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5 mars 2023

Guerre en Ukraine : devoir d'amour, devoir de haine, par Radu Portocala

Anne-Sophie Chazaud

Chers amis, les missiles ont volé de tous côtés la semaine dernière à l’occasion de ma publication consacrée à l’année écoulée de guerre en Ukraine.
J’ai eu de passionnants débats, discussions, échanges avec beaucoup d’entre vous et cela m’a renforcée dans l’idée que nous formons ici (et sur les réseaux sociaux d’une manière générale) une formidable agora que je suis bien heureuse de n’avoir finalement pas quittée.
Au terme de tous ces échanges de points de vue sur la situation dans laquelle nous nous trouvons et quel que soit le point de vue de chacun, j’ai recueilli un certain nombre de contributions et de pistes de réflexion et d’analyses dont j’ai pensé qu’elles pourraient vous intéresser et que je vais donc publier régulièrement sur La Place.news.
(Je rassure tout de suite les inquiets : non il est hors de question que je fasse du sujet international actuel un mono-sujet obsessionnel).
Le point de vue d’une personne qui a fui le Bloc de l’Est à l’époque communiste et qui revit à l’Ouest les diktats et oukases du Camp du Bien désignant la Russie comme Grand Satan et contraignant la pensée de chacun comme aux meilleures heures brejnéviennes, m’a semblé particulièrement intéressant. D’autant plus intéressant que l’on prétend souvent que les personnes ayant subi le joug soviétique et ses persécutions seraient naturellement toutes devenues russophobes dans l’affaire ukrainienne. Nous avons donc ici au moins un point de vue différent qui fera mentir la vulgate…
Radu Portocala, écrivain et journaliste, dont je vous recommande ici vivement la lecture est, comme il le raconte, né « à la pire époque de la Roumanie communiste », « venu au monde entre deux arrestations, celle de mon grand-père, tué en prison, et celle de mon père, c'est pour éviter ma propre arrestation, en 1977, que le gouvernement grec a fait des efforts immenses pour me faire sortir de Roumanie ».
C’est avec beaucoup d’amertume qu’il a vu s’écouler cette année de guerre et d’enrôlement propagandiste au côté imposé d’un atlantisme béat :
« Ce Rideau dont l’Occident a applaudi la chute et que, maintenant, l’Occident a lui-même déployé au nom de ce Bien qu’il veut infliger au monde entier. Le « grand frère » n’est pas mort comme on nous disait il y a trente ans ; il a seulement changé sa position dans l’espace. Le « grand frère » n’est plus à l’Est, il est maintenant à l’Ouest. Et il commande toujours avec la même âpreté. La prosternation de l’Europe devant lui est le seul signe de vie qu’elle puisse encore donner. Et cette prosternation est symétrique de celle dans laquelle le monde de l’Est avait été condamné à s’endormir aux pieds de l’Union soviétique. Pour celui qui s’en est échappé, quelle amertume ! Quelle amertume de tout revivre, même à l’envers ! »
Je vous en souhaite bonne lecture…