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14 juin 2025

ORGUES DE BARBARIE

Gabriel Nerciat

-14/6/2025- Pendant qu'ici de vaillants esprits garants du maintien de la civilisation pensent que les Iraniens par millions vont se précipiter dans la rue pour trahir leur pays agressé en soutien de l'Etat étranger qui les attaque, aux Etats-Unis on annonce que des centaines de milliers voire un million d'Américains vont manifester dans toutes les grandes villes du pays pour afficher leur hostilité au président de l'Union et au défilé militaire qu'il organise ce soir en vue de célébrer l'unité de la Nation.
En fait, je crois que je commence à comprendre où est vraiment le problème.
Pas mal de gens, qui par ailleurs se voient comme la fine fleur de l'humanité sénescente, sont persuadés que l'essentiel des peuples (surtout les peuples jeunes extérieurs à la sphère occidentale) ressemble naturellement à la jeunesse gauchiste américaine, ou dans une moindre mesure européenne.
Il me semble que la vision très avantageuse qu'ils ont d'eux-mêmes va vite se révéler légèrement surestimée, même si l'on sait bien que les grands discours exaltés sur la barbarie et l'émancipation ont tendance sous nos cieux à s'étioler dès la moindre hausse du prix du baril de pétrole.
En attendant, faisons comme si les barbares n'étaient pas chez nous, et si la jeunesse d'Ispahan était la même que celle de Los Angeles.
Il n'y a pas un théoricien libéral, d'ailleurs, et des plus raffinés, qui a écrit des lettres adressées à des Persans ?

12 juin 2025

RIMA HASSAN, UNE OVERDOSE NUMÉRIQUE

Gabriel Nerciat

-12/6/2025- Bon dites, les amis, il serait peut-être temps que vous compreniez enfin que Rima Hassan, Greta Thunberg et tous les clowns islamo-gauchistes qui les accompagnent ou les soutiennent dans leur risible équipée maritime gazaouie ne recherchent qu'une chose : qu'on parle d'eux.
Peu importe que ce soit éventuellement pour s'en moquer ou les injurier. Il est connu que c'est par la contagion des polémiques ad hominem qu'on se forge une réputation bien établie dans l'univers médiatique et numérique d'aujourd'hui.
En plus, avec Gaza, la pétulante Rima joue sur du velours. La cause d'Israël n'étant plus défendable depuis longtemps, elle sait qu'elle va ramasser la mise beaucoup plus facilement qu'à l'époque où elle prenait parti – discrètement – pour le régime de Bachar El Assad en Syrie.
Donc, un conseil : si vous voulez vraiment lui nuire, cessez de parler d'elle à longueur de tweets, de statuts ou de journée. Cela commence à faire comme une overdose numérique.
Et par ailleurs, si vous croyez que Mélenchon ne sait pas ce qu'il fait en épousant aussi totalement la cause palestinienne, y compris dans sa version islamiste et fondamentaliste, c'est tout simplement que vous êtes définitivement beaucoup moins futés que lui (ou aussi peu futés qu'un Bardella ou un Tanguy, comme vous voulez).
Dans ce cas, les élections municipales de l'an prochain, je le crains, vont achever de vous ouvrir les yeux.

6 juin 2025

MUSK LE NOUVEL ALDEBERT

Gabriel Nerciat

-6/6/2025- C'est la fameuse réplique qui opposa, à la fin du Xe siècle, le nouveau roi de France Hugues Capet au comte Aldebert de la Marche, lequel avait contribué à son élection à Senlis quelques années plus tôt, à la mort du dernier prétendant carolingien.
- Aldebert, qui t'a fait comte ?
- Hugues, qui t'a fait roi ?
L'algarade récente qui a opposé Trump à Musk est moins lapidaire et beaucoup plus grotesque (nous sommes en Amérique, le pays de Barnum et de Buster Keaton), mais je crois qu'elle passera à la postérité de la même manière.
La confrontation - inévitable à terme même si elle intervient ou se consolide entre deux périodes de collaborations temporaires face à l'emprise déclinante des oligarchies bureaucratiques et transnationales - entre les chefs d'Etat souverainistes ou nationaux-populistes (aux Etats-Unis, on dit "social-nativiste") et les ploutocrates libertariens de la tech mondialisée sera aussi déterminante, au XXIe siècle, que celle qui opposa, de Philippe le Bel à Mazarin, ou en Allemagne de Frédéric Barberousse à Charles Quint, les rois et les empereurs de droit divin aux grands féodaux et condottieres du Bas Moyen-Age et de la Renaissance.
On sait évidemment qui l'emportera à la fin (au niveau de la compréhension du réel, les libertariens, surtout quand ils sont intellectuellement assez brillants, ne sont pas tellement plus doués que leurs frères ennemis les gauchistes libertaires), mais ce n'est pas parce qu'on connaît la fin d'un film qu'il ne va pas être passionnant à suivre ni bourré de rebondissements inattendus.
A mon sens, ceux qui en rient ne le feront pas longtemps, et ceux qui le déplorent en seront pour leurs frais.
Monsieur Francis Fukuyama, lui, en attendant, vient de prendre deux nouvelles tours en verre sur la gueule.
Et là, pour le coup, c'est plutôt réjouissant.

30 mai 2025

UN PEUPLE PLONGÉ DANS LE COMA

Gabriel Nerciat

-30/5/2025- Dans la France de ce XXIe siècle, un homme ou une femme malade lassé de vivre aura le droit de se suicider avec l'aide de l'État et de la médecine, mais les autres n'auront pas le droit de fumer une cigarette ou une pipe dans les jardins publics, les plages, les stades, l'abord des écoles et bientôt, n'en doutons pas, les terrasses des cafés.
C'est d'ailleurs la même ministre, Catherine Vautrin, typique (comme Retailleau) de cette droite faux derche et philistine des notables de province, qui a soutenu les deux lois, à quelques jours d'intervalle.
Ce qui me rend le plus triste, dans cette séquence, ce n'est pas tant que des parlementaires couards ou indignes aient légalisé en toute bonne conscience le droit de donner la mort à plus faible que soi – alors même qu'il existe depuis longtemps des moyens médicaux d'éviter ou de contourner ce geste fatal et impardonnable.
C'est que la plupart des médecins l'ont accepté, et que peu d'entre eux, j'en suis sûr, courront le risque de braver le scélérat "délit d'entrave" prohibé par cette loi criminelle.
Ce qui me rend le plus amer, ce n'est pas tant qu'une ministre de fortune sans fidélité et sans principe ait pu signer une directive aussi hypocrite et liberticide que celle qui interdit pour des motifs de salubrité publique de fumer en plein air dans un lieu public.
C'est que la plupart des fumeurs, sinon tous, vont respecter cette loi, comme ils l'ont fait déjà pour les bistrots et les restaurants.
Alors que dans un pays libre, ils auraient dû par millions se précipiter la clope au bec pour prendre d'assaut le premier parc venu.
Les Français sont devenus tellement apathiques, conformistes, narcissiques, décérébrés et indifférents à tout qu'on se demande vraiment quelle mesure plus barbare ou absurde que les autres serait encore susceptible de les faire sortir du coma moral où ils sont plongés.
À dire le vrai, c'en est à pleurer de rage ou de honte. Si ça continue à ce rythme, je ferais peut-être mieux de demander à mon médecin de m'euthanasier.

25 mai 2025

LA BÊTISE, PALME D'OR SUR LA CROISETTE

Gabriel Nerciat

-25/5/2025- Assez drôle d'entendre ici ou là (notamment sur C-News) des esprits légers ou automatiques qui se disent interloqués par le verdict du jury du festival de Cannes, qu'ils croient contradictoire avec les déclarations et la dégaine ridicules de Juliette Binoche lors de l'inauguration du festival.
Visiblement, ils ne comprennent pas ce que l'actrice fétiche de Leos Carax et d'Olivier Assayas a voulu leur signifier, en parfaite adéquation avec le credo idéologique de la bourgeoisie bohème occidentale en mal d'intersectionnalité.
On peut le résumer ainsi : "Française empêchée de porter le voile islamique en France, Iranienne contrainte de le porter en Iran : même combat pour la liberté des femmes !".
Il n'y a donc pas contradiction entre le début du festival et sa clôture ; c'est, comme à l'accoutumée, la même bêtise gluante, libertaire, avachie, convenue et frimeuse qui s'affiche.

23 mai 2025

ISRAËL, LE LEVANT AU CRÉPUSCULE

Gabriel Nerciat

-23/5/2025- Dans tout ce que l'on publie ces derniers jours à propos d'Israël et du conflit de Gaza, trois faits majeurs, que j'avais déjà évoqués ou entrevus ici même ces derniers mois, semblent curieusement être minorés ou occultés par les uns et par les autres, alors qu'ils me semblent être d'une portée assez considérable :
1) La nouvelle humiliation, cette fois tout à fait publiquement assumée, de Donald Trump envers Netanyahou : le président des États-Unis a ostensiblement refusé de s'arrêter à Tel-Aviv lors de la grande tournée qu'il a effectuée ces derniers jours au Proche-Orient, tournée au cours de laquelle il s'est longuement entretenu avec le prince régent d'Arabie saoudite et l'émir du Qatar, avant de marquer son hostilité, elle aussi publique puisque énoncée sur son propre réseau social, à la poursuite du massacre des Gazaouis par le gouvernement israélien lors de son retour à Washington.
2) L'annonce officielle faite par les Houthis, alors même que vont commencer les négociations entre Washington et Téhéran sur le nucléaire iranien, de suspendre toute agression en Mer rouge contre des navires militaires ou civils américains, tout en poursuivant les attaques à longue distance sur le territoire de l'État juif. Réaction plutôt positive de la Maison Blanche.
3) La volonté du Premier ministre israélien de conclure un accord de partenariat avec le nouveau dirigeant islamiste (ex-djihadiste Al Qaida) de Damas, Ahmed Al Charaa, en échange de la reconnaissance par la Syrie de la légitimité de l'État d'Israël ainsi que de l'annexion du Golan par Tel-Aviv.
Seuls les ignares et les sots seront surpris par cette initiative, que j'avais anticipée il y a peu sur ce mur, sous les risées habituelles de ceux qui croient encore (ou font semblant de croire) que le sionisme est l'ennemi naturel de l'islamisme.
À cela s'ajoutent bien sûr les menaces proférées par les dirigeants israéliens contre les diplomaties européennes, visées par des tirs de soldats à Jénine et accusées par les ministres de Netanyahou d'avoir contribué à provoquer l'attentat antisémite de Washington il y a deux jours (rien que ça).
La France se trouve particulièrement en ligne de mire puisque le gouvernement israélien conteste désormais officiellement, avec une vigueur aussi violente que vulgaire, la souveraineté de Paris sur les tombeaux des rois de la porte de Damas dans la vieille ville de Jérusalem, occupée par Tsahal depuis 1967.
Même s'il est peu probable que Macron se montre plus courageux avec Bibi qu'avec le président Tebboune, les conséquences de cette nouvelle posture agressive laisseront une empreinte durable.
Si l'on relie entre eux ces quatre ou cinq évènements, on voit se dessiner assez clairement le faisceau de relations qui explique à la fois la violence des décisions meurtrières et erratiques prises par Netanyahou ces derniers jours et l'approfondissement croissant de l'hostilité de l'ensemble des puissances occidentales à l'encontre d'Israël.
Je sais une fois de plus que ce statut va me valoir quelques acrimonies venimeuses de la part de certains doctrinaires communautaires ou seulement partiaux.
Mais ce n'est pas grave.
Il faut seulement qu'ils sachent une chose : leurs soucis ne font que commencer, car désormais ils ne pourront plus arguer ni d'un prétendu patriotisme (républicain ou non) ni de la lutte contre l'antisémitisme pour continuer à justifier ce qui ne pourra plus être justifiable.

22 mai 2025

EXPLICATION FAMILIALE DU MILIEU DU SIÈCLE

Gabriel Nerciat
22/5/2025

- Et toi, papa, tu es content de toi, aujourd'hui ? De quoi rêvais-tu quand tu avais mon âge ?
- Je préparais la Troisième Guerre mondiale, mon fils, contre la Russie et la Chine, pour la défense de l'Ukraine et de Taïwan, pour la grandeur de la Pologne aussi qui a bien le droit de s'étendre sur trois mers, et également pour la sauvegarde des droits des minorités transgenres et ouïghoures, qui sont nos semblables et nos frères.
- Et tu es fier de toi, maintenant que vient la nuit ?
- Ah bien sûr, la guerre mondiale, on ne l'a pas eue. On ne peut pas tout avoir, dans la vie, tu sais. Mais au moins, on aura essayé ; on ne pourra pas dire qu'on n'a rien fait. On est même allés creuser des tranchées autour d'Odessa et élargir les cimetières dans la région de Lvov, mais ça n'a servi à rien. Ne me juge pas trop durement, mon fils, tu n'as pas connu cette époque-là. C'était dur, tu sais, d'être le contemporain de Trump et de Vance.
- Et la guerre civile qui montait ici, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, pendant que tu préparais ta guerre en Russie, ça ne t'intéressait donc pas ?
- Je me disais qu'un tas de racailles néfastes venues de Lunel et de Trappes feraient d'excellents combattants face à l'infanterie russe dans le Donbass ou les légions marines chinoises aux abords de Taipei. Une fois la guerre finie, elles seraient revenues ici fières, apaisées et sereines. Même les plus cruels assassins saucissonneurs du Rif et du Mali auraient pu devenir des maris solides et aimants dans les bras de jeunes Taïwanaises polyglottes avides d'étreintes musclées. Mais ça ne s'est pas passé comme ça, je n'y peux rien.
- Finalement, tu m'auras laissé quoi, à moi et à tes autres enfants, nous qui allons devoir ramasser les ordures à Shangaï et faire les larbins dans les boîtes de nuit de Saint-Pétersbourg pour survivre ?
- Le droit au suicide considéré comme un service public, mon fils. Tu peux rejoindre le néant quand tu veux, avec l'aide gratuite de l'Etat et l'argent de mes impôts. Ce n'est pas rien, crois-moi. J'aurais bien aimé pouvoir faire la même chose, à ton âge, quand j'ai appris l'échec du référendum sur la Constitution européenne. Mais tu ne sais pas ce que c'est, tu n'as pas connu une époque aussi dure.

Cliquer sur l'image (vidéo de 44 min 29 s) ↴

19 mai 2025

TECHNIQUE DU COUP D'ÉTAT (version actualisée)

Gabriel Nerciat

-19/5/2025- Ingérence française suspectée, et sans doute fraudes aussi massives que lors de l'élection de Biden en 2020.
Mais peu importe : d'ici, comme à Bruxelles, on retiendra seulement que les Roumains ont validé par leur vote le coup d'Etat des juges constitutionnels et confirmé avec enthousiasme leur soumission à l'UE.
Le quarteron de nains européistes emmené par Macron la semaine dernière et le satrape mafieux de Kiev respirent : le flanc balkanique et oriental de l'OTAN est préservé.
On pourra continuer à déployer des troupes en Roumanie en se donnant l'illusion de faire peur à Poutine, qui lui envoie ses mercenaires relayer nos hommes expulsés des anciennes colonies d'Afrique.
En France, nul doute que ce scrutin est déjà interprété par les chats fourrés comme un encouragement pour confirmer dans un an l'inéligibilité de Marine Le Pen et parachever le putsch de Bénédicte de Perthuis. Il manquait bien un chapitre, difficilement composable, au livre célèbre de Malaparte.
Pour consacrer le tout, le parti agonisant des vieux crabes orléanistes et chiraquiens vient de couronner en grande euphorie médiatique un nouveau Tartuffe, garanti droitard dur de dur avec un label AOC de Vendée, qui ne dépassera pas 8 ou 9% mais empêchera toute forme de recomposition partisane et idéologique à la droite de l'extrême-centre.
Tout est prêt en somme pour finaliser la farce de 2027.
Les Français dès lors se contenteront-ils, comme toujours, de consommer des popcorns en regardant le film qu'on a préparé pour eux (non, c'est confirmé, l'impératrice Ursula ne taxera pas les popcorns) ?

16 mai 2025

ALLO ROME, ICI PARIS

Gabriel Nerciat
16/5/2025

- Très Saint Père, pardonnez-moi parce que je n'ai jamais péché. J'ai fait le mal souvent, bien sûr, et même avec un plaisir certain, mais c'était par excès d'innocence. Comme tous ceux de ma race, je ne peux pas descendre de Caïn ni même de Nemrod. Le sang d'Abel ne retombera pas sur moi, Votre Sainteté.
- C'est beaucoup de présomption, Monsieur le Président. Abel ne portait pas un gilet jaune, mais mon nonce apostolique de Paris m'a raconté la détresse des éleveurs de brebis du Limousin, que votre soumission à la politique de libre-échange décidée à Bruxelles est en train de condamner à mort.
- Mais Très Saint Père, il ne s'agit pas de ça. Les drames des peuples n'ont pas plus de conséquence pour moi et les miens que les plaintes des âmes du Purgatoire sur le chant des archanges de la Hiérarchie céleste. C'est autre chose que je vous demande.
- Quoi donc, Monsieur le Président ?
- Je vous demande de me bénir sans m'absoudre. De rien. Je le vaux bien, non ?
- Cela m'est impossible, Monsieur le Président. Vous savez que je suis le Vicaire du Christ, et le fils de Dieu ne m'a pas donné le pouvoir d'orienter les bienfaits réparateurs de sa Providence en faveur des mortels qui se croient égaux à lui.
- Mais je ne suis pas l'égal du Christ, Votre Sainteté ! Je suis son juge. Quelque chose de moi était déjà présent à la cour de Hérode Antipas le soir du Jeudi saint, et c'est ce qui fut à l'origine de ma destinée si glorieuse. Si nous n'étions pas là pour livrer le Christ à ses bourreaux, qui le ferait, permettant ainsi l'avènement de la Passion et de la résurrection ? Grâce à moi, la crucifixion du monde et celle de la fille aînée de votre Eglise continuent tous les jours, et c'est ce qui justifie le maintien de votre trône. Cela vaut bien une bénédiction pontificale, je crois.
- Vous êtes trop retors pour moi, Monsieur le Président. Contrairement à mon prédécesseur, je n'appartiens pas à l'ordre noir de saint Ignace et je n'en prise pas les subtilités perverses. Autrement dit, je ne peux rien pour vous, sinon vous prévenir que votre obstination à intensifier la guerre en Ukraine et à légaliser l'euthanasie va faire courir d'immenses dangers au salut de votre âme. Renoncez-y.
- Eh bien, alors, je me passerai de votre bénédiction, Votre Sainteté. Après tout, rien ne m'empêche de me bénir moi-même. Ma regrettée grand-mère me l'avait appris, quand je passais des vacances avec elle dans sa jolie maison de la région de Bigorre. "Ne t'agenouille pas, me disait-elle, même devant Dieu. Ne prie jamais personne d'autre que moi. Si tu ignores toute forme d'humilité, tu pourras faire semblant de croire que la mort ne te concerne pas. Bénis-toi toujours toi-même en mémoire de moi."
- Je vous laisse, Monsieur le Président, car tout ce que vous me dites m'afflige au plus haut point. Je prierai pour vous après avoir servi la messe à la Basilique Saint-Jean-de-Latran, je vous le promets. Même si je sais déjà que cela ne sert à rien.

14 mai 2025

MACRON VU PAR COLUCHE

Gabriel Nerciat

-14/5/2025- C'est l'histoire d'un mec qui croit que le général De Gaulle lui a légué des ogives nucléaires pour protéger la Pologne.
"Moi, je sais pas où c'est la Pologne, qu'y dit, mais si je peux plus pisser tranquillement chez moi, je veux bien aller arroser les plates-bandes des autres. De toute façon, c'est les Polacks qui tireront la chasse, à la fin, parce que je suis un mec serviable mais je suis pas con, comme mec, quand même. Eh, les cons, c'est vous : vous m'avez élu deux fois ; hein Madame Binet. Poutine, lui, il rigole bien à mes blagues ; il est pas comme vous."
Voir un chef d'Etat aussi emprunté et diminué qu'hier soir, aussi vil et méprisable soit-il, laisse une impression étrange : on a le sentiment que dans son malheur l'échec et l'impuissance qu'il assume enfin deux ans avant la retraite vise d'abord à décourager son auditoire, dont il se moque à l'évidence, ainsi que ses potentiels successeurs.
Même dans la fatigue de Macron, on sent poindre encore la marque de son mépris, qui le rapprocherait presque du Mitterrand des vieux jours : "Vous êtes tellement misérables que je ne me donne même plus la peine d'essayer de vous convaincre. Si je vous ai déçu, c'est d'abord parce que vous le méritez."
C'est l'histoire d'un mec qui sait pas comment il peut faire pour terminer son histoire.

11 mai 2025

QUE VIVE LEON XIV !

Gabriel Nerciat

-10/5/2025- Si j'avais été cardinal-électeur du Sacré Collège romain, je n'aurais sans doute pas voté pour lui, mais accueillons quand même avec confiance, bienveillance et même un minimum d'espoir l'élection de ce nouveau pape américain porteur d'un nom français.
D'abord parce que le pontificat de Bergoglio a été tellement long, éprouvant et infect que celui-ci, quoi qu'il arrive, ne pourra pas être pire (c'est l'avantage, dans tous les milieux, de succéder à un dirigeant médiocre ou scélérat).
Ensuite parce qu'il a choisi de s'inscrire dans la lignée de Léon XIII et pas de son prédécesseur (il a volontairement refusé de s'appeler François II, peut-être sous la pression des cardinaux traditionalistes qui disposaient d'une minorité de blocage, et assumé toute la pompe protocolaire et liturgique liée dans la tradition romaine à l'élection du successeur de Pierre et de Paul).
Léon XIII, c'est certes le premier pape moderniste de l'Histoire, artisan de la réconciliation - très relative - de Rome avec la République française et auteur de Rerum novarum (la fameuse encyclique qui condamne vigoureusement à la fois capitalisme et socialisme), mais quiconque connaît un peu sa biographie sait que ce fut un pape réaliste et prudent, qui, contrairement à Jean XXIII ou Paul VI après lui, se gardait bien de vénérer les valeurs du monde moderne avec lesquelles il se voyait contraint de composer partiellement (rappelons qu'à l'époque, les papes étaient quasiment prisonniers du jeune Etat italien né avec le Risorgimento en 1860).
Comme Léon le Grand dont il avait choisi le nom, il s'agissait d'un souverain pontife qui ne se leurrait pas sur ce que signifiait l'empreinte croissante du Prince de ce monde sur les esprits de la société moderne et sur la progression des barbares qui l'accompagne autour de Rome (comme au sein de Rome même, d'ailleurs : il fut très clair là-dessus puisqu'on lui attribue une citation assez sidérante sur la présence réelle de Satan au cœur de l'Eglise de Pierre).
Les deux premières déclarations du nouveau pape : "Le mal ne gagnera pas" et "Beaucoup de gens aujourd'hui pensent à tort que ceux qui se tournent vers l'Eglise sont des ignorants et des superstitieux" font directement écho à celles de son lointain prédécesseur. Et j'y vois au moins un signe de lucidité, qu'on aurait eu bien de la peine à trouver dans la bouche d'un autre pape post-conciliaire (saint Jean-Paul II et Benoît XVI exceptés).
Enfin, son appartenance à la Curie comme à l'ordre des Augustins, sa connaissance approfondie du droit canon et de la théologie thomiste, son passé de missionnaire au Pérou, l'importance qu'il accorde publiquement à la dévotion mariale me semblent aussi de très bon augure. Visiblement, ce n'est pas un faux prophète jésuitique, ambitieux et hypocrite comme l'était Bergoglio, qui n'aurait qu'hostilité ou mépris à l'encontre de l'héritage spirituel et historique de la vieille Europe latine.
Alors bien sûr, tout cela ne gage rien pour le reste, et il est probable que nous aurons encore droit à des encycliques et des sermons en nombre pour nous expliquer (faussement) que nous devons être envers les migrants venus d'Afrique ou d'ailleurs l'équivalent du Bon Samaritain de l'Evangile. Mais malgré tout, je crois que ce n'est pas rien.
Si déjà ce pape, que l'on dit rigoureux et discret, s'applique à restaurer l'unité de l'Eglise que son prédécesseur a tellement divisée, ce ne sera pas si mal.
Prions donc pour lui, pour la gloire du Christ, et pour la réussite de son pontificat.
Amen.

7 mai 2025

UNE QUESTION ET UNE PRIÈRE

Gabriel Nerciat

-7/5/2025- Ô Seigneur notre Dieu, et vous saint Michel-Paraclet, et vous Bonne Mère de Dieu de la Basilique de la Garde, et vous saint Raphaël Archange protecteur de Rome et de la Chrétienté, je vous en conjure : protégez-nous en ces heures décisives !
Je vous implore : pas lui ! Pas lui ! Pas lui !
Élever l'archevêque de Marseille à la tiare de Pierre, après les douze terrifiantes années à nous, imposées par le pape Bergoglio, ce serait pire que dix ans de Macron succédant à cinq de Hollande !
Ou que l'oeuvre complète d'Edouard Glissant prolongée par dix volumes de discours de Justin Trudeau.
Puissances célestes, ayez un peu pitié de nous, même si notre indignité est grande.
Quant aux autres, qui voudraient repartir encore pour un tour sponsorisé par la Compagnie de Jésus (Bergoglio saison 2 avec en prime l'accent de Marseille), qu'ils répondent honnêtement à la question suivante :
- Combien d'athées et d'infidèles du vaste monde, combien de chrétiens apostats d'Occident le pontificat précédent, à force d'ouverture forcenée en direction des "périphéries", a-t-il mené ou ramené vers la foi du Christ, l'adoration du Dieu trinitaire, l'attachement à la grandeur de l'Église, la pratique de la piété romaine et celle des sacrements apostoliques ? Combien ?
Et surtout ne me dites pas que c'est une question indigne ("païenne") ou qu'on n'en sait trop rien.
C'est la seule question qui importe, à l'heure où va s'ouvrir le conclave, et chacun en connaît la réponse.
En attendant, pas lui, ô Seigneur, pas lui !
Ora pro nobis peccatoribus.
Amen.

4 mai 2025

FARAGE ET LE NOUVEL ÂGE DE L'OCCIDENT

Gabriel Nerciat

-4/5/2025- Magnifique victoire, aux élections locales et partielles du Royaume-Uni, du parti national-populiste de Nigel Farage, l'artisan du Brexit, Reform UK, au détriment des deux grandes formations parlementaires de la Chambre des communes.
Les documentaires de propagande bidon sur l'échec du Brexit et l'amertume teintée de regrets masochistes des anciens électeurs brexiteurs, qui se sont multipliés sur les chaînes d'État françaises ou allemandes depuis deux ou trois ans, trouvent enfin ici, comme toujours, leur démenti cinglant.
Ce que les électeurs du Brexit regrettent, ce n'est évidemment pas d'avoir quitté l'UE, mais d'avoir été trahis par des leaders post-Brexit frivoles, hypocrites ou inconsistants (y compris, hélas, le fantasque et brillant BoJo, devenu depuis le fossoyeur de l'Ukraine) qui n'ont pas su se montrer à la hauteur du défi historique qu'ils avaient engagé en 2016.
Farage en recueille aujourd'hui les dividendes électoraux ; gloire à lui !
Même si quelque chose me dit que le MI5 aux ordres de Keir Starmer ne va pas tarder à découvrir des liens occultes et tentaculaires entre l'entourage haut gradé de Vladimir Poutine, le cousin par alliance au deuxième degré du vice-président J.D Vance, le chambellan catholique-anglican d'Elon Musk, tel milliardaire libertarien texan ou crypto-nazi et le vainqueur émérite du vieux parti décadent de Sir Winston Churchill – avec lequel il a rompu il y a vingt ans.
Il faut ce qu'il faut, n'est-ce pas : lui, on ne peut plus lui reprocher d'avoir volé l'argent du Parlement-croupion de Strasbourg, puisque grâce à ses succès personnels il n'y siège plus.
Accuser ses ennemis de complot, quand on se prétend soi-même un combattant solitaire de toutes les hystéries complotistes : c'est la dernière planche de bois précaire, ma foi, qui peut encore maintenir sur la mer démontée un radeau de fortune.

3 mai 2025

UNE PLAIDOIRIE PARISIENNE EN 2025

Gabriel Nerciat
3/5/2025

Si j'étais l'avocat du braqueur de Kim Kardashian, je terminerais ma plaidoirie ainsi :
"Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Jurés, mon client s'est rendu coupable d'une agression pour le moins déplacée, mais vous conviendrez qu'il a presque le même âge que Gérard Depardieu et qu'à aucun moment il n'a envisagé de violer la victime, ni même de toucher ou d'effleurer de la main et des lèvres sa poitrine artificielle pourtant célèbre dans le monde entier.
Tout le monde ne peut pas être Arsène Lupin, Mesdames et Messieurs les Jurés, et les contraintes stressantes de la vie moderne empêchent malheureusement les cambrioleurs les mieux éduqués ou les moins polyglottes de laisser leur carte de visite et de s'acquitter du baise-main après avoir dérobé les bijoux des dames du grand monde ou ceux des demi-mondaines.
Je me permets donc de requérir votre indulgence : à l'âge qui est le sien, il serait particulièrement cruel d'envoyer mon client en prison pendant plusieurs années, comme la loi vous y incite.
Non seulement il ne sera pas en mesure de récidiver, même pour tenter de dérober le collier en plaqué-or de Sara Forestier ou le manteau en fourrure synthétique d'Anna Mouglalis, mais il est devenu désormais beaucoup trop maigre pour pouvoir un jour être incarné à l'écran par l'interprète de Danton et de Martin Guerre - qui, lui, je vous le rappelle, est toujours en liberté.
Vous voyez bien que vous ne courez absolument aucun risque à vous montrer cléments."
Sûr que j'obtiendrais la relaxe. Comment ça, non ?

2 mai 2025

L'EHPAD MENTAL DE L'INTELLIGENTSIA LIBÉRALE

Gabriel Nerciat

-2/5/2025- Je commence à en avoir un peu marre de la nouvelle scie chère à la bourgeoisie libérale éclairée sur les deux rives de l'Atlantique, qu'on peut résumer ainsi : trumpisme et wokisme sont la même chose, ou (ce qui revient au même) le trumpisme ne serait rien d'autre qu'un wokisme inversé.
C'est Stephen Pinker, ce producteur en série de poncifs centre-gauche, qui a lancé le gimmick depuis sa chaire du Massachussets après l'élection de Trump, aussitôt repris en France par toute une palanquée de plumitifs et d'universitaires sociaux-démocrates ou macroniens (Rosanvallon, BHL, Joffrin, Bruckner, Daoud, Badinter, etc.).
La grande mode, dès lors, est devenue la polémique de salon entre les progressistes qui dénient l'existence même du wokisme et les libéraux de gauche (ou de droite, d'ailleurs, comme le pauvre Finkie) qui expliquent que le wokisme existe bien mais ne diffère pas par essence du trumpisme (autre façon de dire qu'ils détestent Trump, tout en condamnant sans trop de risques les dérives de l'islamo-gauchisme décolonial).
Pour moi, cela indique surtout l'identité de la maladie dont souffre l'intelligentsia occidentale depuis déjà quelque temps : moins le fanatisme idéologique, comme aux deux ou trois siècles derniers, ou le conformisme rad-soc longtemps illustré par les vieux notables SFIO, que l'entrée définitive dans l'ère sénile de l'hiver des idées.
Car prétendre que le wokisme n'existe pas, ou admettre seulement la nocivité de sa présence pour le renvoyer dos à dos avec le conservatisme populiste illibéral d'un Trump ou d'un Vance, c'est soit se foutre de la gueule du monde, soit être devenu physiologiquement incapable d'observer ce que le réel est devenu.
En réalité, c'est plutôt une bonne nouvelle : pas la peine de s'en prendre à Pinker ou à ses émules, moins encore de les abreuver de noms d'oiseaux.
Ils ont eux-mêmes élaboré la maison de retraite mentale d'où ils ne sortiront plus.
Car mal nommer et mal identifier ses ennemis n'est pas seulement choisir la mauvaise cause ; c'est, catastrophiquement, fuir un champ de bataille historique que vous n'êtes plus en mesure d'influencer dans un sens ou dans l'autre.
C'est une fin bien pire, à mon sens, que celle du vieux Sartre aveugle en rupture de maoïsme ou le déclin morose de Jean-Jacques qui herborise en solitaire près du château d'Ermenonville.

26 avril 2025

DIALOGUE ROMAIN

Gabriel Nerciat
26/4/2025

– S'il vous plaît, Mister Président, je sais que vous pouvez pas me saquer mais donnez-moi des missiles et des avions de combat. Plein de missiles, plein d'avions. À vous, ils ne servent à rien. Je ne peux pas vous les payer, c'est vrai, mais en plus des minerais j'ai encore un ou deux millions de quinquagénaires valides et le double d'octogénaires en déambulateurs à envoyer au casse-pipe sur le front. Le pétrole bientôt coûtera moins cher que le sang de ces abrutis de rejetons de Cosaques. Donnez-moi vos missiles, putain !
– Ferme ta gueule, cafard. Le pape au moins se taisait quand je lui disais tout le mal que je pensais de lui. C'était une planche pourrie, mais il voulait faire la paix, lui.
– On s'en fout, du pape. C'était un connard. Vous vous rendez compte que je me suis tapé une messe en latin rien que pour vous voir ?
– Et alors ? Tu serais prêt à sucer ma bite comme Starmer suce la tienne depuis deux mois pour avoir ce que tu veux. Je ne suis pas venu ici, sous l'ombre tutélaire de Charlemagne, pour qu'un maquereau comme toi vienne me faire chanter. Je l'ai assez vue, ta sale gueule d'escroc. A Notre-Dame de Paris d'abord, à la basilique Saint-Pierre ensuite, pourquoi pas à la cathédrale de Tolède aussi ? Tu crois qu'il n'y a pas assez de gargouilles dans les églises gothiques ? Commence déjà par reconnaître officiellement que la Crimée est russe, et qu'elle l'est pour toujours. Après, je verrai si j'accepte que tu cires mes pompes devant Mélania en Floride.
– Bordel, Mister Président ! C'est quoi, votre problème ? Mes potes ont refilé la moitié de vos armes aux gangs mexicains qui maintenant veulent faire travailler nos putes en Pologne. On est à sec ; je peux pas rester sans rien faire. La Crimée, si je la lâche officiellement, les ukronazis me butent, et je leur dois tout, à ces types-là. Vous pouvez pas me lâcher comme ça, après tout ce que BoJo m'avait promis. Ou alors vous me laissez racheter le château de Windsor pour finir mes vieux jours. J'en transporterai une partie dans le Maryland si vous voulez.
– Casse-toi, épave de mes deux, tu m'écœures. Je commence à comprendre pourquoi Poutine m'a dissuadé de te faire tomber. Tu es tellement nul qu'il peut à peu près tout se permettre avec en face une raclure comme toi. Maintenant, je t'ai assez vu, tu dégages. Appelle-moi Macron qu'il vienne me donner un coussin ; ces chaises romaines ne me valent rien.
– Mister President, Mister President, please !
– Ta gueule, connard. On est dans une église, là. Je prie. Dieu est à ma mesure, et Charlemagne aussi. Pas toi.

25 avril 2025

SCORSESE OU LA PIÉTÉ MUTILÉE

Gabriel Nerciat

-25/4/2025- Au-delà de Bergoglio (que je soupçonne d'avoir été surtout un hypocrite, comme un grand nombre des prélats de son ordre - il y a des poncifs, même voltairiens, qui sont vrais), ce qui m'insupporte, et depuis longtemps, c'est le discours de tous ces chrétiens pervers ou au mieux approximatifs, à la fois doloristes et infiniment complaisants (Martin Scorsese, qui nous inflige à nouveau en ce moment, à la faveur d'un livre d'entretiens, l'épreuve de sa vacuité spirituelle, en est l'exemple typique), qui vous expliquent qu'il faut chercher le Christ préférentiellement chez le larron, le publicain, le clochard, la prostituée, le vagabond, la femme adultère, le toxicomane, l'unijambiste, l'anorexique ou le migrant clandestin.
Dieu serait présent en eux, et pas ailleurs, nous disent-ils, en commettant un contresens majeur sur la dénonciation évangélique du rigorisme moral des Pharisiens.
Or, sans être ni prêtre ni théologien ni exégète biblique ni quoi que ce soit de cet ordre, je prétends que cette assertion est, d'un point de vue chrétien, non seulement fausse, mais d'une inspiration quasiment satanique.
Pour que le Christ prenne sur lui les péchés du monde afin de les absoudre, il est absolument vital (c'est le mot qui convient) qu'il n'ait rien d'autre en commun avec les hommes pécheurs que la forme (mortelle) de leur humanité.
Pour le dire en usant d'un apparent paradoxe, c'est parce que la personne (divine) du Christ est exempte de toute expérience du mal et de toute complaisance envers lui qu'elle est susceptible d'épouser la condition humaine, et donc de sauver la totalité des hommes - pour peu bien sûr qu'ils le veuillent (Dieu ne sauve personne malgré lui, les Evangiles le redisent souvent).
Quand le Fils de Dieu accorde son salut au bon larron, au publicain, au légionnaire romain, au paralytique ou à la femme adultère, ce n'est pas en raison de leur indignité ou de leur faiblesse mais malgré elles, parce qu'une partie d'eux a été suffisamment touchée et transfigurée par l'éclat et la douceur de sa divinité ; au point que tout le reste, à son contact, s'efface et se néantise, rétablissant pour un moment l'intégrité primordiale de la Création.
Au mieux peut-on dire que l'expérience du mal et de la souffrance prédispose à rencontrer Dieu (quelqu'un qui n'éprouve aucun manque ni aucune faille dans sa vie sera plus enclin à se satisfaire des évidences futiles ou trompeuses du monde présent) mais en aucun cas que le mal et la souffrance révèlent chez les êtres la présence de Dieu.
Pour la doctrine apostolique de l'Eglise, tout ce qui attente à la Création et à la dignité des créatures est la marque de l'Ange révolté, et de rien d'autre. Car derrière la créature, c'est bien sûr la puissance du Créateur qui est visée.
Le plus inculte des curés de campagne (comme celui jadis, fils d'un éleveur de porcs, qui me prépara à la communion privée puis solennelle) le sait mieux que le plus savant ou le plus tacticien des Jésuites, ou le plus superficiel des cinéastes catholiques.
Bref, je crois bien que c'est parce qu'il est un piètre croyant que Scorsese est également un cinéaste aussi boursouflé qu'inconsistant - tout spécialement dans ses films qui traitent de la foi ou de la rédemption.
Au moins, il a échappé à la prêtrise, et ne sera donc pas le prochain pape. Vous me direz que c'est toujours ça de pris.

24 avril 2025

L'ENTRÉE DU PAPE BERGOGLIO AU PARADIS

Gabriel Nerciat

-24/4/2025- Cette nuit, vers quatre heures du matin, je me suis retrouvé à la porte du Paradis.
Il y avait beaucoup de monde, pire qu’au métro Châtelet à 17h30, car le défunt pape Bergoglio s’apprêtait à franchir le seuil de la Jérusalem céleste.
Et il n’était pas seul.
Une foule considérable, digne du tableau de James Ensor, formait comme un long cortège escorté par les anges afin de le porter en triomphe jusqu’au cœur du saint lieu.
De loin, j’ai aperçu saint Pierre, qui avait du mal à garder ses clefs dans les mains, et se trouvait légèrement bousculé. « Tu ne parles qu’en latin, lui disait rudement Bergoglio, et tu me gênes. Laisse-moi passer, tes clefs n’ont plus aucun pouvoir ; d’ailleurs j’ai renié le Christ plus souvent que toi. Les coqs, moi, je les préfère au vin. Apprends l’anglais et l’espagnol si tu veux qu’on cause. »
Autour de lui, c’était du délire.
Des centaines de milliers de migrants africains qui avaient péri en mer, des dizaines de milliers de travestis de toutes générations et toutes nationalités, des toxicomanes morts dans la fleur de l’âge, parfois accompagnés de leurs dealers, des tueurs à gages étroitement surveillés par Al Capone et Lucky Luciano, de beaux gigolos argentins aussi blancs que Rudolph Valentino portant sur leurs dos leurs vieilles clientes fardées, des syndicalistes CGT bouffeurs de curés non loin d’Edmond Maire entré en pâmoison, Jack l’Eventreur entouré de prostituées sans têtes ou sans viscères, le chef indien Geronimo avec ses plumes brandissant le scalp du général Lee, le vieux René Dumont qui réclamait en vain un verre d’eau, John Lennon qui arborait une guitare mais ne savait plus jouer, Larry Flynt dont le fauteuil roulant était poussé par de plantureuses actrices pornographiques tatouées des pieds jusqu’à la tête et qui se masturbait machinalement, le philosophe opéraïste Toni Negri qui marchait résolument en parlant des multitudes aux côtés de Louis Althusser et de sa femme sans cou, le marquis de Sade qui hurlait que le Saint Esprit avait sodomisé la sainte Vierge, le président Amin Dada qui riait à tue-tête sur le dos d’un crocodile tenant dans ses mâchoires les restes d’un moine dominicain, des soldats républicains irlandais de l’IRA munis de kalachnikovs, Huey Newton entouré de ses gardes prétoriens des Black Panthers, Jacques Mesrine avec ses flingues tout près de Carlos avec ses bombes ; tout ce beau monde, donc, venait accueillir en liesse le premier pape mondialiste et anti-romain de l’histoire de la catholicité.
Bergoglio était triomphant et euphorique : « Nous sommes tous les enfants de Dieu, disait-il. Qui suis-je pour vous juger ? Le Ciel est à nous, maintenant, seulement à nous. Dieu nous le doit. Ne jugez pas, vous non plus, mais brûlez sans pitié tous ceux qui se croient autorisés à vous juger. Même saint Paul et saint Jean-Baptiste, si c’est nécessaire. »
Un peu intimidé, j’ai quand même voulu les suivre pour voir ce qui allait se passer. Mais un ange aussi immense et costaud qu’un joueur de rugby m’a retenu sur le seuil : « Toi, tu ne peux pas entrer, et tu sais très bien pourquoi, m’a-t-il lancé. Le moment venu, on réinventera l’Enfer rien que pour tu puisses y aller. »
À côté de moi, il n’y avait plus personne, sauf un pauvre pasteur mennonite du Missouri qui se tenait maladroitement sur un nuage : « Ils ne m’ont pas laissé entrer moi non plus, m’a-t-il dit. J’ai refusé de payer l’impôt du culte, et le pape m’a accusé de concurrence déloyale. »
Au loin, on entendait saint Pierre qui intimait l’ordre à Al Capone de lui rendre ses clefs, mais c’est à ce moment-là que je me suis réveillé en sueur dans mon lit.
J’avais un peu soif, et je me suis levé pour aller boire un verre d’eau qui n’était pas bénite.

21 avril 2025

Gabriel Nerciat

TEL QU'EN LUI-MÊME SON TOMBEAU S'IMPOSE

-22/4/2025- Ce pape duplice, égomaniaque et autoritaire, qui jouait à vivre comme le dernier des pauvres (ce qui, j'y reviendrai peut-être plus tard, n'est absolument pas ce que l'on demande à un pape), comme ses dernières volontés illustrent bien ce qu'il était.
Une tombe modeste, voulait-il, presque anonyme, à la hauteur du sol, mais une tombe au coeur de la basilique Sainte-Marie-Majeure, loin de tous les autres papes qui reposent au Vatican, et dont il s'est efforcé de détruire une partie de l'héritage sacramentel, historique, identitaire et liturgique pendant douze ans.
Tellement humble qu'il ne veut ressembler à aucun autre successeur de Pierre et de Paul, car il aura sa tombe à lui, veillée par la Vierge, aussi orgueilleuse que le corbillard des pauvres panthéonisé de Victor Hugo, et autour de laquelle très vite, n'en doutons pas, des pèlerinages sponsorisés par les agences de tourisme internationales pourront se mettre en place.
Encore une fois, dans l'attente de ce que l'avenir et le mystérieux Paraclet nous réservent, on ne peut qu'être soulagés aujourd'hui que Dieu l'ait enfin rappelé à lui.

JOUR FASTE POUR LA CHRÉTIENTÉ

-21/4/2025- Aujourd'hui, lundi de Pâques, le Christ est ressuscité et le plus vil de ses vicaires est mort.
Gloire au Seigneur notre Dieu, comme dit la liturgie latine, car il fait pour nous des merveilles.
Ce pape jésuite, fielleux, faussement humble, qui ne nous aimait pas, nous le détestions nous aussi, et avons enduré son long pontificat comme un supplice (peut-être mérité).
Au final, il ne laisse pas grand chose, et il n'y a guère qu'en matière de politique étrangère (sur l'OTAN et sur Gaza) qu'il a maintenu à peu près, sans trop d'écarts, la ligne traditionnelle de l'Eglise.
La charité chrétienne nous commande aujourd'hui de lui pardonner ses offenses (qui furent nombreuses et assumées), et même de prier pour le salut de son âme.
Chrétien très imparfait, j'avoue que je laisse à d'autres le soin de le faire.
Notamment à ces athées présomptueux qui ne tarissaient pas d'éloges sur lui, et se réjouissaient de chacune des humiliations qu'il nous infligeait : "De la manière dont vous jugez, vous serez jugés vous aussi", dit le Fils de Dieu.
Si le Créateur des mondes est assez bon pour le sauver, tant mieux pour lui. Sinon, qu'il rejoigne sans tarder les papes simoniaques et infidèles au huitième cercle de l'Enfer, son vrai royaume (il nous aurait presque fait aimer le pape Alexandre VI Borgia).
L'essentiel est que nous soyons à jamais libérés de son désastreux magistère.
Pour ressusciter à son tour, l'Eglise latine en lambeaux qu'il nous laisse et la Chrétienté romaine dans son ensemble auront besoin d'un souverain pontife qui soit l'exact contraire de ce qu'il fut.
Ayez pitié de nous, Seigneur. Amen.

15 avril 2025

L'ALLEMAGNE ET SES SOUS-HOMMES

Gabriel Nerciat

-15/4/2025- Mais d'où sort donc cet abruti à face d'asperge, Banquier Chancelier comme Macron est Banquier Président, petit-fils émérite d'un dignitaire nazi de Westphalie, dont le premier acte public, alors même que l'économie de son pays s'effondre sous l'effet des sanctions imposées par Bruxelles à Moscou, consiste à défier d'un même geste Poutine et Trump en incitant Kiev à user de missiles longue portée Taurus pour détruire le pont de Kertch en Crimée (acte de nature purement terroriste, au passage, et sans aucune utilité stratégique, comme on le sait depuis au moins trois ans que l'armée ukrainienne essaie en vain de s'y coller) ?
L'Europe occidentale, masse amorphe de nations sénescentes désarmées, organisatrices de leur propre colonisation migratoire, se croit visiblement capable de fantasmer une deuxième jeunesse en prolongeant sans aucune perspective d'issue crédible une guerre sanglante et contraire à ses intérêts les plus évidents, rien que pour faire croire qu'elle a encore des dents capables de mordre des fraises et mues par un cerveau opérationnel.
Alexandre Douguine a raison : l'héritier libéral des nazis est devenu un inconsistant sous-homme, uniquement mû par le rêve de conquêtes impériales parodiques qu'il n'a même plus les moyens de financer.
Gageons que le même chancelier dégénéré sera le premier à faire pression sur son amie Ursula pour accélérer la conclusion des accords de libre-échange avec l'Amérique latine et repousser toute tentation de tarifs protectionnistes à l'encontre de la Chine.
Encore une fois, que ce soit à Paris, Berlin, Londres ou Madrid, il convient hélas de constater qu'il n'y a pour nous plus guère d'espoir : il faudrait vraiment soulever des montagnes pour qu'un vent nouveau apporte enfin des âmes et des idées nouvelles au coeur de l'ancien empire carolingien.
Tout juste peut-on rêver que Trump invite Merz prochainement dans son golf de Mar-a-Lago en Floride, pour lui asséner, à sa manière délicate et rapide, une jolie balle blanche nichée bien au centre béant de son postérieur étroit (25% de taxes sur toutes les voitures allemandes importées).
Oui, je sais, c'est peut-être vulgaire, mais c'est nettement plus facile à atteindre que le pont de Kertch en Crimée.