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26 octobre 2025

LE MYSTERE NICOLAS DE STAËL

Gabriel Nerciat

-26/10/2025- Curieux documentaire vu en cette fin de semaine sur Arte à propos de la vie et de la mort précoce de Nicolas de Staël (« Nicolas de Staël, la peinture à vif »).
Le réalisateur, François Lévy-Kuentz, s’efforce de démontrer que c’est la rupture avec sa dernière maîtresse Jeanne Mathieu, qui avait décidé, au terme d’une violente passion amoureuse de plus d’un an, de le quitter pour renouer avec son mari, qui poussa le peintre à se jeter dans le vide, en mars 1955, alors même qu’il abordait la quarantaine et que son œuvre atteignait enfin la pleine reconnaissance internationale, après deux décennies de vache enragée et d’insuccès constant.
Pourquoi ai-je autant de mal à être convaincu ?
Le suicide de Staël, à vrai dire, m’a toujours troublé. Contrairement à ce qu’on a pu écrire, il ne ressemble pas du tout à celui de Van Gogh, 65 ans plus tôt.
Non seulement au milieu des années 1950 il commençait à être reconnu en Amérique et à gagner de l’argent, mais de plus sa puissance de création, affermie par la découverte des riches lumières provençales ou siciliennes et la force tellurique qui émane des rivages montagneux de la Méditerranée, semblait enfin avoir trouvé la voie royale qu’elle cherchait depuis le début de son long et intense compagnonnage avec Braque et Delaunay pendant l’Occupation.
Ce qui est troublant, c’est justement le contraste entre les dernières toiles du peintre, surtout celles réalisées à Antibes autour du fort carré ou des motifs de marines, qui paraissent refléter une sérénité et une paix intérieures qu’aurait sans doute enviées Vincent, et la brutalité inattendue du passage à l’acte fatal.
Seules quelques grandes traînées de rouge, ici ou là, semblent attester d’une possible tension mentale, mais ce sont des indices trop ténus pour qu’on leur donne valeur de symptôme.
D’après Lévy-Kuentz, Staël aurait été brisé par la décision de Jeanne car c’était, selon lui, la première fois de sa vie qu’il était quitté par une femme (alors qu’en général c’est plutôt lui, séducteur ombrageux, qui enlevait les femmes des autres).
Vraiment ? Orgueil d’amant frustré et d’époux coupable, agrémenté de quelques polémiques entretenues avec des imbéciles avant-gardistes qui trouvaient ses footballeurs un peu trop facilement reconnaissables ?
Je n’y crois pas deux minutes. Un artiste de cette trempe ne se tue pas parce que son ego souffre d’un échec sentimental et que des crétins qui l’indifféraient au plus haut point déblatèrent sur sa peinture.
Peut-être au contraire Nicolas de Staël a-t-il résolu de quitter ce monde parce que ce monde et lui avaient fini par nouer un pacte bien plus décisif et irrévocable que celui que la passion ou le désir auraient pu le pousser à conclure avec Jeanne ou n’importe laquelle des femmes qu’il a aimées.
Les dernières formes peintes par l’artiste au-dessus d’une mer plus compacte que celle de son maître Cézanne sont investies d’une saillance si écrasante que la mer se noierait elle-même à vouloir les dissoudre.
On pense à Nietzsche et à cette pensée éparse de ses carnets jetée quelques semaines avant le basculement dans la folie à Turin, selon laquelle le monde est devenu tellement parfait et pétri de nécessités grandioses qu’il faut choisir entre être le maître de tout ou bien se dissoudre dans le rien.
Entre les deux, la mort volontaire, tranchante comme un nœud gordien, offre une alternative plus facile. À première vue, tout du moins.

24 octobre 2025

LA MONDIALISATION ET SES SPECTRES

Gabriel Nerciat

-24/10/2025- En France et plus largement en Europe occidentale, le néo-libéralisme hérité de Hayek et le socialisme technocratique refaçonné par l'ère mitterrandienne et le triomphe des deuxièmes gauches post-marxistes ont dominé le champ politique et idéologique des élites modernes pendant au moins quarante ans (mettons de 1976, année de l'entrée du commissaire ordo-libéral Raymond Barre à Matignon, à 2016, année du Brexit et de la candidature d'Emmanuel Macron à la présidence de la République).
Il se trouve, et ce n'est pas un hasard, que ces quarante ans ont correspondu avec l'avènement du processus économique qu'on a appelé aux Etats-Unis globalisation (libre-échange dogmatique + dollarisation du système monétaire + multilatéralisme triomphant + immigration de masse + multiculturalisme dominant + guerres impérialistes anglo-saxonnes).
Or, à l'heure où Donald Trump restaure le protectionnisme économique et où la Russie de Vladimir Poutine réduit en miettes ce qui reste du multilatéralisme et des capacités d'agression de l'OTAN, l'agonie de la mondialisation, qui a surtout servi à enrichir la Chine, révèle les impasses de ces deux systèmes de pensée pourtant encore considérés comme les seuls rationnels par la plupart des élites du pays et du continent.
Le néo-libéralisme n'est plus viable à partir du moment où les interdépendances économiques que la liberté du marché selon cette doctrine intensifie au niveau mondial au gré des spécialisations industrielles se heurte au retour des conflictualités stratégiques et identitaires entre grandes puissances (et moins grandes, d'ailleurs, aussi), ainsi qu'à des inégalités intérieures croissantes dont les classes moyennes paupérisées et les régions rurales subissent prioritairement le coût.
S'il est vrai que le marché peut générer des profits considérables et entretenir un certain niveau de croissance, il est faux de prétendre, comme le faisaient au siècle dernier les auteurs de la Société du Mont-Pèlerin, qu'il peut suffire à pérenniser des sociétés complexes au détriment de l'action de l'Etat et des prégnances locales traditionnelles.
Le socialisme technocratique, lui, est également frappé d'obsolescence dès lors que l'excroissance indéfinie du périmètre des interventions sociales de l'Etat entre en contradiction avec le maintien des services publics (défense, justice, police, école, santé, transports, recherche, culture patrimoniale, etc.) et même avec la survie de l'autorité républicaine elle-même.
Les réponses automatiques du style "Il suffit de réduire le nombre de fonctionnaires et stimuler l'innovation" (niveau Bouzou ou Verdier-Molinié) ou bien "Il suffit de taxer les riches et augmenter les impôts des classes moyennes supérieures" (niveau Piketty ou Zucman) ne peuvent plus convaincre aujourd'hui que des imbéciles fossilisés ou des militants décérébrés.
C'est d'abord avec ces deux boulets encombrants qu'il faut une fois pour toutes en finir.
Si les nationaux-populismes et dans une moindre mesure les gauches radicales anarchisantes prospèrent un peu partout, c'est que ce sont les deux seules galaxies idéologiques qui, du fait de leur marginalité initiale, ont su s'affranchir avant les autres de la tutelle de ces deux spectres notoirement impuissants.
Les élites, comme toujours, arrivent après la bataille. Mais ce qu'elles n'ont pas compris, c'est que les premiers vaincus de la bataille qu'elles désertent, ce sont elles.

23 octobre 2025

Gabriel Nerciat
23/10/2025

NOTRE AMIE LA GUERRE

La guerre avec la Russie, dernière chance des forces libérales-européistes chancelantes et du pouvoir macronien aux abois.
Face à ce déluge de conneries importées par les néo-conservateurs polonais et les détestables nains baltes, l'inertie des forces d'opposition nationales (à commencer par le RN) finit par devenir franchement préoccupante.
Les derniers courtisans, civils ou galonnés du régime, eux, se perdent dans une médiocrité de moins en moins scintillante.
Heureusement que Sarkozy, Hollande et Macron ont détruit la crédibilité de l'armée française en moins de vingt ans. Sinon, on serait vraiment en droit de redouter le pire.

14 octobre 2025

DISCOURS VAUDOU

Gabriel Nerciat
14/10/2025

Mesdames et Messieurs les députés,
Bonjour.
Ne perdons pas un temps précieux.
Vous le savez, comme plusieurs d'entre vous, je suis un mort vivant ; ce que les Haïtiens appellent un zombie, et c'est un état qui convient assez bien à mon tempérament errant, impavide, indifférent à tout.
Je ne vous demande pas grand chose : juste assez de chair humaine un peu consistante pour pouvoir encore errer quelques mois dans les palais de la République.
L'idéal serait de vous demander de voter une déclaration de guerre contre la Russie, mais nous n'avons pas assez d'hommes ou de matériel pour tenir un front plus longtemps que la durée d'un gouvernement du président Macron.
Avant-hier, j'ai réussi à mordre dans la nuit le cou de six députés ou sénateurs LR, mais déjà cela ne me suffit plus. Ils avaient un goût de poisson avarié.
Je vous fais donc la proposition suivante : acceptez de devenir zombie vous aussi en refusant de me censurer. C'est de toute façon, étant donné les circonstances, votre avenir obligé.
Ce devenir vaudou précèdera et justifiera la créolisation de la France que certains d'entre vous, à gauche, appellent de leurs voeux.
Il comblera aussi la droite qui se dit par antiphrase républicaine puisque ses membres, depuis le maréchal Mac-Mahon au moins, ont toujours eu un pied dans la tombe et l'autre dans la farce.
Car le grand avantage de n'être ni vivant ni mort, voyez-vous, mais d'être les deux "en même temps", c'est que ni les dieux ni les hommes ne peuvent rien contre vous.
N'hésitez pas, laissez-vous mordre. Toute autre attitude vous exposerait aux rigueurs d'une vie qui a comme vocation délibérée de vous détruire.
Souhaitons seulement que la France ne nous survive pas, comme me l'a dit ce matin en conseil des ministres le président Macron qui a ramené d'Egypte le foie momifié du pharaon Akhénaton.
J'ai terminé, Mesdames et Messieurs les députés.
Merci de votre attention, et votez comme il se doit.
Vive la République vaudoue, vive la France spectrale !

12 octobre 2025

Gabriel Nerciat
12/10/2025

MOZART, VOUS AVEZ DIT MOZART ?

Je n'ai jamais su qui avait eu cette idée stupide de surnommer l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande "Mozart de la finance". Car même à la banque Rothschild, sa flûte n'avait pas l'air très enchantée.
Aujourd'hui, il serait peut-être séant de rappeler au président de la République que Mozart est mort à 35 ans.
Il faut savoir justifier un surnom jusqu'au bout.

11 octobre 2025

Gabriel Nerciat

ALLEGORIE NARCISSIQUE
 
 
Dans le bois pathétique où l'ombre s'accumule
Narcisse ne peut plus jouir de son reflet ;
La morgue et le dédain que son ego simule
Ne pourront plus longtemps lui fournir un délai.

Non loin de lui, tandis que le gros temps s'avance,
Saute et disparaît un piètre faune cornu.
Sa flûte inaudible que les corbeaux devancent
Ne peut restituer les airs qu'elle a connus.

Narcisse voudrait que sa mémoire stérile
Préserve le signe de son bonheur d'antan.
Mais le faune, perdu dans ses retours fébriles,
Doute de retrouver la douceur du printemps.

Sait-il seulement que Narcisse n'est qu'un vide
Qu'aucune eau n'a jamais consenti à revoir ?
Ses traits sont si fuyants que leur présence avide
Demeure hantée par le plaisir de décevoir.


10 octobre 2025

SOUVERAINETE DU CHAOS

Gabriel Nerciat

-10/10/2025- Ce qui est à la fois lamentable et savoureux dans la situation politique présente du pays, c'est que ceux qui autour de Macron ont tout fait depuis huit ans pour détruire toute forme de stabilité au Parlement et dans les institutions républicaines héritées de 1958, aujourd'hui prétendent s'accrocher au pouvoir comme des moules avariées à un rocher fendu au nom précisément du maintien de la stabilité disparue.
C'est encore plus grotesque que pathétique.
Quand Louis-Philippe disait, après la révolution de 1830, "Moi ou le chaos", il pouvait au moins arguer que le chaos était dans la rue et pas au palais des Tuileries.
Après tout, c'est Emmanuel Macron qui, en 2016, prétendait procéder à une révolution - à la fois européiste, autoritaire, saint-simonienne, multiculturaliste, technocratique et favorable aux actionnaires des entreprises globalisées.
Tant pis pour les séniles droitards venus du giscardisme ou du balladurisme qui ont cru qu'ils élisaient, faute de mieux, une version rajeunie de Jean Lecanuet.
Macron est un homme qui a toujours aimé le chaos, et le chaos jusqu'à présent l'a toujours servi (c'est le seul point, sans doute, qu'il a en commun avec Donald Trump, et qui explique peut-être qu'au-delà de leurs désaccords idéologiques ils s'entendent plutôt bien). Même quand il prenait l'apparence de l'épidémie de covid ou de la guerre en Ukraine.
Alors qu'on nous évite aujourd'hui le couplet habituel et révulsif sur le besoin de stabilité (parce que, n'est-ce pas, les pauvres patrons du MEDEF ont peur de l'incertitude fiscale et les malheureux députés Renaissance, MODEM ou LR craignent de devoir revenir fissa à la vie civile).
En France, plus rien n'est stable aujourd'hui, et ceux qui ont fait fortune en misant sur l'intranquillité des Français et l'intensification de tous les types de flux (capitaux ou migrants) n'ont qu'à aller se faire foutre.
Moi, en ce moment, c'est quand j'entends le mot "compromis" que j''ai envie de sortir mon revolver.
Non mais quoi, Madame Perrichon ? Quand on a acquis un chien, on lui demande de miauler ?

9 octobre 2025

N'ENTRE PAS ICI, ROBERT BADINTER

Gabriel Nerciat

-9/10/2025- Non seulement les dérisoires notables socialistes à l'agonie sont bien décidés à tirer la corde des privilèges de la République jusqu'au bout, mais en plus cela ne leur suffit pas de squatter le Conseil constitutionnel, le Conseil d'État ou les directoires des chaînes publiques : il faut de surcroît qu'ils nous imposent sans vergogne leurs momies desséchées dans les cimetières officiels du régime.
D'habitude, on s'efforce, après un minimal délai de décence, de faire entrer au Panthéon des personnalités – artistiques, scientifiques ou politiques – qui sont censées faire plus ou moins l'unanimité au sein de la nation.
La règle a connu quelques exceptions, mais elles sont quand même assez rares, bien qu'on ait pris l'habitude il est vrai de faire entrer un peu n'importe qui depuis une vingtaine d'années au nom de prétextes ouvertement démagogiques (Alexandre Dumas et Joséphine Baker ont été moins célébrés pour leurs talents personnels que pour leur couleur de peau).
Rappelons tout de même que Jacques Chirac a dû renoncer à panthéoniser Hector Berlioz, le plus grand génie de la musique française, parce que certains passages de son opéra Les Troyens, inspirés de l'Enéide de Virgile, avaient été jugés trop nauséabonds pour les narines délicates de quelques clercs progressistes au cosmopolitisme effarouché.
C'est peu dire qu'aucune unanimité n'existe aujourd'hui, à peine plus d'un an après sa mort, pour légitimer la panthéonisation si rapide et si contestable de l'ancien garde des Sceaux de François Mitterrand.
Non seulement il n'a guère eu de mérite pour obtenir, contre l'avis d'une majorité de Français, l'abolition de la peine de mort (laquelle aurait fini par être votée quoi qu'il arrive, en France comme dans tous les pays européens), mais de plus il fut aussi le ministre de la Justice qui s'est appliqué, assez consciencieusement, avec l'aide de ses amis du Syndicat de la Magistrature, à détricoter le droit pour rendre les lois répressives de moins en moins fermement appliquées et l'autorité de l'État de plus en plus ouvertement bafouée (il n'a pas uniquement rangé la guillotine dans les pièces des musées et aboli la Cour de sûreté de l'État, mais aussi rendu impossible toute forme réelle de perpétuité pour les criminels les plus endurcis, avant que de rendre licite le recours de tout justiciable devant la CEDH pour casser les jugements rendus en France au nom du peuple français).
Le pire est qu'il n'a pas fait cela, j'en suis persuadé, par amour de la racaille ou bienveillance personnelle envers les réprouvés : ce prosateur médiocre a écrit une hagiographie de Condorcet (autre locataire détestable du Panthéon), pas de Jean Genet ou d'Auguste Blanqui.
Uniquement le besoin de combler la satisfaction morale et valorisante du grand bourgeois humaniste, heureux de démontrer à ses amis oligarques qu'il a pu imposer sa religion personnelle à un État qu'il soupçonnait d'asservir la société plus qu'il ne la protégeait.
Les avocats, à mon sens, ont bien tort de le vénérer : à cause de lui, plus aucun d'entre eux n'aura jamais à sauver la tête d'un de ses clients, ce qui était l'équivalent du baptême du feu chez les militaires.
Reste en tout cas l'essentiel : que des maires de gauche donnent son nom à des places ou des avenues si cela leur chante, pourquoi pas, mais rien ne justifie que Robert Badinter entre aujourd'hui au Panthéon.
Ce n'était pas un grand homme, et la Patrie ne lui est pas reconnaissante.

4 octobre 2025

LE WEEK-END FATAL DE DONALD TRUMP ET SON DESTIN

Gabriel Nerciat

-4/10/2025- Le plus important, dans ce qui va se passer demain ou les jours qui viennent au Levant arabe, n'est pas de savoir si Donald Trump sera ou non le prochain récipiendaire du prix Nobel de la paix, mais qui, des États-Unis ou d'Israël, est encore un État souverain capable de résister à l'hégémonie de l'autre.
En acceptant la restitution des derniers otages juifs contre la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens condamnés à la perpétuité (dont sans doute Marwan Barghouti, la figure emblématique des deux Intifadas), le Hamas renverse sur Netanyahou la pression qui depuis des mois était exercée sur lui, et d'une manière ou d'une autre va accentuer celle de l'Arabie saoudite, de l'Egypte et du Qatar sur Trump pour tordre définitivement le bras de son vassal génocidaire – lequel a déjà dû, à la Maison-Blanche, présenter des excuses publiques et humiliantes à l'émir de Doha dont il a bombardé impudemment le territoire en pure perte.
Quelque chose me dit toutefois que Donald ne doit pas être à la joie en ce moment.
Il sait qu'il risque dans cette affaire, en cas d'échec ou de refus humiliant de la part de Bibi – bien plus que dans l'affaire ukrainienne dont il a toujours estimé qu'elle lui avait été imposée par Biden et Zelensky –, une défaite diplomatique autrement plus grave que la non réception d'un hochet scandinave.
Pour trois raisons, dont on peine à distinguer laquelle serait la plus dommageable pour lui.
La première est que s'il cède à Netanyahou en l'autorisant à poursuivre sa guerre génocidaire, il reconnaît implicitement qu'il s'est révélé incapable de résister à l'emprise de l'État profond washingtonien, dont l'actuel pouvoir israélien est un rouage essentiel.
La seconde est qu'il s'aliènera durablement l'hostilité des alliés arabes ou sunnites de l'Amérique, provoquant ainsi la ruine des accords d'Abraham qui avaient été la seule grande victoire diplomatique de son premier mandat (tout en étant à l'origine de l'attaque palestinienne du 7 octobre).
La troisième est qu'il mécontentera à nouveau, après le bombardement de la centrale nucléaire iranienne de Fordo et les suites de l'affaire Epstein (auxquelles Bibi, d'après Tucker Carlson, n'est pas du tout étranger), sa base MAGA, de plus en plus massivement hostile à Israël et au sionisme comme l'avait illustré, entre autres choses, l'évolution de Charlie Kirk dans les derniers mois de sa vie.
En revanche, bien sûr, si Netanyahou cède, voire est contraint d'abandonner le pouvoir, Donald rafle la mise, qui lui rapportera bien plus qu'un prix Nobel (dont je suis persuadé qu'en réalité il se moque bien).
Car la dernière chose dont l'Amérique soit encore vraiment capable est d'imposer à ses anciens alliés, criminels ou serviles, la marque au fer rouge de son ressentiment post-impérial et isolationniste.
Le reste n'a plus grande importance, car aux États-Unis comme peut-être aussi en Israël d'après Elie Barnavi, ce sont surtout les risques de guerre civile et intérieure qui pointent désormais.

3 octobre 2025

SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS PERDU DANS LES SABLES DU PRÉSENT

Gabriel Nerciat
2/10/2025

Oh ben mince alors !
À la télévision et dans la presse, Julien Dray, Caroline Fourest, Bernard-Henri Lévy, Kamel Daoud, Arno Klarsfeld, la belle Abnousse Shalmani, le lumineux Jacques Essebag dit Arthur ou encore Charlotte Gainsbourg sainte et martyre ne cessent depuis des lustres de nous annoncer la chute imminente du sanglant régime des ayatollahs iraniens, sous l'effet de la révolte de la jeunesse urbaine américanisée et des jeunes femmes voilées diplômées (on ne sait pas comment) en attente d'émancipation (curieusement, le voile des femmes saoudiennes ou émiraties les intéresse beaucoup moins).
Et puis, ne voilà-t-il pas que c'est dans le Maroc du souverain alaouite, alcoolique, moderniste et pro-israélien Mohammed VI que survient la révolte ! Mohammed VI, le dernier signataire des accords d'Abraham, dis !
Sûr que les précités vont accourir par tweets et articles de presse en cascade, comme à l'époque de la guerre en Syrie ou de la chute de Kadhafi, pour soutenir les insurgés en proie à la répression meurtrière d'un autocrate islamique descendant du Prophète.
Pour l'instant je ne vois rien venir, mais peut-être que vous même, ma soeur Anne, êtes plus en avance sur moi ?
On nous le dit assez depuis deux ans : il n'y a pas que le génocide à Gaza dans la vie. Il faudrait un peu s'occuper du reste.
Eh bien, occupons-nous-en donc, par exemple de ce qui survient à l'occident du monde arabe.
Si d'aventure il y a un vague rapport avec les drames du Levant, on fera comme si c'était purement contingent, promis.
Prions seulement pour que la belle villa de BHL à Tanger, décorée par Andrée Putman, soit préservée de la fureur du temps...

25 septembre 2025

LA PRISE DE POUVOIR DES JUGES, SEUL VRAI SCANDALE D'ÉTAT

Gabriel Nerciat
25/9/2025

Je n'ai jamais voté pour Nicolas Sarkozy (au grand dam, à l'époque, de pas mal de mes amis droitards), et l'ai toujours tenu pour une fripouille indigne d'occuper le bureau élyséen de Louis-Napoléon Bonaparte et de Charles De Gaulle.
De plus, la forfaiture impardonnable qu'il a commise après son élection en annulant le vote référendaire des Français sur le rejet de la Constitution européenne, par le biais de la ratification parlementaire du traité de Lisbonne, me paraît un acte de haute trahison beaucoup plus grave que celui qui mena Louis XVI à l'échafaud.
Et ne parlons même pas de la réintégration de la France dans l'OTAN, de la désinvolte réforme constitutionnelle de 2008 qui accrut encore le pouvoir discrétionnaire des gnomes du Palais-Royal, des liens de connivence malsaine noués avec le Qatar, du rétablissement de l'alliance avec Israël ou encore de l'expédition militaire désastreuse commise avec les néo-cons anglo-saxons en Libye qui fit tomber le régime du colonel Kadhafi (le même Kadhafi dont les juges pensaient paradoxalement qu'il aurait pu être le corrupteur du président qui trama sa chute).
S'il avait dû être mis au cachot, c'est pour cela et seulement pour cela, pas pour autre chose.
Car le jugement ahurissant (à tous points de vue) qui le frappe aujourd'hui ne peut d'aucune manière être approuvé par quiconque croit encore plus ou moins à ce que doit être la bonne tenue d'une République démocratique.
Il ne fait que confirmer la justesse de ce que tous les théoriciens de l'illibéralisme répètent depuis un quart de siècle : une nation où les pouvoirs exécutif et législatif sont décisivement diminués ou entravés par des pouvoirs non élus ne peut à terme qu'être soumise à l'arbitraire de l'hydre à deux têtes que constitue désormais la double et perverse autorité des juges et des médias libéraux.
N'ayons aucun doute : la condamnation à cinq ans de prison ferme de l'ancien président, même si l'exécution provisoire est cassée dans quelques mois par la cour d'appel chargée de l'exécution des peines, ne fait que préparer en la justifiant la peine similaire qui frappera Marine Le Pen au mois de février prochain et l'empêchera de concourir à la prochaine élection présidentielle.
Le pronunciamiento des juges a commencé, et il ne s'interrompra que si et seulement si les Français se montrent résolus à l'entraver (personnellement, j'ai des doutes).

23 septembre 2025

Gabriel Nerciat
22/9/2025

LE SIONISME JUGÉ PAR CHARLES DE GAULLE

Qu'on écoute l'ensemble de la conférence : non seulement elle est prophétique, mais au-delà de l'algarade célèbre sur le peuple d'élite dominateur, elle va beaucoup plus loin que Macron aujourd'hui.

Vidéo de 14 min 53 s ↴

21 septembre 2025

VANTARDISES EUROPÉENNES ET PRINCIPE DE NON-CONTRADICTION ou VERS UN NÉO-WESTPHALISME

Gabriel Nerciat

-21/9/2025- Toujours sidérant d'entendre les clercs euro-atlantistes aux abois parler de la Russie et de l'Ukraine, comme d'ailleurs aussi bien de Trump et de Xi Jinping.
Au-delà de leur ridicule qu'on nommera faute de mieux spontané (comme par exemple s'indigner à longueur d'antenne que des drones non armés ou des avions de reconnaissance russes pénètrent pendant quelques minutes dans les cieux baltes ou polonais alors même que l'UE et les pays membres de l'OTAN dépensent des dizaines de milliards d'euros depuis trois ans pour aider Kiev à combattre la Russie et tuer des soldats russes), il est frappant de voir que la plupart de ces analystes qui prétendent au statut d'intellectuels sont complètement imperméables aux évolutions les plus évidentes du présent siècle.
Leur problème est simple mais assez complexe à diagnostiquer même en recourant au concept facile de dissonance cognitive : parfois, ils raisonnent comme si nous étions encore dans le cadre juridique multilatéral d'après 1945, et parfois comme si ce dernier n'avait plus aucune raison d'être.
Or il faut choisir : A et non-A ne peuvent pas être affirmés comme valides en même temps (c'est ce qu'Aristote appelait le principe de non-contradiction, pierre de touche de la rationalité occidentale dont la plupart de ces occidentalistes patentés sont si fiers).
Le cadre multilatéral est celui né de Yalta et de la défaite de l'Axe : il postule l'idée selon laquelle l'ensemble des États souverains doivent se soumettre à des règles communes (notamment le respect de l'intégrité des frontières étatiques) à partir du moment où ils ne remettent pas en cause les intérêts fondamentaux des cinq puissances impériales qui ont vaincu le Reich hitlérien et l'empire japonais.
Si ce cadre est toujours valide, alors il devrait aller de soi que toute extension des frontières de l'OTAN, après 1991 et la dissolution pacifique de l'URSS, ne peut ou n'aurait pu se faire sans des négociations officielles menées avec la Russie.
Lesquelles, comme chacun sait, n'ont pas eu lieu – ce qui a été interprété par Moscou et aussi par Pékin comme une remise en cause, non seulement de la part de Washington mais de l'ensemble des Occidentaux, de la légitimité même du cadre multilatéral hérité de Yalta (d'autant plus qu'à la même époque, l'Amérique et ses vassaux agressaient militairement la Serbie et l'Irak).
Si l'on estime que ce cadre juridique est mort avec le XXe siècle et la guerre froide, alors nous revenons plus ou moins automatiquement au cadre antérieur qui était celui des traités de Westphalie.
À savoir que les États souverains capables de puissance militaire ou stratégique, hors de tout cadre normatif trop contraignant, doivent parvenir à négocier perpétuellement entre eux un certain équilibre, tout en se gardant la possibilité de recourir à la guerre pour stabiliser ou défendre ce qu'ils estiment être leur zone d'influence légitime.
C'est ainsi que la France monarchique, au terme de plusieurs conflits, parvint à imposer sa loi et ses intérêts aux puissances espagnole, autrichienne, prussienne, hollandaise et britannique afin de stabiliser, autant que faire se peut, les zones de puissance étatiques respectives en Europe et au-delà.
Pour Poutine avec l'Ukraine comme sans doute bientôt pour Xi avec Taïwan, il est clair que c'est la logique westphalienne qui désormais s'impose.
Si elle s'impose aussi à l'Europe, alors l'Europe doit cesser de penser et de parler comme si nous étions encore à l'époque de la guerre de Corée ou du printemps de Prague.
D'autant plus impérieusement qu'aucune des nations européennes n'a les moyens, sans l'aide des États-Unis, de s'opposer militairement à Moscou (ou, même économiquement, à Pékin).
Il faudrait donc arrêter de parler, de menacer et de hurler, pour réfléchir un peu.
Car la seule chose sur laquelle Trump, Poutine, Xi, Erdogan et Modi semblent bien d'accord, c'est désormais de se passer de l'avis des Européens pour entreprendre quoi que ce soit.

20 septembre 2025

LE TARTUFFE DU LANGUEDOC

Gabriel Nerciat

-20/9/2025- Après le personnage de Chabrol en Vendée, tartufferie droitarde opus 2 en Languedoc.
L'odieux Robert Ménard a été en effet l'un des premiers maires de France à exhiber le drapeau bleu et jaune de l'entité ukrainienne au balcon de sa mairie de Béziers, et à s'en regorger sur tous les plateaux de télévision.
Aujourd'hui, il postillonne partout en s'étranglant de rage et réclame avec Retailleau (à juste titre, au demeurant) qu'on contraigne les maires pro-palestiniens à retirer du fronton de leurs mairies le drapeau de la Palestine (qui est d'ailleurs en réalité celui de la dynastie hachémite d'où étaient issus les anciens chérifs de La Mecque) qu'ils veulent exhiber lundi prochain.
Mais lui, on peut le parier, ne retirera pas son dérisoire fanion bandériste, et le ministre de l'Intérieur ne fera rien pour l'y contraindre.
Or il n'y a pas de demi-mesure : soit on ne tolère aucun drapeau étranger au fronton des édifices publics (même l'emblème marial de l'UE est une scandaleuse incongruité puisque l'UE n'est pas une fédération) ; soit on peut au gré des préférences du maire en tolérer d'autres, qui deviendront autant de motifs de discorde et de détérioration de la paix civile.
Or l'hypocrisie des droitards en la matière est toujours plus gênante que celle des gauchistes, parce qu'ils prétendent se vouloir garants de l'ordre public et de l'unité nationale, que les seconds ouvertement méprisent.

19 septembre 2025

LES SYNDICATS OU LA DÉCADENCE DE LA CHIENLIT

Gabriel Nerciat

-19/9/2025- Comme prévu, échec piteux et consommé des manifestations syndicales d'hier jeudi 18 septembre.
À peine un demi-million de manifestants dans tout le pays, essentiellement fonctionnarisés ou trotskistes parasitaires, agrémentés des traditionnels rebelles CNT et punks à chiens d'opérette. Flop complet de la grève générale, y compris chez les cheminots ou dans l'Éducation nationale. Cohn-Bendit et Romain Goupil devaient bien rigoler devant leur télé.
Même les Black Blocs ont dédaigné de venir (mais il est probable que cette fois, Retailleau et les services de la place Beauvau n'ont pas jugé utile de faire intervenir depuis l'Allemagne ou la Belgique cette fameuse garde prétorienne des régimes libéraux et des révolutions de couleur, si utile il y a six ans pour casser et discréditer l'insurrection des Gilets jaunes).
Quelques injures contre les milliardaires Arnault, Stérin ou Bolloré, voire des noms d'oiseau infantiles proférés contre Macron, mais cornaqués par la CFDT, SUD et la CGT, aucun des manifestants n'a évidemment jugé utile de se diriger vers la rue du Faubourg-Saint-Honoré ou le Palais-Royal.
L'hélicoptère du Banquier Président est resté sagement au hangar.
De toute façon, le chef de l'État en pré-retraite est impuissant, il n'y a plus de gouvernement en France, les discussions budgétaires sont au point mort, et tout le monde sait que le gouvernement Lecornu n'excèdera pas une durée de deux ou trois mois avant de probables élections législatives anticipées.
Ce genre de cérémonies même pas ritualisées sont devenues aussi vaines et vides de sens que les caquetages des poulets sacrés à Rome sous le règne des derniers Césars.
Les poulets, au moins, on pouvait les manger quand les dieux n'en voulaient plus ou quand les Romains se tournaient vers d'autres divinités que les leurs.
Mais les spectres qui dirigeant partis et syndicats, aujourd'hui, en France, sont devenus par trop immangeables. Les cannibales les plus endurcis seraient dégoûtés.

14 septembre 2025

DE LONDRES À PARIS ET RETOUR

Gabriel Nerciat

-14/9/2025- Il y aurait un rapprochement intéressant et sûrement éclairant à faire entre le succès historique des manifestations londoniennes anti-immigration de ce week-end initiées par Tommy Robinson et l'insuccès flagrant du mouvement de blocage du 10 septembre dernier en France (que confirmera sans nul doute le traditionnel baroud d'honneur syndical de jeudi prochain).
Ce rapprochement comparatif pose à mon avis deux types de questions pertinentes voire cruciales, auxquelles les réponses à apporter ne sont pas simples (sauf à faire du zemmourisme et du mélenchonisme) :

1) L'absence de parti de masse national-populiste depuis quarante ans au Royaume-Uni a-t-elle été ou non une chance pour le régime politique néo-libéral et immigrationniste qui a triomphé à partir des années Thatcher, et surtout du règne catastrophique du New Labour de Tony Blair ?
Permet-elle aujourd'hui, avec l'apparition tardive de Reform UK (le nouveau parti post-Brexit de Nigel Farage), d'aborder la question de la colonisation démographique et identitaire du Vieux Continent de façon plus franche et donc plus décisive que les succès électoraux du FN-RN en France ou de la coalition Fratelli d'Italia-Lega en Italie ?
Inversement, le succès politique du national-populisme et, dans une moindre mesure, du souverainisme conservateur illibéral en Europe continentale et aux États-Unis ne risque-t-il pas de favoriser les régimes libéraux en place, par les phénomènes de résistance dissociative que ces victoires électorales suscitent encore, avec l'appui implicite des superstructures médiatiques et judiciaires, ainsi qu'on l'a vu lors du second tour des dernières élections législatives en France ou même après l'arrivée au pouvoir à Rome de Giorgia Meloni ?

2) La tripartition idéologique et parlementaire que génèrent l'intensification des diasporas allogènes apportées par l'immigration de masse ainsi que la paupérisation des provinces périphériques détruites par le libre-échange global est-elle la dernière chance des nomenklaturas libérales et progressistes devenues partout minoritaires, ou bien au contraire ce qui les condamne à plus ou moins long terme à disparaître - en même temps d'ailleurs que la démocratie libérale elle-même, qui suppose l'existence de deux blocs idéologiques alternatifs et relativement homogènes ?
À mon avis, c'est parce que les gauches ne comprennent pas cette dernière dimension, inconnue du XXe siècle où elles prospérèrent, qu'elles échouent à fédérer l'ensemble des victimes du système économique actuel derrière elles.
S'il y avait encore des intellectuels en France, il me semble que c'est d'abord à ces deux champs d'investigation qu'ils devraient de toute urgence se consacrer.
Quelques esprits perspicaces ou précurseurs, comme Christophe Guilluy, Emmanuel Todd, Pierre Manent, Marcel Gauchet, Stéphane Rozès ou en Angleterre David Goodhart, ont commencé à défricher la route, mais je crois qu'il reste encore beaucoup de sites et de paysages insoupçonnés à découvrir en la matière.

12 septembre 2025

INDÉCENCE DES INDIGNES

Gabriel Nerciat

-12/9/2025- On se souvient (peut-être) du scandale qu'avait suscité la parution du livre d'Emmanuel Todd sur (et contre) Charlie Hebdo à peine quelques mois après l'assassinat de sa rédaction par des sicaires islamistes affiliés à Al Qaïda.
J'ai encore dans les oreilles les accents outrés de Caroline Fourest, Philippe Val, Maurice Szafran, Joseph Macé-Scaron, Nonna Mayer, Claude Weill et autres Jean Quatremer (je ne sais plus lequel de ces grands esprits, au demeurant tous recyclés aujourd'hui dans l'apologie des crimes de guerre d'Israël, n'avait pas hésité à écrire que le livre de Todd faisait de lui un complice posthume des frères Kouachi).
À l'époque, même si j'étais très loin d'approuver la totalité de la critique de Todd (dont le pamphlet était quand même assez bien foutu et à plus d'un titre visionnaire), je trouvais que les grandes huiles de la gauche qui se veut républicaine et/ou libérale en prenaient malgré tout un peu trop à leur aise. Je crois même l'avoir écrit ici sur mon ancien compte FB.
Or, aujourd'hui, à l'exception de Macé-Scaron devenu figurant intermittent sur C-News, les mêmes ne cessent, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, de conspuer la mémoire de Charlie Kirk en rappelant complaisamment telle ou telle de ses déclarations les plus controversées ou ses saillies les plus volontairement scandaleuses.
Tout en condamnant l'usage de la violence et le recours au meurtre politique, cela va sans dire.
Comme quoi, contrairement à ce que pensait feu Stéphane Hessel, il convient toujours de se méfier, instinctivement, des gens qui font profession de s'indigner.
On peut être à peu près sûr qu'ils protestent toujours contre les indécences et les ignominies qu'ils commettent eux-mêmes.

11 septembre 2025

À PROPOS DE L'EXÉCUTION DE CHARLIE KIRK

Gabriel Nerciat

-11/9/2025- Le wokisme, dont plusieurs doctes universitaires nous assurent qu'il n'existe pas, est-il pour autant capable de tuer ? Ce serait un peu la définition du zombie, personnage central des mythologies macabres d'outre-Atlantique.
Toutefois, restons prudents. Personne ne connaît encore à l'heure actuelle l'identité du salopard qui a assassiné Charlie Kirk.
Ce jeune homme brillant et courageux n'était pas seulement l'emblème médiatique le plus visible de la jeunesse MAGA ; c'était également un adversaire assumé du nationalisme ukrainien, et comme son ami Steve Bannon, au moins depuis l'agression contre l'Iran, un critique de plus en plus acerbe de l'État sioniste génocidaire dont il estimait que les intérêts divergeaient de ceux des États-Unis.
En attendant d'en savoir plus, reste l'évidence : en Amérique comme sans doute en Europe, malgré tout ce qui sépare les deux continents, il est clair que la révolte identitaire et nationale des peuples d'Occident et la contre-révolte qu'elle suscite ne s'affronteront pas de manière pacifique.
On n'est plus dans l'inoffensive comédie gauchiste et syndicale d'hier après-midi ; peut-être malheureusement.

10 septembre 2025

TOUT BLOQUER RUE SAINT-DENIS

Gabriel Nerciat

-10/9/2025- Ce matin, avec mon ami Jonathan et son cousin Caleb, on voulait rejoindre nos potes de l'ONG Conscience planétaire décroissante, subventionnée par la Mairie de Paris, pour aller bloquer l'entrée de la Poste du Canal Saint-Martin, et gueuler ACAB d'une seule voix devant l'agence BNP-Paribas qui fait l'angle du boulevard Sébastopol.
Mais des flics fascistes nous ont repérés, peut-être parce que j'avais un marteau à la main et Caleb un drapeau blanc avec au centre le sigle des Antifas autonomes, et ils nous ont pris en chasse.
On a couru comme des dératés, et après avoir semé les flics tout en perdant Jonathan en route, on s'est retrouvés rue Saint-Denis sans trop savoir comment.
Là, il y avait une jolie brune plantureuse d'une cinquantaine d'années qui m'a alpagué depuis le trottoir en face de la rue Blondel.
– Tu veux monter avec moi, beau gosse ?, qu'elle m'a dit. Pour soixante euros, je te fais toutes les gâteries que tu veux, à condition que tu mettes un préservatif.
J'ai rougi, involontairement, avant de penser à être outré.
– Mais pour qui me prenez-vous ?, lui ai-je rétorqué. Je ne suis pas là pour sombrer dans la débauche ; je suis un militant politique écologiste, no border et libertaire, et la police fasciste de ce pays pourri me poursuit. En plus, ça pollue, les préservatifs, parce que c'est fait avec du pétrole. Vous ne le savez donc pas ?
Elle m'a regardé en rigolant.
– Si tu veux, je te branle pour quarante euros, jusqu'à ta délivrance. Comme ça, tu jouis sans détruire la planète et sans enrichir Total-Energies ; ça te va ?
Caleb est intervenu :
– Eh, tu comprends pas, la goulue ? La situation est grave. On prendra du bon temps quand on aura renversé le capitalisme et sauvé l'espèce humaine, pas avant. Dans cinquante ans, Paris sera devenue une fournaise, l'IA aura remplacé nos cerveaux, le fascisme sera partout en Europe, et il fera beaucoup trop chaud pour que tu puisses encore baiser avec qui que ce soit. En plus, tu es beaucoup trop genrée, comme meuf, pour nous plaire.
– Dans cinquante ans, je ne serai plus là, chéri. Moi, mon boulot, c'est dans le présent. Et c'est pas l'IA qui pourra jamais te tailler une pipe comme moi, je te le garantis.
J'ai vu rouge et j'ai crié, comme Greta Thunberg à Katowice :
– Mais t'es encore plus ignoble qu'Elon Musk ou Bolloré ! Tu penses qu'au fric ! L'unité de la planète, l'égalité entre les hommes, l'antiracisme, tu t'en fous ! Encore un peu, tu vas voter Le Pen !
Caleb a surenchéri :
– Toutes les putes sont des bâtardes ! On va bloquer la rue Saint-Denis !
On voulait commencer le taf, mais ce qu'on n'avait pas vu, c'était un énorme garde-chiourme racisé d'1m90 qui surveillait les alentours et auquel cette salope a fait un signe pour qu'il s'approche.
Il est arrivé comme le vent et nous a fracassé la mâchoire, devant les passants qui nous regardaient goguenards.
On était vraiment outrés, Caleb et moi, le visage en sang, et on a décidé d'aller porter plainte au commissariat parce que, bordel, on a des droits.
Mais on n'a pas pu. Il y avait ces crétins de la faction trotskiste de la porte Saint-Martin qui bloquaient la porte de l'hôtel de police.
Alors on est rentré chez nous, et on a regardé les manifs sur BFM-TV.

9 septembre 2025

LA DÉCONFITURE DE RETAILLEAU

Gabriel Nerciat

-9/9/2025- Je l'ai déjà dit, mais au-delà de François Bayrou, Bruno Retailleau à mon sens apparaît aujourd'hui comme le grand vaincu politique de cette chute ministérielle.
Non seulement son bilan en tant que ministre de l'Intérieur est nul (il n'est parvenu ni à arracher au Premier ministre une nouvelle loi sur l'immigration, comme il l'avait promis, ni à freiner le nombre des naturalisations et des visas, encore moins à augmenter substantiellement le nombre d'expulsions des clandestins), mais il a été suffisamment inintelligent ou inhibé politiquement pour demeurer solidaire du bedeau béarnais jusqu'au dernier moment de sa chute sans rien avoir obtenu de lui.
S'il n'est pas reconduit à l'Intérieur par le futur Premier ministre (en espérant que ce dernier ne vienne pas de la gauche), je gage que son destin national pour le moins sera court, et on ne s'en plaindra pas.
Le pire, toutefois, contrairement à ce que prétend la droite C-News, c'est son attitude vis-à-vis de Boualem Sansal.
En effet, en menaçant publiquement Alger de représailles et de sanctions tonitruantes qu'il n'était pas en mesure de rendre effectives, et ce sans avoir requis au préalable l'autorisation de Macron qu'il savait hostile à de telles mesures, il a sans aucun doute contribué à aggraver considérablement le sort de l'écrivain embastillé.
Initier un rapport de force qu'on n'a pas les moyens d'assumer est le signe indubitable de la médiocrité en politique.
Mais ce genre de tartarinades démagogiques et irresponsables est tout à fait dans la pratique de cette droite de notables catholiques hypocrites et faux culs, qui prétend incarner les valeurs morales des honnêtes gens tout en se comportant comme des voleurs de dot ou des gérants d'hôtels borgnes.
Si Boualem Sansal meurt en prison, nul doute qu'on priera pour lui dans les églises de Vendée. Mais il aurait mérité mieux.