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28 février 2023

Jonathan Sturel

L'État totalitaire a déjà réussi à transformer ses victimes en complices.
Hier, sur le fauteuil de la coiffeuse, celle-ci se plaint des gens qui gaspillent l'eau. En soi, c'est effectivement insupportable. De là, elle glisse vers une idée : comme les gens ne sont pas raisonnables, il faut interdire par la loi ! Interdire de laver sa voiture, interdire de remplir sa piscine, interdire d'arroser son potager. Et elle ne s'arrête pas là : il faut que des agents contrôlent la consommation de chaque foyer pour vérifier, je cite, « que les gens obéissent » !
Voilà toute l'horreur totalitaire dans sa démonstration : on commence par amadouer les gens avec des intentions nobles et légitimes, ici le refus du gaspillage, et aussitôt après, lorsque la greffe mentale a fonctionné, on passe aux mesures de coercition, aux policiers qui viennent contrôler ce que vous faites chez vous, aux agents publics qui vous signalent à la préfecture, aux dénonciateurs qui, pour la bonne cause évidemment, passent des appels anonymes au commissariat pour indiquer à la police que vous avez arrosé vos tomates, comme ils vous dénonçaient hier lorsque vous aviez plus de trois invités chez vous un soir de couvre-feu.
La servitude volontaire dont parlait La Boétie n'est pas un mythe : elle existe et BFM a bien travaillé pour la démocratiser. Le souffle de la liberté qui anime normalement les individus et les peuples est en train de s'éteindre petit à petit, à mesure que l'on transforme les victimes en complices de leur propre esclavage.

Succès de ChatGPT auprès des chefs d'entreprise

Vincent Verschoore

Cela fait un certain temps que l'on se rend compte que l'IA générale (AGI) est bien plus une menace pour les cols blancs que pour les cols bleus, qui sont plutôt menacés par la robotique et l'automatisation.
La disparition probable de nombreux comptables, employés de bureau, avocats, architectes, programmeurs, ingénieurs dans les dix ans à venir semble déjà se confirmer avec un début de remplacement avec chatGPT, qui n'est pourtant que le début en termes d'IA générale :

« ... certaines entreprises s’appuieraient déjà fortement sur l’outil, au point de remplacer quelques salariés. C’est en tout cas le constat d’une étude menée par Resumebuilders.com auprès de 1000 chefs d’entreprise utilisant ou envisageant d’utiliser ChatGPT.
Le verdict est consternant : la moitié d’entre eux a déjà intégré l’outil conversationnel au cœur de leur entreprise. Parmi eux, la moitié affirme que ChatGPT a déjà remplacé certains de leurs salariés. »

Dans la plupart des cas, les entreprises ont recours à ChatGPT pour rédiger des lignes de code, créer du contenu, s’occuper du service client ou encore réaliser les compte-rendus de réunions. Du côté des ressources humaines, ChatGPT s’avère d’une aide précieuse également. Que cela soit dans la rédaction de la fiche de poste, des questions lors de l’entretien ou des réponses aux candidats."

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Révision constitutionnelle ? Ou la fuite par le haut

Maxime Tandonnet


- 27/2/2023 - Une révision constitutionnelle serait dans les tuyaux (voir une du Figaro de ce matin). Elle porterait sur le renforcement du Conseil constitutionnel promu en « Cour suprême », la limitation du nombre de mandats parlementaires consécutifs, un redécoupage des régions, la constitutionalisation de l’ivg, etc. En effet, il est plus facile d’ouvrir un chantier de révision constitutionnelle que de regarder en face les drames de la France : une gigantesque dette publique (3000 mds) ; catastrophe du commerce extérieur (160 mds de déficit annuel, le record d’Europe) ; désastre de l’Éducation nationale (avant-dernier au classement Timss en mathématiques) ; aggravation de la violence (+8% de coups et blessures) ; 10 millions de pauvres et paupérisation croissante due à la poussée inflationniste ; perte de la maîtrise des flux migratoires (+320 000 premiers titres de séjour et 150 000 demandeurs d’asile) ; effondrement de l’indépendance énergétique de la France à cause d’une politique d’affaiblissement du nucléaire civil, drame de l’hôpital et de la médecine libérale, etc. Alors, il existe mille manières de fuir cette situation dramatique qui dispensent de la regarder en face : l’exubérance médiatique, le déclenchement du chaos social, la désignation de boucs émissaires, l’exacerbation des peurs et des angoisses. Et puis il en est une autre : la grandiloquence qui consiste à lancer des grands chantiers ambitieux tournés vers les nuées – et inutiles – plutôt que de travailler, c’est-à-dire se mobiliser sur les tragédies du quotidien avec le souci de la vérité et sans esbroufe… Mais n’est-ce pas trop en demander ? Et puis, forcément, s’intéresser au monde des réalités risque d’orienter l’attention collective sur la question des responsabilités. 

Immigration

Yann Bizien

[...] La Première ministre vient de présenter un « plan de lutte contre le racisme et les discriminations liées à l’origine », élaboré par la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et la haine anti-LGBT. En entreprenant de nommer et de mesurer ces comportements discriminatoires, de sanctionner leurs auteurs mais aussi et surtout de nous éduquer à l'idéal immigrationniste, tout est décidément mis en oeuvre pour desservir l'intérêt national, pour empêcher le peuple d'être souverain et de le laisser décider de son avenir.
En réalité, tout est faux dans cette comédie politique. Je reçois et je vois hélas chaque jour des dizaines de vidéos de français attaqués par des migrants dans tous nos territoires. Elles nous démontrent factuellement et objectivement tout le contraire d'une immigration limitée, bienfaisante, respectueuse, honnête, profitable et bienveillante.
Les promoteurs d'une immigration en réalité incontrôlée, sauvage et invasive sont le plus grand mal de notre siècle dans une France en faillite et paupérisée qui n'intègre plus, qui ne sait plus et ne peut plus accueillir.
Cette immigration nous coûte un "pognon de dingue" que nos familles ne voient jamais. Les immigrés ne s'assimilent plus, ne parlent pas le français dans nos rues et imposent leur culture "chez nous".
Nous recevons même en France des barbares et des sauvages qui menacent, agressent et violent les femmes de France. Des Français sont égorgés jusque dans nos Eglises. La tête d'un enseignant est tombée. La peur se répand partout. Notre France est divisée, nos prisons et tribunaux sont saturés. Nos forces de sécurité intérieures sont sous les coups et à l'épreuve permanente. Les armées sont même descendues dans la rue avec le nouveau contrat opérationnel "Sentinelle".
Les risques de guerre civile augmentent en France. Combien de Français en parlent, discrètement ? Ces risques deviennent même le sujet saillant de séminaires orientés sur la sécurité des Français.
Ceux qui prétendent le contraire de nos réalités vécues en déployant partout leur idéal immigrationniste dans la presse sont les plus grands traitres à la nation et à l'histoire. Ils brisent l'Etat nation. Et ils sabordent la France.
J'ose surtout espérer qu'ils auront l'honneur, la raison, la sagesse et la dignité de respecter les idées du peuple dans le débat démocratique qu'ils espèrent.
Ce débat, moi aussi je le souhaite. D'où ce billet. 28/2/2023

Le changement civilisationnel

Yann Thibaud

L'éveil de l'humanité se produit aujourd'hui, irrésistiblement et indéniablement, par la révélation (« apocalypse » en grec) du caractère illusoire, aliénant et manipulateur des différentes idéologies, qu'elles soient politiques ou religieuses, qui nous furent inculquées, récemment ou depuis des siècles, ainsi que des diverses autorités et institutions, qui en sont les émanations ou les représentants.
À cet égard, incontestablement, nous sommes servis !
Mais cette grande lessive, cet écroulement civilisationnel, pour douloureux et décevants qu'ils soient, n'en sont pas moins inévitables et indispensables, car on ne créera pas le nouveau monde avec les outils et les matériaux de l'ancien.
C'est l'erreur des marxistes et autres révolutionnaires : penser qu'en renversant l'ordre ancien, on en créera un nouveau, heureux et bienfaisant, alors même que perdurent toujours en l'être humain, les mêmes vieux réflexes prédateurs et paranoïaques, conduisant chaque fois à la formation d'une intelligentia bureaucratique et totalitaire, faisant le malheur du peuple et organisant sa soumission, sa désinformation, sa domination et son exploitation, par les moyens de la propagande et des multiples tromperies qu'elle véhicule.
Il est donc indispensable que les foules humaines cessent enfin d'accorder une confiance naïve et aveugle envers les êtres médiocres et ambitieux, qui se sont portés au faîte du pouvoir et s'en montrent chaque fois les indignes détenteurs.
La cessation de la confiance et la cessation de l'obéissance, tant redoutées par le pouvoir en place, sont ainsi les moyens de la cessation de la servitude et de la cessation de l'illusion et des multiples croyances aberrantes, dans lesquelles les êtres humains se sont délectés et ont été plongés depuis si longtemps.
Ce qui apparaît aujourd'hui comme un désastre peut donc également être vu ou lu comme un succès ou une réussite, prélude ou préalable, moyen et moteur du réveil, tant souhaité, tant attendu, de l'humanité et de sa reprise de souveraineté.
Le changement civilisationnel requis pour nous sortir de l'impasse actuelle, est donc de nature intérieure ou spirituelle : il s'agit ainsi pour l'être humain de réaliser et exercer son propre pouvoir et de décider, individuellement et collectivement, d'écouter et suivre le message de son cœur, le message de ses rêves, le message de son idéal, si longtemps enterré mais possiblement retrouvé, ressuscité et mis en œuvre.
Cet art de l'âme ou de l'esprit étant ce que j'appelle, pour ma part, « écologie intérieure ».

27 février 2023

Paris, la capitale qui capitule… sans capitole !

Marc Alpozzo


On l’appelait autrefois, cette capitale, la « Ville Lumières ». Combien d’écrivains et d’artistes venus de tous les pays, arrivèrent à Paris pour y trouver refuge ? Dès le XIXe siècle, Paris attirait les artistes, et de grands noms se mêlèrent aux Parisiens, tels Picasso, Chagall, Miller, Kerouac, Hemingway, Joséphine Baker, etc. Et en philosophie, il y eut Bergson qui, comme tous les enseignants de cette discipline, remonta de Province à Paris pour y finir par aller chercher son étoile jaune, alors qu’il était gravement malade et atteint d’un prix Nobel de littérature. Le jaune à Paris ? Hidalgo n’a pas apprécié les Gilets Jaunes et, le 19 mars, parlant de leur manifestation à Paris, elle déclara sur RTL : « Il faut sortir de ce cauchemar », comme si cette mairesse avait fait de Paris un rêve !

Cet article a été écrit à quatre mains avec Emmanuel Jaffelin, philosophe, essayiste, et auteur de Célébrations du bonheur, paru chez Michel Lafon (dont j'ai eu l'occasion de parler dans ces pages.) Cet article est paru dans le site du magazine Entreprendre. Le voici désormais en accès libre dans l'Ouvroir.

La stupidité du XXIème siècle
(5ème partie)

La liste serait trop longue à dérouler. On connaît aussi les sempiternels « non, ce n’était pas mieux avant ! ». S’il est certain que les gens qui nous rebattent les oreilles avec leur vieille leçon de morale ont raison, force est toutefois de constater, que ça n’est pas non plus très réjouissant maintenant. Sous Louis XIV, son ministre Jean-Baptiste Colbert, tenta par tous les moyens d’endiguer la criminalité qui gangrenait la ville. Il nomma alors Gilbert Nicolas de la Reynie lieutenant général de la police en 1667 ; et, cet ingénieux chef décida alors de mettre en lumière les coins les moins bien fréquentés. Ainsi, pour éviter que les voyous se cachent dans les ruelles sombres, il installa des lanternes et flambeaux sur la plupart des axes et demanda aux habitants d’éclairer leurs fenêtres à l’aide de bougies et lampes à huile. Lumières, lumières ! Quand tu nous éclaires, tu fais également des ombres ! Cette lumière tapa dans l’œil des visiteurs.

Et qu’offre Paris à un touriste en 2022 ? Quelle Lumière peut l’éclairer ? Il croise des Pickpockets (piqueurs dans les poches) dans les transports en commun, dans les musées, dans les rues; il constate les tentes quechua qui fleurissent un peu partout; il peut assister à des violences aux personnes; et constater des dégradations et des saletés (y compris dans les arrondissements les plus luxueux); et croiser des crackeurs (fumeurs de crack) ; et voir des nuisances ; et ne pas supporter des terrasses de café bruyantes la nuit ; voir des vélistes et trotinettistes qui roulent n’importe comment, et partout, notamment sur les trottoirs au mépris des piétons, etc.

Le Café de Flore, Boulevard Saint-Germain

Promenez-vous boulevard Saint Germain, vous n’y croiserez pas une seule figure connue[1]. Autrefois, on flânait le long des brasseries comme le Café de Flore ou Les Deux Magots, et on avait le plaisir d’y côtoyer des célébrités françaises et de se mêler à une clientèle de qualité. Aujourd’hui, Paris désertée par ses forces vives, c’est un tourisme EasyJet qui a remplacé ce qui faisait jadis le charme de la capitale, la femme chic et l’homme élégant. All is easy, even to shit on the Elysées!

La saccage de Paris n’est qu’à son commencement. On apprend que la maire veut faire abattre des arbres centenaires au pied de la Tour Eiffel ! Si Eiffel le savait, il se manifesterait ! La rue de Rivoli se trouve condamnée en tant que rue pour laisser place à une flopée de cyclistes qui roulent de manière erratique. Des magasins ferment, même dans les quartiers les plus chics. Et de nombreux monuments sont laissés à l’abandon, à l’instar de L’hôpital Joe Hill, une clinique pour enfants désaffectée, avenue Junot, dans le XVIIIe arrondissement de la Capitule !

L'Institut de France, 23 Quai de Conti

Lorsque nous avons connu autrefois (hier et avant-hier) la capitale, nous nous demandons donc, amers, si ce cauchemar s’achèvera un jour ? L’abandon pur et simple des rues, livrées à la saleté et aux sans-abris, la violence et les manifestations tous les samedis, polluant la vie des citadins et faisant naître un légitime sentiment d’insécurité; nous comprenons donc moins pourquoi et comment des touristes étrangers se risquent encore à venir à Paris ; en revanche, nous comprenons plus aisément les raisons pour lesquelles de nombreux parisiens décident de quitter cette ville pour aller vivre en banlieue,  en province, ou à l’étranger !

Le capitole est l’une des 7 collines de Rome. Paris est une capitale qui capitule sans colline capitole ! Et elle est une ville pitoyable[2] où l’on ne rit pas.


La colline du Capitole est aussi légendaire que sacrée puisqu’elle raconte l’Histoire de la fondation de
la Ville éternelle et fut le centre religieux de la Rome antique.
Ici, la colline du Capitole, avec le monument à Victor-Emmanuel II. (Photo DR)

Cet article est paru dans le site de la revue Entreprise sous le titre : Paris : le saccage n’en est qu’à son commencement !

[1] Sauf les deux auteurs de cet article qui s’entêtent à méditer à Saint-Germain-des-Prés

[2] Au cours des deux derniers siècles, Paris a fait l'objet d'appellations familières déconcertantes : Pantin, Pantruche, Pampeluche, chez les faubouriens et les mauvais garçons, puis Paname à l'orée du siècle dernier. Désormais, la « capitale qui capitule sans capitole »


« Le temps passé »

Gilles Casanova

Héritier et fondé de pouvoir d’une des premières multinationales du textile, c’est parce qu’il va aller voir ce qui se passe dans ses usines d’Angleterre, que Frédéric Engels deviendra le révolutionnaire mondialement célèbre, compagnon politique de Charles Marx.
C’est à Leipzig en 1845 qu’il publie les fruits de son observation sous le titre « La Situation de la classe ouvrière en Angleterre en 1844 ». Il y décrit l’horreur de la condition ouvrière dans l’Angleterre de la révolution industrielle et le prix humain que coûte l’accumulation du capital entre les mains des patrons, dont il est.
Ce capitalisme inhumain du XIXe siècle, aucune génération vivante aujourd’hui ne l’a connu ou ne l’a même approché.
J’avais du mal lorsque – jeune homme engagé – je lisais les œuvres de Marx et Engels et leur description sévère du capitalisme, à ne pas considérer qu’ils avaient imputé, au moins en partie, au capitalisme ce qui était un problème lié au faible développement scientifique et technique de l’époque, et que la seconde moitié du XXe siècle nous montrait un capitalisme, certes toujours aussi fondamentalement dangereux, certes toujours aussi fondamentalement injuste, mais beaucoup plus humain, finalement, et respectueux de quelques règles minimales de droit, à en regarder sa traduction dans les années 60 en France.
La France de l’époque, issue de la mise en œuvre, parfois cahotante, du programme du Conseil national de la Résistance – par la gauche, puis par la droite gaullienne, entre 1947 et 1969 –, est très loin de la description terrible que font les pères du communisme de la société du XIXe siècle.
L’éducation de base pour tous est une réalité, même si l’on en contestera à l’époque en partie le contenu. Chaque année, l’éventail des inégalités se resserre. Chaque année, le progrès scientifique et technique est partagé par la société et, même si les riches s’enrichissent, il s’enrichissent un petit peu moins vite que les pauvres n’accèdent à une situation meilleure. Et l’existence de nombreux services publics permet une qualité de vie à l’ensemble de la population, qui fait que l’on regarde avec effroi les gens qui dorment seuls dans les rues des grandes villes de l’Inde, convaincus qu’une chose pareille est impossible ici, les bidonvilles, souvent communautaires, des banlieues s’étant transformés au fil du temps en cités flambant neuves, avec salles de bain.
Ce n’est que lorsqu’une époque est terminée que l’on peut porter sur elle un regard un peu plus réaliste et que l’on peut essayer de comprendre ce que l’on a vécu.
Aujourd’hui, je reconsidère ce que je pensais de Marx et Engels, je pense qu’ils avaient raison d’imputer au capitalisme la situation affreuse des classes populaires du XIXe siècle, et que ce n’est pas essentiellement l’effet du progrès scientifique et technique qui a amélioré la condition des populations, notamment en Europe de l’Ouest au XXe siècle. C’est un tout autre processus, qu’ils avaient décrit sous le nom de lutte des classes.
L’élément majeur qui fait le XXe siècle, c’est son ouverture par la première Guerre mondiale, et le fait qu’elle débouche sur la victoire de la révolution d’Octobre et la constitution de l’URSS. C’est cela qui va changer le visage que présentera le capitalisme, c’est cela, bien plus que l’évolution des sciences des techniques.
D’ailleurs si nous observons, dans un premier temps, la réaction du capitalisme à cette révolution, nous voyons qu’elle se divise en deux tendances, en France par exemple, les capitalistes vont mener des politiques sociales, modestes certes, mais qui ont pour fonction d’éviter l’extension de la révolution, mais ils ne représentent pas la tendance principale.
Le capitalisme qui est en train de devenir totalement dominant, celui des États-Unis d’Amérique, a choisi une autre voie. C’est lui, bien plus que les grandes familles allemandes affaiblies par la première guerre mondiale et l’inflation galopante de la République de Weimar, qui va financer et construire à bout de bras le nazisme. On le sait maintenant par les travaux des historiens et l’ouverture des archives, Hitler est le fils des grands capitalistes américains, comme Ford ou General Motors, qui ont financé principalement son ascension, pour détruire l’URSS, cette société qui commettait le crime d’interdire l’appropriation privée des moyens de production.
Ce n’est qu’après l’échec monstrueux d’Hitler, que le capitalisme va se tourner massivement vers la politique inverse, celle de « l’État-providence », en Europe du moins. Il va en tirer la conclusion que, pour contenir la tentation communiste, de meilleures conditions de vie pour la population, associées à une large formation de la jeunesse – notamment à l’esprit critique pour pouvoir comprendre à quel point on vit mieux à Londres, Paris, Amsterdam, ou Rome qu’à Moscou – sont la solution la plus raisonnable et la moins coûteuse.
Pour la génération venue après la seconde guerre mondiale, il apparaissait que tout cela était le produit de la révolution des sciences et des techniques, et que la nature du capitalisme était de s’y adapter en s’organisant pour faire de l’argent par l’amélioration de la condition ouvrière et populaire, que la « société de consommation » était l’ambition ultime du capitalisme, que sa dynamique était de faire participer toujours plus l’ensemble de la population à cette consommation, et donc, dans cette intention, de partager les richesses créées, et qu’il avait renoncé à sa politique des heures sombres du XIXe siècle ou à celle qu’incarnaient les années 33 à 45 en Allemagne.
Cette erreur de perspective conduisit à ce que la chute du Mur de Berlin en 1989 apparaîtra à la plupart des observateurs, même ceux qui sont sincèrement critiques du capitalisme, comme la chute d’un régime totalitaire, et qu’elle ouvre la voie à une démocratie mondiale, par la fin de la Guerre froide et l’extension des régimes démocratiques, fondée sur un certain niveau de partage de la richesse dans une partie toujours plus grande de la planète. Ce n’était qu’une toute petite minorité – pessimiste – qui évoquait l’hypothèse que l’ennemi disparu, le capitalisme reviendrait à ses méthodes du XIXe siècle.
C’est pourtant ce que nous avons vu progressivement se reconstituer sous nos yeux. Des gens qui dorment seuls dans les rues, si l’on se promène dans les grandes artères parisiennes la nuit, on en voit des dizaines et des dizaines, et si l’on approche de la frontière avec la Banlieue, on en voit des centaines et des centaines, alors que Paris, ville la plus chère du monde avec Hong Kong et Singapour, perd chaque année des habitants modestes, chassés par la réalité du recul des conditions de vie des classes populaires.
L’instruction et l’esprit critique se sont effacés du système éducatif au bénéfice de la diffusion d’un bla-bla incitant les pauvres à rester eux-mêmes, à se complaire dans la loi du moindre effort, et à rêver de devenir célèbres parce qu’ils passeront à la télévision, voire millionnaires par l’astuce ou le Loto.
Chaque année voit reculer les services publics, et il faut beaucoup d’aveuglement pour ne pas voir que la façon dont a été traitée l’étrange crise sanitaire du Covid vise à ruiner durablement la Sécurité sociale, pour la remplacer par des systèmes privés, de même la disparition voulue des retraites par répartition, par les autorités actuelles, vise à leur remplacement par un système financier privé.
Si dans la période précédant la chute du Mur, la gauche semblait exister, avoir une substance et une proposition politique, c’est essentiellement parce que le capitalisme lui donnait du « grain à moudre », parce que c’était son intérêt et donc sa volonté politique.
Aujourd’hui que ce n’est plus sa politique, ceux qui l’incarnent ont changé. Les politiciens qui portent l’étiquette « gauche » ne font pas quelque chose de très différent de ce que font les politiciens qui portent l’étiquette « droite ». Certes leur discours est différent, ceux de gauche proposent aux pauvres de couleur de s’en prendre aux pauvres blancs, ils proposent aux pauvres femmes de s’en prendre aux pauvres hommes, et aux pauvres homosexuels de s’en prendre aux pauvres hétérosexuels, comme aux pauvres jeunes de s’en prendre aux pauvres baby-boomers. La droite proposant en miroir aux pauvres français de s’en prendre aux pauvres immigrés. Tout cela ne tirant guère à conséquence, puisque pour prévenir cette évolution, les pouvoirs ont été transférés à des instances non élues, siégeant notamment à Bruxelles pour ce qui nous concerne. La démocratie s’est affadie, affaiblie, et elle est en train de s’envoler sous nos yeux, l’étrange crise sanitaire ayant été un premier galop d’essai.
« C’était mieux avant », c’est bien sûr ce que peuvent se dire les gens de ma génération, à de nombreux égards, même si les technologies n’étaient pas aussi performantes que ce qu’elles sont aujourd’hui, la structure de la société – et l’espoir que cela pouvait engendrer dans les catégories populaires – était infiniment supérieure. Mais ce n’est pas parce que c’était « avant », c’est parce que la peur de l’ours soviétique c’est-à-dire la peur d’une société dans laquelle la propriété privée des moyens de production était interdite, engendrait cette « parenthèse enchantée ».
Nous voyons maintenant le capitalisme en face, nous le voyons tel qu’il est, n’ayant pas pour la démocratie un intérêt ou un goût particulier, à partir du moment où elle n’est plus pour lui une nécessité vitale. Le Crédit social est aujourd’hui, à ses yeux, supérieur à la République.
Cela laisse orphelins, isolés et sans véritable parti politique, ceux qui avaient le souhait de poursuivre l’œuvre de la gauche ou de poursuivre l’œuvre de la droite gaullienne. Car le programme du CNR c’est exactement ce avec quoi veulent en finir la nouvelle catégorie dominante du capitalisme, ces milliardaires et leur marionnettes comme Macron ou von der Leyen.
Cela explique la dureté des temps, et l’absence d’alternative politique qui domine notre société où la faiblesse de l’offre politique apparaît à première vue comme exceptionnelle, alors qu’elle est simplement logique…