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11 mai 2025

LE POUVOIR MENT

Jean-Claude Delhez

-10/5/2025- C'est un débat que j'ai déjà eu avec plusieurs d'entre vous : Pourquoi mentent-ils ? Quelles sont leurs mobiles ? L'exemple employé est celui du conflit en Ukraine, parce que le mensonge est flagrant dans ce cas ; mais on pourrait l'élargir à toutes les questions de pouvoir. Pourquoi tous ces gens mentent-ils ? Les politiciens, les journalistes, les experts. Il y a bien sûr ceux qui y trouvent un intérêt personnel, qui le font sciemment, qui manipulent les foules. Mais cette explication ne vaut pas pour tous. Dès lors, quel est le mobile des autres ? Ont-ils conscience de mentir ? Quelle est la part des corrompus ; et qui les corrompt, par quels mécanismes, avec quel argent ? Quelle est la part des idiots utiles ? Il faudrait une étude sociologique ou psychologique sur la question pour y voir clair. Mais elle ne risque pas de voir le jour. Ce serait écorner les pouvoirs, les dominants, ceux qui ont toujours raison, et tirent de juteux bénéfices.
La mécanique du mensonge est illustrée par des textes que j'ai partagés dernièrement. Il y a ce diplomate espagnol qui explique que la plupart des fonctionnaires ont bien compris le mensonge d'Etat et qu'ils en parlent entre eux. Mais ils ne l'expriment pas publiquement pour préserver leur carrière. Il y a ceux qui veulent simplement se protéger ; il y en a aussi d'autres qui en rajoutent en espérant ainsi bénéficier des faveurs du pouvoir ; ce qu'on pourrait appeler une collaboration. A ce constat fait écho la pétition signée en France par des milliers de militaires (qui ne sont plus en service), dont de nombreux officiers ; une pétition qui demande simplement aux parlementaires un débat sur l'Ukraine et le respect de la constitution. Or, vous aurez noté que cette pétition, qui est pourtant chose peu banale, n'a pourtant reçu aucun écho médiatique ou presque, ni aucune concrétisation politique ; vous aurez aussi noté qu'elle a conduit le président Macron à discrètement mettre à la retraite d'office deux généraux.
Cette mécanique du mensonge, cette propagande d'Etat, certains d'entre vous l'ont déjà comparée au monde orwellien, celui de 1984, de Big Brother. Je la mettrais en relation avec une autre dystopie britannique, la série télévisée « Le prisonnier » (1967). C'est un monde clos, au pouvoir unique et plus ou moins masqué, un monde qui se présente comme idéal alors que chacun n'y est qu'un numéro appelé à se fondre dans le moule. Et, pour celui qui ne le ferait pas, il y a des limites et des représailles. La série est l'œuvre originale de Patrick Mac Goohan mais aussi de George Markstein, un auteur allemand qui avait subi le nazisme.
« Le prisonnier » me semble très représentatif de la société actuelle. Une société qui se prétend démocratique mais qui entend contrôler la pensée, pour qu'il n'y en ai qu'une. Une société très hiérarchisée, avec des numéro 1, numéro 2... et le reste des autres qui sont appelés à n'être qu'une multitude de copies insipides, formatées par les dominants. Le tout enrobé dans un vernis de liberté qui masque des mécanismes de pouvoir bien réels où chacun est destiné à rester à sa place.