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8 juillet 2025

FRANCE : LE TIERS-MONDE DE L'EAU POTABLE

Jean-Claude Delhez

-8/7/2025- On a beaucoup parlé, ces derniers mois, du scandale des sociétés qui vendent de l'eau en bouteille et qui avaient bidouillé les méthodes de production, avec la complicité du pouvoir politique. C'est la seule affaire d'eau qui a eu un écho médiatique national et pourtant, en matière de santé, c'est la plus anodine. Car d'autres scandales, bien plus graves, ne manquent pas. Et c'est peu de le dire.
On découvre, en ce moment même, le record de France de la pollution aux PFAS, les polluants éternels. Elle frappe les distributions d'eau potable de plusieurs dizaines de communes aux limites de la Meuse et des Ardennes. Ses effets : cancer, maladies cardiovasculaires et auto-immunes, infertilité, etc. Une pollution qui proviendrait du dépôt, sur des terres agricoles, des boues d'épuration d'une papeterie aujourd'hui fermée. Or, ces boues sont ainsi épandues depuis le siècle dernier. C'est dire que la pollution ne date pas d'hier. Les populations locales boivent de l'eau toxique depuis des décennies. Mais ça ne s'arrête pas là. Les PFAS, si elles touchent les nappes phréatiques, empoisonnent aussi les cours d'eau qu'elles alimentent, et les poissons qui s'y trouvent, donc. Et ces produits finissent dans la mer. De plus, comme ces boues sont utilisées pour engraisser les terres agricoles, les PFAS passent dans les produits de la terre : céréales, viande, lait, etc. Le tout, consommé par la population depuis des décennies. Enfin, on peut se demander s'il n'y que les boues de cette papeterie (située à Stenay) qui sont concernées, ou si le problème s'est répété dans d'autres papeteries, sachant qu'il est de coutume pour ces usines de céder les boues de leurs stations d'épuration aux agriculteurs pour qu'ils les épandent sur leurs terres.
Les papeteries avaient aussi coutume de blanchir la pâte à papier à l'aide de chlore ; chlore qui finissait dans les déchets sous forme d'organochlorés, substance mutagène et cancérigène. On retrouvait notamment ces organochlorés dans les boues épandues sur les terres agricoles.
Autre problématique, les conduites d'eau potable en plastique. Tout l'ouest de la France (et sans doute d'autres régions) a opté pour un réseau de conduites d'eau en plastique, au siècle dernier. Or, il apparaît que ces tuyaux libèrent des micro-particules de plastique dans l'eau de distribution. Avec des effets nocifs sur la santé, de type cancérigène. Le phénomène existe aussi, dans une moindre mesure, au sein des bouteilles d'eau en plastique, boisson consommée par des millions de personnes. Même les captages d'eau sécurisés, loin des activités humaines, ne sont pas à l'abri de la pollution aux micro-plastiques, qui envahit tous les écosystèmes, tellement le plastique est répandu dans la société actuelle.
Peut-on régler le problème des PFAS ? Non. Comme leur nom l'indique, ce sont des polluants éternels. Il faut cesser de boire l'eau des régions infectées. Ou construire des stations de filtrage au charbon actif, ce qui coûte trop cher pour la plupart des communes. Peut-on régler le problème des conduites en plastique ? Oui. Mais ça ne se fait pas parce que ça coûte trop cher. C'est-à-dire qu'un pays qui aime à construire des porte-avions nucléaires ou à organiser de dispendieux banquets en faveur de ses « élites » (l'actuel président a explosé le budget interne de l'Elysée), n'est pas capable d'assurer l'alimentation en eau potable de sa population. Le premier besoin de l'être humain, c'est respirer. Le deuxième, c'est boire. Le président du Burkina Fasso, Thomas Sankara (assassiné en 1987), a laissé cette phrase bien connue : « Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns et l'eau potable pour tous ». En France, on préfère le champagne.


7 juillet 2025

BHL ET LE COUP D'ÉTAT DE KIEV

Jean-Claude Delhez

-7/7/2025- Laura Laufer a diffusé cet extrait vidéo datant de 2014. Il montre Bernard-Henri Lévy haranguer la foule sur la place Maïdan, à Kiev. Laissons de côté son ego proverbial pour s'intéresser à quelques paroles. Il déclare ceci : « On vient de proposer la constitution d'un gouvernement parallèle. Monsieur Iatseniouk vient de faire cette proposition. Je suis le premier à l'entendre. Ce gouvernement, je le reconnais ».
Nous sommes alors le 9 février 2014. Le président ukrainien est Ianoukovytch, mais ses jours sont comptés. La foule manifeste sur la place Maïdan. Et, depuis quelques jours, les premières victimes tombent sous les balles. On sait aujourd'hui que ces assassinats sont le fait de snipers postés sur les toits ; et que ces assassinats ont été orchestrés par l'opposition afin d'en attribuer la faute au régime, pour le faire tomber. Cette manipulation sanglante est menée par des milices d'extrême droite associées à un parti d'opposition (conseillé par un proche de BHL, Raphaël Glucksmann).
Derrière tous ces gens se trouve Victoria Nuland, qui agit à Kiev pour le compte des Affaires étrangères américaines. On sait, par un autre enregistrement, que c'est elle qui a présidé au choix du gouvernement ukrainien qui succède au président Ianoukovytch, une fois celui-ci renversé. Et ce gouvernement a pour premier ministre Arseni Iatseniouk.
Iatseniouk, c'est celui dont BHL dit qu'il entend constituer un gouvernement parallèle et que, si l'on en croit BHL, c'est au philosophe français que Iatseniouk a réservé la primeur de l'information. Nous sommes alors le 9 février 2014. Et, de fait, le 27 février, le gouvernement Iasteniouk, nationaliste et pro-américain, entrera en fonction, après avoir renversé le régime.
Supposons que nous soyons dans une démocratie, un Etat de droit. Supposition idiote, d'accord, mais supposons quand même. Il me semble qu'une enquête s'imposerait pour connaître le rôle de ce Monsieur BHL dans un coup d'Etat, fomenté par une puissance étrangère, au bénéfice de mouvances politiques manifestement très liées à ce Monsieur BHL, mouvances politiques qui ont non seulement violé la constitution mais assassiné des dizaines de civils pour arriver leurs fins.

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5 juillet 2025

LA COULEUR DE L'ENNEMI

Jean-Claude Delhez

-4/7/2025- Kiev a diffusé hier cette photo de deux prisonniers de guerre à la peau noire, en expliquant qu'il s'agit de Camerounais qui combattaient dans les rangs russes. L'idée est sans doute la suivante : Voyez, l'ennemi va se chercher des alliés jusqu'en Afrique. Kiev avait déjà fait la même chose l'an dernier avec des prisonniers asiatiques (prétendument Coréens alors qu'il s'agissait de Sibériens).
Plusieurs remarques s'imposent. Tout d'abord, l'armée ukrainienne, elle-même, regorge de mercenaires venant de la terre entière. Ensuite, le droit de la guerre interdit aux pays d'exhiber le visage de leurs prisonniers de guerre. Enfin, cette manière de procéder, ciblant la couleur de peau, n'est pas sans rappeler un précédent, celui de la propagande nazie filmant ou photographiant les prisonniers français d'origine africaine, ou les prisonniers soviétiques provenant d'Asie centrale, dans le but de les présenter comme des races inférieures.

2 juillet 2025

QUELQUES ASTUCES MANIPULATOIRES

Jean-Claude Delhez

-2/7/2025- Toute lutte se gagne, d'une manière ou d'une autre, dans les cerveaux, là où se loge la volonté des individus. Là se joue la guerre pour le contrôle des esprits ; contrôle des esprits qui entraîne l'adhésion du peuple au pouvoir et à sa politique. Dans ce qui pourrait être le petit guide pratique de la propagande médiatique occidentale, voici quelques méthodes expliquées par l'exemple.
La réalité est complexe. Pour bien la faire comprendre au public, il faut la réduire à l'un ou l'autre élément simple. Cela sera d'autant plus parlant que la chose s'incarnera dans une personne, un être humain, dont le visage sera bien reconnaissable et suscitera d'emblée un sentiment puissant. Une collectivité, une notion théorique, des liens de causalité, c'est complexe, et ça n'a pas de visage. D'où l'intérêt de la personnification. Elle renforcera le message de diabolisation ou de dédiabolisation, selon ce que le média entend diffuser.
Prenons le cas du personnage de la photo de gauche. Quand il est question de son pays, les médias pourraient citer ledit pays, sa population, le parlement, le premier ministre, le ministre des Affaires étrangères. En général, ils optent pour le président. En sorte de lui faire porter toute la responsabilité du message qu'ils diffusent. C'est l'équivalent de la tête de gondole des supermarchés. Cet homme, ils pourraient l'appeler le président russe ou Vladimir Poutine. Ils préfèrent dire Poutine. A la manière de la méthode pavlovienne, à force de répétitions, ils provoquent dans l'esprit de leurs auditeurs, à la seule écoute de ces seuls syllabes, le dégoût ou la haine. Preuve de l'efficacité de la manip : chacun dit rarement « La Russie » ou « Les Russes », mais plutôt « Poutine ».
Prenons le cas du personnage sur la photo de droite. Quand il est question de son pays, pour un motif militaire comme le précédent, en général, on ne le cite pas. Les médias disent Israël ou l'armée israélienne. Comme s'il n'y avait pas de lien entre eux. Ils ont même coutume d'employer la tournure passive : Gaza a été bombardée ; ou la tournure impersonnelle : On a tiré sur des civils. Dès lors, l'auteur n'est pas identifié, la responsabilité se dilue, disparaît. C'est le destin, la fatalité, la faute à pas de chance. Conclusion de celui qui entend ce discours : on ne peut rien y faire. C'est tout juste si on n'en arrive pas à : C'est Dieu qui l'a voulu. Alors que la conclusion est toute différente pour le premier cas, pour le personnage sur la photo de gauche. Elle donne le ressenti suivant : il faut tuer ce salaud.
A titre de comparaison factuelle, vous noterez que le second personnage porte la responsabilité de 50 à 100 civils tués volontairement chaque jour, alors qu'il s'agit de 2 ou 3 civils de temps à autre pour le premier ; et encore, pour le premier, ne fait-on jamais mention des victimes civiles de son propre pays. Ce qui donne une sorte de barème médiatique de la mort : il y a les morts qui n'existent pas, les morts de peu de valeur et les morts dramatiques. Une étude statistique intéressante consisterait à comparer l'espace médiatique accordé à une victime civile selon qu'elle meurt à Kiev ou à Gaza (pour ne rien dire de Téhéran ou d'une quelconque bourgade russe).
Quittons les hommes pour les moyens. Voyons la nationalité des armes. La Russie est l'un des rares pays à produire la quasi totalité de son arsenal. Malgré tout, la Russie s'est trouvé, à un moment donné, un appoint du côté de l'Iran et de la Corée. Vous ne pouvez manquer d'en avoir entendu parler, tant les médias ont tartiné sur le sujet, avec l'habituelle connotation péjorative. C'est le diable qui emploie les armes du diable. Cette gloutonnerie médiatique pour la nationalité des armes disparaît totalement dès qu'on change de pays. A l'inverse de la Russie, Israël ne produit qu'une minorité de son armement. Il y aurait donc matière à s'intéresser à l'origine de ces armes. Et pourtant, les médias ne veulent pas le savoir. Alors qu'il leur serait très facile de le faire puisque les livraisons d'armes partent de chez eux, de leur camp (Rheinmetall, Fabrique Nationale, etc.). Mais ce n'est pas de ça dont il faut parler. Il faut nourrir le cerveau du citoyen des munitions russes venues d'Iran ou de Corée, avec la connotation péjorative qui convient, tout en évitant surtout qu'il fasse le lien entre les civils qui tombent à Gaza et les contrats d'armement signés par les USA (surtout) ou l'Europe.
Je vous laisse sur une question philosophique : la balle de calibre 5,56mm OTAN est-elle plus démocratique que la balle de Kalachnikov ?

1 juillet 2025

ACHETER LES MÉDIAS, GAGNER L'ÉLECTION, S'ENRICHIR

Jean-Claude Delhez

-1/7/2025- Une idée qui traîne veut que la presse soit au service du pouvoir politique. Ne serait-ce pas plutôt l'inverse ? À savoir que le pouvoir politique est au service des patrons de presse, c'est-à-dire de la haute bourgeoisie, de la minorité la plus riche de la société.
Posons deux faits avérés. Les inégalités de richesse ne cessent de se creuser depuis plusieurs décennies. Une infime minorité de la population détient une part notable des richesses. Une part qui ne cesse de croître. De l'intérêt de se demander quels sont les mécanismes qui conduisent à ces inégalités. Second fait avéré : un média, ce n'est pas forcément rentable. Les tirages de la presse écrite ne cessent de diminuer. Même un média audiovisuel ne gagne pas forcément de l'argent.
Partant de là, ébauchons la logique suivante. Des milliardaires achètent régulièrement des titres de presse, des télévisions, des sociétés d'édition, et constituent de puissants groupes médiatiques. Ces milliardaires entretiennent des relations de proximité avec la classe politique : avec un parti, avec des candidats, avec des élus... Ils utilisent leurs médias pour favoriser la classe politique qui leur est proche. Certains le font ostensiblement, d'autres de façon plus hypocrite, plus sournoise. Une fois cette classe politique au pouvoir, elle adopte des lois qui favorisent les plus riches. La boucle est bouclée. C'est le retour sur investissement des milliardaires, du 1% le plus riche, qui devient encore plus riche.
Faire élire un candidat demande de construire tout un univers mental à implanter parmi la population. Le recours à l'ennemi qui suscite l'angoisse est fréquent : un coup c'est l'étranger (les Russes, les Chinois...), un coup c'est l'ennemi de l'intérieur (l'extrême-droite, l'extrême-gauche, les immigrés, les chômeurs...). Et, face à cette menace, roulement de tambour : voici le nouveau champion vanté par les médias, tout neuf, tout propre, le politicien qu'il vous faut, celui qui, tel le robot ménager, répondra à tous vos besoins.
Les exemples sont légion. Berlusconi fut l'un des précurseurs, à la fin du siècle dernier. Il a poussé la logique à son terme en devenant lui-même le produit de ses télévisions, le politicien soutenu par ses médias. Avec le temps, on en arrive à ce que les médias fassent élire, par une majorité de citoyens modestes, ou de la classe moyenne, des représentants appartenant à la minorité la plus riche. Un Friedrich Merz, un Donald Trump, un Rishi Sunak sont des millionnaires. L'actuel gouvernement français est lui aussi riche en millionnaires. C'est ce qu'on nommait par le passé la ploutocratie, c'est-à-dire le pouvoir politique aux mains des plus riches. Plus besoin de les convaincre de voter des lois favorisant la haute bourgeoisie puisqu'ils en font eux-même partie.
Il faut bien comprendre que si les inégalités augmentent sans cesse depuis plusieurs décennies, c'est qu'il y a une raison à cela. C'est qu'il existe des mécanismes qui le permettent. Et ces mécanismes passent par la loi (favoriser les gros propriétaires fonciers, les héritiers, les actionnaires, l'évasion fiscale, etc.). De l'intérêt, pour qui veut en tirer profit, de contrôler les politiciens. Et donc, au préalable, de les faire élire grâce à l'action des médias. Pendant ce temps, on détourne l'attention du peuple en créant des ennemis qui lui font peur. Ce qui permet de faire disparaître des esprits les clivages de classes sociales, les rapports de domination économique, les causes socioéconomiques des problèmes qui touchent la société. Ainsi, celui qui est la victime de ces inégalités se retrouve à élire celui qui est à l'origine de son problème.

30 juin 2025

COMMENT LE POUVOIR FAIT ACCEPTER LA GUERRE

Jean-Claude Delhez
29/6/2025

Vous rappelez-vous d'un terme fort à la mode par le passé, disparu aujourd'hui : l'enlisement ? Il fait référence à la guerre du Vietnam et aux USA contraints de se désengager au bout d'une dizaine d'années d'une guerre qu'ils ne gagnaient pas et que la population soutenait de moins en moins. À partir de là, l'enlisement était devenu une hantise. Il ne fallait pas risquer de s'embarquer dans un conflit interminable qui ferait descendre la population dans la rue en vue de manifester à son encontre.
Pourtant, aujourd'hui, l'Occident soutient l'un des plus longs conflits de l'histoire. Cela fait 11 ans qu'on se bat en Ukraine, et ce n'est pas fini. Soutien discret jusqu'en 2022, soutien massif depuis l'invasion russe. Mais personne ne descend dans la rue pour s'en plaindre. Certes, ce sont les Ukrainiens et les Russes qui meurent. Malgré tout, l'Occident y est largement engagé, par les livraisons d'armes, par le financement, par l'entrainement des troupes ukrainiennes, par les nombreux déploiements aux frontières, par les menaces d'escalade avec l'épée de Damoclès nucléaire en arrière-plan, etc.
En y réfléchissant, on se rend compte que la propagande occidentale a trouvé un moyen imparable d'acceptation du conflit : l'ennemi ne veut pas la paix. Je m'explique. Depuis Clausewitz, on sait que la guerre est la poursuite de la politique par d'autres moyens. C'est-à-dire que la guerre vise à atteindre un but politique. Et pour l'atteindre, il faut gagner. C'est l'argument que la propagande occidentale a employé pendant un an ou deux afin de faire accepter par la population l'engagement au sein du conflit. L'idée était la suivante : il faut soutenir Kiev parce que ce soutien va déboucher sur une victoire ukrainienne grâce à une contre-offensive qui va repousser l'armée russe (voire faire tomber le régime, comme on a dit aussi pour l'Iran, il y a peu). Pour qui connaissait le sujet, ça ne tenait pas la route. Mais la propagande s'adresse au quidam, aux millions de personnes qui ne maîtrisent pas les nuances de l'affaire et à qui il est facile de faire avaler des couleuvres. Malgré tout, au bout d'un moment, il était difficile de poursuivre dans la même logique, de faire croire que l'armée ukrainienne allait reconquérir les territoires perdus. Dès lors, le conflit n'a plus de but, la guerre n'a plus de sens. Dans ce cas-là, qu'est-ce qu'on fait ? On arrête les frais, pour éviter que la situation ne se dégrade, que l'Ukraine s'enfonce toujours plus dans les destructions, les morts, la défaite et la faillite ? Non, on continue. Et c'est là qu'intervient le recours au déni de paix. Je m'explique à nouveau. Qui connaît le conflit sait très bien que la Russie a toujours été disposée à négocier, qu'elle n'a cessé de le déclarer et qu'elle a participé à de nombreux pourparlers à ce sujet. Sans remonter aux accords de Minsk, on peut citer les négociations avec Kiev en 2022 en Biélorussie, puis à Istanbul où un accord avait été trouvé pour mettre fin au conflit, accord qui a été saboté par les Occidentaux, dont Boris Johnson (si Zelensky l'avait signé, la guerre serait finie depuis 3 ans et l'Ukraine aurait conservé ses frontières de l'est). Ensuite, Kiev a fermé la porte en prenant un décret qui interdit de signer quoi que ce soit avec la Russie tant que Poutine est au pouvoir. Malgré tout, Lavrov et Poutine ont répété à plusieurs reprises qu'ils restaient prêts à négocier afin de mettre fin au conflit (voir, parmi d'autres, l'interview de janvier 2024 avec Carlson). Et c'est encore la Russie qui est à l'origine des nouveaux pourparlers d'Istanbul, qui viennent de se dérouler. Malgré le rejet définitif du mémorandum russe par Zelensky, Poutine vient encore d'annoncer, ce vendredi à Minsk, qu'il était prêt à engager de nouvelles négociations avec Kiev.
Or, la propagande occidentale transforme la réalité pour expliquer que la Russie ne veut pas la paix. Ce qui est tout de même le contraire de la vérité (mais plus c'est gros...). C'est l'inversion accusatoire : prêter à l'autre ses propres intentions. L'avantage de ce mantra, répété à souhait, c'est d'ancrer dans le cerveau du citoyen lambda l'idée qu'il n'y a pas d'autre solution que d'accepter la poursuite de la guerre, avec tout ce qui l'accompagne (financements, sanctions, etc.). Si celui qu'on présente comme l'ennemi ne veut pas s'arrêter de batailler, ainsi qu'on le fait croire, il faut bien que ceux qui sont en face continuent à se défendre. C'est ce que les anglo-saxons appellent T.I.N.A. : There Is No Alternative. Il n'y a pas d'alternative. On construit une réalité artificielle qui place le citoyen devant un non choix, devant une voie unique. La Russie demande à négocier depuis toujours, mais il faut faire croire qu'elle ne veut pas la paix, ce qui permet de poursuivre la guerre éternellement. Et ça fait 11 ans que ça dure.
Les Européens sont retords. La Russie affirme depuis l'origine qu'elle veut une paix définitive et non un cessez-le-feu. Pourquoi ? Parce qu'elle s'était fait rouler lors des accords de Minsk, avant 2022, en acceptant un cessez-le-feu qui était en réalité employé par l'Ukraine pour se réarmer en vue de reprendre l'offensive. Dès lors, elle ne veut plus de cessez-le-feu mais une paix qui résout tous les contentieux afin que le conflit ne puisse plus reprendre. Du coup, que propose Kiev, avec le soutien de l'Europe ? Un cessez-le-feu. Et on utilise ensuite le refus de Moscou pour affirmer : Vous le voyez bien, ce sont les Russes qui ne veulent pas la paix. Et le commun des mortels, qui ne sait même pas ce qu'étaient les accords de Minsk, avale cette propagande à grandes gorgées.
Chacun pourrait se rendre compte de la mystification en abordant le problème par l'autre bout. Laissons les Russes de côté. Voyons les Européens. Il y a quelques jours, juste après qu'Israël avait commencé à bombarder l'Iran, qu'ont-ils fait ? Ils ont reçu, à Genève, le ministre des Affaires étrangères iranien pour tenter de trouver une issue au conflit. En quelques jours à peine, ils étaient engagés sur le front de la diplomatie pour tenter d'arrêter cette guerre. En comparaison, depuis 2022, pendant trois ans et demi, qu'ont-ils proposé pour résoudre le conflit en Ukraine ? Rien. Si, livrer des armes, entraîner des troupes... Et ils prétendent que ce sont ceux d'en face qui ne veulent pas négocier. Ainsi forgent-ils la conscience de l'homme de la rue : il n'y a pas d'alternative, il faut continuer à armer Kiev. Que voulez-vous qu'on fasse d'autre, mon pauvre Monsieur ? On est bien obligés, c'est ce salaud de Poutine qui ne veut pas la paix.

28 juin 2025

Jean-Claude Delhez
28/6/2025

NON-SENS : LES 5% DE L'OTAN

Lors du récent sommet de l'OTAN, tous les pays, sauf l'Espagne, se sont engagés à porter leur budget de la Défense à 5% du PIB en 2035. Actuellement, il gravite autour des 2%, parfois plus, parfois moins, et il est déjà en augmentation depuis quelques années. Il faut comprendre qu'il s'agit d'un pourcentage du PIB (produit intérieur brut) et non du budget de l'État, le PIB étant plus élevé. Deux exemples. Le PIB de la France est de 3.000 milliards. 5% de ce PIB, c'est 150 milliards. À dépenser chaque année pour la défense. Le PIB de la Belgique s'élève à 650 milliards. La dépense promise dépasse donc ici les 30 milliards annuels.

LE CHIFFRE

D'où vient ce chiffre de 5% ? De nulle part. C'est une requête de Donald Trump. Il ne correspond à rien. Jusqu'ici, les pays de l'OTAN devaient consacrer 2% de leur PIB à leur budget militaire. Trump considère que ces montants doivent augmenter et il a sorti le chiffre de 5% comme il aurait dit 3 ou 7. C'est la moitié de 10, il aime bien les chiffres ronds. Ce montant ne résulte pas d'une pensée stratégique nouvelle ou d'une étude qui aurait découvert des carences dans l'appareil militaire et aurait chiffré le coût de remédiation à ces carences. C'est sorti du chapeau, à la grosse louche, au pif ; mais un pourcent de plus ou un pourcent de moins, ça représente, au niveau de l'OTAN, des centaines de milliards par an, qu'il faut bien aller chercher quelque part.

LE FINANCEMENT

Cette annonce de l'OTAN intervient au moment même où, en France, l'Insee actualise le chiffre de la dette publique. Elle atteint désormais les 3.345 milliards. Elle était de 2.000 milliards à l'arrivée de Macron au pouvoir. Plus généralement, tous les pays d'Europe sont endettés et cette dette a tendance à augmenter. Cet endettement massif et croissant a deux conséquences néfastes : il place les pays sous la menace des marchés financiers, avec éventuelles dégradation de la note et crise financière à la grecque ; il impose des choix budgétaires car les intérêts de la dette et ses tranches de remboursement sont tellement élevés qu'il faut réduire des dépenses publiques ou augmenter les impôts pour y satisfaire. La forte augmentation des budgets de la Défense va évidemment encore accroître ce phénomène.

LA SOUVERAINETÉ

Un budget de la Défense, ce sont des dépenses de fonctionnement (les salaires des militaires) et un budget d'investissement (les achats d'armements). Les médias focalisent (à tort ou à raison) sur le second. Or, actuellement, les États européens achètent la majorité de leur armement hors d'Europe, en particulier aux USA. En l'état, accroître le budget de la Défense, c'est prendre des milliards supplémentaires dans les poches des citoyens européens pour les transférer dans celles des actionnaires américains. C'est, de la sorte, financer l'industrie américaine, l'emploi et l'innovation technologique aux USA, en endettant les États européens. C'est participer à la vieille politique américaine qui consiste à distancer technologiquement le reste du monde afin de se retrouver en position de monopole pour certains équipement Ainsi les USA entretiennent-ils leur domination technologique, leur domination militaire, mais aussi leur domination politique qui consiste à choisir les pays qui pourront acheter tel ou tel armement, puis à se réserver un droit de veto sur leur usage.
Depuis l'élection de Trump, on ne cesse de nous dire que l'Europe doit se prendre en main, assurer son indépendance vis-à-vis des USA et sa souveraineté en matière militaire. Les conséquences de ce budget otanesque de 5%, c'est exactement l'inverse (faut-il s'en étonner quand on sait que les politiciens européens vont chercher leur programme politique chez McKinsey ou à l'ambassade US ?).

LA MENACE RUSSE

Une manière de justifier les 5% otanesques n'est pas de rappeler qu'ils sont sortis du cerveau de Trump pour faire cracher les Européens au bassinet, mais qu'ils répondent à une menace (existentielle, évidemment), la future invasion russe, celle qu'on nous promet depuis des années. Où en est-on dans cette invasion ? Varsovie ou Riga sont-elles tombées aux mains de l'envahisseur ? En trois ans et demi, l'armée russe, partie du Donbass, est parvenue jusque dans le... Donbass. L'armée russe aligne un million de soldats, les armées européennes (sans les USA) un million et demi. La France et le Royaume-Uni ont l'arme nucléaire. La menace russe contre l'OTAN est une invention de la propagande occidentale. En sorte qu'ils justifient leur politique militariste par leurs propres bobards. Ainsi l'Europe est-elle en train de sortir un 18e train de sanctions contre Moscou et fait-elle tout pour saboter un accord de paix qui mettrait enfin un terme à cette guerre russo-ukrainienne qui n'a que trop duré. Tant qu'elle dure, ils peuvent dire au peuple : vous devez accepter des sacrifices sans quoi vous finirez écrabouillé par un char russe. Notez en passant que les mêmes politiciens européens, qui livrent discrètement des armes servant à génocider à Gaza, et qui ne reculent pas devant le viol du droit international, vous expliquent chaque jour que les méchants, ce sont les Russes.

LE DÉLAI

La dépense militaire portée à 5% du PIB, c'est un objectif. Il devra être atteint en 2035. C'est dans 10 ans. Où en seront-nous à cette date ? Que va-t-il se passer dans les 10 années qui viennent ? Nul ne le sait. Ce qui est à peu près sûr, par contre, c'est que tous les politiciens qui viennent de signer cette promesse ne seront plus là. Les budgets militaires de 2035 atteindront-ils les 5% du PIB ? J'attends de voir.

22 juin 2025

PENDANT CE TEMPS-LÀ, À GAZA

Jean-Claude Delhez

-22/6/2025- Jean-Louis Bourlanges, politicien français, faisait remarquer avant-hier la rouerie de Benjamin Netanyahou : il a lancé son attaque contre l'Iran au moment où USA et Iran négociaient un accord, ce qui a mis fin à cette négociation ; au moment où on allait débattre en Occident de la reconnaissance de la Palestine, ce qui a mis fin au débat ; et au moment où le gouvernement Netanyahou était menacé par l'opposition politique.
Ajoutons-y un ultime avantage pour le dirigeant israélien : les mains libres à Gaza pendant que l'attention mondiale se focalise sur l'Iran. Si l'on s'intéresse à ce petit bout de terre, on se rend compte que, chaque jour depuis l'attaque contre l'Iran, les civils tombent comme des mouches à Gaza. Et ils tombent dans des circonstances qui sont toujours les mêmes : une pseudo fondation humanitaire fondée par les administrations Netanyahou et Trump appelle les civils à des distributions de vivres et, une fois ces civils venus, ils sont la cible de tirs qui en abattent plusieurs dizaines chaque jour, parfois plus d'une centaine de morts. Et, à chaque fois, l'armée israélienne contactée refuse de commenter la chose.
On est donc en présence d'une organisation méthodique du massacre, en plusieurs étapes : 1) On affame les civils en les bloquant dans un territoire sans ravitaillement 2) On leur propose des vivres 3) On profite qu'ils s'approchent en vue de trouver à manger pour les tuer.
Ca m'évoque des souvenirs historiques, une méthode en plusieurs étapes. 1) On demande d'abord à des civils de se faire recenser par l'administration et de porter un signe distinctif sur leurs vêtements 2) Ensuite, on les invite à se rassembler dans un lieu public 3) On leur offre un voyage vers l'est, en train, et la suite est connue. Il existe une variante plus expéditive consistant à leur confier une pelle pour leur demander de creuser un trou d'une certaine profondeur, pelle dont ils n'auront plus besoin quelques instants plus tard.
Tout cela n'empêche nullement les pouvoirs européens, de la politique, des médias et des affaires, de poursuivre leur fructueuse collaboration avec le régime politique qui se comporte de la sorte.

19 juin 2025

LA DÉRIVE ALLEMANDE

Jean-Claude Delhez

-20/6/2025- Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, multiplie les prises de position discutables en matière de politique étrangère. La dernière en date a eu lieu lors de la réunion du G7 au Canada. Il y a affirmé publiquement qu'Israël avait « le courage de faire le sale boulot pour nous tous ». Il parlait des bombardements israéliens sur l'Iran. Quoi qu'on puisse penser du régime iranien et de l'état d'avancement de son programme nucléaire, il est un fait indiscutable : l'attaque israélienne est une violation du droit international et de la souveraineté d'un État. Dès lors, M. Merz, au nom de l'Allemagne, cautionne publiquement ces violations et prend parti dans un conflit, en faveur de l'agresseur. Il laisse entendre que c'était à l'Allemagne (et ses alliés, j'imagine) de bombarder l'Iran et qu'il faut dès lors remercier Israël pour le courage de le faire à sa place. Suite à la prise de paroles de Merz, Téhéran vient de convoquer l'ambassadeur d'Allemagne en Iran.
On se rappellera qu'avant même d'être nommé chancelier, Merz avait consacré l'une de ses premières déclarations publiques à assurer que l'Allemagne n'appliquerait pas le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahou. La politique de Merz est donc l'alignement complet sur l'action du gouvernement Netanyahou, quoi qu'il fasse en Iran, à Gaza ou ailleurs, quel que soit le nombre de ses victimes et des pays qu'ils bombarde au Proche-Orient. Ce qui est aussi, par ailleurs, la politique des USA.
Merz, c'est également l'homme du durcissement face à la Russie. Alors que Scholz, son prédécesseur, avait toujours refusé de livrer des missiles Taurus à Kiev, Merz s'est prononcé en faveur du contraire. Réactions négatives à Moscou. Mais réactions négatives aussi à Washington (il y a de l'électronique américaine dans les missiles allemands). Et réactions négatives au sein du partenaire de coalition allemand, le SPD, le parti social-démocrate. Résultat des courses : au bout de plusieurs semaines de tergiversations, l'Allemagne ne livrera pas de missiles Taurus à Kiev.
On peut aussi rappeler que Merz a obtenu des parlementaires allemands le feu vert pour dépasser la limite d'endettement du pays afin d'investir une somme rondelette dans les infrastructures civiles et dans le réarmement de la Bundeswehr. Il entend faire de l'armée allemande la plus puissante d'Europe. Ce qui est une excellente nouvelle pour les marchands de canons américains.
L'Allemagne nous avait déjà gratifié récemment de ses politiciennes va-t-en-guerre, les Baerbock et von der Leyen, voilà maintenant un nouveau faucon décomplexé dans la galaxie belliciste germanique. Pour l'anecdote, on notera que ces adeptes de la pensée néo-conservatrice américaine sont issus des Young global leaders du forum économique de Davos (Annalena Baerbock), de McKinsey (Ursula von der Leyen) et de Blackrock (Friedrich Merz).

DÉFAITE À CRÉDIT

Jean-Claude Delhez

-19/6/2025- Une information passée sous silence par beaucoup de médias occidentaux, une de plus, et on comprend pourquoi : fin mai, l'Ukraine a fait défaut sur une partie de sa dette. Kiev devait rembourser 665 millions à des créanciers de l'État ukrainien. C'est une partie d'un prêt de 3,3 milliards de dollars. Malgré des négociations entre les parties, l'Ukraine n'a pas remboursé la somme due à l'échéance prévue. Parce que l'Ukraine n'a plus d'argent et ne peut donc payer ses créanciers. En conséquence, le 3 juin, l'agence de notation américaine Standard and Poor's a dégradé la note de confiance de l'Ukraine de CC à D. La notation D est la plus basse qui existe ; elle signale aux créanciers que les risques qu'ils courent à ne pas être remboursés sont les plus élevés.
La dette de l'État ukrainien a doublé depuis le début de la guerre avec la Russie, approchant les 100% du PIB. Cela malgré les transferts de fonds massifs en provenance de l'Occident : près de 300 milliards d'euros sont venus d'Europe et des USA depuis 2022.
Pour comprendre la situation financière ukrainienne, il faut s'intéresser au déficit public du pays. À titre de comparaison, dans la zone euro, le déficit de l'État ne doit pas dépasser les 3% du PIB ; d'où la situation inquiétante de la France qui atteint les 5 à 6% (au point que certains envisagent même une mise sous tutelle du FMI, comme ce fut le cas pour la Grèce ou l'Argentine). En Ukraine, rien de comparable. Le déficit varie, chaque année depuis l'invasion russe, à des taux compris entre 15 et 20%. L'État ukrainien n'a pas les moyens de sa politique. Dès lors, pour financer son budget, il s'endette, année après année. Et sa dette est désormais hors de contrôle. On estime qu'elle grimpera à 120% l'an prochain. Comme l'État est en déficit permanent, c'est-à-dire que ses recettes sont très inférieures à ses dépenses, maintenant, il ne parvient plus à rembourser la portion de cette dette qui vient à échéance régulièrement. D'où le premier défaut acté il y a quelques jours au détriment de ses créanciers.
L'usage du défaut sur la dette pose la question de savoir qui prête de l'argent à l'Ukraine. C'est-à-dire qui risque de ne jamais être remboursé. On comprend que cet argent ne vient pas de la Russie ou des pays des BRICS. C'est l'Union européenne qui prête à Kiev, ainsi que les institutions internationales. Ce seront donc ceux-là qui devront éponger les défauts de paiement.
A cela, il faut ajouter le coût de la reconstruction du pays. Il faut savoir que le programme de reconstruction est déjà en cours depuis des mois. C'est-à-dire qu'on construit en Ukraine au moment même où des projectiles russes s'abattent tous les soirs sur le pays et y détruisent quantité d'infrastructures. Qui finance cette reconstruction ? Théoriquement, c'est l'Ukraine. Mais comme Kiev n'a pas les moyens, c'est l'Union européenne qui emprunte pour financer les contrats de construction, en espérant être remboursée un jour. Autant dire que cet espoir est vain.
La guerre en Ukraine est un gouffre financier qui conduit Kiev à la faillite et, par contre-coup, endette le continent européen, qui est déjà lui-même surendetté. Histoire d'en rajouter une couche dans la fuite en avant financière, ce conflit justifie le programme de réarmement massif que nous vendent, depuis quelques mois, tous les politiciens européens, dont les 800 milliards (de futures dettes) annoncés par Ursula von der Leyen. Le cas français permet de se faire une idée de l'état consternant des finances militaires. L'an dernier, faute de moyens, l'État français n'a pas été capable de payer pour 8 milliards de factures militaires. Que fait-il alors ? Il demande un délai à ses créanciers, en sorte de reporter le paiement à plus tard. Mais il lui faut dès lors payer des intérêts de retard, des intérêts moratoires ; intérêts qui lui valent un surcoût de plusieurs dizaines de millions.
Les politiciens européens sont acharnés à faire durer la guerre en Ukraine le plus longtemps possible. Or, pour ne s'en tenir qu'aux seules considérations financières, plus cette guerre dure, plus l'Ukraine s'enfonce dans la faillite et plus l'Europe s'endette. On se souvient de ces politiciens français annonçant l'effondrement prochain de l'économie russe. Il faut leur accorder une chose : une économie va bel et bien s'effondrer, mais ce ne sera pas la russe.

18 juin 2025

G 7 (… SUR 20)

Jean-Claude Delhez
18/6/2025

Il n'a pas la moyenne, le G 7. Ni sur le fond, ni sur la forme.
Qu'est-ce que le G 7 ? C'est un club de 7 pays occidentaux, qui vient d'organiser une réunion au Canada : les USA, le Japon, le Canada, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie.
Voyons ce qu'il en est de la forme de cette réunion. Au cours des discussions, l'un de ses membres, Trump, s'est éclipsé pour rentrer aux USA. Sans explication. Un autre de ses membres s'est aussitôt confié aux médias pour expliquer le départ du premier. Un membre qu'on pourrait appeler « Monsieur je sais tout et je ramène ma fraise ». En d'autres mots, le président français. Le démenti américain n'a pas tardé pour affirmer que Macron ignorait le motif du départ de Trump ; et le président américain de conclure : « Emmanuel ne comprend jamais rien ». Ce même Macron s'est par ailleurs donné en spectacle lors d'une table ronde, à la façon des cancres scolaires du fond de la classe, qui partagent des histoires lestes. Il a chuchoté quelque chose à l'oreille de sa voisine Meloni, ce qui a provoqué le regard consterné de la politicienne italienne, et ce n'est pas la première fois. Enfin, le G 7 était au format G 7 + Z. C'est le format de toutes les rencontres occidentales depuis 3 ans et demi : partout où ils vont, ils emmènent Zelensky dans leur valise. Ledit Zelensky devait rencontrer Trump. Trump étant parti, la rencontre n'a pas eu lieu. En résumé : du grand n'importe quoi.
Sur le fond maintenant. Au final, le G 7 s'est limité à une poignée de déclarations d'intentions, en matière économique notamment, déclarations qui ne l'engagent à rien. Ses membres ont tout de même jugé utile de rappeler le droit d'Israël à se défendre, tandis que d'autres condamnaient, en même temps, l'action de la Russie en Ukraine. Cela dit assez l'hypocrisie qui prévaut parmi les politiciens occidentaux pour qui, en somme, le droit international n'est pas le même selon les pays auxquels il s'applique.

17 juin 2025

LA QUESTION ATOMIQUE

Jean-Claude Delhez

-17/6/2025- Le conflit actuel entre Israël et l'Iran a été provoqué par le gouvernement Netanyahou selon le motif officiel suivant : le programme nucléaire iranien était sur le point de doter le pays de l'arme atomique et de menacer ainsi son ennemi israélien.
Qu'en est-il de cette question nucléaire ? Le programme iranien, on en parle depuis de nombreuses années et Netanyahou n'a cessé de le qualifier de menace imminente. Bien malin qui pourrait dire exactement à quel stade il en était parvenu ces derniers temps. Surtout, la question de ce programme s'inscrit dans deux autres thématiques qui ne sont guère évoquées : la dissuasion et la prolifération.
Une dizaine de pays possèdent aujourd'hui la bombe atomique. Si l'on excepte Hiroshima et Nagasaki, elle n'a jamais été employée depuis trois quarts de siècle qu'elle existe. C'est d'ailleurs le principe même de cette arme : la dissuasion. C'est une arme défensive. Elle sert à dire à un ennemi : si vous tentez de me détruire, je peux vous atomiser en retour ; donc, évitez de vous en prendre à moi.
Parmi les acteurs de la dissuasion, il y a Israël. Israël possède la bombe depuis la fin des années 1960 (époque où Tel Aviv et Téhéran étaient les meilleurs amis du monde...). Dès lors, Israël peut atomiser l'Iran, ou tout autre pays à sa portée. Mieux, Israël dispose du nec plus ultra en matière nucléaire : le sous-marin lanceur d'engins. En effet, l'idéal, c'est de cacher sa bombe quelque part sous les mers. De la sorte, si le pays était rasé par une attaque surprise, les sous-marins pourraient toujours lancer leurs missiles contre l'adversaire, qui serait rasé en retour. Ces sous-marins israéliens (fournis par l'Allemagne) bénéficient d'une base sur la côte indienne. Pourquoi ? Pour aller patrouiller le long des côtes iraniennes et, de là, menacer n'importe quel province de l'Iran. Evidemment, les Iraniens le savent. C'est une des raisons pour lesquelles ils cherchent à leur tour à disposer de la bombe.
C'est ici qu'intervient une autre question, celle de la prolifération. Depuis 1970 existe un traité de non prolifération des armes nucléaires, promu par l'ONU. Il fige la situation telle qu'elle existait à l'époque en limitant la bombe aux cinq membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU (USA, URSS, Chine, Royaume-Uni, France). Presque tous les pays de la planète ont signé ce traité, dont l'Iran. Parmi les rares qui ne l'ont pas signé, l'Inde et le Pakistan, qui se sont ensuite dotés de la bombe. La Corée du Nord, qui a la bombe depuis peu, s'en est retirée. Quant à Israël, non seulement le pays n'a pas signé le traité, mais il ne reconnaît même pas posséder la bombe.
Donc, la situation présente est la suivante. L'Iran, signataire du traité de non prolifération, est soupçonné de vouloir se doter de la bombe en violant ledit traité. Israël a déjà la bombe mais n'est pas signataire du traité de non prolifération. Tout le monde ment. L'Iran ment en faisant passer son programme pour une activité civile et en dissimulant son stade d'évolution. Israël ment en prétendant que l'Iran le menace alors que c'est la bombe israélienne qui menace l'Iran. De plus, Netanyahou n'a évidemment aucun droit d'attaquer l'Iran, ce qui est une violation du droit international, une de plus. Un pays qui refuse d'adhérer au traité de non prolifération est évidemment mal placé pour en accuser ou bombarder un autre sous prétexte qu'il pourrait avoir un jour la bombe. Notez en passant que les milieux politico-médiatiques occidentaux, qui aiment à moraliser sur le respect du droit et de la souveraineté des États, oublient tous leurs principes quand ça les arrange.
Ajoutons à ces différentes considérations que ce conflit Israël-Iran, auquel on aimerait nous faire adhérer, dans un camp ou dans l'autre, est une lutte entre deux pouvoirs composés d'extrémistes religieux, qui ont par ailleurs du sang sur les mains depuis longtemps, et pas un peu, et qui ne sont pas de grands amis de la démocratie, ni l'un ni l'autre.


12 juin 2025

GUERRE : LES POLITICIENS CONTRE LE PEUPLE

Jean-Claude Delhez

-11/6/2025- Je viens de voir passer deux sondages récents. Au Royaume-Uni, la majorité des sondés s'est prononcée contre une augmentation des dépenses d'armement. En Italie, une grande majorité de la population est opposée au soutien militaire à l'Ukraine. Pourtant, le pouvoir fait l'inverse. Meloni soutient Kiev (mollement, certes). Et Starmer projette de faire grimper le budget de la Défense jusqu'à 3,5% du PIB.
Voilà qui me rappelle 2003. Bush allait envahir l'Irak. Il s'était trouvé des alliés en Europe, notamment Berlusconi en Italie, Blair au Royaume-Uni et Aznar en Espagne. Là aussi, la population de ces pays européens était opposée à la guerre. Et cela alors qu'elle subissant (déjà) un bourrage de crâne belliciste : la menace de la puissante armée irakienne et des armes de destruction massive de Saddam Hussein. Malgré l'opposition populaire, ils y sont quand même allés, à la guerre. Et ça a donné la catastrophe que l'on sait.
La guerre, le politicien aime ça. Il fallait voir Bush tout guilleret dans son blouson d'aviateur, sur un porte-avions américain du Golfe, après la défaite de l'Irak. Ou Hollande à Tombouctou, après l'intervention française de 2013 au Mali (qui n'a rien résolu, c'est peu de le dire). Le politicien est un être de pouvoir, de hiérarchie, de domination. La guerre aussi est un rapport de force, de pouvoir. D'autant qu'il ne s'agit pas ici de se défendre : personne n'envahit l'Italie, l'Espagne ou le Royaume-Uni, ne fait irruption au cœur de l'Europe pour y égorger vos filles et vos compagnes. Il s'agit d'attaquer. Le politicien aime la guerre plus que le peuple. Il aime les rapports de domination. Et les rapports de domination sont l'inverse de la démocratie.

7 juin 2025

LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, CE N'EST QUE ÇA

Jean-Claude Delhez

-7/6/2025- Le président brésilien Lula vient d'effectuer une visite d'État en France. Lors d'une conférence de presse commune, devant un président français muet, il a exprimé ce qu'il avait sur le cœur au sujet de la situation internationale au Proche-Orient, en Europe de l'Est et en Amérique centrale, appelant à la fin des conflits. Un mois plus tôt. Lula était à Moscou, pour la commémoration de la victoire de 1945, aux côtés de Vladimir Poutine (et de Xi Jinping). Car le Brésil n'est pas aligné sur la posture occidentale. Une posture occidentale minoritaire si l'on considère la planète entière, les pays des cinq continents.
Prenons un exemple. La carte que je joins dessine en rouge les pays qui participent aux sanctions contre la Russie : l'OTAN et ses alliés du Pacifique. Ce sont eux qui se sont baptisés « la communauté internationale ». Ils présentent leur attitude comme ayant valeur universelle ; celui qui ne s'y conforme pas serait hors la loi. À titre de comparaison, ce qu'on appelle les BRICS, une union qui regroupe d'autres pays de la planète, compte 3,6 milliards d'habitants, sur un total de 8 milliards d'humains, soit près de la moitié de l'humanité. Ou encore : les pays représentés au défilé du 9 mai à Moscou (y compris l'Inde dont le président fut retenu par le conflit avec le Pakistan) cumulent 52% de la population humaine. La « communauté internationale », elle, compte 1 milliard d'habitants, soit 12,5% de l'humanité.
En matière économique, les BRICS, c'est entre un tiers et 40% du PIB mondial. L'économie des BRICS vient de dépasser celle des pays du G7 (USA + Japon + grands pays européens). Et l'écart ne va faire que se creuser, notamment avec la croissance économique constante de la Chine. On n'en parle guère dans les médias occidentaux, mais la Chine ne cesse d'innover. Elle a dépassé les USA en nombre de brevets d'invention. Il ne se passe pratiquement plus une semaine sans qu'arrive de ce pays l'annonce d'une nouvelle avancée technologique ou économique. Pendant ce temps, l'Occident, lui, ne rêve que batailles, conflits et armements.
L'Occident se veut référence mondiale. Ses valeurs, ses intérêts, ses actions doivent s'appliquer à la terre entière. Une terre entière à laquelle on ne demande pas son avis. Et parmi ces valeurs supposées universelles, il y a bien sûr la démocratie, les droits humains, la souveraineté des États, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes... On se souvient que c'était pour offrir la démocratie à l'Irak que Georges Bush Jr lui avait déclaré la guerre en 2003. Il est d'ailleurs de coutume d'appeler les USA le gendarme du monde. Mais lorsque celui qui fait respecter les règles est en même temps celui qui les définit, où est la démocratie, où est la souveraineté des États ?
La communauté internationale n'existe pas. C'est une posture des pouvoirs qui vise à faire croire qu'ils sont légitimes, qu'ils agissent au nom de tous. Ils vont dire, par exemple, que tel pays (du côté de l'est, c'est toujours par là que ça se passe) ne respecte pas les sanctions internationales. C'est vilain, il piétine le droit, ce pays. Or, il n'y a pas de sanctions internationales. Il y a des sanctions unilatérales, décidées par tel pays ou tel groupe de pays.
Pour qu'il y ait décision internationale, il faudrait que la directive vienne de l'ONU. Or, cette pauvre ONU, depuis plusieurs années, est bien à la peine. On n'en parle pour ainsi dire plus. C'est comme si les Nations Unies avaient cessé d'exister. Il faut dire que le droit international, dont aime à se réclamer le pouvoir médiatico-politique, est régulièrement violé, et par ceux-là mêmes qui s'en revendiquent. Quand Bush et ses alliés européens envahissent l'Irak en 2003, ils le font sans avoir été agressés par l'Irak et sans mandat de l'ONU, donc en violation du droit international. Quand les occidentaux bombardent la Libye en 2011, ils le font avec un mandat de l'ONU qui les autorise à protéger la population libyenne, et non à faire tomber le régime en place. Quand l'OTAN intervient militairement pour détacher le Kosovo de la Serbie, il n'agit pas autrement que lorsque la Crimée passe de l'Ukraine à la Russie.
La communauté internationale, ce n'est plus qu'une minorité qui se raconte des histoires, qui se prend pour le centre d'un monde qui évolue de plus en plus sans elle.

6 juin 2025

EUROPE : 51e ÉTAT DES USA

Jean-Claude Delhez

-6/6/2025- Le site Blast s'est intéressé à des documents révélés par l'enquête Wikileaks, mais non exploités jusque-là. Ce sont des télégrammes diplomatiques américains que Chelsea Manning avait fait suivre à Julian Assange. Ils concernent le P.S. français.
Les politiciens socialistes sont des visiteurs habituels de l'ambassade américaine à Paris. Au moment où Jacques Chirac et Dominique de Villepin dirigent la France, ils vont faire leur cour auprès de l'administration US, qui relève alors du président républicain et néo-conservateur Bush junior. Ils font entendre aux diplomates américains que si eux, socialistes, étaient au pouvoir, ils conduiraient une politique bien plus favorable aux USA que celle de Chirac et Villepin, qui s'étaient opposés à la guerre en Irak (2003). Qui sont ces politiciens ? Il y a du monde qui défile à l'ambassade : François Hollande, Ségolène Royal, Pierre Moscovici, Lionel Jospin, Bernard Kouchner, Michel Rocard, Hubert Védrine, Alain Richard, Dominique Strauss-Kahn et François Rebsamen. Bernard Koucher profita de ses visites à l'ambassadeur pour suggérer aux USA de soutenir sa candidature à la direction de l'Organisation mondiale de la Santé. Il n'y a pas de petit profit...
Les chaudes relations entre USA et PS ont conduit le parti politique français, à la demande des Américains, à modifier sa campagne en faveur du traité constitutionnel européen de 2005, pour y mettre en sourdine l'argumentaire défavorable aux USA.
Les télégrammes ainsi décodés ne concernent que les années 2005 et 2006. Peu après, en 2007, Sarkozy devient président. On sait qu'au moment de son élection, lui aussi était allé à l'ambassade américaine. C'était pour faire avaliser son programme politique par les USA. On se souvient, parmi d'autres choses, que c'est Nicolas Sarkozy, américanolâtre s'il en est, qui réintègrera la France dans le commandement de l'OTAN, dont De Gaulle l'avait exclue en 1966.
Au rayon de ces servitudes volontaires européennes, l'un d'entre vous m'avait signalé que le patron des écologistes belges était aussi allé à l'ambassade américaine de son pays pour faire avaliser le programme de gouvernement de son parti.
Parmi tous ces visiteurs des ambassades américaines, on retrouve donc un éventail politique et géographique assez large. Il ne s'agit là que de quelques informations récoltées à droite, à gauche. On peut penser que ce n'est que la face émergée de l'iceberg. C'est-à-dire qu'il est de coutume, dans les partis politiques européens, d'aller faire allégeance à l'ambassade des Etats-Unis. Discrètement. Ceux qui le font ne s'en vantent pas.
Toutes ces visites intéressées semblent nous dire que les programmes politiques à appliquer en Europe doivent recevoir l'aval de Washington (plutôt que celui des électeurs européens).
C'est le retour de balancier de l'Histoire. Dans le passé, l'Amérique était une colonie européenne, dirigée par des gouverneurs britanniques, français, espagnols... Aujourd'hui, c'est l'Europe qui est une colonie états-unienne.


5 juin 2025

LE CULTE DE LA PERSONNALITÉ

Jean-Claude Delhez

-4/6/2025- Avez-vous noté cette distorsion ? Quand un pouvoir politique s'exprime, il peut le faire par plusieurs voix différentes. C'est du moins le cas en Europe. Ainsi, la parole peut-être portée par le chef de l'État, par le premier ministre, par le ministre en charge du dossier ou encore par le porte-parole du gouvernement. C'est la même chose en Russie. La position du pays peut être exprimée par le président (Poutine), par le vice-président (Medvedev), par le ministre des Affaires étrangères (Lavrov) ou encore par le porte-parole du Kremlin (Peskov). Que les médias occidentaux focalisent sur Poutine, parce qu'ils trouvent cela plus vendeur, ne tient qu'à leur volonté. De même qu'il ne tient qu'à leur volonté de ne pas relayer la plupart des déclarations officielles russes, de façon à pouvoir forger de toutes pièces des intentions qu'ils leur prêtent.
Et l'Ukraine dans tout cela ? Si je vous demandais qui est le premier ministre du pays, qui est le ministre des Affaires étrangères, qui est le ministre de la Défense, vous seriez bien en peine de répondre. Si je vous montrais leurs photos, vous ne pourriez pas les reconnaître. Parce que l'Ukraine n'est incarnée que par une seule personne, son président. Et, dans ce cas, ce n'est pas un choix des médias occidentaux, c'est un choix de Zelensky lui-même. Il est pour ainsi dire le seul à parler au nom de l'Ukraine. Et il ne s'en prive pas. On a droit à son intervention presque chaque jour de l'année depuis 2022 (à croire que la télévision est livrée avec Zelensky à l'intérieur...).
La technique qu'il emploie n'est pas anodine. Son mode de communication habituel est le face caméra, en plus ou moins gros plan, et seul, sans la moindre personne autour de lui. Ces temps-ci, il a une préférence pour la contre-plongée, une technique qui magnifie le sujet, le place en position de dominant. Il met en scène une personnification du pouvoir. À la mode soviétique, mais avec des moyens modernes. On se souvient que, par son premier métier, Zelensky est un comédien et un homme de télévision.
Vous noterez le paradoxe dans le discours médiatique occidental. Zelensky est présenté comme le démocrate, par opposition au pouvoir russe. Et la manière dont ce démocrate s'exprime, c'est la négation de toute personne autre que lui, c'est le pouvoir d'un seul homme, du chef, le culte de la personnalité.

2 juin 2025

PROPAGANDE MÉDIATIQUE : UN EXEMPLE

Jean-Claude Delhez

-2/6/2025- Ce dimanche, Kiev a lancé une double attaque sur le sol russe. 1) Des saboteurs ont fait sauter deux ponts dans la région de Koursk au moment du passage de convois civils, dont un train dans lequel plusieurs dizaines de passagers ont été tués ou blessés. 2) Des drones, infiltrés en Russie, dans des semi-remorques, ont attaqué plusieurs bases aériennes où ils ont détruit des bombardiers. Kiev a expliqué que l'opération était préparée depuis plus d'un an par le SBU, le service secret ukrainien.
La couverture médiatique de ces événements en Occident est demeurée relativement discrète et purement factuelle. En quoi serait-ce de la propagande ? Pour le comprendre, voici un exercice très simple. Inversons les rôles. On va dire que ce sont les Russes qui sont les auteurs de ces deux attaques et qu'elles ont donc eu lieu en Ukraine. Quel aurait été la réaction médiatique ? Elle aurait revêtu deux formes. 1) Ces attaques ont lieu la veille même de la réunion d'Istanbul où Ukrainiens et Russes doivent discuter de la paix. C'est donc un sabotage caractérisé de ces pourparlers, de la part des Russes. C'est bien la preuve que Moscou ne veut pas la paix et fait tout, y compris des attaques massives dans la profondeur du territoire adverse, pour que la guerre se poursuive. D'autant que ces attaques étaient en préparation depuis plus d'un an et qu'elles pouvaient donc se déclencher n'importe quel autre jour que, justement, la veille des pourparlers de paix. 2) Les sabotages contre des ponts sont des actes terroristes du régime du Kremlin. Ils visent des infrastructures civiles, et non des objectifs militaires, et provoquent la mort ou la blessure de dizaines de civils innocents, y compris des enfants. Voilà à nouveau une preuve du caractère assassin du régime russe, qui n'hésite pas à cibler volontairement des civils, ce qui justifie qu'il ait un jour à rendre compte de ses actes devant la Justice.
En résumé : Selon que vous serez russe ou ukrainien, les jugements de presse vous rendront blanc ou noir.

31 mai 2025

UN PRIX POUR URSULA

Jean-Claude Delhez

-31/5/2025- Ursula von der Leyen vient de recevoir le prix Charlemagne, qui récompense une personnalité remarquable œuvrant en faveur de l'Europe. Le bon Charlemagne me le confiait encore ce matin : cela aurait été dommage de ne pas le lui décerner. Il y a 15 jours à peine, la Cour de justice de l'Union européenne la condamnait pour rétention d'informations au sujet du contrat pharamineux qu'elle avait attribué à la société américaine Pfizer, à l'époque du covid. À propos de société américaine, elle fut soupçonnée d'autres malversations, avec McKinsey, cette fois, à l'époque où elle était ministre de la Défense à Berlin. À la tête de la Commission européenne, elle place ses amis aux frais des citoyens, à l'exemple de Markus Pieper, qu'elle nomme l'an dernier à un emploi fictif, avec salaire mensuel de 20.000 euros (une misère, à côté des 35.000 euros de la présidente). Elle est pointée du doigt depuis plusieurs années pour ses goûts de luxe, ses voyages en jet privé, aux frais des citoyens à nouveau. Autre critique récurrente : l'opacité de son action. Elle qui n'est pas élue prend, de plus en plus, des décisions toute seule dans son coin, décisions qui engagent une communauté d'un demi milliard d'habitants. Pour ne rien dire des nombreux contrats d'association qu'elle a signés avec des dictateurs d'Afrique et du Moyen-Orient.
Voilà un palmarès qui n'est pas à la portée du premier venu. Si je peux me permettre une légère critique : le prix Charlemagne, c'est un peu mesquin. Avec une personnalité d'une telle stature, le prix Gengis Khan s'imposait. Ou le prix Attila. C'est bien aussi, le prix Attila.

29 mai 2025

LE MONDE CHOISI PAR LES USA

Jean-Claude Delhez

-29/5/2025- La Rand Corporation est une importante société de conseil américaine en matière technologique, économique et militaire. En 2019, elle a rendu un rapport intitulé « Overextending and unbalancing Russia », en d'autres termes : Comment épuiser et déséquilibrer la Russie en lui imposant des coûts de divers types. Destiné aux décideurs politiques et militaires américains, ce rapport s'inspire de la stratégie mise en œuvre pendant la Guerre froide pour vaincre l'Union soviétique. Elle consiste à identifier les vulnérabilités de la Russie actuelle afin de prendre les mesures adéquates entraînant Moscou à s'enfoncer dans ses faiblesses.
La Rand Corporation identifie trois grands axes d'affaiblissement de la Russie : l'économie, la géopolitique et le militaire. En matière économique, il s'agit de reproduire une manœuvre de la Guerre froide : pousser le prix des hydrocarbures à la baisse pour réduire les revenus que Moscou en retire à l'exportation. Dans ce domaine, elle propose aussi de réduire les commandes de gaz russe par l'Europe en lui substituant du gaz naturel liquéfié (GNL). Enfin, la Rand suggère d'augmenter les sanctions financières et commerciales contre la Russie, une mesure qui ne portera des fruits que si les alliés des USA y participent.
Dans le domaine géopolitique, la Rand trouve quelque intérêt à inquiéter la Russie en s'en prenant à des alliés de Moscou, comme la Biélorussie, la Syrie ou la Transnistrie (en Moldavie). Mais elle considère que l'action majeure à adopter consiste à armer l'Ukraine. Elle prévient toutefois qu'il faut le faire avec modération (on est en 2019) sans quoi Moscou pourrait entrer en guerre contre Kiev et se trouver alors dans une position militaire qui lui est favorable.
Enfin, dans le domaine militaire, la Rand propose de rééditer le coup de la Guerre froide : une course aux armements avec la Russie, afin de l'épuiser. À cela s'ajoute la création de menaces sur les frontières russes : déploiements d'avions de combat à proximité, de troupes et de manœuvres de l'OTAN, présence navales en mer Noire...
Ce rapport date de 2019. Cela fait alors cinq ans qu'a éclaté la guerre civile du Donbass. Le premier mandat de Trump en est à sa moitié et, en Ukraine, Zelensky est élu président. L'invasion russe, elle, n'interviendra que trois ans plus tard.
Il faut constater à quel point les suggestions de la Rand Corporation sont devenues réalité. Tout ou presque a été appliqué par les politiciens occidentaux, depuis la substitution du gaz russe par le coûteux et polluant GNL américain, en passant par la menace otanienne aux frontières russes, les sanctions économiques auxquelles les Européens n'ont pas manqué de participer et, bien sûr, l'armement de l'Ukraine.
Après le rapport d'ISW dont je parlais hier, voilà qui pose à nouveau la question de l'indépendance des pays européens, ou plus exactement des liens de soumission entre ses politiciens et les officines américaines qui pèsent sur la politique internationale, au bénéfice des intérêts de Washington. Vous aurez noté, par ailleurs, que le rapport de la Rand Corporation ne se donne pas pour projet la démocratie, la liberté ou le respect du droit international (en Ukraine ou ailleurs), à la manière du conte angélique que nous répètent médias et politiciens depuis des années, mais l'affaiblissement de la Russie par tous les moyens possibles, y compris les moins avouables.

27 mai 2025

RAPHAËL GLUCKSMANN ET L'OTAN

Jean-Claude Delhez

-27/5/2025- En 2008, au sommet de Bucarest, l'OTAN prend une décision lourde de sens : l'Ukraine et la Géorgie ont vocation à rejoindre le pacte militaire atlantique. L'ancien ministre Pierre Lellouche a révélé récemment que cette adhésion était le projet du président Georges Bush junior et des néo-conservateurs américains. Ce sont les Européens (d'alors) qui l'ont réfréné en lui faisant voir qu'une adhésion immédiate de ces deux anciennes républiques soviétiques pourrait conduire à un conflit avec Moscou.
Quatre mois seulement après cette décision de l'OTAN, en août 2008, la Géorgie voit arriver un jeune conseiller français de 28 ans, Raphaël Glucksmann. Cornaqué par Bernard Henri Lévy, Glucksmann vient se mettre au service du président géorgien Mikael Saakachvili. Saakachvili est un politicien néo-libéral, favorable à l'OTAN. Les liens du jeune Français avec le régime géorgien ne se démentent pas puisque, quatre ans plus tard, Glucksmann épouse la ministre de l'Intérieur de Saakachvili, Eka Zgouladze. Peu après, le couple quitte la Géorgie pour s'installer en Ukraine. A la fin de l'année 2013, ils sont à Kiev pour participer aux manifestations de Maïdan, des manifestations qui vont renverser le président ukrainien quelques mois plus tard. Ou du moins sera-t-il renversé par un coup d'Etat ourdi par les USA, le parti de Ioulia Tymochenko et des milices nationalistes. Glucksmann se présente alors lui-même comme « conseiller en révolutions ».
Avec la mise en place d'un gouvernement pro-américain à Kiev en 2014, on y voit arriver une série de Géorgiens. Il y a l'ancien président Saakachvili, qui a perdu les élections en 2013. Surtout, il est recherché par la justice de son pays. Il s'enfuit d'abord aux USA puis arrive en Ukraine. Il troque sa nationalité géorgienne contre la nationalité ukrainienne ce qui lui ouvre la place de gouverneur d'Odessa. Madame Glucksmann fait de même : elle abandonne sa nationalité géorgienne pour devenir ukrainienne et fait ainsi sont entrée parmi le gouvernement de Kiev, en décembre 2014, comme ministre de l'Intérieur. Elle aura ainsi été successivement ministre de l'Intérieur de deux pays différents, ceux visés par la décision de l'OTAN en 2008. Quant à son mari français, il poursuit ce qu'il avait commencé en Géorgie ; il conseille les politiciens ukrainiens : le maire de Kiev et ancien boxeur Vitali Klitchko et l'ancienne première ministre Ioulia Tymochenko (voir photo). En 2016, Eka Zgouladze abandonne son poste ministériel au sein du gouvernement ukrainien. Elle est divorcée depuis peu de Raphaël Glucksmann. Mikael Saakachvili, lui, quitte ses fonctions ukrainiennes au même moment et, après de multiples péripéties, finit en prison en Géorgie où il croupit toujours actuellement.
Revenons-en au parcours de Raphaël Glucksmann et à ses motivations. Il faut savoir qu'avant de se découvrir récemment socialiste, il avait commencé sa carrière du côté de la droite libérale et atlantiste ; il est d'ailleurs le fils du philosophe libéral André Glucksmann. Avant son arrivée en Géorgie en 2008, il était collaborateur d'une revue française néo-conservatrice et pro-américaine (« Le meilleur des mondes »).
Est-ce le hasard qui explique la présence de ce néo-conservateur atlantiste dans les deux pays ciblés par les néo-conservateurs américains de Georges Bush à partir de 2008 ? Par quel concours de circonstances arrive-t-il à Kiev avec toute une colonie géorgienne au moment même où Washington y prépare le coup d'Etat de Maïdan ? Quel rôle joue-t-il dans cette affaire de Maïdan dont on sait aujourd'hui que Washington et l'opposition ukrainienne y ont fait tirer sur la foule, sous faux drapeau, afin de renverser le pouvoir ? Cette opposition est justement celle de Ioulia Tymochenko, dont Raphaël Glucksmann devient ensuite le conseiller. Glucksmann est-il un naïf embarqué dans un événement qui le dépasse, ou un complice des sanglantes ingérences américaines ? En tout cas, le temps qui passe ne l'a pas changé puisqu'il demeure aujourd'hui un partisan acharné de la guerre en Ukraine et de l'ingérence en Géorgie.