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17 novembre 2023

[Éducation nationale]

René Chiche

Je n'ai pas critiqué l'action du ministre Gabriel Attal jusqu'à présent, parce qu'elle va dans le bon sens. En revanche, je tombe des nues en découvrant le caractère totalement superficiel et improvisé de la mission dite "exigence des savoirs".
Cette mission "éclair" lancée le 5 octobre, sans que la moindre lettre de mission n'ait encore été publiée à ce jour, doit rendre ses conclusions fin novembre tout en procédant d'ici-là, parait-il, à des auditions des organisations concernées ainsi qu'à une consultation des 860 000 enseignants.
Nul ne peut croire qu'un simple questionnaire conçu à la hâte puisse tenir lieu de consultation de ces derniers, si tant est qu'il y ait lieu de les consulter individuellement, ce dont je ne suis pas du tout convaincu. Et nul ne peut croire non plus que des questions "à choix multiples" fermées puissent servir à autre chose qu'à valider des décisions déjà arrêtées et à éluder une fois de plus les vrais sujets. Certes, le questionnaire est conçu pour être renseigné en moins de cinq minutes, ce qui peut expliquer que les intéressés soient nombreux à le renseigner au point que le ministre se flatte le 8 novembre devant les sénateurs d'avoir déjà obtenu 100 000 réponses.
Mais je prie mesdames et messieurs les sénateurs de bien vouloir prendre cette annonce avec des pincettes : on peut remplir le questionnaire autant de fois que l'on veut et il peut être rempli par n'importe qui, ma voisine aussi bien, puisqu'il n'y a aucune étape d'identification. Ce chiffre de 100 000 réponses est donc totalement invérifiable !
Ce n'est pas sérieux.
Je n'avais aucun a priori sur cette mission au moment où elle a été lancée bien que les délais me paraissaient déjà totalement incompatibles avec son objet : une "mission éclair" pour faire face au mal du siècle ? De qui se moque-t-on ? Le "choc des savoirs" (expression dépourvue de sens autant que d'élégance) risque bien de ne produire qu'un pshitt ou un prout !
La désinstruction est un sujet grave, aux aspects multiples. Le niveau de certains bacheliers est proche de l'illettrisme, les lacunes de tous ordres sont immenses et conduisent à devoir proposer ou imposer de la "remédiation" dès l'entrée dans l'enseignement supérieur ; l'exposition prématurée aux écrans cause par ailleurs des dégâts considérables sur les capacités cognitives de toute une génération pendant que des élus locaux irresponsables continuent d'amputer le budget de réfection des routes pour pouvoir se vanter d'équiper les enfants en tablettes ; les programmes scolaires rédigés par la DGESCO sont devenus des pavés illisibles dignes de figurer dans une comédie de Molière et c'est pourtant aux mêmes que l'on confie le soin de chercher les moyens permettant d'améliorer le niveau scolaire ; les heures de rien continuent à envahir le temps scolaire au détriment des heures d'enseignement disciplinaire.
Les remèdes sont en réalité très simples, mais ce n'est certainement pas aux inventeurs du "référentiel bondissant", des "programmes spiralaires" et des lieux de "bienvivance" qu'il faut confier la tâche de dire comment reconstruire l'école.
Recrutez d'excellents maîtres et fichez-leur la paix, d'abord ! Donnez aux élèves des conditions d'étude dignes dans des lieux qui ressemblent à des écoles et non à des parcs d'activité ou des antichambres de Pôle emploi ! Rendez à chacun sa place dans l'institution et rappelez à l'administration qu'elle est au service des enseignants et non l'inverse ! Videz les programmes de cette grotesque logorrhée sur les "compétences" afin qu'ils se bornent à énoncer clairement les connaissances qui doivent être acquises chaque année ! Interdisez les smartphones et les tablettes en classe !
A-t-on besoin d'une "mission" pour ça ? Non ! Il suffit d'une volonté politique et que le ministre fasse preuve d'un peu d'autorité pour ne pas se laisser dicter sa conduite en ce domaine par son administration ou par des syndicats majoritaires qui s'accommodent de la désinstruction autant qu'ils y prennent part.

30 septembre 2023

René Chiche

Ainsi, Gabriel Attal veut introduire des cours d'empathie dès la maternelle.
Je n'ai rien contre, si du moins cela ne se fait pas une fois de plus au détriment de la transmission des connaissances, laquelle, lorsqu'elle est convenablement pratiquée, n'exerce pas seulement l'intelligence mais cultive également la forme humaine de l'affectivité, ce que le nom même d'Humanités suffisait jadis à indiquer.
Attendons d'en savoir plus avant de se mettre à jaser au quart de tour.
Ce qu'en revanche je puis d'ores et déjà dire à ce sujet, c'est que les premiers à qui il faudrait donner des cours d'empathie, ce sont les recteurs.
Et les DRH.
Et les secrétaires généraux d'académie.
Et les inspecteurs.
Enfin la plupart d'entre eux.
Nota : je suis volontaire.

17 septembre 2023

Les points sur les i...

René Chiche

Il y a dans l'Éducation nationale des gens qui sont en dessous de tout, et il faut le dire.
L'affaire du l'adolescent qui s'est suicidé après avoir été harcelé et dont les parents ont reçu un courrier ignoble de la part du rectorat de Versailles est un cas d'école.
Beaucoup mettent en cause l'ex-rectrice mais les choses ne sont pas aussi simples, ce n'est évidemment pas elle qui a écrit ce courrier. Le problème est plus profond, et pour cette raison plus grave.
Quand vous avez des représentants syndicaux (sauf nous, à Action & Démocratie/CFE-CGC), qui réclament "plus de formation" [sic] après tel et tel drame (attentat, décapitation d'un collègue, harcèlement), vous vous dites que ces gens-là font partie du problème, voire qu'ils sont le problème.
On agite le mot "harcèlement", comme s'il s'agissait de quelque chose de nouveau. Non, il y a seulement des méchants qui pourrissent la vie de braves gens. Mais il y a aussi des spectateurs qui ne font rien parce qu'ils ont peur, n'ont pas de consignes ou sont insensibles à la souffrance.
Je le dis avec tristesse et gravité : les enseignants, CPE, chefs d'établissement qui refusent d'écouter les victimes ou prétendent qu'elles exagèrent sont les vrais responsables du "harcèlement".
J'ai dû retirer mon fils du collège pour de telles raisons : persécuté par des gamins méchants, mais avec la complicité d'adultes, notamment un CPE tordu. Mon fils avait passé une journée avec la jambe cassée en se plaignant et les adultes "responsables" de l'établissement, surveillants et CPE en tête, l'accusaient de faire du cinéma, lui disant que ce n'était pas si grave. Jusqu'à ce qu'on apprenne aux urgences qu'il avait bien une fracture ! Bien entendu, il n'a plus remis les pieds dans ce collège et s'en est ensuite porté très bien.
Depuis, je pense aux milliers, aux dizaines de milliers, aux centaines de milliers de jeunes gens dans des situations semblables ou analogues.
Il faut en finir.
La personne du rectorat de Versailles qui a écrit cette lettre ignoble, même si elle doit évidemment être sanctionnée, ne doit pas pour autant servir de bouc émissaire et permettre que les responsabilités de tous, y compris de tel enseignant, tel chef d'établissement et jusqu'à tel chef de service, tel recteur, ne soient pas recherchées.
Il est grand temps que tous ceux qui collaborent à l'état lamentable dans lequel se trouve désormais l'éducation nationale se relèvent enfin et demandent pardon.
Ceux qui mentent aux élèves sur leur niveau ; ceux qui regardent ailleurs quand certains se font persécuter ; ceux qui font de la merde en profitant de la démagogie et du laxisme ambiant au lieu d'instruire leurs élèves ; ceux qui ont osé mettre des heures de colle à des élèves qui ne portaient pas bien le masque au lieu de se comporter en adulte raisonnable et responsable. Tous.
J'attends aussi du ministre une réaction à la hauteur. Ses mots sont justes, voyons maintenant ses actes.

24 août 2023

René Chiche

22/8/2017 - Il ne m’a pas échappé que le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer affiche une entente cordiale et une collaboration efficace avec son homologue de la culture, ce qui est une excellente chose à tout point de vue. Aussi voudrais-je en profiter pour les interpeller conjointement et leur soumettre une proposition qui, sans être onéreuse d’un point de vue budgétaire, serait néanmoins susceptible de produire des effets très positifs dans le quotidien de l’école, et à plus long terme dans celui de la nation. On a trop souvent l’impression, quand on entre dans un établissement scolaire, de mettre le pied dans l’antichambre de Pôle emploi, tant les bâtiments, à l’exception de rares écoles implantées dans des monuments classés ou dignes de figurer à l’inventaire des monuments historiques, sont en général sans âme et n’inspirent aucun sentiment particulier, alors que la disposition des affects et la préparation de l’imagination sont si indispensables à l’activité intellectuelle. Il faudrait que, dès qu’on pénètre dans un établissement scolaire, on sache immédiatement qu’on se trouve dans un lieu de culture et même, à vrai dire, de haute culture. Le moyen en est fort simple : il suffirait d’orner les couloirs et les salles de classes de belles reproductions d’œuvres, de citations bien choisies et à la typographie soignée, afin que partout où le regard se pose, ce dernier y trouve quelque chose à admirer. Ainsi, même dans la mémoire de l’élève le plus distrait cessant d’écouter le maître viendrait s’inscrire une de ces formules que des générations d’admirateurs ont conservées tant parce qu’elles ont enrichi la langue commune en donnant aux mots usuels une nouvelle profondeur que parce qu’elles sont elles-mêmes un trésor de nouvelles pensées. Les salles de classes également devraient être toutes baptisées, à l’instar des célèbres amphi Descartes et salle Cavaillès de la Sorbonne, du nom d’un de ces grands hommes et femmes dont le legs nous nourrit à chaque instant, qu’on le veuille ou non et qu’on le sache ou non, comme le philosophe Comte, en inventant la sociologie, l’a si justement remarqué, en identifiant la société au Grand-Etre c'est-à-dire à l’Humanité. Suivre un cours de mathématique en salle Euclide ou Fermat et un cours d’histoire en salle Michelet ou Thucydide, c’est tout de même autre chose qu’aller en 118 ou en 203 ! Laisser négligemment ses yeux errer sur le système géocentrique de Ptolémée en cours de physique, c’est tout de même mieux que plonger un regard vide sur les dalles froides et préfabriquées de murs et de plafonds qui sont communs aux écoles, aux hôpitaux et aux services administratifs des préfectures de province ! Et s’il faut des mécènes pour en équiper tous les établissements de France et de Navarre, gageons que Vinci ou Bouygues se précipiteront, quitte à vouloir apposer leur logo au bas des panneaux, lesquels seront éclipsés par les merveilles qui y occuperont malgré eux la plus belle place ! Faire des écoles d’ostentatoires établissements de culture, ce serait, Madame et Monsieur les Ministres, en faire les premiers remparts contre la folie fanatique qui se revendique de ce que bon lui semble et prospère comme le chiendent dans les esprits qu'on laisse en jachère !

21 juillet 2023

René Chiche

La jeunesse des quartiers populaires mérite mieux que la convergence des idioties. Elle mérite mieux que les éléments de langage de la fausse gauche assaisonnés aux points médians. Elle mérite mieux que Médiapart et Libération. Elle mérite mieux que la sollicitude méprisante des Plenel et de Lagasnerie.
Elle mérite le latin, le grec, la géométrie, la philosophie, Montesquieu et Verdi.
Elle mérite ce que toute jeunesse mérite.
Elle mérite le meilleur.
Point final.

25 mai 2023

René Chiche

Mesdames, messieurs,
Chers amis de la liberté et de la vérité,
Chers donateurs,
Un immense merci à vous !
Je vous prie de me pardonner tout d’abord si je ne prends pas le soin d’adresser à chacun un message personnel : je n’en ai tout simplement pas le temps, mon téléphone sonne sans arrêt et j’ai mille choses à faire en ce moment, mais j’espère bien pouvoir remercier chacun de vous pour son geste. Chaque don effectué sur cette cagnotte me touche en effet, et surtout m’oblige, au sens où l’on dit que noblesse oblige.
J’ai dû créer cette cagnotte à la hâte parce que le dépôt d’un recours au tribunal administratif ne peut attendre et que je me trouve en même temps privé de salaire, mais je tiens à le dire et le répéter : l’argent récolté par ce biais ne servira qu’aux frais de justice, Leetchi s’en portant également garant puisqu’il ne débloquera les fonds que sur production de justificatifs demandés à mes avocats. N’oubliez pas cependant que, tant au ministère de l’éducation nationale qu’à ceux qui l’ont poussé à déclencher cette procédure, non seulement tout cela ne coûte rien mais qu’ils le font avec l’argent du contribuable, c’est-à-dire avec le vôtre !
C’est pourquoi autant si ce n’est plus que le montant des dons, c’est le nombre de donateurs qui importe et montrera aux ennemis de la liberté qu’ils ont déjà perdu. Je suis convaincu que la liberté d’expression sortira renforcée de ce combat, que tout professeur sera conforté par le juge non seulement dans son droit mais aussi dans son devoir de dire et d’écrire ce qu’il pense, et qu’il sera confirmé au représentant syndical que je suis de pouvoir dire sans entrave des vérités qui dérangent, en ne respectant à cet effet que les limites établies par la loi et non les fantaisies édictées par des gens qui ne supportent pas d’être contredits et ne sont que de passage.
Voilà pourquoi je vous invite encore une fois à communiquer le lien vers cette cagnotte à une, deux, trois personnes en leur indiquant que l’affaire René Chiche est en réalité l’affaire de tous.
Mon comité de soutien et moi-même vous tiendrons régulièrement informés, et je laisse mes avocats quant à eux procéder sous leur responsabilité à la publication des documents émanant de l’administration, lesquels contiennent notamment les propos qui me sont reprochés, chacun pouvant de la sorte se rendre compte de la situation de la liberté d’expression dans notre pays où, bientôt trois cents ans après Voltaire, l’on cherche encore à museler quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche mais sait au contraire en faire usage !
Avec toute ma gratitude, RC


[Tout ce qui concerne cette affaire sera développé, étayé et communiqué au public via un site internet en cours de construction. J'y mettrai à disposition du public la prose de l'administration en son intégralité afin que chacun puisse vérifier qu'on ne me poursuit que pour mon expression parfois virulente sur Twitter, qualifiée d'outrancière comme si cela était une faute. Je n'ai pas l'intention de laisser des voyous en col blanc se servir des institutions de la République pour tuer la critique, répandre la peur, instaurer la censure et continuer leurs méfaits, notamment en criminalisant toute opposition véritable et en privant de la sorte la démocratie d'un débat public digne de ce nom. Je n'ai pas non plus l'intention de laisser tranquilles ceux qui ont initié cette procédure d'un autre âge, ceux qui y ont collaboré, ceux qui y ont participé à un degré ou un autre, ceux qui ont laissé faire, ceux qui ont applaudi : tous seront mis en face de ce qu'ils sont, et certains en face de leur responsabilité pénale, y compris des personnalités publiques ou des représentants syndicaux.]

16 mai 2023

René Chiche

J’ai été exclu de mes fonctions pour une durée de trois mois par un arrêté du ministre de l'éducation nationale en date du 11 avril 2023 considérant que certains propos que j'avais tenus sur les réseaux sociaux, à la radio et à la télévision étaient contraire à « l’exigence d’exemplarité incombant plus particulièrement aux personnels enseignants » et « portaient atteinte à l'image et la réputation du service public de l’éducation nationale ». Ces reproches sont stupéfiants et nullement fondés.
J'ai donc décidé de déposer un recours auprès du tribunal administratif pour faire annuler cet arrêté. J'ai confié au cabinet de Maître Jérémie ASSOUS le soin de défendre mes intérêts contre le ministère de l'éducation nationale, ainsi que par voie de conséquence celui de défendre la liberté d'expression contre un pouvoir exécutif qui a tendance à outrepasser ses prérogatives en ce domaine comme en tant d’autres. Au-delà de ma situation personnelle, cette démarche intéressera tout professeur, tout personnel de l'éducation nationale et plus largement tout agent public : elle permettra en effet au juge de dire si un agent de la fonction publique, et dans le cas d'espèce un professeur, peut encore en France exprimer ses opinions sans être inquiété.
Ce n'est pas tout. Le 7 mai 2023, au cours de l'émission Dimanche en politique diffusée sur la chaîne du service public France 3, alors qu’il était interrogé sur « l’affaire des professeurs de philosophie suspendus pour leurs tweets », le ministre Pap NDIAYE a qualifié mes propos d' « outranciers et de complotistes (sic) » tout en citant, de façon incomplète d'ailleurs, un tweet qui fait cependant l'objet d'une procédure judiciaire suite à la plainte que la députée Aurore BERGÉ a portée en cette qualité contre moi. La proximité affichée entre ces deux personnalités met en question la nature exacte des poursuites engagées contre moi et un possible détournement de la procédure disciplinaire pour des motifs politiques. Il se trouve que les conditions dans lesquelles cette procédure a été engagée sont obscures, pour ne pas dire suspectes. Je souhaite que toute la lumière soit faite à ce sujet. J'ai donc décidé de porter plainte également auprès du procureur de la République pour les multiples infractions pénales qui sont susceptibles d’avoir été commises lors de cette affaire, et j'ai donné mandat à Maître Ludovic HERINGUEZ pour ce faire.
Ces procédures ont un coût que je ne suis pas en état de supporter, et ce indépendamment de la privation de salaire pendant trois mois.
J’ai reçu d’innombrables messages de soutien sur les réseaux sociaux, par courriel, par courrier, par téléphone. Je remercie toutes les personnes qui me les ont adressés, qu’elles soient d’accord ou non avec les opinions que j’ai exprimées. Je leur demande de bien vouloir participer à la cagnotte que j’ai ouverte sur leetchi afin de me permettre de faire face aux frais de justice. Cette cagnotte n’a absolument pas pour but de compenser ma perte de salaire, car je compte bien gagner au tribunal ! Il s’agit uniquement des frais de justice et je rendrai compte sur ce site de l’utilisation de l’argent collecté en publiant toutes les factures d’avocat tandis que l’éventuel surplus sera reversé pour soutenir quelque action servant un intérêt public analogue à celui qui est ici en cause.
Tel est le premier objet du site internet renechiche.fr bricolé à la hâte et dont je confierai la construction et l'amélioration à un connaisseur. Ce site est également destiné à permettre à mes avocats de communiquer et de rendre publics sous leur responsabilité tous les documents qu’ils jugeront utiles de faire connaître. Ce site me permettra enfin de rectifier certaines inexactitudes lues dans la presse au sujet de cette affaire et de m’exprimer directement sur un certain nombre de sujets tels que le devoir de réserve, invoqué ici à tort, la liberté d’expression, qui est une conséquence de la liberté de penser, ou bien encore la place du professeur de philosophie dans la Cité ou l'instrumentalisation de la Shoah et tout autre sujet à propos desquels je désire livrer des réflexions utiles et contribuer à relever le niveau du débat public, actuellement au plus bas.
René CHICHE, 14 mai 2023

4 avril 2023

René Chiche

Mon travail consiste à intéresser des jeunes gens à Platon et Descartes.
J'exerce le métier de professeur de philosophie dans un pays où le chef de l'État s'exprime dans Pif Gadget et où un membre du gouvernement fait la Une de Playboy.
Je ne me suis jamais senti plus utile.

22 mars 2023

Les "représentants" du peuple

René Chiche

La foule n'a pas de légitimité, aurait affirmé Emmanuel Macron en ajoutant que le peuple, qui n'est pas la foule, s'exprime à travers ses élus.
Il a raison sur le premier point : la foule, la multitude, n'a aucune légitimité en tant que telle. La minorité présidentielle n'en a pas davantage, soit dit en passant. La foule est une quantité relative, le peuple une entité singulière.
Mais ceux qui disent que le peuple s'exprime à travers ses élus disent n'importe quoi. Le peuple n'a besoin de personne pour s'exprimer et ne délègue à personne ce pouvoir car il ne le peut pas. Le peuple s'exprime toujours directement, librement et très clairement, même quand il se tait. Les élus ne représentent pas le peuple : ce n'est qu'un abus de langage. Comment d'ailleurs le pourraient-ils ? Comment Aurore Bergé, Louis Boyard, Eric Ciotti ou Marine Le Pen pourraient-ils prétendre être les représentants du peuple ? Ils représentent dans le meilleur des cas leurs électeurs, voire une petite partie d'entre eux seulement.
Le peuple est là, partout, toujours et en même temps nulle part. Le peuple s'exprime cependant à l'occasion des élections, oui, cela est exact et les élections sont un beau rituel, mais il faut l'entendre correctement. Lors des élections, le peuple est consulté et l'ensemble des résultats constitue son expression. Y compris l'abstention. C'est là le point le plus important : le peuple exprime toujours sa volonté de la manière la plus limpide qui soit sans qu'il soit besoin de l'interpréter comme le prêtre devant le borborygme de la pythie. Le peuple s'exprime clairement même quand il ne va pas voter. Il s'agit ensuite de tenir compte ou pas de son expression, en fonction de son degré d'intelligence et d'honnêteté notamment. Mais de grâce, cessez de nous faire croire que vous êtes les représentants du peuple, mesdames et messieurs les élus ! Comme disait si bien Rousseau, vous n'en êtes dans le meilleur des cas que les commissaires.

17 février 2023

Le philosophe René Chiche persécuté par des membres du parti au pouvoir

René Chiche

J'apprends que Madame Aurore Bergé a effectivement déposé plainte contre moi avec constitution de partie civile pour un tweet du 27 décembre 2021 qui met les mots idoines sur un projet de loi destiné à "emmerder les non-vaccinés" (selon les mots du président de la République) en leur interdisant l'accès à certains lieux et services comme au bon vieux temps.
Madame Bergé, que je n'avais pourtant pas citée dans le fameux tweet, a estimé que j'avais commis par icelui le délit de diffamation publique envers un député. Je vais donc être mis en examen et devoir faire un cours de grammaire, de logique, de droit et de philosophie dans un tribunal, ce qui est en soi révélateur. Je ne vais cependant pas me dérober et suis ravi d'avoir l'occasion d'aller au fond, tant au sujet du délire juridico-sanitaire qui s'est alors donné libre cours qu'au sujet de l'instrumentalisation de la Shoah de la part de ceux qui m'imputent avec légèreté précisément ce qu'ils font.
Cela étant dit, je ne peux m'empêcher de considérer cette plainte comme une nouvelle preuve de l'acharnement dont je fais l'objet de la part des membres du parti au pouvoir. J'ai été publiquement traité de cinglé par Nicolas Bays, l'ex-conjoint d'Aurore Bergé, alors qu'il était chef de cabinet du ministre de l'éducation, emploi que je n'ose qualifier de fictif soit dit en passant, et je n'ai pas porté plainte alors qu'il y avait matière à le faire. L'éducation nationale a engagé dans des conditions plus que douteuses une procédure disciplinaire à mon encontre en me reprochant des tweets sur Macron, sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine, sur la politique sanitaire, etc. au nom du "devoir de réserve" et je n'ai pas encore répondu sur le terrain pénal alors qu'il y a matière. Je subis régulièrement des flots d'injures et des mises en cause de mes qualités et compétences, et je n'ai pas encore porté plainte alors qu'il y a surabondance de matière.
Je commence à en avoir assez.

2 février 2023

Motion référendaire : il faut la voter sans tergiverser

René Chiche

Je découvre que des députés qui se drapent régulièrement dans un antifascisme de bon aloi totalement anachronique pour se donner un air de gauche, refusent de voter une motion qui demande de renvoyer le projet de réforme des retraites devant le peuple sous prétexte que c'est celle du RN qui a été tirée au sort et non la leur. Honte à ces gens !
Peu importe qui dépose cette motion référendaire, il faut la voter sans tergiverser. Si ceux de la NUPES ne le font pas, c'est qu'ils préfèrent l'intérêt de leurs partis à celui des Français. Ce sont dès lors les idiots utiles du gouvernement. Et ceux qui prétendent que cette motion ne servira à rien parce que c'est le président qui décide en dernier ressort ont tort : une motion référendaire adoptée par le parlement à laquelle le président ne donnerait aucune suite ouvrirait une crise politique majeure nécessitant, au minimum, une dissolution de l'Assemblée nationale.
Et ceci explique hélas aussi peut-être cela...
Mais se moquer ainsi des gens qui font grève et manifestent serait lourd de conséquence.

22 janvier 2023

En grève !

René Chiche

Je suis en grève contre la réforme des retraites, et je participerai à toutes les grèves jusqu'au retrait de la mesure d'âge.

Mais je ne veux pas être pris pour un con. À partir du moment où l'on prélève 1/30e de mon traitement même pour une heure de cours non assurée, il est hors de question que je travaille et que ma grève ne dérange personne.

DONC : puisque j'avais prévu de corriger des copies ce jour-là, et puisque je suis en grève, eh bien je ne les corrigerai pas. Point.

Et puisque j'ai aussi prévu de corriger des copies le 31/01 et que je serai derechef en grève ce jour-là, eh bien je ne les corrigerai pas.

DONC : au second trimestre, zéro notes.

En toute légalité.

Faut pas pousser !

27 novembre 2022

Rebattons les cartes !

René Chiche

Jusqu'où et jusqu'à quand notre patience sera-t-elle abusée ? Les salles des professeurs et les réseaux sociaux sont remplis par nos lamentations, nos colères, nos frustrations, et pourtant rien ne change. Le niveau de nos élèves est toujours plus faible, notre hiérarchie toujours plus caponne, l'illusion de l' "innovation pédagogique" et de la "réussite" pour tous toujours plus prégnante, notre souffrance morale (et parfois physique) à son paroxysme. Cela n'est pas étonnant : notre quotidien professionnel ressemble à un monde renversé orwellien où l'on nous demande de faire ce que nous savons être profondément néfaste pour nous et pour les jeunes gens dont nous avons la charge.
Malgré l'urgence, vous êtes nombreux à voir dans les élections professionnelles à venir une énième mascarade qui reconduira les mêmes organisations syndicales moroses et impuissantes, lesquelles passent leur temps à réclamer "des moyens" sans plus savoir pourquoi elles les réclament, sans plus savoir quelles fins elles assignent à l'école. Des moyens, oui, mais pas pour faire n'importe quoi : pas pour une "innovation" à marche forcée, pas pour du "numérique éducatif" dont on connaît les effets délétères, pas pour des "projets" aux intitulés pompeux et sans le moindre fondement, pas pour des "sensibilisations" à ceci et à cela, pas pour des "concertations" et des "comités de pilotage", pas pour des "parcours citoyen/avenir...", pas pour des "évaluations d'établissements", pas pour du pipeau et des gadgets ! Les mesures pour rebâtir l'école et redonner leur sens à nos métiers sont pourtant si simples, si évidentes et connues de tous ceux qui sont sur le terrain, aux antipodes des lubies idéologiques portées par des organisations hors-sol.
Mais il existe désormais une alternative ; elle porte le nom d'Action & Démocratie, jeune syndicat combatif, authentiquement apolitique, attaché à la transmission des savoirs et au maintien des repères, animé par une très haute idée de l'école et enfin défenseur farouche des personnels qui la font vivre. Nous ne nous sommes pas laissés gagner par une routine syndicaliste : c'est la clef de notre efficacité et de notre succès. C'est par un tel syndicat que vous devriez être représenté si vous croyez encore au changement et que vous souhaitez transformer votre colère en action. Si vous vous dites que voter ne sert à rien, c'est que vous n'avez pas essayé Action & Démocratie !
Entre le 1er et le 8 décembre, vous avez la possibilité d'agir pour inverser la tendance, rompre avec la morosité et retrouver l'espoir. Ne déplorez pas dans votre coin les effets dont Action & Démocratie CFE-CGC combat les causes : votez simplement A&D !

https://actionetdemocratie.com/rebattons-les-cartes/?fbclid=IwAR3c_90c1pXnDQXxiDa6N5nSxos6ojWvH7WGZXUak5dKkAsCesIxo6zQq5s


8 novembre 2022

Le délit d'opinion est-il rétabli ?

René Chiche
Professeur de philosophie

☐ Dans une lettre de quatre pages en date du 16 septembre qui m'a été adressée en recommandé avec accusé de réception par le recteur de l'académie d'Aix-Marseille, Bernard Beignier, et signée par le nouveau secrétaire général de ladite académie, j'apprends que j'aurais "commis des faits" (sic) d'une particulière "gravité" en exprimant certaines opinions sur le réseau social Twitter nécessitant l'engagement d'une procédure disciplinaire lourde à mon encontre, avec tout le tralala, à savoir convocation devant une commission administrative paritaire académique des agrégés siégeant en formation disciplinaire, invitée à apprécier et sanctionner mes prétendus manquement à mes obligations professionnelles, "notamment en termes de loyauté, de correction, de dignité, de réserve, de neutralité, d'exemplarité ainsi que d'atteinte à l'image et à la réputation du service public d'enseignement".
Cette lettre que je ne peux pas rendre publique pour l'instant consiste à citer avec moult inexactitudes une vingtaine de mes propos tenus sur le réseau social Twitter parmi les dix-sept-mille-six-cents que j'y ai publiés depuis que j'y suis inscrit. J'ai mis deux jours à la lire jusqu'au bout tant elle me tombait des mains à chaque ligne. En la lisant me sont revenues les paroles que Platon met dans la bouche de Socrate au moment de son procès : en écoutant mes accusateurs, j'ai presqu'oublié qui j'étais, tant leur discours étaient persuasifs. Mais passons. Ce procédé rhétorique est en l'espèce si mal employé qu'il ne mérite pas que je vienne mêler Socrate à cette farce. Je n'ai pas coutume de faire état des mots de remerciements que je reçois parfois de la part d'anciens élèves : je me contente d'en glisser quelques-uns dans mon petit cartable, cartable que je n'ouvre d'ailleurs jamais mais que je ne quitte jamais non plus pour cette raison, et cela me suffit pour me rappeler qui je suis.
L'engagement de cette procédure disciplinaire m'a été annoncé alors que je suis fort impliqué dans les élections professionnelles, conduisant notamment la liste d'Action & Démocratie/CFE-CGC au scrutin du Comité social d'administration ministériel et figurant également en position éligible sur la liste que nous présentons au Comité social d'administration de l'académie d'Aix-Marseille. Inutile de souligner que les membres de ladite commission paritaire siégeant en formation disciplinaire, s'agissant de ceux qui y représentent les personnels, sont également candidats à ces élections en sorte que l'on me convoque à une commission composée de représentants d'organisations syndicales concurrentes, et dont certains sont, qui plus est, des adversaires, voire des ennemis personnels de longue date comme peuvent en témoigner quelques-uns ici même.
J'ai été contraint, samedi 5 novembre, à rendre public le fait qu'une procédure disciplinaire était engagée contre moi car cette nouvelle avait commencé à circuler au sein de l'académie alors que, depuis plus d'un mois, je m'astreignais à ne pas en dire un mot, étant par ailleurs entièrement occupé à la préparation d'élections professionnelles dont l'enjeu pour l'avenir de l'éducation nationale est décisif.
Depuis fin décembre 2021, je suis harcelé et régulièrement diffamé sur Twitter et d'autres hauts lieux de l'intelligence et de l'élégance après que Madame Aurore Bergé ait annoncé qu'elle portait plainte contre moi en réaction à un propos qu'elle n'a évidemment pas lu attentivement, libérant à mon endroit une parole haineuse et parfois pire. Plusieurs députés, responsables d'associations anti-racistes, gardiens auto-proclamés de la bonne pensance en France ainsi que plusieurs personnalités publiques, encouragés par la sortie d'Aurore Bergé, ont réclamé ma tête, qui auprès de l'éducation nationale, qui auprès de la CFE-CGC et qui auprès de Twitter. Un fou furieux qui faisait partie de mes relations amicales ici jadis m'a même accusé, suite à mes propos en faveur de la paix, d'être une canaille poutinienne. Je ne parle même pas de Sophia Aram, de Raphaël Enthoven et de toute la clique. Encore avant-hier, un chef d'établissement sous anonymat sur Twitter me traitait avec autosatisfaction de connard et je ne sais plus quoi, jusqu'à ce que je cite son chef d'œuvre en le commentant d'un sobre "il suffit !" et qu'il le supprime en ne ratant pas une nouvelle occasion de faire le malin. Un chef de cabinet, ancien conjoint d'Aurore Bergé et actuellement compagnon d'Agnès Pannier-Runacher, s'est également permis de m'insulter à deux reprises sur Twitter dont la dernière fois en se vantant publiquement de "bloquer ce cinglé de R Chiche". Un chef de cabinet du ministre de l'éducation de l'époque, Jean-Michel Blanquer, dont l'effectivité du travail au cabinet reste à établir, soit dit en passant !
Quelle infâmie en vérité, je vous le dis !
Cette procédure est scandaleuse. Ceux qui se servent de l'institution pour me poursuivre et satisfaire un désir de vengeance personnelle vont le payer cher. Ceux qui, au sein de l'institution, se servent de leurs fonctions pour y prêter leur concours vont aussi le payer cher. La turpitude ne triomphera pas. Pas cette fois.


☐ Je suis allé consulter mon dossier au rectorat pour prendre connaissance des éléments sur la base desquels l'administration engageait une procédure disciplinaire contre moi.
Comme j'ai trouvé qu'il était vide, j'y ai déposé mon livre sur la désinstruction nationale.
Ainsi, tous les membres de la commission paritaire siégeant en formation disciplinaire auront matière à penser.
Le jour J, je ferai un contrôle de lecture.
À suivre.


☐ L'Éducation nationale, en la personne du recteur d'Aix-Marseille a décidé d'engager une procédure disciplinaire à mon encontre. La lettre de quatre pages qui m'en informe commence ainsi : "Il apparait que vous avez tenu des propos inappropriés vis-à-vis de personnalités publiques, de la politique sanitaire française et du conflit opposant la Russie à l'Ukraine sur le réseau social Tweeter (sic)".
Le délit d'opinion est-il rétabli ?

René Chiche

21 septembre 2022

Un syndicat de l'éducation qui dit des choses intelligentes

René Chiche

Oh, my God ! Un syndicat de l'éducation qui dit des choses intelligentes ! Cela existe ! Il s'appelle Action & Démocratie. Voici ce qui a été envoyé à tous les collègues à la rentrée, et que je reproduis ici car je ne suis pas sûr que cela ait été lu, la plupart n'ouvrant plus les mails en provenance des syndicats tant ils sont nuls sur le fond aussi bien que la forme.

Un syndicat neuf,
Une voix différente,
Un antidote à la morosité.
L’année scolaire qui commence sera cruciale pour l’avenir de l’école républicaine, non seulement parce que le Ministère entend bien poursuivre et accélérer ce qu’il appelle sa « transformation » et qui n’est rien d’autre que sa destruction, mais aussi parce des élections auront lieu en décembre qui vont offrir à toute la profession, après quatre années supplémentaires de perdues, l’occasion de renouveler enfin les instances du dialogue social.
Ces instances ont été profondément modifiées par la loi de transformation de la fonction publique adoptée en 2019, et ce dans le silence assourdissant des syndicats majoritaires qui ont pourtant perdu de ce fait leur principal argument de vente auprès des collègues. En effet, le nombre des commissions paritaires a été considérablement réduit, et leurs compétences aussi. Désormais, votre mutation, votre avancement ou votre promotion n’en relèvent plus et échappent ainsi à tout contrôle a priori. Ils sont entièrement aux mains de l’administration qui agit en application de règles qu’elle décide seule et qu’elle seule connait. Impossible, donc, de connaître les barèmes de ceux qui ont été affectés à tel ou tel endroit. Impossible également de faire respecter l’équité en matière de promotion. L’opacité a remplacé la transparence, et l’arbitraire suivra inévitablement. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’un recteur puisse se flatter, face aux caméras et aux côtés d’un ministre lui-même hilare, de faire passer les néo-contractuels formés à la va-vite devant ceux qui sont en service depuis des années et même devant les titulaires de zones de remplacement et ceux qui reçoivent leur première affectation !
Cet incroyable recul en matière de droits des personnels démontre, comme le reste des réformes qui défigurent l’institution à grande vitesse, que les syndicats jusqu’à présent majoritaires n’ont pas servi à grand-chose. Serviront-ils davantage à l’avenir ? Il est évident que non. Pour autant, il est plus que jamais indispensable de se syndiquer et il est désormais possible de le faire en toute liberté et connaissance de cause. Puisque votre sort n’est plus abordé en commission paritaire (et ne s’y est jamais joué, contrairement à ce que l’on a pu faire croire à beaucoup), vous pouvez en effet désormais confier la défense de vos intérêts particuliers et des intérêts collectifs de la profession à l’organisation de votre choix, à celle dont vous approuvez les positions, les analyses, les revendications, le pragmatisme et l’efficacité.
C’est le choix que font tous ceux qui rejoignent Action & Démocratie et qui sont de plus en plus nombreux. Parce que nous disons les choses sans langue de bois. Parce que nous sommes totalement indépendants. Parce que nous ne lâchons rien quand il s’agit de vous défendre. Parce que nous ne nous moquons pas de vous en lançant de façon répétitive des appels à des grèves sans lendemain qui ne servent à rien, si ce n’est à vous faire perdre de l’argent et à détourner la profession tout entière du syndicalisme. Parce qu’enfin nous sommes un syndicat neuf, avec une voix différente sur l’école, aussi éloignée de la vaine nostalgie d’une époque révolue que d’un pseudo-progressisme béat qui se croit intelligent dès qu’il piétine le bon sens éducatif.
Depuis que, dès avant l’été, l’on s’est mis à parler à longueur de journée du manque d’attractivité de la profession, des pénuries d’enseignants révélées par les premiers résultats aux concours de recrutement, du recours à des « job dating » ayant pour effet de recruter les premiers venus tout en prétendant les former à la fin du mois d’août « en quatre jours » afin de pouvoir « mettre un adulte en face des élèves » le jour de la rentrée, l’opinion publique commence enfin à prendre conscience du niveau de crise profonde que l’école traverse et dans laquelle elle a été précipitée.
Cette mise en avant des problèmes de l’école est incontestablement une bonne chose. Mais à Action & Démocratie, nous ne sommes pas dupes de cet engouement médiatique qui sera probablement éphémère et qui occulte comme toujours les vrais sujets, sur lesquels nous sommes parmi les seuls à dire clairement les choses depuis de longues années. Certes, la question salariale est un point majeur. Nous en sommes totalement convaincus. Mais, contrairement à d’autres organisations, nous ne faisons pas du « dégel » du point d’indice l’alpha et l’oméga de la politique salariale de l’éducation nationale, car cela revient à tromper les personnels. D’abord parce qu’une telle mesure concerne toute la fonction publique et que, s’il appartient à une fédération « généraliste » de le faire légitimement, ce n’est pas l’objet d’un syndicat des personnels de l’éducation en tant que tel, lequel n’est pas là pour défendre les intérêts d’autres agents qui bénéficient souvent d’un régime de primes plus avantageux que celui existant au sein de l’Education nationale. Ensuite, si « dégel » du point il y avait, son augmentation, même proportionnelle à l’inflation, serait encore dérisoire eu égard à l’effondrement du pouvoir d’achat qui affecte les professions de l’éducation nationale depuis trente ans ! Enfin, l’augmentation de la valeur du point d’indice ne relève absolument pas de l’indispensable politique volontariste de revalorisation à proprement parler, qui doit passer par d’autres mesures, celles qu’Action & Démocratie défend : l’ajout pour tous les personnels de l’éducation d’un nombre de points d’indice à tous les échelons des grilles indiciaires qui devra être proportionnel à l’indice actuel de chaque échelon, l’intégration de l’indemnité de résidence dans le traitement à hauteur de 3% du brut pour tous, la création d’une véritable indemnité de logement qui sera corrélée au prix des loyers et qui devra être révisée périodiquement, le paiement des heures supplémentaires à hauteur de 125% de la valeur des heures ordinaires de service, le retour à la cessation progressive d’activité, pour ne citer que celles-là.
Mais le manque d’attractivité, comme on dit si mal, des professions de l’éducation ne se résume pas à cette seule question salariale. C’est tout le modèle de gestion des ressources humaines qu’il faut revoir, celui des affectations et de la mobilité qu’il faut repenser en commençant par supprimer pour les titulaires le mécanisme des mutations inter-académiques dont les effets néfastes ne peuvent plus être cachés, celui des pratiques aveugles et lâches du haut encadrement qu’il faut réformer, pour ne rien dire des postures ministérielles qui encouragent le manque de respect envers les personnels et les demandes les plus extravagantes adressées à l’institution faute de savoir en défendre la nature.
Face au délitement de l’école de la République rendu possible grâce à la complicité ou l’incompétence de ceux qui en avaient la charge, ministres et recteurs en tête, c’est désormais à la profession elle-même qu’il revient, en s’organisant, de défendre l’institution avec force et par là de se défendre. Car ce sont deux choses inséparables. À Action & Démocratie, nous l’avons compris et c’est ce qui fait notre force et notre singularité dans le paysage syndical : nous défendons d’autant mieux les personnels que, ce faisant, nous affirmons à travers eux les prérogatives qui sont attachées à leurs fonctions contre ceux qui ont tendance à les oublier ou qui prétendent les réformer. En d’autres termes, nous vous défendons d’autant mieux que nous défendons dans chaque dossier, comme nous le faisons aussi de façon plus générale dans les instances, une idée de l’école qui est conforme à la nature de la chose même aussi bien qu’à son importance pour la République, une idée toute simple qui peut se résumer par le mot instruction, ce grand absent des textes et discours officiel !
Pour préserver le sens de nos métiers, être vraiment défendu et retrouver l’espoir malgré la morosité qui se répand dans nos rangs, choisissez Action & Démocratie ! Et faites avec nous le pari de l’intelligence !

[Lettre d'information A&D n° 54 - 09 septembre 2022]