Jean-Claude Delhez
-5/8/2025- Autant les médias aiment à commenter la mort du moindre civil dans les bombardements de la guerre russo-ukrainienne (mais seulement ukrainien, ce civil, jamais russe), autant ils ne se soucient pas de là où les hommes meurent vraiment, c'est-à-dire au front. Sauf à propager des chiffres hautement fantaisistes. Aucun chiffre de pertes diffusé jusqu'ici n'est fiable. Ce qui est certain, c'est qu'elles sont plus élevées pour les Ukrainiens, alors même que le pays est quatre fois moins peuplé que la Russie. Et cela pour une raison simple : ce sont eux qui reculent. Et ils reculent sous la pression, sous le feu, jour après jour. Actuellement, l'armée ukrainienne perd en moyenne un village chaque jour, sur tous les fronts, depuis le Dniepr jusqu'au-delà de Kharkov. La ville de Tchassiv Yar vient de tomber, celles de Pokrovsk et Koupiansk sont en train de suivre.
Plus que des villages, l'Ukraine perd surtout des hommes. Face à cela, Zelensky fait feu de tout bois. Il vient d'autoriser l'engagement de militaires de plus de 60 ans. Le mois dernier, il avait lancé un appel aux mercenaires étrangers afin qu'ils viennent se battre en Ukraine au sein d'une légion internationale. Or, il y a déjà foule d'étrangers sur le front ukrainien, notamment des Colombiens (pas très satisfaits de leurs « conditions de travail »). Le pouvoir ukrainien va aussi recruter dans ses prisons. Et il emploie de plus en plus de femmes au front. Dans le même temps, comme il est en faillite, il a fait une demande à l'Europe pour qu'elle paie la solde des militaires ; et il est accusé de ne pas verser la pension aux veuves de guerre. Par contre, certains membres de ce pouvoir s'enrichissent en s'appropriant une partie de l'argent destiné aux contrats militaires.
Du côté des mobilisés, la situation ne s'améliore pas. Les recruteurs continuent leur chasse à l'homme dans les rues d'Ukraine, éventuellement avec bastonnade à la clef, pour forcer le civil à rejoindre la caserne (malgré l'hostilité des populations locales). Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas du nombre considérable de déserteurs. Exemple parmi tant d'autres, on se souvient de la brigade Anne de Kiev, formée et équipée en France pendant plusieurs mois et qui, une fois arrivée au front, a vu une partie de ses hommes disparaître dans la nature. Dans un pays comme l'Ukraine, la corruption joue aussi son rôle, permettant à certains, issus de la bourgeoisie, d'échapper à l'enrôlement. C'est dans ce contexte que les bombardements russes ont ciblé, il y a quelques semaines, tous les centres de recrutement militaires du pays. Les Russes prétendent que des civils ukrainiens leur transmettent les adresses de ces centres de recrutement dans l'espoir d'échapper à la mobilisation si ces centres finissent détruits.
Cela ne signifie pas que les Ukrainiens sont des lâches, mais qu'ils savent bien qu'ils vont au casse-pipe, à la boucherie. On ignore le nombre de tués et de blessés mais le chiffre des gueules cassées a circulé récemment : 60.000. Les gueules cassées, ce sont les hommes à qui il manque un bras, une jambe, un bout du crâne... À cela, il faut ajouter ceux qui sont internés en hôpital psychiatrique.
La démographie ukrainienne est une catastrophe. La population s'effondre depuis la fin de l'URSS. Les décès sont plus nombreux que les naissances et des millions d'habitants migrent. La guerre n'a fait qu'amplifier le phénomène. Le pays se vide de sa population, en particulier des jeunes. Ce qui donne une démographie déséquilibrée, avec beaucoup de personnes âgées, et des milliers d'hommes mûrs qui manquent parce qu'ils sont morts au front. Et plus la guerre dure, plus ce phénomène s'accentue. Or, cette guerre, on le sait depuis longtemps, l'Ukraine ne peut pas la gagner. Donc, au front, les soldats meurent pour rien. Plus exactement, ils meurent pour que le pouvoir en place, en Ukraine et en Europe, ne perde pas la face (« On va gagner, on ne négocie pas avec les Russes, etc. »), et poursuive la politique des néo-conservateurs américains visant à affaiblir la Russie avec le sang des Ukrainiens.