Regis de Castelnau
8/8/2025
Être limitrophe de la Russie n’est pas une situation facile. Même si celle de la Finlande est meilleure que celle de la Pologne située géographiquement et très précisément entre le marteau allemand et l’enclume russe. Ce qui l’amènera à faire ce que Marx avait déjà décrit au XIXe siècle « très courageusement les choses les plus stupides ». Et de continuer gaiement au XXIe siècle.
La Finlande, qui est un petit pays, c’est différent. La Russie tsariste a toujours considéré que la Finlande faisait partie de la Russie. Les bolcheviks n’ont pas repris ces revendications à leur compte et ont foutu la paix au minuscule voisin. Jusqu’au moment où Staline sachant bien ce qui l’attendait de la part de l’Allemagne nazie, lança une guerre de rectifications de frontières (la Guerre d’hiver) qui lui permit après beaucoup de déboires d’arriver à ses fins. Le problème, c’est que les Finlandais profitèrent de Barbarossa pour déclarer la guerre à la Russie en s’alliant avec les nazis, le 26 juin 1941 soit quatre jours après l’offensive hitlérienne. Et en particulier, ils jouèrent un rôle important en bouclant l’atroce siège de Leningrad et en participant au massacre. Mais finalement, les Finlandais s’en sont bien tirés. En septembre 1944, après Bagration, les soviétiques étaient très occupés à terminer le conflit pour aller tuer la bête dans sa tanière. Aussi ils acceptèrent la demande finlandaise de sortir de la guerre et signèrent un armistice. Pour finir par mettre fin officiellement et juridiquement au conflit entre Union soviétique et la Finlande par un traité de paix signé à Paris en 1947. Les Finlandais qui s’en tirèrent très bien malgré leurs lourdes responsabilités dans ce qui fut infligé à l’URSS, mais le traité contenait une condition déterminante : la Finlande devait rester neutre sur le plan international. Avec les restrictions suivantes : la possession d’armes offensives telles que des missiles à longue portée, des sous-marins ou une aviation stratégique, le réarmement au-delà d’un certain seuil, la propagande fasciste ou revancharde. Après les débuts de la guerre froide, au traité de paix de 1947 fut ajouté un complément spécifique entre les deux parties qui prévoyait que la Finlande ne permettrait pas que son territoire soit utilisé pour une attaque contre l’URSS. Qui de son côté reconnaissait la souveraineté de la Finlande et s’engageait à ne pas interférer dans ses affaires intérieures, tant que la Finlande respectait ses engagements.
Ce statut d’État neutre lui permit un développement normal, une certaine autorité dans le concert international, et des relations cordiales avec son puissant voisin. Au point que le terme « finlandisation » entra dans le langage courant pour caractériser une solution particulièrement profitable dans le contexte de la guerre froide.
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