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28 juin 2024

Catherine Gaillard

Eh toi, le happy few, le bienveillant à direction unique, viens vivre seulement un mois dans mon quartier, viens voir ce qu’il est devenu alors qu'il était si agréable à vivre, viens voir les trafics, la violence qui y règnent en maître depuis deux décennies maintenant (trois meurtres l’été dernier dont un en plein après-midi), les coups de feu la nuit sans que la police intervienne, viens voir mon hall d’immeuble, le local poussettes et vélos confisqués. Viens pendant un mois, tourner ta clef dans la serrure en regardant si un des types qui fait son trafic en bas ne t’a pas suivie dans l’escalier, et ensuite laisse-moi voir ton bulletin de vote. Les photos d’incendie sont prises de ma fenêtre. Mes seules consolations : mes filles devenues adultes, ont heureusement pu s’extraire du quartier du « vivre-ensemble ». Et "on" a obtenu une magnifique mosquée de 6 millions d'euros (bail emphytéotique avec la mairie) pendant que les services publics, dont l'hôpital, s'effondrent. Tu as bien lu : 6 millions de prêts pour la nouvelle mosquée. Je te laisse imaginer l’environnement du vendredi...










14 mai 2024

Conférence sur l'immigration à l'Université Populaire de la Roya

Jacques COTTA

11/5/2024 - Alors que le thème de l'immigration revient de façon récurrente dans l'actualité, alors qu'il est largement instrumentalisé de tous les côtés, il est utile d'en parler sérieusement en termes politiques pour comprendre et agir... C'est le but de cette conférence que j'ai faite à l'Université Populaire de la Roya ce 10 mai 2024.

⇒ https://www.youtube.com/watch?v=Q3--_Jud3ec

6 mai 2024

Comprendre le pacte européen sur l’asile et la migration

Maxime Tandonnet


26/4/2024 - Le pacte européen sur l’asile et la migration fait relativement peu parler de lui dans les médias et pourtant, il devrait compter pour l’avenir des Européens. Il vient d’être approuvé par le Parlement européen le 10 avril dernier. Auparavant, il avait été adopté par le Conseil des ministres européens le 20 décembre 2023. Constitué de neuf règlements européens et d’une directive, ce pacte, en négociation depuis des années, est censé apporter une réponse à la crise migratoire de 2015-2016 qui se prolonge. Il doit entrer en vigueur à partir de 2026.

Au bref, quel est son contenu ? Il prévoit un filtrage des migrants irréguliers (300 000 en 2023 selon Frontex) sur tous les points de leur entrée dans l’Union européenne (grands aéroports, frontières terrestres orientales, rives de la Méditerranée…). Des centres d’accueil fermés seraient installés à proximité des points d’entrée. Les migrants présentant une demande d’asile pour être autorisés à entrer en Europe feraient l’objet d’un tri. Ceux dont la demande d’asile a peu de chance d’être acceptée (taux d’acceptation du statut de réfugié concernant les nationaux de leur pays d’origine de moins de 20% dans l’UE) feraient l’objet d’un examen accéléré sur place de leur demande d’asile dans les 12 jours. En cas de rejet de leur demande, ils seraient renvoyés dans leur pays dans un délai de 12 jours. Cette règle ne serait pas applicables aux mineurs non accompagnés, autorisés à entrer dans l’Union européenne. Les autres demandeurs d’asile (plus de 20% de taux d’acceptation par pays d’origine), seraient autorisés à entrer dans l’Union européenne. Leur demande d’asile serait examinée dans le pays par lequel ils sont arrivés – principe maintenu du règlement Dublin III. Mais 30 000 d’entre eux feraient l’objet d’un transfert dans d’autres pays de l’Union pour l’examen de leur demande, selon une clé de partage liée à la population totale. Les pays refusant de les prendre en charge – conformément à la règle du pacte – seraient sanctionnés d’une amende de 20 000 € par demandeur d’asile. En période de crise ou d’afflux massif, les règles changent. Le taux de 20% d’acceptation pour mettre en œuvre la procédure accélérée peut être remonté à 50%. Le nombre de demandeurs d’asile répartis dans toute l’Europe peut excéder les 30 000. etc.

Mon avis ? une impressionnante construction bureaucratique, une sorte de Gosplan fondé non sur des produits industriels et agricoles mais sur des êtres humains qui n’a aucune chance de jamais fonctionner. Tout repose sur la possibilité de renvoyer massivement dans leur pays des demandeurs d’asile déboutés dans un bref délai. Absurde : quand ils ont détruit leurs documents d’identité et refusent de décliner leur identité, voire s’opposent physiquement à leur retour, on n’a jamais su les rapatrier, sauf exceptionnellement selon des procédures d’identification lourdes et aléatoires. L’enfermement dans des centres sur toute la zone frontalière et l’organisation pratique du tri soulève de gigantesques difficultés pratiques face à des centaines de milliers d’arrivés. Et puis la répartition impérative : c’est toujours le même raisonnement, on traite les gens comme des marchandises inertes sans tenir compte du fait que ce sont des personnes qui finiront toujours par se rendre où elles le désirent malgré toutes les escortes et les surveillances policières. Cette logique de la contrainte physique a toujours lamentablement échoué comme le savent tous ceux qui ont travaillé sur le sujet (Convention puis règlements Dublin I, II et III…). La seule issue possible et raisonnable à la crise migratoire est un traitement des demandes en amont, dans les pays d’origine ou de transit, et une répression sans faille des filières esclavagistes qui organisent les transferts par la Méditerranée, accompagnés d’un effort massif européen d’aide au développement. Mais il est tellement plus difficile de choisir et de décider, d’agir dans le concret, que de construire des usines à gaz à force de règlements et de directives !

12 avril 2024

LE PACTE DE TROP

Gabriel Nerciat

11/4/2024 - Ce pacte foireux, voté à la va-vite à la demande d'Ursula von der Leyen deux mois avant la percée des partis souverainistes annoncée pour les prochaines élections européennes, est, depuis la création de l'euro, la pire et la plus scélérate escroquerie qu'ait jamais produite ce pouvoir abusif et parodiquement impérial de l'UE.
Vendu aux opinions comme un gage de fermeté, il ne changera rigoureusement rien à l'incapacité (volontaire) des autorités de Bruxelles de protéger le continent des flux d'invasion migratoire venus d'Afrique ou d'Asie centrale, ne serait-ce que parce que les prétendus réfugiés, une fois "filtrés" et acceptés légalement en Europe avant d'être répartis autoritairement entre les Etats membres, pourront se déplacer où ils le veulent, tandis que les autres (non-filtrés) continueront à se jouer comme aujourd'hui des frontières-passoires de Schengen.
Mais surtout, il permet, sans modifier le traité de Lisbonne ni passer par un nouveau traité soumis à consultations référendaires, de transférer définitivement à la Commission de Bruxelles la souveraineté territoriale de chacune des nations de moins en moins souveraines membres de ce club de fous.
Exactement comme la guerre en Ukraine et la désignation de la Russie comme ennemi prioritaire de l'Europe sert déjà de levier à Macron et aux dirigeants de l'UE pour imposer aux opinions nationales la marche forcée vers une armée européenne de plus en plus intégrée aux ordres de l'OTAN.
Le plus scandaleux dans cette affaire est la trahison de cette souillon de Giorgia Meloni (et de ses alliés français zemmouriens, qui ont voté à Strasbourg en faveur d'une partie ou de la totalité du texte), qui avait été élue précisément pour empêcher l'adoption de ce pacte.
Si c'est ça, l'union des droites, en effet qu'ils se la carrent là où on pense.
De ce désastre, toutefois, émerge une certitude : si les nationaux-populistes arrivent au pouvoir, il ne faudra pas seulement qu'ils dénoncent ce texte ; ils devront refuser de l'appliquer sans verser un centime d'euro à l'UE (qui pourra légalement leur imposer vingt mille euros d'amende par migrant refoulé).
C'est parce que les gnomes de Bruxelles et leurs complices ne savent pas "jusqu'où ils peuvent aller trop loin" qu'ils finiront un jour par chuter.

16 janvier 2024

Catherine Gaillard

Ah, ça fait peur, on aimerait enfouir ça parce qu'on a l'impression que ça ne nous concerne pas directement, c'est eh bien c'est un leurre, nous devons TOUS absolument regarder la vérité en face ; vous l'avez peut-être compris, je vis dans une cité HLM qui est en train de devenir depuis une grosse dizaine d'années un tiers-monde, j'ai déjà partagé à plusieurs reprises des photos : poubelles, voitures, arbres brûlés, chips, emballages gras, macdo, bouteilles, canettes au sol, alors qu'il y a des poubelles tous les 10 m, bagnoles et quads traversant à toute pompe l'ère de jeux des enfants, motos et voitures volées à demi cramées dans les coins pour masquer les immatriculations, j'ai raconté les trafics de drogues (trois meurtres, pardon, ASSASSINATS, l'été dernier, deux par balles, un par couteau), les choufs postés dès la sortie du métro depuis... des années (ils ont juste remisé les banquettes et les fauteuils, un peu trop ostentatoires) !!!
Et je vous ai raconté toutes les "anecdotes" révélatrices ; mais je ne raconte pas tout, sinon mon mur FB ne servirait plus qu'à ça. Dernier exemple : avant-hier, promenant mon chien de poche - chihuahua - je croise un homme encapuchonné qui marchait lentement en psalmodiant. Il ramasse un bâton et me dit de m'éloigner "car il est propre, il fait ses 5 prières". Comme je réponds que moi aussi je suis propre, il me dit que "non, parce que si je regardais dans ta culotte il y a des virgules" (voyez les obsessions). Il continue en évoquant "la loi française qui oblige à tenir son chien en laisse". Comme je lui conseille, puisque je suis selon lui contrevenante, d'appeler la police, il finit par me menacer : "non j'appelle pas la police, j'appelle quelqu'un qui va venir te casser la gueule" (il imagine donc que la loi française l'autorise à proférer des menaces de violences sur la voie publique). Bon, ma fille m'a appelée à ce moment précis et j'ai mis fin à "l'échange".
Alors bien sûr, un de mes enfants n'a pas reçu une décharge de kalach en plein visage pendant qu'il était dans sa chambre, personne chez moi n'a été tué par une balle perdue alors qu'il était dans son lit en plein sommeil, mais ce n'est dû qu'au bon vouloir de la Providence... Hier, un homme d'origine africaine assis sur un banc, les yeux dans le vague, avec son portable à fond, une bouteille de rosé à demi vidée près de lui... penser à ne pas passer par là au retour. Vous voyez l'ambiance ? Tous les logements sociaux, toutes les cités populaires, seront-ils bientôt complètement uniquement investis par ce genre de population ? À simple vue d'œil ça en prend la tournure.

27 décembre 2023

L’immigration

Gilles Casanova

L’un des grands moyens par lesquels le système médiatique organise le mensonge et la propagande à grande échelle, consiste à ne nous montrer qu’une petite part de l’objet dont ils parlent, et à nous proposer d’y réagir émotionnellement, plutôt que de nous présenter rationnellement l’ensemble du phénomène.
Ainsi le débat n’est guère possible : il y a les gentils et les salauds, il y a ceux qui ne comprennent rien et ceux qui ont compris avec le cœur, et en matière d’émotion c’est celui qui fait la plus grosse pression qui l’emporte. Nous pouvons être certains qu’avec les moyens dont ils disposent – 94% des médias –, les milliardaires, unis ou séparés, vont imposer leur loi, leur foi, leur vérité, et le peuple sera une fois de plus escroqué moralement.
Un des sujets dont on parle le plus en ce moment, est tout à fait emblématique de ce processus, l’immigration.
Vous avez les gentils qui crient « Welcome réfugiés » et proposent de donner l’asile à tous ces « combattants de la liberté » qui sont à 92% des hommes, avec un âge moyen de 27 ans, et qui ont eu le courage de laisser les femmes et les enfants sur place face à l’adversité… et vous avez les méchants qui voudraient renvoyer dans leur pays tous ces malheureux qui ont failli mourir plusieurs fois, ont été esclaves, vendus, torturés, pour arriver jusqu’à nous, même si leur pays d’origine n’est pas en guerre, même si ce n’est pas une dictature…
Alors essayons de déconstruire un certain nombre des représentations qui dominent dans le Spectacle émotionnel sur ce sujet, de part et d’autre de ce débat passionnel en trompe-l’œil dont ne peuvent sortir ni clarté, ni vérité, ni solution.
Tout commence par le départ, pourquoi et comment partent-t-ils ?
Nous avons les vrais combattants de la liberté comme Julien Assange ou Edward Snowden, ils ne sont pas très nombreux, mais eux, personne n’a envie de leur donner asile, ni les amis de Bill Gates, ni ceux de George Soros, qui pourtant disent et donnent tant pour les migrants et les ONG qui les acheminent jusqu’ici, comme c’est surprenant…
Nous avons, bien sûr, les vrais réfugiés. Comme lors de la remise du pouvoir aux talibans par les États-Unis d’Amérique, nous avons vu partir, avec toute leur famille, les intellectuels, les artistes et la partie des classes supérieures du pays qui avait fait allégeance ou mis son espoir dans l’occupation occidentale. Cela ne fait pas des millions de gens. Ils sont arrivés, ils ont été accueillis, et leur présence ne posera pas de problème particulier.
Le phénomène principal ce sont les passeurs, ce sont eux qui vont chercher dans les villes et les villages ceux à qui ils vont vendre l’Europe comme un produit de luxe et de rêve, pour lequel ils vont demander aux familles les sacrifices financiers nécessaires, pour assurer l’avenir d’un membre de la famille qui en retour, une fois arrivé dans l’eldorado, financera toute la famille.
Ces passeurs, ils ont d’abord – pour vendre cher leur produit – un dispositif de conviction qui est constitué par une série de règles « morales » que l’Europe s’impose à elle-même, et que, en son sein, la France redouble de ses lois.
En ces temps de crise sanitaire, il y a quelques bons produits. « L'aide médicale de l'État (AME) est un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins » déclare le site Internet du service public. Vous imaginez à quel point cela peut être "vendeur" dans des pays où n’existe aucune sécurité sociale… Si vous y ajoutez que la France – quasiment seule au monde – considère généreusement qu’elle va vous donner un titre de séjour si vous êtes malades d’une maladie que l’on ne peut pas soigner dans votre pays, ou bien dont les traitements sont trop chers pour vous dans votre pays, comme les États-Unis d’Amérique par exemple… vous avez là dans la musette du passeur de quoi rassurer.
Regardons ensuite l’aspect financier : dès qu’ils mettront le pied sur le territoire français ils pourront solliciter l’asile et obtiendront automatiquement l’allocation pour demandeur d'asile (ADA) qui représente plus que le salaire moyen dans un certain nombre de pays de départ (200 à 400 € par personne et par mois), les réseaux de passeurs leur fourniront en outre du travail au noir, et s’ils obtiennent l’asile ou une simple "protection subsidiaire", ils auront accès aux prestations familiales en faisant venir légalement femme et enfants, et ils auront aussi accès au RSA, qui correspond dans leur pays a un très bon salaire. En envoyant la moitié dans leur pays d’origine, ils feront vivre toute leur famille élargie, plaide le passeur.
Les passeurs ajouteront que s’il reste clandestin et n’obtient que des refus pendant un certain temps, de manière automatique, les lois françaises, par exemple, finiront par lui donner des papiers : à l’ancienneté…
Devant un tel tableau, dans un pays où ne règne ni la prospérité ni la démocratie, lorsque vous êtes jeune et dynamique et que vous n’êtes pas parmi les plus pauvres, puisque vous pouvez payer des passeurs, la tentation est grande.
Que nous dit l’Organisation des Nations unies sur ces passeurs ? Elle a fait une longue études sur plusieurs années, et il apparaît que 80% sont membres, ou très proches de l’administration des États de départ ou de leurs forces de sécurité !
Outre l’aspect extrêmement rentable et beaucoup moins dangereux que le trafic de drogue que représente cette industrie criminelle qui brasse des centaines de milliards de dollars par an, il y a le fait – pour les pouvoirs corrompus qui dominent la majorité des États de la planète – que l’on va faire partir ceux qui pourraient structurer une opposition, une résistance, fomenter on ne sait quelle tentative de mettre sur pied une démocratie.
Vous avez donc maintenant l’explication, le pourquoi ce sont des hommes, le pourquoi ils ont moins de 30 ans…
Jusque-là l’histoire est gentillette. Pour que ce soit rentable pour les passeurs, il ne faut pas organiser le voyage pour tous. Si cela se passe en Afrique on va faire le détour par la Libye, où après avoir touché l’argent de la famille au départ, on va vendre le migrant aux trafiquants d’esclaves et l’abandonner en route tout simplement. Double bénéfice !
Pour le candidat à la migration commence alors un enfer, vendu comme esclave il va connaître les pires traitements imaginables. C’est alors que – s’il survit, ce qui n’est pas toujours le cas – Il va avoir "la chance" de rencontrer d’autres passeurs, qui ne sont pas très différents des premiers et vont lui proposer d’aller demander à sa famille un supplément d’argent pour le racheter au marchand d’esclaves et l’acheminer jusqu’au paradis, en Europe.
Si la famille paye, on le sortira de l’esclavage, pour le mettre sur une coquille de noix que l’on jettera sur la Méditerranée avec un espoir assez faible de survie, et la promesse de rallier les côtes italiennes.
À quelques centaines de mètres, ou à quelques kilomètres de la côte libyenne, les passeurs abandonnent les migrants sur de frêles esquifs qui n’ont que peu de chances d’atteindre les côtes italiennes avec tous leurs passagers en vie.
C’est là qu’intervient le joker des passeurs.
Devant les côtes libyennes passe la route la plus directe et donc la moins coûteuse pour les milliers de porte-conteneurs et autres pétroliers qui relient l’Asie à l’Europe, en passant par le canal de Suez. Les règles maritimes font obligation à ces énormes bâtiments de s’arrêter ou de se dérouter pour sauver des personnes en danger de mort dans les eaux qu’ils traversent.
Leurs armateurs, pour des raisons financières évidentes, vont financer massivement des organisations non-gouvernementales (ONG) qui se sont généreusement fixé comme perspective de sauver d’une mort certaine les migrants que l’Europe, mère blafarde, contraint à traverser ainsi la Méditerranée, alors qu’elle pourrait tout simplement leur ouvrir ses portes et ses frontières puisque finalement toute notre richesse c’est à eux ou à leurs ancêtres racisés et colonisés que nous l’avons volée…
Les passeurs ont le téléphone des ONG, qui ont le téléphone des passeurs et ainsi sauvent des vies qu’ils ramènent, parfois sous le feu des caméras dans les ports du sud de l’Europe, toute l’année.
Une fois arrivé en Grèce ou en Italie, ce n’est pas là que va se trouver l’eldorado, mais en France, en Allemagne ou en Grande-Bretagne, il va donc falloir au migrant faire encore beaucoup de route dans des conditions difficiles et rencontrer d’autres passeurs qui lui feront traverser les Alpes, la Manche… là encore au péril de sa vie, et pour beaucoup d’argent.
Une fois arrivé à Paris, où à peu près la moitié des inscriptions pour demande d’asile françaises se font, le jeune migrant, survivant, après avoir été recru de tant d’épreuves, de tant de malheurs, de tant d’humiliations, va être prêt à accepter, dans n’importe quelles conditions, n’importe quel travail, dans le but d’envoyer un peu d’argent à sa famille pour montrer qu' "il a réussi".
Car, au fond, c’est le plus important, plus que de trouver un confort personnel, montrer à sa famille qu’elle n’a pas fait tous ces sacrifices pour rien, et c’est pourquoi, malgré tous les efforts des autorités, on note que probablement la moitié de l’argent donné à ces migrants pour survivre, est envoyé au pays.
Ensuite tous les trafics, de main-d’œuvre clandestine, de logement indigne, de travail comme coursier chez Uber où il faudra partager la moitié de l’argent gagné avec celui qui disposant de papiers vous cédera son identité pour travailler, tout cela va pleinement pouvoir s’épanouir.
Dans le même temps, des associations, largement financées par l’État pour leur travail "humanitaire" vont apprendre à ces jeunes hommes le discours qu’il faut tenir pour apparaître un "réfugié" crédible, il y a toute une série de scénarios très bien construits qui sont proposés à ces jeunes hommes pour les tenir aux personnes de l’Ofpra qui vont décider de l’attribution ou non de l’asile. Il n’auront à ajouter à ces récits que la réalité de l’enfer sur terre qu’ils ont effectivement vécu sur la route…
Ils vont aussi les instrumenter pour faire des manifestations de rue en leur faisant croire qu’ils vont perdre leur logement s’ils ne quittent pas immédiatement l’hôtel dans lequel ils sont logés, pour aller s’asseoir sous une tente sur la place de l’Hôtel-de-Ville… Ou dans une autre manifestation de ce genre.
Puis cette masse de migrants sera jetée contre le mouvement ouvrier et syndical pour en briser la puissance, la force, les traditions et les conquêtes, par sa capacité à tout accepter – après ce qu’ils ont vécu – et permettre donc aux grands employeurs – par le biais de sous-traitants – de faire baisser massivement le prix de la force de travail.
Vous voyez comment à chaque étape on peut faire pleurer Margot sur des malheurs bien réels que connaissent les malheureuses et les malheureux qui se sont laissés entraîner dans cet engrenage.
Vous voyez aussi comment on peut leur donner aussi une image de voleurs et de profiteurs absolus, si l’on veut regarder les choses de l’autre côté en leur imputant, à eux, la responsabilité de ce contre quoi ils ne peuvent plus grand-chose, une fois ici…
Victimes absolues ou privilégiés cyniques, Aucune de ces deux lectures émotionnelles ne permet de sortir de cette impasse. Ce sont pourtant les deux seules lectures qui sont offertes, alternativement, par le système médiatique.
Mais tout ce processus est organisé, pensé, et il profite à chaque étage à des acteurs, milliardaires simples petit-bourgeois, ou hommes de main du lumpenprolétariat, qui vont essayer d’en donner une image dans laquelle ils auront le beau rôle dans la société du Spectacle, que ce soit pour favoriser ou pour condamner. Ceux qui paient pour cela – bien plus nombreux –, ils se trouvent parmi les malheureux qui arrivent, comme parmi les catégories populaires ici, qui sont les premières victimes de tout ce dispositif.
Et vous voyez donc comment en utilisant l’émotion et non la raison, on peut égarer aisément le téléspectateur, le lecteur, l’auditeur…

22 décembre 2023

Tiephaine Soter

Mail reçu cet après midi. On apprend que les étrangers occupent 40% des places en doctorat, cycle de formation et de recherche en tension en raison de la nécessité du suivi par un professeur encadrant disposant des bonnes habilitations.
Quand c'est une cotutelle financée par le pays d'origine, admettons que ça participe de l'aide au développement. Quand ces étudiants prennent la place d'un étudiant français, et prennent en plus un contrat doctoral qui aurait dû revenir à un Français, ce qui arrive très fréquemment pour des considérations idéologiques, eh bien il est normal qu'il y ait mécontentement et recadrage. L'argent du contribuable français n'est pas là pour financer les diplômes d'étudiants étrangers, de quelque origine que ce soit, mais pour aider et financer les études et les recherches des enfants desdits contribuables. Sinon, c'est de l'extorsion pure et simple. C'est d'autant plus scandaleux et révoltant que de jeunes Français ne peuvent pas s'inscrire en université, tous les ans, "faute de place".
L'aide à l'étranger doit être l'exception, pas la règle, même si ça n'empêche pas de passer des accords particuliers bilatéraux limités et temporaires avec d'autres pays.

Loi immigration, les petites contradictions du monde politique

Maxime Tandonnet


22/12/2023 - Le RN est au cœur de la contradiction. Sa cheffe traite constamment le macronisme en mal absolu : « La cause de tous nos maux tient en un nom : Macron ». Pourtant, ce parti avait l’occasion de lui porter un coup sinon fatal, du moins extrêmement dommageable en votant contre la loi immigration. Or, ses 80 députés, qui pouvaient faire tomber le gouvernement en votant contre, l’ont délibérément sauvé en votant avec la majorité présidentielle à l’unanimité. C’est illogique : quand on a l’occasion de frapper un pouvoir qualifié ainsi de « cause de tous les maux » [ce qui est faux car l’essentiel de nos maux a une source évidemment plus ancienne], on le frappe. Or, le RN a contribué à sauver le pouvoir en place d’une humiliation. Allié de circonstance : dire le contraire est mensonger.

La droite LR quant à elle triomphe après le vote de la loi. Cette satisfaction est paradoxale. Le même parti proclame à quelques heures d’intervalle : « Sans révision de notre Constitution, les verrous juridiques qui nous réduisent aujourd’hui à l’impuissance demeureront et continueront de condamner à l’inefficacité toute politique migratoire de fermeté ». Mais ensuite, l’un de ses principaux leaders du moment, l’un des auteurs de cette proclamation, nous explique bien au contraire : « Ce n’est pas de la demi-mesure. Pour la première fois depuis 40 ans, c’est le vote d’un texte ferme qui l’a emporté. » Un minimum de cohérence et de sincérité ne fait jamais de mal. Mais cette fois-ci, (contrairement au soutien d’une majorité de la droite LR à l’Absurdistan sanitaire en 2020 et à la réforme des retraites en 2023), je n’ai pas trouvé un seul responsable de cette formation pour tenir un discours de vérité (à l’exception notable d’Henri Guaino).

Le pompon revient quand même aux dirigeants actuels. A propos de cette loi, le chef de l’Etat, dithyrambique, dit qu’elle est « Le bouclier qui nous manquait ». Mais il ajoute « qu’il y a des dispositions qui ne sont pas conformes à la Constitution » et l’un de ses amis précise : « manifestement, clairement contraires à la Constitution ». Par définition, la Constitution est un bouclier protecteur des droits et des libertés. Il est paradoxal d’encenser, en la qualifiant de « bouclier qui nous manquait » une loi présumée inconstitutionnelle même partiellement – au point qu’on se charge de la déférer au CC. De même, il y a quelque chose d’étrange à affirmer que ce vote « est une défaite pour le RN » alors que le RN a voté en sa faveur à l’unanimité de ses députés – sur une réforme qui est à l’évidence dans l’esprit de ses revendications de toujours, relatives aux prestations sociales des étrangers même en situation régulière.

De fait, « un bloc de droite » s’est formé pour voter cette loi avec le RN, LR, Renaissance. On a beau s’en offusquer et le démentir, c’est la réalité. La jubilation de ses trois composantes est en trompe-l’œil pour le pays. Ceux qui connaissent un sujet particulièrement opaque savent que cette loi, concrètement, factuellement, ou ce qu’il en restera après le tamis constitutionnel, ne règlera rien, rigoureusement rien : frontière, respect du droit sur l’immigration illégale, lutte contre les filières esclavagistes en Méditerranée, maîtrise de l’asile, etc. Rien. Cette loi en revanche contient quelques dispositions (visant les étrangers en situation régulière) de nature à déclencher un tollé à gauche – un tollé attendu et bienvenu pour tout le monde, car indispensable gage de crédibilité pour les promoteurs de cette loi.

Le plus gênant, c’est l’unanimisme de la classe politique représentée au parlement (hors gauche) pour triompher sur un tel paradoxe. Pas une voix – pas une seule – pour dire la vérité. Sans doute savent-ils très bien, tous, ce qu’il en est en réalité. Mais voilà, ils font semblant d’y croire. Et le peuple surtout si l’on en croit les sondages, est la dupe de l’opération. « Ah les c., s’ils savaient » disait Daladier. A terme, quand la belle duperie sera démasquée – car elle le sera – elle ne peut pas avoir d’autre effet que de creuser la fracture démocratique, entre le monde politique et la nation.

14 novembre 2023

Jonathan Sturel

Message pour les adversaires politiques ou non, de gauche ou de droite :

Hier vous avez vu les présidents des Assemblées, les ministres, des anciens présidents de la République et des anciens Premiers ministres, des grands personnages du système derrière une bannière pleine de slogans. Vous pensez peut-être que ces images sont réconfortantes et vous pensez qu'après ce défilé votre sécurité, pour laquelle vous craignez, sera mieux assurée.
Erreur. Pour deux raisons :

1. Les personnes qui tenaient ces banderoles sont les mêmes qui ont importé en France les gens que vous avez peur de croiser dans les rues aujourd'hui. Nous comprenons votre peur : nous autres, non Juifs, nous faisons aussi le nécessaire pour éviter de les croiser.
Les gens qui tenaient ces banderoles ont planté les arbres d'où tombent aujourd'hui les fruits pourris qui nous empoisonnent. Pour autant : ils nient avoir fait cela et vont même jusqu'à continuer de penser et de dire que la France est et doit rester une terre d'asile, de tolérance et de vivre-ensemble. Leurs fruits sont pourris mais ils veulent quand même nous les faire manger, et à vous aussi.

2. Ce matin de lundi lendemain de marche contre l'antisémitisme, vous allez, comme nous, prendre le métro, les transports, votre voiture, pour vous rendre au travail et vous verrez, partout autour de vous, les mêmes visages des mêmes gens que vous préférez éviter de croiser. Ils sont toujours là, ils n'ont pas disparu dans la nuit malgré la marche de la veille.
Savez-vous pourquoi ? Parce que ceux qui ont le pouvoir de les renvoyer d'où ils viennent sont les mêmes qui ont organisé leurs arrivées ici. Ce sont les mêmes : les gouvernements de ces dernières décennies, hier représentés par Hollande, Sarkozy, Valls, Fabius, Castex, tous présents à vos côtés pour vous dire combien ils compatissent à votre malheur et comprennent vos inquiétudes.
Et croyez-vous que ces gens vont se dédire ? Qu'ils vont admettre avoir planté les arbres d'où tombent aujourd'hui des fruits pourris et empoisonnés ? Non. Bien sûr que non, ils ne se dédiront pas et les gouvernements actuels, représentés hier par les ministres actuels, n'ont pas non plus l'intention de renoncer avec l'idéologie immigrationniste, avec le mondialisme, avec l'anti-France, avec l'antiracisme importateur officiel du Tiers-monde en France.
Les gens qui marchaient avec vous hier ne sont pas plus vos avocats qu'ils sont les nôtres : ils sont, pour vous comme pour nous, des croque-morts qui ne vous tiennent la main que pour vous conduire jusqu'à la fosse.
Ils ont organisé cette marche pour vous faire croire que votre drame touche à sa fin. C'est faux : votre drame, comme le nôtre, ne fait que commencer. À moins d'un sursaut... ou d'un miracle ! C'est encore possible mais le temps presse. 14/11/2023

13 novembre 2023

Véronique Faucheux

(...) Je reste résolument favorable à un contrôle plus strict de l'immigration. Je considère en effet qu'un pays doit préserver son identité culturelle en gardant une population relativement homogène.
En 2014, je suis retournée à Londres. Cela faisait bien 15 ans que je n'y étais pas allée. Je n'ai plus reconnu Londres tellement il y avait de résidents étrangers. Il était loin le temps où je croisais encore quelques vieux messieurs distingués arborant fièrement leur chapeau melon en s'appuyant sur leur canne.
J'en ai éprouvé un sentiment de nostalgie. J'ai pensé : Londres n'appartient plus aux Anglais.
Une culture, c'est l'héritage de nos ancêtres. C'est important de la préserver. Le melting pot à la sauce ketchup peut paraître exotique à certains mais je n'y vois qu'un immense gâchis. Et loin de moi d'être traversée par des sentiments racistes et xénophobes en disant cela. 13/11/2023

11 octobre 2023

Pierre Brochand
Ancien DG de la DGSE

[...] Si je refuse de perdre espoir, je ne me nourris pas non plus d’illusions excessives quant à la possibilité d’une reprise en mains “politique” des courants d’immigration. Quand on constate que le programme de l’actuel chef de l’Etat, candidat à sa réélection, continue d’ignorer superbement le sujet, on se prend à réfléchir sur ce que l’Histoire peut comporter d’inéluctable et d’irréversible, même si, ce faisant, elle nous conduit droit vers les plus grands des malheurs.
Pour conclure, tout en essayant d’éviter la paranoïa, j’avoue sans ambages être obsédé par la menace que l’immigration, telle que nous la connaissons, fait peser sur l’avenir de notre pays. Si rien n’est décidé pour la réduire à sa plus simple expression, toutes mes expériences accumulées me font prévoir un futur sombre, et même très sombre, pour nos enfants et petits-enfants. Au mieux, s’achemineront-ils vers un effondrement insoupçonné de leur qualité de vie (l’implosion) ; au pire, c’est vers de terribles affrontements que nous les dirigeons (l’explosion). Le plus probable étant une combinaison des deux, dans une confusion croissante.

1 octobre 2023

Marc Amblard

Véronique Faucheux

C'est ça qu'ils appellent l'immigration sélective ? Garder les cassos et les criminels et renvoyer les migrants exemplaires chez eux ?
Arrivée du Sri Lanka il y a 4 ans, Shenaya, 18 ans, a appris le français et intégré une filière scientifique au lycée Magendie de Bordeaux. La jeune fille, qui rêve de devenir vétérinaire, a reçu début septembre une OQTF, une obligation de quitter le territoire français.
En 4 ans, Shenaya s'est fait de nombreux amis et a même obtenu la note de 15/20 à l'oral du bac de français. "Je suis tellement triste et en colère ! J'ai bien travaillé, j'ai appris la langue, je fais tout pour réussir ma vie ici" déplore la jeune femme.
Le courrier de la préfecture qui lui reproche "de ne pas s'être assez intégrée" lui ordonne de quitter le territoire sous 30 jours. Le sort de la lycéenne a ému : élèves, entourages, professeurs, mais aussi les organisations comme le Poing Levé et la Fidl, qui appellent à se mobiliser.
#JusticePourShenaya (via France3) 1/10/2023

23 septembre 2023

AVEC LE PAPE, DE MACRON À MÉLENCHON, ILS S'Y METTENT TOUS !

Jacques Cotta

Avec la venue du pape à Marseille, c’est un consensus général sur la question migratoire qui, au nom des bons sentiments, aboutit à plus d’immigration, qui se dessine à gros traits.
La bataille idéologique bat en effet son plein et tout le monde s’y met.
⇨ Le pape déplore « que la Méditerranée soit devenue le tombeau de la dignité », prend un petit déjeuner dans les quartiers nord avec des migrants, et s’entretient avec Macron qui dans les faits le reçoit contre toute règle de la laïcité en tant que chef de l’Église pour entendre la bonne parole.
⇨ Mélenchon s’en mêle, organisant un rassemblement laïc de solidarité avec les migrants, en parallèle des déclarations du pape.
⇨ Derrière tout cela, à la veille de la loi que Macron et Darmanin veulent faire passer sur l’immigration, c’est une immigration élargie qui se prépare, notamment pour occuper des emplois dont les salaires seront tirés vers le bas.
C’est le patronat qui peut se frotter les mains car il paiera moins, les passeurs qui profitent de la marchandise humaine pour encaisser, la mafia qui participe au trafic de migrants pour s’en mettre plein les poches…
Les vraies victimes sont :
⇨ Les migrants eux-mêmes victimes de l’illusion que tout ce beau monde leur fait miroiter et qui parfois terminent leur périple au fond de la Méditerranée.
⇨ Les travailleurs ici sur le territoire national car les patrons se serviront des migrants comme d’une masse de pression contre les salaires et acquis sociaux.
⇨ Le système social dans son ensemble dont le démantèlement est déjà en cours et que Macron et les siens vont tenter d’achever, notamment par la présence de migrants en masse.
Pas étonnant si demain les scores du RN grimpent encore et si les autres s’effondrent… Il n’y aura que les benêts ou autres bobos de gauche comme de droite pour s’en étonner… 23/9/2023

22 septembre 2023

Lampedusa, immigration

Maxime Tandonnet


17/9/2023 - La tragédie de Lampedusa devrait nous inspirer deux types de réflexion. D’une part, l’immigration africaine en Europe est inévitable. Le solde naturel de la population européenne est en chute libre. L’Europe se dépeuple parce que les Européens ont moins d’enfants avec un taux de fécondité de moins de 1,5 enfants par femme alors qu’il en faudrait deux pour un maintien du niveau de la démographie. Outre le retour à des politiques familiales et d’encouragement à l’enfance, l’apport de l’extérieur est crucial pour la survie du « vieux continent » qui n’a jamais mieux mérité son nom. Mais cela doit se faire de manière volontaire, régulée et organisée, sur la base des capacités d’accueil sur le plan du travail, du logement, des écoles. Il faut des passerelles pour permettre l’installation en toute régularité de populations venues de l’extérieur et la mobilité dans le cadre d’accords internationaux. En revanche, le drame de Lampedusa et celui, plus général de l’immigration illégale est d’une autre nature. Il signe la capitulation de l’Europe et et de ses États face au coup de force des passeurs esclavagistes. Il est la marque de la faiblesse, du renoncement, de la lâcheté européenne face à l’un des crimes les plus monstrueux de notre époque. Il montre une Europe paralysée par la mauvaise conscience, incapable de fermeté qui cède devant une forme de terreur et de chantage, une bataille que lui livrent les pirates du XXIe siècle. Cette faiblesse est à la source de la désintégration européenne, elle explique en partie le Brexit, la révolte de la Pologne et de la Hongrie, les tensions de l’Allemagne et la France avec l’Italie. Bien sûr qu’il ne faut jamais céder devant la menace et la force. À la fin du siècle, la population de l’Afrique doit quadrupler pour atteindre 4 milliards et devenir la région du monde la plus peuplée. Tel est le plus grand enjeu du XXIe siècle. Si l’Europe ne parvient pas simultanément à donner un signal de fermeté et de maîtrise des flux, en fonction de ses capacités d’accueil, il ne fait plus aucun doute qu’elle sera broyée.

3 septembre 2023

IMMIGRATION ET UTILITARISME LIBÉRAL

Gabriel Nerciat

Une fois de plus, les libéraux cosmopolites, bras armés de la propagande progressiste et atlantiste en France et en Europe, repartent à l'attaque avec toujours le même argument : démographique et économique (laissant à la gauche et à l'extrême-gauche, par une bonne division du travail, l'argument humanitaire et moral).
La rhétorique est simple, bien rodée : les Français sont vieux et de moins en moins prolifiques, ou alors jeunes mais très fainéants ; sans l'apport de l'immigration arabo-africaine, l'économie française, en manque de bras et de nouveaux cerveaux, est condamnée à dépérir et à mourir.
Que vaut le risque d'un ou deux, voire même de deux cents ou trois cents Mohamed Merah, en échange des millions de vaillants travailleurs allogènes que le Maghreb, l'Afrique occidentale ou l'Afghanistan sont prêts à nous fournir pour le demi-siècle qui vient...
Cet argument utilitariste et économiciste, je ne l'ai pas entendu une ou deux fois dans ma vie, mais des dizaines de fois.
Je me souviens notamment de ce cadre dirigeant d'une des plus célèbres et importantes entreprises multinationales françaises, qui lors d'une conférence devant des étudiants parisiens à laquelle je participais, il y a déjà sept ou huit ans, leur a asséné : "Non seulement les migrants qui viennent d'Afrique feront les enfants que vous ne ferez pas, mais en risquant leur vie pour venir s'installer en Europe, ils doivent devenir des exemples pour vous qui n'avez eu qu'à naître ici. Si vous n'en voulez pas dans ce pays auprès de vous, alors c'est nous qui ne voudrons plus de vous."
Dans le public, personne n'a osé broncher, et des désirs de meurtre m'ont traversé le cerveau.
A chaque fois que je suis confronté à ce laïus, je me contente comme alors de faire remarquer que si le déclin démographique d'une nation est certes préoccupant à plus d'un titre, il a en revanche une vertu : il rend plus précieuse la valeur du travail d'un jeune autochtone dans un pays en manque de main d'oeuvre salariale.
Quand j'ai avancé l'idée, j'ai vu quelques discrets sourires s'esquisser devant moi - et je crois bien que la pulsion homicide a changé de boîte crânienne.
Les jeunes gens à qui l'on assène ces insanités sont-ils capables de comprendre que si la France perd d'ici quelques années une dizaine de millions d'habitants, non seulement elle ne disparaîtra pas, mais mécaniquement elle verra les salaires des actifs redevenir nettement plus attractifs ou décents qu'ils ne sont depuis quinze ans, du fait précisément de la concurrence légale et illégale suscitée par l'immigration de masse, et aggravée par les contraintes du libre-échange et de l'euro.
Les scores du RN, et l'âge moyen de ses électeurs, aux dernières élections nationales sembleraient l'accréditer, mais ma foi on n'est sûr de rien. Ce ne serait pas la première fois que le dogmatisme et l'idéologie obscurciraient la raison. 3/9/2023


19 août 2023

Cardinal Robert Sarah

« Je suis scandalisé par tous ces hommes qui meurent en mer, par les trafics humains, par les réseaux mafieux, par l'esclavage organisé. Je reste perplexe devant ces gens qui émigrent sans papier, sans projet, sans famille. Ils pensent trouver ici le paradis terrestre ? »

« Il n'est pas en Occident ! S'il faut les aider, je pense que c'est sur place, dans leurs villages, dans leurs ethnies. On ne peut cautionner ces déséquilibres économiques et ces drames humains. Vous ne pouvez pas accueillir tous les migrants du monde. »

« Accueillir, ce n'est pas seulement laisser entrer les gens, c'est leur donner du travail. Vous en avez ? Non. Leur donner un logement. Vous en avez ? Non. Les parquer dans un endroit indécent, sans dignité, sans travail, ce n'est pas ce que j'appelle accueillir les gens. » 17/5/2019

12 août 2023

Répartition des migrants : est-ce une bonne idée ?

Maxime Tandonnet

L’idée est à la mode et l’occupant de l’Elysée est revenu dessus à plusieurs reprises. Elle procède d’un constat simple, presque mécanique. La France reçoit environ 350 000 ressortissants étrangers « de pays tiers » (hors UE) chaque année (sans compter les demandeurs d’asile ni les migrants en situation irrégulière, mais sans compter non plus ceux qui repartent comme les étudiants, d’où le caractère très approximatif de cette statistique). Aujourd’hui, ils résident pour l’essentiel en région parisienne et dans les grandes métropoles notamment lyonnaise et marseillaise. Pour faciliter leur intégration, il faudrait, selon la doctrine actuelle, les répartir en province et dans le monde rural en voie de désertification. D’une pierre, deux coups…

Cette idée de quotas impératifs de répartition des populations migrantes vient notamment d’Allemagne, où elle est, depuis au moins un demi siècles, un principe fort de la politique migratoire – pouvant s’expliquer par le caractère fédéral de ce pays.

À titre personnel, je la trouve absurde. Elle est une forme de renoncement et de mépris. Soit les migrants sont en situation régulière, entrés avec un visa d’immigration (long séjour) ou régularisés par les préfectures ou réfugiés reconnus. Dans ce cas, en vertu du principe de non discrimination et de liberté, ils ont le droit de circuler et de résider où ils le souhaitent, comme tout homme libre sur le territoire. Soit ils sont en situation illégale et l’État n’envisage pas de les régulariser. Dès lors ils doivent retourner dans leur pays en application du droit international et du droit national. Il n’existe pas d’autre possibilité.

D’ailleurs, du point de vue de l’intégration, il est incohérent de vouloir forcer des migrants à résider dans des espaces ruraux d’où partent les jeunes Français en l’absence de possibilité d’emploi. C’est les condamner au désœuvrement et au chômage ou à la solitude : le contraire d’une politique d’intégration. Enfin, délocaliser les populations migrantes en imposant aux populations locales des centres d’accueil, plaqués arbitrairement, de manière artificielle, autoritaire et sans concertation, est une manière d’attiser les tensions sur l’immigration et de favoriser les tentations du vote extrémiste.

Cette politique relève ainsi d’un double mépris, celui des ressortissants étrangers – contraints de vivre à un endroit qu’ils n’ont pas choisis – et celui des habitants locaux. Mais n’est-ce pas le but recherché, au fond, par les apprentis sorciers ? Elle est d’une rare hypocrisie, visant, à satisfaire les idéologues sans frontièristes, résidents des bons quartiers urbains (la France affirme sa vocation de pays d’accueil) tout en les préservant d’une promiscuité redoutée avec les classes populaires issues de l’immigration, expédiées dans les campagnes. Tartufe, maître de ce monde. Tout ceci est bien lamentable… 12/8/2023

7 juillet 2023

« Si nous en sommes là, c’est à cause d’une immigration de peuplement massive »

Pierre Brochand : « Le pronostic vital du pays est engagé »

Propos recueillis par Eugénie Bastié
AU COEUR DES ÉMEUTES


« Si nous en sommes arrivés là, c'est aussi, et peut-être surtout, en raison de l'idéologie dominante, qui a justifié et même glorifié l'immigration de peuplement massif, subie depuis un demi-siècle », affirme l'ancien directeur général de la DGSE, qui ajoute : « Toute possibilité de renverser la vapeur passe, d'abord, par la réduction à leur plus simple expression des flux d'accès au territoire et à la nationalité »
Pierre Brochand a été directeur général de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) de 2002 à 2008, ainsi qu'ambassadeur de France, notamment en Hongrie et en Israël. Sa parole est extrêmement rare dans les médias. En exclusivité pour le « Figaro magazine », il livre son regard sur les émeutes, un moment charnière de notre histoire. Selon lui, nous vivons la révolte contre l'État national français d'une partie significative de la jeunesse d'origine extra-européenne présente sur son territoire. Cette explosion est le résultat de décennies d'aveuglement et de propagande envers une immigration de peuplement dont on n'a jamais mesuré les conséquences. Il analyse le cocktail fatal que devait constituer la rencontre entre une société des individus fondée sur l'ouverture et la démocratie et l'arrivée de diasporas entières au bagage culturel totalement différent. Est-il trop tard?
Auteur d'une intervention remarquée à l'Amicale gaulliste du Sénat, l'ancien directeur de la DGSE - qui est intervenu lors d'un colloque de la Fondation Res Publica sur le thème : « Pour une véritable politique de l'immigration » - invite à ne pas commettre les mêmes erreurs que par le passé et livre ses pistes pour sortir de cette crise inédite dans l'histoire de la France.
Dans votre intervention au Sénat en novembre 2022, vous évoquiez plusieurs scénarios provoqués par l'immigration incontrôlée qui sévit dans notre pays depuis des années : interdiction, absorption, négociation, séparation, affrontement. Les émeutes qui se sont produites pendant cinq jours montrent-elles selon vous que c'est le scénario de l'affrontement qui domine?
Au vu de ce qui s'est passé ces jours derniers, j'aurais du mal à vous contredire. Je voudrais aussi indiquer d'entrée de jeu que je n'ai pas l'habitude de commenter l'actualité à chaud, source d'erreurs ou d'à-peu-près. Mais quand les circonstances imposent à l'esprit un événement charnière de cette envergure, il est difficile de résister à la tentation.
Pour en revenir à « l'affrontement », il survient inéluctablement lorsque tout le reste est abandonné, inopérant, dépassé. Car, vous l'avez rappelé, quand un groupe humain cherche à s'installer chez un autre, il n'y a que cinq possibilités. Reprenons-les brièvement, afin de remonter la chaîne des causes qui conduit à nos malheurs d'aujourd'hui.
« L'interdiction », à savoir la fermeture des frontières au nom du principe de précaution (la voie polonaise), n'a jamais été sérieusement envisagée chez nous, les frères jumeaux de l'humanisme et de l'économisme se donnant la main pour y veiller.
De même, l'« assimilation » a été rapidement abandonnée, sans tambour ni trompette, par renoncement à nous-mêmes, mais aussi nécessité, face à des flux trop massifs pour qu'elle puisse fonctionner.
D'où l'enthousiasme pour « l'intégration », sorte de compromis miracle, d'inspiration anglo-saxonne, où chacun fait un pas vers l'autre, tout en gardant son quant-à-soi. Force est de reconnaître que cette démarche n'a que médiocrement réussi en France. D'une part, et à l'inverse de l'assimilation, le contrat minimal qui la sous-tend - « respect des lois » contre « emploi » - fait peser l'essentiel de l'effort sur le pays d'accueil, en matière de débours financiers comme d'entorses à ses principes (mérite et laïcité). D'autre part, l'accès au travail ne peut être que limité, pour des immigrants à très faible qualification et qui, parfois, s'auto-excluent du marché pour des raisons qui leur sont propres. De sorte que les « intégrés », certes plus nombreux que les « assimilés », ne sont pas pour autant majoritaires.
La « séparation » n'est que le résultat de ce bilan insatisfaisant. Ce qui n'est guère surprenant, puisque la partition est la pente naturelle de toute société « multi », où chacun vote avec ses pieds et se recroqueville auprès des siens. Je ne connais pas d'exception à cette règle d'airain, en particulier quand les appartenances relèvent de civilisations différentes. Règle qui se borne, d'ailleurs, à acter l'effondrement de la confiance sociale, proportionnel à la « diversité » ambiante.
C'est ainsi que se constituent les « diasporas », noyaux durs, ni assimilés, ni intégrés, à tendance non coopérative, véritables poches de tiers-monde, où se développe une double dynamique de dissidence, sans corde de rappel. D'un côté, la pression sociale que génèrent ces entités, en faveur des moeurs, croyances et modes de vie d'origine, les écarte de plus en plus de ceux du pays d'accueil : d'où un phénomène de divergence générationnelle, jamais vu auparavant, mais que les troubles actuels valident sans discussion. D'un autre côté, ces enclaves ne cessent de s'auto-engendrer, en « boule de neige », grâce à un taux d'accroissement naturel élevé et un engrenage d'aspiration juridique par le biais, entre autres, du regroupement familial.
Cette marche vers la sécession a tétanisé nos élites, qui en ont vite perçu le potentiel explosif. Mais, au lieu de la bloquer, puis de mener une stratégie patiente de roll back, elles se sont contentées d'un containment à court terme, à coups de subventions et reniements clientélistes, enrobés dans un discours fumeux de dénégation ou d'euphémisation, visant à acheter la paix sociale au jour le jour.
Mais tant va la cruche à l'eau qu'elle se casse. Quand les diasporas, en gonflant démesurément (au bas mot 5 millions d'admissions supplémentaires depuis 2005), atteignent une masse critique qui les rend confusément conscientes de leur force irrésistible, quand les compromissions et les concessions unilatérales deviennent autant d'aveux de faiblesse appelant à la transgression, quand ces contre-sociétés portent l'audace à s'ériger en souverainetés concurrentes sur un même espace « un et indivisible », eh bien, le couvercle de la Cocotte-Minute finit par sauter, dès que l'occasion se présente.
En 2005, une première éruption en chaîne avait servi d'avertissement. Hors la tentative d'apaisement budgétaire par la « politique de la ville », il n'en a été tenu aucun compte. Le déchaînement des jours derniers, d'une tout autre envergure, n'est que l'aboutissement de cet aveuglement.
Qu'est-ce qui vous semble différent par rapport au scénario de 2005?
Je veux être honnête avec vos lecteurs. Je ne possède aucune information qu'ils n'ont pas. Je m'efforce seulement d'analyser les choses, selon deux principes très simples : d'une part, les causes entraînent des conséquences (« ce qui doit arriver arrive »), d'autre part, le seul critère décisif pour évaluer une situation de conflit est le rapport de force. Il n'est pas inutile de rappeler, d'abord, que des émeutes isolées sont monnaie courante depuis quarante ans, aux quatre coins du pays, sous l'étiquette technocratique de « violences urbaines ». Au point que plus personne ne leur prête attention, comme si elles faisaient partie du paysage. Erreur fatale.
L'embrasement de 2005 nous a enseigné qu'il suffisait d'une étincelle pour mettre le feu à la plaine. On a donc retrouvé ces jours-ci plusieurs traits de ce qui s'est passé il y a dix-huit ans.
Même démarrage, consécutif à une présumée « bavure » policière. Même violence polymorphe à triple finalité : « métapolitique » (contre tout ce qui représente la France et son État), utilitaire (pillages d'envergure), gratuite (vandalisme nihiliste). Mêmes auteurs quasi-exclusifs : les jeunes hommes de banlieue, où ils font régner la loi du plus fort. Même ressemblance apparente avec les flambées racialisées des « ghettos » américains. Même prédilection pour la nuit, à l'instar de toutes les guérillas du monde. Même cadre exclusivement urbain. Même restriction, de part et d'autre, quant à l'usage des armes les plus létales, à la différence, cette fois, des États-Unis. Mais, aussi, même impuissance des forces de l'ordre, pourtant mobilisées à leur maximum, à calmer une mer démontée. On veut également croire au caractère pareillement spontané de cette explosion « façon puzzle », sans coordinateur national, ni encadrement militant : on ne discerne toujours pas de comité central, de « shura » islamique ou de syndicat de dealers, à la manoeuvre derrière les « casseurs ». On ne discerne pas non plus l'émergence d'un mouvement ayant le retentissement et la pérennité de « Black Lives Matter », la tentative de récupération initiale par le clan Traoré relevant de la parodie.
Mais, au-delà de ces similitudes avec le passé, les différences sont éclatantes et vont toutes dans le sens d'une exceptionnelle aggravation de « quantité », mais aussi de « qualité ».
En termes d'amplitude, les statistiques officielles donnent à penser - aux historiens de le vérifier - que rien de comparable ne s'est produit dans les villes françaises depuis la Révolution de 1789 ou, au minimum, les semaines ayant suivi la Libération. En particulier, on ne peut être qu'effaré par l'extraordinaire prolifération de la dimension délinquante, sorte de jaillissement paroxystique de la surcriminalité endémique des diasporas. Malheureusement, ces informations taisent le nombre de protagonistes, que l'on peut évaluer très approximativement entre 100 000 et 200 000 personnes (en appliquant le ratio optimiste de 1 % aux effectifs appréhendés chaque nuit). Estimation au doigt mouillé, mais qui permet, au moins, de mettre en doute le cliché rassurant de « l'infime minorité ».
Quels sont les changements de nature de ces émeutes?
Ils sont, à mon avis, de trois sortes.
Le premier tient au rôle décuplé des réseaux sociaux, devenus à la fois des accélérateurs de concurrence mimétique et des multiplicateurs de transparence en temps réel. Impact malaisé à mesurer, mais probablement majeur.
Un deuxième caractère inédit est la propagation des troubles dans les très petites villes de province, jusque-là tranquilles, reflet inquiétant de la dissémination de l'immigration sur l'ensemble du territoire, parfois à l'instigation des pouvoirs publics.
Dernière spécificité, la plus sacrilège, les razzias ont pénétré les centres des métropoles, y compris Paris, jusqu'aux Champs-Elysées, soit, mutadis mutandis, l'homologue de la « zone verte » hyperprotégée de Bagdad.
On pourrait ajouter à cette liste de nouveautés l'entrée en lice, çà et là, de casseurs politisés d'origine européenne. Néanmoins, nul ne perçoit une « conjonction des luttes » entre ces probables black blocks, à la poursuite du Grand Soir, et les masses juvéniles déchaînées, sans projet de lendemain. Sinon que tous surchargent pareillement le travail de la police.
Il reste que ces innovations s'avèrent un formidable réveil en fanfare, pour tous ceux qui ne se sentaient pas concernés ou se voulaient choqués, par les avertissements des lanceurs d'alerte, décrétés intouchables par les médias. Là aussi, il va falloir se résigner à admettre que certains ont eu tort et d'autres raison, et que faire litière des « fantasmes d'extrême droite » serait une preuve d'honnêteté intellectuelle.
Lorsque la fièvre retombera - car elle retombe toujours, après une montée aux extrêmes -, la roue crantée de l'Histoire aura fait un tour supplémentaire, et l'effet de cliquet nous aura portés à un niveau d'hostilité sociale encore plus intense que celui à l'origine de la déflagration. Il y a peu encore, des esprits malicieux voyaient dans le jeu du chat et de la souris, pratiqué dans les banlieues, une simple réédition en farce des tragédies coloniales : je crains que la condescendance de cette raillerie de Marx ne soit plus de saison.
En tirera-t-on les leçons qui s'imposent, à savoir que le pronostic vital du pays est engagé? Envisagera-t-on d'autres remèdes qu'un énième « plan banlieue »? Les choses étant ce qu'elles sont, j'en doute fort. Mais je pense que nous reviendrons sur ce point capital.
Certains parlent de « guerre civile ». Est-ce un terme approprié pour décrire les événements?
J'apprécie votre question, car définir les choses, ce n'est pas ratiociner, mais tenter de mieux les comprendre. Il y a incontestablement des prémices de « guerre civile » dans ce que nous vivons. Mais j'écarterai l'expression, à deux titres. La guerre désigne une lutte « armée » et « sanglante » entre « groupes organisés » : nous n'en sommes là sous aucun de ces trois rapports, même s'il serait indécent d'oublier que la police compte de nombreux blessés. Quant à l'adjectif « civil », il se réfère aux citoyens d'un même État : s'il me semble inapproprié, c'est, d'une part, parce que les étrangers sont sans doute nombreux à s'activer, d'autre part, parce qu'au risque de choquer, je tiens les binationaux et ressortissants qui s'attaquent aux représentations de la France comme s'excluant de la communauté nationale. Sans compter que la grande majorité de la population, silencieuse et attentiste, reste absente, en position de simple spectateur. Le seul lien commun à tous étant celui du désir de consommation, vu à travers le pouvoir d'achat pour les uns, la « prise sur le tas » pour les autres.
Plusieurs autres dénominations ont fleuri ces derniers jours. Faute de davantage de renseignements, je ne peux retenir la « sédition », laquelle suppose une action concertée et préparée, bien que - je ne le nie pas - on puisse aisément déceler plusieurs strates d'intervenants, depuis de très jeunes adolescents hilares, à la limite de la débilité, jusqu'à des « hommes en noir », beaucoup plus professionnels, qui semblent savoir ce qu'ils font.
Quant à l'« insurrection », qui vise à renverser un pouvoir établi, elle me paraît également inadéquate, puisque le tumulte se borne à « détruire et voler » (ce pourrait être sa devise), sans proposer la moindre solution de remplacement : nous restons dans une contestation radicale, mais qui ne voit pas au-delà du bout de son nez.
Les notions de guérilla ou d'émeute seraient pertinentes, mais désignent de simples modes d'action, à l'instar du terrorisme.
Pour ma part, je qualifierai la présente catastrophe de « soulèvement ou révolte contre l'État national français, d'une partie significative de la jeunesse d'origine extra-européenne présente sur son territoire ». Avec, pour enjeu principal, le monopole de la violence légitime sur ce même espace. Formulation certes alambiquée, mais qui me paraît décrire, au plus près, le stade de décomposition auquel nous sommes parvenus. En attendant mieux.
« Il y a deux préconditions à l'action : la transparence statistique et le rejet du discours intimidant », disiez-vous au Sénat. Que signifie « rejeter le discours intimidant »?
Je rappelle à vos lecteurs que le « discours intimidant », auquel vous faites allusion, ne s'adresse nullement aux émeutiers, que rien n'impressionne, mais à ceux qui, à l'approche de la tempête, ont voulu sonner le tocsin et que l'on a cherché à faire taire par ce moyen.
Cela dit, je vais devoir prendre un détour pour vous répondre.
Si nous en sommes arrivés là, c'est aussi, et peut-être surtout, en raison de l'idéologie dominante, qui a justifié et même glorifié, l'immigration de peuplement massif, subie depuis un demi-siècle.
On ne saurait, en effet, expliquer les développements actuels, sans en revenir au changement de modèle de société, survenu dans les années 1970. À mon sens, tout part de là.
Nous avons, à l'époque, cru franchir un nouveau pas dans l'émancipation humaine en passant de l'État national moderne à la Société des individus (SDI), soit de l'autodétermination collective à sa version individuelle : transition avalisée sans remords par tous nos « dirigeants » depuis lors. Mais nous avons, en même temps, suscité un gigantesque « effet de ciseau », en déclenchant simultanément deux évolutions absolument incompatibles.
D'une part, en effet, la SDI a mis de nouvelles priorités à l'ordre du jour, l'une positive (le droit au bonheur privé d'êtres libres et égaux, sans attaches fixes, au sein d'un espace mondial indifférencié), l'autre négative (la déconstruction du paradigme de l'État régalien, porteur de l'intérêt public dans un espace cloisonné par des frontières, dernier obstacle sur la voie de l'idéal). Soit un conte de fées, reposant sur un postulat insensé, où tout serait commensurable et, donc, procédural, entre des êtres interchangeables, vides d'identités collectives, oublieux des inimitiés qu'elles engendrent, dont le seul horizon serait une planète sans rivages. C'est-à-dire, en pratique, une construction postpolitique, en permanence sur le fil du rasoir, génétiquement menacée par la « guerre de tous contre tous », et surtout hautement vulnérable à quiconque ne serait pas un « bobo » hédoniste, doux et accommodant, revenu de tout. Bref, une société « ouverte », mais ne pouvant survivre qu'au prix d'une homogénéité et d'un conformisme d'acier, c'est-à-dire en restant « fermée »!
D'autant que, d'autre part, dans un véritable élan suicidaire, cette même SDI a fait rentrer par la fenêtre les identités collectives qu'elle était censée avoir mises à la porte. Sous deux aspects.
D'abord, en remplaçant le « gentil bobo » par le « méchant wokiste », qui considère la nouvelle donne moins comme une opportunité d'épanouissement qu'une occasion de réparation rétrospective pour les minorités « opprimées », animées de ressentiment. Ensuite, et à ce titre, en ouvrant grand les portes à ces victimes superlatives que sont les « damnés de la terre », en provenance du tiers-monde, entrant chez nous au nom de droits individuels et s'y installant comme des « communautés » hétéronomes et endogamiques, en rupture orthogonale avec les codes ayant justifié leur venue.
D'où cette seconde quadrature du cercle : une société liquide, bienveillante et accueillante, volontairement délestée des moyens d'autodéfense légués par l'Histoire, qui se voit télescopée par un gigantesque météorite de sa fabrication. Du « plein, venu d'hier et d'ailleurs » s'engouffrant dans l'anomie d'un « vide, d'ici et maintenant ».
Comment les gardiens de ce nouveau temple - juges, journalistes, experts, universitaires, assistés du choeur antique des artistes et footballeurs - ont-ils manoeuvré pour repousser l'échéance de son écroulement?
Le logos a fait long feu, à force d'incohérences : « l'immigration n'existe pas; elle a toujours existé; elle n'a pas commencé; c'est une fatalité, non pardon un devoir moral, non encore pardon un impératif économique; il suffit d'y mettre les moyens; de toute façon, ils sont déjà là; on n'y peut plus rien; ils sont français comme vous et moi, etc. ».
L' ethos s'est pareillement ridiculisé au contact du réel : les injonctions au « vivre ensemble » et à la « mixité sociale », le refrain de la « riche diversité », le « principe de fraternité », cher au Conseil constitutionnel, sont devenus autant de vaines incantations ou même d'oxymores, motifs à ricanements. Quant à l'appel lancinant aux « valeurs républicaines », sa vacuité a fini par lasser les mieux disposés, dont j'aurais pu être. À vrai dire, tout ce que la nation avait réussi à inculquer, en matière de « décence commune », à force d'épreuves partagées, n'est plus vécu que comme un rituel orchestré.
Reste le bon vieux pathos, cet ultime et éternel levier des régimes peu assurés d'eux-mêmes. C'est dans cette perspective que s'inscrit - j'y arrive - le « discours intimidant ». Faute de pouvoir contraindre les corps, on a voulu emprisonner les esprits par le verrouillage des affects. À savoir l'intériorisation de la culpabilité, d'une part, et la diversion par la peur, d'autre part, somnifères traditionnellement prescrits aux peuples dont on craint le réveil.
C'est pourquoi l'accusation de « racisme », à la confluence de ces deux « passions négatives », est la clé de voûte du système, lequel se ramène à la mise en examen permanente du peuple français, que des « indices graves et concordants » chargent de tous les malheurs de la terre : guerres mondiales, colonisation, génocide juif, réchauffement climatique, indifférence aux noyades, etc.
Le but est de confiner les mentalités dans le très étroit couloir de pensée, défini par l'État de droit (autre appellation de la SDI), dont il est la condition nécessaire, encore qu'insuffisante, de la viabilité. Ainsi, pour empêcher les « dérapages » et les franchissements de lignes jaune ou rouge, hors du corridor, a été mise en place une peine de mort sociale, moins douloureuse que celle physique mais tout aussi effective, infligée aux seuls réfractaires à la xénophilie obligatoire.
Car, nous en sommes là, pris au piège d'un simple mot - « racisme » -, détourné de son sens originel, pour englober tous ceux qui se posent la question de savoir si l'idéologie, que je viens de décrire, ne nous précipite pas dans un gouffre.
Reconnaissons que le chantage a admirablement réussi jusqu'ici. Va-t-il, cette fois encore, résister au formidable désaveu de la réalité, quand celle-ci vient nous démontrer que les plus haineux, ou les plus « racistes », si l'on préfère, ne sont pas ceux qu'on croit?
Après les premières heures de sidération, on est hélas obligé de constater que le psittacisme, très rapidement de retour sur les ondes et les écrans, a la vie dure. En revanche, en eussé-je douté que je n'ai plus beaucoup d'hésitation à imaginer ce que la majorité des Français « pense tout bas ».
Peut-on selon vous récupérer ces territoires perdus de la République? N'est-il pas trop tard?
Il est vraiment très tard pour revenir sur des décennies d'abdications cumulées.
C'est pourquoi on ne dénoncera jamais assez ceux qui ont laissé s'installer la machine infernale, en ont vu venir les conséquences potentielles, mais n'ont rien fait pour les éviter, se bornant à mettre la tête dans le sable, ou à ne la sortir que pour des mesures sans effet, voire contre-productives. Des dizaines de lois « fermes et humaines », des centaines de milliards engloutis pour en arriver à un pays moribond, dont l'existence est désormais en jeu.
Incompétence? Hypocrisie? Arrogance? Naïveté? Entre-soi? Je mettrai au premier plan le manque de courage, face à la peur panique d'être qualifié de « raciste », signe d'une carrière aussitôt terminée. J'en veux pour preuve le double discours de ces mêmes politiques, qui, en visite à l'étranger, loin de leurs bases, se laissent aller, devant des diplomates, comme je le fus, à des confidences peu amènes sur les réalités de leurs fiefs électoraux, avant de rentrer en France pour y entonner derechef l'hymne aux « valeurs républicaines ».
Néanmoins, mon caractère, aussi bien que mes antécédents professionnels, m'imposent de ne pas baisser les bras. Étant entendu que, désormais, toute réaction ne peut être que brutale, voire féroce, si l'on veut lui donner une chance de remonter le courant.
En premier lieu, il convient de rétablir une hiérarchie rationnelle des priorités : l'accès aux toilettes en fonction du genre ou les dangers du pétainisme renaissant sont certes des préoccupations honorables, mais ce que nous vivons recommande de les remplacer par d'autres, plus impérieuses. De même a-t-on le droit de suggérer que le « réchauffement climatique », présenté comme le péril des périls, à prévenir de toute urgence et par tous les moyens, vient de se faire rattraper par celui, autrement plus rapide, de nos banlieues? Le principe de précaution serait-il à géométrie variable?
En deuxième lieu, un élève moyen de CE1 nous le conseillerait : pour sortir d'un trou, il convient, d'abord, d'arrêter de le creuser. Combien de fois faudra-t-il répéter que toute possibilité de renverser la vapeur passe, d'abord, par la réduction à leur plus simple expression des flux d'accès au territoire et à la nationalité? C'est faisable, les voies en sont connues, il suffit d'avoir le cran de s'en donner les moyens juridiques et matériels.
Enfin, pour s'en tenir à l'essentiel et au plus pressé, il convient de combattre, sans merci ni relâche, le sentiment d'impunité, dont l'omniprésence semble avoir nourri la désinhibition tous azimuts de ces jours derniers. En d'autres termes, s'impose un changement de pied radical en matière pénale, par abaissement de l'âge de la majorité pertinente et en rétablissant, pour tous, des peines de prison fermes et effectives, suivies d'incarcérations immédiates, fussent-elles de courte durée, en cas d'atteinte aux biens publics et aux forces de l'ordre, de vol en bande organisée, de trafic de drogues, de violences sur les personnes, etc. Et surtout, punir la récidive par des peines exponentielles. On peut aussi imaginer de transformer en prisons pour courtes peines des bâtiments pouvant s'y prêter. N'étant pas juriste, je m'en tiendrai là, mais je suis convaincu que les Français auront du mal à ratifier un laïus à la Hugo, du type « une école qui ouvre, c'est une prison qu'on ferme », surtout quand font brûler les écoles ceux-là mêmes qui devraient être en prison...
À plus long terme, ce sont évidemment l'Éducation nationale et l'État providence, qui devraient faire l'objet d'une remise en question, du sol au plafond. Mais pourquoi ne pas frapper les esprits tout de suite par des décisions spectaculaires, en décrétant, par exemple, le port obligatoire de l'uniforme en primaire et au collège dès janvier ou la revalorisation substantielle des allocations familiales, en les limitant à l'avenir à trois enfants?
Mais, par pitié, que l'on ne ressorte surtout pas du magasin des accessoires une relance de la politique de la ville : personne - en tout cas, pas moi - ne croit plus à l'efficacité du « borlooisme », ce matérialisme intégral qui croit pouvoir éteindre par l'argent et l'urbanisme des incendies dont le combustible est religieux, historique et ethnique. Cette réponse pourrait même s'avérer la pire, puisqu'elle reviendrait, comme déjà dans le passé, à récompenser la révolte.
Nos gouvernants ont une opportunité unique de s'extraire du carcan dans lequel ils se sont eux-mêmes engoncés, et de bénéficier, en prime, de l'approbation d'au moins trois quarts des Français. Ce qui n'arrive pas tous les jours. Saisiront-ils l'occasion? Auront-ils la détermination de sortir de la pensée mécanique et de l'approche centriste et balancée, qu'ils affectionnent, mais qui ne fait que prolonger un immobilisme désastreux? Retrouveront-ils, par un coup de baguette magique, la capacité politique de dire non? Le souhaiter, c'est faire le pari risqué de leur conversion au réel.
Les émeutes sont très commentées à l'étranger. En tant qu'ancien diplomate, comment évaluez vous l'image qu'elles renvoient de notre pays?
C'est un crève-coeur. Avec mes anciens collègues, nous avons passé nos vies à défendre et promouvoir l'image de la France dans le monde. C'est un travail de Sisyphe : les gains y prennent des siècles, les chutes quelques jours et parfois quelques heures. Ayant commencé ma carrière sous le général de Gaulle, je peux comparer ce que fut notre réputation et ce qu'elle est devenue. L'abîme donne le vertige.
Pour les avoir pratiqués abondamment, je sais exactement ce qui se passe dans la tête de nos interlocuteurs étrangers, quand ils notent que, pour la deuxième fois en très peu de temps, la France a dû annuler, au motif de troubles intérieurs, des événements aussi longuement préparés que les visites du roi d'Angleterre en France, puis du président de la République en Allemagne. En outre, les innombrables vidéos qui leur parviennent, en continu et à la vitesse de l'éclair, leur donnent une vision infiniment plus précise et humiliante de nos malheurs que par le passé.
Les mieux intentionnés portent un regard navré sur un pays qui fut grand, mais qui n'est plus, pour eux, que le laboratoire avancé des folies migratoires européennes. D'autres, en Pologne et en Hongrie, se réjouissent sur le mode « je vous l'avais bien dit » : j'ai représenté notre pays à Budapest, combien de fois n'y ai-je entendu « Nous avons le privilège de voir, en avant-première, les dégâts que l'immigration non européenne cause chez vous, nous ne voulons surtout pas vous imiter ». En Algérie ou au Mali, d'où viennent nombre des familles de « jeunes révoltés », les tenants du régime rient sous cape du bon tour joué à l'ex-colonisateur. L'Iran et la Russie nous renvoient ironiquement nos critiques en matière de maintien de l'ordre public. Mais, aux yeux de tous, nous sommes désormais « l'homme malade » du continent, du Conseil de sécurité, du G7 et du G20.
S'il ne faut pas sous-estimer notre discrédit auprès des investisseurs et des touristes, dont le rapport risque/bénéfice guide les comportements, le plus alarmant demeure qu'un État, qui ne « tient » pas son territoire, n'est plus crédible, ni même audible sur la scène internationale.
C'est pourquoi je me permets de conseiller humblement à nos dirigeants d'observer une période de sobriété sur ce terrain, afin de pouvoir se consacrer pleinement à l'immense tâche de remise en ordre intérieure. Ce qui ne devrait évidemment pas interdire de réagir avec une vigueur, dont nos partenaires ont perdu l'habitude, aux provocations de ceux qui profiteraient du désarroi pour nous manquer encore davantage de respect. L'absence totale de réaction publique à l'ahurissante note de la diplomatie algérienne du 29 juin, s'inquiétant du sort de ses ressortissants « dans l'épreuve », alors que nombre d'entre eux y contribuent, montre combien notre faiblesse au-dedans est couplée avec celle au-dehors. J'en veux pour autre preuve la diatribe du grotesque Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, accusant de « racisme » et de « discrimination » notre police, laissée elle aussi sans riposte apparente.
En un mot comme en mille, moi aussi, « j'ai mal à ma France ».