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7 février 2023

LES RETRAITES, LA PROIE ET L'OMBRE

Gabriel Nerciat

Quand j'entends parler certains grévistes ou manifestants depuis le début de l'affaire des retraites, je suis toujours un peu désarçonné par certains arguments.
Notamment celui-là, devenu désormais assez courant, jusque dans la bouche de Pascal Praud sur C-News : "Si l'État a pu trouver 140 milliards d'euros sur trois ans pour assumer l'épreuve de la covid, il devrait pouvoir trouver sans problème majeur les 15 à 20 milliards nécessaires pour équilibrer les caisses de retraite dans la décennie qui vient, sans contraindre les gens à travailler plus longtemps."
Or je crois qu'il serait peut-être temps d'expliquer aux inconscients ou aux naïfs que c'est exactement le contraire qui est vrai : c'est parce que l'État est prêt à faire travailler les gens plus longtemps et à rogner sans vergogne sur le montant et les conditions d'obtention de leurs pensions de retraite que l'UE d'une part et les investisseurs privés institutionnels d'autre part sont prêts à soutenir, par le gonflement de la dette et le chantage qu'elle autorise, les capacités de financement de l'État.
Chaque jour de l'épidémie où les Français (dont je fais partie, naturellement) ont consenti sans faire de drame à rester confinés chez eux, à remplir leurs justificatifs burlesques pour s'autoriser à descendre acheter le pain, ou à présenter leurs passeports sanitaires afin de pouvoir aller déjeuner au restaurant a été la condition de possibilité de la contre-réforme inepte, inutile et injuste qui est en jeu au Parlement aujourd'hui - et que le Banquier Président, encore une fois, s'est empressé d'annoncer en lançant sa campagne l'an dernier sans craindre d'avoir à en payer les conséquences dans les urnes.
Pour Macron comme pour Biden ou les ennemis de BoJo en Angleterre, l'épidémie de covid a été une bénédiction du ciel : grâce à elle, il a pu sauver un quinquennat qui n'était rien d'autre qu'un long naufrage sans fin, et obtenir de l'Allemagne l'autorisation qui lui manquait pour renforcer les pouvoirs obligataires et budgétaires de l'Union européenne, au détriment de la souveraineté française et de la justice sociale dont celle-ci est garante, au moins depuis la Libération.
Les syndicats bien sûr ne le reconnaîtront jamais, mais ils sont les premiers à le savoir. Eux aussi mangent abondamment dans la main de Bruxelles et de Bercy, car sans la manne de l'État il y a belle lurette que leur indigence et leur impuissance seraient exposées au public telles qu'elles sont.
Le problème, aujourd'hui, ce n'est pas tant la réforme elle-même que celui qui l'impose, et les raisons pour lesquelles il l'impose.
C'est toujours la même histoire, et toujours le même principe de base : on ne gagne rien à lâcher la proie pour l'ombre (si une gauche socialiste et ouvrière existait encore, cela devrait devenir sa devise, je crois).

4 février 2023

UNE LISTE MÉMORABLE

Gabriel Nerciat

Marianne est, à ma connaissance, le premier journal français à avoir publié hier la liste exhaustive de tous les journalistes secrètement invités à l'Elysée par Emmanuel Macron il y a quelques semaines afin d'élaborer avec eux la défense médiatique de sa réforme des retraites.
Si vous n'avez pas le magazine en main, voici leurs noms :
- Nathalie Saint-Cricq (France 2) ;
- Benjamin Duhamel, son fils (BFM-TV) ;
- Alba Ventura (RTL) ;
- Françoise Fressoz (Le Monde) – il est vrai qu'elle était déjà régulièrement invitée à dîner à la table de François Hollande entre 2012 et 2017, il est probable qu'elle doit apprécier la cuisine du chef de l'Élysée ;
- Yaël Goosz (France Inter) – celui qui répète sans arrêt que Marine Le Pen a des liens vraiment suspects ou occultes avec le maître du Kremlin ;
- David Revault d'Allonnes (Le JDD) ;
- Dominique Seux et Cécile Cornudet (Les Echos) ;
- Guillaume Tabard (Le Figaro).
La présence de Ruth El Krief (LCI), évoquée sur la Toile, n'a pu être confirmée par Jack Dion, le journaliste de Marianne.
Une jolie brochette, même si finalement peu de surprises (les surprises, ce seraient plutôt certains absents, comme l'infâme et crétinissime Etienne Gernelle du Point, ou le répugnant mais peut-être déjà beaucoup trop suspect Jean-Michel Aphatie de LCI).
On connaît la réplique que Jean-Claude Brisville avait mise dans la bouche de Talleyrand face à Fouché, qui le menaçait de révéler le contenu du dossier recelant la totalité de ses nombreux pactes de corruption : « Mon dossier est inoffensif, cher Monsieur, parce qu'il est de notoriété publique ! ».
La corruption des journalistes maastrichiens assermentés à la presse progressiste et libérale est elle aussi de notoriété publique, mais ce n'est pas une raison pour ne pas lui faire un maximum de publicité.
Chacun de ces noms doit être répertorié et retenu – surtout si ces gens sont amenés, par l'effet de leur probité et de leur conscience professionnelle, à travailler jusqu'à plus de 64 ans.

31 janvier 2023

SCEPTICISME SOCIAL

Gabriel Nerciat

J’avoue qu’en dépit du succès indéniable et massif des manifestations organisées par les syndicats institutionnels depuis une dizaine de jours, j’ai du mal à prendre au sérieux le mouvement initié contre la réforme des retraites.

De loin, car je n’y participe pas, il me semble à la fois trop conventionnel et paradoxalement trop consensuel pour parvenir à ébranler en profondeur le pouvoir macronien, dont l’isolement a cessé de constituer la principale faiblesse.

Il me donne même l’impression de se résumer pour l’instant à une sorte de pantomime un peu académique ou convenue que la gauche se joue à elle-même, à travers la provisoire réconciliation de la CGT et de la CFDT, devant un public qui est à la fois bienveillant et secrètement résigné.

Car à vrai dire, il n’y a aucune raison pour que Macron cède aux pressions de la rue si elles se limitent à ce qu’elles sont aujourd’hui : le Banquier Président a été réélu pour un second et ultime mandat, et assez largement par ceux-là mêmes (Mélenchon, Rousseau, Jadot, Martinez, Berger, Autain) qui manifestent aujourd’hui contre un projet de réforme, certes parfaitement injuste et bêtement comptable, mais qu’il avait pourtant très clairement assumé et annoncé lors de la courte campagne présidentielle qu’il a menée l’an dernier.

Politiquement, Macron aujourd’hui ne risque plus grand-chose, sauf si une nouvelle insurrection comparable à celle des Gilets jaunes provoquait une crise de régime, mais actuellement je n’en vois pas du tout les conditions réunies : il est rare qu’on parvienne à déstabiliser ou à renverser un chef d’État en début de mandat, surtout quand ses oppositions sont divisées et se complaisent assez bien dans l’entretien de cette division (le week-end dernier encore, les mélenchonistes ont fait élire, à 600 voix près, dans une législative partielle de Charente, une candidate macronienne contre une députée sortante du RN).

En règle générale, j’ai toujours du mal à donner raison à des gens légers, inconscients ou versatiles, qui n’assument pas les conséquences de leurs opinions ou de leurs actes.

Car il n’y a pas eu seulement la confortable réélection de Macron en amont de cette contre-réforme. Sans cesse depuis vingt ans, les Français, même s’ils s’abstiennent de plus en plus dans les urnes, n’ont cessé de porter au pouvoir des présidents maastrichiens (plus ou moins) favorables à la mondialisation et à l’intégration européenne en mode ordo-libéral de type germanique.

Que croient-ils donc ? Qu’ils vont parvenir à maintenir un système coûteux et isolé de répartition des richesses ou des retraites dans un monde voué depuis quarante ans au libre-échange global et au cœur d’une nation à la souveraineté entravée ainsi qu’en proie au déclin démographique ?

Les hommes et les femmes de gauche ressemblent de plus en plus aux aristocrates de la fin de l’Ancien Régime, dont Rivarol disait qu’ils prenaient leurs souvenirs pour des droits. Or aucun droit n’a de valeur en soi ; il dépend d’abord des normes et des principes qu’une société se reconnaît comme étant les siens à travers le choix des élites qu’elle a chargées de les défendre.

Pour que Macron recule, il ne faut pas seulement des millions de personnes dans la rue, mais a minima que sa majorité parlementaire se divise, que les vieux crabes LR lâchent le texte, et surtout que les classes moyennes paupérisées des provinces périphériques, potentiellement majoritaires chez les actifs, et les étudiants des universités des grands centres urbains entrent résolument dans la danse, sans craindre de devoir exercer contre les élus proches du pouvoir un certain degré de violences physiques (couper l’électricité de leurs permanences, c’est vraiment le minimum requis, et en fait bien peu de choses).

Je me trompe peut-être, mais pour l’instant je ne vois pas ces conditions en passe de survenir.

28 janvier 2023

UNE PÉTITION POUR LA PAIX EN EUROPE

Gabriel Nerciat

Si l'on m'avait dit il y a encore moins d'un an que je partagerais un jour sur mon mur FB une pétition initiée par Arno Klarsfeld, à vrai dire je ne l'aurais pas cru.
Mais pourtant, tout arrive : cette guerre d'Ukraine, comme la plupart des guerres sans doute, m'aura permis, entre autres choses, de découvrir la vérité sur la valeur d'un certain nombre de gens ; ceux qu'on croyait plutôt intelligents et courageux et qui se sont révélés le contraire, ou vice versa.
En attendant, à l'heure où le vieux forban irlandais de la Maison Blanche et ses larbins allemands ou polonais cherchent à nous entraîner vers le pire, cette pétition est la bienvenue, et elle cible juste : l'Union européenne, cette institution scélérate qui a étendu ses pouvoirs illégitimes au détriment de la souveraineté des nations du vieux continent, n'est plus qu'une serpillière sanglante à la solde de l'OTAN.
Elle s'est trop longtemps prévalu de l'amour de la paix pour qu'on l'autorise aujourd'hui à nous entraîner vers une guerre mondiale qui serait à la fois suicidaire, effroyable et insensée.
N'hésitez donc pas à signer cette pétition et à la faire circuler largement.


26 janvier 2023

LES CRÉTINS ET LES CRAPULES ou LES PLAISIRS D'UNE JOURNÉE FASTE

Gabriel Nerciat

Quoi de neuf, aujourd'hui, cher ami ?
Bof, pas grand chose. Le petit chat est mort sous un train.
Oh, et puis si, tiens : la Troisième Guerre mondiale vient juste de commencer, comme dirait Emmanuel Todd.
Au début, ça énerve, c'est vrai, mais tout compte fait, ça n'a pas que des inconvénients. Voyons en tout le bon côté des choses.
À mes yeux, je l'ai déjà dit, les partisans de l'Ukraine se répartissent en deux catégories assez nettement différenciées : les crétins et les crapules.
Les crétins (là comme ailleurs) sont évidemment les plus nombreux, saoulés par la saturation de leur propre sottise, et vont répétant depuis presque un an, comme un robotChat inepte ou un HAL kubrickien et sénile qui aurait définitivement bugué : "L'Ukraine est une pauvre nation démocratique et fragile, agressée par le méchant ogre impérialiste russe ; aidons-la, c'est notre devoir, quoi qu'il en coûte (encore !)."
Malheureux les crétins, aurait dû dire l'Évangile des Béatitudes, car la Terre ne sera jamais à eux.
Les crapules, elles, sont un peu moins nombreuses, mais évidemment beaucoup plus intéressantes : leurs mensonges disent toujours quelque chose de la vérité, même quand leur vénalité semble plus forte que leur fanatisme.
Il suffit de lire les plumes les plus délirantes et les plus abjectes au service du bacille euro-atlantiste, comme la grosse et bubonique Françoise Thom, le spectral et systématique Alain Besançon ou l'ahurissant et grotesque général Yakovleff : eux, qui bavent par terre depuis des mois en évoquant avec volupté la décomposition prochaine de la Russie et le retour au Temps des troubles du XVIIe siècle, ne se parent pas des idéaux victimaires de la Justice internationale. Leur furie obsessionnelle n'a pas besoin d'alibis moraux.
C'est pourquoi on les voit un peu moins dans la lucarne que les p.tains mieux achalandées comme Pascal Bruckner ou la secrétaire perpétuelle de l'Académie française : car sans le vouloir ou le voulant, les crapules confirment assez rigoureusement ce que dit sans varier Poutine depuis des mois.
À savoir qu'au bout d'un certain nombre de dizaines de milliards de dollars octroyés par l'État fédéral américain aux mafieux et aux ukronazis de Kiev, il ne s'agit plus là d'un simple enjeu régional, mais d'une volonté d'anéantissement de la nation et de la puissance russes qui n'a pas eu d'équivalent depuis le dernier conflit mondial.
Au moins, maintenant, avec la décision de Biden préparée par l'activisme des nationalistes polonais, les choses sont claires.
Les crétins ne pourront plus s'interposer très longtemps face à la déferlante langoureuse et inexorable des crapules.
Ils ne pourront plus venir geindre et pleurer à longueur d'antenne avec leur indignation tolstoïenne à deux roubles (je parle de Léon, pas de Piotr).
Ils ne pourront plus mentir sans un minimum de mauvaise conscience fugitive. Du moins, il faut le souhaiter. Le crétin, pour crétin qu'il soit, n'en est pas moins un homme.
Bref, ils vont devoir, enfin, arrêter leurs chars.

17 janvier 2023

LA VICTOIRE DE LA BEAUTÉ

Gabriel Nerciat

Si j'en juge par ma consultation des réseaux sociaux depuis hier, la disparition de la sublime Gina Lollobrigida suscite infiniment plus d'émois que la perspective de la grande grève intersyndicale de jeudi prochain.

Dostoïevski avait raison : c'est bien la beauté qui changera le monde.

Tant pis pour Pierre Bourdieu, Laurent Berger et Bidochon.


15 janvier 2023

UNE BLONDE SOUS LA GRENADE

Gabriel Nerciat

Hier, en allant faire des courses dans un hypermarché pas très loin de chez moi, alors que j'ai pris ma place dans la queue pour régler de menus achats alimentaires, je vois arriver derrière moi une jolie blonde un peu glamour et très apprêtée, perchée sur de longues jambes qui pourraient être celles d'une ancienne danseuse du Moulin Rouge, agréable personne d'une quarantaine d'années à la mise à la fois un peu vintage et accompagnée de je ne sais quoi d'excentrique.
Comme elle n'a pas grand chose à payer (une bouteille de vin et je ne sais plus quelles mignardises), je m'empresse de lui dire : "Si vous voulez passer avant moi, Madame, je vous en prie".
C'est le genre de proposition courtoise que j'adresse en général, en bon mâle cisgenre et patriarcal, en semblable circonstance soit aux vieilles dames soit aux jolies femmes (parfois aussi aux laides, hein, que les féministes ne me tombent pas dessus comme la vérole sur le bas clergé).
Du coup, la blonde inconnue me regarde, ébahie et enchantée, comme si je venais de lui offrir la lune.
Pour la peine, elle me gratifie, avec une pointe d'accent que je crois être originaire d'Europe centrale, d'un tonitruant et enjoué : "Oh mais vous êtes un amourrrr ! Merci !".
Elle passe donc devant moi, règle ses achats et disparaît prestement sous le ciel gris et froid de janvier.
C'est seulement à ce moment-là que je prête attention à la chanson que diffuse en sourdine la radio choisie en guise d'ambiance musicale par l'établissement commercial, la rébarbative et répétitive Grenade de l'ahurissante et peu amène Clara Luciani : "Je pourrais te faire mal. Prends garde : sous mon sein la grenade ; regarde : sous mon sein la grenade, etc".
Quand j'entends ce truc immonde, en général, je me bouche les oreilles ou pense à quelque chose de réjouissant (l'exécution de Macron sur la place de la Concorde, ou le sourire de Romy Schneider à la fin de César et Rosalie) pour faire diversion.
Mais là, non.
Ce démenti fugace et ravissant offert à l'improviste par une inconnue sortie d'un film de John Huston ou de Max Ophüls pour contredire la barbarie bravache des modernes amazones, je l'ai vécu et accueilli comme la plus belle dissonance poétique que le moment présent était susceptible de m'offrir.


8 janvier 2023

PAS D'ANNIVERSAIRE POUR CHARLIE

Gabriel Nerciat

Il y a exactement huit ans, jour pour jour, ont eu lieu les sanglants attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo, perpétrés par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly au nom d'Al Qaïda, en représailles contre la publication de caricatures jugées blasphématoires du prophète Mahomet.
À l'époque, je n'ai pas participé aux manifestations parisiennes qui ont suivi l'évènement, ni repris à mon compte le slogan "Je suis Charlie", inventé par le graphiste et publicitaire Joachim Roncin et devenu en quelques heures l'emblème de tout le petit Paris faussement bohème et rebelle des milieux cultureux progressistes (arboré de Clémentine Autain à Renaud en passant par Jean-Jacques Goldman et Jean-Luc Mélenchon, qui prononça l'oraison funèbre de Charb).
J'ai expliqué assez longuement ici pourquoi (si d'aventure cela intéresse encore quelqu'un), mais pour résumer l'affaire en deux mots je jugeais que ce mot d'ordre, proféré au nom de la défense de la liberté d'expression contre l'interdit du blasphème religieux, était surtout là pour occulter la vraie question que posaient de façon cinglante ces exécutions sommaires : celle de l'implantation d'un islam salafiste, révolutionnaire, sécessionniste, meurtrier et de moins en moins marginal au coeur même de la nation (les trois assassins étaient tous de nationalité française, nés et éduqués en Ile-de-France, sans aucun contact direct avec le monde arabe ou l'Afghanistan).
Huit ans après, je n'ai toujours pas changé d'avis, et ce n'est certes pas l'attitude ultérieure des actuels dirigeants du journal libertaire qui aurait pu y contribuer.
Comme prévu, on commémore chaque année en grande pompe les attentats (la République française est très forte en commémorations), mais rien de sérieux n'a été fait pour en combattre les causes.
Non seulement le salafisme et le frérisme sont devenus de plus en plus influents dans un nombre grandissant de villes et de banlieues françaises, dans l'indifférence générale ou au contraire avec la complicité active des pouvoirs publics et des élites assermentées (exemple entre mille : le 31 décembre dernier au soir, c'est avec l'aide affichée des imams de la commune que l'ancien député-maire chiraquien de Mantes-la-Jolie, Pierre Bédier, a entrepris de garantir la sécurité des biens et des personnes dans sa ville), mais même la décapitation ultérieure de Samuel Paty – qui n'aurait pas eu lieu sans les attentats de 2015 – a été très vite passée par pertes et profits.
Certes, les pouvoirs publics ne détruisent pas encore, comme les Woke anglo-américains, les statues de Voltaire, de Diderot, de Dante ou de Jules Ferry, mais on se contente de les mettre au grenier une fois qu'elles ont été nuitamment et régulièrement dégradées (cf. la pétition de Causeur).
À cela, la raison est simple : les deux grands courants de l'opinion éclairée favorables à la mondialisation (la libérale-européiste et la gauchiste-post-marxiste) savent très bien que celle-ci ne peut pas se poursuivre sans ou contre l'islam.
Donc, pour tout ce qui se flatte de défendre la liberté d'expression à géométrie variable (personne n'a manifesté ou pétitionné pour protester contre la censure de Russia Today, de Richard Millet ou de Gabriel Matzneff, entre autres exemples), les assassins de Charlie resteront à jamais là où, à leurs yeux, ils doivent être : dans l'ombre élargie et multiséculaire de Torquemada, Savonarole, Simon de Montfort ou saint Bernard de Clairvaux prêchant la croisade.
Argument sans cesse ressassé : le christianisme s'est assagi au bout du compte ; il en ira de même avec l'islam régénéré par son exil européen – dans quelques siècles.
La fin de l'Histoire reconnaîtra les siens, et d'ici quelques années les cadavres des uns et des autres ne se distingueront même plus.
Sous nos cieux, tout est bien qui finit bien, toujours.
Parce que comme disait Churchill au début de la guerre froide, il convient d'aller d'échec en désastre et de désastre en échec avec le maximum d'énergie possible.

3 janvier 2023

MEILLEURS VOEUX

Gabriel Nerciat

Bon, on ne va pas se mentir : comme chacun sait, l'année 2023 risque de ne pas être très fameuse sous nos cieux, à tous égards.

Mais ce n'est pas une raison pour déroger à la coutume, ou se morfondre dans le cabinet privé du désespoir.
 
Disons-nous plutôt que chaque bonheur fortuit, prémédité ou inattendu dans les douze mois qui viennent nous procurera un plaisir décuplé par rapport à ceux des années fastes.

Même l'oie innocente dont je dégusterai le foie dans un an (enfin, si tout va bien) connaîtra d'ici là ses heures voluptueuses ou insouciantes ; elle aurait bien tort de ne pas savourer la douceur du temps qui lui reste.
 
Donc, le plus sincèrement du monde, heureuse année à tous, chers amis.
 
Ne perdez jamais une occasion de joie, de volupté ou de bonheur.

DÉBUT DE L'ANNEE, FIN DE L'AMOUR

Gabriel Nerciat

Elle : Quoi, tu as souhaité la bonne année à mon ex ? Non mais ça va pas, la tête ?

Moi : Ben quoi, ce n’est pas parce que vous avez rompu que je dois forcément lui souhaiter malheur.

Elle : Mais c’est un salopard, un vrai connard en plus ! Tu devrais le savoir.
 
Moi : Tu ne disais pas ça il y a un an.

Elle : Il y a un an, j’étais encore amoureuse. Ce n’est pas la même chose.

Moi : Il fallait te faire vacciner contre l’amour ; c’était à la mode à l’époque.

Elle : Tu parles. A l’époque, j’étais naïve, et il en a profité. Et puis, ne crois pas : c’est un vicieux. Toi aussi, en fait, il se foutait de toi ; il ne pouvait pas te blairer. J’ai tout fait pour ne pas voir ce qui aurait dû me crever les yeux.

Moi : Mais non. Ce que tu aimais alors chez lui, c’est exactement tout ce que tu as appris à détester depuis. Il a modifié tes désirs et tes aversions, justement parce que tes goûts et ton caractère ont changé. Sans doute à cause de lui, certes, mais aussi à cause d’autre chose qu’il ne maîtrisait pas. Tu ne te connaissais pas assez bien, comme nous tous d’ailleurs, ou peut-être que c’est lui qui a fini par te connaître mieux que tu croyais te connaître toi-même.

Elle : Dis tout de suite que je suis une conne.
 
Moi : Quand il s’agit de nous et de nos sentiments, on est toujours un peu cons : on s’illusionne facilement sur ce que l’on veut ou ne veut pas. D’ailleurs, c’est toi qui l’as largué, non ? Pas l’inverse.
 
Elle : Il n’aurait plus manqué que ce soit le contraire.

Moi : Eh bien, tu vois, c’est bien la preuve que j’avais plus de raisons de lui souhaiter une bonne année qu’à toi. Pour toi, l’année commence assez bien, en fait. Tu es débarrassée de lui. Lui, c’est moins sûr.

Elle : Le pauvre chou. Tu vas le plaindre, en plus ?

Moi : Non, c’est moi que je vais plaindre. Tu ne m’as même pas souhaité une bonne année.

Elle : Va te faire foutre.

30 décembre 2022

PELÉ, INTERMÈDE FUNÈBRE

Gabriel Nerciat

Au XIXe siècle, le premier siècle démocratique de l'histoire de l'Europe, les peuples pleuraient la mort de Pouchkine, de Verdi, de Wagner, de Victor Hugo.
Mais il est vrai que ces foules endeuillées étaient surtout nationales : elles célébraient la vie et l'œuvre des génies artistiques qui avaient su mettre en mots ou en musique la représentation de leur propre émancipation collective.
Aujourd'hui, à l'heure de la mondialisation post-démocratique, les masses pleurent Pelé, Maradona, peut-être aussi Mohamed Ali, d'un continent à l'autre.
Le sport est devenu la dernière religion internationale capable de susciter une émotion planétaire de quelque intensité.
On peut certes y voir une régression (le sport ne porte aucune émancipation collective d'aucune sorte, et s'il touche le maximum de gens, c'est d'abord par la simplicité rudimentaire des actes et des moyens qu'il met en œuvre), mais peut-être aussi un intermède dont nous vivrons bientôt la fin.
Déjà la boxe ne suscite plus les mêmes enthousiasmes qu'il y a un demi-siècle, et on peut gager que Mike Tyson ne connaîtra pas, en Amérique ou en Afrique, les mêmes funérailles grandioses que Mohamed Ali.
Les foutboleurs aussi un jour seront sans doute détrônés.
D'autant qu'ils se ressemblent de plus en plus : la mort de Pelé, c'est un peu celle d'Achille qui aurait survécu trop longtemps à la guerre de Troie.
Donc, il faut s'y faire : le pire n'est pas encore advenu, et le mausolée en or et en diamants de Kim Kardashian ou de Mark Zuckerberg n'est pas encore sorti des limbes du futur.
Ne nous en plaignons pas.


29 décembre 2022

LE BON VIEUX TEMPS DE L'ÉPIDÉMIE

Gabriel Nerciat

Pour les simples d'esprit qui n'ont pas encore compris la différence minimale entre souverainisme et européisme, le cas italien comparé au nôtre peut leur servir d'illustration pratique.
Là où Giorgia Meloni décide seule de rétablir un test PCR à l'intention de tous les voyageurs venus de Chine dans tous les aéroports de la péninsule, puis somme l'UE d'imiter l'Italie, Emmanuel Macron, lui, décide de ne rien faire tant que l'UE n'aura pas pris une décision univoque - et « se donne le temps de la réflexion ».
Car à 27, c'est bien connu, quand on parle d'une seule voix (celle d'Ursula von der Leyen, en l'occurrence), on est beaucoup plus puissant que lorsqu'on est tout seul dans le meilleur des mondes globalisés possibles, et patati et patata.
En même temps, comme aime à dire le Banquier Président, ce serait si pratique, si divertissant aussi, de revenir une fois encore aux confinements, aux passeports sanitaires, aux masques obligatoires, au télétravail, etc., c'est-à-dire au « bon vieux temps » du premier quinquennat.
Les mutations de la covid nous offriraient, avec la peur en prime, ce que Mbappé n'a pas été en mesure de nous donner : le moyen occasionnel de dissimuler l'effondrement en cours derrière la défense panique de sa seule guenille.
Le covid-19 n'a sans doute pas été inventé par les Illuminati, les Rose-Croix, le GOF ou même le parti communiste chinois, mais il faut reconnaître que s'il n'était pas là, nos élites auraient tout à gagner à l'inventer par et pour elles-mêmes.


27 décembre 2022

DU PAPE

Gabriel Nerciat

Ta bénédiction, tu peux te la carrer là où tu penses, vieux grigou.
 
Depuis que tu as coiffé la tiare de Pierre, on cherche en vain ce que tu as vraiment fait en faveur de la paix où que ce soit dans le monde, et plus encore ce que tu as fait pour préserver l’unité et l’intégrité de ton Église.
 
En cherchant à toute force à déseuropéaniser le catholicisme (que Jean XXIII et Paul VI avaient déjà au XXe siècle largement délatinisé), voire même en tentant de construire de toute pièce une nouvelle et improbable universalité catholique tiers-mondiste, immigrationniste et décoloniale explicitement tournée contre l’héritage de Rome, tu as plutôt fait partie de ceux qui s’ingénient par tous les moyens à introduire la guerre et le conflit sur le vieux continent – et nous autres catholiques d’Europe nous te le pardonnerons pas, même le soir de Noël.

De même que nous ne pardonnerons pas les circonstances atténuantes implicites que tu as publiquement conférées aux assassins salafistes de Charlie Hebdo en 2015 avec ton analogie indigne et foireuse de macho hispano-américain défendant d’un coup de poing au visage l’honneur de sa mère outragée.
Quant à l’Ukraine, tu ferais vraiment mieux de ne pas t’en mêler, vil sagouin ignacien.
 
Quand on sait le rôle déplorable que joue l’Église uniate gréco-catholique, qui demeure théoriquement sous ton autorité, dans l’aggravation du conflit en cours avec Moscou, on ne la ramène pas – et on essaie plutôt de mettre au pas les multiples agents du contre-espionnage américain à qui la soutane noire offre grâce à tes complaisances coupables une couverture commode (deux d’entre eux ont été arrêtés par le FSB dans le Donbass il y a quinze jours).

Bref, si tu nous bénis, nous ne te bénissons pas, pape Bergoglio. Sache-le bien.
 
Tous les jours, au contraire, nous prions pour que Celui dont tu te proclames le Vicaire daigne te précipiter une fois pour toutes au fond du huitième cercle de l’Enfer, auprès de ton prédécesseur simoniaque Nicolas III. Amen.


25 décembre 2022

Gabriel Nerciat

LIBRE COMME UN ANARCHISTE KURDE À PARIS

(expression en usage en France dans la décennie qui vient)

L'avenir programmé de la France : devenir le champ de bataille volontaire ou passif des différentes diasporas islamiques et/ou anarcho-révolutionnaires qui se seront, légalement ou illégalement, établies sur son sol en moins de trois quarts de siècle.

Les Français de souche ou d'importation récente, eux, se feront spectateurs complaisants ou rétifs des dévastations en cours, mais continueront vraisemblablement à verser la dîme qui permettra de payer les pots cassés de chaque explosion de violence, au profit des éternels technocrates sociaux-libéraux et euro-atlantistes reconduits au pouvoir depuis plus de quatre décennies.
 
Le silence éloquent du ministre de l'Intérieur et l'incapacité des CRS à rétablir l'ordre pendant plusieurs heures au cœur de Paris livré sans résistance aux saccages des nervis du PKK et de leurs amis Black Blocs ressemblent un peu trop à ceux qui ont suivi les émeutes du stade de Saint-Denis, au printemps dernier, pour être fortuits : on comprend la gêne, et surtout pourquoi la moindre perspective d'un soulèvement de populations allogènes dans plus de deux ou trois banlieues du pays suffit à tétaniser les dirigeants macroniens en place.
 
Mais on sait bien, toutefois, que le vrai danger, comme dirait Clémentine Autain, c'est "l'extrême-droâte qui tue", et pas autre chose.
 
Ceci dit, trois remarques adjacentes :

1) Les Parisiens ayant massivement, voire quasi-exclusivement, voté pour Macron à la présidentielle et Renaissance ou NUPES aux législatives, on se gardera bien de les plaindre. Peut-être même que le spectacle, à quelques heures de Noël, leur plaît.

2) À partir du moment où les élites dites républicaines entreprennent de sacraliser et de victimiser certaines minorités ethniques comme les Kurdes (plus encore que les Palestiniens, les Rohingyas ou les Ouïghours), en leur confiant de surcroît la garde des djihadistes français de l'EI prisonniers en Syrie depuis 2017, il serait présomptueux de s'attendre à autre chose que ce qui est en train de se passer en ce moment place de la République.
 
Si les six policiers gravement blessés des dernières heures ne sont pas contents, on leur octroiera peut-être une prime, financée sur les titres obligataires émis par l'UE notre bonne-mère, et un arrêt de travail de deux ou trois semaines pendant lesquelles ils pourront visionner à loisir les films de Caroline Fourest ou de BHL sur les héroïques combattantes kurdes des YPG en Syrie.
Alors de quoi se plaint-on ?

3) Maxime à suivre pour les partisans du Système libéral mondialisé : pour éviter l'implantation de la guerre civile en France, y favoriser l'importation des guerres civiles étrangères. Une riche idée, non ? Comme pour l'oeuf de Christophe Colomb, il suffisait d'y penser.
Seule une question, essentielle, demeure : comment dit-on "allez vous faire foutre" en kurde ?


4 décembre 2022

LA PITIÉ DANGEREUSE (Stefan Zweig)

Gabriel Nerciat

Depuis qu'il est entré dans la vie politique française, le Banquier Président – Emmanuel Macron selon les registres de l'état civil – a suscité chez moi comme chez beaucoup d'autres Français un certain nombre de sentiments assez répulsifs, allant de l'hostilité franche et assumée jusqu'à la forme la plus violente du dégoût, en passant par un type de mépris qui n'avait en général rien de flegmatique.
Mais il y a un sentiment que je n'avais jamais éprouvé envers lui jusqu'à présent : celui de la commisération ou de la pitié.
La chose a commencé à se dessiner lors de la dernière élection présidentielle, lorsque je le voyais faire la moue pendant les quelques meetings ou conférences de presse publiques qu'il a parcimonieusement donnés pour lancer sa campagne, cherchant manifestement quelque chose d'un peu original à dire et ne le trouvant pas.
Je me souviens que lors de son grand Barnum à La Défense, où la déception et l'incompréhension se lisaient même sur les yeux de ses partisans réunis dans la salle (dans aucun de ses films, même et surtout celui de Bunuel, la jolie Carole Bouquet n'a été aussi expressive que ce jour-là), me revenait sans cesse en tête l'obsédant refrain d'Anna Karina dans Pierrot le Fou : "Qu'est-ce que je peux faire ? J'sais pas quoi faire !".
Mais aujourd'hui qu'il entame son second mandat en accumulant les fiascos et les déboires les plus implacables et les plus humiliants (défaites en rase campagne tous azimuts face à Biden, Poutine, Zelensky, Scholz, Lagarde et surtout Giorgia Meloni), dans un contexte économique et géopolitique d'une gravité sans précédent depuis les crises pétrolières des années 1970, en le voyant pathétiquement se démener pour réciter ses vieux mantras passés d'âge en faveur du libre-échange multilatéral, de l'intégration européenne, du cosmopolitisme diversitaire, de la réforme des retraites ou du pull en col roulé, je ne peux m'empêcher d'éprouver une ombre de sollicitude charitable envers lui.
Non que son arrogance de technocrate autoritaire et le sadisme de classe à peine dissimulé qu'elle véhicule aient cessé de m'irriter, mais c'est un peu comme avec ces gens trop ostensiblement agressifs ou trop fiers de leur stature physique imposante dont on commence à rire en sourdine une fois qu'ils sont gagnés par l'âge ou frappés par un coup du sort qu'ils n'attendaient pas.
Dès qu'il apparaît désormais, que ce soit à la Maison Blanche ou sur l'avenue des Champs-Elysées, on a l'impression de voir un personnage de conte romantique allemand, qui a perdu son ombre ou qui lutte en vain pour ne pas sombrer dans le vide à chaque pas qu'il fait.
Commence-t-il à comprendre les conséquences de ce qu'il a accompli depuis six ans, et l'ampleur des désastres ahurissants qu'il a laissé s'installer, volontairement ou involontairement, comme autant d'explosifs reliés à un même détonateur au cœur d'une grande ville ?
A-t-il pris conscience surtout du tsunami gigantesque qui risque de bientôt le submerger, lui et les siens, ou de ce dont il aura contribué à précipiter la venue ?
Hier, j'écoutais une intellectuelle libérale de gauche franco-israélienne qui ne jurait que par lui il y a cinq ans (comme par Yaïr Lapid il y a six mois), et qui ne craignait pas d'avouer : "Je suis sûre que Macron est exactement dans la même situation que moi : il ne parvient plus à comprendre les émotions profondes et la colère qui soulèvent les peuples d'Occident contre leurs élites, et il ne sait pas quelle réponse rationnelle leur opposer."
La pauvre fille. Elle faisait si peine à voir que pour un peu on aurait eu envie d'essayer de la réconforter.
Mais c'est peut-être moi qui suis trop bon, sûrement...

29 novembre 2022

TARTUFFERIE EXOTIQUE

Gabriel Nerciat

Très drôle, de voir tous les éditorialistes tartuffes de la presse assermentée et les lèche-culs de la Macronie applaudir frénétiquement, des larmes dans les yeux, à la révolte des jeunes citadins chinois de Shangaï et de quelques autres grandes villes de l'Empire du Milieu contre la politique autoritaire de confinement et de privation des libertés du Parti communiste.
Alors qu'on imagine facilement ce que les mêmes auraient dit si quelques centaines de milliers de Français il y a deux ans s'étaient réunis au coeur de Paris, Lyon, Lille, Bordeaux, Rennes, Strasbourg ou Toulouse en criant : "Liberté, droit, justice ! Macron, dégage ! À mort l'euro-libéralisme autoritaire et le despotisme sanitaire ! Delfraissy, Véran, Deray à la lanterne, Raoult au pouvoir !"...
Le gros Yves Calvi aurait décrété la République en danger, Jean-Michel Aphatie aurait appelé à l'aide le préfet Lallement ou ses flics éborgneurs de la BAC, et Maurice Szafran, ou même ce vieux pingouin décoloré de Luc Ferry, auraient soudain trouvé des vertus revigorantes à la politique de Saint-Just.
Car, malgré tout, la seule et vraie question demeure : pourquoi sommes-nous devenus plus serviles, ou moins courageux, que ces Chinois ?
Et pourquoi les pires des Français sont-ils aujourd'hui si soulagés de vérifier que ce qui se déroule à Shangaï sous nos yeux pas encore endormis n'ait jamais pu avoir lieu à Paris ?


25 novembre 2022

Gabriel Nerciat

DEUX EXPÉRIENCES PROUSTIENNES

Il y a deux types de découvertes, ou de révélations, concernant le mystère des êtres qui m'ont toujours particulièrement décontenancé.
L'une, quand on découvre qu'une femme qu'on pensait austère et puritaine se livre en secret à la débauche ou à la dissipation érotique la plus extrême.
L'autre, quand un homme qu'on croyait intelligent et raisonnablement anticonformiste se révèle un pur imbécile ligoté par les conventions mondaines et l'emprise morale de la bienpensance.
Tout d'un coup, l'envers des apparences vous donne l'impression plus ou moins vertigineuse que le réel de la vie dramatiquement vous échappe.
C'est peut-être parce que certaines personnes n'ont jamais connu le type d'acuité psychologique qu'approfondissent de telles expériences qu'elles n'ont jamais aimé l'oeuvre de Marcel Proust, aussi bien il y a cent ans qu'aujourd'hui.
Qu'elles l'avouent ou non.
Ceci dit, je me dois d'être honnête : la première révélation est quand même beaucoup plus agréable à vivre que la seconde.


20 novembre 2022

UNE DÉFENSE DE LA CORRIDA

Gabriel Nerciat

Comment expliquer à un activiste anti-corrida que la mort d'un taureau de combat dans l'arène est sans doute plus digne d'intérêt que tout ce qu'il aura pu faire dans sa pauvre vie ?
Comment faire comprendre à quelqu'un qui n'a jamais vu un seul spectacle de tauromachie que le courage d'un homme jeune habité par la grâce de la forme et du style face au risque de la mort violente vaut tous les matchs de foutebol et même toutes les causes humanitaires qui prétendent défendre la dignité de l'homme ?
Comment faire remarquer à Madame Michu, qu'elle vote Renaissance ou LFI voire ne vote pas du tout, que son chien Médor ou son chat Gribouille n'appartiennent pas à la même espèce bovine de race espagnole que l'animal qui va se ruer contre le torero dans une arène enfiévrée ?
Comment lui rappeler que le steak qu'elle a mangé à midi ne provient pas d'une matière inerte et que cela ne l'empêche pas de le consommer sans déplaisir ni scrupule, de même qu'elle n'hésitera pas à massacrer une araignée pourtant bien plus soigneuse et habile qu'elle dans l'art du tissage si d'aventure elle la croise au pied de son lit ?
Comment faire comprendre à un imbécile qui se pense plus intelligent qu'un aficionado de n'importe quelle classe sociale que la ritualisation de la mort, depuis les antiques autels qui célébraient la victoire de Mithra sur le nocturne bovin cosmique des temps immémoriaux, est la condition de possibilité de ce qui aujourd'hui le sépare ou le distingue de l'animal ?
Comment expliquer aux hommes mortels mus par le désir et la peur de la finitude que ne pas regarder la mort en face est pire que de méconnaître la valeur de la vie ?
Comment suggérer au militant antispéciste et darwinien que si Sapiens appartient bien au règne animal, alors l'évolution lui confère le droit de décider du type de liens qui vont l'unir à travers le temps, dans la violence, l'amitié, la fidélité ou la répulsion, aux autres espèces du règne animal ?
Comment lui asséner sans détour que comparer la tauromachie à Auschwitz et Manolete ou Chicuelo à Hitler et Himmler devrait provoquer la déchéance immédiate de ses droits civiques ?
Plus largement, comment parvenir à faire admettre au misérable et faussement sentimental petit bourgeois diplômé lecteur de Libé que le taureau qui meurt à Séville ou à Béziers sous l'estocade d'un torero est, dans le combat et dans la mort, infiniment plus cher à nos coeurs et au coeur du torero qui l'a tué que bien des êtres qui se contentent de persévérer dans la vie ?
Comment ?
Ma foi, je n'en sais rien.
Et puis c'est tant pis.
P.S : J'espère que le tableau de Picasso cette fois ne sera pas flouté ni censuré.


18 novembre 2022

LA DÉCHÉANCE DE ZELENSKY OU PENDAISON D'UN PANTIN

Gabriel Nerciat

Décidément, cette guerre en Ukraine n'a pas fini de réserver des surprises.
Il aura suffi, quand on s'y attendait le moins, de deux Polonais tués près de la frontière par une arme anti-missile ukrainienne puis d'un mensonge énorme et pitoyable proféré par Zelensky (mais, après tout, pas plus énorme ni plus pitoyable que tous ceux accumulés par le pouvoir de Kiev depuis le mois de février ou même depuis le coup d'État ukronazi de la place Maïdan en 2014) pour que soudain tout craque et lentement se délite ou se renverse.
Tout le monde peut voir enfin et surtout dire que le Churchill de bazar et de music-hall fabriqué par la propagande occidentale depuis dix mois n'est rien de plus qu'un minable escroc doublé d'un sinistre pantin, dont les maîtres s'apprêtent à couper sans ménagement les fils pour le pendre à l'un d'entre eux.
J'ai trop attendu ce moment pour bouder mon plaisir, mais j'avoue que malgré tout je ne sais trop quoi en penser exactement.
Y a-t-il déjà des négociations de paix entamées secrètement entre Washington et Moscou, dans le dos de Zelensky ? Si oui, sur quelles bases, et depuis combien de temps ?
Le déconcertant retrait de l'armée russe de Kherson, que ne nécessitait aucun revers stratégique, a-t-il un lien avec elles ? La défaite contenue (et comme toujours vaguement frauduleuse) des démocrates aux élections législatives de mi-mandat aussi ?
Le Pentagone, qui a fait savoir publiquement par une intervention sidérante du général Milley que Kiev ne serait pas en mesure de vaincre militairement les armées de Poutine, a-t-il fini par l'emporter sur les faucons et les néo-cons fanatisés et irresponsables du Département d'État ?
Biden et ses conseillers, lâchés par leurs plus proches alliés et ouvertement nargués par les communistes chinois, ont-ils enfin compris sur quel type d'abîme ils étaient en train de faire danser l'économie mondiale et la leur propre ?
Trop tôt pour le savoir encore, mais j'ai dit assez souvent ici, sous les moqueries et les remarques acerbes des partisans de l'OTAN, que les nationalistes ukrainiens connaîtraient au final le même sort que les sud-Vietnamiens du général Diêm, l'alliance du Nord des tribus tadjiks du commandant Massoud ou les partisans kurdes des YPG anarcho-marxistes de Syrie pour m'étonner de la brusquerie de ces revirements américains. Contrairement aux Russes, ces derniers lâchent toujours leurs alliés, après les avoir utilisés et exploités jusqu'à la corde.
C'est surtout le silence des Russes à vrai dire qui ne laisse pas d'intriguer.
À l'inverse du pétomane kiévien, le président de toutes les Russies ne parle pas pour ne rien dire, mais quand il ne dit rien du tout il semble encore plus omniprésent que lorsqu'il annonçait depuis la salle Saint-Georges du Kremlin la nouvelle donne de la révolution géopolitique en cours.
L'Ukraine, cette comédie tragique au nom de marche d'escalier qui débouche sur un plafond éventré au-dessus du vide, cette grosse Belgique slave et risible minée par le ressentiment et le narcissisme des puissances frelatées, va maintenant connaître, sous les rigueurs du froid de novembre et de décembre, l'hallali ultime destiné aux dupes et aux forbans.
Inutile de nous faire pleurer. L'Europe est déjà bien trop heureuse de se suicider et de se complaire dans l'avilissement spectral à quoi nous vouent ses dirigeants pour qu'on prenne en pitié deux secondes les sicaires de cette nation avortée désormais crucifiée (mais pas au sens de Colosimo) aux nécessités du réalisme politique.
Mourir à cause de Badinter, Delors, von der Leyen ou Macron n'est déjà pas très glorieux, mais sombrer dans l'anéantissement afin de rendre le Donbass à des mercenaires et des voyous qui ne nous sont rigoureusement rien aurait été pire que tout.
Zelensky n'est pas un très bon acteur, mais on va voir la tête qu'il fait pendant que ses protecteurs démembrent son pays et le pouvoir dont il dispose encore. Sûr que le spectacle, quand même, vaudra son prix.


15 novembre 2022

DU COMPLOT

Gabriel Nerciat

Dites, est-ce que quelqu'un parmi vous était au courant que les chefs d'État et de gouvernement européens avaient convenu au mois de juin dernier, sous la houlette du gnome belge à tête d'hydrocéphale et de cette garce d'Ursula 36-15-00 - soit juste après l'élection présidentielle française - de mettre en place un système supranational de "répartition des migrants" (les migrants, désormais, c'est comme les capitaux et les marchandises : ils doivent pouvoir circuler et être répartis sur tous les marchés) ?
Personnellement, je l'ignorais complètement, et c'est quand même ennuyeux que de telles décisions soient prises quasiment en secret, comme dans un récit de Qanon ou d'Alexandre Dumas, sans que les peuples qui subiront les conséquences de ces décisions en soient informés le moins du monde.
Dès lors, pourquoi Macron engueule-t-il ainsi Giorgia Meloni ?
Elle ne fait rien d'autre que son devoir (tenter de protéger, en vertu du mandat qu'elle a reçu du peuple italien, le territoire national dont elle a la charge de visiteurs étrangers non désirés), et surtout que ce que Macron lui-même a fait en 2018, en refusant à L'Aquarius d'accoster à Sète.
Si l'on voulait démontrer la nature perverse et dictatoriale des institutions européennes ainsi que la futilité arrogante du Banquier Président et de ses ministres, on ne s'y prendrait pas autrement.