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8 mai 2024

Le mieux, est tout de même d’aller voter

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


8/5/2024 - Un sondage révèle que le taux de participation aux prochaines élections européennes devrait être de 45% soit 5 points de moins qu’il y a 5 ans. Ce qui donnerait au parti présidentiel composé en réalité de 4 mouvements un peu moins de 4 millions d’électeurs. Ramené au nombre total de votants inscrits cela ne représente plus que 8%. Le calcul vaut pour tous. Le RN avec le double de voix serait donc à moins de 20%, c’est mieux, mais pas bien terrible, quant aux autres… La politique n’intéresserait plus les jeunes ne se reconnaissant dans aucun parti. Les vieux, vivier de la macronie, tournent le dos au gendre idéal, ne reste plus grand monde pour exercer ce droit démocratique en passe d’être supprimé, si plus personne ne s’en sert. En cela les partisans d’un rétablissement d’un suffrage censitaire seront ravis et le peuple des abstentionnistes les gagnants de la fronde. Le scrutin du 9 juin scellera le sort des États Nations, Macron l’a expliqué dans son discours de la Sorbonne, la France n’existe plus, a-t-il en substance martelé, donnons-lui le coup de grâce. Que diront-ils, les abstentionnistes, une fois la dilution actée et consommée ? Ah oui, selon un vieux fantasme, c’est à ce moment-là qu’ils vont se réveiller et tout renverser.

On en rirait si ce n’était pas aussi pathétique. Force est de constater que la campagne est résolument tournée vers la pauvreté et l’unicité. Les quelques soi-disant grands débats qui ont lieu, sont organisés avec les têtes de liste des partis représentatifs. Que cache ce terme ? Dans une démocratie normale, tous les candidats seraient invités, en France non. Les organisateurs c’est-à-dire les journalistes, écartent arbitrairement tous les « petits » prétendants. Ces derniers, à leurs yeux, n’ont aucune valeur, jugement purement subjectif et obscène s’il en est, puisqu’ils insultent tous les électeurs qui iront voter pour ces personnes non présentes sur les écrans, signifiant à ces citoyens qu’ils ne sont rien, formule chère à notre Président. Quand bien même le résultat final montrera qu’ils n’ont pas eu la faveur de beaucoup de votants, ce ne sont pas à ces censeurs de décider qui mérite de s’exprimer et de débattre. Cette façon de faire est insupportable, ce clivage entre les « gens sérieux » et les autres est d’un dédain absolu.

Résultat des courses, nous voyons s’affronter des personnes qui pensent quasiment la même chose sur tout, les variables étant à la marge. Quel intérêt ? Aucun, et on comprend aisément la lassitude des électeurs de n’entendre qu’un unique son de cloche et l’écœurement de voir ces professionnels de la politique se donner une réplique qui sonne trop souvent faux. Un débat sans idée nouvelle, sans un affrontement direct des dogmes présentés comme inattaquables et intangibles le rend pauvre, fade, et n’attire plus personne. Comment en effet séduire un électorat qui se détourne de la clique habituelle si les trublions sont soigneusement bannis sous le prétexte qu’ils ne représentent rien, sachant que sans couverture médiatique il est impossible aujourd’hui de se faire connaître.

C’est donc l’abstention qui devrait gagner. Quelle victoire ! Onfray sur CNews, il y a quelques jours, semblait s’en réjouir, annonçant à Laurence Ferrari qu’il n’irait pas voter puisque ça ne servait à rien et que les abstentionnistes avaient tout compris. Dame, et qu’ont-ils percé du mystère des décisions politiques ? Eh bien c’est très simple, que rien ne changera par le vote et qu’il est préférable de ne pas se déplacer, car quand bien même une majorité nouvelle arriverait au parlement, ils, sous-entendu les tenants des ficelles, constitueraient une commission pour passer outre ce parlement hostile. Peut-être, mais au lieu de les pousser à la faute, l’éminent philosophe préfère leur laisser les mains libres et leur donner la pleine et entière légitimité pour détruire ce qui reste de nos libertés et des nations. Et que fera-t-il ensuite pour marquer sa désapprobation et sa colère ? Ben la révolution voyons… Les électeurs ne changeront rien, mais les abstentionnistes non plus, depuis le temps que ce parti gagne les élections on le saurait non ? C’est tout de même curieux de voir ces prétendus politiques faire l’apologie de l’abstention. C’est un peu comme si un prêtre vous affirmait que croire en Dieu c’est de la foutaise, ou qu’un médecin refuse de vous soigner au motif que la vie se termine toujours mal. Il est difficile de penser que l’on peut animer une émission politique en prônant l’abstention comme unique moyen efficace de lutter contre un système qui se frotterait les mains à l’idée d’instaurer une cooptation à la chinoise, écartant une bonne fois pour toutes le peuple des urnes. On peut être considéré comme naïf en s’accrochant au droit de vote, mais n’est-ce pas irréfléchi de s’en remettre à l’abstention pour changer ce que seuls les élus peuvent modifier ?

Nous l’avons déjà écrit dans nos colonnes, une voix qui ne s’exprime pas, n’existe pas. Les abstentionnistes subiront comme les autres les décisions mortifères et penser que les scrutins les plus importants sont nationaux est une erreur pour le moment. Que certaines règles soient réformées pour rendre les élections à la fois plus attractives et transparentes, nous y sommes favorables au RPF. La première serait d’en finir avec ces débats entre gens choisis selon leur importance présumée. Tous les candidats doivent pourvoir s’affronter et il est curieux que l’ARCOM n’intervienne pas pour dénoncer cette pratique anti démocratique. Une question pourrait se poser au niveau européen lui-même. Que pourront penser des Etats où la participation sera importante et qui ne se verront attribuer qu’un nombre préétabli et restreint d’élus par rapport à la France, qui va obtenir une grande quantité de sièges alors que les votants seront peut-être moins nombreux ? Il y a là un souci de représentation qui pourrait surgir. Après tout, si nous boudons les urnes, ce n’est pas le problème des autres nations. La proportionnelle devrait jouer à plein et répartir les élus en fonction de l’intérêt réel que les électeurs ont manifesté. On donnerait ainsi une prime aux bons élèves et cela inciterait peut-être les partis à se renouveler dans leurs propositions. Est-il normal qu’une forte mobilisation dans un pays se trouve réduite dans sa représentation alors que son grand voisin qui déserte les urnes, bénéficie toujours d’une surreprésentation ? Une pondération en fonction du taux de participation serait à minima, juste. Quoi qu’il en soit avant de prétendre envisager que même si le parlement bascule à droite, la commission se débrouillera pour passer outre, le mieux c’est quand même d’aller voter, et de voir si les prédictions se réalisent ou pas.

6 mai 2024

Valérie Hayer est visiblement nulle

H16

6/5/2024 - C’est le 2 mai qu’avait choisi BFMTV pour nous asséner le premier débat entre Valérie Hayer et Jordan Bardella dans le cadre de la campagne électorale pour les prochaines élections européennes de juin. À cette occasion, la tête de liste des macronistes a affronté pendant deux longues (trop longues) heures son homologue du Rassemblement National ce qui leur a permis d’aborder une flopitude de sujets dont on sait pertinemment qu’ils ne seront pas traités par les institutions européennes de toute façon.

Et pour ceux qui ne se souviendraient pas de Valérie Hayer, rassurons-les : c’est normal. Inconnue d’à peu près tout le monde il y a quelques mois lorsque son nom fut évoqué pour prendre la tête de liste aux européennes, ses contre-performances systématiques ont depuis solidifié sa place dans le ventre mou des sondages, sans vraiment donner l’occasion aux Français de mettre un visage sur ce nom dont, il faut bien le dire, personne n’a rien à carrer.


Sur le fond et comme on pouvait s’y attendre, nous avons pu observer deux socialistes s’écharper sur différents points de l’actualité : les constats d’un côté ou de l’autre sont bien évidemment teintés des biais de leurs parfums politiques, l’un colorant son socialisme d’un léger nationalisme pastel pas trop agressif pendant que l’autre parfume son socialisme interventionniste d’un mondialisme européen favorable à la dissolution moelleuse de l’identité française dans ce dernier. En fait, aucun des deux n’ose même imaginer que le pays puisse, en réalité, complètement se passer des institutions européennes et, vision d’apocalypse rédhibitoire, qu’il puisse choisir la voie opposée au socialisme en diminuant l’empreinte de l’État, de sa bureaucratie obèse et de ses connivences et corruptions multiples.

Bref, c’est – toujours sur le plan du fond – un match nul, vraiment nul, pour les partisans de la liberté et de la responsabilité et il n’y a en réalité absolument aucune surprise à constater cette déroute intellectuelle des politiciens français.

Sur la forme, en revanche, il apparaît de plus en plus clair que Jordan Bardella dispose d’une maîtrise de l’exercice qui, sans être exceptionnelle, le place très au-dessus d’une Valérie Hayer complètement perdue (Valérie hAilleurs ?), empotée dans ses dossiers, qui recourt à des manœuvres rhétoriques et répétées aussi grossières qu’agaçantes, et qui, de façon générale, semble assez mal à l’aise tant avec le principe du débat qu’avec les sujets abordés.

Il faut reconnaître que la tête de liste des macronistes doit relever un défi de taille : tenter de porter un programme politique européen pour un parti et des politiciens passablement usés par les précédentes années, et dont le bilan déjà possible actuellement est absolument catastrophique. Dettes colossales, immigration incontrôlée, insécurité galopante et des indicateurs économiques qui pointent tous vers une crise sans précédent, voilà qui représente déjà un gros boulet de départ, auquel s’ajoute les questions purement européennes pour lesquelles l’évaporation presque totale de l’importance française et sa diplomatie devenue clownesque placent Hayer dans une position à peu près indéfendable.

On doit ajouter à cela son manque total de notoriété et, pire encore, son charisme de responsable des ressources humaines d’une PME dans le Cotentin un jour de pluie, à l’instar de toutes les macronettes qu’on nous présente sur les plateaux télé.

Bref, elle est visiblement nulle.

Cependant, cette visible nullité impose une question : pourquoi Macron l’a-t-il alors désignée pour mener sa liste aux prochaines élections ? Pourquoi une telle erreur de casting ?

Quelques hypothèses méritent d’être évoquées.

Écartons rapidement celle qui voudrait qu’elle se soit retrouvée là quasiment par hasard, ou plutôt parce que les décideurs, Macron en premier, sont aussi perdus qu’elle l’est dans cette campagne : bien qu’envisageable, c’est une hypothèse un peu trop simple pour les esprits tordus qui nous gouvernent. S’ils sont, certes, souvent médiocres, ils n’en sont pas à ce point nuls et la nomination de Hayer à cette place ne tient donc ni de l’incompétence crasse, ni du pur hasard.

En réalité, une première raison probable est qu’il n’y avait, tout simplement, pas bousculade pour prendre la tête de cette liste européenne : on l’a dit, le bilan est très mauvais, les enjeux plus qu’épineux et les débats à venir sentaient le pourri depuis des mois. Les candidats un tant soit peu valables ont bien évidemment fui cette responsabilité piégée. Et même ceux qui étaient déjà en place comme Nathalie Loiseau, vieux briscards politiciens habitués à sauver leur peau, ont senti le danger et pris les mesures nécessaires pour ne pas être en première ligne. Pas fous. Restait donc Hayer, pas assez fûtée pour comprendre le traquenard.


Et ce choix par défaut, que Hayer réfute faiblement, convient finalement pas mal à Macron et sa troupe : s’ils ont bien compris que leur liste européenne risquait de se prendre une branlée de force 9 sur l’échelle électorale, ils ont aussi compris tout l’intérêt de mettre cette candidate en avant. Elle constitue, en pratique, un excellent bouc émissaire, sorte de bouclier niais qui pourra encaisser la défaite, en être officiellement responsable, et épargner l’humiliation à d’autres politiciens plus en vue dans le petit cercle méphitique de Macron. En somme, grâce à Hayer, la déroute macronienne ne sera pas une victoire du Rassemblement national mais la conséquence d’une simple erreur de casting, tout au plus.

Mais surtout, en construisant la liste et la campagne européenne pour cette défaite, si ce n’est en l’appelant de ses vœux mais au moins en la planifiant consciencieusement, Macron peut laisser le champ libre à Bardella et ses nationalistes en carton. Il ne fait guère de doute que ces derniers, pas plus doués que les macronistes pour le pouvoir, devront se dépêtrer des institutions européennes et que, la médiocrité touchant maintenant tous les partis de façon profonde, ils ne feront pas mieux. Il y a même des raisons objectives pour qu’ils fassent moins bien, depuis le manque d’expérience jusqu’à la corruptibilité naturelle des nouveaux élus fraîchement dans la place. Imaginer quelques membres de cette liste mouillés par des affaires sordides dans quelques mois ou quelques années au Parlement européen n’est pas un pari risqué et constituera, pour Macron, un retour sur investissement relativement aisé.

En somme, il apparaît donc que si Valérie Hayer est nulle, ce n’est pas une erreur mais cela pourrait être un choix politicien habile.

Et les Français dans tout ça ? Mais allons, s’ils avaient leur mot à dire, ça se saurait, et si voter servait à quelque chose, ça fait longtemps que ce serait interdit, enfin voyons.


https://h16free.com/2024/05/06/77527-valerie-hayer-est-visiblement-nulle

3 mai 2024

OBSOLESCENCE DU ROBOT MAASTRICHIEN

Gabriel Nerciat


3/5/2024 - Un des débats politiques les plus fascinants que j'aie pu voir depuis longtemps.
On avait l'impression d'assister à une corrida interminable mais assez plaisante, où le taureau de combat était curieusement remplacé par une dinde immobile, pour le plus grand amusement et profit du toréador. Avec une mise à mort déjà accomplie à la moitié du spectacle.
Même moi, au bout de vingt minutes, j'avais pitié de cette pauvre cruche à la fois effrayée et arrogante, qui fuyait pathétiquement le regard de son contradicteur, ne maîtrisait même pas les dossiers techniques qu'elle était censée dominer (notamment sur l'immigration et le CETA), et essayait faute de mieux, pour ralentir l'issue du naufrage, de réchauffer les vieilles méthodes de délateurs antifascistes des années 1980 ou bien se réfugiait dans de pathétiques formules creuses apprises par coeur, qui tombaient anarchiquement dans le poste comme des cheveux artificiels dans une soupe que plus personne ne veut boire.
Cette pauvre fille disgracieuse, stupide, malpolie et maladroite, qui devrait se cacher pour ne pas tomber en dessous de 15% des voix au lieu de persister à faire campagne sur des plateaux de télévision, on croirait qu'elle a été choisie exprès, pour consommer de façon achevée et risible la fin d'une époque ; non seulement celle du règne de Macron mais aussi et surtout celle où des technocrates hautains, dogmatiques et ignares réussissaient encore à en imposer à des populations sans aucun rapport avec ce qu'ils pensent, vivent, ressentent ou disent.
Il y a quelque chose de mécanique dans ce type de personnage, de non-humain, de robotisé, qui donne une idée de ce que devaient être les femmes commissaires politiques dans la défunte Union soviétique - une Ninotschka qui n'arriverait jamais à rire, une androïde qui n'essaie même pas d'imiter la voix des hommes dont elle emprunte les traits.
Même Bardella, garçon assez doué mais plutôt lisse, y gagnait en aisance et en discrète exaspération morale.
Jusqu'à présent, je ne comprenais pas (il y a longtemps que je n'essaie plus de raisonner comme un électeur de gauche) en quoi tenait le succès d'un apparatchik prétentieux et atlantiste comme Glucksmann, mais maintenant je sais : il donne aux anciens électeurs de Macron l'illusion intermittente d'échapper au temps qui passe et à la dérisoire froideur des robots.
Game over, comme disaient les logiciels de jeux informatiques dans ma jeunesse. Mais surtout faute de combattants.

18 avril 2024

Ma vision personnelle de la politique française actuelle à la veille des Européennes

Maxime Tandonnet

18/4/2024 - Le régime politique français actuel – je ne parle pas seulement des institutions mais du fonctionnement de la vie politique – a quelque chose de détestable. Le système présidentiel a commercialisé la vie publique à outrance : les électeurs sont appelés à choisir entre des savonnettes au détriment des débats d’idées et de projets et même au détriment du choix de personnalités fondé sur leur expérience, leur intelligence, leur caractère et leurs réussites passées. On vote uniquement pour une gueule, une petite gueule, un sourire, une dentition, une cravate, une voix, un coup de menton, une haleine médiatique. Le triomphe de la peste savonnette va de pair avec l’abrutissement collectif : effondrement scolaire et intellectuel, hystérie footeuse ou olympiste, invasion des cerveaux par les ipad et les jeux vidéo…

La peste savonnette a contaminé le déroulement des élections du Parlement européen qui ressemblent, en tout cas sur la scène française, à un grand Guignol absurde avec ses Guignols, ses gnafrons, ses gendarmes et les coups de bâton. 53% des Français déclarent ne pas s’y intéresser. Ce désintérêt, annonciateur d’un abstentionnisme du même ordre, a quelque chose de sain du point de vue démocratique : la mauvaise soupe ne passerait-elle pas chez une majorité de Français?

Et aussi, il relativise tout le reste. La tête de liste lepéniste qui fait l’objet d’une invraisemblable et vertigineuse surexposition médiatique, fanfaronne avec ses 30% annoncés par les sondages. Le lepénisme a certes réussi a cristalliser le mécontentement populaire mieux que d’autres, à l’occasion d’un scrutin qui se présente avant tout comme un exutoire de la souffrance et de l’humiliation collective. Mais 30% avec une abstention de 53%, cela fait moins de 15% d’adhésion populaire : on est bien loin, bien loin, d’une poussée venue des profondeurs du pays. Idem pour le socialiste : 12% dans les sondages se ramènent à 6% de taux d’adhésion. Franchement, pas de quoi pavoiser… Quant à la droite LR, enkystée autour de 3 à 4% réels, elle paye hélas pour ses compromissions avec le pouvoir actuel auquel elle se trouve désormais associée dans l’inconscient collectif.

Tout cela démontre que la situation politique demeure extrêmement volatile. Même s’il faut le déplorer amèrement voire s’en indigner, la démocratie, les débats d’idées, les projets et les partis politiques sont morts et enterrés. Les prochaines élections nationales de 2027 se joueront plus que jamais sur un coup de dés, une affaire de savonnettes, de marionnettes et de matraquage sondagier, de scandales éventuels, montés de toute pièce, et de petite gueule médiatique et puis c’est tout. Elles seront, comme les deux précédentes, à un seul tour. Celui qui réussira, par un trou de souris, grâce à sa petite gueule médiatique et avec la complicité sondagière, à se glisser au second tour contre l’inévitable et inamovible Mme le Pen, avec 20% des voix, aura par avance gagné les présidentielles (sauf si c’était M. Mélenchon, et encore…). Et le reste s’enclenchera avec la possibilité d’obtenir une majorité à l’Assemblé nationale à la faveur d’un gigantesque taux d’abstention. Tout ceci pour dire que le jeu est extraordinairement ouvert, instable, mouvant et l’avenir politique de la France, profondément, vertigineusement imprévisible et incertain.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/04/18/ma-vision-personnelle-de-la-politique-francaise-actuelle-a-la-veille-des-europeennes/

10 avril 2024

Election européenne 2024 ou l’anéantissement de l’intelligence politique

Maxime Tandonnet

7/4/2024 - Les élections européennes se profilant – elles auront lieu le 9 juin -, c’est le temps des sondages. Ce samedi, une enquête Elabe* commandée par La Tribune Dimanche et BFM TV donne le Rassemblement national toujours en tête avec 30% d’intentions de vote, devant le camp présidentiel (16,5%) et le Parti socialiste (12%). Plus de treize points séparent la liste RN menée par Jordan Bardella de celle de la majorité présidentielle, emmenée par Valérie Hayer, dans les intentions de vote, des chiffres proches d’un sondage Toluna-Harris Interactive paru mercredi (31% contre 17%). L’intérêt de l’enquête Elabe réside surtout dans la nette progression qu’elle donne à la liste PS-Place publique de Raphaël Glucksmann à 12%, 3,5 points par rapport au dernier sondage de cet institut en mars. Suivent ensuite la liste des Écologistes de Marie Toussaint (8,5%) et de La France insoumise de Manon Aubry (7,5%). François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains, est crédité de 7% d’intentions de vote, devant Marion Maréchal pour Reconquête (5,5%).

Les sondages des Européennes se suivent et se ressemblent. Jamais, dans toute l’histoire de France, nous n’avons assisté à une élection aussi bête, aussi diablement stupide et sans espoir. L’actualité, au jour le jour, ne donne pas lieu à la moindre esquisse d’un débat d’idées. Cette élection est comme un bateau ivre sur un océan de malheur collectif et de néant. L’autre jour, (ma parole d’honneur), une dame âgée, retraitée, électrice macroniste habituelle : "qu’est-ce qu’il est « mignon » le socialiste, moi c’est pour lui que je vote". Le relatif succès de la tête de liste lepéniste est grotesque, comme un petit marquis surmédiatisé, n’ayant jamais travaillé, jamais assumé la moindre micro-responsabilité de sa vie, sans la moindre esquisse d’un projet, d’une proposition, le coup de menton facile, remarquable débaucheur, réciteur des éléments de langage de son parti extrémiste, une sorte de Macron lepéniste. Et que proposent-ils, ces fanfarons, depuis des années, sinon encore plus de démagogie, encore plus de gabegie, encore plus de mégalomanie et de destruction ? La droite LR paie quant à elle pour son invraisemblable aveuglement depuis quelques années et son ambiguïté devant le macronisme. Les Ganelon de 2017 en tout genre ont certes leur part de responsabilité dans la catastrophe sondagière par l’effet déstabilisateur de la trahison. Mais la droite LR paye aussi, au-delà des Ganelon, pour son soutien honteux à l’Absurdistan sanitaire inutile, ruineux et liberticide en 2020/2021. Elle paye pour sa soumission à la nullissime et mensongère réforme des retraites jupitérienne. Et ce n’est pas faute de lui avoir hurlé aux oreilles, quand il était encore temps, qu’elle marchait tout droit au suicide – pour n’en recueillir que des quolibets et du mépris. Elle paye pour ses étranges et vénéneux ronds de jambes avec la macronie sur la réforme de l’immigration. Certes, la liste présidentielle s’effondre et elle atteint un niveau abyssal comme jamais pour un parti au pouvoir. Son niveau sondagier exprime la révulsion de toute une Nation devant la dérive narcissique du pouvoir sur fond d’effondrement général (financier, économique, scolaire, sécuritaire, diplomatique, etc.) cette phénoménale conjonction de la destruction du pays dans le chaos, la violence et l’explosion de la dette publique. Cette élection européenne pourrait être l’occasion d’un débat approfondi : pourquoi cet effondrement brutal d’une Nation depuis un demi-siècle ? Qu’est-ce qui ne marche pas dans la culture politique, dans la formation, le mode de sélection des élites dirigeantes, dans l’éducation populaire, les institutions politiques et leur fonctionnement ? Or ce débat est comme anéanti, dans un océan de compromission, de mensonge, de débauchages, de prostitution, de magouilles politiciennes, de coups de menton ridicules.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/04/07/election-europeenne-2024-ou-laneantissement-de-lintelligence-politique/