition. Il faut croire que seul le bas peuple d’Occident soit morigénable à merci : l’on sera curieusement plus indulgent et accommodant avec les riches peuplades mahométanes du désert, auxquelles on pardonnera également d’avoir rendu cette compétition possible par l’exploitation esclavagiste et la mort de milliers d’ouvriers étrangers par ailleurs privés de leurs droits les plus élémentaires, auxquelles on pardonnera aussi de considérer la moitié de l’humanité (les femmes) comme étant inférieure à l’autre moitié (tant il est vrai que seul le patriarcat occidental semble être problématique), auxquelles on pardonnera d’orchestrer le plus grand scandale écologique imaginable (des stades climatisés à ciel ouvert en plein désert, et que le petit peuple n’oublie pas, ce faisant, de bien éteindre son wifi le soir pour sauver les ours polaires…), la liste de toutes les manifestations de cette curieuse mansuétude n’étant ici pas exhaustive. Dans le fond, c’est la complaisance du « pas de vagues » qui trouve ici sa déclinaison sous forme de pétrodollars.

Certains, s’efforçant par des arguments dignes de la plus grande casuistique jésuite de défendre l’indéfendable, arguent du fait qu’il est normal de respecter les us et coutumes du pays accueillant, quand bien même ceux-ci seraient condamnables : à la bonne heure ! L’on aimerait donc qu’il en soit désormais de même dans tous les clubs européens qui sont de plus en plus contraints de se plier aux exigences de joueurs issus d’autres cultures, on pense par exemple à l’imposition du hallal dans les repas d’un nombre croissant d’équipes. Ce qui est ici stigmatisé comme relevant de quelques abominables replis identitaires est là-bas miraculeusement respectable (on a l’habitude désormais de ce paradigme hémiplégique et l’on en connaît les réels rouages et biais idéologiques…). Les tortillages justificatifs confinent parfois au ridicule achevé, comme lorsque la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra déclare qu’elle ne se rendra au Qatar que dans l’hypothèse où le Onze tricolore atteindrait les 8e de finale : il faut croire que par quelque fascinant phénomène de transmutation, ce qui est intolérable en matchs de poule et en quarts de finale devient subitement justifié passé ce mystérieux cap. L’hypocrite embarras est également palpable chez un certain nombre d’édiles par ailleurs volontiers complaisants envers l’islam politique ou qui se satisfont ordinairement fort bien de l’omniprésence qatarie, songeons par exemple au boycott de la diffusion des matchs par certaines municipalités dont… Paris (ville pourtant peu regardante du club qatari). De même, les supporters français qui se rendront dans l’émirat sont invités par la CNIL et les autorités à ne pas utiliser leurs smartphones et à acheter des appareils jetables ou entièrement vierges de tous contenus afin que leurs données et informations personnelles ne puissent pas être espionnées et exploitées (contre eux) par cet hôte décidément très particulier qui rend le téléchargement de deux applications (en réalité logiciels espions) obligatoire à l’arrivée sur son territoire…

« Cette coupe du monde révèle les incohérences et faiblesses de l’Occident, incapable d’exiger de ses partenaires le respect minimal des valeurs qu’il ne cesse pourtant de prôner. »

Les sportifs et amateurs de sport se retrouvent par conséquent devant la situation ubuesque de devoir s’ébattre sur d’authentiques cimetières esclavagistes au bilan carbone calamiteux dans une atmosphère morale carcérale digne de La Servante écarlate : merveilleuse perspective où l’on sent bien toute la magie de la fête ! Il est à noter que les autorités françaises, peu regardantes sur leurs partenaires stratégiques, ne sont pas en reste pour ajouter leur petite touche personnelle à la composition de ce tableau de l’Absurdie puisque l’on apprenait non sans sourire que plus de 200 membres des forces de l’ordre françaises seraient envoyés en renfort afin d’épauler leurs homologues du Qatar, fortes probablement de leur savoir-faire et de leur bilan très réussi contre les fameux supporters anglais des abords du Stade de France et de la Californie voisine en finale de Ligue des Champions.

Cette coupe du monde relève donc à la fois du scandale polymorphe, de l’absurdité et des contradictions les plus invraisemblables, mais elle se révèle toutefois être également, par ses caractéristiques-mêmes, un parfait symptôme des incohérences et faiblesses de l’Occident, incapable d’exiger de ses partenaires le respect minimal des valeurs qu’il ne cesse pourtant de prôner. Il s’agit enfin d’un parfait révélateur, en ce sens très réussi, de la société du spectacle et de la spéculation à l’état pur caractérisant notre moment civilisationnel, demeurant à la surface vidéo des choses, sans aucun réel ancrage ni profondeur populaire, à l’image de ces faux supporters indiens (majoritairement) payés pour reconstituer une atmosphère de liesse inexistante.

Et puisqu’il est désormais trop tard pour reculer, la seule chose que tout le monde semble finalement souhaiter plus ou moins secrètement est une élimination la plus rapide possible du Onze français, seul moyen désormais de se dépêtrer de cette sinistre farce.

photo © Equipe de France

11 novembre 2022

Sommes-nous dignes de leur sacrifice ?

Anne-Sophie CHAZAUD

Il m’est devenu douloureux, je dois l’avouer, d’assister aux commémorations du sacrifice glorieux de nos aïeux morts ou blessés pour la France.

Non pas que cela fût autrefois un moment de joie, non, mais il y avait, dans la profondeur bouleversante du sacrifice dont nous étions collectivement les héritiers, une grande et grave fierté. Dans tous nos villages de France, il y avait une mairie, une église et un monument aux morts, chacun de ces édifices ayant un sens vivant, non résiduel. Le monument aux morts, lui, était souvent réutilisé pour la guerre suivante que nous avait une nouvelle fois livrée l’Allemagne, et sur lequel nous regardions avec émotion ces longues listes égrenant les noms de tous ces hommes, nos aïeux, qui n’étaient pas revenus et avaient défendu au prix de leur vie, leur peuple et leur patrie, c’est-à-dire nous, pour l’amour sacré de celle-là et de ses habitants.

Depuis quelques temps donc je ressens au contraire de la tristesse, de la honte et un sentiment d’accablement au souvenir de nos morts glorieux. Je ressens aussi une immense colère contre tous ceux qui, héritiers de ce sang coulé et enfants gâtés d’un sacrifice qu’ils ne méritent pas, ont instillé la dégradation, le mépris, la déconstruction voire la haine de ce qui leur a permis de vivre si confortablement dans les délices frelatés et oisifs du reniement.

Voir la Macronie rendre hommage, par obligation républicaine, à ce sacrifice, tant le 11 novembre pour nos si chers poilus, que le 8 mai ou encore lors des célébrations marquant par exemple l’appel du 18 juin m’est donc devenu insupportable. J’avais bien sûr eu la nausée devant les profanations et autres danses grotesques à travers les tombes de Verdun, sous Hollande, mais j'éprouve avec la Macronie un sentiment de dégoût encore plus grand. Il ne s’agit plus seulement de farce destinée à la société du spectacle mais aussi d’une sorte d’insupportable usurpation de la part des fossoyeurs de ce pour quoi ce sacrifice suprême fut consenti.

La France livrée à la prédation, son patrimoine vendu à la découpe, livré constamment aux copains oligarques et aux intérêts étrangers (comme le démontre par exemple la gestion calamiteuse de l’affaire fratricide russo-ukrainienne et l’immense fiasco économique au bénéfice des Etats-Unis que cette ingérence représente pour le peuple français), les intérêts nationaux bradés au nom d’une Union européenne qui ne protège de rien mais qui accable et soumet les peuples, les contraignant à accepter jour après jour leurs propre rabaissement et abandons multiples de souveraineté.

Le peuple français quant à lui matraqué comme ce fut le cas dans la plaie béante que fut la répression du mouvement populaire des Gilets Jaunes, infantilisé, soumis par la force si nécessaire...

Tandis que nous célébrons les morts pour la France et l'Armistice de 1918, une partie de la gauche, la gauche sociétale, urbaine et petite-bourgeoise, celle qui pleurniche et déboulonne, n’a rien de plus intéressant à faire quant à elle depuis hier soir que de couiner en raison du spectacle affligeant donné par deux bouffons de la télé-poubelle, l’un présentateur (Cyril Hanouna), l’autre, ex-dealer devenu député par inadvertance (Louis Boyard). Cette même gauche qui affichait ostensiblement quelques heures plus tôt son refus de porter le bleuet de France au revers de vêtements par ailleurs débraillés dans une volonté constante de déconstruire toute forme de symbolique dans l’ordre de la « décence commune ».

Autant que la Macronie ou qu’une partie de la droite prompte à brader nos intérêts et toujours prête à trahir le peuple quand cela fait ses affaires, cette gauche-là est indigne du sacrifice consenti par nos aïeux et l’on aura par conséquent bien du mal à se joindre en ce jour de commémoration à ses pleurnicheries : lorsqu’on fait de la politique-poubelle, qu’on va l’afficher dans la télé-poubelle, on ne mérite dans le fond pas grand-chose d’autre que d’y retourner, dans celles de l’Histoire dont on n’aurait jamais dû sortir. Et combien, en attendant, il est douloureux de voir des édiles dont le haut fait d’armes consiste à militer pour des cours de récréation non genrées ou quelque improbable écriture inclusive débilitante, célébrer des morts pour la patrie (la matrie ?) à la cheville desquels ils n’arrivent pas et dont ils souillent à chaque instant le souvenir… Il est amusant d’ailleurs de constater que ceux-ci, obligés pour des raisons protocolaires de célébrer le 11 novembre, transformeront souvent ceci en tribune pacifiste sur les méfaits de la guerre, tout en étant les plus vaillants bellicistes de salon dans l’affaire russo-ukrainienne. Comprenne qui pourra.

Lorsque l’État, quant à lui, livre le peuple à l’insécurité, à l’ensauvagement, à la barbarie du quotidien, à une justice déficiente voire traîtresse, lorsque ce peuple est honteusement privé du droit imprescriptible de décider souverainement des conditions et proportions dans lesquelles il peut supporter de massives arrivées sur son propre territoire sans y avoir explicitement consenti, sommes-nous alors dignes de nos aïeux ?

Alors bien sûr il y a les héros, il y a nos soldats qui, au milieu d’un monde décervelé en voie d’effondrement moral, assurent leur mission et s’engagent avec la possibilité toujours consciente du sacrifice. Il y aussi les Arnaud Beltrame, les Samuel Paty, tous ceux qui, militaires ou civils, se battent à leur manière et parfois le paient du prix du sang, contre la lâcheté et la soumission et pour la dignité du peuple français.

Ce n’est pourtant pas un jour par an mais tous les jours, que nous devrions nous poser cette lancinante question : sommes-nous, individuellement et collectivement, dignes d’eux, qui nous regardent du fond de leurs tranchées et de leur sacrifice ? Pour l’instant, la réponse est non.