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1 septembre 2023

Radu Portocala

Pendant douze ans, à l’école, j’ai porté – nous avons tous porté – un uniforme. Il n’était pas beau, mais il n’était pas horrible, non plus. Juste de mauvaise qualité. Il s’usait, donc, vite et prenait un aspect assez misérable qui n’était pas sans nous déplaire.
Nous ne nous sentions pas vexés ni brimés par cette obligation. Nous avions, pour cela, d’autres raisons, bien plus graves – et ces autres raisons pourraient, hélas !, se retrouver aujourd’hui, ici, dans cette société chancelante, compliquée, appauvrie.
En 1981, je vivais encore à Athènes. Arrivés depuis peu au pouvoir, les socialistes ont aboli l’uniforme à l’école. Lorsque cette mesure « révolutionnaire » est entrée en vigueur, la très jeune fille de mes voisins est revenue à la maison en disant à ses parents : « Maintenant on sait qui est riche et qui est pauvre. » Belle victoire de la libéralisation socialiste…
On brasse beaucoup d’air, ces derniers jours, en France, à ce sujet. J’entends des gens à qui l’éventuelle introduction de l’uniforme obligatoire à l’école semble faire peur, comme s’il s’agissait d’une forme de persécution dictatoriale infligée aux élèves. Les mêmes gens qui, par ailleurs, regardent avec une certaine indifférence toutes les formes de censure qui s’installent, les manipulations qu’ils subissent, le lavage permanent de leurs cerveaux. Non. Pour eux – et ils ne sont pas peu nombreux – le danger, c’est l’uniforme.

La Macronie, ou le foutage de gueule permanent

Vincent Verschoore

À l'heure où la sécurité énergétique française est attaquée par ses "amis" américains et allemands qui veulent la fin de son parc nucléaire, à l'heure où la récession économique frappe à la porte et où un nombre conséquent de familles "déconsomment" massivement, c'est-à-dire ne mangent plus correctement, ne sortent plus, et auront froid cet hiver du fait de la participation française à la démence euro-atlantiste, à l'heure où certains industriels utilisent l'inflation galopante pour cacher des hausses de prix qui, en plus d'une fiscalité punitive, obèrent les comptes de ces mêmes ménages, à l'heure où le taux de faillite des PME/TPE atteint des records, à l'heure où la santé publique part en vrille sous les coups de l'ineptie technocratique et des effets du covidisme (plus personne ne veut travailler là-dedans), le psychopathe en chef fait la seule chose qu'il sache faire : gagner du temps en maniant le "et en même temps" et la rhétorique de l'absurde, genre "la limite à deux quinquennats est une funeste connerie" ou prétendre sauver une éducation nationale au stade terminal en interdisant l'abaya.
Du temps qui permet à sa politique de destruction et de vassalisation au profit de ses amis du grand capital de faire son œuvre, et pour laquelle il sera ensuite grassement récompensé au sein de prestigieux conseils d'administration chez, au hasard, McKinsey, Pfizer, Amazon et quelques joyaux du complexe militaro-industriel. À moins qu'il ne brigue la présidence de l'UE, là où comme sa pote Ursula aujourd'hui, il pourra baigner tranquillement dans la corruption permanente d'un EuroSoviet décomplexé.
Macron n'est évidemment pas seul. Des gens similaires occupent des postes similaires dans la majorité des pays occidentaux, et il a le support de "la caste" dont il est issu, nom donné à la clique des hauts fonctionnaires qui utilisent leur mainmise sur l'État pour garantir leurs propres privilèges en instaurant une démocratie de pacotille.
Mais, au fond, que veulent ces gens ? Ils instaurent le chaos puis en appellent à "l'ordre", ils encensent la guerre (contre le Covid, contre les Russes) justifiant les privations (qu'ils ne connaissent évidement pas eux-mêmes). Ils semblent rêver d'un monde où chacun (hors eux-mêmes et ceux dont ils ont besoin, bien sûr) serait pisté, QRcodé, décérébré, affamé, matraqué, refroidi voire non-né au nom d'une gestion agricole des populations, là où les confinements et les "médications" non consenties vont de soi, et où n'importe quel crétin chef de sévices sauce Castex ou Véran peut décider si le café se prend assis, debout, ou pas de café. [...]

Une rentrée sous le signe de la déroute totale

H16

Nous sommes le premier septembre et conformément à tout ce qu’on pouvait prévoir, la rentrée est déjà particulièrement piquante pour Macron et son gouvernement.

Il faut se résoudre à l’évidence : la situation est quelque peu tendue.

Sur le plan politique, la multiplication des 49.3 et autres agitations cosmétiques commencent à peser sur le petit chef de l’État à tel point que, pour ne pas changer les formules qui occupent le terrain médiatique sans produire le moindre résultat, il a une nouvelle fois convoqué des gens pour leur parler. Parfois, ce sont des citoyens. D’autres fois, des grands patrons. Cette fois-ci, ce fut les chefs de partis de l’Assemblée.

De ceci, il ne ressortira d’autant plus rien du tout que très visiblement, même Macron n’a aucune idée de ce qu’il fait. Il brode. Il improvise. Il frétille.


Pendant ce temps, la France coule.

C’est visible partout, et les gesticulations politiques – qui n’intéressent finalement qu’un petit milieu autocentré – ne parviennent plus à camoufler le véritable effondrement de ce qui, jadis, faisait la réputation française.

Certes, pour le moment, l’art culinaire n’est pas encore complètement saboté mais il n’en va pas de même du légendaire système de soins (que le monde nous aurait envié, il y a encore quelques dizaines d’années). Les articles se suivent et se ressemblent de personnes mourant dans des couloirs d’urgences ou de patients oubliés des douzaines d’heures sans soins.

Petit à petit, les Français se rendent compte que leurs urgences hospitalières n’offrent plus aucune garantie ni de moyen, ni de résultat et que pour certaines, il y a une vraie prise de risque à les fréquenter comme en témoigne le récit affolant de cette mère de famille confrontée au CHU de Bordeaux dont on se demande s’il n’a pas sombré dans le tiers-monde avec certains quartiers de la ville.

La France, c’était aussi – il y a vingt ou trente ans – une diplomatie reconnue sur toute la planète. Les choix calamiteux, consternants et systématiquement contre-productifs dans le domaine des présidents Sarkozy, puis Hollande et Macron à présent ont résolument conduit au désastre actuel qui touche son apothéose avec ce qui se passe actuellement au Niger et, plus récemment encore, au Gabon.

Avec une obstination qui confine au crétinisme pathologique, nos décideurs se rassureront en expliquant que tout ça n’est que la faute des Russes, forcément.


La France, c’était aussi une instruction à la portée de tous.

À présent, c’est devenu un véritable champ de foire et l’occasion pour certains de pousser leurs agendas politiques les plus toxiques de toutes les façons possibles. La récente polémique vestimentaire (les abayas, ça change vraiment des burkas et des tchadors, tiens), attisée par ce freluquet d’Attal, nouveau ministricule maintenant en charge de l’Éducation nationale, masque mal l’absence maintenant complète d’objectifs clairs pour l’institution, en perdition dans ses programmes, ses réformes et ses principes grandiloquents depuis longtemps inapplicables, et surtout de résultats tangibles pour les élèves français dont le niveau sombre inexorablement.

La France qui fut jadis une nation puissante et riche, doit maintenant tenter de rétablir ses finances grâces aux fabuleux conseils d’un poussif auteur de romans de gare sulfureux dont les élucubrations économiques ont déjà provoqué de gros dégâts. Prétendant lutter contre l’inflation, c’est sur Bruno Le Maire qu’on devra compter pour tenter de juguler l’effondrement de la consommation des Français : si l’épicerie et la crèmerie baissent par exemple de 2%, l’entretien, la droguerie, l’hygiène et les alcools dégringolent de 10% ce qui est sans précédent.

Le peuple coupe dans le non-essentiel avant d’avoir à le faire aussi dans l’essentiel (l’alimentaire), pendant que le Bruneau de Bercy se gargarisera de ses résultats fantasmés.

Bref, c’est une déroute totale.

Malheureusement, ces constants n’ont en fait rien de surprenant : les dirigeants français se succèdent au pouvoir depuis trente ans en s’entre-promouvant les uns et les autres, sans pourtant avoir démontré la moindre capacité à prévoir, planifier et anticiper ce qui se passe et ce qui, bien souvent, était pourtant prévisible et même prévu.

Certains, trop généreux, partiront du principe que ces bourdes à répétition et ces choix politiques calamiteux sont le fait d’un plan mûrement réfléchi, d’une espèce de volonté de sabotage qui aurait, plus loin, une concrétisation, un aboutissement spécifique recherché par ces dirigeants. Malins, tout se déroulerait comme prévu, c’est-à-dire mal.


Ce n’est pas le cas : s’il est clair qu’il y a – parfois – la volonté d’obtenir l’une ou l’autre réaction de la part de l’opinion publique, s’il est évident que des opérations psychologiques sont – parfois – mises en place et que ces dirigeants ont bien du mal à cacher une vision à la fois malthusienne, collectiviste et complètement viciée de l’Humanité, il est aussi clair que les actuels dirigeants n’ont tout simplement pas les moyens pratiques et encore moins intellectuels d’aboutir à leurs fins sans se gameller assez spectaculairement.

Et non seulement, comme tout humain faillible, ils font des erreurs, des bévues, des boulettes et des gaffes, mais elles ont actuellement tendance à se multiplier à mesure que leurs plans, leurs historiettes (qu’on appelle “narratifs” de nos jours pour être à la mode) sont dépassés par la réalité, que leurs petites manipulations sont éventées, que leurs manigances tournent au fiasco.

Confondant leur suffisance avec un machiavélisme qui leur est inatteignable, toisant le peuple seulement parce que ceux qui les entourent sont avachis ou encore plus bas qu’eux, ils affichent leur arrogance de plus en plus ouvertement (dernier exemple en date ici).

Alors oui, ils ne sont pas tous idiots, mais il est loin le temps où les dirigeants étaient effectivement issus de l’élite, qu’ils s’illustraient par la vivacité de leur esprit, des traits de caractères brillants ou une intelligence hors norme.

La France n’est plus que l’ombre d’elle-même : cela fait longtemps que nous n’y avons plus sélectionné des dirigeants parmi la crème de la crème. Nous n’avons plus que des arrivistes, bourrés de tics et de vices, qui nous emmènent à la misère et à leur propre destruction, tout en étant persuadé d’avoir tout mieux compris que les autres.

Ce pays est foutu.


Maxime Tandonnet

Une analyse de l’invitation des chefs de partis politiques par le président de la République (pour Atlantico, avec M. Michel Maffesoli)

• Alors qu’Emmanuel Macron organise un dîner travail avec les principales figures de la majorité ce mardi et alors qu’il s’apprête à recevoir ce 30 août toutes les forces politiques du Parlement à un après-midi de discussions pour bâtir des accords « utiles pour la France », dont certains pourraient être soumis à référendum, le chef de l’État est mobilisé dans le cadre de son « initiative politique d’ampleur ». Même si les compromis transpartisans peuvent être utiles, ils ne peuvent se substituer à une orientation globale tranchée. Or, Emmanuel Macron n’asphyxie-t-il pas la démocratie et le débat public à travers cette stratégie ? Le chef de l’État ne confond-il pas les valeurs, les mesures techniques et le cynisme tactique ?

En soi, il n’y a rien d’extraordinaire à ce que le chef de l’État réunisse les leaders des partis politiques. Il est dans son rôle traditionnel de président de la République. Le problème tient au contexte dans lequel cette initiative intervient. Le président passe sa vie et son mandat à vouloir occuper le terrain médiatique par des initiatives de communication. Depuis six ans, il semble engagé dans une course perpétuelles aux formules qui lui permettent de se maintenir au-devant de la scène : les slogans « transformation de la France » et sortie de « l’ancien monde », les « conventions citoyennes » avec tirage au sort (sur la fin de vie, ou l’écologie), le « grand débat » après la crise des Gilets Jaunes, « le jour d’après » à l’issue du premier confinement, puis « la fin de l’abondance » à la rentrée 2022, le « conseil pour la refondation », les « cent jours » destinés à l’apaisement après le mouvement social sur les retraites et désormais « l’initiative d’ampleur » en vue d’un « préférendum » (sic). Tout cela débouche sur une succession de fiascos. Cette mise en scène perpétuelle ressemble à une fuite en avant pour étouffer la réflexion sur le bilan de son action ou l’absence de cap, de projet.

Que faut-il penser de la mécanique intellectuelle à l’œuvre chez Emmanuel Macron à travers ces projets ? La volonté du chef de l’État à dépasser les clivages ne s’apparente-t-il pas à un nouveau gadget et cela ne fragilise-t-il pas la démocratie ?

Parler de « mécanique intellectuelle » ne me semble pas approprié. C’est sans doute plutôt au niveau de sa psychologie qu’il convient de se situer. A la suite de son élection surprise en 2017, l’actuel chef de l’État s’est présenté en « président Jupiter » c’est-à-dire le dieu des dieux de l’Olympe et en héros national, affirmant que son parcours répondait au « goût des Français pour le romanesque ». Puis, il n’a jamais cessé d’essuyer les revers, les déceptions, l’impopularité. La sensation de prestige se transformait en humiliation. A la suite de sa réélection de 2022, produit des circonstances que furent le covid 19, la guerre d’Ukraine, l’absence d’adversaire crédible, et une nouvelle fois la présence de Mme le Pen au second tour, le résultat des élections législatives, lui refusant une majorité absolue, a représenté un désaveu populaire cinglant. De coup de com’ en coup de com’, le chef de l’État se trouve engagé dans une course sans fin pour exister, être reconnu, tenter de reconquérir l’estime du pays dans son ensemble. Il apparaît et parle quasiment tous les jours. On s’est beaucoup moqué de « l’hyper présidence » de Nicolas Sarkozy. Or nous sommes désormais dans l’hyper présidence au centuple mais cela n’intéresse plus personne à force de banalisation. Un engrenage infernal est enclenché : plus le président se met en scène, plus il banalise sa présence et moins il intéresse l’opinion. Et dès lors, il lui faut toujours plus paraître pour se donner en spectacle et forcer l’attention… L’enjeu est à ses yeux de tenir le terrain pendant un an jusqu’aux JO où il compte renouer avec le triomphe. Tout cela n’a évidemment plus aucun rapport avec la démocratie au sens du pouvoir du peuple. Nous sommes dans une pièce de théâtre absolument déconnectée de la réalité de la France profonde et de ses difficultés.

En quoi Emmanuel Macron cherche-t-il à rendre les oppositions impuissantes en niant le clivage et les corps intermédiaires, alors que c’est ce qui est au fondement de la démocratie ? Les gadgets déployés par Emmanuel Macron ne démontrent-ils pas sa propension à rejeter le clivage et son utilité démocratique alors qu’il permet la canalisation de la violence de la société par la politique ?

Nous sommes dans le paradoxe de la personnalisation du pouvoir à outrance. Emmanuel Macron se présente, depuis 2017, en président Jupiter, unique incarnation de l’autorité politique en France. Mais le mythe du chef tout puissant est une sorte de compensation à l’impuissance du pouvoir. Plus le pouvoir politique se montre dans l’incapacité intrinsèque de répondre aux difficultés ou aux malheurs de la France (déclin scolaire, industriel, énergétique, pauvreté, violence, inflation, crise de l’hôpital et du logement, perte de la maîtrise des frontières, etc), plus il est tenté de cultiver l’image du père protecteur, sauveur providentiel et la grandiloquence. Cette conception du pouvoir est profondément manipulatrice et mensongère car dans la société moderne, les ressorts de l’autorité sont infiniment complexes et le destin d’une nation, aujourd’hui, ne tient pas dans les mains d’un seul individu. En tout cas cette vision autocratique aboutit à vouloir affaiblir ou soumettre toute autre source rivale de pouvoir : le gouvernement, exclusivement composé de ministres courtisans, le Parlement dont la souveraineté est anéantie à l’image d’une réforme des retraites immensément impopulaire et adoptée sans vote de l’Assemblée nationale, les collectivités territoriales, méticuleusement asphyxiées, la haute administration, asservie et saccagée par la suppression de ses métiers (préfets, ambassadeurs, etc). Une opération de communication comme la convocation des chefs de partis, ou encore l’annonce d’un « préférendum » vécu comme un gadget inutile, auront du mal à couvrir cette destruction pierre par pierre de la démocratie vivante qui s’accompagne d’un effondrement de la confiance populaire.

Ces tentatives d’Emmanuel Macron de reprendre la main sur le plan politique ne servent-t-elles pas à masquer les dissensions au sein de la macronie, sur l’immigration notamment ?

Sans doute, mais ce n’est qu’un aspect du sujet. La situation présente est profondément absurde. Nous avons un président élu qui est censé incarner à lui seul le pouvoir politique. Il est en place pour encore quatre ans et, du fait des institutions, intouchable et protégé de toute mise en jeu de sa responsabilité personnelle. Privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale, il se trouve plus que jamais réduit à l’impuissance. On ne dira jamais assez à quel point la supposée réforme des retraites, adoptée aux forceps et au prix d’une profonde déchirure de la France, est creuse et inconsistante. Mais la situation politique semble irrémédiablement bloquée. Un homme d’État de caractère et visionnaire tenterait quelque chose pour sortir de l’impasse : une dissolution ou un référendum sérieux mettant en jeu la poursuite de son mandat sur un modèle gaullien. Nul n’imagine l’actuel chef de l’État, dont la grandiloquence se présente comme le masque de la prudence le concernant et de l’indécision, prendre un tel risque. Au-delà de sa personne et à travers elle, c’est tout un système, un régime fondé sur la vision mensongère du « chef tout-puissant » pour compenser la faillite du pouvoir politique à régler les problèmes des Français, qui montre aujourd’hui son extrême toxicité. 31/8/2023

https://maximetandonnet.wordpress.com/2023/08/31/une-analyse-de-linvitation-des-chefs-de-partis-politiques-par-le-president-de-la-republique-pour-atlantico-avec-m-michel-maffesoli/

"Slava Ukraini" : un excellent biopic sur BHL qui donne envie d’envahir la Pologne

Samuel Piquet - Marianne


« Slava Ukraini », le film de BHL sur BHL joué par BHL renouvelle le genre du film de guerre en le mettant au service des deux seules véritables valeurs contemporaines : le narcissisme et l’onanisme.

C’est un peu l’évènement de la rentrée, au moins aussi attendu que les premiers récits de vacances des collègues à la machine à café. Le film de BHL, Slava Ukraini, qui avait déjà réuni pas moins de 1 024 personnes en salles dont 1 023 journalistes, soit seulement 20 442 976 personnes de moins que Bienvenue chez les ch’tis est désormais visible sur Canal plus à la demande. Oppenheimer et Barbie peuvent trembler. À mi-chemin entre Platoon et Starship Troopers, ce grand film sur la guerre en Ukraine de BHL a été réalisé par Bernard-Henri Lévy, joué par Bernard-Henri Lévy et narré par Bernard-Henri Lévy. Sans qu’on ne parvienne jamais à savoir si le ton employé et la scansion, qui feraient passer Michel Houellebecq pour un monstre de dynamisme et feu Benoît XVI pour un sacré boute-en-train, sont volontairement parodiques. C’est un des deux mystères du documentaire avec l’intérêt des interventions du philosophe.

On ignore si c’est lui également qui joue au piano la musique du film mais cela ne nous étonnerait pas tant ce virtuose a plus d’un tour dans son gilet pare-balles qu’il porte avec élégance sur le costume pour mieux tromper l’ennemi. On le voit tour à tour prendre la parole dans un anglais impeccable que n’aurait pas renié Raffarin, parler aux généraux, aux soldats, inspecter une arme, écrire « Victory is close » sur un drapeau ukrainien ou consoler les affligés, et ce n’est que par pudeur qu’il ne s’est pas filmé en train de guérir les malades.

Au bout de 4’05 a lieu le premier évènement du film : un plan sans BHL sans doute glissé par erreur et qui perd par conséquent tout intérêt. Fort heureusement, toute la suite n’est qu’une longue déclinaison des talents de l’auteur, aussi innombrables que les neurones d’Aurore Bergé. Car beaucoup l’ignorent, mais BHL est un grand stratège, ce n’est donc certainement pas par vanité qu’il se met en scène dans des villes dévastées, mais par pure générosité, pour faire bénéficier l’armée ukrainienne de son génie géopolitique au moins équivalent à celui d'Anne Hidalgo. Régulièrement, il n’hésite pas à désarçonner ses interlocuteurs en leur posant des questions aussi décisives et ingénieuses que : « Les Russes vous tirent dessus ? ». Sans son documentaire, qui l’aurait su ? Il s’interroge aussi sur « cette guerre folle » sachant trop bien qu’historiquement il ne s’est toujours agi que d’actes raisonnables et d’envois de ballons en forme de cœur ou de missiles de barbe à papa. Bref, comme il le dit si bien lui-même après avoir interrogé un témoin, « ça change des experts occidentaux qui, au même moment, nous prédisent une guerre sans vainqueur. »

ENTRE PYTHIE ET PITIÉ

Comme on le devine à cette réflexion, BHL est aussi un grand visionnaire, une sorte de prophète moderne capable de prononcer des oracles avec la fréquence d’un twittos compulsif car il sait mieux que quiconque que « tout au fond était écrit ». Il déplore : « L’Europe court à l’abîme et nul ne veut l’entendre ». Pas l’auteur de Looking for Europe qui aurait certainement préservé la paix sur notre continent si tout le monde avait couru voir sa pièce.

Bien conscient de son rôle de messie de notre époque, celui que Dominique de Villepin avait qualifié de « Christ sans plaies » parsème généreusement son documentaire de références à ses anciens films afin de multiplier les chances des téléspectateurs d’accéder au salut par la foi en lui. Rencontrant l’officier du renseignement du régiment Azov, Ilia Samoilenko, dans les sous-terrains d’Azovstal, le narrateur-acteur principal se demande par exemple : « Quel souvenir a-t-il de notre dialogue d’alors et de l’idée que j’avais lancée d’un bateau français de la dernière chance évacuant dans l’honneur les assiégés de Marioupol ? » C’est effectivement LA seule question qui vaille. Même lorsqu’il visite une aciérie, le demi-dieu français ne peut s’empêcher de rappeler un épisode passé le mettant en scène et loue « ces ouvriers d’Ukraine en train de produire des containers semblables à celui qui nous abrita sur la route de Koupiansk ». L’unité de temps de lieu et d’action du théâtre classique peut aller se rhabiller : elle est définitivement surpassée par l’incroyable unité du « tout est BHL ».

SUBLIMÉ PAR LA POÉSIE DE BHL

Mais l’orateur-prophète sait également se muer en philosophe-poète pour délivrer son message avec plus de force. Il sait aussi bien prendre des accents hugoliens (« Et cette vérité terrifiante qui sourde la terre pétrifiée : nulle part il n’est écrit que l’humanité doive durer ») que poser des questions métaphysiques aussi profondes qu’Augustin Trapenard : « Les chemins de la liberté seraient-ils aussi ceux de la mort et du deuil ? ». On a déjà hâte de ne pas connaître sa réponse.

In fine, hormis quelques rares témoignages de soldats ou de bénévoles assez ennuyeux et hors-sujet sur leur rôle dans l’évacuation des habitants, ce biopic sur BHL est très réussi. Le réalisateur parvient constamment à se départir d’un manichéisme facile et à introduire des nuances qui donneraient presque envie de prendre la nationalité russe : « L’idée des Russes, c’était, une fois de plus, celle des mauvais combattants et des lâches. Vaincus à la loyale, on se venge sur les civils et comme Hitler signant le 19 mars 1945 le décret de la terre brûlée, on détruit tout avant de se retirer. » Comme il est impossible d’écrire aussi bien que le philosophe-poète, laissons-lui l’honneur de conclure par cette nouvelle prière qu’il nous tarde déjà d’inscrire dans les missels progressistes de l’Église du Saint-Poncif : « Puisse ce film sans fin et que nous livrons ainsi en cours de route alors que l’ange de l’histoire hésite encore armer les cœurs et les âmes, faire que l’esprit de résistance perdure et dissiper en nous les cendres de la grande lassitude. » Amen. 31/8/2023

https://www.marianne.net/agora/humeurs/slava-ukraini-un-excellent-biopic-sur-bhl-qui-donne-envie-denvahir-la-pologne?

Le Maire en jusqu’au-boutiste aveugle

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


Entre colère et désolation nos cœurs balancent. Bruno Le Maire toujours lui, s’est encore illustré lors de la rencontre avec les entrepreneurs de France organisée par le MEDEF. On pensait avoir touché le fond de l’incompétence, mais il n’en finit pas de repousser ses propres limites. Il s’est tout d’abord distingué en citant James Bond. Le champion de la littérature érotique ne s’est pas privé de nous rappeler ses hautes références cinématographiques, mais si ce n’était que cela. Son message principal fut de déclarer qu’il voulait faire de l’Union européenne un grand continent économique, capable de concurrencer la Chine et les États Unis, rien que ça… Il pense que nous serons un modèle économique décarboné. Qu’il soit satisfait, pour être décarboné nous le sommes, puisque nous n’avons plus d’industrie, qu’elle ne représente pas plus de 10% de notre PIB soit le niveau d’un pays sous-développé. Quelqu’un pourrait-il le prévenir que l’économie allemande s’effondre, que les entrepreneurs quittent le pays pour s’installer, entre autres, au Mexique, parce que l’énergie y est bien moins coûteuse.

Avec quoi compte-t-il être un concurrent sérieux ? Un tel niveau de bêtise et d’incompétence mériterait, dans une entreprise normale, le licenciement pour faute grave, mais quand on est le ministre de la Russie à genoux, on reste, mieux, on est reconduit. Est-il informé de la montée en puissance des BRICS, qui pèsent désormais plus que le G7 ? Est-ce avec un taux de prélèvement de plus de 45%, le plus élevé d’Europe, qu’il espère pouvoir s’imposer face à la Chine et même à la Russie, qu’il n’ose pas citer. Décidément, chaque fois qu’il hasarde quelque chose, c’est l’inverse qui arrive. Pendant qu’il délire dans son coin avec son industrie fantôme décarbonée, qu’il laisse le prix de l’électricité exploser, en acceptant que les allemands en fixent le prix, au lieu de défendre les intérêts nationaux, tandis que les faillites battent des records, lui s’inquiète du taux du CO2 et pense que les autres nations vont s’engouffrer dans ce sillon mortuaire. Non, nous ne produisons plus rien, il ne semble pas au courant et persiste à fantasmer tout seul.

Nous sommes ridiculisés partout dans le monde, reconnaissons qu’avec de telles sorties, ils ne chôment pas pour entretenir cette condition. Hors du temps et du réel, il reste obsédé par la réduction du carbone, qui rappelons le, n’est pas un polluant, pendant que les autres nations réussissent à se développer, à créer des richesses qu’ils nous vendent, et progressent à pas de géants dans les domaines de pointe, nous laissant à la traîne. Affligeante vision du monde et de l’économie, incapable de voir les méfaits des sanctions contre la Russie, et du gouffre qui s’est ouvert, ignorant par volonté ou par goût, l’état non seulement de notre économie, mais aussi celui de l’Allemagne, dernier bastion industriel de l’Europe. En fait nous n’avons rien compris, il a une arme secrète et le commissaire européen Michel nous l’a révélé très récemment. Ils veulent inclure de nouveaux pays : la Macédoine du Nord, l’Albanie, la Moldavie, le Monténégro, la Serbie et quelques autres, effectivement du très lourd en matière de puissance industrielle. Si avec eux on ne parvient pas à damer le pion à la Chine et aux US, c’est à désespérer de tout non ? Quand on sait qu’il va falloir encore leur déverser des milliards pour les développer, on persiste à se demander comment il compte s’y prendre pour faire de l’Europe cet Eldorado de l’économie mondiale. En réalité sa déclaration n’est que l’écho désuet du discours qui prévalait il y a 30 ans pour nous vanter les mérites d’une Europe qui devait nous apporter la prospérité et la sécurité. Chassé du continent africain et de ses richesses, absent d’Asie et d’Amérique latine, empêtré dans l’idéologie écolo-woke, la France de Bruno Le Maire est seule et son Europe n’est plus que le théâtre antique dans lequel se déroule un drame que le Ministre refuse de voir. Il s’accroche tel un naufragé à ce rêve qu’il persiste à vendre et qui se révèle être un cauchemar. En attendant c’est lui qui veille sur l’économie et on en apprécie tous les jours un peu plus les effets. Mais quand l’opposition va-t-elle se liguer pour éjecter cette bande de fossoyeurs ?

Au RPF, nous tablerions sur des mesures de sauvegarde nationale, comme la sortie du tarif réglementé de l’électricité, ou la primauté aux produits nationaux, avec comme exemple, la volaille française, que Macron vient de liquider au bénéfice de l’Ukraine. Sur la réindustrialisation, sur des clauses de maintien des entreprises stratégiques de pointe, la mise en place de nouveaux réseaux, ferroviaires, informatiques, aéronautiques. Et s’il le faut, sur la réintroduction d’une monnaie nationale pour les échanges intérieurs. En 30 ans d’Europe forcenée, nous ne sommes arrivés ni à la paix, ni à la prospérité, le constat est accablant. Il ne faut pas plus d’Europe, il faut arrêter les frais et se détourner de cette voie ruineuse.

https://rassemblementdupeuplefrancaiscom.wordpress.com
Tiephaine Soter

30/8/2023 - [...] La politique étrangère d'Emmanuel Macron est une véritable catastrophe pour la diplomatie française, après celles déjà catastrophiques de François Hollande et de Nicolas Sarkozy. La suppression du Corps Diplomatique actée au printemps 2022 par Macron produit ses effets, déjà. Tous les "Cassandre" qui avaient prévenu des dérives de la politique étrangère française de ces dernières années ne peuvent que regretter d'avoir eu raison.
L'incompétence crasse de notre gouvernement, malgré les indéniables bonnes volontés qui tentent de freiner la débâcle, se paie par un recul sans précédent de l'aura de notre pays dans le monde. Nous passons pour des cons alors que nous avons une tradition diplomatique riche de 15 siècles.
La République française est en train de s'autodétruire au nom d'une Europe affairiste qui ne prendra jamais la relève parce qu'elle n'a aucune crédibilité en tant qu'entité internationale cohérente. Il n'est donc pas étonnant, dans ces conditions, de voir des petits groupes comme la PMC Wagner parvenir à convaincre des pays que nous avons traité avec toute la condescendance macronienne possible depuis la fin du quinquennat Chirac.
Cette condescendance, ce mépris typique des milieux bourgeois et "bourgeois-isants" qui revendiquent un humanisme de principe qu'ils n'appliquent jamais eux-mêmes, se paie aujourd'hui et aura des conséquences très importantes demain. Ce qui se passe actuellement en Afrique se déroule aussi en ce moment même en France : la République ne cesse de reculer, telle Rome face aux barbares. Le Prince continue ses orgies en refusant de voir que tout s'effondre autour de lui.
Reste à savoir qui sera le fossoyeur de ce régime, si le coup viendra de l'extérieur, ou d'une révolte de palais. Nous ne le verrons peut-être pas sous le quinquennat Macron, mais nous le verrons clairement de notre vivant et sûrement plus tôt qu'on ne le croit...