Translate

23 mai 2025

Cinéma français : le détournement de fonds permanent

H16

-23/5/2025- Ouvert depuis le 13 mai dernier en fanfare avec l’inévitable tribune politico-dégoulinante d’une actrice évidemment de gauche, le Festival de Cannes touche bientôt à sa fin avec une prochaine Palme d’or dont on se doute déjà qu’elle sera encore une fois probablement une tribune politique sans rapport avec l’art cinématographique.


De façon intéressante et de manière générale, il est à noter que ces Palmes d’or rencontrent rarement le succès populaire en salles, au contraire des Oscars qui, s’ils ne sont pas tous attribués à des succès publics, donnent une bien meilleure indication de l’adéquation entre les goûts du public et ceux de la critique. Ce détachement n’est pas un hasard et tient à plusieurs facteurs dont le plus important en France est, justement, la déconnexion des financements de cette industrie du marché des consommateurs qui aboutit de façon claire à un appauvrissement culturel de plus en plus marqué de la production française.

Ce constat n’est pas jeune : généralement, les subventions à la culture ont largement appauvri la culture. Il est loin le temps où les artistes français, réellement indépendants de l’État, laissaient une marque profonde dans l’histoire du pays. Et c’est encore plus vrai dans le cinéma.

Dans ces colonnes, un précédent billet de 2022 faisait ainsi un bilan de la direction générale prise par le cinéma français : malgré les appels de plus en plus clairs de certains réalisateurs à revenir à un cinéma moins subventionné, la profession avait essentiellement décidé d’accélérer la tendance : eh oui, l’entre-soi, la connivence et les subventions publiques permettent finalement de s’affranchir du public avec beaucoup de souplesse.

C’est donc sans surprise que dans l’Hexagone se sont (assez discrètement) empilés les navets toujours plus mauvais, à tel point que, par exemple, le mois d’avril 2025 a vu un record de faiblesse de fréquentation sur les 25 dernières années : avec 11,8 millions d’entrées ce mois-là, la fréquentation des salles obscures n’a jamais été aussi basse (pour rappel, la fréquentation en avril 2023 dépassait les 19 millions d’entrées).

Le phénomène intéressant, c’est que le nombre de places vendues n’évolue pas du tout comme celui de la population et encore moins comme celui du nombre de films français mis sur le marché : il apparaît en effet que le nombre de longs métrages français produits et distribués ces dernières années (les « films d’initiative française ») n’arrête pas d’augmenter pour atteindre maintenant entre 230 et 300 par an selon les modes de calcul. Autrement dit, les Français ne se précipitent pas des masses pour voir la production locale, au contraire.

Cette observation de base cache d’ailleurs assez difficilement l’ampleur du malaise qui règne actuellement dans tout le cinéma français dont les chiffres donnent le tournis.

Par exemple, sur les 1,15 milliards d’euros dépensés en 2024 dans le cinéma français, 680 millions d’euros sont partis en rémunérations (selon le CNC), ce qui – au passage – ne couvre pas le déficit du régime des intermittents du spectacle représentant 1,5 milliard d’euros par an (pour 100 000 personnes concernées environ).


Malgré ces centaines de films produits, seulement 2% sont effectivement rentables, montrant à la fois que l’industrie cinématographique française actuelle est un gouffre abyssal et qu’elle n’a plus qu’un très lointain rapport avec son public, mis à contribution pour le financement mais pas pour aller regarder les résultats produits. D’ailleurs, la Cour des comptes, dans un rapport de septembre 2023, notait qu’un tiers des films français en 2019 avaient moins de 20 000 spectateurs, contre un quart une décennie plus tôt, et questionnait l’efficacité des aides pour les films d’auteur.

La question reste largement pertinente en 2025. Avec des films français qui coûtent en moyenne 5,4 millions d’euros et dont 25% ne parviennent pas à rassembler au moins 10.000 spectateurs, le contribuable français n’en a clairement pas pour son argent. Parallèlement, ces mêmes spectateurs ne peuvent s’empêcher de noter l’augmentation de plus en plus marquée du prix des places de cinéma, qui passent en moyenne de 6,63€ en 2020 à 7,42€ en 2024. En 2014, la place moyenne coûtait 6,38€ marquant une augmentation de plus de 15% en 10 ans.


En somme, la puissance publique n’arrête pas de verser des fonds toujours plus conséquents au cinéma français ce qui aboutit à augmenter assez clairement la quantité de gros navets produits (le nombre de succès commerciaux n’évoluant guère) : les productions sur les thèmes les plus politiquement corrects, à la mode et cochant toutes les cases de « ce qu’il faut penser officiellement » s’enfilent à rythme soutenu et ne rencontrent quasiment aucun public, dans l’indifférence marquée de la profession – qui touche sans gros souci cachets et salaires, rassurez-vous – ainsi que des pouvoirs publics qui en réalité trouvent de cette façon un moyen simple de payer toute une troupe de saltimbanques et son écosystème attaché afin de produire la propagande du moment, propagande produite comme des saucisses industrielles et dont un exemple pourrait actuellement être le suivant (merci l’IA) :

Dans un village provençal baigné de soleil, Camille, parisienne en crise, lâche son job pour ouvrir une librairie éco-responsable. Elle tombe sous le charme de Léo, viticulteur bio et non-binaire, qui cache un passé douloureux lié à son coming-out. Leur romance est bousculée par l’arrivée d’Amin, un jeune migrant syrien adopté par les villageois, et par un promoteur immobilier voulant raser la garrigue. Avec une mamie militante, un ado queer écolo et un boulanger poète, Camille et Léo luttent pour sauver le village et accueillir une famille de réfugiés. Une comédie tendre sur l’amour inclusif, la solidarité et le retour à l’essentiel, bercée par des airs de Barbara.


Il faut se résoudre à l’évidence, et la rappeler chaque fois qu’il est possible : les activités culturelles en France ont été si généreusement subventionnées par la puissance publique, si massivement infiltrée par la gauche idéologique et l’entrisme politique qu’elles ne sont plus qu’un prétexte, un petit cache-sexe d’une corruption aussi intellectuelle que morale ou financière. En particulier, le cinéma français, parce qu’il brasse les plus grosses sommes d’argent, est devenu le tuyau le plus large pour redistribuer des montants toujours plus élevés d’argent public vers des poches privées de moins en moins recommandables.

Le Festival de Cannes, jadis lieu de rencontre des artistes et de leur public, est rapidement devenu un lieu d’entre-soi, déconnecté du peuple et des réalités de terrain, où les uns s’attèlent à faire passer des messages idéologiques dans un faste luxueux devenu obscène par différence avec les discours dégoulinants qui y sont tenus, et où les autres s’occupent de tisser les liens indispensables pour que la connivence et le pillage des fonds publics puissent continuer sans entraves.

Le cinéma français n’est plus qu’une ombre diaphane de ce qu’il fut jadis, lorsqu’il ne recevait pas un rond de financement public. Si l’on veut lui redonner un jour ses lettres de noblesses, il devient urgent d’en couper tous les fonds publics.


https://h16free.com/2025/05/23/80730-cinema-francais-le-detournement-de-fonds-permanent