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22 mai 2023

Benoît Girard

Je n'avais pas écouté France Culture depuis des mois. Ce matin, par hasard, je tombe sur l'émission de politique étrangère animée par Christine Ockrent. Une bande de courtisans en délire font la géopolitique de leur nombril, rivalisent d'énormités, se congratulent à propos de leur néant. Zelinsky : "un génie diplomatique". Macron : "dicte son agenda" à l'Europe et à Biden. Les Chinois : piétinent les "valeurs".
Un peu plus tard, Clément Beaune est interviewé par "Radio en Marche". "Ce n'est pas une opinion, c'est un problème" déclare le ministre à propos de ses opposants. Face à ce péril, les journalistes sont sommés de constituer en urgence "un socle commun de vérités établies".
En substance : c'est démocratique puisque c'est comme ça et puisque c'est comme ça c'est que ça ne peut pas être autrement. La démocratie comme tautologie de l'existant, le langage comme incapacité radicale d'accéder au réel.
Bêtise majuscule d'une "élite" en phase terminale de sclérose endogamique.

20 mai 2023

Denis Collin

Pour définir la démocratie, on peut donner 3 critères :
1) le gouvernement du peuple (la partie "inférieure" de la population, par opposition aux "grands"),
2) le gouvernement de la majorité,
3) la garantie des libertés individuelles.
La France ne répond à aucun de ces trois critères. Ce sont les grands qui gouvernent. Ils n'ont pas besoin de majorité et piétinent sans vergogne les libertés individuelles (dernière affaire en date : le fichage politique des manifestants sur demande du parquet de Lille).
La France est oligarchie, dirigée exclusivement en vue des intérêts des ploutocrates et ce régime est de plus en plus autoritaire. Est-ce propre à notre pays ? Nullement, les mêmes tendances existent partout.

Radu Portocala

Une poésie que, dans la Roumanie communiste, tous les élèves de ma génération ont dû apprendre par cœur et étudier commençait par ces mots : « Le parti est en tout. »
Aujourd’hui, « le parti » pourrait être remplacé par le nom de Zelensky, sans que le rythme (dans la version roumaine du texte) ait à souffrir. Car l’homme au tricot kaki est en tout, partout. À l’ONU, aussi bien qu’à la cérémonie des Oscars, à l’Union européenne, aux grandes compétitions sportives, dans les parlements du monde, à la Ligue arabe, au G7 – rien, aucun grand sommet, aucune cérémonie ne s’ouvre ou ne se ferme sans sa présence virtuelle ou réelle.
On lui fait le même type de propagande qu’on faisait au parti communiste dans la Roumanie stalinienne. Et, comme le parti, il admoneste et il donne des directives, il distribue au monde les bonnes et les mauvaises notes, il nous montre que nous n’avons pas d’autre choix que de l’accompagner dans son échec.
Mais c’est la facilité, le naturel avec lequel l’Occident a fait sien ce type de propagande qui m’étonne – alors qu’en réalité, l’ambiance dans laquelle nous vivons depuis un certain temps devrait m’empêcher de trouver cela curieux. Comme l’abominable poète roumain de naguère, l’Occident ne sait plus autre chose que d’être le chantre docile des idées – en général, mauvaises – que les excités de toutes sortes imposent à son attention. Révolutions tordues, fausses causes qui le font mourir lentement, les yeux écarquillés et la bouche ouverte tel un poisson que l’air suffoque.

Faire la paix, décidément, n'est plus à l'ordre du jour

Yann Thibaud

Alors que ce devrait être l'objectif de tout responsable politique sensé, conscient et responsable.
L'humanité, visiblement, n'a pas encore suffisamment et clairement compris que la guerre est une folie !
Je m'étonne ainsi qu'il y ait si peu de manifs pour la paix.
Et que la mode soit, encore et toujours, depuis plus d'un an, au déferlement des passions guerrières.
Quel parti politique demande l'établissement, de toute urgence, de négociations, le recours à la diplomatie, plutôt que d'entretenir sans fin le fracas des armes et les souffrances et destructions, effroyables et inacceptables, qui en résultent nécessairement ?
Combien de temps faudra-t-il à l'humanité pour se réveiller enfin, et cesser de diaboliser un peuple et de surestimer des dirigeants bellicistes ?
Il semble bien que le peuple humain éprouve le besoin de retomber, une fois encore, dans les mêmes ornières afin, il faut l'espérer, d'en sortir définitivement et de décider de bâtir dès aujourd'hui un monde pacifique et heureux.

LE DOUBLE EMBLEME DES PHILISTINS

Gabriel Nerciat

S'il y a bien une chose qui m'a toujours exaspéré, c'est cette forme de bêtise latente, de philistinisme agressif et borné qui consiste, sous couvert d'universalisme moral (je suis le premier à dire que Rousseau et Kant comptent parmi les plus grands génies de l'Occident, mais alors les rousseauistes et les kantiens c'est rarement le cas) à ne pas savoir ou plutôt vouloir différencier et hiérarchiser la qualité des mérites ou des fautes au nom desquels on prétend juger les individus.
Par exemple, ce qui vaut pour un artiste ou même un philosophe ne vaut pas pour un homme d'Etat ou un homme d'Eglise (par exemple).
Le fait qu'un écrivain ou un métaphysicien, même s'il veut passer pour le meilleur des hommes, mente sur lui ou plus souvent ne dise qu'une partie de la vérité, voire qu'il assume un certain nombre de contradictions dans sa vie ou dans son oeuvre, n'a rien pour me choquer – et ne devrait à vrai dire choquer personne de suffisamment érudit, civilisé ou intelligent (laissons les militants woke et les ligues de vertu coasser entre eux et ne les imitons pas).
Comme l'a rappelé ce matin Régis Debray au micro d'Alain Finkielkraut, un grand artiste n'a pas besoin d'être (en plus) un type bien pour être admiré comme un grand artiste.
J'ajouterais : même un artiste moyen qui a su produire quelques oeuvres de valeur (c'est dans cette catégorie que je classerais, pour ne citer qu'eux, Philippe Sollers, qui vient de nous quitter, ou Roman Polanski).
Je ne suis même pas loin de penser que chez certains auteurs c'est en partie la tension, consciente ou inconsciente, qui résulte de l'écart entre leurs idées et leurs actions, ou entre leur morale et leur tempérament, qui contribue à la valeur de leurs oeuvres (qu'on pense à Platon, à Tolstoï, à Gide, à Malraux, à Montherlant, à Julien Green, à Picasso, à Deleuze, etc.).
J'évoquais Rousseau à l'instant, mais tous les sermonneurs que j'ai entendus depuis des lustres me dire : "Ah, Rousseau ! Mais quand on a abandonné ses enfants à l'Assistance publique, on s'abstient de donner des leçons de vertu aux autres ou de protester de sa bonté comme si de rien n'était..." me font l'effet d'imparables idiots, de crétins somptuaires.
Même quand on leur explique que sans lui et ses Confessions, personne n'aurait jamais su qu'il avait abandonné ses enfants – lesquels, d'ailleurs, n'étaient sans doute pas tous biologiquement les siens –, ils ne démordent pas de leurs convictions, les sots.
Idem pour Hugo, Céline, Genet, Aragon, Morand, Rebatet, même Sollers, donc, avec Mao ou l'affaire Matzneff.
Mais comment ont-ils pu ?...
Ils ont pu, c'est tout ce qui compte, pauvre Perrichon, et rien ne permet d'affirmer, comme le voulait Philippe Muray, que Céline aurait été capable d'écrire Le Voyage ou Mort à crédit s'il n'avait pas été aussi capable de devenir l'auteur de Bagatelles.
En revanche, il en va tout à fait différemment pour ceux qui dirigent un Etat, votent des lois ou se retrouvent investis d'une fonction morale, prescriptive ou sacerdotale dans un cadre institutionnel ou même médiatico-culturel.
Un type qui se fait élire au nom d'une doctrine ou d'un projet et qui fait exactement, en tout, le contraire une fois qu'il est devenu président ou Premier ministre – Jacques Chirac a été le cas le plus emblématique sous la Ve République – n'a droit à aucune excuse ni aucune circonstance atténuante.
Idem pour ceux qui prétendent éviter la division d'un peuple ou d'une nation, et qui sciemment font tout pour l'intensifier et l'exaspérer jusqu'à engendrer des pulsions insurrectionnelles et violentes irréversibles (voyez à qui je pense).
Et ne parlons même pas de tous les Tartuffes de toutes les confessions religieuses – comme de la plupart des coteries progressistes.
C'est la raison pour laquelle on peut par exemple estimer que François Mitterrand aurait pu sans doute devenir un très bon écrivain ou plutôt un fabuleux personnage de roman stendhalien, mais qu'en lieu et place il fut bien, pour notre malheur et sans erreur possible, le pire chef d'Etat parmi tous ceux qui se sont succédé en France depuis 1958.
Moyennant quoi, le philistin va toujours vous expliquer que Mitterrand, quand même, malgré tout, c'est un grand homme (notamment parce qu'il a cocufié une grande partie de ceux qui ont voté pour lui et/ou abusé des amis proches qui se dévouaient pour lui – en faisant Maastricht, en rapprochant la France de l'OTAN, en instrumentalisant l'antiracisme, en faisant un enfant dans le dos des communistes, etc.) mais que Voltaire, Malraux, Aragon, Picasso, Montherlant, Céline, Sollers, Chaplin, Polanski, vraiment ce sont des moins que rien, des menteurs, des falsificateurs, des poseurs, des vicieux, voire des criminels, etc.
J'ai fait l'essai suffisamment souvent, ici et ailleurs, pour être sûr hélas de ce que j'avance.
Parfois, certains me demandent ce qui à mes yeux distingue les êtres de valeur des autres.
Eh bien là, je viens de donner l'un des critères qui me semble le plus important, le plus souverainement décisif.
Chacun, bien sûr, est libre de l'approuver ou pas.


Autorité ou autoritarisme (ou autocratie) ?

Maxime Tandonnet

M. Charles de Courson est de toute évidence l’homme de l’heure, l’homme de la situation présente. Il est l’un de ceux qui ont dénoncé avec le plus de fermeté l’imposture des « 64 ans ». Le choix de la vérité et l’absence d’esbroufe et d’obséquiosité, le refus de la courtisanerie qui le caractérisent apportent une bouffée d’oxygène dans l’étouffoir politique actuel. Entré en dissidence contre les magouilles destinées à bâillonner la représentation parlementaire (article 47, 40, 49-3, de nouveau article 40), il parle de l’urgence de contrer une « dérive autoritaire ». Mais est-ce vraiment la meilleure formule ? L’autorité, d’où dérive le mot autoritaire, peut être une valeur positive. En effet elle suppose une adhésion, en accord dans les profondeur du pays. L’autorité n’est jamais jupitérienne, verticale ou à sens unique. Elle n’existe pas sans la confiance. Autorité et confiance sont comme les deux faces d’une pièce de monnaie. [Je te suis et non je t’obéis, parce que je te fais confiance.] La société actuelle a besoin d’autorité – impliquant la confiance – et non d’autocratie. Or ce qui se passe aujourd’hui ne relève pas de l’autorité, mais d’autre chose : autoritarisme, autocratie sont des mots mieux adaptés. Une caste de petits marquis hors sol, ivres d’eux-mêmes, qui s’estiment (à tort) plus intelligents et plus éclairés que les autres, détenteurs du savoir et de la lumière, prétend soumettre une Nation, un peuple, en lui imposant et en trichant, des normes qu’il refuse à 80 ou 90%. Il ne les refuse pas par paresse ou par refus de l’effort, comme le prétendent les petits marquis – dont beaucoup n’ont jamais travaillé – mais parce qu’il les juge inefficaces, inutiles et injustes – avec raison. La logique de ce processus est tout le contraire de l’autorité – supposant la confiance. Elle relève de l’autoritarisme absurde ou de l’autocratie débile qui conduit à la désintégration et au désastre.

Charlie et la chocolaterie

Anne-Sophie Chazaud

Chers amis, quelques mots rapides en passant par ici sur deux affaires insupportables en cours, insupportables dans la manière dont elles sont traitées.
- J’affirme que les macronnards et leurs zélés relais (préfets, magistrats, médias-système etc…) qui depuis quelques jours hurlent à cause d’une caricature grimant Macron en Hitler (chose qui arrive depuis 70 ans à tous les hommes et femmes politiques de France et de Navarre) sont aussi immondes et dangereux que les islamistes qui ont dénié à Charlie le droit de caricaturer le Prophète.
J’ajoute qu’en outre ils sont encore plus dangereux dans la mesure où ils viennent, rétroactivement et de manière structurelle, paradigmatique, légitimer le désir de censure des caricatures qui a motivé lesdits meurtres.
Cette attitude est un crachat de plus, après l’affaire du fonds Marianne, sur la tombe de Samuel Paty qui est mort pour avoir enseigné ce droit.
Alors, on va le répéter encore et encore : la liberté d’expression est indivisible, et le droit à la satire n’est pas négociable.
Le fait de vouloir faire interdire ces caricatures du chef de l’État (dont on suppose par conséquent que pour les macronnards il est encore plus sacré et intouchable que Mahomet pour les islamistes) aurait par ailleurs tendance à démontrer qu’elles disent un petit quelque chose de vrai : de Gaulle fut grimé en Hitler, lui le vrai résistant, et jamais ne le fit censurer.
Vouloir démontrer que l’on n’est pas un dictateur en faisant progressivement tout interdire, interroge.
- Second point : le battage médiatique continuel depuis quelques jours sur l’affaire de la chocolaterie Trogneux est simplement insupportable : si je condamne évidemment et tout à fait fermement la débilité de tels agissements qui doivent, s’ils sont établis (ce qui reste à faire dans le détail), être condamnés, je rappelle que les Français sont, eux, livrés quotidiennement à la violence (y compris celle émanant du pouvoir), aux agressions, aux viols, à la délinquance, sans que les médias macronnards ne s’en émeuvent.
Une octogénaire a par exemple été violée il y a quelques jours, car le viol de personnes âgées est la nouvelle mode dans l’ensauvagement en cours, et je n’en ai pas entendu parler en continu aux informations, alors que ce fait est autrement plus grave, pour tout ce dont il est le symptôme, qu’une baston chocolatée.
Il convient vraiment d’en finir avec le mode propagandiste et hémiplégique de traitement de l’information dans notre pays qui n’est plus que désinformation continuelle, le tout appuyé par des relais du pouvoir qui ont pour mission de disqualifier tout discours divergent ou dissident (je pense par exemple à la mission Bronner supposée lutter contre le complotisme et lequel Bronner, hier, se répandait en obscènes louanges et reptations serviles dignes des plus ridicules courtisans de la Cour).
[NB : si mon compte saute à cause de la publication assumée et revendiquée de cette caricature, je vous invite à me retrouver sur mon site personnel qui est à l’abri de la censure et que je vais alimenter un peu davantage dans les prochaines jours]