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25 juillet 2025

Sarah Knafo

Reconnaître un État palestinien aujourd’hui, est-ce la solution ?

-25/7/2025- Mettons de côté un instant le triste symbole, où moins de deux ans après les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, il se voit offrir la reconnaissance d’un État par un grand pays comme le nôtre. Étudions les conséquences de ce choix.
Un État, c’est un territoire, une autorité politique, une armée. Aujourd’hui, sur quel territoire se situerait cet État palestinien ? Avec quelle armée, sous quel commandement et sous quelle autorité politique ?
Regardons la réalité en face : la population de Gaza a élu le Hamas. En 2024, selon le Palestinian Center for Policy and Survey Research, 60 % des Palestiniens soutenaient encore cette organisation djihadiste, malgré les destructions, malgré le 7 octobre et malgré la guerre.
Il ne s’agit pas d’assimiler définitivement tout un peuple à un groupe terroriste, car un jour sans doute, la population palestinienne s’émancipera de ses bourreaux. Il s’agit de constater qu’au moment où nous parlons, le Hamas s’est enraciné dans une part massive du corps social. Et si vous doutez encore, regardez les félicitations immédiates du Hamas à Emmanuel Macron : ils savent d’avance qu’ils seront les premiers bénéficiaires. Puis demandez-vous pourquoi les pays arabes voisins refusent d’accueillir les réfugiés de Gaza. L’Égypte a été catégorique : pas question d’ouvrir sa frontière. Avec plus d’un Gazaoui sur deux qui soutient le Hamas, l’Egypte, qui a déjà fort à faire avec la menace des Frères musulmans, n’a aucune envie de déstabiliser son équilibre national. Au même moment, en France, des juges nous obligent à accorder à chaque habitant de Gaza l’asile chez nous.
Alors, quel est le problème à offrir aujourd’hui un État qui tombera certainement aux mains du Hamas ? Le problème, c’est que le Hamas ne rêve pas d’écoles, d’infrastructures et de prospérité pour sa population. Un État palestinien ne réglera donc aucun des problèmes humanitaires. Non, le Hamas rêve de raser Israël. C’est écrit noir sur blanc dans sa charte. Article 7 : « Le Hamas aspire à la réalisation de la promesse d’Allah, peu importe le temps que cela prendra. Le Prophète a dit : « L’Heure du Jugement n’adviendra pas tant que les musulmans n’auront pas combattu les Juifs en les tuant, au point que le Juif se cachera derrière les pierres et les arbres, et que les pierres et les arbres diront : Ô musulman, ô serviteur d’Allah, un Juif est derrière moi, viens et tue-le. ». L’article 8 donne le slogan du Hamas : « Le Coran est sa Constitution. Le Djihad est son chemin, et la mort pour Allah est le plus noble de ses souhaits. »
On est loin de la Constitution d’un Etat moderne soucieux de son peuple ! Quelle base de négociation peut-on bâtir là-dessus ? Quel plan de paix peut tenir face à une telle volonté d’anéantissement ? Emmanuel Macron peut-il ignorer tout cela ?
À terme, on ne peut que rêver d’une solution à deux États, où la paix est établie et où chacun peut se concentrer sur le bien-être de sa population et son propre développement. Qui pourrait souhaiter une guerre éternelle avec ses voisins ? Mais il est des moments où des solutions idéales sur le papier sont impraticables dans la vraie vie.
Emmanuel Macron ne fait donc que s’agenouiller devant une illusion diplomatique. Il le fait sans doute par calcul, par cynisme, par narcissisme. Quelles que soient ses raisons, on ne fait pas la paix avec un mouvement qui a pour objectif votre disparition. On ne fonde pas un État sur le sang des innocents. Et on ne récompense pas le djihad par un siège à l’ONU.

21 juillet 2025

Gaza : en fonction de celui qui la prononce, "l’apologie" n’est pas "l’apologie"

Régis de Castelnau
21/7/2025

Rubrique : apologie

Coucou les amis magistrats, ça va ? Ou plutôt « j’espère que vous allez bien » comme on dit aujourd’hui. Il n’y a plus de canicule pour l’instant, pas besoin d’aller à la piscine, vous devriez être d’attaque.
Eh bien dites donc, voilà la vidéo d’un gars qui est manifestement français et qui dirige une association. Quand on l’écoute, c’est infractions pénales à tous les étages.
Comment dites-vous ? Vous ne vous rappelez pas ce que raconte la loi française ? On ne vous l’a pas appris à l’ENM ? C’est bizarre, parce que quand il s’est agi de poursuivre « l’apologie du terrorisme » après le 7 octobre, vous avez déployé un zèle admirable.
Alors comme j’ai bon cœur, je vais vous rappeler l’article 211-2 du Code pénal : « La provocation publique et directe, par tous moyens, à commettre un génocide est punie de la réclusion criminelle à perpétuité si cette provocation a été suivie d'effet. Si la provocation n'a pas été suivie d'effet, les faits sont punis de sept ans d'emprisonnement et de 100 000 € d'amende. »
Ça mériterait peut-être une petite enquête préliminaire ? Parce qu’il s’agit quand même d’un crime justiciable de la Cour d’assises.
Et puis il y a l’article 24 Loi du 29 juillet 1881 : « Seront punis de la même peine ceux qui, par l'un des moyens énoncés en l'article 23, auront fait l'apologie des crimes visés au premier alinéa, des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ». Et celui-là vous ne pouvez pas dire que vous ne connaissez pas, vous l’avez utilisé plus de 600 fois après le 7 octobre pour exécuter les ordres de Dupond-Moretti.
Bon, malheureusement mon mauvais esprit reprend le dessus, et j’ai la conviction que vous ne bougerez pas.
Lorsque la tragédie aura pris fin, que sera enfin terminé le massacre que tout le monde aura vu, viendra le temps où on demandera des comptes d’abord à ceux qui auront commis des crimes bien sûr, mais aussi à ceux qui ont laissé faire en regardant ailleurs.
Mais peut-être avez-vous raison, une solide bonne conscience doit permettre de supporter le déshonneur. Et l’amour-propre est une affaire personnelle.

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15 juillet 2025

Régis de Castelnau

Rubrique : impasse

-7/7/2025- Depuis plus d’un an et demi, nous avons dû assister à des horreurs, entendre des horreurs, et voir l’Occident non seulement tolérer un massacre de civils et d’enfants, que le droit international qualifie irréfutablement de génocide, mais encore le soutenir politiquement financièrement et matériellement.
Comment cette catastrophe qui est loin d’avoir produit tous ses effets a-t-elle pu se produire ?
La légitimité du projet sioniste conçu au XIXe siècle, s’est nourrie en Occident après la Seconde Guerre mondiale, du complexe de culpabilité de l’Holocauste, immense crime européen s’il en était. Cette légitimité est aujourd’hui anéantie.
Justifier qu’Israël a le droit de se défendre… en commettant un génocide est absolument impossible. Et s’imaginer que cela puisse être oublié ou pardonné est tout aussi impossible.
Avant d’être la construction d’un refuge pour les survivants de l’holocauste, le projet sioniste était d’abord un projet colonial de peuplement, visant à remplacer un peuple installé sur cette terre de façon immémoriale, par un autre issu d’autres régions du monde et désireux de cette terre pour des raisons religieuses.
Finalement Israël n’a pas échappé à ce qui fut d’abord une malédiction pour les Palestiniens, mais il l’est probablement aussi devenu pour ceux qui avaient cru en la possibilité d’un peuple israélien. La « guerre des 12 jours », qui ne peut s’analyser que comme une défaite d’Israël, vient de démontrer sa vulnérabilité géographique, militaire, économique et politique. Politique parce les habitants occidentaux de ce bout d’Occident n’ont pas montré à cette occasion leur volonté de rester à tout prix.
Au contraire du peuple palestinien qui depuis plus de 80 ans, malgré toutes les souffrances et les sacrifices incroyables, refuse de quitter sa terre.
Ces deux clichés expriment cette volonté inébranlable. À celui penché sur sa terre et qui en recueille les fruits, Israël ne peut opposer que le fusil. Comme face à l’intensité du regard de cette femme, sa seule ressource est la force des soldats qui ne la feront pas plier.
Étonnant comment des photos peuvent exprimer à ce point une totalité. Ce que celles-ci racontent, c’est l’impasse du projet de Théodore Herzl.

11 juillet 2025

"Israël veut bâtir le camp de concentration le plus moral au monde"

Kuzmanovic Georges
11/7/2025

C’est le titre choc d’un éditorial provocateur du journal israélien Haaretz, en référence au slogan souvent repris selon lequel Tsahal serait « l’armée la plus morale du monde » – un concept difficile à concilier avec les massacres de civils.

Mais derrière cette provocation se cache une réalité insupportable.
Israël planifie la création d’un « camp humanitaire » à Rafah, dans la bande de Gaza.
Le but ?
Y regrouper des centaines de milliers de Palestiniens
Dans une zone strictement contrôlée
Avec des frontières fermées et sans libre circulation.
Présentée comme une initiative "humanitaire" – voire "morale" – cette opération est, selon Haaretz, en réalité assimilable à un camp de concentration moderne.
L’objectif réel est de pousser les habitants de Gaza à partir, en les enfermant dans des conditions de vie encore plus insupportables.
Cette stratégie s’inscrit dans un processus de déportation déguisée, qualifiée hypocritement de « départ volontaire ».
Orwell n’aurait pas dit mieux...
L’idée sordide est de rendre la vie invivable pour forcer à l’exil.
C’est, très exactement, une opération de nettoyage ethnique.
C’est une faillite morale sans précédent.
Sous couvert de bienveillance, se prépare une déportation massive et une ingénierie démographique en totale contradiction avec le droit international humanitaire.
C’est aussi une trahison des valeurs juives fondamentales.
C’est une insulte à la mémoire de tous les Juifs qui ont souffert la Shoah.
Ce serait, selon les mots de l’avocat israélien Michael Sfard, un nouveau crime contre l’humanité.
La mise en œuvre de ce projet – déjà en cours – signerait la destruction morale d’Israël sur la scène internationale, faisant de lui l’incarnation d’un État raciste, d’apartheid et criminel.
Cette faillite morale touche aussi l’ensemble de l’Occident.
Les États-Unis – Biden, Trump, démocrates ou républicains, même posture – non seulement ferment les yeux, mais soutiennent logistiquement et politiquement ce nettoyage ethnique.
L’Union européenne, et en particulier Ursula von der Leyen à Bruxelles, oscille entre un silence gêné et une complicité tacite.
Il aurait suffi à certains d’assister au sommet des BRICS à Rio, ou simplement de voyager dans les pays du Sud global, pour comprendre à quel point l’Occident a perdu de sa légitimité morale.
La cause palestinienne y est devenue un puissant facteur d’unité et de mobilisation.
La perception de qui défend le "bien" et où est le "camp de la morale" est en train de basculer à un niveau global.

22 juin 2025

PENDANT CE TEMPS-LÀ, À GAZA

Jean-Claude Delhez

-22/6/2025- Jean-Louis Bourlanges, politicien français, faisait remarquer avant-hier la rouerie de Benjamin Netanyahou : il a lancé son attaque contre l'Iran au moment où USA et Iran négociaient un accord, ce qui a mis fin à cette négociation ; au moment où on allait débattre en Occident de la reconnaissance de la Palestine, ce qui a mis fin au débat ; et au moment où le gouvernement Netanyahou était menacé par l'opposition politique.
Ajoutons-y un ultime avantage pour le dirigeant israélien : les mains libres à Gaza pendant que l'attention mondiale se focalise sur l'Iran. Si l'on s'intéresse à ce petit bout de terre, on se rend compte que, chaque jour depuis l'attaque contre l'Iran, les civils tombent comme des mouches à Gaza. Et ils tombent dans des circonstances qui sont toujours les mêmes : une pseudo fondation humanitaire fondée par les administrations Netanyahou et Trump appelle les civils à des distributions de vivres et, une fois ces civils venus, ils sont la cible de tirs qui en abattent plusieurs dizaines chaque jour, parfois plus d'une centaine de morts. Et, à chaque fois, l'armée israélienne contactée refuse de commenter la chose.
On est donc en présence d'une organisation méthodique du massacre, en plusieurs étapes : 1) On affame les civils en les bloquant dans un territoire sans ravitaillement 2) On leur propose des vivres 3) On profite qu'ils s'approchent en vue de trouver à manger pour les tuer.
Ca m'évoque des souvenirs historiques, une méthode en plusieurs étapes. 1) On demande d'abord à des civils de se faire recenser par l'administration et de porter un signe distinctif sur leurs vêtements 2) Ensuite, on les invite à se rassembler dans un lieu public 3) On leur offre un voyage vers l'est, en train, et la suite est connue. Il existe une variante plus expéditive consistant à leur confier une pelle pour leur demander de creuser un trou d'une certaine profondeur, pelle dont ils n'auront plus besoin quelques instants plus tard.
Tout cela n'empêche nullement les pouvoirs européens, de la politique, des médias et des affaires, de poursuivre leur fructueuse collaboration avec le régime politique qui se comporte de la sorte.

19 juin 2025

Kuzmanovic Georges
19/6/2025

Un missile iranien a frappé et partiellement endommagé l’hôpital Soroka de Beer Sheva. Il y a de nombreuses victimes civiles.
C’est un crime de guerre.
Tout comme les attaques répétées sur les hôpitaux palestiniens.
Sur les 36 hôpitaux existants à Gaza en octobre 2023, seuls 17 restent partiellement fonctionnels en juin 2025.
19 hôpitaux sont totalement hors service – soit détruits, soit gravement endommagés.
Selon l’OMS, entre le 7 octobre 2023 et septembre 2024, 492 attaques ont ciblé des établissements de santé à Gaza. Depuis, la situation est si critique qu’elle n’est même plus comptabilisée.
85 % des centres de santé de la bande de Gaza sont affectés.
Le système hospitalier est en état d’effondrement total, avec des conséquences humaines dramatiques : soins interrompus, maternités à l’arrêt, patients privés de dialyse, de chimiothérapie ou de chirurgie urgente – aggravé par les pénuries de carburant, de médicaments, d’eau et d’électricité.
Après l’attaque de Beer Sheva, Netanyahu s’est empressé de visiter l’hôpital et a promis de « faire payer un lourd tribut aux tyrans de Téhéran »…
Mais alors, quel prix les Gazaouis devraient-ils faire payer au gouvernement d’extrême droite israélien, responsable de la destruction systématique de leur système de santé ?
Netanyahu s'offusque, mais il récolte les conséquences d'une guerre qu’il a lui-même déclenchée et dont le prix fort est payé principalement par des civils israéliens et iraniens.
L’hôpital Soroka n’aurait jamais dû être visé.
Et pas plus que les hôpitaux Al-Shifa, Al-Nasser ou Kamal Adwan à Gaza.
Le droit humanitaire n’a pas de géométrie variable. Les hôpitaux sont des lieux protégés, quels que soient le pays ou le drapeau. Ceux qui les ciblent sont des criminels – qu’ils soient à Téhéran, Tel-Aviv ou ailleurs.

9 juin 2025

Roxane Borde / Diapason
6/6/2025

Michael Barenboim ne jouera pas en Israël

© DR
Le violoniste allemand, fils du maestro Daniel Barenboim, a une nouvelle fois exprimé son soutien aux Palestiniens.

Après avoir créé le collectif « Make Freedom Ring » destiné à récolter des fonds pour les Palestiniens grâce à des concerts organisés dans différentes villes d’Europe, Michael Barenboim continue de condamner la guerre menée par Israël à Gaza. Violon solo du West-Eastern Divan Orchestra et professeur à l’Académie Barenboim Saïd, deux institutions fondées par son père Daniel Barenboim afin de réunir des instrumentistes israéliens et des pays arabes voisins, le musicien juif allemand a une nouvelle fois explicité son opinion sur la situation au Proche-Orient. Il a ainsi déclaré au média musical VAN Magazin qu’il ne comptait pas remettre les pieds en Israël avant longtemps, que ce soit pour un concert avec l’Israel Philharmonic ou avec tout autre ensemble du pays, même non financé par l’État : « Je ne peux pas savoir ce que l’avenir nous réserve d’ici dix à vingt ans, mais je ne me vois pas voyager là-bas », confie-t-il sans équivoque, glissant à cette occasion qu’il n’avait pas non plus l’intention de se rendre aux États-Unis de sitôt.

Contre les agissements de l'Etat hébreu

Depuis le début de la guerre lancée par Israël dans la bande de Gaza après les attentats du 7 octobre 2023 menés par le Hamas, Michael Barenboim s’est exprimé à plusieurs reprises sur le sujet, critiquant notamment l’attitude de son pays, l’Allemagne, qui refuse toujours de condamner les agissements de l’État hébreu : « Il n’y a aucune raison que les Palestiniens souffrent de quelque chose que les Allemands ont fait il y a 80 ans », s’insurgeait-il au média The Times of Israel. Le musicien fait d’ailleurs partie des signataires d’une lettre ouverte adressée le mois dernier au ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, alors que son homologue israélien Gideon Sa’ar s’apprêtait à le rencontrer à Berlin. Dans cette tribune, les auteurs demandaient à leurs dirigeants d’arrêter de livrer des armes à Israël et de prendre au sérieux la menace de génocide. « Nombre de citoyennes et de citoyens de ce pays ont profondément honte de la position de l’Allemagne concernant le conflit au Proche-Orient », expliquent-ils.

De son côté, Michael Barenboim s’attache à rappeler qu’Israël n’est pas « la seule représentation du judaïsme » : « Je suis juif, n’est-ce pas ? […] Mais je ne veux pas être représenté par Israël », affirmait-il, toujours au journal The Times of Israel. Outre les concerts du collectif « Make Freedom Ring », Michael Barenboim, qui a aussi étudié la philosophie, organise une série de conférences sous le titre « Kilmé » (« mot » en arabe), au cours desquelles il laisse la parole à des artistes, intellectuels et universitaires palestiniens. Il a également fondé l’ensemble de musique de chambre Nasmé aux côtés de cinq instrumentistes palestiniens.

René Chiche

-9/6/2025- Inutile d'ajouter au bruit autour de la "flottille de la liberté". On rappellera seulement que flottille prend deux t et désigne une flotte de plusieurs petits bâtiments.
Pour le reste, étant professeur et non psychiatre, je m'abstiens de commenter ce nouveau délire collectif et souhaite force et courage aux habitants de la place de la République à Paris que j'ai quittée sans regret depuis une vingtaine d'années alors qu'elle n'était pas encore régulièrement inondée par les drapeaux du Hamas.

8 juin 2025

NOTRE FOLIE, NOTRE VÉRITÉ

Benoît Girard

-8/6/2025- Le conflit israélo-palestinien n'est pas un conflit périphérique que nous aurions à arbitrer du haut de notre supériorité morale, en fonction de nos attachements historiques ou de nos colères personnelles.
C'est un enjeu qui se déploie dans les profondeurs de l'anthropologie occidentale, un catalyseur conjoncturel de ce "tout est permis" qui creuse tout au long de notre histoire un sillon sanglant.
La même génération qui s'est structurée autour du "plus jamais ça" réactive en toute bonne conscience la rhétorique de Mein Kampf : l'illusion de l'être collectif et du péril existentiel qui justifie tout ; la négation du conflit et de ses rites au nom d'une position "défensive" qui voit dans toute altérité une menace à éradiquer. Les tabous ne protègent de rien : ils ne font que transporter dans le temps le souvenir fasciné de leur propre violation.
La bêtise joviale de nos "élites" médiatiques, la tranquillité et la bonne conscience avec lesquelles elles en appellent au meurtre... toutes ces postures dégoulinantes d'imbécilité satisfaite ont donc quelque chose de prophétique par quoi nous devons nous laisser éclairer plutôt que scandaliser. En effet, ce ne sont pas ces personnes qui parlent et nous n'avons pas, sauf à laisser contaminer notre propre cause par les miasmes de leur racisme et de leur ressentiment, à en faire nos boucs émissaires : elles sont parlées par les ressorts profonds de notre identité collective, trop longtemps occultés, et qui s'offrent désormais en spectacle. Ils ne résisteront pas à la lumière mais ça ne les empêchera pas, tels les derniers soubresauts d'un monstre blessé, de causer beaucoup d'horreurs et de souffrances. Seule notre compréhension de l'intérieur est capable d'infléchir le cours de l'inévitable.

30 mai 2025

Barbara Lefebvre

-30/5/2025- Le talent d'Emmanuel Macron est de pouvoir toujours surprendre par la vacuité de sa pensée et la détermination de son verbe.
Petit bonhomme rêve d'un monde où il serait Prix Nobel de la paix, libérateur de l'Ukraine, sauveur de Gaza et d'Israël "en même temps", prophète fédéraliste de l'Union européenne.
Petit bonhomme rêve, mais il ne rêve pas grand comme Martin Luther King qui avait compris qu'il gagnerait son combat par la fraternité et la grandeur d'âme. Macron rêve petit. La France a rapetissé depuis 2017, la dette publique a grandi, l'image de la France à l'international s'est effondrée.
Petit bonhomme veut maintenant récompenser le Hamas en "reconnaissant" un État de Palestine qui n'a aucune chance de voir le jour : pas de frontière, pas de leader, pas d'élection démocratique depuis 20 ans, pas de société civile palestinienne favorable à la solution à 2 États.
Petit bonhomme ment aux Palestiniens et à tous ceux qui militent pour cet État. Après le 7 octobre, après la monstruosité des crimes commis par le Hamas et le Djihad islamique, après la démonstration depuis 600 jours de la détermination fanatique du Hamas, après le soutien évident d'une majorité de civils palestiniens à cette stratégie mortifère de sacrifice collectif, qui peut croire sérieusement qu'un État palestinien puisse exister en paix à côté d'Israël ?
Petit bonhomme se fiche du réel, il vit sur sa planète (qui hélas n'est pas celle du Petit Prince qui avait mieux compris que lui l'espèce humaine !)
En attendant, ce triste personnage est en train d'attiser la haine antijuive en France, il gargarise les islamogauchistes "Free Palestine" from the river to the see.
Pour rappel, aucun de leurs chers pays-frères arabes ne veut accueillir les Palestiniens. Depuis 600 jours l'Egypte verrouille sa frontière, comme la Jordanie.
Ces mêmes pays qui ont poussé les Palestiniens à refuser TOUTES LES PROPOSITIONS D'ÉTAT SOUVERAIN DEPUIS 1937 :
- commission Peel 1937 : NON
- plan de partage ONU 1947 : NON
- Camp David 2000 : NON
- Sommet de Taba 2001 : NON
- plan Olmert 2008 : NON
Petit Bonhomme va donc être celui qui imposera à des Palestiniens qui n'en ont jamais voulu un État qui vivrait à côté d'Israël ???
MACRON SE FOUT DU MONDE,
LE MONDE SE FOUT DE LA FRANCE,
ET LES JUIFS SERONT ENCORE ACCUSÉS D'ÊTRE RESPONSABLES DU DÉSASTRE ANNONCÉ.

25 mai 2025

Stéphane Rozès

-25/5/2025- La petite bourgeoisie intellectuelle occidentale se fait son cinéma sur Gaza.
Les émotions et les mobilisations face à la situation dramatique des Gazaouis sont légitimes, nécessaires et urgentes.
Ce qui ne l’est pas, c’est la responsabilité univoque imputée à Israël.
Quid des faits ? De la responsabilité du Hamas ? De la misère entretenue par le Hamas à Gaza par ses détournements colossaux de fonds à des fins militaires ; de sa politique de terreur à l’égard de ses opposants palestiniens ; du fait que tout a commencé par le pogrom et les enlèvements du 7 octobre ; de son usage cynique et revendiqué de la population civile comme bouclier humain ; de sa non-libération des derniers otages.
Le paradoxe apparent est que c’est en Occident – parmi la petite bourgeoisie intellectuelle wokisée, qui abrite les islamo-gauchistes sur les campus, dans certains médias et au sein d’une gauche dite « progressiste » – que ce procès univoque est instruit avec le plus de constance et de tapage, à grand renfort de termes inappropriés et révisionnistes comme « génocide », alors qu’il s’agit de crimes de guerre, et que l’on devine la dimension révisionniste et antisémite de l’usage de cette terminologie.
Comment expliquer cela ?
La petite bourgeoisie intellectuelle occidentale, dans le moment néolibéral actuel, a perdu sa vocation traditionnelle, politique et symbolique, de porte-parole de la classe ouvrière et des catégories populaires.
Elle est par ailleurs fragilisée socialement, tout en s’étendant du fait de la massification de l’enseignement supérieur.
Son statut est doublement atteint – en termes de capital social et symbolique – de sorte que son ressentiment trouve dans la figure d’Israël, y compris dans sa capacité à se défendre, l’exutoire politique de sa propre obsolescence.
Dans le Hamas, elle projette une figure de résistance – bien éloignée de la réalité théologico-politique islamiste de cette organisation terroriste.
Des manifestations de Gazaouis contre le Hamas, ou des attitudes des régimes arabo-musulmans vis-à-vis de Gaza et du Hamas, elle ne veut surtout rien voir ni savoir.
La petite bourgeoisie intellectuelle occidentale se fait son petit cinéma, comme en parlait Debord :
« La petite bourgeoisie est la classe la plus spectatrice de toutes. »
Ils voudraient en singer les acteurs, porter le keffieh le jour, et retrouver leur confort occidental dès la nuit tombée.
Et Debord d’ajouter :
« Le spectacle ne veut en venir à rien d’autre que lui-même. »

23 mai 2025

Gilles Deleuze

Les Indiens de Palestine

« Le sionisme, puis l’État d’Israël exigeront que les Palestiniens les reconnaissent en droit. Mais lui, l’État d’Israël, il ne cessera de nier le fait même d’un peuple palestinien. On ne parlera jamais de Palestiniens, mais d’Arabes de Palestine, comme s’ils s’étaient trouvés là par hasard ou par erreur. Et plus tard, on fera comme si les Palestiniens expulsés venaient du dehors, on ne parlera pas de la première guerre de résistance qu’ils ont menée tout seuls. On en fera les descendants d’Hitler, puisqu’ils ne reconnaissaient pas le droit d’Israël. Mais Israël se réserve le droit de nier leur existence de fait. C’est là que commence une fiction qui devait s’étendre de plus en plus, et peser sur tous ceux qui défendaient la cause palestinienne. Cette fiction, ce pari d’Israël, c’était de faire passer pour antisémites tous ceux qui contesteraient les conditions de fait et les actions de l’État sioniste. Cette opération trouve sa source dans la froide politique d’Israël à l’égard des Palestiniens.

Israël n’a jamais caché son but, dès le début : faire le vide dans le territoire palestinien. Et bien mieux, faire comme si le territoire palestinien était vide, destiné depuis toujours aux sionistes. Il s’agissait bien de colonisation, mais pas au sens européen du XIX° siècle : on n’exploiterait pas les habitants du pays, on les ferait partir. Ceux qui resteraient, on n’en ferait pas une main-d’oeuvre dépendant du territoire, mais plutôt une main-d’oeuvre volante et détachée, comme si c’étaient des immigrés mis en ghetto. Dès le début, c’est l’achat des terres sous la condition qu’elles soient vides d’occupants, ou vidables. C’est un génocide, mais où l’extermination physique reste subordonnée à l’évacuation géographique : n’étant que des Arabes en général, les Palestiniens survivants doivent aller se fondre avec les autres Arabes. L’extermination physique, qu’elle soit ou non confiée à des mercenaires, est parfaitement présente. Mais ce n’est pas un génocide, dit-on, puisqu’elle n’est pas le « but final » : en effet, c’est un moyen parmi d’autres.

La complicité des États-Unis avec Israël ne vient pas seulement de la puissance d’un lobby sioniste. Elias Sanbar a bien montré comment les États-Unis retrouvaient dans Israël un aspect de leur histoire : l’extermination des Indiens, qui, là aussi, ne fut qu’en partie directement physique. il s’agissait de faire le vide, et comme s’il n’y avait jamais eu d’Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d’immigrés du dedans. A beaucoup d’égards, les Palestiniens sont les nouveaux Indiens, les Indiens d’Israël. L’analyse marxiste indique les deux mouvements complémentaires du capitalisme : s’imposer constamment des limites, à l’intérieur desquelles il aménage et exploite son propre système ; repousser toujours plus loin ces limites, les dépasser pour recommencer en plus grand ou en plus intense sa propre fondation. Repousser les limites, c’était l’acte du capitalisme américain, du rêve américain, repris par Israël et le rêve du Grand Israël sur territoire arabe, sur le dos des Arabes. »

« Les Indiens de Palestine », paru dans le recueil Deux régimes de fous en 1983, Editions de Minuit

ISRAËL, LE LEVANT AU CRÉPUSCULE

Gabriel Nerciat

-23/5/2025- Dans tout ce que l'on publie ces derniers jours à propos d'Israël et du conflit de Gaza, trois faits majeurs, que j'avais déjà évoqués ou entrevus ici même ces derniers mois, semblent curieusement être minorés ou occultés par les uns et par les autres, alors qu'ils me semblent être d'une portée assez considérable :
1) La nouvelle humiliation, cette fois tout à fait publiquement assumée, de Donald Trump envers Netanyahou : le président des États-Unis a ostensiblement refusé de s'arrêter à Tel-Aviv lors de la grande tournée qu'il a effectuée ces derniers jours au Proche-Orient, tournée au cours de laquelle il s'est longuement entretenu avec le prince régent d'Arabie saoudite et l'émir du Qatar, avant de marquer son hostilité, elle aussi publique puisque énoncée sur son propre réseau social, à la poursuite du massacre des Gazaouis par le gouvernement israélien lors de son retour à Washington.
2) L'annonce officielle faite par les Houthis, alors même que vont commencer les négociations entre Washington et Téhéran sur le nucléaire iranien, de suspendre toute agression en Mer rouge contre des navires militaires ou civils américains, tout en poursuivant les attaques à longue distance sur le territoire de l'État juif. Réaction plutôt positive de la Maison Blanche.
3) La volonté du Premier ministre israélien de conclure un accord de partenariat avec le nouveau dirigeant islamiste (ex-djihadiste Al Qaida) de Damas, Ahmed Al Charaa, en échange de la reconnaissance par la Syrie de la légitimité de l'État d'Israël ainsi que de l'annexion du Golan par Tel-Aviv.
Seuls les ignares et les sots seront surpris par cette initiative, que j'avais anticipée il y a peu sur ce mur, sous les risées habituelles de ceux qui croient encore (ou font semblant de croire) que le sionisme est l'ennemi naturel de l'islamisme.
À cela s'ajoutent bien sûr les menaces proférées par les dirigeants israéliens contre les diplomaties européennes, visées par des tirs de soldats à Jénine et accusées par les ministres de Netanyahou d'avoir contribué à provoquer l'attentat antisémite de Washington il y a deux jours (rien que ça).
La France se trouve particulièrement en ligne de mire puisque le gouvernement israélien conteste désormais officiellement, avec une vigueur aussi violente que vulgaire, la souveraineté de Paris sur les tombeaux des rois de la porte de Damas dans la vieille ville de Jérusalem, occupée par Tsahal depuis 1967.
Même s'il est peu probable que Macron se montre plus courageux avec Bibi qu'avec le président Tebboune, les conséquences de cette nouvelle posture agressive laisseront une empreinte durable.
Si l'on relie entre eux ces quatre ou cinq évènements, on voit se dessiner assez clairement le faisceau de relations qui explique à la fois la violence des décisions meurtrières et erratiques prises par Netanyahou ces derniers jours et l'approfondissement croissant de l'hostilité de l'ensemble des puissances occidentales à l'encontre d'Israël.
Je sais une fois de plus que ce statut va me valoir quelques acrimonies venimeuses de la part de certains doctrinaires communautaires ou seulement partiaux.
Mais ce n'est pas grave.
Il faut seulement qu'ils sachent une chose : leurs soucis ne font que commencer, car désormais ils ne pourront plus arguer ni d'un prétendu patriotisme (républicain ou non) ni de la lutte contre l'antisémitisme pour continuer à justifier ce qui ne pourra plus être justifiable.

21 mai 2025

Kuzmanovic Georges

-20/5/2025- Yaïr Golan – général de l’armée israélienne, héros de guerre, blessé face au Hezbollah, vétéran des deux intifada, président du parti Démocrates (opposition) et "sioniste de gauche" – lâche une bombe en direct sur la radio publique Kan Reshet Bet :
"Israël est en train de devenir un État paria, comme l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Un État rationnel ne mène pas la guerre contre des civils, ne tue pas des bébés pour le plaisir, et ne fait pas de l’expulsion d’un peuple un objectif politique."
Ses propos sont un séisme politique. Ce n’est pas un militant, ce n’est pas un pacifiste naïf – c’est un général, un homme de guerre, un patriote, qui dénonce ouvertement la dérive criminelle de son propre gouvernement.
C’est le cri d’alarme d’un soldat qui aime son pays, mais refuse de le voir sombrer dans la barbarie. Et il n’est pas seul : une partie croissante de la société israélienne – civils, soldats, familles de victimes – ne veut plus être complice d’un nettoyage ethnique génocidaire à Gaza.
Le monde ne peut plus détourner le regard. Il faut reconnaître l’État de Palestine, garantir son existence, et isoler les extrémistes qui transforment Israël en machine à tuer et en cauchemar pour les siens comme pour les autres.
Le temps des demi-mesures est terminé.
Place à la justice.
Place à l’humanité.

15 mai 2025

Régis de Castelnau
12/5/2025

Rubrique : calculette

Ruffin : « Le "plan" de Netanyahou est simple : raser Gaza. Ses hôpitaux. Ses écoles. Ses vies. Son peuple. Son histoire. Sa culture. Dans le bruit des bombes et le silence du monde. »
Éradiquer un peuple ça s'appelle un génocide pauvre misérable ! Qui avez refusé d'utiliser le terme parce que sortant votre calculette vous avez fait vos additions et vos soustractions, et considéré qu'il n'y avait pas assez de morts palestiniens pour parler de génocide. 20 000 enfants morts ce n'était pas assez ?
Vous faites semblant de vous réveiller aujourd'hui parce que vous sentez le vent tourner. Confortablement à la remorque des Horvilleur, Sfar et autres Sinclair qui versent aujourd'hui des larmes de crocodile sur un massacre qui a commencé il y a un an et demi, aujourd'hui vous prenez la pose.
Mais c'est trop tard, on a compris qui vous êtes.

9 mai 2025

Vincent Verschoore
Ze Rhubarbe Blog

-9/5/2025- Le Financial Times publie un éditorial condamnant le silence occidental sur le massacre perpétré à Gaza par les judéo-fascistes.
Extrait :
"Après 19 mois d'un conflit qui a tué des dizaines de milliers de Palestiniens et suscité des accusations de crimes de guerre à l'encontre d'Israël, Benjamin Netanyahu se prépare une fois de plus à intensifier l'offensive israélienne à Gaza. Le dernier plan en date met Israël sur la voie d'une occupation totale du territoire palestinien et repousse les habitants de Gaza dans des poches de plus en plus étroites de la bande de Gaza en ruines. Il conduirait à des bombardements plus intensifs et à la libération et au maintien du territoire par les forces israéliennes, tout en détruisant les quelques structures qui subsistent à Gaza.
Ce serait un désastre pour les 2,2 millions d'habitants de Gaza qui ont déjà enduré des souffrances insondables. À chaque nouvelle offensive, il est plus difficile de ne pas soupçonner que l'objectif ultime de la coalition d'extrême droite de M. Netanyahou est de rendre Gaza inhabitable et de chasser les Palestiniens de leur terre. Depuis deux mois, Israël bloque l'acheminement de toute aide dans la bande de Gaza. Les taux de malnutrition infantile augmentent, les rares hôpitaux qui fonctionnent sont à court de médicaments et les alertes à la famine et à la maladie se font de plus en plus pressantes.
Pourtant, les États-Unis et les pays européens qui présentent Israël comme un allié partageant leurs valeurs ont à peine prononcé un mot de condamnation. Ils devraient avoir honte de leur silence et cesser de permettre à Netanyahou d'agir en toute impunité."

En même temps, Macron reçoit en grande pompe le tueur islamiste al-Jawlani, dont la tête valait un temps dix millions de dollars, aujourd'hui de facto patron de la Syrie sous le nom de Ahmed al-Charaa.
Macron et les manipulateurs de masse ont parfaitement compris que l'absurde et l'outrance permanente ont un effet de sidération sur les populations, que la sidération éteint l'action, et que c'est donc un excellent moyen pour faire passer n'importe quoi.

20 février 2025

LE GRAND DÉPLACEMENT

Nicolas Maxime

- 18/2/2025 - Sous nos yeux se prépare l'un des plus grands plans de déplacement forcé d'une population depuis la Seconde Guerre mondiale : l'expulsion progressive et systématique des Palestiniens vers les pays arabes. Il s'agit du plan Trump soutenu par Netanyahu. Ce projet, qui vise à redessiner la carte du Proche-Orient au détriment du peuple palestinien, s’inscrit dans une continuité idéologique illustrant la brutalité d’une politique néoconservatrice qui, sous couvert de "paix", légitime l’annexion, la dépossession et la fragmentation du territoire palestinien.
Dire que certains ont cru naïvement que Trump représentait une alternative pacifiste dans ce conflit... Loin de rompre avec l'impérialisme interventionniste de ses prédécesseurs, il en a été le prolongement exacerbé, offrant à Israël un boulevard pour intensifier sa politique de colonisation et d’apartheid. Trump a même poussé le cynisme à son paroxysme en envisageant de transformer Gaza en une "Riviera" où l’enclave ravagée par la guerre deviendrait un projet touristique lucratif, livré aux spéculateurs immobiliers et aux grands groupes hôteliers.
L’Histoire jugera sévèrement cette complicité active dans le démantèlement des droits d’un peuple et dans l’établissement d’un ordre fondé sur le nettoyage ethnique et l'expulsion.

9 février 2025

UN GEORGE DANDIN ISRAÉLIEN

Gabriel Nerciat

- 9/2/2025 - Ce qui est énorme, dans la proposition de Trump sur l'occupation de Gaza par l'armée américaine comme préalable à une seconde Nakba palestinienne en direction de l'Egypte et de la Jordanie, c'est moins son caractère évidemment et volontairement grotesque que le fait de voir pas mal de gens, a priori considérés comme intelligents ou rationnels, la prendre vraiment au sérieux.
Avec des arguments du reste assez ahurissants, dont ils ne semblent pas se rendre compte qu'ils achèvent de discréditer le projet sioniste en même temps qu'eux-mêmes.
Du genre : Atatürk a bien expulsé plus d'un million et demi de Grecs de Smyrne et d'Anatolie sans que cela pose trop de problème (sic). Pourquoi ne pas faire la même chose aujourd'hui (ou plutôt à nouveau) avec les Arabes palestiniens ?
Est-il vraiment nécessaire de leur rappeler qu'en 1922 Atatürk avait infligé une défaite militaire cuisante à l'armée grecque, ainsi qu'aux troupes britanniques et françaises présentes dans la région, et que l'expulsion des Grecs de Turquie fut accompagnée d'une expulsion réciproque des populations musulmanes de Grèce en direction de la Turquie ?
On ne sache pas ni que le Hamas ait été détruit par Tsahal (c'est même tout le contraire, comme Netanyahou lui-même a été obligé de le reconnaître) ni que le rapatriement des colons juifs de Cisjordanie ou de Jérusalem Est vers Israël fasse partie du programme des réjouissances.
Ce qui est confondant, en fait, avec la plupart des partisans d'Israël, ce n'est pas tellement leur parti pris (tout le monde en a ; moi aussi), mais surtout le peu de cas qu'il font du sens commun.
Même quelqu'un d'assez peu subtil ou informé verrait tout de suite, a fortiori s'il regarde les images de la conférence de presse sur la Toile, que Trump se fout gaillardement de la gueule de Bibi, lequel paraît d'autant plus estomaqué, au fur et à mesure que parle Trump, qu'il n'était visiblement pas du tout au courant de la sortie baroque du président.
Car en bon ruffian qui est aussi un assez piètre tacticien, Netanyahou lui a tout de suite compris que Trump le roulait dans la farine.
Ne serait-ce que parce que sa proposition burlesque à la fois achève de désolidariser les alliés arabes de l'Amérique de l'État juif, et surtout empêche de facto une improbable future occupation militaire de Gaza par Israël.
Bien sûr, une fois retourné à Tel-Aviv, le mauvais bougre, qui avait cru pouvoir revenir en vainqueur en dépit des échanges de prisonniers auxquels il avait déjà dû consentir, a essayé de rattraper le coup, mais c'était trop tard.
Israël n'est plus qu'un protectorat inutile de la puissance américaine en déclin, à peine moins encombrant que la Pologne ou les pays baltes, et au Levant comme ailleurs quand George Dandin a compris qu'il est devenu le prisonnier du mauvais mariage que par présomption il avait cru pouvoir exploiter, il n'a plus que l'expression de sa colère ou de sa confusion pour tenter de se consoler.