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18 mars 2023

Mandat d'arrêt contre Poutine

Tiephaine Soter

La Cour Pénale Internationale lance donc un mandat d'arrêt contre le Président Poutine et la commissaire aux droits des enfants Maria Lvova-Belova, sur le fondement d'éléments "traduisant une déportation forcée d'enfants depuis les territoires ukrainiens occupés jusque sur le territoire de la Fédération de Russie".
Déjà, l'accusation est bancale : l'évacuation de populations civiles d'une zone en état de guerre n'a rien d'une "déportation forcée" en soi. La cour ne donne aucun détail, mais elle se baserait ici sur le fondement de l'article 7 de son statut, relatif aux "Crimes contre l'Humanité", et spécifiquement son 1.d "déportation ou transferts forcés de populations". Le 2.d précise la notion : "Par « déportation ou transfert forcé de population », on entend le fait de déplacer de force des personnes, en les expulsant ou par d'autres moyens coercitifs, de la région où elles se trouvent légalement, sans motifs admis en droit international".
Il semble assez clair ici que la Russie n'intervient pas auprès des enfants ukrainiens "par force" en les "expulsant" ou "par d'autres moyens coercitifs" (le mot "coercitifs" est extrêmement important, il traduit l'emploi d'une force militaire ou policière utilisant la menace ou la violence). Le motif "admis en droit international" est simplement l'aide humanitaire aux populations : des enfants, parfois orphelins, sont envoyés en Russie où ils reçoivent une assistance médicale, psychologique, et suivent des cours d'instruction.
L'objectif initial de cet article était de sanctionner les déplacements forcés de populations soit vers des camps (à l'image de ce qu'a fait Israël avec les Palestiniens), soit vers un pays tiers, comme par exemple l'expulsion des Arméniens de la zone conquise par les Azerbaïdjanais récemment au Haut-Karabagh.
Il y a donc ici un clair détournement de l'objectif initial qui a motivé la rédaction de cet article, qui pose question.
Le statut de la CPI impose à celle-ci de ne pouvoir se saisir que dans le cas d'un refus de l'État visé par des accusations de s'en saisir et d'instruire une procédure judiciaire. Dans le cas présent, il n'y a eu apparemment (de ce que je peux trouver) aucune plainte déposée en Russie, sur un quelconque fondement (par exemple "enlèvements").
Elle peut également se saisir si le Conseil de Sécurité de l'ONU le lui demande en lui donnant compétence pour le faire, lorsque les faits sont tels qu'une procédure judiciaire normale serait inadaptée ou ne serait pas susceptible de venir en aide aux victimes présumées. Dans le cas présent, le CS ne s'est pas saisi d'un tel dossier : il n'y a même pas eu discussion/débat du "problème".
Il semble donc extrêmement douteux que la Cour puisse lancer un tel mandat d'arrêt à l'encontre de deux personnalités russes, alors qu'elle n'en a pas la compétence.
Enfin, et le problème est de taille : l'Ukraine n'a jamais adhéré au statut de la CPI, même si elle lui a délégué une compétence très limitée dans le temps et l'espace pour les faits commis sur son territoire entre le 21 novembre 2013 et le 22 février 2014 (les événements de Maïdan), puis dans un second temps, pour les faits commis sur son territoire depuis le 20 février 2014. La déclaration vise expressément (mais pas limitativement) les actions russes dans le problème du conflit dans les région séparatistes du Donbass.
La Russie, quant à elle, a une situation bancale vis-à-vis du statut de la CPI. Le gouvernement l'a signé, mais comme aux États-Unis, c'est le Parlement qui valide cette signature. Or, la Douma ne l'a jamais fait, ce qui plaçait la Russie dans une situation étrange où elle n'est pas membre de jure stricto sensu, mais où sa volonté initiale a pu entraîner des conséquences juridiques (on considère qu'elle a manifesté son intention, même si elle ne s'est pas concrétisée). En 2013, le Président Poutine a écrit à la CPI pour lui confirmer l'intention de la Russie de ne PAS adhérer au statut, suite à la mise en cause tout à fait politique de son action militaire en Géorgie en août 2008. Le Statut prévoit en son article 127 qu'un État puisse se retirer de la CPI : la Russie a manifesté son intention de ne pas adhérer, ce qui ne constitue certes pas sur la forme un retrait pur et simple, mais en a clairement les conséquences juridiques. Les esprits chagrins qui expliqueraient que "oui mais du coup la Russie n'avait pas le droit de le faire parce que c'était pas la bonne démarche" n'auront qu'à consulter la Convention de Vienne de 1969 sur l'application des Traités, article 56, et constater que la Russie s'est effectivement retirée de facto et de jure de la CPI.
La Cour n'a donc pas de compétence sur ce fondement pour émettre un mandat d'arrêt à l'encontre d'un quelconque citoyen russe, à fortiori donc, contre Vladimir Poutine et contre Maria Lvova-Belova.
Il est intéressant de savoir que le procureur à l'origine de ces mandats d'arrêts est Karim Khan, qui, comme son nom l'indique, est... britannique. Il est particulièrement intéressant de savoir que c'est précisément lui qui, à son arrivée au poste de procureur en 2021, a écarté de tout examen préliminaire par la Cour les faits potentiellement répréhensibles commis par la coalition internationale en Afghanistan depuis l'invasion de 2001.
En conclusion, que ce soit en faits ou en Droit, la CPI n'a ni la compétence, ni la légitimité pour procéder à l'émission de ces mandats d'arrêts.
Elle est clairement motivée par des volontés politiques, ce qui est un reproche très récurrent et persistant qui lui est adressé, notamment par les pays africains, qui ont été les seuls pendant très longtemps à subir ses procédures, le plus souvent dirigées contre des chefs d'États et membres de gouvernement jugés "indolents" par les pays occidentaux comme la France ou le Royaume-Uni.
En résumé, une fois de plus, la CPI se déshonore en servant d'instrument politique totalement détourné des buts nobles qui étaient affichés comme les siens au moment de son institution en 2002. C'est un pas de plus vers la dissolution d'un ordre international construit depuis 1944 et participant à l'organisation des relations inter-étatiques, malheureusement trop souvent au seul profit de quelques États, au premier rang desquels les États-Unis et certains pays d'Europe.
Et pendant ce temps-là, les enfants des régions séparatistes du Donbass continuent d'être bombardés régulièrement par les forces ukrainiennes sans que ça n'émeuve personne.
(La photo qui accompagne ce laïus a été prise à Donetsk en novembre 2018, et montre des enfants et leurs institutrices qui s'abritent dans le couloir de leur école maternelle contre un bombardement ukrainien en cours. L'image et sa légende viennent du site du CICR.)

5 mars 2023

POUR LES ÉLITES, LA GUERRE EST UN JEU

Tiephaine Soter


Un banal post Linkedin est l’occasion pour moi de vous expliquer un peu pourquoi il y a la guerre en Ukraine plutôt que la paix.

Le post ci-dessus est issu de l’Atlantic Council, un think tank dont l’activité est de promouvoir les activités de l’OTAN auprès des politiques et, indirectement, du grand public.

Dans ce message (consultable sur le site de l’Atlantic Council), typique de la pensée stratégique occidentale, l’organisation fustige les avocats d’une paix immédiate en Ukraine, ou au moins d’une action pour figer le conflit dans son état actuel. C’est la solution classique qui s’offre aux diplomates, pour tenter de résoudre par la suite la crise par la voie diplomatique. On l’a vue, par exemple, s’appliquer à propos du Haut-Karabagh, en Arménie/Azerbaïdjan, pas plus tard que l’année dernière. Le but de ce genre de paix est de protéger les populations civiles et les infrastructures, la guerre n’épargnant ni les unes, ni les autres.

L’Atlantic Council considère qu’en Ukraine, une telle paix reviendrait à reconnaître les « gains territoriaux » de la Russie, à savoir la Crimée (annexée en 2014), la République Populaire de Donetsk, la République Populaire de Lougansk, l’Oblast de Kherson et l’Oblast de Zaporijjie. Ce n’est absolument pas le cas : une paix immédiate (ou en tout cas un armistice, c’est-à-dire la cessation des hostilités) aurait pour effet de figer le front, mais n’aurait aucunement pour effet juridique de reconnaître quelque concession de territoire que ce soit.

La logique de l’Atlantic Council (et de toute la pensée militaire occidentale, en général) est qu’il faut d’abord « reconquérir » par les armes ces territoires avant de commencer une quelconque négociation de paix. Il s’agit d’obtenir un ascendant stratégique sur l’adversaire pour le forcer à accepter plus de concessions lors d’éventuelles négociations de paix.

Ceci, mesdames et messieurs, est le résultat de 50 années d’enseignement de la « Théorie des jeux » dans les écoles de pensée stratégique. La théorie des jeux est une série de principes selon lesquels on cherche à maximiser des gains tout en minimisant la mise de départ et/ou les pertes. Basée essentiellement sur des calculs statistiques, cette théorie est issue de la recherche en économie, où elle a fait sa première apparition sous la plume de John von Neumann et d’Oskar Morgenstern, en 1944. C’est surtout John Nash qui en sera le plus fervent constructeur, et qui permettra à ces principes dits « ludiques » (d’où le nom « théorie des jeux ») de s’appliquer dans des domaines aussi variés que la sociologie, la psychologie, et bien sûr, la stratégie militaire.

Le développement de cette pensée amène le militaire à envisager la guerre comme un « jeu », où il faut maximiser les « gains » (territoriaux, économiques, politiques…) tout en minimisant les pertes (territoriales, troupes, équipements…). Elle entraine, dans la pensée des généraux, l’idée que pour que les armes se taisent, il faut avoir obtenu quelque chose dont la valeur surpasse les coûts dépensés pour l’acquérir.

Les pays de l’OTAN ont dépensé en 1 an plus de 240 milliards de dollars dans ce conflit, chiffre qui ne fait qu’augmenter chaque jour ou presque, avec toujours plus d’annonces de livraisons de matériels, de munitions, et d’aides financières (qui ne sont que des prêts à fort intérêts, mais passons…). Ce chiffre vertigineux donne une idée de ce qu’il faudrait que l’OTAN obtienne pour accepter de ne serait-ce que figer la guerre en Ukraine, dont le gouvernement n’a plus son mot à dire, et qui de toute façon ne dirait probablement rien puisqu’il profite des sommes astronomiques englouties dans le pays pour s’enrichir de façon exponentielle via la corruption et divers trafics très rentables en temps de guerre…

L’étendue des pertes occidentales en Ukraine, dans cette perspective, s’apparente à celles d’un joueur compulsif dans un casino, qui s’endette de plus en plus en espérant se refaire grâce à un coup de chance.

La guerre n’est pas un jeu, elle a causé la mort de centaines de milliers de personnes depuis un an, et a déplacé plus de 13 millions d’Ukrainiens. Nos gouvernants et leurs états-majors sont coupables directement de la ruine de l’Ukraine et de l’Europe.

Guerre en Ukraine : devoir d'amour, devoir de haine, par Radu Portocala

Anne-Sophie Chazaud

Chers amis, les missiles ont volé de tous côtés la semaine dernière à l’occasion de ma publication consacrée à l’année écoulée de guerre en Ukraine.
J’ai eu de passionnants débats, discussions, échanges avec beaucoup d’entre vous et cela m’a renforcée dans l’idée que nous formons ici (et sur les réseaux sociaux d’une manière générale) une formidable agora que je suis bien heureuse de n’avoir finalement pas quittée.
Au terme de tous ces échanges de points de vue sur la situation dans laquelle nous nous trouvons et quel que soit le point de vue de chacun, j’ai recueilli un certain nombre de contributions et de pistes de réflexion et d’analyses dont j’ai pensé qu’elles pourraient vous intéresser et que je vais donc publier régulièrement sur La Place.news.
(Je rassure tout de suite les inquiets : non il est hors de question que je fasse du sujet international actuel un mono-sujet obsessionnel).
Le point de vue d’une personne qui a fui le Bloc de l’Est à l’époque communiste et qui revit à l’Ouest les diktats et oukases du Camp du Bien désignant la Russie comme Grand Satan et contraignant la pensée de chacun comme aux meilleures heures brejnéviennes, m’a semblé particulièrement intéressant. D’autant plus intéressant que l’on prétend souvent que les personnes ayant subi le joug soviétique et ses persécutions seraient naturellement toutes devenues russophobes dans l’affaire ukrainienne. Nous avons donc ici au moins un point de vue différent qui fera mentir la vulgate…
Radu Portocala, écrivain et journaliste, dont je vous recommande ici vivement la lecture est, comme il le raconte, né « à la pire époque de la Roumanie communiste », « venu au monde entre deux arrestations, celle de mon grand-père, tué en prison, et celle de mon père, c'est pour éviter ma propre arrestation, en 1977, que le gouvernement grec a fait des efforts immenses pour me faire sortir de Roumanie ».
C’est avec beaucoup d’amertume qu’il a vu s’écouler cette année de guerre et d’enrôlement propagandiste au côté imposé d’un atlantisme béat :
« Ce Rideau dont l’Occident a applaudi la chute et que, maintenant, l’Occident a lui-même déployé au nom de ce Bien qu’il veut infliger au monde entier. Le « grand frère » n’est pas mort comme on nous disait il y a trente ans ; il a seulement changé sa position dans l’espace. Le « grand frère » n’est plus à l’Est, il est maintenant à l’Ouest. Et il commande toujours avec la même âpreté. La prosternation de l’Europe devant lui est le seul signe de vie qu’elle puisse encore donner. Et cette prosternation est symétrique de celle dans laquelle le monde de l’Est avait été condamné à s’endormir aux pieds de l’Union soviétique. Pour celui qui s’en est échappé, quelle amertume ! Quelle amertume de tout revivre, même à l’envers ! »
Je vous en souhaite bonne lecture…

25 février 2023

Les Américains voulaient l'extension de l’Otan à l'Ukraine

Yann Bizien

La capacité des États-Unis à confirmer l'imminence de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes, il y a un an, nous démontre que la Russie était tout particulièrement bien suivie par les services de renseignements militaires américains et qu'elle était donc bien une priorité des démocrates US au pouvoir.
Il est faux d'affirmer que les États-Unis négligeaient l'Europe. Bien au contraire. Ils contrôlent leurs alliés "dépendants" à distance. Ils savent se fabriquer des ennemis et des adversaires. Ils maîtrisent l'art de créer du chaos. Ils savent tirer avantages de toutes les situations pour affaiblir les pays qui ne leur sont pas favorables et dominer ceux qui s'alignent sur leur volonté.
Les Américains voulaient l'extension de l’Otan à l'Ukraine pour provoquer Vladimir Poutine. Ils étaient sûrs qu'il réagirait inéluctablement à un moment donné sur le plan militaire, lorsqu'il n'aurait plus d'autre choix.
Cette date, c'était le 24 février 2022. Elle aura fait au moins trois victimes : l'Ukraine, la Russie et l’Union européenne. Et un très probable vainqueur : les États-Unis. L'histoire nous le dira.

24 février 2023

Ukraine

Yann Bizien

Les triomphes de la démagogie sont passagers mais les ruines sont éternelles disait Péguy.
« L'Ukraine sera victorieuse seulement si les Occidentaux tiennent leur parole. »
Le président Zelensky enflamme la planète et utilise le chantage délirant, allusif et permanent pour justifier l'escalade militaire et ses besoins en armements lourds et munitions. Et toute la classe politique occidentale, béate, et au garde-à-vous, lui emboîte le pas et obéit.
Il y a une façon de stopper cette guerre : cesser l'expansion politico-militaire de l'OTAN vers l'est car l'Alliance atlantique a franchi depuis longtemps la ligne rouge.
Nous prenons l'habitude de la montée aux extrêmes permanente alors que nous devrions revenir à la politique et à la diplomatie pour discuter de toute urgence des conditions de la paix.
Il y a aujourd'hui toute une classe politique orgueilleuse qui joue dangereusement à faire la guerre et au poker avec la vie des hommes, avec la haine de l'autre et avec l'argent des contribuables. Elle nous fait croire que les intérêts de l'Occident seraient menacés. Or ceci est une grande arnaque politique, intellectuelle et morale.
Il faut aussi rendre cette classe politique responsable devant l'histoire, devant les contribuables et les électeurs.

19 février 2023

NARCOTIQUE ÉPOQUE

Gabriel Nerciat

Éclats de rire.

Le Banquier Président veut une « défaite de la Russie » mais – en même temps – « sans l'écraser » complètement !
Il est trop bon, notre prince. Poutine lui en sera sûrement reconnaissant.
Peut-être même qu'il lui fera enfin l'aumône d'une nouvelle conversation téléphonique, après la prise totale de Bakhmout, par exemple quand il voudra fixer les modalités du prochain concert de Mireille Mathieu à Saint-Pétersbourg.
D'ailleurs, il paraît qu'une adaptation ukrainienne du Déserteur de Boris Vian fait fureur en ce moment dans les provinces russophones ou magyarophones de l'entité ukrainienne : il serait peut-être temps de demander des droits d'auteur, même et surtout si Stéphane Courtois parvient à démontrer que l'auteur de L'Écume des jours était payé par le KGB.
En attendant, maintenant une chose est sûre : le président doit avoir le même fournisseur de poudre de Perlimpinpin que Pierre Palmade.
Il dérape de plus en plus, et après, quand il ira lécher langoureusement les pieds du sanglant bouffon de Kiev, pour solde de tout compte, il dira qu'il ne se souvient de rien.

14 février 2023

Contre la guerre, pour la paix

Jacques Cotta

[Extrait] Emmanuel Macron, à l’instar de ses alter ego, prend toute sa part de responsabilités. Il tergiverse sur la livraison d’avions de combat sans duper personne, et surtout pas les Russes qui savent que la France est en train de mettre sur pied la logistique nécessaire au bon fonctionnement de ces nouvelles armes, de leur entretien, de leur maintenance, sans oublier la formation de pilotes capables d’en prendre les commandes.

C’est donc dans l’indifférence générale que les principaux gouvernements nous mettent sous la menace de missiles susceptibles de faire le l’Europe le terrain de jeu des amateurs de guerre. Les capitalistes, froidement, y voient l’opportunité de « dépasser » la crise actuelle du capitalisme par la guerre et les destructions massives en ouvrant de nouveaux marchés liés à la reconstruction.
Il y a urgence de dire clairement l’exigence des peuples. À bas la guerre ! Gagnons la paix !

Pour cela quelques conditions politiques doivent être exprimées sans détour, au risque de choquer tous les tenants de récits, qui pour les uns voient dans la Russie une nation en légitime défense face à la menace de l’OTAN, pour les autres un agresseur qui cherche sous la conduite de Poutine à reconstituer un grand empire et fait donc peser au mépris des règles de droit international une menace sur les pays voisins et sur le monde.

Plus le temps passe, plus le chemin de la paix semble jonché d’embuches. Pourtant il y a urgence ! Pour cela, il faut exiger :

• sur le terrain :

⇨ le retrait des troupes russes d’Ukraine, la reconnaissance des parties russophones et le respect de la souveraineté des peuples qui doivent pouvoir dire, dans un climat d’apaisement retrouvé, la façon dont ils veulent vivre, leur volonté de rattachement, d’indépendance ou d’autonomie, les coopérations qu’ils envisagent, leurs relations avec l’Ukraine et la Russie.

⇨ le retrait de l’OTAN, arme militaire et politique au service des intérêts américains. Dans ce cadre la France devrait décider de quitter l’OTAN.

⇨ l’arrêt immédiat de toute livraison d’armes à l’Ukraine de la part de pays européens qui de fait préparent la guerre.

• au niveau international :

L’Union européenne doit cesser toute velléité d’élargissement, notamment en stoppant le processus d’intégration engagé avec l’Ukraine.

L’Ukraine doit être démilitarisée et constituer un territoire neutre, à l’abri des Russes comme des forces de l’OTAN.

La paix, voilà l’exigence ! Aux conditions permettant de la réaliser, Russes, Américains et Européens devront se plier.

Tel est l’intérêt des peuples !

Jacques Cotta
Le 12 février 2023

10 février 2023

L'escalade

Jonathan Sturel

Vous le voyez le glissement progressif vers l'escalade ? Ce n'est plus la paix qui est l'objectif mais la victoire de l'Ukraine.
Petit à petit nous nous avançons vers le point de non-retour. Et nous serons tous responsables car nous les voyons faire, nous les voyons nous jeter dans la guerre et nous laissons faire. Les oppositions sont occupées à militer contre une réforme des retraites, c'est-à-dire contre une mesure qui même si elle était prise pourrait parfaitement être défaite au prochain mandat, pendant que le fou qui commande aux destinées de la France travaille à la pousser vers des lendemains dont les conséquences, elles, ne pourront plus être arrêtées.
Notre sommeil collectif va nous coûter cher. Et personne ne pourra dire qu'il ne savait pas.

4 février 2023

Ukraine : négociations en vue ?

Michel Rosenzweig

Après avoir élaboré pendant des années une stratégie d'affaiblissement de la Russie en faisant tout pour faire tomber l'Ukraine dans l'escarcelle de l'OTAN et de l'UE et en coupant la Russie de ses attaches historiques et économiques avec l'Europe de l'Ouest, et en particulier avec l'Allemagne, le dernier rapport de la Rand Corporation fait donc du rétropédalage en conseillant à l'administration américaine une issue négociée pour minimiser l'escalade.
Traduction : Oups, ça ne marche pas comme prévu, trop risqué, trop cher.
Résultat : il se pourrait bien que d'ici la fin de l'année, les USA contraignent l'Ukraine à négocier sur base des territoires conquis et perdus de part et d'autre en excluant la Crimée (non négociable), ce qui reviendrait à une défaite pour l'Ukraine et à une victoire pour la Russie qui serait parvenue à ses fins en neutralisant l'Ukraine militairement et territorialement (Donbass au minimum).
Au prix d'immenses destructions et de plusieurs centaines de milliers de morts.
Comme quoi, la guerre est bien la continuation de la politique par d'autres moyens (Clausevitz).
Ce que la Russie n'a pas pu obtenir par la diplomatie et la négociation, elle pourrait bien l'obtenir par les armes.
Tout ça pour ça...
D'ici là, beaucoup de choses peuvent se produire...

3 février 2023

« Allié » de l'Ukraine ?

Radu Portocala

Parlant des membres de l’OTAN et de l’Union européenne, nombre d’analystes et commentateurs dont la parole est influente les désignent comme « alliés de l’Ukraine ». Pas « amis », pas « fournisseurs d’armes », pas « zélateurs », mais « alliés ».
Que dit le dictionnaire ? « Allié [en droit international en parlant de pays, d’États] : uni par un accord, un traité d’alliance (en particulier en temps de guerre) ».
Avons-nous un traité d’alliance nous liant à l’Ukraine ? Non. Le fait de vendre et de donner des armes à un pays, fût-il en guerre, n’est pas une alliance. Et de tenir des discours enflammés en sa faveur, tout en aspergeant d’injures son adversaire et cherchant vainement à le punir, ne l’est pas non plus.
Personne, cependant, dans les hautes sphères du pouvoir, ne semble gêné par l’utilisation de ce mot, ni ne cherche à le bannir. Or, se définir comme « allié de l’Ukraine » c’est reconnaître notre rôle de co-belligérants – un rôle que nous ne pouvons pas tenir.
Certes, la ministre allemande des Affaires étrangère, disait l’autre jour, dans un moment d’égarement, que « nous sommes en guerre contre la Russie ». Son gouvernement a dû faire ensuite des efforts ridicules pour la contredire.
Cette guerre contre la Russie est voulue, sans aucun doute, mais nul n’ose, à part les washingtoniens les plus excités, avouer ce désir. Et nul n’ose, bien entendu, se lancer dans une telle aventure – surtout après les échecs américains et occidentaux de ces 70 dernières années. On se contente de rêver d’une Russie vaincue, mais vaincue par d’autres.
Pour l’instant, l’Occident se contente de mots que, belliqueux et craintif à la fois, il se garderait bien de coucher sur le papier. Et, finalement, nous réussissons l’exploit d’être en guerre contre nous-mêmes.

29 janvier 2023

Les chars en Ukraine: une belle blague qui va surtout profiter aux intermédiaires

Tiephaine Soter

Les USA ont tout fait pour amener l'Allemagne à accepter la livraison de chars Leopard 2 polonais à l'Ukraine. Ces chars sont des Leopard 2A4, livrés au début des années 2000, il ne s'agit pas de la version modernisée au standard Leopard 2PL.
Le Leopard 2 est un char de combat principal (Main Battle Tank, MBT) développé en Allemagne dans les années 1970, sur les ruines encore brûlantes d'un projet de char conjoint entre l'Allemagne de l'Ouest et la France (déjà...). La version A4 est donc la 4e mise à niveau de ce char déjà ancien, équivalent des chars T-72 soviétiques, et a été introduite en... 1985. Ces chars livrés en Ukraine ne seront pas mis à niveau.
Autant dire que c'est un char totalement dépassé face aux T-72B3 et B3M (mises à niveau de 2010 et 2016) qui équipent actuellement massivement l'armée russe. Je ne parle même pas des chars T-80BVM (2017) et T-90M, ni du T-14 Armata.
Le Leopard 2A4 est "célèbre" pour avoir été le premier char occidental à être détruit par des armements d'origine soviétique en Syrie : les jihadistes du Califat en ont détruit ou endommagé 3 sous bannière turque. Ils en ont aussi capturé 2 autres. Les Turcs ne sont pas spécialement plus cons que les Ukrainiens, donc on peut s'attendre à quelques scènes du même genre du côté de Donetsk...
Côté anglais, avec les chars Challenger, ce n'est guère plus brillant. Si sur le papier le char est plus récent (1994), ce n'est qu'un recyclage du Challenger 1 avec une nouvelle tourelle. Il n'a jamais été modernisé depuis son entrée en service actif, et sa disponibilité au sein des forces armées anglaises n'est pas glorieuse : c'est une machine complexe qui requiert de l'entretien régulier, du fait de ses 66 tonnes qui pèsent littéralement très lourd sur sa suspension et son arbre de transmission. Le même problème touche le Leopard 2A4, qui pèse à peu près autant.
En fait, sur les quelque 500 chars entrés en service en 1994, seuls 56 sont actuellement en service actif effectif outre-manche...
Côté américain enfin, là je crois qu'on a la palme. S'ils vont livrer 31 Abrams pour 400 millions de dollars (alors qu'ils sont, avec le prix ajusté sur l'inflation, à 9 millions pièce... ben oui, c'est pas gratuit, "l'aide américaine"), il s'agira de la version M1A1, c'est-à-dire celle de 1985 (pour une conception de 1975). C'est, en gros, la version qui a servi pendant la Guerre du Golfe de 1991. Il est plus léger que les deux précédents, donc sensément moins exposé au problème d'embourbage dans la célèbre raspoutitsa ukrainienne (la boue lourde et collante qui a englouti tant et tant de soldats allemands pendant la seconde guerre mondiale), mais son moteur est trop faiblard par rapport à son poids, et surtout ce char n'est absolument pas fait pour combattre en milieu froid. En gros, il ne sera "utile" qu'en été, vu qu'il sera neutralisé par la boue en automne et au printemps, et par le froid en hiver. Wa.Ouh.
Mais tout le monde n'est pas perdant. S'il y a autant d'insistance à liquider les stocks d'armements européens dans ce gouffre qu'est devenue l'Ukraine, c'est parce que chacun y trouve son compte sur le plan financier. Le gouvernement ukrainien, déjà, qui perçoit son écot sur chaque livraison. Zelenski vient justement d'éliminer 9 membres du gouvernement qui étaient devenus trop gourmands, pour "corruption". Détail hilarant quand on sait que sa fortune estimée a été multipliée par 100 depuis un an, pour s'établir à plus de 3 milliards de dollars, majoritairement détenus dans les paradis fiscaux (son nom est partout dans les Pandora Papers...).
Les envoyeurs ne sont pas en reste, puisque l'argent perçu revient en partie à l'envoyeur sous forme de rétrocommission. C'est notamment ce mécanisme qui est à l'origine de l'attentat contre un bus d'ingénieurs français à Karachi au Pakistan en 2002 (14 morts) : des rétrocommissions avaient tardé à être payées à des responsables pakistanais (elles avaient servi à payer la campagne électorale de Balladur en 1995, comme il a perdu il n'a jamais pu rembourser comme promis).
On se souvient du président Sarkozy qui était si volontaire pour exporter les armements français, on se souvient encore plus de Hollande qui a été le meilleur VRP pour Dassaut que l'Histoire ait connu : tous les deux ont encaissé énormément d'argent sur des comptes offshore en rétrocommissions ; Macron encaisse tout autant depuis 2017, il n'y a pas de raison.
Et tout ce petit monde est connecté par des intermédiaires, présentés comme des "hommes d'affaires", à l'image de Ziad Takieddine dont le nom ressort dans tous les scandales politico-financiers des années 1990-2000, remplacé dans la macronie par Alexandre Benalla, reconverti dans les "affaires internationales" depuis fin 2018...
Il y a des milliards en jeu, et la guerre en Ukraine, ils s'en foutent, en réalité. Ce qui les intéresse, c'est les transactions qu'elle permet. Tant que ça durera, tant qu'il y aura des Ukrainiens à envoyer se faire massacrer sous l'artillerie russe, tout ce bordel continuera. Personne n'en a rien à branler de l'Ukraine : ce qu'ils veulent, c'est les billets que leur petit business leur rapporte en quantités astronomiques.
C'est pour ça, il n'y a aucune illusion à se faire : il y aura des Leclerc en Ukraine, et pourquoi pas, des Rafale (les avions de combat, c'est la prochaine étape)...

22 janvier 2023

Macron arrête son char

Pierre Duriot

Le char Leclerc en Ukraine, ce n’est pas pour tout de suite, mais le président a sa manière bien à lui de tourner son discours et le mieux est de le décrypter à l’aune des réalités. Il ne veut pas que ce soit « escalatoire », le mot n’existe pas, mais on a bien compris qu’il ne voulait pas avoir l’air d’être en guerre avec les Russes, déjà que quelques va-t-en guerre, autour de Poutine, préconisent des frappes de rétorsion sur l’Hexagone, après les livraisons de canons Caesar et des AMX-10. La réalité est que la conduite d’un char Leclerc et son insertion dans un champ de bataille régi par l’électronique, ça ne s’improvise pas. Il faut cinq à six bons mois d’entraînement pour qu’un équipage soit opérationnel sur cette machine complexe. En clair, la France devrait à minima fournir des instructeurs, sinon même, des équipages formés et pour le coup, ce serait carrément « escalatoire ». Macron craint donc les éventuelles frappes russes sur notre sol et commence à prendre conscience qu’il en fait un peu trop.

Comme seconde condition, Macron estime qu’il ne faut pas dégarnir l’armée française. Nous disposons de 200 de ces chars, certes anciens mais comptés encore parmi les plus performants. Il est d’ailleurs fort probable que nous ayons purement et simplement, perdu la capacité à les fabriquer. Pas mal d’entre eux sont immobilisés, en panne, en maintenance et les 200 qui seraient opérationnels sont déjà un genre de minimum vital, au regard des longueurs de nos frontières terrestres et pour le coup, nous serions dégarnis. Il faut ajouter que l’armée française a été dépossédée de pas mal de ses Rafale, vendus d’occasion et que les nouveaux se font attendre, le premier n’a été livré que très récemment. Que de nombreux hélicoptères sont en maintenance. Que pas mal d’engins, comme les avions de surveillance, sont âgés et ne seront remplacés que dans quelques années. La Marine a perdu de nombreuses unités ces dernières années, nous n’avons qu’un seul porte-avions… bref, nous ne roulons pas sur l’or et donner quelques chars serait déjà se dégarnir. Il est bon que Macron en prenne pleinement conscience, ce qui lui a sans doute été soufflé par des généraux mieux informés que lui et surtout, moins hystériques. Il va se rattraper avec les milliards de nos impôts qui prennent la route du nord-est, en direction des poches de Zelensky qui voit, très curieusement, sa fortune personnelle augmenter de manière très conséquente malgré la guerre.

Au RPF, nous le disons depuis le début, ce n’est pas notre guerre. Que font les Américains si loin de chez eux et qu’ont-ils de si précieux dans ce pays pour y passer des dizaines de milliards ? Il faut privilégier le dialogue avec Poutine, même si cela a l’air d’en hérisser quelques-uns. Le président russe qui, selon notre presse, avait des cancers, la maladie de Parkinson, une révolte de ses généraux sur le râble, la détestation du peuple russe, a plutôt l’air de se porter comme un charme. Il est donc parfaitement apte à discuter.


19 janvier 2023

Conflit ukrainien : l'avis de Kissinger

Vincent Verschoore

Lors de leurs discours à l'ouverture de ce WEF, Klaus Schwab et Antonio Guterres (patron de l'ONU) sont restés très discrets sur la question ukrainienne, préférant parler de la « fragmentation » du monde, de la situation économique mondiale, des conséquences pour l'humanité du réchauffement à 2,8°C qui se profile (au lien du+1,5°C prévu).

Les va-t-en-guerre hystériques genre Ursula von der Leyen et Sanna Marin (PM de la Finlande), et bien sûr le couple Zelensky (madame étant présente sur place), ont tenté de remettre le grand méchant ours russe au centre du jeu, lui faire porter l'ensemble des responsabilités, et lui souhaiter une destruction prochaine.
 
Kissinger s'est aussi exprimé sur le conflit en Ukraine, en visio, avec un discours plus nuancé. Quoi que l'on pense de lui, il a sans doute l'âge et l'expérience pour être un peu moins con que les autres sur ces questions, et son avis est qu'il faut rechercher un cessez-le-feu sur base de la réalité du terrain, et ce rapidement avant d'en arriver à une escalade fatale.
 
Une fois ceci acquis, il pense qu'il y aura une négociation politique entre l'Occident et la Russie, susceptible de faire bouger les lignes mais à condition de laisser une vraie place à la Russie dans le concert européen.
 
Il serait intéressant de psychanalyser les dangereux imbéciles, dont de nombreuses femmes (parité oblige), qui veulent aller jusqu'au bout d'une guerre entre l'Otan et la Russie, au risque de déclencher le feu nucléaire sur l'ensemble de la région. Chacun sait, pourtant, que l'ours est bien plus dangereux lorsqu'il est blessé.
 
Chacun sait, aussi (même si on n'a pas le droit de la dire), que la Russie est tombée dans un piège tendu par l'Otan depuis 2014, que les Européens en sont les victimes collatérales, et que les grands bénéficiaires de l'affaire sont les USA et le complexe militaro-industriel.




COMMENTAIRE

Je ne crois pas que la Russie soit tombée dans un piège, ils l'ont parfaitement vu venir et savaient à quoi s'attendre. L'Europe ne respecte plus sa parole depuis longtemps, et l'OTAN s'assoit sur le Droit International, y compris les principes les plus élémentaires régissant le Droit des Traités et accords internationaux depuis l'imposition du programme "Pétrole contre nourriture" qui a constitué un véritable crime contre l'Humanité à l'encontre de la population irakienne...

Quant à Kissinger, le vieux serpent a toujours su jouer un double voire triple jeu, en se faisant passer pour un "pacifiste" en parlant de "conditions pour la paix" quand en coulisses il prône la guerre et les destructions systématiques d'États comme pour la Yougoslavie, puis la Serbie ou encore la Syrie et la Libye. Le fait qu'il appelle à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN le démontre parfaitement : pour lui, il s'agit simplement de donner un prétexte à l'OTAN pour attaquer la Russie, et non d'inciter la Russie à cesser son agression contre l'Ukraine en défendant celle-ci.

Sa seule obsession est de protéger et perpétuer le mondialisme qu'il a aidé à construire et qui s'est substitué à la civilisation occidentale depuis 1944-48.

Tiephaine Soter

9 janvier 2023

Conflit ukrainien

Jean Mizrahi

Il se joue en Ukraine bien autre chose que l'Ukraine elle-même. Une dangereuse partie d'échec entre les États-Unis et la Russie initiée par les premiers pour tenter d'annihiler les capacités de l'armée russe. Le problème pour Biden est que les États-Unis sont désormais en première ligne car les Européens, qui n'ont pas investi suffisamment dans leur défense, ne disposent pas des équipements qui sont nécessaires aux Ukrainiens pour affronter l'armée russe. Et cela commence à se voir. Or, au même moment, les Républicains viennent de prendre le Congrès, dans le désordre qui plus est. Les "neocons" américains poussent désormais pour une accélération du conflit et donc un engagement encore plus important des États-Unis, car ce qui est en jeu est la crédibilité américaine. Que la Russie vienne à gagner, et le monde verra que les États-Unis ne sont plus capables de piloter des conflits, il y a un risque (pour les Américains) de bascule encore plus rapide de l'influence internationale. On touche donc à un aspect existentiel tant du côté russe que du côté américain, et il n'y a donc que des risques majeurs à poursuivre dans cette voie, et ce à un moment où la Russie déploie des armes nucléaires sur d'autres théâtres. Le monde est dans une situation de risque maximal, c'est probablement pour cela que la Bourse ne cesse de monter, tant l'aveuglement est général. Je continue de penser que l'intérêt de tous est d'organiser une conférence pour la paix, et c'est ce que les Européens devraient imposer aux parties, car nous sommes aux premières loges. Mais l'aliénation européenne aux intérêts américains est désormais patente, l'initiative ne viendra pas de là. Elle ne viendra pas non plus de Chine, qui a tout intérêt à voir les États-Unis s'enliser et la Russie s'affaiblir. Il faut craindre que les États-Unis aient entrainé l'Occident vers sa perte.

6 janvier 2023

Ukraine : pas co-belligérant : mon œil

Pierre Duriot

L’ancien chef de l’agence spatiale russe Dimitri Rogozine a envoyé à Macron l’éclat d’obus qui l’a blessé dans le Donbass. Un obus envoyé par un canon Caesar français. Signe qu’il garde – et son ex-patron Poutine aussi, sans doute –, une dent contre la France. Et notre pays en remet une couche en envoyant des AMX10 à Zelensky, un char d’assaut à six roues, datant des années 80 et dont on peut largement douter de l’efficience sur le terrain ukrainien. Outre le fait qu’il déshabille un peu plus notre armée, il est nanti de munitions franco-françaises et pas compatible avec les munitions de l’OTAN, ce qui signifie que la France devra fournir aussi les munitions, aussi longtemps que ces engins feront la guerre et de munitions, nous n’avons que quelques jours d’avance, pour une guerre de haute intensité, ce qui signifie que nous allons nous dépouiller rapidement de nos munitions de 105 : au point où nous en sommes… d’ailleurs, une partie non négligeable de nos canons Caesar, soumise à un fonctionnement de haute intensité, a rendu l’âme.

Si encore ces armes arrivent bien aux Ukrainiens, car 50 % des armes fournies à l’Ukraine sont revendues aussi sec à l’international et en particulier à des pays africains et arabes et vont nourrir directement des organisations terroristes, qui vont ainsi disposer d’armes lourdes et légères, payées par les contribuables européens, de multiples fois dindons de la farce dans cette affaire.

Il faut le savoir, car c’est antérieur à la guerre, l’Ukraine a toujours figuré en bonne place, dans les pays les plus corrompus de la planète. Notamment depuis 2014 et le régime installé par les Américains et plus récemment encore, avec l’élection de Zelensky, en 2019, orchestrée par le cabinet McKinsey. Encore eux…

Un « spécialiste » français des armées expliquait doctement sur FranceInfo, que la livraison d’AMX10 n’était pas co-belligérance, de même que la livraison de drones à Moscou par l’Iran, n’était pas non plus co-belligérance. Mon général a des raccourcis un peu faciles, puisque la différence est énorme, à savoir que Moscou achète des drones à Téhéran, alors que nous livrons gratuitement, au titre de l’aide, des armes à l’Ukraine. Il voit midi à sa porte celui là et il devrait se douter que Moscou peut avoir un tout autre avis, sur la notion de co-belligérance. Là-dessus, les mêmes propagandistes cathodiques nous annoncent une fois de plus que Poutine est malade et qu’il n’en a plus pour longtemps. Cela ne fait jamais qu’un an que ces zèbres télévisés nous annoncent la mort de Poutine dans les deux mois et la pénurie en munitions de la Russie et non seulement il est toujours là, mais il bombarde à tour de bras. Et nos fiers éditorialistes de ne même pas se rendre compte de l’incongruité de leurs annonces. Cela nous éloigne d’un retour à la normale en matière énergétique, mais créé un passif tel qu’il sera très difficile de renouer des liens avec le frère européen russe qui a, autant que les Américains, contribué à nous libérer du nazisme.

29 décembre 2022

Conflit ukrainien

Yann Bizien

J'ai pu lire tout le contenu de cet accord signé en 2021 entre les USA et l'Ukraine. C'est un accord d'assistance et de soutien stratégique global des États-Unis à l'Ukraine avec une perspective d'élévation du pays aux standards politico-militaires exigés pour son éventuelle entrée dans l'OTAN.

On découvre dans cet accord stratégique que les USA ont voulu renforcer l'Ukraine face à la Russie et même l'arracher à l'emprise et à l'influence russe. Les Américains ont préparé et occidentalisé l'Ukraine depuis au moins 2008 pour en faire un ennemi de la Russie et créer les conditions d'une guerre par procuration inévitable.

Les Américains étaient parfaitement conscients que les conditions d'un engagement militaire entre les deux pays seraient à un moment réunies : Poutine n'avait plus d'autre choix que la guerre comme continuation de sa politique et l'Ukraine était prête, équipée, formée, entraînée, qualifiée, renseignée, conseillée et conditionnée pour cet engagement.


28 décembre 2022

Ukraine/Russie

Yann Bizien

Notre classe politique ne semble pas vouloir réfléchir sur les causes et les conséquences de la guerre en Ukraine.

Avare d'efforts, elle s'interdit de penser la complexité de cette guerre. Soumise à la domination américaine, elle s’autocensure et se prive de tout jugement autonome, équilibré et indépendant.
 
Nous connaissons la sentence fabriquée hâtivement et sans grand discernement pour justifier des soutiens politiques, diplomatiques économiques, financiers et militaires à l'effort de guerre ukrainien : l'Ukraine est un pays souverain qui a été envahi et attaqué par la Russie qui a violé ses frontières et le droit international.

Ce discours est répété à l'envi dans toutes les chancelleries occidentales et par tous les médias alignés. Il a le mérite d'être simpliste et facilement assimilable par les cerveaux pressés et ignorants.
 
Mais il invite surtout à ne pas réfléchir et à laisser filer la surenchère comme la montée aux extrêmes.
 
Le sang coule en Ukraine et désormais en Russie mais, au nom des intérêts américains, il faudrait cesser de penser et continuer à soutenir ardemment, aveuglément et à grands frais cette guerre qui n'a vraiment pas débuté le 24 février 2022.

Nous déplorons souvent les effets dont nous chérissons les causes... oubliées.
 
Notre classe politique a décidé de ne pas s'armer d'objectivité et de se laisser aller à la facilité du raisonnement communément admis pour justifier sa position jusqu'au boutiste et belliciste. Elle dit la morale et le droit. Elle veut faire triompher l'Ukraine. Mais elle oublie l'histoire et le réel.

La Russie est une puissance encerclée, humiliée et frustrée.

L’Histoire des relations internationales nous rappelle qu’à chaque fois qu’une puissance est humiliée, elle réagit mécaniquement par un durcissement de son régime politique avec une volonté de revanche et de restauration de sa respectabilité perdue.
 
Je rappelle à tous ceux qui ont lu des manuels d'histoire sur le 20ème siècle, que la montée du nazisme était écrite dans les pages du traité de Versailles mettant fin à la première guerre mondiale, tout en infligeant des exigences de réparations intenables et insupportables pour l'Allemagne. Ajoutons-y la crise financière, et nous avons eu l'Allemagne agressive et revancharde de 1933 et 1939.

Les Occidentaux ont tout particulièrement apprécié la Russie post soviétique, affaiblie, désintégrée, sous pénuries et perfusions de l'alcoolique Boris Eltsine.
 
Et les mêmes Occidentaux ont largement profité de l'effondrement du bloc communiste pour arracher à la Russie tous ses pays satellites et étendre plus à l'est les frontières de l'OTAN.
 
L'agressivité russe a ses causes et ses explications rationnelles que les hommes et les femmes pressés ne veulent pas voir ni entendre.

Le régime russe est engagé dans une lutte de survie pour toutes ces raisons, parce qu'il n'entend pas se fondre dans l'Occident décadent et parce qu'il refuse de céder à l'ambition impérialiste des États-Unis.

Il est malhonnête de nier les nombreuses alertes d'exaspération lancées par Vladimir Poutine sur l'impératif de coopération de sécurité en Europe. Nous pouvons aisément retrouver ses discours.

Pire, les Américains ont volontairement construit un ultra nationalisme ukrainien contre la Russie.
 
La russophobie est une autre cause sous-estimée de cette guerre. Elle est venue alimenter le potentiel de conflictualité. Et elle a contribué, avec l'extension de l'OTAN jusqu'aux frontières russes, les promesses d'entrée de l'Ukraine dans l'UE et le non-respect des accords de Minsk, à générer la réaction militaire du 24 février dernier.
 
Ne plus réfléchir et ne pas admettre que l'Occident a aussi sa part de responsabilité dans cette guerre est une faute particulièrement grave et historique.
 
Il nous faut comprendre que nous ne pourrons jamais occidentaliser la planète. Je pensais que nous pourrions tirer des enseignements des échecs américains en Irak et en Afghanistan sur le même sujet.

Vingt ans de guerres américaines pour rien. Je me suis trompé. L'Occident impérialiste est trop têtu. Et il a la mémoire courte. Il mène encore aujourd'hui une autre guerre, déléguée à l'Ukraine, sans la faire, mais financée par nous.

20 décembre 2022

Conflit ukrainien : l'Occident force Zelensky à attaquer

Valentin Vasilescu

- 20/12/2022 -


Le plan du général Sergey Surovikin visant à mettre hors service les infrastructures critiques de l’Ukraine commence à montrer son efficacité. L’algorithme suivi par les Russes dans l’exécution de ce plan a fait que les armes fournies par l’OTAN sont restées bloquées dans les régions frontalières de l’Ukraine. Et leurs sites de stockage sont frappés quotidiennement par des missiles russes.

1. L’OTAN a compris que Surovikin a pris l’initiative stratégique et s’il parvient à conserver cette initiative, quelle que soit la quantité d’armes modernes que l’Occident enverra en Ukraine, elles n’atteindront jamais la ligne de front.

2. Sur le front, les Russes font un usage intensif de l’aviation tactique, de l’artillerie et des MLRS, infligeant à l’armée ukrainienne de lourdes pertes en technologie de combat. Des pertes qui ne peuvent être remplacées par l’Occident. Chaque jour qui passe, l’armée ukrainienne perd de plus en plus de sa force de frappe. En effet, l’absence d’appui-feu cloue les unités ukrainiennes, essentiellement composées d’infanterie et de réservistes, dans des tranchées et des fortifications. Une fois sorties de ces fortifications, les compagnies d’assaut ukrainiennes se retrouvent seules, et leurs contre-attaques et tentatives d’infiltration se soldent par de lourdes pertes et un retour à leurs anciennes positions.

3. Outre les missiles de croisière, les Russes lancent également des drones cibles tels que le E95M, doté d’un réflecteur polyédrique qui imite le signal radar des missiles de croisière, dans les régions de Kharkov, Donetsk, Zaporozhe, Dnepropetrovsk, Kherson et Nikolayev. Il s’agit de « leurres » pour les batteries de missiles AA ukrainiennes déployées dans ces zones. Ils sont ainsi en mesure de les localiser et d’en frapper un nombre croissant. L’objectif de Surovikin est de créer des voies sécurisées pour les avions russes dans toutes ces régions dans un délai de 30 à 45 jours.

4. La population urbaine ukrainienne commence à ressentir pleinement l’impact de l’absence de conditions de vie minimales et ne se réjouit plus des déclarations triomphalistes de l’administration de Kiev. Bien qu’ils ne se rebellent pas encore, certains signes indiquent qu’un changement de mentalité des Ukrainiens est sur le point de se produire.

5. Zelensky a également commencé à perdre le soutien extérieur dont il bénéficiait au début de l’opération spéciale. Cela a été démontré par le refus de la FIFA et du Qatar de permettre à Zelensky de faire son discours habituel avant le début de la finale de la Coupe du monde.

Pour toutes ces raisons, les généraux de l’OTAN pressent l’Ukraine d’attaquer maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Même si cela signifie la perte de 30 000 à 50 000 soldats ukrainiens. Si l’Ukraine ne le fait pas d’ici le 31 décembre, en janvier 2023, elle sera tellement affaiblie qu’elle ne pourra même plus tenir ses lignes défensives actuelles.