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26 novembre 2022

Tout va très mal, mais surtout ne changeons rien

Yann Bizien

Nous précipitons notre société en délire et tiers mondialisée vers le chaos sans que la mécanique démocratique ne puisse l'empêcher.
Tout dysfonctionne. Le désespoir s'étend. Les Français grognent en silence. La colère n'est pas encore descendue massivement dans la rue.
La participation aux scrutins est de plus en plus faible. Nos élus sont de plus en plus mal élus et manquent de légitimité. Le maire de ma commune n'a été élu en 2020 qu'avec 15,42% du corps électoral de la ville. La Justice n'assume plus sa charge, classe de nombreuses affaires de façon arbitraire, laissant sur le carreau des milliers d'innocents, donnant ainsi une large place à l'impunité. Nos prisons sont saturées et ne peuvent plus accueillir des coupables. Nos enseignants tentent de résister à l'emprise grandissante de l'islamisme sans le soutien de leur hiérarchie. La plupart d'entre eux s'autocensure pour éviter les vagues qui pourraient heurter la hiérarchie de l'Éducation nationale. Nos hôpitaux manquent de ressources, de moyens et s'effondrent. Les équipes de soignants s'usent au travail, font face à la désertification médicale et à l'agressivité grandissante. Nos aînés sont maltraités dans les EHPAD. Nos forces de sécurité sont attaquées tous les jours. Nos policiers et gendarmes payent un lourd tribut face à l'ensauvagement de toute notre société et à la flambée de l'hyper violence. Nos armées sont à l'os, n'ont plus assez de munitions et ne peuvent plus faire face à une guerre de haute intensité. La classe moyenne française, qui soutenait tout le pays, se paupérise. L'avenir de nos enfants est de plus en plus sombre. Nos valeurs traditionnelles et conservatrices sont renversées et inversées par les porteurs de théories toutes ambivalentes, malsaines et dangereuses. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. L'insécurité gagne partout du terrain. L'État est en faillite mais s'impose un train de vie intenable. Le pouvoir n'écoute plus le peuple. Il fait ce qu'il veut et rejette toute idée de référendum. Avec le faux prétexte de la "mondialisation heureuse", celui de la lutte contre le réchauffement climatique, et l'idéal de solidarité européenne, le pouvoir a sacrifié notre industrie et notre potentiel de production d'énergie. Nous sommes de plus en plus censurés et notre liberté d'expression ne cesse de se restreindre. Les sans-frontièristes et les multiculturalistes subventionnent sans honte un mécanisme immigrationniste qui transforme, fracture et affaiblit durablement toute notre société.
Une guerre qui ne nous concerne pas fait entendre le fracas des armes à nos portes mais le pouvoir l'encourage en dirigeant son aide militaire et financière vers un régime douteux, sans notre avis.
Le pouvoir n'a plus de vision ni de projet et encore moins d'argent. Il gouverne sans majorité absolue, joue la comédie et la montre pour gagner du temps. Il nous trompe et nous ment, comme sur le chaos du Stade de France, pour ne surtout pas dire la vérité aux Français. Il endette le pays et repousse à coup de petits chèques l'échéance d'un drame national, qu'il sait inéluctable, le plus loin possible.
Déprimant, ce cauchemar, car malgré les cycles électoraux, les discours enflammés et les promesses sans lendemain, rien ne change. Nous assistons, impuissants, à notre effondrement. Cette catastrophe se déroule devant nos yeux, à nos frais et risques.
Nous pourrions avoir une vision plus sereine et traduire le réel avec davantage d'optimisme, d'espérance et de positivité. Cela revient à dire qu'il faudrait presque se réjouir de notre décadence et de notre déclin.
La démocratie devrait pouvoir nous sortir de ce chaos grâce à un changement radical. Mais une majorité de Français semble encore préférer le chaos à la mutation intégrale.
Une chose est sûre dans ce brouillard tragique : le chaos nous conduira à une grande rupture parce qu'un jour, tôt ou tard, la marmite sera pleine et la démocratie, imparfaite, ne pourra plus rien faire.
"La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes" disait Winston Churchill.
Notre malheur du temps est ici. Au royaume des aveugles, des élus sans courage, et de la société sous surveillance permanente, notre destin est plus que jamais incertain. Tout va très mal, mais surtout, ne changeons rien.

- 26/11/2022 -



Le drame de la France : ce refus persistant de regarder la réalité dans sa complexité et d’accepter ses erreurs

Jean Mizrahi

L'Assemblée nationale a été agitée ces derniers jours par une proposition de loi visant à réintégrer ceux des personnels soignants qui n'ont pas voulu se faire vacciner contre le Covid. Deux fronts se sont opposés : d’un côté les partis les plus contestataires ont proposé la réintégration des soignants, de l'autre les partis plus traditionnels, dits « de gouvernement » s’y sont opposés avec vigueur. La France reste un des rares pays à refuser à ces soignants non vaccinés le retour à leurs fonctions au sein du système de santé. Cette crispation, au-delà de la discussion purement technique sur les vaccins contre le Covid, est très instructive sur la difficulté avec laquelle les Français ne parviennent pas à regarder leurs erreurs en face, ou, quand ce ne sont pas des erreurs, les contradictions que la réalité leur renvoie à la figure, face à des décisions qui ont déjà été prises, comme si le retour en arrière n’était jamais possible. Il ne fait pourtant plus aucun doute aujourd'hui que les différents vaccins anti Covid n'ont pas donné les résultats qu’on attendait d’eux au départ : ils ne permettent en rien de ralentir les épidémies puisque nous voyons les vagues se succéder en dépit d’un taux de vaccination très élevé de la population, et chacun peut se rendre compte qu'il est tout à fait possible d'être vacciné et néanmoins tomber malade, voire même très malade au point d'en décéder. À l'évidence les vaccins contre le Covid ne sont ni le BCG ni le TABDT qui, eux, ont une redoutable efficacité contre les maladies qu'ils visent. Les infectiologues l’expliquent aisément : comme c’est le cas avec la grippe, le virus du Covid mute fréquemment, si bien que les vaccins d’hier ne sont plus efficaces aujourd’hui, et donc on vaccine les gens pour des virus qui ne sont plus les bons, aucune surprise que les effets soient délétères.
Ce qui est fascinant dans les discussions sur le vaccin depuis plus d'un an, c'est la manière dont le mot Science (avec un grand S bien sûr) est manipulé pour imposer des vues qui sont manifestement anti scientifiques. Tous les censeurs se cachent derrière le mot science pour justifier les affirmations les plus invraisemblables, mais aussi les décisions les plus injustes et les plus aberrantes. Nous sommes dans une époque de la parole magique : on prononce le mot, et il devient vérité du seul fait d’avoir été prononcé, notre Président l’a bien compris, il en a fait son exercice quotidien… Et de la même façon, il suffit désormais de coller un mot sur le dos de quelqu'un pour dévaluer définitivement sa parole et le marginaliser. Le moindre acteur du métier qui met en doute la façon dont la politique de vaccination a été conduite s'est retrouvé affublé de l'épithète "antivax". De vagues officines qui se prétendent « fact checkers » diffusent des affirmations non démontrées, reprises presque systématiquement, et souvent même mot pour mot, par des agences de presse ou des médias généralistes qui sont devenus de simples répéteurs secondaires de messages primaires émis dans la plus grande confusion. Les journalistes ne travaillent plus, ils ne vérifient pas les chiffres, et ils ne font preuve d’aucun esprit critique. Les médias sont devenus de simples caisses de résonance qui permettent à différents lobbies ou plus souvent au pouvoir, d’imposer ce que qu’on appelle de nos jours un « narratif », c’est à dire une vision univoque et simpliste du monde. Une fois ce « narratif » diffusé, il est repris par les médias sans remise en cause, sans examen critique, et alors le phénomène de caisse de résonance joue à plein. Je rappelle ce que signifie le mot résonance : c’est un phénomène de physique qui veut que la répétition du même mouvement à certaines fréquences conduise à une amplification pouvant aller jusqu’à des phénomènes « catastrophiques », tel ce pont qui vibrant régulièrement sous l’effet du vent, se met à tanguer de plus en plus pour finir par rompre, nous avons tous vu cette image.
Nous sommes entrés dans une période où le questionnement est de moins en moins souvent la règle. Douter est un exercice devenu malsain. Les médias et les politiques veulent des messages simples, tout comme le peuple veut des messages simples, car quand c'est simple, on n'a pas besoin de penser, de se creuser la tête, de déstabiliser ses certitudes. Tous répètent ces messages simples en boucle et jouent l’effet de résonance. Le message prend tout l’espace, et les esprits même les plus instruits absorbent le message comme une vérité définitive. Les humains du 21ème siècle ne sont plus confrontés à des points de vue contradictoires, ils acceptent les messages simples par simple paresse intellectuelle. Je suis frappé à quel point certaines personnes dont le niveau d’instruction est au plus haut ou bien même des esprits qui sont, sur le papier, parmi les plus pointus, sont ainsi devenus incapables de remettre en cause des idées dès lors qu’elles ont été instituées comme des « vérités communes ».
Dans le cas des soignants, le fait que les Français dans leur ensemble ne soient pas ébahis par la situation donne à réfléchir. Car la problématique est plutôt facile à comprendre : le vaccin ne protégeant pas contre l’infection, un soignant non vacciné ne fait pas courir plus de risque à ses patients qu’un soignant vacciné, il n’y a donc plus lieu de l’écarter alors que le système de santé manque cruellement de soignants. Le système est devenu à ce point absurde, kafkaïen, que l’État préfère voir travailler des soignants malades susceptibles de contaminer leurs patients plutôt que des soignants en parfaite santé, mais rétifs aux injonctions étatiques. Le reversement logique est tellement invraisemblable qu’on pourrait attendre des esprits les plus affutés une mise en cause instantanée, mais il n'en est rien. Il est devenu plus important de punir les insoumis que de faire fonctionner notre intelligence et… notre système de santé. Les politiciens les plus au « centre », à commencer par le Président de la République, nous parlent de bienveillance (Macron le 28 mars 2022 : « Il faut un peu de bienveillance. Il y a des dirigeants politiques, effectivement, qui sont dans la violence et l'invective et ce n'est pas bon », et pendant la campagne électorale de 2017 : « Je crois à la bienveillance en politique »). Mais ils sont incapables de la pratiquer, comme le montre le traitement réservé aux soignants rétifs : suspensions de revenus, pas d’allocations chômage, etc. Il faut punir pour punir, punir les récalcitrants avec vigueur, dans un esprit vengeur voire vindicatif, expression d’une pure haine à l’égard de ceux qui ne pensent pas droit. Et pourtant la réalité leur a donné raison : des vaccins préparés à la va-comme-je-te-pousse qui n’ont pas apporté les bénéfices espérés. Les non-vaccinés avaient tort a priori, ils ont raison a posteriori, et notre société refuse de le reconnaître et d’affronter sa méprise. Car les politiciens ne sont pas les seuls coupables de cet aveuglement. C’est la société dans son ensemble qui se satisfait de maltraiter une fraction de la population, comme elle s’est satisfaite d’ostraciser une fraction de la population avec le pass sanitaire. Désormais il est plus important de faire partie du troupeau qui accepte les vérités communes, et de laisser de côté ceux qui lèvent le doigt pour poser des questions ou même pour contester. Vae victis.
Acceptez-le, c’est une évolution calamiteuse que de voir le gros du troupeau se contenter de ce que les médias lui donnent à voir. Il n’y a plus de vrai débat, comme d’autres débats sont devenus aujourd’hui impossibles : contester la mécanique d’intégration européenne, contester le bien-fondé des prises de positions vis-à-vis de la Russie, contester tel ou tel aspect de notre société devenu "normal", c’est désormais prendre le risque de se voir accoler des qualificatifs marginalisants qui placeront à l'écart et dévalueront votre discours : antivax, poutinien, complotiste, raciste, transphobe, extrême-ceci ou cela, fasciste, et j’en passe. Remettre en cause la doxa dominante, c’est risquer la marginalisation voire le procès, tels ces médecins interdits de soigner par l’Ordre des Médecins pour avoir émis des avis divergents. Il est temps de se rebeller contre ces pratiques qui au fond deviennent les vraies pratiques fascisantes : il faut que le débat soit possible, il faut pouvoir ne pas être d'accord et le dire, il faut mettre les problèmes sur la table et les discuter ouvertement, calmement et sans invectives, en opposant des faits aux faits, des analyses aux analyses et non des slogans aux slogans. Sans quoi, je vous le prédis, le troupeau se réfugiera de plus en plus dans cette attitude d’exclusion des moutons noirs. Que vienne alors la crise économique, non pas la prétendue crise qu'auraient été ces dernières années, mais une véritable crise de la même nature que celle de 1929, et nos pays seront alors mûrs pour le véritable fascisme, et la violence du groupe contre les minorités, quelles que soient les minorités, pourra se déchaîner. Celui qui ne pensera pas droit devra être mis contre un mur.

L’Allemagne coule, l’Europe avec et Bruno Le Maire ne s’en rend absolument pas compte

H16

Tiens, voilà qu’une Große Katastrophe se profile sur l’horizon teuton : on apprend qu’Uniper, la principale société allemande de vente de gaz et premier distributeur de l’entreprise russe Gazprom, doit faire appel à l’État allemand à hauteur de 55 milliards d’euros suite à une perte nette kolossale établie à 40 milliards d’euros depuis le début de l’année.

Un milliard d’euros par-ci, un milliard d’euros par-là et, rapidement, on commence à parler gros sous. En tout cas, à 55 milliards d’euros, voilà une somme rondelette qui va peut-être faire réfléchir Olaf Scholz sur les choix énergétiques opérés ces dernières années par l’Allemagne : manifestement, multiplier les efforts sur les énergies renouvelables revient un peu trop à multiplier aussi les approvisionnements en gaz et à se retrouver en fâcheuse posture lorsque la conjoncture internationale change un tantinet.

Et s’il y a bien transition énergétique, ce n’est pas exactement vers de nouvelles formes d’énergies, mais plutôt vers pas d’énergie du tout : en somme, tout ne se passe vraiment pas comme prévu en Europe : en quelques mois, des choix très politiques se sont traduits par des conséquences quasi-immédiates aussi économiques que palpables, avec des grosses faillites à la clé.

Pour une fois, l’Allemagne ne s’en sort pas mieux que les autres, et peut-être même au contraire : ses faillites se multiplient à un rythme réellement inquiétant. Ainsi, le fabricant de meubles allemand Hülsta est insolvable, 80 ans après sa fondation. La chaîne de boulangeries Thilmann atteint le même point 85 ans après ses débuts. Pour Wolff Hoch und Ingenieurbau, entreprise de construction, il aura fallu 125 ans, alors que Bodeta, le fabricant de confiseries, aura tenu 130 ans. Borgers, l’équipementier automobile, ferme ses portes après 156 ans et Kappus, le fabricant de savon, après 170.

Ces quelques exemples, étalés en quelques jours seulement, donnent à réfléchir : ces entreprises ont survécu à deux guerres mondiales, des changements politiques et sociaux majeurs, pour finalement toutes mourir en 2022 parce qu’essentiellement, les Allemands ont cru dur comme fer que les moulins à vents et les miroirs magiques, tous doublés de turbines à gaz russe, allaient leur éviter de taper dans le charbon, le pétrole et le nucléaire.

Au bilan, les Allemands ont maintenant plus de faillites que de gaz, des miroirs et des moulins sous-productifs à ne plus savoir qu’en faire et doivent malgré tout exploiter le charbon, le pétrole et le nucléaire. C’est un échec épique (et on n’en est qu’au début).


Peut-être est-ce à cause de ce vent glacial venu de l’Est que notre Bruneau de Bercy national a récemment déployé quelques signes clairs de changement de tactique dans sa fine gestion du budget de l’État français : alors qu’il était entendu, en février dernier, que toute sa puissance intellectuelle serait dédiée à faire plier la Russie, le locataire de Bercy commence à revoir ses objectifs. Avec la souplesse légendaire de ce grand fauve de la République bondissant sans merci sur l’aphorisme et la petite phrase facile, le voilà qui déclare “Fini le royaume du Koikilenkouth”, ou quasiment :

“Nous avons arrêté le quoi qu’il en coûte, et nous ciblons à présent les entreprises qui en ont le plus besoin.”


Charge maintenant aux entreprises de se faire aussi discrètes que possible sur leurs difficultés économiques pour ne surtout pas recevoir l’aide du ministre qui équivaut sans mal au baiser de la mort.

Indépendamment de cet aspect, on appréciera à sa juste valeur, dans les déclarations du minustre, les fantasmagories sur les performances de la France dont l’économie se redresserait alors que tous les autres pays, en Europe, s’enfoncent assez vite dans un marasme sans équivalent historique. Eh oui : comme de précédents billets le mentionnait déjà en mars et en avril, les sanctions contre la Russie ont été absolument dévastatrices… pour l’Europe.

Et alors même que ces Européens sont justement en train de contourner discrètement ces sanctions dès qu’ils le peuvent, le même Bruno, jamais en panne d’une contradiction, admet multiplier les boucliers tarifaires et autres guichets spéciaux pour aider les particuliers et les entreprises (celles qui résistent si bien en France, disait-il) à surmonter la crise (qui est quasiment invisible dans le pays selon les chiffres officiels), crise qu’on mettra de surcroît sur le dos (de plus en plus large) de la guerre en Ukraine.

Bref : fini le Koikilenkouth, mais tout va bien car les chiffres sont bons, mais les entreprises ont besoin d’aides et la guerre est un drame économique pour nous mais la France s’en sort bien mais mettez un pull tout de même.

On oscille entre la consternation et l’interrogation de plus en plus lancinante sur le déni de réalité des élites qui semblent s’être auto-intoxiquées à cette réalité alternative qu’ils continuent de brosser pour les masses.

Parce que malgré les saillies inquiétantes d’incohérence globale du ministre de l’Économie, les évidences semblent difficiles à évacuer : ce qui met l’Allemagne dans une telle panade ne peut pas se traduire par une simple gêne économique en France, au contraire. Parce qu’on sait déjà que l’année 2023 affichera un nombre record de faillites dans le pays. Et parce que l’hiver qui vient sera rude, quoi qu’on en dise et même s’il n’y a aucune coupure (ce qui semble de moins en moins évitable).

Les indicateurs économiques ne trompent que ceux qui ont intérêt à l’être : on peut pérorer comme le font certains habitués de plateaux médiatiques sur un taux de chômage faible, voire sur ce qui est présenté maintenant comme un quasi “plein emploi” – ce qui dénote d’une vision de la réalité réellement alternative – il n’en reste pas moins qu’un nombre croissant de Français a faim : jamais les Restos du Cœur n’ont autant aidé de personnes dans le besoin – avec des taux d’augmentations à deux chiffres par rapport aux années précédentes.

Rassurez-vous : selon Bruno et les services de Bercy, ces gens n’auront pas de problème à trouver de l’emploi (pensez donc, la France est presque en surchauffe, qu’ils nous disent !) ce qui tend à montrer que dans ce pays, l’emploi ne permet plus de manger à sa faim et qu’on doit travailler le ventre vide.

Déni, pipeautage, incohérence et fariboles… Tout ceci va forcément très bien se terminer.


Le conflit ukrainien

Caroline Galacteros
Présidente de Geopragma

On aimerait penser à autre chose. À la Coupe du monde de football qui débute au Qatar, aux fêtes de Noël qui approchent, à la crise qui s’installe, et même aux échauffourées politiques dérisoires qui animent parfois pathétiquement notre Assemblée nationale et paraissent bien insignifiantes au regard des enjeux de fond et de l’avenir de notre pays.
Mais la guerre, une fois lancée, ne connaît pas de répit et elle prend en Ukraine, des tours inquiétants avec la reprise des bombardements sur la centrale nucléaire de Zaporojie qui en vient à alarmer même le très tempérant directeur de l’AIEA, et dont il demeure difficile d’imaginer que c’est la Russie qui les initie contre ses propres forces…
Que faire pour conduire le président ukrainien à rompre avec son jusqu’auboutisme suicidaire ? Les courants ultranationalistes qui l’environnent, le terrifient sans doute et le contrôlent ainsi que ses forces armées, le placent face à un tragique dilemme de style « loose-loose » : négocier un compromis territorial avec Moscou, donc consentir peu ou prou à une partition du territoire ukrainien, comme l’enjoignent désormais à mi-mot de le faire Américains et Britanniques ?
Impossible, sauf à se mettre lui-même en danger vital face à la fureur des ultras. Maintenir ses positions de plus en plus intenables au regard de la réalité militaire sur le terrain, et prétendre reprendre tous les territoires conquis par Moscou, jusqu’à la Crimée, en espérant provoquer enfin l’engagement de l’OTAN, comme le montre son insistance à vouloir accréditer la responsabilité russe dans la pénétration d’un missile sur le territoire polonais contre toute évidence et malgré les démentis circonstanciés de Washington ?
Cette attitude pourrait bien précipiter son lâchage par ses plus grands pourvoyeurs d’armements et de subsides. A-t-il compris que sa survie politique dépendra de sa capacité à retomber sur terre, à admettre que l’armée russe est en train de préparer son offensive d’hiver, que le rapport des forces est sans équivoque en sa défaveur, bref qu’il ne peut gagner militairement mais va devoir négocier un compromis s’il veut préserver le peu qui reste de son pays plongé dans le noir, le froid, le délabrement économique et dont même le système de télécommunications est de plus en plus aléatoire ?
Bref, V. Zelinsky est entre le marteau et l’enclume. Il sait bien, comme d’ailleurs les Polonais, que seule une zone d’exclusion aérienne au-dessus du ciel ukrainien aurait une chance peut-être de préserver ce qu’il lui reste de forces. Mais c’est hors de question pour Washington. Ses alliés occidentaux semblent d’ailleurs connaître une phase de lassitude et d’inquiétude devant le jusqu’au-boutisme de plus en plus désespéré de leur proxy. Les stocks européens et même américains d’armements sont en train de fondre, et nos armées vont bientôt refuser de s’affaiblir davantage pour le renforcer.
Les armes qui sont données à Kiev de toute façon ne renverseront pas la donne militaire. « On » ne le peut ni surtout ne le veut pas, et le jeu des postures commence à montrer ses limites. Le premier ministre britannique Richie Sunak est venu le dire à Kiev il y a quelques jours. Rien n’a filtré de l’entretien qui a dû être désagréable aux oreilles de Zelenski…
Certes il y a, aux États-Unis, les faucons démocrates néoconservateurs forcenés autour du secrétaire d’État Blinken et de son Département… Mais ils sont eux aussi de plus en plus en butte aux réserves, pour dire le moins, du Pentagone. Le Secrétaire d’État à la défense, Lloyd Austin, a très récemment rappelé lors d’une conférence à Halifax (où Zelenski est apparu pour dire qu’un cessez-le-feu n’avait aucune chance de durer, ce qui est probablement vrai à ce stade du conflit), que « la Russie disposait d’une armée puissante et d’armes impressionnantes ». Il a aussi dit l’indicible : « l’issue de la guerre en Ukraine définira les contours du monde du 21ème siècle » !
Rien de moins.
Le CEMA américain, le Gal Milley a lui clairement affirmé que la seule issue à ce conflit est la négociation. Quant au secrétaire général de l’OTAN, il a abondé en rappelant qu’une défaite de l’Ukraine serait aussi celle de l’Alliance. Barak Obama lui-même, en 2016 déjà, avait reconnu que la Russie disposait d’une incontestable « dominance dans la capacité d’escalade ». Il parlait d’or. Mais cette soudaine lucidité arrive bien tard.
Si l’enjeu est celui d’un retour à la réalité à Kiev comme à Washington, Londres ou Paris, le conflit des perceptions et surtout des « informations » brouille cette prise de conscience urgentissime. Les médias occidentaux persistent à voir dans les quelques avancées des forces ukrainiennes (par retrait des troupes russes) comme à Kharkov ou Kherson, les prémices d’une grande victoire militaire ukrainienne. On en est pourtant loin. Kherson, cadeau empoisonné, devient très difficile à approvisionner et les forces ukrainiennes toujours sous le feu russe depuis la rive est du Dniepr, commencent à appeler les habitants à la quitter. Les pertes sont lourdes, et les forces armées de Kiev sont de plus en plus suppléées par des troupes polonaises voir américaines présentes au nom d’une discrète « coalition des bonnes volontés », sans pour autant vouloir le moins du monde provoquer de trop une Russie en train de se préparer à une offensive d’hiver et d’injecter méthodiquement ses 300 000 réservistes récemment mobilisés.
La Russie se prépare à durer et poursuivre sa guerre d’attrition avec des objectifs de moins en moins limités. L’échec de la politique de sanctions et la description récente par le vice premier ministre russe de son pays comme d’une « île de stabilité » dans un monde chaotique, même si elle doit être évidemment pondérée, traduit une réalité douloureuse. Le fantasme des néoconservateurs américains de détruire l’économie, l’armée et le pouvoir russes a explosé en vol. Les USA et plus encore l’Europe se sont laissé entraîner par l’ubris belliqueux de certaines de leurs composantes gouvernementales et politiques dans un piège dont l’issue pourrait bien être la démonstration éclatante du déclin de l’Occident et la fin de l’hégémon américain.
En fait, nous faisons face à la nécessité douloureuse de sortir de notre rêve – abattre la Russie – avant que la déroute ne soit trop humiliante. Deux méthodes s’offrent pour cela aux Américains : la méthode « douce », consistant à laisser Zelenski s’enfoncer en le lâchant progressivement et en lui disant que c’est à lui de décider quand il faudra négocier avec Moscou ; la méthode « radicale », en fait plus bénéfique dans ses effets pour le pays et le peuple ukrainien : négocier directement avec Moscou un compromis territorial et surtout stratégique (c’est-à-dire la neutralisation définitive de l’Ukraine), assécher brutalement le flux d’armes et d’argent pour imposer les termes d’un accord réaliste à Zelenski qui devra faire de nécessité vertu et y trouverait une « excuse » auprès des ultras qui l’entourent.
Dans un monde en noir et blanc tel que nous aimons le voir, supporter que « le méchant » gagne n’est pas facile. Mais c’est ce qui nous préserverait de pire encore. On pourrait inscrire une telle négociation dans une vaste refondation intelligente des équilibres de sécurité en Europe et reconstruire à grands frais l’Ukraine pour se faire pardonner de l’avoir instrumentalisée… Mais pour avoir le courage d’une telle approche, qui douchera les opinions publiques occidentales, il faudrait des hommes d’État capables de prendre ces décisions douloureuses et salutaires. Or, c’est une espèce en voie de disparition en Occident, où les politiques à courte vue appuyés sur des médias peu critiques, bercent complaisamment les peuples d’illusions et de « narratifs » engageants mais faux, pour obtenir leur consentement à l’affrontement tout en leur promettant qu’il ne leur en coûtera pas grand-chose.
Cette fois-ci pourtant, ce mensonge devient trop gros : les sanctions sont un échec, les Européens ont froid, voient leur richesse fondre à vue d’œil et commencent à se demander s’ils ne seraient pas les dindons ultimes de cette farce.
Les États-Unis devraient aussi se demander pourquoi ils se sont engagés si loin et finalement ont accéléré la bascule du monde et notamment des pays du sud à leur détriment ? Sans doute auraient-ils eu plus à gagner en poussant les Ukrainiens à appliquer les Accords de Minsk 2 au lieu de les en dissuader, et plus encore à négocier un traité honnête et équilibré sur la sécurité en Europe avec la Russie quand celle-ci le demandait à toutes forces, encore en décembre dernier, au lieu de franchir la ligne rouge ukrainienne la fleur au fusil… des Ukrainiens.
Nous sommes désormais engagés dans une longue guerre d’attrition et l’Occident risque d’en sortir avec un discrédit politique, stratégique et militaire massif. Ne parlons pas de l’OTAN… Quant à l’Europe, ainsi que l’a rappelé le Général de Villiers, cette guerre n’est pas de son intérêt, encore moins de celui de la France, qui doivent entretenir des relations normales et apaisées avec la Russie. Est-il trop tard pour casser cette spirale dangereuse et sortir de ce piège ? Il faudrait que Washington choisisse vite la méthode dure évoquée plus haut.
Comme l’a récemment rappelé Dimitri Medvedev, les puissances occidentales sont piégées dans un soutien à un gouvernement irresponsable qui ne peut lui-même, sans précipiter sa propre perte, négocier le compromis indispensable ; car celui-ci va devoir se discuter « sur la base de la réalité existante » ainsi que récemment rappelé par Serguei Lavrov, c’est-à-dire sur la base du contrôle de plus en plus avancé des 4 oblasts intégrés formellement à la Fédération de Russie.
Évidemment, en Europe et dans certains cercles de pouvoir à Washington, « la réalité existante » est un déni de la réalité militaire, c’est-à-dire un recul des forces russes dont on veut croire qu’elles sont exsangues… Il faut souhaiter que dans ces querelles des chapelles washingtoniennes, les réalistes et les militaires l’emportent et entament une négociation directe avec Moscou. La récente rencontre entre les chefs du renseignement américain et russe est peut-être un heureux présage. Il faut le souhaiter pour le malheureux peuple ukrainien mais aussi pour notre sécurité à tous.


25 novembre 2022

Ensauvagement et pauvreté font bon ménage dans notre société

Yann Bizien

Ces deux phénomènes ne cessent d'ailleurs de s'accroître, faisant partout des ravages.
Notre sécurité et notre prospérité devraient pourtant être les deux préoccupations principales et permanentes de l'exécutif.
En 2021, avant la réalité de l'inflation, près de 4 millions de Français se trouvaient dans la précarité alimentaire et avaient recours à des aides.
Ils sont près de 7 millions en 2022, soit un français sur 10. Les trois quart des besoins alimentaires sont exprimés par des femmes, 40% d'entre-elles élevant seule un ou plusieurs enfants.
L'INSEE fait toutefois ressortir un chiffre important pour la compréhension du phénomène : 44% des bénéficiaires de l'aide alimentaire sont des immigrés, nés hors du territoire français. Selon le Secours Catholique, la moitié des bénéficiaires ne dispose d'aucun titre de séjour valable.
Les humanistes et les progressistes ont donc ici matière à réfléchir sur les conséquences irresponsables de l'idéologie immigrationniste. Il y a bien longtemps en effet que nous ne sommes plus en mesure "d'accueillir toute la misère du monde".
L'État impuissant s'effondre et la classe moyenne se paupérise. Mais la gauche continue d'imposer son idéologie pour accentuer la gravité de ce désastre historique avec les mêmes principes qui en sont pourtant la cause.
Avec 1500 milliards d'€uros de dépenses publiques, et des taux records de prélèvements sociaux en France, une partie de plus en plus importante du peuple se serre la ceinture, souffre, endure et gère difficilement le seconde moitié de chaque mois dans notre pays désormais le plus ensauvagé et le plus dangereux d'Europe.
Pour 20% des ménages les plus modestes, l'alimentation représente désormais 35% du budget. Les politiques publiques de ce pouvoir centriste et socialiste restent donc toujours coûteuses, inadaptées et particulièrement inefficaces.
L'exécutif défaillant entretient la pauvreté, laisse filer l'immigration, l'ensauvagement et l'endettement de notre pays. Il cherche à contenir la précarité en multipliant les petits chèques, comme s'il ne voulait pas vraiment l'éradiquer. En réalité, il place les pauvres sous sa dépendance électorale.
Pire, le taux de pauvreté échappe désormais à tout contrôle et ne cesse d'augmenter, comme l'accroissement du nombre de clandestins, l'extension de l'ensauvagement de notre société et la fiscalité.
Tout augmente, donc, mais les salaires plafonnent, le chômage ne diminue pas franchement et nous ne sommes toujours pas davantage en sécurité chez nous.
Le millefeuilles de l'assistanat, l'immigration sans limite et l'empilement des aides ne sont pas les solutions et ne règlent pas notre problème.
Mais toujours pas de révolte ni de révolution en perspective dans notre État totalement socialisé. Toujours aucun changement, ni dans les urnes, pour renverser le régime responsable de cette situation.
Partout, en Europe, l'aide alimentaire est sous tension pendant que le CAC 40 augmente ses dividendes. Nous filons ensemble tout droit vers l'abîme, ou vers le point de rupture politique. De ces deux options, je préfère de loin le changement radical de politique.


Yann Bizien

Je croyais jusqu'ici que Reporter sans frontières défendait la cause de tous les journalistes quels qu'ils soient. Je pensais que le travail des journalistes consistait à remuer la plume dans toutes les plaies. J'imaginais naïvement qu'ils entendaient résister à la censure pour être capables d'écouter tout le monde sans distinction de race, d'origine et de religion.
Durant le grand festival annuel des reporters de guerre à Bayeux, dans le Calvados, j'avais personnellement vu le patron de Reporter sans frontières, Robert Ménard, à l'époque, défendre un reportage de Paris Match sur les talibans après le massacre de nos 10 soldats français dans l'embuscade de la vallée d'Uzbin le 18 août 2008 en Afghanistan.
Je me trompé.
Reporter sans frontières vient de saisir le Conseil d'État pour attaquer l'ARCOM et dénoncer la diffusion de médias russes par l'opérateur satellitaire français Eutelsat, feignant d'ignorer que la propagande de guerre ne concerne pas que la Russie et l'Ukraine mais également tous les pays membres de l'OTAN.
Le journalisme est par nature partisan. Il n'est jamais totalement objectif. Sa prétendue indépendance ne fait qu'illusion. Personne ne peut honnêtement croire que la presse ne penche jamais d'un côté.
Pour comprendre la guerre, et pour l'expliquer, il est important de savoir entendre toutes les parties et de protéger ses sources. Et il est nécessaire d'avoir des qualités de discernement.
Les journalistes nous donnent des leçons moralisatrices qu'ils ne s'appliquent, hélas, jamais à eux mêmes.