Translate

7 février 2023

Emmanuel Macron doit rendre des comptes à Bruxelles dont il n’est qu’une des marionnettes

Anne-Sophie Chazaud

Anne-Sophie Chazaud, philosophe, essayiste et chroniqueuse, auteur de "Liberté d'inexpression" (L'Artilleur), est une voix très discordante qui mérite d'être entendue tant son discours sort de la doxa intellectuelle imposée. Réforme des retraites, le rapport de Macron au pouvoir, oppositions politiques et révolte populaire. L'essayiste propose une analyse sans concession de la situation française. Décapant !

[Extrait. Merci à Nicolas Vidal pour son aimable sollicitation]

Nicolas Vidal. - Arc-bouté sur sa réforme des retraites, entre deux escapades notamment en Espagne, Emmanuel Macron n’a jamais semblé aussi inflexible et méprisant malgré 6 premières années de mandat agitées. Qu’en pensez-vous ?

Anne-Sophie Chazaud. - J’aurais paradoxalement tendance à dire qu’il a raison. Le mépris, la morgue, l’incompréhension de ce qu’est le peuple français, la volonté d’ « emmerder » certains d’entre eux, le désir de clivage, la violence assumée, tout ceci est la marque de fabrique du macronisme.
Or, malgré tout cela, 58% des électeurs votants l’ont désigné pour de nouveau présider le pays. Il se moque de l’électorat-castor qui avait pourtant toutes les cartes en mains pour savoir de quel bois se chauffait l’individu et quel sort il comptait réserver au peuple français puisque la réforme des retraites était clairement annoncée dans son programme. Les cocus mécontents se plaignent de ce que l’élu de leur cœur ne tienne pas sa fameuse promesse selon laquelle il avait conscience qu’une partie des votants s’était reportée sur lui pour empêcher Marine Le Pen d’accéder au pouvoir (la seule dans le haut du tableau d’ailleurs qui faisait clairement campagne sur le thème de la lutte contre l’inflation et contre cette réforme des retraites… comprenne qui pourra).
On les voit désormais couinant que le locataire de l’Élysée ne tienne pas sa parole selon laquelle ce vote par défaut l’obligeait (sic). Mais lorsqu’on a pu constater pendant cinq ans la manière de se comporter de l’individu, son absence de scrupules, sa violence envers le peuple français et son absence totale d’humilité, on se demande bien quel niveau de stupidité il fallait avoir atteint pour lui apporter ses suffrages en espérant qu’il en aurait une quelconque reconnaissance ou que sa parole valait quoi que ce soit. Aussi suis-je tentée de me dire : vous l’avez voulu, vous l’avez, débrouillez-vous-en ! Et pour cette raison il me semble qu’Emmanuel Macron joue sa partition et qu’il a raison de le faire : pourquoi se gênerait-il puisque quoi qu’il fasse, il en sort gagnant ?
De fait, il a la légitimité conférée par le suffrage universel et il le fait valoir avec une parfaite mauvaise foi dont, je le redis, il aurait bien tort de se priver. Il s’adresse avec cynisme à son noyau électoral, le bloc « élitaire » dont les petits-bourgeois gauchistes, métropolitains, s’avèrent être les réguliers supplétifs.

La légitimité parlementaire en revanche est loin d’être acquise mais lorsqu’on voit le comportement adopté par la NUPES lors de l’examen de la loi à l’Assemblée nationale, là encore, on ne peut que penser que la Macronie a raison (de son point de vue, bien sûr) de dérouler son programme antisocial.
En effet, à quoi sert la Nupes à l’Assemblée si ce n’est transformer cette-dernière en ZAD, faire régner un tumulte de cirque, s’agiter dans tous les sens, rendre les débats inaudibles voire impossibles, ce qui ne peut que nuire à l’image du mouvement d’hostilité à la réforme ? Qui, voyant ces gesticulations et manœuvres de bas étage, peut avoir envie de se rallier derrière pareils individus ?

La Nupes a non seulement porté Emmanuel Macron au pouvoir mais elle a également hier empêché le vote de la motion référendaire portée par le Rassemblement National, privant ainsi une seconde fois, après la trahison du 24 avril, le peuple français et notamment les classes populaires, de toute possibilité de s’exprimer directement et politiquement sur la défense de leurs intérêts. Ces gauchistes de foire semblent avoir concrètement pour mission d’empêcher la constitution du « bloc populaire » dont parle Jérôme Sainte-Marie et qui, existant bel et bien dans le pays en face d’un bloc élitaire toujours soudé sur son noyau d’intérêts, ne parvient pas, à cause d’eux, à trouver une traduction politique. Cette seconde trahison d’hier est probablement encore plus grave que la première dans ce qu’elle révèle comme niveau de compromission et de collaboration avec le bloc bourgeois dont la Nupes se rend, consciemment et régulièrement, coupable. » [...]

PUTSCH.MEDIA  (réservé aux abonnés)