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25 septembre 2023

Populistes ou populaires ?

H16

S’il apparaît maintenant évident que les élites occidentales semblent éprises d’une envie de suicide grandiose, les peuples eux-mêmes ont, pour certains et heureusement, des aspirations fort différentes.

Eh non, tout le monde ne veut pas s’autolyser plus ou moins gaiment pour se syntoniser avec Gaïa en conservant un niveau pourtant trop bas de dioxyde de carbone, par contrition sur un passé fantasmé et un futur cauchemardé ou pour des lubies démographiques imbibées de gros malthusianisme qui tache : il semble en effet que nombre d’individus ne se sentent pas spécialement enclins à disparaître sans trop moufter.


Bien évidemment, cette tendance est soigneusement cachée par une presse dont le credo catastrogène revient essentiellement à abonder dans le sens des dirigeants, mais dans le flot d’actualités glissantes et alarmistes, certains grumeaux ressortent inévitablement : facilement identifiables aux titrailles outrées, ces notules importuns sont généralement caractérisées par des mots comme “populistes”, “complotistes”, “extrême” (surtout suivi de “droite”) et autres joyeusetés que les dernières années ont rendues particulièrement fréquentes.

Dans ces grumeaux, on trouve ainsi l’apparition assez lunaire d’un candidat argentin à la présidentielle, Javier Milei. Ce dernier, volontiers qualifié de “fou” par la presse, affiche un programme particulièrement piquant tant pour les dirigeants actuels que, justement, pour la presse qui ne voit en lui qu’un énième avatar du trumpisme : axant tout sur une diminution drastique de la taille de l’État, responsable de la situation catastrophique de l’Argentine, il affole toute la presse occidentale qui est parcourue de spasmes de dégoût à l’idée que la liberté soit ainsi jetée, sans la moindre protection, dans les bras des citoyens argentins qui pourraient (horreur des horreurs) en faire usage.

Il faut dire que le Milei en question récolte de bons sondages et les efforts par la presse argentine pour le faire passer pour un dingue ou, pire encore, quelqu’un de honteusement attaché à la liberté, au capitalisme et à la responsabilité individuelle, ne se traduisent pas par un dégoût profond de l’électeur qui, décidément et sapristi, ne comprend rien à la politique !

Pire, il attire même à lui les sulfureux complotistes d’extrême-droite trumpistes américains comme Tucker Carlson qui a réalisé avec lui un entretien dont le nombre de vues, affolant puisqu’il dépasse les 400 millions, indique tout l’intérêt que peut déclencher ce genre de personnage sur la scène politique.


Mais comment diable se trouve-t-il encore des gens pour vouloir de la liberté ? Comment imaginer que certains veuillent se frotter au capitalisme, au vrai où lorsqu’une banque doit faire faillite, elle fait faillite avec fracas et incarcérations, et non celui où, de connivences en compromissions, les politiciens arrosent les capitaines d’industrie et réciproquement ? Comment tout ceci est-il possible après tous ces articles de presse dénonçant l’affreux ultra-libéralisme, l’insupportable turbo-capitalisme qui tue des chatons et provoque des canicules asymptomatiques ?

Ce ne peut être qu’une divagation ponctuelle.

Pourtant, d’autres grumeaux continuent de remonter, insistants.

Ainsi, en Pologne, le parti Liberté & Indépendance continue de grapiller popularité et points de sondage au point de donner un nouveau profil à l’élection du 15 octobre prochain : alors qu’aucun des deux gros partis (PiS et Coalition civique) ne semble en mesure de l’emporter seul, ce parti serait donc en position de trancher et donc d’influer sur le cours politique du pays. Dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine, ce n’est pas rien : économiquement libéraux, socialement conservateurs, les militants de Liberté & Indépendance ne feront pas dans la dentelle et l’actuel fléchissement clair de la Pologne vis-à-vis de Kiev ne laisse guère de doute sur la politique qui sera menée après le 15 octobre.

Au passage, on ne pourra s’empêcher de noter que les stratégies électorales de Liberté & Indépendance flirtent souvent avec les méthodes qu’un certain Donald Trump a lui-même déployées lors de ses campagnes précédentes. Ce n’est pas un hasard et la tendance n’est pas unique à la Pologne ou l’Argentine : la percée actuelle de l’AfD en Allemagne opère globalement sur le même principe, et le dynamisme dont bénéficie justement Trump aux États-Unis laisse perplexes et perdus médias et vieux caciques des deux partis traditionnels.

Les choses ne sont pourtant pas très compliquées à comprendre.

Cela fait maintenant plusieurs années, pour ne pas dire plusieurs décennies, qu’on n’entend plus aucun discours de bon sens en faveur d’une réduction du périmètre de l’État à ses tâches essentielles, à commencer par la sécurité des biens et des personnes.

En revanche, toute la place est prise par les discours expliquant que l’État doit voler au secours de tous, quoi qu’il en coûte, à commencer par toutes les minorités visibles ou non, mais toutes extrêmement vocales et qui sont seules autorisées à distribuer les bons points. On n’entend plus qu’une seule version dans laquelle la Science™ a tranché et le Consensus™ existe indiscutablement. On n’entend plus qu’un seul son de cloches, celles des médias, qui définissent de façon définitive ce qui peut être dit de ce qui est tabou.


Et dans les tabous, on trouve par exemple la liberté de disposer de son propre corps (qui est commodément garantie pour avorter mais copieusement piétinée pour un refus de vaccination), la liberté de s’exprimer surtout lorsqu’il s’agit de tout sujet politique, notamment l’emploi de l’impôt, à qui on le distribue systématiquement et les causes qui sont automatiquement agréées par la classe jacassante, ou encore la liberté de faire des affaires sans les coups de tampons de l’État et l’imprimatur des dirigeants.

Dans ce panorama toute voix qui s’élèvera tant pour dénoncer ces interdictions que proposer de les lever bénéficiera immédiatement d’une attention soutenue de tous ceux qui souffrent précisément de ces interdictions. Or, à mesure que les interdictions s’étendent, le nombre de ceux qu’elles concernent croît sans cesse. Au final, jamais le terme de “majorité silencieuse” n’aura été plus apte puisque ces médias et ces politiciens ont tout fait pour qu’elle le soit.

À mesure que les vitupérations de la classe jacassante se font plus acides, son audience diminue pendant que celle de ses opposants grandit : Trump, Milei et tous ces partis favorables à la prise en compte de la majorité silencieuse ne peuvent qu’obtenir plus de crédit. Et plus ces figures et ces partis deviennent populaires, plus la classe jacassante devient hystérique, multiplie sur eux les quolibets et les anathèmes, redouble d’interdictions toxiques, perdant encore de leur crédibilité, de leur audience et de leur équilibre mental…


https://h16free.com/2023/09/25/75330-populistes-ou-populaires

28 juillet 2023

VOUS AVEZ DIT LIBERTÉ DE LA PRESSE ?

Gabriel Nerciat

Je suis toujours frappé, à chaque fois que je suis amené à fréquenter des jeunes gens de vingt-cinq ou trente ans mes cadets, de constater à quel point le monde de la presse écrite leur est devenu étranger.
La plupart des garçons et des filles de vingt ou trente ans, qu'ils soient ou non encore étudiants, ne lisent plus aucun journal, qu'il s'agisse de quotidiens ou de magazines. Tout juste parfois parcourent-ils nonchalamment un papier en ligne sur la Toile, quand un sujet vaguement les interpelle.
Cela est vrai de presque tous les milieux (à l'exception de certains fils de profs ou de cadres supérieurs, et encore est-ce parce qu'ils sont souvent dans des prépas sciences-po, ou aspirent à entrer dans une école de journalisme).
Seuls quelques militants chevronnés – mais il y en a de moins en moins – arborent encore en public un titre imprimé dans lequel est censé se condenser leur engagement idéologique, quel qu'il soit.
Ce qui n'empêche pas certains d'entre eux de prétendre de façon véhémente que la cause de la liberté de la presse est sacrée.
J'ai toujours envie de leur dire : « Mais qu'est-ce que vous en avez à foutre, de la liberté de la presse ? Si tous les journaux demain étaient censurés, vous ne vous en rendriez même pas compte. »
Quand j'avais leur âge, c'était l'inverse : je ne pouvais pas achever une seule journée sans aller passer une heure à la terrasse d'un café avec deux ou trois canards sous le bras, de France-Soir où je lisais les chroniques de Jean Dutourd jusqu'au Nouvel Obs où je terminais par celles de Bernard Frank, après avoir fait mon miel de Jean Cau dans Paris-Match, de Robert Escarpit dans Le Monde ou de Louis Pauwels dans Le Figaro Magazine.
Dans ma chambre de l'époque, les journaux s'amoncelaient comme autant de symboles dérisoires et branlants du temps qui passe, au grand désarroi des filles qui s'y hasardaient parfois.
En fait, c'est un peu comme la liberté religieuse : elle devient sans objet quand il y a de plus en plus d'athées ou d'agnostiques.
Si j'étais journaliste, c'est de cela que je me préoccuperais, et pas de savoir qui Vincent Bolloré ambitionne de placer à la tête des médias dont il est devenu le propriétaire.
Une liberté qui ne sert plus à rien n'affirme pas un droit mais ne fait que consolider une liberté d'indifférence.

24 juin 2023

Nos libertés piétinées (vidéo)

Jacques COTTA

NOS LIBERTÉS ! Depuis cinq ans au moins, régulièrement, nos libertés dans tous les domaines sont piétinées... Liberté d'action, de penser, d'expression, de manifester... La LIBERTÉ est notre bien le plus cher à défendre contre un pouvoir despote, tyran, dictateur, "fasciste des temps modernes"...

⇒ https://www.youtube.com/watch?v=pKk8C6B8nqw

10 mai 2023

Pour lutter contre la haine en ligne, le mieux est de censurer tout le monde, n’est-ce pas ?

H16

Petit-à-petit, de moins en moins lentement, les choses se mettent en place. On avait déjà plus qu’évoqué la question dans un précédent billet, mais il devient impossible de ne pas revenir sur la question brûlante de la liberté d’expression et des tentatives de censure croissante qui parcourent actuellement tout l’Occident.

La question a en effet été récemment remise sur le tapis en Irlande alors qu’une loi (“Criminal Justice Bill”) poursuit son parcours législatif et entend pénaliser la simple détention de contenu ou de matériel haineux ou même potentiellement haineux. Cette loi, assez justement qualifiée d’attaque massive contre la liberté d’expression par différentes personnalités, dont Elon Musk, n’est cependant pas la seule actuellement en cours de mise en place dans les pays occidentaux.


De façon encore plus préoccupante, on retrouve le même type de lois parcourant tranquillement leur petit bonhomme de chemin législatif dans les tubulures de ce qui passe pour des processus démocratiques : pendant que les peuples sont occupés à différentes tâches et que des médias, extrêmement complaisants, leur bourrent le crâne d’âneries plus ou moins grosses et périphériques, tout se met doucement en place dans différents pays pour museler proprement toute dissidence.

Ainsi, pendant que l’Irlande sombre du mauvais côté de la dystopie, le Royaume-Uni en fait autant avec la proposition d’une loi pour la sécurité en ligne, une “Online Safety Bill” dont on aura du mal à ne pas rapprocher l’essence de celle en cours de discussion un peu plus à l’Ouest.

Au Canada, avec le “Online Streaming Act”, le chemin suivi est le même, et les petits cris étonnés de certains médias n’y changent absolument rien.

En Allemagne, l’affaire fut pliée en 2022. C’est une habitude des Teutons de ne pas perdre de temps lorsqu’il s’agit de couper le sifflet aux opposants.

Du reste, ces derniers ne sont pas mal placés pour pousser le Digital Service Act, l’équivalent de ces lois iniques au niveau de l’Europe qui vient ajouter une couche européenne aux législations locales, dans l’hypothèse où un État membre aurait manqué le coche ou fait preuve d’un peu trop de zèle à protéger ses libertés fondamentales à son niveau, sans doute.

La Constitution américaine aura peut-être permis aux États-Unis de se ménager, jusqu’à présent, une porte de sortie puisque le Disinformation Board que l’administration Biden avait tenté de mettre en place en 2021 fut piteusement démantelé en 2022. Cependant, ne vous inquiétez pas : le désir de fermer le clapet des opposants, pardon, de lutter contre la haine et la désinformation en ligne est bien présent outre-Atlantique aussi, et les attaques contre le premier amendement (qui offre une liberté d’expression constitutionnellement garantie) sont devenues monnaie courante.

Ne vous leurrez pas : ce qui se passe dans ces pays n’a rien de fortuit et cela se passe donc aussi en France, pour exactement les mêmes raisons. Actuellement, c’est le petit ministricule Barrot qui pousse l’affaire dans les tuyaux chromés de la République d’Absurdistan, mais les tenants et les aboutissants sont exactement les mêmes qu’ailleurs.


Oui, il s’agit bel et bien d’un mouvement coordonné des différents pays occidentaux, jadis démocratiques, pour censurer leurs citoyens, pour éteindre une fois pour toute la liberté d’expression. Ce n’est en rien une coïncidence, pas plus que n’étaient des coïncidences les efforts entrepris de propagande, de mensonges éhontés et de “gaslighting” permanent des opposants politiques et des critiques des pouvoirs en place sur les dernières années.

Comme l’explique fort bien Jacob Siegel dans un article long mais très argumenté paru récemment, rien de ce que vous observez actuellement n’a été laissé au hasard ou n’est le fruit d’une mystérieuse suite de coïncidences.

La suite est évidente et elle s’écrit actuellement sur tous les murs, tous les kiosques à journaux, dans tous les postes de télévision et dans les émissions radios qu’on nous tympanise partout : ceux qui se croient l’élite en Occident ont fermement décidé que la liberté d’expression du peuple allait trop loin, que cette liberté permise par internet ne leur était plus favorable.

Vous pourriez croire que ceci est une exagération, mais de nombreux journalistes, de nombreux éditorialistes commencent à se rendre compte qu’on ne peut plus échapper à la conclusion d’une véritable collusion de ces individus pour asservir les peuples.


Et c’est logique, du reste : avec la liberté d’expression et les moyens modernes de diffusion de l’information en ligne, il devient plus que difficile de maintenir les individus dans les schémas habituels de pensée.

Par exemple, à cause de cette liberté d’expression à portée de doigts pour tout un chacun, les mensonges grossiers de la période pandémique furent peu à peu éventés, et cette liberté d’échanger et d’informer menace directement de briser la transe hypnotique qui tient encore une quantité importante de citoyens au sujet des vaccins, du réchauffement climatique, de la transition énergétique, ou des dernières lubies à la mode à base de catastrophe forcément imminente et de solutions forcément liberticides (il suffit pour s’en convaincre de voir les réactions de plus en plus consternées des Français devant les affirmations hystériques et récentes de sécheresse et d’un besoin de quotas d’eau dans un pays qui est régulièrement très arrosé)…

Plus on avance, plus l’impéritie de nos gouvernants devient difficile à camoufler, plus leur incompétence devient grotesque et visible.

Or, leurs politiques publiques ne peuvent se mettre en place que grâce au climat de peur qu’ils s’emploient à installer, aidés par des médias en dessous de tout. Le fait de pouvoir échanger des informations pertinentes contraires aux doxas du moment, de mettre en boîte leurs absurdités par des mèmes rigolos, de contrer en nombre leurs arguments fallacieux, bref, le fait de s’opposer intelligemment à leurs tentatives signifie que leur emprise sur les peuples ne peut être totale.

Alors, utilisant l’excuse habituelle, usée même, de la haine, du harcèlement, de la criminalité, et maintenant celle, tout aussi éculée, de la désinformation, ces dirigeants, dans un véritable concert de censeurs, tentent le tout pour le tout : faire passer des lois de plus en plus restrictives, parfaitement anticonstitutionnelles et antidémocratiques, pour enfin et définitivement faire taire les opposants.

Devant ces assauts insupportables, devant cette menace qui, si elle aboutit, signifie l’asservissement le plus complet des peuples, il n’y a qu’une seule façon de procéder : faire savoir, à tous, ce qui se passe, et faire entendre sa voix.



7 mai 2023

La liberté, une valeur en perte de vitesse

Denis Collin

Les discussions auxquelles je participe sur FB, notamment à partir des sanctions prises contre deux professeurs de philosophie, révèlent à quel point est fragile l'idée de liberté. On trouve mille et une bonnes raisons pour sacrifier la liberté des professeurs, comme hier on trouvait mille et une bonnes raisons pour justifier les assassins de Charlie ou ceux de Samuel Paty.
La liberté est une valeur en perte de vitesse. Pris entre les administrations et les censeurs privés des divers groupes communautaires, on n'a plus le droit de parler, ou du moins ce droit se rétrécit dangereusement.
Voici encore un extrait ** La longueur de la chaîne ** (2011)
Résumons : la critique est interdite, de l’esclavagisme, de l’antiesclavagisme, du colonialisme et de l’anticolonialisme, du judaïsme, de l’islam, du christianisme, d’Israël, des États-Unis et des États arabes… Silence dans les rangs. Vous avez cependant le droit de dire tout le mal que vous voulez de Cuba, de l’Iran, de la Corée du Nord, et par un vieux réflexe vous pouvez même vous en prendre à la Russie ! Sans doute ces derniers pays méritent-ils d’être sévèrement jugés, mais on ne sache pas que les droits humains soient plus maltraités à Cuba qu’en Arabie Saoudite, que les droits des femmes soient mieux respectés dans les Émirats arabes qu’en Iran ou que la Corée du Nord soit vraiment plus dangereuse pour la paix que le Pakistan.
On pourrait ainsi multiplier les exemples, en nous tenant à la France : il n’est pas besoin d’aller aux États-Unis pour voir comment la pensée unique, le conformisme de masse, le puritanisme le plus ridicule et le plus tatillon exercent leurs ravages dans une démocratie transformée en jouet des groupes de pression et des oligarchies en tout genre. De la part de la droite française, cette hostilité à la liberté d’expression n’est pas vraiment surprenante. Seuls les jeunes gens peuvent ne pas savoir quel pesant conformisme faisait régner le gaullisme, à l’époque où l’adaptation, par Jacques Rivette, de La Religieuse de Diderot tombait sous les coups de la censure, à l’époque où François Maspero – en raison des ouvrages politiques qu’il publiait – et Jean-Jacques Pauvert – pour ses œuvres érotiques – croulaient sous les procès. Le « parti de l’ordre » est dans son rôle.
Plus inquiétant et plus étonnant semble le ralliement d’une partie de la gauche à la répression tous azimuts. Mais quand on y regarde de plus près, ce n’est pas si étonnant. Si la droite défend la propriété bien plus que la liberté, la gauche a été plus souvent qu’à son tour élitaire et autoritaire. Il n’est guère d’organisations aussi peu démocratiques que les syndicats et partis de gauche, mis à part les partis de droite ! Le succès français du « centralisme démocratique », ce produit d’exportation russe semblait peu compatible avec le tempérament qu’on dit volontiers frondeur et un peu anarchiste des Français. Pourtant, pendant plusieurs décennies, le Parti Communiste a réussi à imposer une formidable discipline des consciences à des centaines de milliers de citoyens, majeurs, indépendants, qui se sont essayés à la servitude volontaire. Il n’en va guère mieux avec le parti socialiste – sous ses divers avatars – qui, sans la force et l’efficacité du PCF, a une solide tradition de parti bureaucratique avec des mœurs semi-féodales.
Au fond, cette gauche française qui a renoncé depuis longtemps à secouer le joug du capital et de l’État et n’a rien d’autre à proposer que mettre des fleurs sur les chaînes de l’oppression et de la domination, est fondamentalement portée à mépriser la liberté. Tant que la droite et la gauche s’opposaient frontalement (selon la logique de la guerre froide), il restait à la liberté un espace dans ce conflit lui-même. Mais avec la fin des espoirs, des illusions ou des mystifications du « socialisme à la française », une fin qu’on peut faire remonter à l’automne 1981, pour ne pas dire au 21 mai de la même année, jour de la prise de fonction du président Mitterrand, l’exténuation du conflit droite-gauche conduit progressivement la vie publique au conformisme, au triomphe complet de la langue de bois. C’est ainsi qu’il est devenu impossible de distinguer par le style et le vocabulaire les textes des congrès des partis de droite de ceux des partis de gauche.

5 mars 2023

« Si on remettait au centre la question de la liberté, on y verrait plus clair. »

Denis Collin


Nos sociétés contemporaines nous laissent croire que nous sommes libres ; c'est un leurre. Nous sommes encore ferrés dans nos chaînes, y compris en Occident. Des chaînes que nous prenons pour des ailes : nous nous croyons en démocratie, nous pensons que le travail permet de nous émanciper et nous imaginons que les nouvelles technologies nous facilitent la vie. Telle est notre « novlangue » quotidienne.
Mais l'oligarchie règne, l'homme est embourbé dans la société de consommation et le libéralisme, le contrôle sécuritaire est de plus en plus prégnant, tandis que les progrès médicaux en matière de procréation nous rapprochent d'une « fabrication industrielle de l'humain ». Dans ce contexte, nous devons interroger et repenser les conditions d'une véritable libération humaine.

C'est le travail qu'a entrepris Denis Collin. Se basant sur de nombreuses références historiques et philosophiques, il en redéfinit les concepts et nous ouvre de nouvelles perspectives politiques, économiques, sociales et métaphysiques. La mise en place d'« associations partielles » à tous les niveaux de l'organisation politique, la fin du salariat au profit de la coopération des producteurs, la réalisation de l'homme au travers de son activité créatrice, la garantie du primat de la subjectivité face au scientisme, font partie de ces armes destinées à rompre nos chaînes.

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