-8/7/2025- On a beaucoup parlé, ces derniers mois, du scandale des sociétés qui vendent de l'eau en bouteille et qui avaient bidouillé les méthodes de production, avec la complicité du pouvoir politique. C'est la seule affaire d'eau qui a eu un écho médiatique national et pourtant, en matière de santé, c'est la plus anodine. Car d'autres scandales, bien plus graves, ne manquent pas. Et c'est peu de le dire.
On découvre, en ce moment même, le record de France de la pollution aux PFAS, les polluants éternels. Elle frappe les distributions d'eau potable de plusieurs dizaines de communes aux limites de la Meuse et des Ardennes. Ses effets : cancer, maladies cardiovasculaires et auto-immunes, infertilité, etc. Une pollution qui proviendrait du dépôt, sur des terres agricoles, des boues d'épuration d'une papeterie aujourd'hui fermée. Or, ces boues sont ainsi épandues depuis le siècle dernier. C'est dire que la pollution ne date pas d'hier. Les populations locales boivent de l'eau toxique depuis des décennies. Mais ça ne s'arrête pas là. Les PFAS, si elles touchent les nappes phréatiques, empoisonnent aussi les cours d'eau qu'elles alimentent, et les poissons qui s'y trouvent, donc. Et ces produits finissent dans la mer. De plus, comme ces boues sont utilisées pour engraisser les terres agricoles, les PFAS passent dans les produits de la terre : céréales, viande, lait, etc. Le tout, consommé par la population depuis des décennies. Enfin, on peut se demander s'il n'y que les boues de cette papeterie (située à Stenay) qui sont concernées, ou si le problème s'est répété dans d'autres papeteries, sachant qu'il est de coutume pour ces usines de céder les boues de leurs stations d'épuration aux agriculteurs pour qu'ils les épandent sur leurs terres.
Les papeteries avaient aussi coutume de blanchir la pâte à papier à l'aide de chlore ; chlore qui finissait dans les déchets sous forme d'organochlorés, substance mutagène et cancérigène. On retrouvait notamment ces organochlorés dans les boues épandues sur les terres agricoles.
Autre problématique, les conduites d'eau potable en plastique. Tout l'ouest de la France (et sans doute d'autres régions) a opté pour un réseau de conduites d'eau en plastique, au siècle dernier. Or, il apparaît que ces tuyaux libèrent des micro-particules de plastique dans l'eau de distribution. Avec des effets nocifs sur la santé, de type cancérigène. Le phénomène existe aussi, dans une moindre mesure, au sein des bouteilles d'eau en plastique, boisson consommée par des millions de personnes. Même les captages d'eau sécurisés, loin des activités humaines, ne sont pas à l'abri de la pollution aux micro-plastiques, qui envahit tous les écosystèmes, tellement le plastique est répandu dans la société actuelle.
Peut-on régler le problème des PFAS ? Non. Comme leur nom l'indique, ce sont des polluants éternels. Il faut cesser de boire l'eau des régions infectées. Ou construire des stations de filtrage au charbon actif, ce qui coûte trop cher pour la plupart des communes. Peut-on régler le problème des conduites en plastique ? Oui. Mais ça ne se fait pas parce que ça coûte trop cher. C'est-à-dire qu'un pays qui aime à construire des porte-avions nucléaires ou à organiser de dispendieux banquets en faveur de ses « élites » (l'actuel président a explosé le budget interne de l'Elysée), n'est pas capable d'assurer l'alimentation en eau potable de sa population. Le premier besoin de l'être humain, c'est respirer. Le deuxième, c'est boire. Le président du Burkina Fasso, Thomas Sankara (assassiné en 1987), a laissé cette phrase bien connue : « Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns et l'eau potable pour tous ». En France, on préfère le champagne.