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31 octobre 2025

Croissance morte et taxe vive

H16
31/10/2025

Nous sommes fin octobre, et le budget 2026 est toujours en discussion : les parlementaires se succèdent à l’Assemblée, le débat s’éternise, et c’est le Black Friday des taxes (et « deux pour le prix de trois »).

Si l’on s’en tient aux discussions, il n’y a pas de doute : la France, pays clairement sous-fiscalisé au point d’être quasiment une Suisse avec des croissants, ne parvient plus à boucler ses budgets par un manque criant de recettes. Entre des impôts trop faibles, dont la collecte semble hasardeuse, des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres et des niches fiscales trop nombreuses qui transforment la France en véritable paradis fiscal, pas de doute pour nos parlementaires, il faut frapper plus fort.


Si, à présent, l’on sonde les Français eux-mêmes, ceux que nos effervescents parlementaires taxophiles sont censés représenter, le doute s’installe. Pour eux (et à 91%), le pays va assez clairement « dans la mauvaise direction ». S’ils s’inquiètent bien sûr de certaines inégalités, leurs préoccupations sont dominées par l’inflation, les impôts et les taxes trop élevées. Et non seulement ce sondage illustre bien cette tendance hautement pessimiste, mais il montre qu’elle est en hausse.

Sacrés Français ! Toujours à râler !

Pourtant, la réalité semble donner raison à leur perception, tant les éléments factuels s’accumulent dans leur sens.

Ainsi, la croissance française reste atone et la croissance en berne, pendant que les ménages épargnent comme jamais. Selon l’INSEE, au deuxième trimestre 2025, même si l’inflation ralentit (autour de 2,3 %) et le taux de chômage est stable à 7,5 %, la croissance n’atteint qu’un petit 0,5 %, présenté comme fulgurant et digne d’une ferveur extatique de la part d’une presse décidément en pleine banqueroute intellectuelle.

Et comme le mentionnait un article du Monde d’il y a quelques semaines, le taux d’épargne des ménages français atteint 18,8 % du revenu disponible brut au deuxième trimestre 2025, ce qui constitue un record depuis les années 1970.

Concrètement, cela veut dire qu’en moyenne, près d’un euro sur cinq ne circule pas dans l’économie mais reste dans le système bancaire. Pire, c’est un euro qui dort, en pyjama rayé, sur les comptes courant très souvent non rémunérés : autant de perte pour leur propriétaire, et autant de perte pour une partie de l’économie française qui ne peut bénéficier de mettre cet euro au travail. La prudence des ménages transforme leur (absence de) consommation en une sorte de « compte-épargne géant avant la tempête », avec des dépenses qui sont clairement mises en pause.

Fini le café à 5 €, la machine à café design ou le billet de train « juste parce que » : chaque dépense est de plus en plus minutieusement pesée et à l’approche du « Black Friday », il apparaît évident que d’un côté, le consommateur français tente un timide « J’aimerais bien en profiter » mais que son compte en banque lui répond vertement « Bah non », le dur crépi de la réalité venant frotter les joues tendres des plus naïfs.


Cette période, traditionnellement vécue comme un ballon d’oxygène pour les commerçant, accumule cependant les signaux négatifs. Ainsi, les études sur la consommation des Français montrent sa baisse tendancielle, et les enseignes notent de leur côté que le panier moyen se réduit, les consommateurs se concentrant sur les « bonnes affaires utiles » (électroménager, téléphonie, carburant, énergie, etc.) nettement plus rares. Au final, beaucoup de ménages reportent leurs achats à janvier, espérant des baisses de prix encore plus fortes ou un contexte plus clair.

En somme, c’est un changement progressif mais majeur dans le comportement des Français qui anticipent un accroissement des difficultés économiques. On se demande pourquoi, alors que les services publics n’ont jamais été d’aussi bonne qualité, que le Président et sa cour ne parlent que de guerroyer, que l’Assemblée bruisse du seul mot « taxe », que les agences de notations exsudent l’optimisme et la décontraction au sujet de la dette de l’État qui n’a jamais eu aussi bonne mine…

Peut-être cette méfiance s’est-elle développée à la suite des crises qu’on vient de traverser (COVID, inflation, guerre en Ukraine…) les forçant à faire attention, anticiper les imprévus que le pouvoir politique semble friand de générer, mélangée à l’actuelle incertitude politique et sociale (qui introduit un climat tendu à cause des menaces de réformes et de la peur du déclassement de plus en plus présente dans la population) ? Allez savoir. On pourra toujours y ajouter une hausse évidente du coût de la vie courante, dans l’énergie, le logement, l’alimentation, pour faire bonne mesure.

Enfin, la structure même de cette épargne, qui croît essentiellement grâce aux individus de 50 ans et plus, rappellera que les jeunes générations sont actuellement les moins capables d’épargner. Cela tombe bien puisque les efforts qui s’annoncent – notamment fiscaux – portent essentiellement sur ces dernières.


Tous les indicateurs macro-économiques montrent un affaiblissement de plus en plus inquiétant de la dynamique française, avec une quasi-« japonisation » de l’économie, caractérisée par une croissance atone, des ménages de plus en plus prudents et un vieillissement accéléré de la population.

Face à ce repliement, la députaillerie semble pourtant acquise aux causes les plus socialistes et spoliatrices du moment : depuis les taxes tous azimuts jusqu’à la volonté de supprimer l’héritage, quasiment tout le spectre politique français semble être parti en guerre contre le bas de laine des Français. Et plus ces derniers tentent de mettre quelques sous hors de portée du fisc, plus le législateur lance de véritables fatwas contre le cochon-tirelire de l’épargne de la classe moyenne.

D’un côté, les Français n’ont jamais mis autant de côté, de l’autre les parlementaires font tout pour aspirer l’épargne. La dynamique financière du pays ainsi expliquée, on comprend immédiatement qui est du côté de la création de richesse et qui est du côté du pillage. Les Français épargnent par prudence, l’État dépense par compulsion et quelque part entre les deux, la croissance agonise discrètement.

Et plus rien ne retient l’État dans sa boulimie suicidaire.


https://h16free.com/2025/10/31/82334-croissance-morte-et-taxe-vive

24 octobre 2025

Pierre Duriot

Économie : une French Tech en trompe-l’œil


-23/10/2025- La France a rêvé avec sa French Tech s’imaginant pouvoir rivaliser avec les géants de la Silicon Valley. Ca fait treize ans que l’illusion dure et l’atterrissage est brutal pour les licornes françaises. La success story est purement médiatique et le modèle technologique souverain, national, indépendant, n’est pas là. Faute d’intelligence, d’investissement, la French Tech est un ramassis de start-up de seconde zone dépendantes des technologies étrangères, incapables de pondre un semblant de système informatique affranchi des tuteurs mondiaux. Pas de recherche fondamentale comme en Asie ou aux États-Unis, pas de nouveaux processeurs, de nouveaux algorithmes, de nouvelles technologies innovantes ou d’outil à carrure internationale… cette French Tech propose ce que tout le monde propose, est à la remorque des leaders, assemble des pièces de puzzles existants et emballe le tout dans un nouveau design, et quand on ouvre le colis, rien de neuf.
La France, dans ce domaine, comme dans pas mal d’autres domaines, ne crée pas de richesses, elle gère la richesse des autres et nos licornes ne sont pas technologiques, mais bureaucratiques, sous la coupe des Google, Amazon ou Microsoft qui restent maîtres des structures. Il n’y a pas de Google ou d’Amazon français, seulement des services français calqués sur Google et Amazon. Non seulement ces licornes n’ont rien produit de français, mais elles ne sont pas domiciliées en France, ni financées par des fonds français et réalisent leurs chiffres d’affaires hors de France, autant dire qu’on se pétrit de patriotisme à bon compte. Plutôt que de faire de la recherche et de produire du travail, la France a fait de la communication et pratique la méthode Coué. En réalité, nous sommes largués et ce n’est pas demain que l’armée française cessera de fonctionner sous Windows.
Crédits publics saupoudrés, programmes incomplets, absence de vision stratégique, programmation à court terme, pas de coordination entre la recherche publique et l’entrepreneuriat privé, pas de vrai pilote à la barre et le résultat est là, de l’argent gaspillé, pas ou peu de résultats concrets, pas d’innovation et un retard colossal sur les leaders mondiaux que nous n’avons désormais plus la capacité de suivre et encore moins de devancer. Plus d’ITER, de Concorde, d’Ariane ou d’avion innovant. Ce n’est pas forcément propre à la France, les Européens cherchent plus ou moins chacun de son côté, sans la moindre synergie, chacun ayant peur de se faire piquer le peu qu’il a et au final, cette Europe-là ne se fait pas, alors que l’Europe pourrait justement servir à ça. Alors qu’elle se fait pour le financement d’une guerre en Ukraine qui ne nous regarde pas, l’accueil de migrants qui n’a aucune justification économique, ou les voitures électriques qui sont un fiasco industriel.
L’époque où la France cherchait, trouvait et produisait est révolue. On cherche encore certes, on trouve moins, on ne finance plus, ou mal, on ne produit plus et surtout, on ne profite plus, quand en plus, ce ne sont pas les autres qui profitent de nos innovations. En cause, les gestions idéologiques, à court terme, les pilotages par des gens incompétents et politisés, le calendrier électoral imposé et des projets qui tentent de naviguer quasiment au jour le jour. Sans compter le coût du travail et la fiscalité, exorbitants.
Au RPF, nous avons produit une planification commençant par l’excellence scolaire, la réindustrialisation en s’appuyant sur les bassins industriels thématiques existants encore, leur coordination avec des établissements scolaires et les organismes de recherche, la mise en place de voies de communications, routière, ferroviaire, aérienne et informatique, assortis d’une baisse drastique du coût du travail, d’une autre baisse drastique de la bureaucratie et des normes… c’est bien le chemin inverse qui a été pris et quand les start-up américaines produisent des milliards de dollars de bénéfices et imposent leurs standards à toute la planète, les licornes françaises vivent de miettes de subventions publiques, sans jamais arriver à vraiment sortir la tête de l’eau.

H16

Derrière la crise politique, une crise financière majeure ?

-24/10/2025- La situation française, vraiment pas brillante sur le plan politique, va probablement devenir catastrophique… sur le plan financier.

Il faut se résoudre à l’évidence : sans une destitution de l’actuel locataire de l’Élysée, le spectacle ridicule auquel on assiste actuellement peut continuer un petit moment.


Petit, parce que les marchés vont cependant siffler la fin de partie : ce genre de grotesqueries augmente inévitablement la volatilité des OAT françaises (les bons du trésor français, qui permettent d’emprunter sur les marchés ce qui permet à l’administration de payer ses dépenses courantes). Avec cette instabilité politique, les partenaires du pays – notamment en Europe – vont s’agacer. Les entreprises vont tousser.

S’il est difficile de comprendre à quoi joue Macron – il n’est pas exclu qu’il n’en sache rien lui-même et improvise ses âneries au fil de l’eau, peut-être peut-on imaginer qu’il cherche à avoir, après une dissolution dans les prochaines semaines, une cohabitation avec le Rassemblement National et ainsi garantir que ce dernier « gouvernera » (ou tentera de le faire) alors que toutes les planches seront savonnées, toutes les pentes seront raides et le gouffre s’ouvrira sous leurs pieds, et ce jusqu’aux prochaines présidentielles où Macron pourra espérer apparaître fédérateur en proposant un candidat/remplaçant à la Glucksmann ou équivalent.

Cependant, la question demeure : le pays tiendra-t-il tout ce temps ?

C’est de moins en moins certain et a contrario, la probabilité qu’un incident grave arrive augmente chaque jour. Et si cet incident arrive, cela se terminera par une explosion de la zone euro…

Oh, certes, il est audacieux de prédire la fin de l’euro. Ceux qui s’y sont risqués entre 2011 et 2012 se sont trompés : les petits pays d’Europe du Sud ne pouvaient pas parvenir à casser cette monnaie tant que les gros pays, Allemagne et France en tête, étaient prêts à tout pour la sauver, quitte à en imprimer comme jamais.

Cependant, cette fois-ci et au contraire de 2011, l’Allemagne et la France tirent dans des directions opposées.

Et les gros épargnants français savent ce qui se passe. Ce qu’ils indiquent, c’est que la France pourrait bien faire défaut sur ses obligations vis-à-vis du projet « monnaie unique ». Pour s’en convaincre, on pourra regarder l’intéressant graphique proposé par Arthur Hayes, fondateur de la bourse de cryptomonnaies Bitmex et fin analyste de l’économie mondiale.


Ce graphique, qu’il a publié dans un très intéressant papier consacré à la situation française, illustre l’évolution des soldes TARGET des banques centrales nationales auprès de la Banque centrale européenne (BCE) depuis janvier 2020 jusqu’à aujourd’hui. Si vous ne savez pas ce qu’est le système TARGET (le « Trans-European Automated Real-time Gross settlement Express Transfer »), disons qu’il s’agit d’une infrastructure de paiement européenne de règlement en temps réel des grosses transactions interbancaires (impliquant les différentes banques centrales nationales et la BCE) en euro.

Dans ce système (netting interbancaire), un solde positif signifie qu’une banque centrale nationale détient une créance sur la BCE, et un solde négatif qu’il y a eu des sorties de fonds supérieures au entrées, souvent en raison de flux de paiement sortants ou de fuites de capitaux. Chaque jour, tous les mouvements sont compensés les uns aux autres de telle façon à ne présenter qu’une seule position nette vis-à-vis de la BCE.

Du point de vue des épargnants, leur argent est plus en sécurité dans les pays qui affichent un solde positif ou, dit autrement, dont la monnaie nationale s’apprécierait si jamais le pays venait à quitter la zone euro. L’Allemagne est dans ce cas : son solde est toujours positif, et les Allemands sont confiants qu’en cas de départ de la zone euro, leurs nouveaux Marks ne s’effondreraient pas face à ce qui resterait de l’euro de cette zone amputée.

Pour le pays qui porte la belle ligne blanche sur le graphique ci-dessus, les choses sont moins optimistes, eh oui, il s’agit bien de la France : elle affiche le déficit TARGET le plus important de tous les pays de la zone euro. Et ce que veut dire cette ligne, c’est que les épargnants français sont de moins en moins convaincus que leurs euros sont en sécurité au sein du système bancaire français et trouvent donc des horizons plus prometteurs dans des pays comme l’Allemagne et le Luxembourg.

Si la deuxième économie de la zone euro – et la plus endettée – connaît une crise bancaire, la zone euro est en danger. En effet, la France est trop grosse pour faire faillite, mais elle est aussi trop grosse pour être renflouée. « Too big to fail, but to big to save »

Or, l’Amérique a, depuis le début de cette année, drastiquement changé de politique économique et, sous l’impulsion de l' »America First », force l’Allemagne et le Japon – principaux créanciers de la France, et traditionnellement vassaux exportateurs vers les États-Unis – à rapatrier leurs capitaux pour relancer leurs économies domestiques face à la concurrence chinoise et à prioriser désormais leur souveraineté économique : le « Made In Germany » ou le « Japan First » ne sont rien d’autre.

Bien évidemment, ceci prive la France de ces financements étrangers.

Alimenté par un État-providence généreux – on n’a toujours pas commencé à baisser les dépenses de l’État !!! – et, maintenant, les blocages politiques provoqués par un Président complètement incompétent et imbu de lui-même, le déficit budgétaire français s’aggrave sans recours, menaçant le pays d’un défaut technique. Il va sans dire que les autres politiciens français, en face de Macron, ne sont pas plus au courant de la catastrophe qui attend le pays, irrémédiablement : ça se chamaille assez violemment sur des bricolages sur les retraites ou le budget, mais les coupes massives, absolument indispensables, ne sont évoquées par personne.


Et lorsque (et non « si ») le défaut de paiement français aura lieu, les premier à trinquer seront les étrangers (les Allemands et les Japonais dans ce cas) qui devront donc imprimer de la monnaie comme jamais (de l’euro et du yen, donc). Cela ne suffisant pas, le « patriotisme » de l’épargnant français sera largement mis à contribution. Ne venez pas dire qu’on ne vous aura pas prévenu.

Voilà qui explique pourquoi les épargnants qui comprennent la situation, sentant le vent se lever, mettent leur capital hors de France. Ceux qui ne l’ont pas encore fait pourraient se sentir inspirés de le faire.

Pour les autres, l’or et le bitcoin peuvent constituer des alternatives de plus en plus crédibles.


19 octobre 2025

Natalia Routkevitch
16/10/2025
Tax-washing ?

Ne faut-il pas voir dans la fixation contemporaine sur la taxation un faux-nez de l’impuissance politique, voire le signe d’un manque de volonté de transformer en profondeur nos modèles socio-économiques ? Ne serions-nous pas face à une forme d’« egalitarian-washing », une manière de se donner bonne conscience en agissant à la marge, sans jamais s’attaquer aux structures mêmes de la production et de la répartition des acquis ?
Un article récent de la revue "Jacobin", intitulé “The Left Needs to Rethink How It Understands Inequality”, propose une critique stimulante et iconoclaste, venue de la gauche, de l'assistance sociale. L’auteur s’appuie sur une étude publiée dans l’American Economic Journal qui a suscité la surprise il y a quelques années : les États-Unis redistribueraient, par les impôts et transferts, une part plus importante de leur PIB en faveur des plus modestes que la plupart des pays d’Europe occidentale.
Dès lors, l’écart d’inégalités entre les deux continents ne tiendrait pas tant à une générosité du modèle redistributif européen qu’à une répartition plus égalitaire des biens avant impôt. Cette conclusion renverse un lieu commun : l’opposition entre la supposée pingrerie sociale des États-Unis et la vertu redistributive de la social-démocratie européenne (qui est en train de rendre l'âme).
Ce constat met surtout en lumière deux logiques distinctes de la réduction des inégalités : 1) la redistribution, opérée a posteriori par l’État ; 2) la prédistribution, qui agit en amont sur les structures de la production et l’allocation initiale des ressources
C’est cette seconde approche, plus structurelle, que l’auteur valorise : le niveau d’inégalité dépend avant tout du rapport de force entre classes sociales et de la capacité des travailleurs à défendre leurs intérêts, bien plus que de la charité publique ou des politiques d’assistance. En ce sens, le texte rejoint une intuition d’Amartya Sen, le célèbre économiste indien, qui refusait de considérer les politiques de redistribution – allocations, impôts progressifs – comme l’instrument central de la justice sociale. Il s’opposait ainsi à une vision « comptable » de la justice, telle que celle de John Rawls, qui vise à créer une société équitable à travers la distribution mesurable et réglementée des biens primaires.
Selon Sen, même un État redistribuant massivement peut voir persister des inégalités si certains groupes sont marginalisés ou incapables de défendre leurs intérêts. L’évaluation de la justice ne peut donc se réduire à des indicateurs monétaires ou statistiques. Sen proposait de mettre l’accent sur le pouvoir et l’organisation sociale, plutôt que de se limiter à des transferts financiers ou à la charité, et d’évaluer les politiques au-delà des chiffres fiscaux et le volume des dépenses publiques.
Car, même sous les pères fondateurs du néolibéralisme, Thatcher et Reagan, les dépenses publiques ont continué de croître ; seules ont changé les priorités de leur affectation. Ce qui prouve que le cœur du problème n’est pas la quantité d’argent dépensé, mais la manière dont le pouvoir oriente et structure les dépenses publiques. Si la gauche veut être réellement transformatrice – et non simplement morale –, elle doit placer au centre de son projet le renforcement du pouvoir collectif et du pouvoir du travail plutôt que de se contenter d’un vernis compassionnel ou fiscal, telle est la conclusion de l’article de "Jacobin".
En France, où le débat politique, à gauche comme à droite, se réduit souvent à une querelle fiscale, on a l’impression que cette focalisation sur la fiscalité constitue une forme d’échappatoire : une manière de valoriser le seul levier encore disponible entre les mains d’États désormais impuissants, privés d’autonomie monétaire, commerciale ou stratégique.
Il ne leur reste souvent que l’autonomie fiscale ; dès lors, les forces politiques faisant partie du système concentrent toute leur attention sur ce terrain pour éviter de parler du reste.
Car la question de fond semble si immense qu’on ne sait même plus par quel bout la prendre : celle d’une économie mondiale dominée par des oligopoles planétaires et des États-prédateurs transformés en leurs relais.
Sur ce fond, les appels à « faire les poches aux riches » ou à « taxer davantage l’héritage, ce truc tombé du ciel » sont perçus par beaucoup comme une forme de duplicité et d’injustice. Dans les faits, les hausses fiscales touchent surtout les classes moyennes : ces "people from somewhere" dont les biens ne sont pas mobiles et qui ne peuvent transférer aisément leurs avoirs vers les paradis fiscaux, contrairement aux plus fortunés, qui disposent d’une armée d’avocats capables d’optimiser ou d’éluder l’impôt.
Dans un monde ouvert, ces mesures sont facilement contournables par ceux qui en ont les moyens. Même pas besoin d’aller bien loin : le dumping fiscal est déjà largement pratiqué au sein même de l’Union européenne.
Pour le simple observateur, il semble que ce débat acharné sur les taxes s’enracine dans un immobilisme collectif dont chaque acteur politique est complice, une sorte de paralysie générale…
Peut-être existe-t-il des acteurs porteurs d’un projet cohérent, ambitieux, qui dépasse les jeux du type « je prends à celui-ci pour donner à celui-là » ? Lesquels ?
Ou bien l’État est-il tel qu’il ne peut plus se permettre de tels projets ? Dans ce cas, autant le reconnaître comme une constante faisant partie intégrante de notre réalité.

29 septembre 2025

Nos dirigeants méprisent le peuple et ne feront donc aucune économie

H16
29/9/2025

Le nouveau premier ministre, un certain Seb Lecornu, a tout compris de la situation catastrophique dans laquelle se trouve le pays : il va faire des économies !

Voilà, les « grandes orientations » du budget sont tombées et le frétillant Premier ministre, qui s’est jeté sur la place encore chaude de Françoiheu Bayrouheu, n’a pas traîné pour les diffuser à toute la presse : si l’on peut se réjouir que la débilissime taxe Zucman a été écartée des propositions budgétaires, le Premier ministre a néanmoins convenu qu’il était nécessaire de tenir compte de l’envie des Français d’une nécessaire « justice fiscale », cet intéressant concept qui mélange la jalousie envers les riches avec l’absolue nécessité de tabasser les autres fiscalement tout en se ménageant des niches pour soi.

Avec de telles prémices, Lecornu ne peut enfiler ensuite que des propositions du meilleur bon sens, avec « une proposition de budget dans laquelle certains impôts augmenteront, mais d’autres diminueront », ce qui laisse songeur dans le pays le plus imposé du monde. Alors bien sûr, le Cornu annonce des économies de 6 milliards sur le train de vie de l’État, mais, dans la même foulée, sans rire et avec cet aplomb que seuls les cuistres peuvent déployer, le voilà qui explique aussitôt qu’on va devoir augmenter les retraites de 6 milliards d’euros (après tout, elles ne coûtent que 420 milliards d’euros par an) et la santé de 5 milliards pour faire bonne mesure.

En définitive, on se retrouve donc avec une économie de -5 milliards ; autrement dit, les dépenses continuent d’augmenter, sous les applaudissements de la foule en délire. Grâce à l’argent gratuit des autres, la fête peut donc continuer sans s’arrêter.


Mais allons, voyons les choses du bon côté : avec ces nouvelles dépenses pour la santé, l’Hôpital d’Evreux va enfin pouvoir bénéficier de dotations à la hauteur de ses besoins, n’est-ce pas ? Ah tiens, non ! On apprend par voie de presse qu’en réalité, il est obligé de faire un appel à un « emprunt citoyen » pour 100.000 euros afin de pourvoir l'hôpital de 22 lits qui manquent cruellement.

Ceci n’est pas sans évoquer les mésaventures d’un hôpital parisien qui avait été lui-même obligé, en décembre 2023, de faire un appel aux dons pour l’achat d’un scanner. Rappelons, à toutes fins utiles et rigolotes, que la France dispose de 36 scanners par million d’habitants, ce qui la place confortablement entre le Chili et l’Estonie, alors que l’Allemagne en dispose de plus de 70, les États-Unis 91 et le Japon, 171. Pour l’un des pays qui dépense le plus dans sa santé, on se demande vraiment où passe l’argent.

Et justement les affaires récentes nous permettent d’évoquer quelques pistes. Si des masses considérables sont routées dans les tubulures chromées des administrations et de la bureaucratie délirante françaises et viennent arroser de façon de plus en plus chaotique un nombre décroissant de Français, certains sprinklers d’argent gratuit des autres n’oublient pas d’asperger certaines personnes ou certaines institutions avec une générosité de plus en plus obscène.

Et alors que l’hôpital d’Evreux se bat donc pour 100 000 euros, on ne peut s’empêcher de noter que les notes de frais d’Anne Hidalgo évoluent à un multiple de ce chiffre, de façon complètement injustifiable.

Dans un pays bien géré, Anne Hidalgo serait forcée de rembourser ses frais et l’argent récupéré serait ajouté aux contributions de l’hôpital d’Evreux. Dans la France actuelle, malheureusement, ce ne sera pas le cas et on ne pourra que constater en parallèle la gestion catastrophique de France Télévisions par une Ernotte complètement en roue libre. Malgré sa belle assurance affichée lorsqu’elle avait pris ses fonctions il y a 10 ans – lorsqu’elle fanfaronnait sur les économies qu’elle ferait réaliser aux chaînes publiques de télévision, les derniers rapports de la Cour des comptes montrent que l’institution publique est maintenant au bord d’un dépôt de bilan fracassant.

Et plus exactement, dans le cas spécifique de France Télévisions, les capitaux propres sont maintenant inférieurs à la moitié du capital social, ce qui est insuffisant pour la pérennité de l’institution au point de la menacer de dissolution d’ici fin 2026. Bref, l’argent public abonde ici à une catastrophe industrielle majeure.


Ce n’est malheureusement pas les seuls exemples que l’actualité récente nous permet d’exhumer.

Ainsi, alors qu’on devrait faire spécialement attention à toutes les dépenses de l’État pour en couper les moins impérieuses, on découvre que la France continue à distribuer le pognon des Nicolas à l’étranger, encore et encore, et avec une générosité véritablement louche.

C’est ainsi qu’on apprend que la ville de Yaoundé, au Cameroun, a récemment bénéficié de plus de 65 millions d’euros d’argent français par l’Aide Française au Développement, dans le cadre d’un programme visant à améliorer la circulation dans ce centre-ville. Les Parisiens qui souffrent de la multiplication invraisemblable des chantiers mal boutiqués et mal finis au cœur de la métropole française – dont la Maire a fait croître la dette hors de toutes proportions – seront heureux d’apprendre que les Camerounais, eux, rouleront mieux dans leur capitale.

Dans le même temps, la Palestine devrait bénéficier de 170 millions de dollars d’aides diverses fournis par 12 pays – soit à peu près 14 millions de dollars par pays – dont la France, et ce, alors que le pays continue d’empiler dettes et déficits, comme jamais. L’histoire ne semble pas apprendre grand chose à nos dirigeants : les sommes (maintenant colossales) détournées par les autorités palestiniennes ne semblant jamais suffire, on peut raisonnablement imaginer que ces 170 millions viendront abonder les comptes bancaires déjà fort dodus de certains dignitaires locaux.

Rassurez-vous, l’Hôpital d’Evreux, de son côté, pourra continuer à faire un appel aux dons des contribuables français qui participent, sans le savoir, à cette générosité tous azimuts. De toute façon et quoi que puissent penser ces contribuables, le gouvernement, l’administration et la classe jacassante actuels (médias et politiciens) sont tous fermement décidés à aider des étrangers loin d’eux plutôt que leur compatriotes qui fument des gitanes, roulent en diesel et finalement, ne sont rien.

Ce faisant, cette classe jacassante illustre encore une fois et de façon frappante les études sociologiques implacables démontrant bien que les « progressistes » (dans lesquels on retrouve bien évidemment les étatistes et les socialistes de tous crins) auront toujours à cœur de secourir le reste du monde bien avant leur famille, leurs proches et leurs compatriotes qu’ils détestent pas toujours cordialement.


14 septembre 2025

Vincent Verschoore
Ze Rhubarbe Blog

-11/9/2025- Une monnaie fiat (dollar, euro, etc...) ne peut pas survivre indéfiniment à une production de liquidités (qui enrichit surtout les grands spéculateurs) déconnectée de la création de valeur réelle. Or c'est aujourd'hui le seul moyen de satisfaire une population qui compare sa propre stagnation, voire sa paupérisation, à l'enrichissement obscène des gens au pouvoir et de leurs amis.
À un moment donné ça va forcément coincer, et soit la classe dirigeante aura pu mettre en place un véritable régime policier totalitaire capable de mater toute forme de rébellion (et ils y travaillent, on peut même dire que c'est l'objectif de la clique des Macron, von der Leyen & Cie), soit c'est la guerre civile.
Une solution alternative serait donc de revenir à une forme de monnaie stable, comme l'était l'or avant son remplacement par le dollar. Et ça, les spécialistes l'ont bien compris, ce qui explique la hausse de l'or et du Bitcoin, qui pour ses adeptes est un "or numérique" stable (sa masse finale de 21 millions de jetons est immuable), même si sa valeur reste volatile.
Cette émission de BFM, pour le coup, me paraît pertinente :

Vidéo de 25 min 32 s ↴

25 août 2025

Panique : la BCE improvise de plus en plus son euro numérique

H16

-25/8/2025- La presse française étant ce qu’elle est (c’est-à-dire aussi subventionnée que médiocre), ce que Trump a réalisé en matière de cryptomonnaies est bien évidemment passé à peu près inaperçu de ce côté-ci de l’Atlantique. Pourtant, la Banque Centrale Européenne vient d’en faire récemment les frais…

Pour comprendre ce qui se passe, il faut remonter quelques semaines en arrière, et plus précisément mi-juillet.

C’est en effet le 18 juillet dernier qu’a été promulgué aux États-Unis le Genius Act, une loi qui établit notamment un cadre pour les stablecoins, ces cryptomonnaies indexées sur des actifs stables, notamment le dollar américain et qui impose à leurs émetteurs de détenir des réserves équivalentes en dollars ou en actifs liquides à faible risque, principalement des bons du Trésor américain.


L’idée derrière cette loi est d’accroître la confiance du public dans les actifs numériques afin de favoriser leur adoption comme moyen de paiement alternatif, rapide et économique, mais surtout, ce mécanisme stimule la demande pour les bons du Trésor américains. Ainsi, en 2025, des entreprises comme Tether (avec son stablecoin USDT) et Circle (USDC) détenaient déjà 144 milliards de dollars en bons du Trésor, et le marché des stablecoins, évalué à 250 milliards de dollars, pourrait atteindre 2 000 milliards d’ici 2028 selon le Trésor américain. Avec cette loi, l’administration Trump vise donc à accroître la demande pour la dette publique et donc en réduire les taux, et par conséquence les coûts d’emprunt.

Assez logiquement, cette loi a déclenché un enthousiasme marqué de la part des promoteurs des cryptomonnaies qui voient là une façon concrète d’amener sinon le grand public au moins certains institutionnels (ceux qui négocient les bons du trésor américain par exemple) à s’intéresser à ces nouveaux moyens financiers, pendant que les esprits chagrins n’ont pu s’empêcher de noter que s’éloigne encore un peu plus le rêve de Satoshi Nakamoto, le créateur de Bitcoin, d’avoir une monnaie libre et vraiment indépendante des États…

Indépendamment de ces points de vue, cette loi laisse aussi transparaître l’écart entre le volontarisme américain d’une administration Trump décidée à pousser son pays vers ces nouveaux moyens monétaires et financiers, et, de l’autre côté de l’Atlantique, le véritable empotement de plus en plus caricatural de l’Union européenne, le cas de la France (détaillé dans un précédent billet) atteignant des sommets facepalmesques assez stupéfiants.


Et de façon intéressante, il n’aura donc pas fallu beaucoup plus d’un mois à laisser mijoter cette situation pour que la BCE (Banque Centrale Européenne) comprenne l’ampleur du changement géostratégique ainsi impulsé par les États-Unis.

Pour rappel, Christine Lagarde, actuellement en charge de l’institution monétaire européenne, continue vaille que vaille (et surtout coûte que coûte, c’est Nicolas Qui Paie, et il n’est pas à 30 milliards d’euros près, le bougre) à pousser l’idée bien bureaucratique et typique de l’actuelle nomenklatura européenne d’un Euro numérique basé sur les technologies de la blockchain.

Sur le papier, ce projet vise donc à créer une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) fonctionnant sur une blockchain totalement contrôlée par la puissance publique et dont l’idée était de renforcer (on ne sait pas trop comment concrètement) la souveraineté monétaire européenne face aux propositions équivalentes privées – les blockchains les plus efficaces – ou aux CBDC concurrentes comme en Chine et dont l’usage pour « fermement policer le citoyen » n’aura échappé à personne, surtout pas aux maniaques européens du contrôle permanent.


Ce projet, déjà décrit ici ou , est cependant en train de prendre une autre tournure avec l’annonce en fin de semaine dernière d’un changement radical dans ses fondations : en lieu et place d’une blockchain bâtie par l’institution monétaire et qui n’aurait donc pas été ouverte à tous, la BCE envisage de développer son euro numérique sur une blockchain publique, comme l’Ethereum ou le Solana.

Ce changement n’est pas anodin et offre de nombreux avantages par rapport à la solution précédemment poussée par la BCE : outre une réelle transparence des transactions – une blockchain publique permet en effet à n’importe qui de vérifier les opérations passées sans intermédiaire, le passage par une chaîne publique connue accroît notablement la décentralisation de ce putatif euro numérique, rendant le réseau plus résilient aux pannes ou aux attaques.

D’autre part, en utilisant une chaîne connue, l’euro numérique facilitera l’intégration avec des protocoles de finance décentralisée, ce qui pourrait stimuler l’innovation. L’Europe en a bien besoin, la récente entrée en force du règlement MiCA ayant passablement alourdit (quasiment au point de la tuer) l’innovation cryptomonétaire sur le Vieux Continent.

Mais surtout, une telle chaîne publique rend beaucoup plus visible toute tentative de censure – interdiction de transaction sur des motifs politiques, typiquement – et offre une alternative pour s’en affranchir. Ceci sape un peu plus les dinosaubanques traditionnelles (et leur propension à refuser ou fermer des comptes à certains activistes politiques qu’elles prendraient en grippe en fonction des demandes du pouvoir en place – dernier exemple en date lisible ici), notamment en fournissant directement au particulier une façon de stocker son épargne sans plus passer du tout par ces établissements privés.


Autrement dit, c’est un changement de cap à 180° que vient d’effectuer la BCE.

Il apparaît qu’elle et les autorités européennes sont à ce point larguées par ce qui se passe actuellement sur la scène internationale et notamment aux États-Unis qu’elles ne se placent plus qu’en réaction à la politique américaine. Ce n’est pas plus mal, puisque lorsqu’elles sont livrées à elles-mêmes, elles enfilent les propositions qui sont sidérantes d’imbécilité ou de contrôle paranoïaque, ou ressemblent à l’auto-sabotage pur et simple.

En l’état, cette proposition revient donc à abandonner la capacité d’un contrôle profond et étendu du citoyen européen, et à tenter une adaptation dans la précipitation, ce qui augmente énormément la probabilité de faire un gros n’importe quoi inefficace pour leurs buts réels (et difficilement avouables).

Pour le moment et de ce point de vue, c’est donc une excellente nouvelle.


https://h16free.com/2025/08/25/81800-panique-la-bce-improvise-de-plus-en-plus-son-euro-numerique

21 août 2025

La France au bord du gouffre

Jean Mizrahi

-20/8/2025- Le PS annonce fièrement qu’il votera la censure du gouvernement. Dans le même temps, la gauche tente de détourner la journée du 10 septembre – prévue comme un cri de colère contre les gaspillages d’État – pour en faire son énième cirque électoral. Quant au RN, il observe de loin, guettant l’occasion. Bref : tout le monde joue sa petite partition politicienne pendant que le Titanic coule.
Car la vérité est là : la France est en faillite. Une économie corsetée par la paperasse, des déficits abyssaux, une dette qu’on n’arrive plus à cacher sous le tapis, et des taux d’intérêt qui grimpent à 3,43 % – bientôt les plus élevés de la zone euro. Mais que fait le gouvernement ? Rien. Pas de baisse des dépenses, pas de coupe dans les subventions, pas de gel des embauches inutiles. On continue de nourrir le monstre bureaucratique comme si de rien n’était.
Au PS, il reste encore quelques survivants qui savent lire une équation économique. Eux aussi voient la catastrophe venir. Mais au lieu de sonner l’alarme, ils préfèrent se vautrer dans la surenchère populiste. Faure et consorts savent pertinemment qu’ils mentent, mais tant pis : il faut bien nourrir la galerie.
Et le RN ? Logique politicienne oblige, il devrait voter la censure pour provoquer une dissolution. Le calcul est simple : apparaître comme l’alternative au pouvoir, même si cela signifie précipiter le pays dans le vide.
La suite ? Trois options.
• La mauvaise : défaut de paiement. Le FMI qui débarque, les fonctionnaires sans salaire, les retraites massacrées, le PIB en chute libre. Dix ans de purgatoire à la grecque, et une Allemagne qui jubile : enfin l’occasion de mettre la France à genoux.
• La bonne : au bord de la faillite, nous sommes forcés de nous réformer. Mais qui pour manier le scalpel ? Certainement pas nos politiciens en papier mâché. Il faudra des hommes et des femmes venus d’ailleurs – de l’entreprise, du réel – capables de faire le sale boulot, sans trembler et sans reculer devant la rue.
• La pire : le chaos. Une gauche radicale rêvant d’un scénario vénézuélien, avec la rue comme tremplin vers le pouvoir. Peu probable ? Peut-être. Mais dans un pays qui adore s’auto-détruire, jamais dire jamais.
Voilà où nous en sommes : une classe politique qui joue à la dînette pendant que la maison brûle. La faillite n’est plus une hypothèse, c’est un rendez-vous.

14 août 2025

Vers une récession majeure : les conséquences d'une politique du “parler fort, agir mou”

Jean Mizrahi

-14/8/2025- Les chiffres récemment publiés par l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) sont sans appel : la fréquentation des restaurants a chuté de 15 à 20 % en moyenne au niveau national, avec des pointes à -30 % dans certaines régions touristiques. Ce ne sont pas des “jérémiades de restaurateurs” comme les réseaux sociaux ont aimé à le prétendre mais des données consolidées issues des systèmes de caisse et de facturation, recoupées par plusieurs fédérations professionnelles.
Dans mon propre groupe, j’ai pris la décision de mettre fin à notre branche “divertissement immersif” : huit centres de réalité virtuelle en propre, huit autres sous licence de marque. Le constat est brutal : effondrement de la fréquentation depuis le printemps, particulièrement sur le segment entreprises (team-building, événements). Les prestataires de billetterie nous confirment que l’ensemble du secteur des loisirs est en crise : escape games, bowlings, parcs de trampolines… on parle de -30 % de revenus en moyenne sur les derniers mois.
Ce que disent vraiment ces chiffres :
Les Français ne sont pas devenus subitement hostiles aux loisirs ou à la restauration : ils anticipent. Ils voient arriver une détérioration économique majeure et, surtout, une hausse de la pression fiscale. Depuis des mois, le gouvernement prépare les esprits à un “resserrement budgétaire” – un euphémisme pour augmentation d’impôts. Résultat : les ménages coupent dans les dépenses discrétionnaires (sorties, vacances, loisirs) pour préserver leur trésorerie.
C’est un effet bien documenté par la théorie des anticipations rationnelles en économie : annoncez des temps difficiles, et les acteurs économiques s’ajustent immédiatement, réduisant leur consommation et leur investissement. Si les annonces sont suivies d’actions crédibles, la confiance peut se restaurer. Si elles restent lettres mortes, on obtient le pire des deux mondes : contraction de l’économie + maintien des déséquilibres.
François Bayrou s’apprête à tomber dans un piège prévisible, révélateur de l’inculture économique qui gangrène notre classe politique. Il annonce la couleur : “il va falloir se serrer la ceinture”, mais ne met en place aucune mesure structurelle immédiate. Sans même passer par un vote parlementaire, il pourrait :
• Geler immédiatement les recrutements dans la fonction publique (hors secteurs régaliens et urgences hospitalières).
• Supprimer discrètement les agences et commissions redondantes : la Cour des comptes a recensé plus de 600 structures administratives à l’utilité discutable.
• Cibler les subventions non stratégiques (plusieurs milliards d’euros annuels selon la DGFiP).
Ces mesures ne demandent pas de loi, simplement du courage politique. Mais à la place, on agite la menace d’un serrage de vis fiscal sans réformes réelles. Résultat : double peine. Les ménages et les entreprises réduisent leurs dépenses par anticipation. Les dépenses publiques ne baissent pas : le déficit risque de se creuser mécaniquement, du fait de recettes fiscales en baisse.
Quand une organisation – entreprise ou État – va droit dans le mur, il faut agir vite et fort. Dans ma vie de chef d’entreprise, j’ai dû restructurer : réduction d’effectifs, fermetures d'activités, renégociation de contrats… Ce n’est jamais agréable, mais c’est la seule voie vers le redressement. Javier Milei, en Argentine, a appliqué ce principe sans fard dans un contexte public : réduction immédiate des dépenses, coupes massives dans l’administration, suppression des postes inutiles. Les résultats commencent à apparaître dans ses comptes publics. La croissance économique est désormais vigoureuse, la pauvreté en chute libre.
Bayrou, lui, choisit la méthode inverse : annoncer la rigueur pour demain, tout en perpétuant la gabegie aujourd’hui. Ce n’est pas de la gestion ; c’est une garantie d’échec. Et pas un échec mou : un échec qui pourrait précipiter la France dans une récession majeure, avec un déficit public qui franchira à nouveau des records historiques.

3 août 2025

L'or de tous les dangers, ou quand la Russie se décorrèle de l'or de la City

Romain Vignest

-2/8/2025- Exclue du London Bullion Market Association (LBMA), la Russie prépare le lancement d’une nouvelle bourse de l’or à Saint-Pétersbourg destinée en priorité aux acteurs nationaux et aux partenaires des BRICS et renforce sa coopération avec la Chine pour établir des circuits de négoce de l’or non liés à la City. Ce découplage du système financier occidental s’inscrit dans une politique plus large de dédollarisation. Sur le plan intérieur, la Banque centrale de Russie et les consommateurs privilégient désormais l’or physique comme réserve de valeur. Si la Russie, rejointe par les pays des BRICS, parvient à restructurer le marché de l’or — avec ses propres mécanismes de fixation des prix, ses propres devises d’échange et ses propres infrastructures — cela pourrait gravement affaiblir Londres. Et par extension, l’influence de la City sur les flux de capitaux mondiaux.
Dès lors, une question se pose : ce mouvement vers un système multipolaire et désoccidentalisé — porté par la Russie et ses alliés — pourra-t-il se déployer sans rencontrer de résistance frontale ? Laisser faire, pour ces puissances financières, reviendrait à abandonner une position de contrôle vieille de plusieurs siècles. La guerre n'est donc peut-être plus très loin, et pas pour les raisons que l'on avait imaginées.

28 juillet 2025

Marc Amblard

ACCORD COMMERCIAL ENTRE LES USA ET l'EUROPE : BRAQUAGE À L’AMÉRICAINE

-28/7/2025- Le président Donald Trump a annoncé hier un accord commercial de grande envergure avec l'Union européenne.
En voici les grandes lignes :
1. l'UE s'est engagée à acheter pour 750 milliards $ de produits énergétiques américains ;
2. l’UE investira 600 milliards $ aux États-Unis, en plus des investissements existants ;
3. l'UE a accepté d'acheter pour plusieurs centaines de milliards $ d'équipements militaires (montant non encore déterminé).
4. L’UE consent à ouvrir totalement son marché intérieur aux produits américains sans appliquer de droits de douane (zéro %).
5. En contrepartie, l’UE a obtenu de Donald Trump une réduction de 30% à 15% des droits de douane que l’administration US applique aux produits européens.
Interrogée, von der Leyen s’est dite satisfaite des « concessions » accordées par les USA (véridique)…
Je signale qu'on parle ici de l'argent des contribuables européens qui n'ont pas été consultés sur la question. Les Français, pour leur part, n'y verront probablement que peu d'objection puisqu'ils continuent de voter à plus de 95% pour des candidats européistes…
N.B. En 2024, le total des échanges de biens et de services entre les États-Unis et l'UE a dépassé 1 680 milliards d'€. Cela représente près de 30% du commerce mondial.

22 juillet 2025

Ponction sur l'épargne : tout est déjà prêt

H16
22/7/2025

Le fusil à un coup

Il faut comprendre que si l'État français devait aller ponctionner l'épargne sauvagement, il n'a pas besoin de se tortiller beaucoup ni d'invoquer une situation exceptionnelle ou l'article 16 de la Constitution pour le faire.

Il a déjà tout ce qu'il faut dans le cadre légal actuel.

Pour taxer exceptionnellement les dépôts bancaires (type Chypre), une loi de finances suffit. En ciblant les comptes supérieurs à 10 000 € ou même 100 000 €, l’État peut gratter entre 15 et 25 milliards d’euros selon le taux retenu (5 à 10 %).

Il peut hausser temporairement le PFU (flat tax ou "prélèvement forfaitaire unique") : passer de 30 % à 40 ou 45 %, c’est juste une modification de loi. Cela peut rapporter 3 à 5 milliards d’euros par an, rien qu’en alourdissant la fiscalité sur les dividendes et intérêts.

Avec une taxe sur l’épargne dite “non productive”, visant les livrets bancaires classiques, comptes à terme, assurances-vie hors euro-croissance, on peut extraire 5 à 10 milliards en une seule opération.

Il peut faire une conversion obligatoire en titres publics : au-delà de 100 000 € de dépôts, transformer une partie en OAT (obligations à terme) ou équivalent à taux bas. Même en restant “raisonnable”, cela peut représenter 10 à 15 milliards d’euros.

Il peut aussi plafonner temporairement les retraits ou les virements : c’est légal sous l’article L561-2 du Code monétaire et financier. Cela ne rapporte pas directement d’argent dans les caisses, mais peut bloquer la fuite des capitaux, et permet de préparer le terrain pour les ponctions.

Enfin, il peut tenter une retenue à la source sur les virements vers l’étranger, comme cela avait même été évoqué en 2012. Une retenue “provisoire” de 20 à 30 % peut rapporter 1 à 3 milliards d’euros, voire davantage si les transferts augmentent en période de stress.

Au total, on parle tranquillement de 30 à 60 milliards d’euros mobilisables à court terme, sans toucher aux fonctionnaires, sans réformer les retraites, sans déclencher la panique sur les marchés. Tout est prêt juridiquement.

C'est, bien sûr, un fusil à un coup, et ça donnera un signal clair de l'état réel des finances de l'État français, mais c'est déjà opérationnel.

Il ne manque que la bonne excuse.

21 juillet 2025

Cette petite odeur de FMI

H16

-21/7/2025- Si les Français se chamaillent souvent et sur à peu près tous les sujets, il en est un qui, actuellement, recueille un large consensus : 80% d’entre eux veulent un gel (voire une baisse) des dépenses de l’État et la proposition de budget Bayrou ne fait pas l’affaire. D’ailleurs, pour 78% des Français, Bayrou lui-même ne fait pas non plus l’affaire.

Malgré ce désaveu complet qui transparaît un peu partout sur les réseaux sociaux, sous les commentaires des articles de presse, sur les plateaux télé et aux micros de ces radios d’État subventionnées, François Bayrou s’entête même dans la voie contraire puisque, lorsqu’on regarde le détail de ses propositions budgétaires, les dépenses gouvernementales vont réussir l’exploit d’augmenter de 29 milliards d’euros.

Même si, à voir le calibre des clowns qui s’agitent à la direction du pays, on s’y attendait, cela fait toujours un petit choc.


Pourtant, il n’y a pas le moindre doute que la situation est connue de nos dirigeants.

Il n’y a pas le moindre doute qu’ils savent que la France affiche le déficit public le plus élevé de la zone euro et que la dépense publique y est hors de contrôle : avec un total de 1650 milliards d’euros en 2024, elle a augmenté de 61 milliards par rapport à 2023, et même hors charge de la dette et mesures exceptionnelles, l’augmentation observée (+2,7% en 2024) est la plus forte depuis 15 ans.

De la même façon, certains doivent se douter qu’avec une dette qui continue de grimper de façon aussi musclée, l’année prochaine ne sera pas simple à boucler alors qu’il faudra en effet en refinancer pour 320 milliards d’euros dans les prochains mois à des taux nettement plus élevés qu’il y a 10 ans. La charge de la dette (d’ailleurs pour moitié détenue par des étrangers qui ne sont pas spoliables comme le contribuable français) a encore augmenté et le coût de son service a plus que doublé depuis 2020.

Dans les banques françaises, l’observation de l’encours des comptes courants, des difficultés des particuliers à boucler leurs fins de mois, l’augmentation du chômage, la remonté des taux d’emprunt des OAT françaises participent tous à nourrir une musique de fond qui ressemble à celle jouée par le FMI.

Et malgré ces éléments plus qu’inquiétants, la brochette d’extrémistes du centre qui prétendent diriger le pays semblent grossièrement incapables de réduire la moindre dépense, présentant un déficit atteignant 5,8% du PIB alors qu’aucune catastrophe, aucune crise majeure ne le justifie.

Très concrètement, cette courte avalanche de chiffres impose un constat d’évidence : dans le pays le plus taxé du monde, il n’y a en réalité aucune marge de manœuvre fiscale, et ce que propose le Premier ministre va se transformer en bayroute évidente, l’effet Laffer jouant au maximum.


Pendant les prochaines semaines, la classe jacassante va se mettre en pilotage automatique. Les médias feront assaut d’inventivité pour ne surtout pas évoquer en détail l’explosion des faillites d’entreprises.

En coulisses, des accords et des bricolages politiques vont se jouer pour savoir s’il faudra ou non voter l’inévitable censure qui sera déposée par l’un ou l’autre parti des deux bords de l’Assemblée : tant le Rassemblement National que la France Insoumise ont annoncé vouloir voter cette censure et seules les petites magouilles – comme la nomination croquignolette de Najat Vallaud-Belkacem à la Cour des Comptes – donneront au Parti Socialiste une raison de s’abstenir.

Si le gouvernement saute, il est assez probable que le gouvernement suivant – que Macron aura bien du mal à former – ne pourra rien proposer de plus musclé. Et si le locataire de l’Élysée décide de dissoudre l’Assemblée, ce sera pour gérer un rapport de force sensiblement équivalent avec une absence de majorité claire ou, pire encore, sans plus aucune majorité même relative, les deux extrêmes bénéficiant en ce moment de l’impéritie consternante du pouvoir actuel.

Dans tous les cas, on peut garantir que tous s’entendront comme des larrons en foire pour détricoter rapidement, de contre-propositions en amendements épicés, les quelques baisses de dépenses péniblement proposées par l’amibe molle qui sert de Premier ministre.

Dès lors, comment imaginer que la situation va, ensuite, s’améliorer ? Il suffit de voir les propositions toutes aussi farfelues que collectivistes de tous les partis en présence pour comprendre que le pillage va continuer et qu’en conséquence de ce dernier, les finances publiques vont passer de mauvaises à catastrophiques, de plus en plus vite.

Que l’étape suivante soit une tutelle du FMI, de la BCE, ou un effondrement économique tel que le chef de l’État en vienne à utiliser l’article 16, finalement, peu importe : trop de Français et trop de responsables politiques restent persuadés que le problème vient non pas de dépenses délirantes mais de ponctions insuffisamment musclées et de vilains « riches » qui échappent au fisc.

Cet entêtement à ne pas comprendre l’économie de base, à refuser de reprendre en main, sérieusement, les dépenses publiques pousse à présent la France dans une spirale délétère dans laquelle les « efforts budgétaires » – qui consistent systématiquement à taper de plus en plus fort sur des Nicolas Qui Paient pourtant de moins en moins nombreux – ne produisent plus d’effets même vaguement positifs mais seulement des effets négatifs en cascade (fuite des travailleurs compétents, fermeture d’entreprises, fuite de capitaux, réduction d’activité, etc.) qui accroissent le problème d’endettement.


Certes, tant que l’État prétend pouvoir lever l’impôt (quitte à user d’une force de plus en plus visible), la confiance des investisseurs permettra de tempérer les taux d’emprunts. Mais on s’approche dangereusement du moment où même confiants, ces investisseurs comprendront que l’animal a été trait jusqu’à la dernière goutte, qu’il n’y a plus rien à en tirer et que la seule façon d’éviter le défaut de paiement consistera à taper dans les comptes courants et dans les instruments d’épargnes les plus tendres et juteux.

Ce n’est pas un hasard si certains médias regardent avec gourmandise l’encours des comptes courants et insistent sur sa moyenne (plus de 7000 euros) au lieu de sa médiane (autour de 1000) : bien manipulée, voilà une statistique qui autorise toutes les ponctions autoritaires. Ce n’est pas plus un hasard lorsqu’un autre article insiste sur la nécessité de consommer au lieu d’épargner afin de relancer l’économie : il faut commencer, dès à présent, à préparer les consciences pour ce qui va, inévitablement, arriver dans les prochains mois, à savoir une ponction autoritaire et violente dans le bas de laine des Français.

Ce n’est pas comme si on n’avait pas été prévenus.


https://h16free.com/2025/07/21/81442-cette-petite-odeur-de-fmi

19 juillet 2025

Gastel Etzwane

-19/7/2025- Dans un entretien accordé à Valeurs Actuelles le 16 juillet 2025, l’économiste Marc Touati formule une critique sévère des pistes budgétaires envisagées par François Bayrou pour 2026, estimant qu’elles sont à la fois inefficaces, inadaptées et contre-productives. Selon lui, l’idée d’un budget fondé sur de simples mesures d’ajustement conjoncturel, comme la désindexation temporaire des prestations (« année blanche »), n’est qu’un expédient sans portée structurelle, incapable de réformer en profondeur des finances publiques en dérive depuis plusieurs décennies. Touati préconise une « thérapie de choc bienveillante » reposant sur une baisse massive des impôts (qui créerait un manque à gagner de 50 milliards d’euros) compensée par la croissance et la suppression de nombreuses niches fiscales, permettant à elle seule de récupérer environ 30 milliards d’euros. Il juge impératif de réduire de 50 milliards d’euros les dépenses de fonctionnement de l’État, qui représentent désormais plus de 32 % des dépenses publiques, et s’élèvent à 539 milliards d’euros par an. Il appelle également à une lutte ferme contre la fraude fiscale (30 à 50 milliards) et sociale (20 à 40 milliards), ainsi qu’à une rationalisation des ODAC, ces organismes publics coûteux et peu transparents. À ses yeux, continuer dans la voie actuelle – consistant à repousser les réformes de fond et à alourdir sans cesse les prélèvements – reviendrait à précipiter le pays dans une impasse financière et sociale. Il souligne que la charge d’intérêts de la dette atteindra 70 milliards d’euros en 2025, et avoisinera les 1000 milliards cumulés d’ici 2030. Dans ce contexte, il rappelle qu’une mesure comme la suppression de deux jours fériés, pourtant envisagée par certains membres du gouvernement, ne rapporterait qu’environ 2 milliards d’euros dans le meilleur des cas, une goutte d’eau comparée au coût des seuls intérêts versés chaque année à nos créanciers. Il ajoute enfin que ni le gouvernement ni les institutions publiques ne fournissent la moindre transparence sur l’identité réelle de ces créanciers étrangers, dont les intérêts sont ainsi priorisés au détriment des sacrifices demandés aux Français.

14 juillet 2025

Un effort intense vers la faillite

H16

-14/7/2025- Alors que les députés s’apprêtent à prendre de longues vacances peu méritées vu la qualité générale de leurs prestations, aucun budget sérieux ne semble pour le moment se dégager pour l’année 2026. Pour un budget que tout le monde attend, c’est plutôt gênant…


Oh, bien sûr, il y a bien eu quelques interventions gouvernementales dans les médias, mais François Bayrou a tenu à conserver un maximum de discrétion sur les orientations globales du prochain budget. Pour faire passer la pilule (et rassurer les investisseurs étrangers qui permettent de « faire rouler » la dette française), le Premier ministre a tenu à rappeler qu’il faisait sa priorité du redressement des finances publiques, sans toutefois dévoiler la moindre piste solide de solution censée sortir la France « piège mortel de la dette », selon son expression.

Ou presque, puisque jeudi dernier sur LCI, interrogé sur la manière de combler le déficit public il a tout de même expliqué qu’il ne voyait « pas principalement » de solution dans la hausse des impôts.

Voilà qui rassure ! Le tabassage fiscal ne sera pas total, puisque le gouvernement laisse entendre que d’autres pistes sont envisagées… En surcroît de hausses d’impôts, bien évidemment : « Il peut y avoir ici ou là des efforts particuliers, mais je ne crois pas que ce soit par l’impôt qu’on résout des problèmes de cet ordre. »

Ah, ce brave François ! Jamais en retard pour expliciter une évidence ! Combien de temps lui faudra-t-il pour faire l’exact contraire de ce qu’il a dit ? Pour le moment en effet, les rares éléments dont dispose la presse indiquent que le premier ministre voudrait s’orienter vers une baisse des dépenses.

Youpi pourrait-on dire, sauf qu’on évoque ici 40 milliards d’euros de coupes à trouver dans des services de l’État qui n’ont jamais été habitués à la moindre réduction de train de vie ; car si la qualité des services publics effectivement rendus s’effondre assez clairement d’année en année, les budgets des différents ministères, des agences, des commissions et hautotorités diverses et variées de la République n’ont, eux, jamais diminué. La seule façon de présenter « une diminution » de ces budgets consiste à les rapporter au PIB français et à montrer qu’ils augmentent moins vite que ce PIB.


Cela fait des mois, des années qu’on évoque l’idée de stabilisation de la dette (ainsi, il y a un an, on comprenait déjà confusément que des efforts inédits devraient être faits). Cela fait des années que des dépenses (pour des milliards d’euros) auraient dû être réduites voire interrompues et qu’il n’en a rien été. Cela fait des mois que la situation est critique, l’établissement du budget 2025 ayant amplement montré la déroute complète des finances françaises, mais ça se réveille maintenant, à quelques heures de présenter un budget pour lequel Bayrou prétend proposer des choses qui ne se sont jamais faites auparavant.

En réalité, Bayrou va très probablement proposer simplement une « année blanche » pour les budgets, c’est-à-dire une simple reproduction du budget 2025, sans augmentation et sans tenir compte de l’inflation, ce qui permettrait de réaliser quelques économies – estimées entre 10 et 40 milliards d’euros selon les sources – et ramener le déficit public à environ 4,6 % du PIB, sans recourir à une hausse généralisée des impôts.

Sans augmentation, certes, mais sans baisse de dépenses non plus. Eh oui.


Il apparaît évident que la matrice intellectuelle des politicards actuels ne permet pas les coupes drastiques qui sont pourtant absolument nécessaires pour infléchir la trajectoire catastrophique des finances actuelles. Aucune coupe claire, massive pourtant indispensable non pas pour commencer à diminuer le poids de la dette, mais pour simplement arrêter l’hémorragie.

Et lorsqu’on parle en effet « d’économiser 40 milliards », le budget sera cette année encore – comme les 50+ passées – voté en déficit, et un déficit de plusieurs dizaines de milliards, même après ces fausses économies (i.e. un arrêt de la hausse des dépenses au lieu d’une réelle baisse).

Bref, l’analyse même rapide de la situation montre qu’il ne s’agit pas de grappiller quelques milliards ici ou là pour retrouver un budget à peu près équilibré, mais qu’il s’agit plutôt de 100 milliards à couper, plusieurs années de suite, pour compenser les graves dérives de 50 ans de socialisme et d’un macronisme délirant. En fait, on évoque ici ou là un « effort intense ». Effort intense dont une « année blanche » n’est même pas le début.

Or, en face de cet effort intense, qui trouve-t-on ?

De façon aussi réaliste que possible, quels seront ces Français sur lesquels reposeront ces « efforts intenses » ?

Les retraités ? Principal de l’électorat de la masse républicaine molle (les divers parfums de socialistes de gauche, du centre et de droite, depuis le PS officiel jusqu’aux Républicains les plus nombreux), la probabilité que l’effort leur soit demandé est à peu près nulle. En outre, tripoter actuellement le moindre paramètre des pensions et des cotisations revient à déclencher des mobilisations majeures dans tout le pays, ce qui exclut d’emblée ce genre d’ajustements budgétaires.

Peut-on envisager réalistiquement que l’effort portera sur les classes modestes, les bataillons de fonctionnaires des trois fonctions publiques ? Là encore, personne au gouvernement ne doute de la capacité de mobilisation de ceux qui, en substance, bénéficient le plus de la redistribution sociale. Il n’y aura donc que des petits bricolages à la marge dans ces catégories.

Il ne restera donc évidemment que la classe moyenne – autrement dit les Nicolas de tout le pays, ceux qui payent pour tout plein pot et n’ont en retour droit à aucune facilité fiscale et sociale – pour faire « l’effort intense » qui se profile.

Et comme cet effort intense, cette classe moyenne le réalise déjà à son maximum depuis des années et qu’elle n’a maintenant plus aucune marge de manœuvre, il apparaît tout aussi évident qu’il n’aura pas lieu, ou pas suffisamment pour atteindre les objectifs délirants d’une classe politique complètement incapable d’arrêter les sprinklers à pognon public qui arrosent leur électorat.

En bref, l’effort intense sera court, inutile et ne fera qu’accélérer l’ultime issue : la faillite.


10 juillet 2025

Kuzmanovic Georges
10/7/2025

Effondrement...

La France traverse une grave crise économique – et elle ne fait que s’aggraver.

• Krach massif des PME sur tout le territoire.
• De nombreuses entreprises emblématiques tombent : Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, France Solar, Casa France, Carmat, etc.
• Les tribunaux de commerce sont saturés de procédures de faillite.
• Au premier trimestre 2025, 17 897 entreprises ont été placées sous procédure judiciaire : 5 240 en redressement, 12 266 en liquidation.
• En 2024, le nombre de procédures a atteint son niveau le plus élevé depuis 15 ans – depuis la crise de 2008 jamais vraiment résorbée. L’année 2025 s’annonce encore pire.

Pourquoi cet effondrement ?

• Le prix de l’énergie (merci Bruxelles : les sanctions contre la Russie aggravent encore les absurdités de l’UE).
• L’inflation alimentaire.
• Les guerres commerciales lancées par notre "allié", les États-Unis.
• Une fiscalité écrasante et une bureaucratie franco-européenne étouffante.
Mais surtout :
• Un État faible avec les puissants, mais autoritaire et contraignant pour les petits.
• Un néolibéralisme qui met l’État au service d’une oligarchie financière, bien souvent étrangère.
• Le culte européen du libre-échange, qui expose nos entreprises à une concurrence déloyale à l’échelle mondiale.
• L’absence totale de planification industrielle – pire, une désindustrialisation accélérée.
Rendons hommage à Olivier Marleix, l’un des rares à avoir lutté sans relâche contre la désindustrialisation et dénoncé les destructions causées par la Macronie.
• Une montée en puissance technologique et industrielle des pays des BRICS et du Sud global, qui n’ont désormais plus besoin de nous – conséquence directe de 40 ans de délocalisations au nom du profit d’une poignée de milliardaires.
Pour nous en sortir : il nous faudra de la ténacité, des sacrifices collectifs, du travail – et surtout une volonté politique ferme, qui serve la France et les intérêts de son peuple.