H16
31/10/2025
 Nous sommes fin octobre, et le budget 2026 est toujours en discussion : les parlementaires se succèdent à l’Assemblée, le débat s’éternise, et c’est le Black Friday des taxes (et « deux pour le prix de trois »).
Si l’on s’en tient aux discussions, il n’y a pas de doute : la France, pays clairement sous-fiscalisé au point d’être quasiment une Suisse avec des croissants, ne parvient plus à boucler ses budgets par un manque criant de recettes. Entre des impôts trop faibles, dont la collecte semble hasardeuse, des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres et des niches fiscales trop nombreuses qui transforment la France en véritable paradis fiscal, pas de doute pour nos parlementaires, il faut frapper plus fort.
Si, à présent, l’on sonde les Français eux-mêmes, ceux que nos effervescents parlementaires taxophiles sont censés représenter, le doute s’installe. Pour eux (et à 91%), le pays va assez clairement « dans la mauvaise direction ». S’ils s’inquiètent bien sûr de certaines inégalités, leurs préoccupations sont dominées par l’inflation, les impôts et les taxes trop élevées. Et non seulement ce sondage illustre bien cette tendance hautement pessimiste, mais il montre qu’elle est en hausse.
Sacrés Français ! Toujours à râler !
Pourtant, la réalité semble donner raison à leur perception, tant les éléments factuels s’accumulent dans leur sens.
Ainsi, la croissance française reste atone et la croissance en berne, pendant que les ménages épargnent comme jamais. Selon l’INSEE, au deuxième trimestre 2025, même si l’inflation ralentit (autour de 2,3 %) et le taux de chômage est stable à 7,5 %, la croissance n’atteint qu’un petit 0,5 %, présenté comme fulgurant et digne d’une ferveur extatique de la part d’une presse décidément en pleine banqueroute intellectuelle.
Et comme le mentionnait un article du Monde d’il y a quelques semaines, le taux d’épargne des ménages français atteint 18,8 % du revenu disponible brut au deuxième trimestre 2025, ce qui constitue un record depuis les années 1970.
Concrètement, cela veut dire qu’en moyenne, près d’un euro sur cinq ne circule pas dans l’économie mais reste dans le système bancaire. Pire, c’est un euro qui dort, en pyjama rayé, sur les comptes courant très souvent non rémunérés : autant de perte pour leur propriétaire, et autant de perte pour une partie de l’économie française qui ne peut bénéficier de mettre cet euro au travail. La prudence des ménages transforme leur (absence de) consommation en une sorte de « compte-épargne géant avant la tempête », avec des dépenses qui sont clairement mises en pause.
Fini le café à 5 €, la machine à café design ou le billet de train « juste parce que » : chaque dépense est de plus en plus minutieusement pesée et à l’approche du « Black Friday », il apparaît évident que d’un côté, le consommateur français tente un timide « J’aimerais bien en profiter » mais que son compte en banque lui répond vertement « Bah non », le dur crépi de la réalité venant frotter les joues tendres des plus naïfs.
Cette période, traditionnellement vécue comme un ballon d’oxygène pour les commerçant, accumule cependant les signaux négatifs. Ainsi, les études sur la consommation des Français montrent sa baisse tendancielle, et les enseignes notent de leur côté que le panier moyen se réduit, les consommateurs se concentrant sur les « bonnes affaires utiles » (électroménager, téléphonie, carburant, énergie, etc.) nettement plus rares. Au final, beaucoup de ménages reportent leurs achats à janvier, espérant des baisses de prix encore plus fortes ou un contexte plus clair.
En somme, c’est un changement progressif mais majeur dans le comportement des Français qui anticipent un accroissement des difficultés économiques. On se demande pourquoi, alors que les services publics n’ont jamais été d’aussi bonne qualité, que le Président et sa cour ne parlent que de guerroyer, que l’Assemblée bruisse du seul mot « taxe », que les agences de notations exsudent l’optimisme et la décontraction au sujet de la dette de l’État qui n’a jamais eu aussi bonne mine…
Peut-être cette méfiance s’est-elle développée à la suite des crises qu’on vient de traverser (COVID, inflation, guerre en Ukraine…) les forçant à faire attention, anticiper les imprévus que le pouvoir politique semble friand de générer, mélangée à l’actuelle incertitude politique et sociale (qui introduit un climat tendu à cause des menaces de réformes et de la peur du déclassement de plus en plus présente dans la population) ? Allez savoir. On pourra toujours y ajouter une hausse évidente du coût de la vie courante, dans l’énergie, le logement, l’alimentation, pour faire bonne mesure.
Enfin, la structure même de cette épargne, qui croît essentiellement grâce aux individus de 50 ans et plus, rappellera que les jeunes générations sont actuellement les moins capables d’épargner. Cela tombe bien puisque les efforts qui s’annoncent – notamment fiscaux – portent essentiellement sur ces dernières.
Tous les indicateurs macro-économiques montrent un affaiblissement de plus en plus inquiétant de la dynamique française, avec une quasi-« japonisation » de l’économie, caractérisée par une croissance atone, des ménages de plus en plus prudents et un vieillissement accéléré de la population.
Face à ce repliement, la députaillerie semble pourtant acquise aux causes les plus socialistes et spoliatrices du moment : depuis les taxes tous azimuts jusqu’à la volonté de supprimer l’héritage, quasiment tout le spectre politique français semble être parti en guerre contre le bas de laine des Français. Et plus ces derniers tentent de mettre quelques sous hors de portée du fisc, plus le législateur lance de véritables fatwas contre le cochon-tirelire de l’épargne de la classe moyenne.
D’un côté, les Français n’ont jamais mis autant de côté, de l’autre les parlementaires font tout pour aspirer l’épargne. La dynamique financière du pays ainsi expliquée, on comprend immédiatement qui est du côté de la création de richesse et qui est du côté du pillage. Les Français épargnent par prudence, l’État dépense par compulsion et quelque part entre les deux, la croissance agonise discrètement.
Et plus rien ne retient l’État dans sa boulimie suicidaire.









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