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9 septembre 2025

LA DÉCONFITURE DE RETAILLEAU

Gabriel Nerciat

-9/9/2025- Je l'ai déjà dit, mais au-delà de François Bayrou, Bruno Retailleau à mon sens apparaît aujourd'hui comme le grand vaincu politique de cette chute ministérielle.
Non seulement son bilan en tant que ministre de l'Intérieur est nul (il n'est parvenu ni à arracher au Premier ministre une nouvelle loi sur l'immigration, comme il l'avait promis, ni à freiner le nombre des naturalisations et des visas, encore moins à augmenter substantiellement le nombre d'expulsions des clandestins), mais il a été suffisamment inintelligent ou inhibé politiquement pour demeurer solidaire du bedeau béarnais jusqu'au dernier moment de sa chute sans rien avoir obtenu de lui.
S'il n'est pas reconduit à l'Intérieur par le futur Premier ministre (en espérant que ce dernier ne vienne pas de la gauche), je gage que son destin national pour le moins sera court, et on ne s'en plaindra pas.
Le pire, toutefois, contrairement à ce que prétend la droite C-News, c'est son attitude vis-à-vis de Boualem Sansal.
En effet, en menaçant publiquement Alger de représailles et de sanctions tonitruantes qu'il n'était pas en mesure de rendre effectives, et ce sans avoir requis au préalable l'autorisation de Macron qu'il savait hostile à de telles mesures, il a sans aucun doute contribué à aggraver considérablement le sort de l'écrivain embastillé.
Initier un rapport de force qu'on n'a pas les moyens d'assumer est le signe indubitable de la médiocrité en politique.
Mais ce genre de tartarinades démagogiques et irresponsables est tout à fait dans la pratique de cette droite de notables catholiques hypocrites et faux culs, qui prétend incarner les valeurs morales des honnêtes gens tout en se comportant comme des voleurs de dot ou des gérants d'hôtels borgnes.
Si Boualem Sansal meurt en prison, nul doute qu'on priera pour lui dans les églises de Vendée. Mais il aurait mérité mieux.