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13 novembre 2025

Boualem Sansal enfin libre – mais la honte demeure !

Kuzmanovic Georges

-12/11/2025- Quelle joie d’apprendre la libération prochaine de Boualem Sansal, après des mois d’injustice. Son courage, sa droiture et sa parole libre ont triomphé des barreaux.
Il a été la victime de l'arbitraire et aussi la victime collatérale du différend géopolitique entre la France et l'Algérie.
Hier comme aujourd'hui ou demain, un écrivain, un artiste ne peut pas être un levier politique. Son arrestation en raison de son expression, de sa pensée, est toujours inacceptable.
Mais quelle honte pour la France ! Jadis patrie des écrivains et de la liberté, elle n’a même plus la force de faire entendre sa voix.
Il aura fallu que le président allemand intervienne pour obtenir ce que Paris n’a pas su imposer : la libération d’un grand auteur francophone.
Voilà où nous en sommes : la France réduite au murmure diplomatique, contrainte de déléguer sa parole.
Cela illustre malheureusement parfaitement ce que Emmanuel Macron a fait du second réseau diplomatique mondial : le 6ème, et une France brouillonne, faible, inaudible et incapable d'imposer ses vues à l'international.
Cette libération n’est pas un cadeau : elle a été arrachée par la mobilisation, par l’indignation, par la solidarité des consciences libres à travers le monde et en particulier du Comité International pour la Libération de Boualem Sansal.
Sans elles, Sansal serait encore derrière les murs.
Nous saluons son courage indomptable, son refus de plier, son exemple lumineux dans un monde où les obscurantismes se répandent.
Sa voix, elle n’a jamais été emprisonnée – elle a continué de défier la peur, de dénoncer la lâcheté et la censure.
Mais notre combat n’est pas terminé.
Nous n’oublions pas notre compatriote Christophe Gleizes, toujours détenu.
Comme Sansal aujourd'hui , il doit être libéré.

8 novembre 2025

Kuzmanovic Georges
7/11/2025

Macron trahit à nouveau les intérêts de la France – cette fois, ceux des agriculteurs

Depuis le Brésil, Macron déclare qu’il pourrait accepter le traité du Mercosur.
La FNSEA, à qui Macron avait affirmé "sa ferme opposition" à ce traité, est cocue : il avait simplement besoin d’elle pour étouffer la colère paysanne.
C’est un peu comme avec le Parti Socialiste : Macron agite la verroterie, et quelques dirigeants syndicaux ou politiques faibles (ou corruptibles) se laissent aisément berner.
Les Polonais, eux aussi, se sentent trahis par Macron.
En acceptant le Mercosur, Macron va achever de détruire l’agriculture française, incapable de rivaliser avec des pays qui n’ont ni les mêmes contraintes sociales, ni les mêmes normes écologiques, ni les mêmes coûts financiers.
Résultat : des assiettes françaises plus polluées et des campagnes désertées.
Il est d’ailleurs étonnant que certains soient encore surpris par une telle trahison.
Eh oui : Macron favorise l’industrie allemande, à bout de souffle, pour lui permettre de survivre encore un peu.
Tant pis pour la France.
Tant pis pour l’écologie.
Mais voilà : Macron se rêve, après 2027, président du Conseil européen.
Et pour y parvenir, il faut caresser les Allemands dans le sens du poil, ceux qui dominent l’Union européenne.
Quant aux Français, pour savoir où ils en sont, qu’ils lisent le livre de son principal ministre de l’Économie, Bruno Le Maire…
Il y est question de "renflement brun" – tout un programme.

6 novembre 2025

Théo Francken, un docteur Folamour néonazi ?

Georges Kuzmanovic
6/11/2025
Georges Kuzmanovic

Quand un ministre aux attaches néonazies se permet de menacer Moscou, ce n’est plus un « dérapage » : c’est une alerte rouge pour l’Europe. Francken, nostalgique assumé du VNV, parle aujourd’hui au nom de l’armée belge. Ses propos bellicistes révèlent une dérive brune qui gangrène les institutions.

Théo Francken, ministre de la Défense de Belgique (depuis février 2025, dans le gouvernement fédéral dirigé par Bart De Wever), mais également proche de groupes d'extrême droite, voire carrément néonazis, illustre la dérive stratégique et la confusion idéologique qui saisit nombre de dirigeants européens et interroge les « valeurs européennes » que l'Union européenne (UE) se glorifie de défendre en Ukraine.
Dans une interview récente du 30 octobre dans les médias Huomo et De Morgen, Théo Franken, très martial, n'a pas hésité à déclarer « nous raserons Moscou ». Aucune mesure, aucune diplomatie, mais de la communication hystérique et dangereuse, dans la continuation des propos insensés de la très belliciste Kaya Kallas, ministre des Affaires étrangères de l'UE – qui n'hésite pas à dire publiquement qu'il faut vaincre la Russie et la briser en quinze États différents, ce qui est très exactement le vieux projet néocon et qui n'est évidemment pas de nature à trouver un chemin vers la paix.

Théo Franken, ministre ou nostalgique du fascisme ?

Le parcours et l'idéologie profonde qui meuvent Théo Franken sont plus que douteux et ses propos marquent une dérive morale.

Morale, car il ne s'agit pas là d'un mot trop haut d'un politique qui s'emporte ou d'une boutade belge : Francken n’est pas un novice du scandale.
Figure emblématique de la N-VA ( Nieuw-Vlaamse Alliantie – parti nationaliste Flamand), il a connu une carrière politique flirtant non seulement avec l'extrême droite, mais avec les nostalgique du 3ème Reich allemand.

Le 14 octobre 2014, trois jours seulement après sa nomination comme secrétaire d’État dans le gouvernement Michel I, Theo Francken se retrouve au centre d’une tempête politique. L’opposition lui reproche d’avoir participé, avec le N-VA Ben Weyts (alors ministre flamand de la Mobilité et membre de son parti), au 90ᵉ anniversaire de Bob Maes. Ce dernier n’est pas un simple vétéran : sympathisant nazi, collaborateur et ancien membre du parti pro-hitlérien VNV (Vlaams Nationaal Verbond) durant la Seconde Guerre mondiale, il a ensuite fondé en 1950 le Vlaamse Militanten Orde (VMO), milice privée d’extrême droite interdite en 1983. Héritier direct des organisations collaborationnistes flamandes de l’entre-deux-guerres, le VMO incarne une continuité idéologique brune que la présence de deux ministres lors de cette célébration rend particulièrement choquante. Face au scandale, plusieurs partis exigent la démission de Francken et de Weyts.
Il n'en fut rien et Francken ne s'en excusa jamais.

Une nouvelle révélation ravive la polémique. On découvre, après cette première « gaffe », l'implication de Théo Francken dans l’organisation, en 2007, de réunions pour un groupe baptisé « VNV » – référence explicite au Vlaams Nationaal Verbond, formation ayant collaboré avec le régime nazi. Il y a quelques années encore, n'importe où en Europe, un tel passé aurait valu une opprobre générale et une démission – il n'en est rien de nos jours.

Sudpresse publie alors plusieurs courriels où Francken tient des propos à la fois menaçants et homophobes : il y écrit que ceux qui dévoileraient ces réunions néonazies secrètes « recevraient une balle » (sic!) ou seraient condamnés à « passer une nuit avec Christian Dutoit », homosexuel flamand bien connu – amis de la poésie bonjour. Ces messages ne laissent aucun doute sur l'idéologie profonde du ministre Fancken.

Figure de la ligne dure au sein de la N-VA, Theo Francken est souvent accusé de reprendre à son compte les thèmes du Vlaams Belang. Au point que ce dernier, parti d’extrême droite, lui a attribué un surnom révélateur : « Xerox », pour souligner qu’il ne ferait que copier ses positions.

Que l’homme chargé aujourd’hui des clés d’une armée ait un parcours politique entaché de liens et de rendez-vous peu compatibles avec les principes démocratiques – participation à l’anniversaire d’un sympathisant nazi ancien membre du VNV en 2014, organisation supposée de réunions flirtant avec des références au VNV – n’est pas un détail anecdotique. C’est grave et c'est un signal d’alarme.

La dissuasion nucléaire n’est pas une métaphore

En dehors du fait qu'on peut se demander par quels moyens magiques la Belgique pourrait raser Moscou, vu que ce pays ne dispose pas d'armes nucléaires, il s'agit là de propos non seulement maladroits, mais dangereux. Théo Franken, sûrement saisi par l'hubris du moment qui frappe les dirigeant européens, semble oublier qu'il parle là de la Russie, qui, elle, dispose de milliers d'armes nucléaires et des meilleurs vecteurs au monde, en particulier les missiles hypersoniques.
« Moscou rasée » a pour corolaire que toutes les villes d'Europe seront rasées.

Dire « nous raserons Moscou » quand on est ministre de la Défense d’un pays membre de l’UE, c’est irresponsable au sens le plus littéral. Nous parlons d’États nucléaires et d’un équilibre fragile. La rhétorique belliciste et jubilatoire, qui fantasme l’annihilation d’une métropole, n’est pas de la bravade stratégique ; elle est la marque d’un esprit qui a perdu de vue la réalité géopolitique élémentaire : une confrontation directe entre puissances nucléaires ne peut avoir d’issue autre qu’une catastrophe planétaire. Que des responsables publics s’y adonnent publiquement – ou s’entourent de nostalgies historiques qui renvoient à l’ombre du fascisme – est inacceptable. La politique doit tempérer la fureur, pas l’alimenter.

L’autre face de la même folie est la conversion du discours « anti-Poutine » en un délire stratégiquement suicidaire. On lit et on entend des propositions qui, sous couvert d’affronter l’agresseur, évoquent la « désintégration contrôlée » de la Russie, sa « division » en myriades de petits États – une proposition que des dirigeants du cercle atlantiste, y compris la dirigeante estonienne Kaja Kallas, n’ont pas totalement écartée lorsqu’ils ont évoqué l’idée que la Russie ne doive pas rester telle quelle après la période de guerre – comme si l'Ukraine et l'OTAN allaient gagner, ce qui en soi est une hallucination sévère par rapport au réel.
Un tel programme ressemble aux pires scénarios néoconservateurs : imposer la balkanisation d’une puissance continentale. C’est une folie stratégique et morale – et, c'est une folie pour laquelle l’Europe n’est pas équipée, sauf dans la tête de quelques esprits déséquilibrés.

Pourquoi ? Parce que diviser un État-continent, en particulier une puissance nucléaire, n’est pas une manœuvre diplomatique anodine. Imaginons dans un scénario de pure fiction absolument improbable que cela marche : la Russie est défaite et on la découpe en petits morceaux. Ce serait semer les graines d’innombrables conflits futurs, d’instabilités régionales chroniques et d’une prolifération de zones grises où des acteurs non étatiques et des puissances extérieures pourront prospérer. C’est aussi jouer avec un équilibre composé d’arsenaux militaires nucléaires ou classiques et d’alliances qu’aucun décideur sain ne devrait considérer comme une variable d’ajustement pour le prestige national ou pour le gain électoral.
Le vrai courage politique consiste à protéger la population – la sienne comme celle de l’autre – contre des options qui mènent à l’anéantissement.

Einstein l’avait déjà formulé avec génie et sobriété : « Je ne sais pas avec quelles armes la Troisième Guerre mondiale sera menée, mais la Quatrième Guerre mondiale le sera avec des bâtons et des pierres. »

Le premier devoir des dirigeants politiques à l'ère nucléaire est de préserver leur pays, et par extension l'humanité de l’apocalypse.
La responsabilité des dirigeants est donc de freiner l’inconscient collectif plutôt que de l’attiser.

Une dérive européenne

Mais la faute n’est pas que personnelle. Elle est collective. Il est légitime, sain et nécessaire de questionner les « valeurs européennes » lorsqu’un ministre d’un État membre peut se réclamer d’un nationalisme flirtant avec l’extrême droite, voire le nazisme, tout en tenant des propos qui mènent l’Europe vers les abysses.
On peut se demander si les fantasmes de Théo Francken, emprunt des tragédies de la deuxième guerre mondiale, à savoir la destruction de la Russie sont compatibles avec les valeurs que nous brandissons. « Démocratie, dignité humaine, rejet du totalitarisme » ne sont pas des slogans décoratifs : elles exigent cohérence et sanctions.
Peut-on encore prétendre être le bastion des droits humains si l’on tolère, à la tête des institutions, des personnalités qui fraternisent avec des héritages collaborationnistes et qui, en paroles, accompagnent la montée des tensions vers l’irréversible ? Non. Cela oblige à des choix clairs : mise à l’écart des nostalgiques, enquêtes sur les complicités idéologiques, et un effort réel de dénazification des élites politiques.

Ne nous méprenons pas : dénoncer la rhétorique de Francken et la surenchère stratégique n’est pas confondre la critique de la politique de dissuasion ou du soutien à l’Ukraine avec une posture pro-Poutine. Il est possible de soutenir la souveraineté ukrainienne – chacun est libre de ses convictions – d’aider les victimes et de condamner les agressions sans tomber dans la logique qui veut « anéantir » l’adversaire. La différence entre un démocrate et un va-t-en-guerre est simple : l’un agit pour limiter les souffrances humaines, l’autre propose la guerre et l’éradication comme politique d’État.

Enfin, la dimension idéologique est cruciale. Quand des hommes politiques roulent des mécaniques en s’abreuvant à des symboles ou à des réseaux qui sentent le passé le plus sombre de l’Europe, ils ne trahissent pas seulement la mémoire : ils trahissent l’avenir. Le néonazisme n’est pas une opinion respectable à intégrer dans le débat ; c’est une menace. Qu’un responsable public catalogue, minimise ou normalise ces attaches devrait suffire à le disqualifier. L’argument de la « ligne dure » sur l’immigration, la sécurité ou le commerce extérieur ne justifie pas la complaisance envers l’idéologie fasciste.

La Belgique, l’Europe, l’OTAN et l’Union doivent donc opérer trois choix clairs et urgents :
1. traiter conformément à la loi et à la déontologie toute preuve de connexions extrémistes néonazie chez des responsables publics ;
2. imposer une discipline rhétorique et institutionnelle – les ministres parlent au nom de leurs peuples, pas de leurs rancœurs personnelles ;
3. replacer la stratégie européenne dans le cadre le plus strict de prévention d’un conflit généralisé, en priorisant la diplomatie, le contrôle des armements et des mécanismes sérieux de désescalade.

Il ne s’agit pas d’un excès de prudence mais d’un impératif de survie. La planète ne peut pas être le champ d’expérimentation des frasques rhétoriques ou des vengeances idéologiques. Quand un ministre évoque la destruction d’une capitale, quand d’autres appellent à la dislocation d’États, la démocratie ne peut pas s’en remettre à la tempérance spontanée de l'Autre : elle doit agir, rappeler les limites, et rappeler que « valeurs européennes » n’est pas une formule vide mais un contrat – entre nations, entre générations – qui interdit l’inhumanité et la folie.

La politique sérieuse commence là où la bravade s’arrête. Si nous voulons encore parler de l’Europe comme d’un espace de civilisation, alors il faut être implacable envers ceux qui souhaitent sa dérive : néonazis, va-t-en-guerre et idéologues belligérants. Les mettre hors d’état de nuire n’est ni une censure ni un excès : c’est la condition minimale pour la paix.

Théo Francken, Ministre de la défense de Belgique - © BELGA

30 octobre 2025

Georges Renard-Kuzmanovic
Fréquence Populaire

L’Argentine, nouveau protectorat américain

-27/10/2025- Sous perfusion de dollars et sous influence américaine, Javier Milei gagne les législatives. Quarante milliards de “soutien” conditionnés à sa victoire : un scrutin transformé en référendum pro-Trump. La démocratie argentine n’a plus que l’apparence du choix. Sa souveraineté est enterrée.


Vote obligatoire, abstention record, aide étrangère massive : la victoire de Milei n’est pas celle d’un peuple souverain, mais d’une tutelle financière. L’ère Monroe renaît, et Buenos Aires en devient la première colonie politique du XXIᵉ siècle.

Milei a gagné, mais à quel prix ?
Vote obligatoire, abstention record, aide étrangère massive : la victoire de Milei n’est pas celle d’un peuple souverain, mais d’une tutelle financière. L’ère Monroe renaît, et Buenos Aires en devient la première colonie politique du XXIᵉ siècle.
Une victoire en trompe-l’œil, achetée à coups de 40 milliards $ et d’ingérences assumées.
Donald Trump, Elon Musk, l’Atlantic Council : tout Washington derrière Milei. L’Argentine ne vient pas de voter, elle vient d’être achetée. La démocratie argentine, elle, ne s’en relèvera pas si facilement.
Avec ces 40 milliards $ d’aide conditionnée à la victoire de Milei, Washington transforme l’Argentine en protectorat. Le vote est obligatoire, mais la souveraineté ne l’est plus. Sous les applaudissements de l'Atlantic Council, Milei qui en a été le lauréat cette année avec Emmanuel Macron, consolide son pouvoir. Derrière le vernis libéral, une réalité brutale : l’Argentine redevient une colonie financière.

Le dimanche 26 octobre 2025, l’Argentine a organisé ses élections législatives de mi-mandat afin de renouveler la moitié de la Chambre des députés et un tiers du Sénat.
Le résultat est indéniable : le parti du président Javier Milei, La Libertad Avanza (LLA, « La Liberté Avance ») s’impose comme première force : autour de 40,6 % des voix au niveau national. En face, la coalition pé­ro­niste de l’opposition, Fuerza Patria obtient un résultats moindre, autour de 31,7 %.
Le scrutin renforce la base parlementaire de Milei : son alliance triple ses sièges dans les deux chambres.


Principales forces politiques en Argentine lors du scrutin du 26 octobre 2025

- Libertad Avanza (Milei) – 40,6 % et obtient 64 nouveaux sièges
C'est un parti libertarien / d’extrême droite, anti-establishment, volonté d'un choc économique néolibéral, privatisations généralisées, suppression de l’inflation, dollarisation avancée de l'économie argentine (et donc mise sous tutelle). Corrélation forte avec l'expérience dramatique d'Augusto Pinochet au Chili et l'intervention des « Chicago boys » de l'école néolibérale d'économie de Chicago et de Milton Friedman.

- Fuerza Patria - 31,7% et obtient 44 nouveaux sièges
Coalition peroniste traditionnelle – héritière du péronisme, populisme de centre-gauche, dont la dernière grande figure fut Cristina Fernández de Kirchner (Présidente de l'Argentine de 2007 à 2015 et Vide-Présidente de 2019 à 2023), favorable à l'État providence et des dispositifs sociaux, soutien aux plus pauvres et faibles, pro services publics, proche des BRICS qu'ils devaient rejoindre en tant que membre à part entière, avant la décision de Miléi de rompre cet accord... à la demande des USA.

- Divers partis provinciaux, fédéralistes, de gauche radicale (ex. « Frente de Izquierda ») – mais marginalisés dans le duel entre les deux premiers. :

« Provencias Unidas » : 7% et 8 sièges
« Frente de Izquierda » : 4,7 % et 3 sièges
« Fuerzas provinciales » : 4,4 % et 6 sièges

La participation fait partie des premiers signaux d’alarme : environ 67,9 % de taux de participation, soit le niveau le plus bas depuis le retour de la démocratie en 1983 pour une élection nationale ! Et... dont très peu de commentateurs ont fait état, y compris en Europe.
Il faut préciser que le vote est obligatoire en Argentine depuis de nombreuses années – ce qui rend ce taux faible d’autant plus inhabituel. Cela signifie que près de un tiers du corps électoral ne s’est pas rendu aux urnes alors que le cadre légal l’y obligeait.
Dans ce contexte, on peut d’emblée s’interroger : que vaut une « victoire » obtenue avec une participation réduite ?

Mais la critique ne doit pas s’arrêter à la seule question de la participation. Car derrière l’apparente victoire de Milei se profile une logique d’ingérence étrangère, de dépendance extérieure et une souveraineté nationale fortement remise en cause au profit des intérêts des États-Unis.

L’ingérence américaine et la « victoire » de Milei
L’un des éléments les plus frappants de cette élection est le rôle joué par les États-Unis d’Amérique : Donald Trump a autorisé un plan d’assistance financière à l’Argentine de deux fois 20 milliards de dollars, soit 40 milliards de dollars. Concrètement : une ligne d’échange (currency swap) de 20 milliards de dollars a été signée, et un second volet de 20 milliards en financement privé ou via fonds souverains est à l’étude. Son délivrement dépendait, entre autres du résultats de ces élections législatives.

Qu'est-ce qu'un currency swap ?

Un currency swap est un accord entre deux parties – souvent deux banques centrales – pour échanger une certaine quantité de devises (par exemple des dollars contre des pesos argentins dans le cas présent) afin de stabiliser la monnaie locale ou de soutenir les réserves de change.

Dans le cas de l’Argentine, il s’agit d’un accord de swap de devises avec les États-Unis (ou indirectement via la Réserve fédérale), permettant à Buenos Aires d’obtenir des dollars pour soutenir sa monnaie et financer ses importations, en échange d’engagements financiers équivalents en pesos ou en garanties futures... et donc d'inféodation encore plus importantes aux États-Unis, qui, par ce biais, « achètent » une part de la souveraineté de l'Argentine.

Cette injection massive survient alors que l’économie argentine est en crise grave : inflation galopante, dette étrangère élevée, réserves de change faibles, etc.
Le soutien financier américain est colossal en proportion du budget de l'Argentine.
Les recettes totales de l'État argentin s'élevaient en 2023 à 123,90 milliards de $, soit environ 17,9 % du produit intérieur brut (PIB). Dès lors, 40 milliards de dollars représentent une proportion considérable du budget national argentin, un tiers, ce qui met son économie sous perfusion, de facto, des États-Unis.

Par comparaison, si l’on appliquait cette logique à la France voilà ce que cela donnerait : les recettes nettes du budget général de l’État s’élèvent à 308 milliards d'Euros, si les États-Unis nous aidaient à hauteur de l'Argentine soit untiers de ces recettes, c'est comme si nous recevions 100 milliards pour appuyer un candidat pro-américain. Rapporté aux difficultés budgétaires de la France, ce serait un bon ballon d'oxygène et cela souligne l’ampleur de l’ingérence qui se joue à Buenos Aires.
Cela paraîtrait aussi absurde et inacceptable - comme le fait que notre Président en exercice reçoive lui aussi le Global Citizen Award de l'Atlantic Council.

Autre détail hautement significatif : lors d’une réunion à la Maison-Blanche avec Milei, Donald Trump avait déclaré que « si Milei ne gagne pas », alors « il n’y aura plus d’aide pour l’Argentine ». Autrement dit : l’aide est conditionnée à la victoire électorale de Milei. Cela n’est plus simplement du « soft power », mais bien de la logique de « financement externe mis au service du succès d’un candidat » – ce qui, dans nombre de démocraties, serait qualifié d’ingérence insupportable et qui fort logiquement a dû motiver bon nombre d'électeurs argentins tétanisés par le risque d'une nouvelle crise financière catastrophique.

À cela s’ajoutent d’autres vecteurs d’intervention : les réseaux sociaux américains (X, Facebook) ont joué à plein la carte Milei - Elon Musk était allé plusieurs fois directement soutenir Milei, recevant de ses mains une tronçonneuse d'honneur alors qu'il s'occupait du DOGE (Department of Government Efficiency - « département de l'Efficacité gouvernementale ») et coupait dans les dépenses publiques américaine (avec un faible succès et beaucoup de coupes absurdes).
Dans ce genre de situation, il faut imaginer les évènements en images miroirs : que dirait-on si Pavel Durov, patron de Telegram, menait une campagne clairement en soutien d'un candidat pro-russe et venait officiellement recevoir un cadeau symbolique de « son » candidat, c'est-à-dire du candidat du Kremlin ? Evidemment tous nos médias hurleraient à l'ingérence insupportable.
On peut se référer au cas de l'élection présidentielle en Roumanie, invalidée pour ingérence étrangère supposée (russe) à travers le réseau social TikTok, alors même que la preuve n'en a pas été réellement établie. Mais dans le cas de l'Argentine c'est à visage découvert sans que cela provoque une levée de bouclier médiatique. On se demande pourquoi...

On note également la sur-présence de lobbyistes ou parlementaires américains en tous genres et à tous les niveaux de la société américaine.
On ne sait pas encore quel a été le rôle de la Nation Endowment for Democracy (NED), mais il très certainement été majeur, ainsi que l'indiquent plusieurs observateurs locaux - ce ne serait pas une première en Amérique Latine, pas plus que l'implication de la CIA.

C'est quoi la National Endowment for Democracy (NED) ?

La NED – en français Fondation nationale pour la démocratie – est une organisation américaine « à but non lucratif » créée en 1983 sous la présidence de Ronald Reagan.
Officiellement, elle a pour mission de promouvoir la démocratie dans le monde.
Mais en réalité, son rôle et ses financements en font un instrument d’influence politique et géopolitique des États-Unis, souvent décrit comme le bras civil de la CIA.

Objectifs officiels et réalités :

“Promouvoir la démocratie, les droits humains et la société civile dans les pays autoritaires ou en transition.” - c'est beau comme l'antique.
Mais derrière cette rhétorique, ses actions consistent souvent à financer, former et conseiller des mouvements, ONG, médias ou partis politiques alignés sur les intérêts américains – notamment dans les pays du Sud global ou les zones d’influence de la Russie et de la Chine.
- De nombreux chercheurs et journalistes (notamment William Blum, John Pilger, Noam Chomsky) ont montré que la NED a repris les missions d’ingérence politique autrefois confiées à la CIA, mais sous une façade « publique et morale ».
- La NED est accusée d’avoir soutenu ou influencé des mouvements de renversement de régimes, dont elle s'est plusieurs fois vanté :
> le Nicaragua.
> la Serbie : création et soutien à « Otpor! », qui a renversé Milosevic, première révolution de couleur.
> la Géorgie : « Révolution des Roses » en 2003.
> l’Ukraine : « Révolutions orange » en 2004 et Maïdan en 2014.
(dans les deux derniers pays cités, Raphaël Glucksmann a participé dans une logique toute NED, mais ce sera un prochain article de Fréquence populaire).
> Hong Kong, Venezuela, Biélorussie, et récemment Cuba.


Son ancien président, Allen Weinstein, avait d’ailleurs reconnu dès 1991 : « Beaucoup de ce que nous faisons aujourd’hui ouvertement était fait secrètement par la CIA il y a 25 ans. » - Sans commentaire...

Structure et financement :
- La NED est financée presque entièrement par le Congrès américain, via le budget du Département d’État (donc de l’argent public).
- Son conseil d’administration comprend des représentants des deux grands partis américains (Républicains et Démocrates), d’anciens diplomates, des militaires, des patrons de médias et des dirigeants d’entreprises.
- Son conseil d’administration comprend des représentants des deux grands partis américains (Républicains et Démocrates), d’anciens diplomates, des militaires, des patrons de médias et des dirigeants d’entreprises.
- Elle redistribue ses fonds à quatre “branches” principales :
1) NDI – National Democratic Institute (proche du Parti démocrate).
2) IRI – International Republican Institute (proche du Parti républicain).
3) Center for International Private Enterprise (CIPE) – lié à la Chambre de commerce américaine.
4) Solidarity Center – proche de la centrale syndicale américaine AFL-CIO.
Bref... pour influencer la gauche, la droite, le patronat et les syndicats dans le monde entier. L'affaire est bien rodée.

La NED est un instrument d’influence extérieure des États-Unis, qui finance des acteurs politiques, médiatiques et associatifs à l’étranger sous couvert de « promotion démocratique ».
Elle illustre parfaitement la stratégie américaine d’ingérence douce (soft power), habillée d’un discours moral mais poursuivant des objectifs géopolitiques très concrets : affaiblir les gouvernements non alignés, renforcer les élites pro-occidentales et contenir les influences russe ou chinoise.

Enfin, Milei a reçu le 24 septembre 2025 le « Global Citizen Award » du Atlantic Council – un des think-tanks d’influence américaine les plus puissants dans le domaine de l’influence globale. Ce type de reconnaissance internationale contribue symboliquement à légitimer l’axe Milei–Washington, renforçant l’idée que l’Argentine entre dans une logique de protectorat, ou du moins de quasi-vassalité.

Pourquoi cette élection « ne vaut rien » au regard de la légitimité
Sur la base de ces éléments, on peut poser la thèse suivante : oui, Milei a formellement gagné les élections législatives en Argentine — mais non, sa victoire ne peut être interprétée comme l’affirmation limpide d’une souveraineté populaire libre et autonome. Plusieurs raisons :

- Participation affaiblie – Le taux (~67,9 %) est historiquement bas pour une élection nationale avec vote obligatoire. Cela affaiblit la représentation démocratique et soulève la question de savoir si le corps électoral a massivement adhéré ou simplement ployé sous des contraintes économiques.

- Soutien extérieur massif et conditionnel – Lorsque l’aide d’un pays tiers (ici les États-Unis, première superpuissance mondiale) est conditionnée à la victoire d’un candidat ou d’une force politique, cela transforme l’élection en instrument géopolitique, plutôt qu’en expression libre de la volonté nationale.

- Crise économique extrême – L’Argentine traverse une situation économique catastrophique. Une économie en détresse rend l’électorat vulnérable, les choix plus dictés par la contrainte et/ou le financement extérieur que par la conviction politique. Dans ce contexte, un soutien financier extérieur massif peut peser d’un poids déterminant.

- Affaiblissement de la souveraineté – En acceptant ce type d’assistance, et en s’alignant sur les priorités géopolitiques de Washington (blocage de l’influence chinoise en Amérique latine, contrôle des ressources, etc.), l’Argentine s’engage dans une trajectoire qui rappelle certaines heures sombres de l’histoire latino-américaine, comme l'époque de l’Opération Condor;
Pour les États-Unis, c'est au minimum la réactivation sans scrupules de la « doctrine Monroe ».
En un mot : la «victoire» de Milei est certes incontestable sur le plan quantitatif, mais sa légitimité qualitative, en termes de souveraineté populaire autonome, est sérieusement entamée.

Un petit crochet sarcastique
Imaginons un instant la scène suivante : la Russie finance à hauteur de 40 milliards de dollars le candidat d’un pays tiers, et déclare que « nous couperons toute aide si notre candidat ne gagne pas ». Et cela, dans un pays en crise économique grave, fortement dépendant de cette aide extérieure. Ne parlerions-nous pas tous d’ingérence politique majeure, de mise sous tutelle, de manipulation électorale flagrante ? On dénoncerait massivement l’atteinte à la souveraineté et à la démocratie.
Et pourtant, dans le cas argentin, cette double condition (soutien + condition « victoire ou rien ») semble être à l’œuvre, sans que la communauté internationale occidentale n’ait élevé le même niveau de protestation.

Ainsi, la victoire de Javier Milei aux élections législatives argentines comporte bien un double visage : celui d’un triomphe politique apparent, mais aussi celui d’une capitulation tacite de la souveraineté nationale au profit des intérêts géopolitiques américains et au prix d'un asservissement financier.
Le vote obligatoire, un taux de participation faible, l’intervention étasunienne massive et conditionnelle, la reconnaissance internationale par un think-tank de Washington : tous ces éléments combinés soulèvent la question : l’Argentine vient-elle de renouveler librement sa représentation parlementaire, ou bien de confirmer une nouvelle phase de dépendance exogène ? Difficile de parler ici de « souveraineté retrouvée ». L’Argentine semble reculer, se prêter à un format de protectorat moderne, et perdre un peu – peut-être beaucoup – de son indépendance politique.
À ce titre, cette « élection » vaut moins qu’il n’y paraît, et mérite d’être analysée non pas comme un triomphe démocratique, mais comme un ajustement du pays à d'un nouveau système de domination des Etats-Unis sur le continent Sud-Américain.

L'Opération Condor, c'est quoi ?

L’Opération Condor (Operación Cóndor en espagnol) fut une campagne de coordination politico-militaire secrète, mise en place dans les années 1970 en Amérique du Sud, sous impulsion et supervision des États-Unis.
Son objectif : éliminer les opposants politiques (réels ou supposés) aux dictatures militaires alliées de Washington dans la région. C'était un système de répression globalisé.

L'Opération Condor fut lancée officiellement en 1975 à Santiago du Chili, sous la direction du général Manuel Contreras, chef de la DINA (la police politique de Pinochet), donc après le coup d'État du 11 septembre 1973 fomenté et soutenu logistiquement, techniquement et financièrement par la CIA et d’autres agences américaines.
Cette opération avait été inspirée de la doctrine de sécurité nationale développée dans le cadre de la guerre froide, qui assimilait tout mouvement de gauche, socialiste ou syndical à une menace communiste - on peut se demander si avec le développement des BRICS, les États-Unis ne replongent pas dans leurs anciens travers.

Les principales dictatures d’Amérique du Sud y ont participé à l'Opération Condor :
- Le Chili de Pinochet.
- l'Argentine de la junte militaire de Videla.
- L'Uruguay.
- Le Paraguay.
- La Bolivie.
- Le Brésil.
- Le Pérou.
- L'Equateur.

Quels étaient les objectifs de l'Opération Condor ?
- Identifier, traquer et éliminer les militants, intellectuels, syndicalistes, journalistes ou opposants politiques exilés d’un pays à l’autre.
- Mettre en place un réseau transnational d’espionnage, d’enlèvements et d’assassinats.
- Créer une base de données commune sur les « ennemis intérieurs ».
- En définitive : défendre d'abord les intérêts géopolitiques américains et faire appliquer la doctrine Monroe se manière stricte.
- La doctrine Monroe (1823) affirme que toute intervention européenne dans les affaires du continent américain sera considérée comme une menace pour les États-Unis, posant ainsi le principe : « L’Amérique aux Américains » — c’est-à-dire, aux États-Unis.

Moyens et méthodes :
- Enlèvements d’exilés politiques dans des pays voisins.
- Transferts clandestins (“extraordinary renditions”) d’opposants d’un pays à l’autre.
- Torture systématique et exécutions extrajudiciaires.
- Opérations conjointes menées par les services secrets des différents États sous supervision américaine.
- Formation des « élites » des dictatures (militaires, police politique) à « l'Ecole des Amériques » (dite « école des dictateurs ») : c'était un centre de formation militaire américain créé en 1946 au Panama pour former les officiers d’Amérique latine aux techniques de contre-insurrection, la torture, l'assassinat et la répression politique.
- l’École des Amériques a été fermée au Panama en 1984 et déplacée aux États-Unis, sur la base de Fort Benning (Géorgie), où elle a rouvert sous un nouveau nom en 2001 : Western Hemisphere Institute for Security Cooperation (WHINSEC), en 2001.
Malgré ce changement de nom, les critiques persistent : « l'école » poursuit les mêmes missions d’ingérence et de formation idéologique pro-américaine auprès des officiers latino-américains.
- Les archives déclassifiées montrent que le Secrétaire d’État Henry Kissinger était informé de l’existence de l'Opération Condor et n’a rien fait pour l’arrêter, au contraire, il en a été un des instigateurs.
- La CIA, le FBI et le Pentagone ont fourni des moyens logistiques, de communication, des formations et du renseignement aux dictatures.

Bilan humain de l'Opération Condor :
On estime que plus de 60 000 personnes ont été assassinées, torturées ou portées « disparues » dans le cadre direct ou indirect de l’Opération Condor.
En Argentine seule, la dictature (1976-1983) fit environ 30 000 disparus.

22 octobre 2025

Kuzmanovic Georges

-22/10/2025- En mission à Moscou pour couvrir la Semaine de l’Énergie et faire quelques interviews, tout ne s’est pas passé comme prévu...
Un banal accident s’est transformé en une galère monumentale.
Samu local, passage express par les urgences d’un hôpital public russe, plantage des reportages / vidéos.
Trois jours d’hospitalisation, une opération, et une plongée inattendue dans le système de santé d’un pays sous sanctions.
En direct au cœur de la Russie d’aujourd’hui par le biais de la santé et de ma petite expérience vécue sur place – certains vont avoir des surprises.
Et en plus c'était gratuit : les étrangers, quel que soit leur pays, même sans assurance, ont l'intégralité de leurs soins, analyses, opérations si nécessaire et hospitalisation complètement couvert par l'État russe dans les cas d'urgences médicales.
Sinon ça va, il faudra se soigner un mois mais le pire est évité. Prenez soin de vous !

Cliquer sur l'image ↴

21 octobre 2025

Kuzmanovic Georges
21/10/2025

Ah… enfin un peu de diversité dans le bestiaire des menaces mondiales !
Après les Russes, voilà que les Chinois entrent officiellement au panthéon des grands méchants.
Le « Kompromat » ne sera plus seulement l’affaire d’Olga ou de Natacha : place à Li Mei et Xiulan, prêtes à faire chavirer le cœur – et les documents sensibles – de nos hauts fonctionnaires et industriels en goguette.
Comme les médias atlantistes fonctionnent de manière pavlovienne, on peut s’attendre à un grand virage vers l’espionnage inclusif et multiculturel : bientôt, les femmes indiennes, brésiliennes, indonésiennes, africaines ou émiraties prendront d’assaut la vertu de nos élites administratives et vont monter à l'assaut des braguettes pour leur extorquer leurs secrets industriels et d’État… s’il en reste.
Bruno Le Maire, lui, pourra enfin publier ses 50 nuances de la D.G.E. : entre deux réunions du G7, il a de quoi nourrir une belle carrière littéraire.
Mais enfin, quels secrets, au juste ?
Parce que, pendant que les nations des BRICS décollent, nous, on reste sur le tarmac à discuter du bon modèle de trottinette électrique pour sauver la planète. Et côté administration… quel pays sensé voudrait importer nos pétaudières kafkaïennes ?
Soyons lucides : au rythme où va le monde, c’est plutôt l’inverse qui va se produire.
Je vous préviens, le jour où je lirai dans La Pravda de Shanghai un article mettant en garde les ingénieurs chinois contre les avances de nos Stéphanie, Cécile et autres Caroline – nouvelles Mata Hari de la start-up nation –, la boucle aura été bouclée.
Mais réjouissons-nous : tout cela ouvre de nouvelles perspectives d’emploi pour notre jeunesse.
Pour les femmes, les hommes, les non-binaires – restons inclusifs ! –, voici venir l’âge d’or du nouvel OSS 117 : ils n'ont plus qu'à traverser la rue pour embrasser une nouvelle carrière.
Une remarque pour Le Point et L'Express et les autres : un peu de modernité, arrêtez de fustiger seulement les femmes. Et les hommes à l'assaut de nos femmes industrielles et hautes fonctionnaires, on en parle ?
Allons, un peu de modernité dans la débâcle.

10 octobre 2025

Kuzmanovic Georges

Emmanuel Macron prend la France en otage

- Il est le principal responsable de la crise politique ;
- Il a perdu trois élections consécutives ;
- 70% des Français veulent le voir partir ;
- Il sert les intérêt de Washington et ceux de Bruxelles avant ceux de la France ;
- Sa politique néolibéral a désindustrialisé, fourvoyé et ruiné la France ;
- Il joue la carte de la guerre face à la Russie avec ses amis, tout autant détestés dans leurs pays, Starmer, Merz, von der Leyen ;
- Il reçoit avec Milei le prix du "Global Citizen" de l'Atlantic Council des mains du PDG de BlackRock, Larry Fink qui veut s'accaparer nos retraites et notre sécurité sociale ;
- Il ne reçoit ni la La France Insoumise ni le Rassemblement National à l'Elysée et donc dit merde à 50% des électeurs de France.
Et pourtant, les petits éditorialistes aux ordres, les politiciens apeurés considèrent qu'il serait "le maître du jeu", qu'il a "les cartes en mains", qu'il serait "le maître des horloges"...
La vérité est que Macron se fout de notre gueule ouvertement, de la démocratie et des institutions de la France.
Il est dévoré par son hubris. Il se prend pour Jupiter.
Comme Louis XV, il dit "Après moi le déluge"...
Pour nous, il est temps de relire La Boétie et d'appliquer ses préceptes.
“Soyez résolus de ne servir plus, et vous serez libres.” - Etienne de La Boétie - Discours sur la servitude volontaire.

9 octobre 2025

Kuzmanovic Georges

-8/10/2025- Je crois qu'on a collectivement sous-estimé la puissance de Bruno Le Maire.
C'est quand même un politique formidable ! Il n'a été ministre de la Défense que 14 heures et, en ce court laps de temps, il a éliminé la menace russe. Oui !
Même sur LCI on ne parle plus ni de guerre en Ukraine, ni de drones, ni de flotte fantôme, ni de Tomahawk, ni de conflit nucléaire, et même pas de l'imminente invasion de l'Europe par la Russie.
Tout cela s'est dissipé dans les brumes.
Bravo l'artiste !

8 octobre 2025

Kuzmanovic Georges
7/10/2025

Emmanuel Macron restera comme un désastre pour la France.

L’un de ses pires dirigeants, tous régimes confondus.
Mais le pire, ce n'est pas seulement lui. C'est toute la cour de rats médiocres qui ont prospéré sous son aile : Gabriel Attal, Édouard Philippe, Valérie Hayer, Alain Minc, tant d'autres adorateurs de "Jupiter", et jusqu’à TF1/LCI, propriété du groupe Bouygues, si prompt à engranger les bénéfices de la vente d’Alstom à General Electric.
Tous ces petits Iago de la Macronie, qui ont tout eu grâce à lui, qui ne seraient rien sans lui… et qui aujourd’hui le lâchent, avec l’ingratitude des faibles.
Ces gens-là ont été les serviteurs zélés de son néolibéralisme, les instruments dociles de son européisme aveugle, les relais de son atlantisme servile.
Ils ont accompagné, soutenu et justifié la désindustrialisation de la France, l’affaiblissement de l’État, l’écrasement social du peuple français.
Et maintenant, ils jouent les vierges effarouchées.
Leur expression publique est une honte.
Leur place n’est pas dans les studios de télévision, mais avec leur maître : dans les poubelles de l’Histoire.

6 octobre 2025

Kuzmanovic Georges
6/10/2025

Le naufrage du macronisme : la République humiliée

Le macronisme s’effondre, emporté par son propre cynisme. Et la France ?
Regardons la vérité en face.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a démissionné… douze heures seulement après la formation de son gouvernement. Douze heures ! Voilà où en est la République sous Macron : un pouvoir qui tient à peine une nuit, une vague majorité qui s’évapore avant même d’avoir commencé à gouverner.
Et pourquoi ? Parce que le Président, dans un geste d’autoritarisme, a voulu imposer Bruno Le Maire au ministère de la Défense. Un marchand de chiffres, un romancier érotique de gare, celui qui en huit ans a creusé le trou de la dette de plus de 1000 milliards supplémentaires est bombardé chef des armées – quelle farce !
Quelle humiliation pour nos soldats, pour l’État, pour la France !
Cette décision insensée a mis le feu à la poudrière : la coalition fragile s’est disloquée, les Républicains se sont rebellés, Bruno Retailleau a joué les indignés – non par patriotisme, mais par opportunisme.
Tous ces petits calculs, ces rivalités d’ego, ces misérables jeux d’appareil… pendant que le pays, lui, s’effondre.
Car pendant que ces gens se chamaillent pour des portefeuilles, les Français travaillent, peinent, souffrent. Pendant que la macronie s’autodétruit, le peuple, lui, se débat dans la vie chère, l’insécurité, la décadence économique et morale. Voilà le vrai visage du pouvoir : un théâtre d’ombres où l’ambition personnelle remplace le sens de l’État.
La démission de Lecornu, c’est plus qu’un échec : c’est un symbole.
Le symbole d’un régime épuisé, décomposé, gangrené par la vanité, le mépris et la corruption morale.
Ceux qui se présentaient comme les champions de la stabilité sont devenus les fossoyeurs de la République. Ceux qui se vantaient de leur compétence ne savent plus que brasser du vent et déplacer des ministres comme des pions sur un échiquier.
Et que dire de Macron ?
L’homme qui prétendait incarner la modernité n’est plus qu’un gestionnaire d’impuissance qui va à l'étranger recevoir le prix de sa soumission atlantiste ou pour faire l'important, joue les matamore bellicistes ridiculisant à chaque intervention un peu plus la France.
L’arrogance à la place d'une vision, le calcul au lieu de la conviction, la communication pour singer le courage.
Il a transformé le pouvoir en une scène de théâtre permanent et grotesque, où la France n’est plus qu’un décor qui part en lambeaux.
Ou alors il est emporté par son hubris et lorgne sur l'article 16 de la Constitution pour prendre les pleins pouvoirs. Emmanuel Macron aurait alors sciemment aggravé une crise politique dont il est déjà le premier responsable.
On dit l'idée folle, impossible, que l'on (qui est ce « on » ?... Les partis politiques ? Le peuple ? Les hauts fonctionnaires ? L'armée ?) s'y opposerait. Est-ce si sûr ?
Ce n'est qu'une hypothèse, mais elle ne doit pas être négligée compte tenu de la psychologie même d'Emmanuel Macron et de la manière dont il s'est illustré lors de la gestion de la crise des Gilets jaunes.
En tout état de cause, cette débâcle politique, avant d’être celle de son gouvernement, est d’abord la sienne.
Il en est l’architecte. Il est le fossoyeur de la République en s'asseyant par trois fois sur des résultats électoraux où lui et son bloc ont perdu. Mais peu importe les élections, il continue.
Le macronisme n’est plus un projet, c’est une lente agonie : celle d’un système qui ne tient plus que par la peur et le mensonge.
Mais cette crise n’est pas seulement celle d’un homme, elle est celle d’un régime.
Depuis le référendum de 2005, où le peuple a dit NON à l’Europe libérale et où les élites ont bafoué sa volonté, notre démocratie n’est plus qu’une illusion.
On fait voter les Français pour mieux les trahir.
On parle de République, mais c’est une République sans le peuple.
Et sans le peuple, il n’y a plus de République du tout.
Alors oui, il faut un changement radical.
Il faut rendre la parole au peuple, rendre la souveraineté à la Nation, rendre le pouvoir à ceux qui travaillent, qui produisent, qui défendent, qui font vivre la France !
Car tant que ce système de privilégiés continuera à gouverner contre les Français, notre pays continuera de s’enfoncer.
Il est temps de rompre.
De dire stop à cette mascarade politique, à cette caste qui joue avec le feu pendant que la maison France brûle.
Le moment est venu de redresser le drapeau, de relever la tête, de reconstruire la République – la vraie, celle du peuple souverain, celle de la dignité nationale, celle du courage et de la justice.
Car ce n’est pas seulement un gouvernement qui tombe, c’est tout un système qui s’effondre.
Et dans cet effondrement, une seule force peut encore sauver la France : le peuple lui-même.

5 octobre 2025

Kuzmanovic Georges
5/10/2025

Finalement, c'est la Ve République que Bruno Le Maire a réussi à mettre à genoux.

2 octobre 2025

Kuzmanovic Georges
1/10/2025

Interview de Natacha Polony sur Fréquence Populaire Media

Vidéo 2:03:34 ↴

29 septembre 2025

Kuzmanovic Georges
29/9/2025

Commentaire entendu sur France Info : le « but de Trump est de trouver une solution de paix pour Gaza »... toute honte bue.
Allô Radio France ? Trump (comme Biden avant lui, bref : les États-Unis) :
- Bloquent depuis des décennies toute reconnaissance de l’État de Palestine.
- Soutiennent militairement et financièrement Israël.
- Sans les USA, pas d’opérations militaires à Gaza ou en Cisjordanie.
- Sans les USA, Israël aurait été contraint de négocier depuis longtemps (ce qui aurait d’ailleurs été favorable à Israël aussi).
- Le blocus humanitaire de Gaza relève également de leur responsabilité.
- Les juges de la CPI sont traqués par les USA.
- Sans leur accord, pas de bombardements du Qatar.
- Les USA ont sauvé Israël de sa guerre absurde contre l’Iran.
- Etc.
En réalité, Netanyahou et Trump visent le dégagement total des Palestiniens de Gaza. C'est ça la réunion.

25 septembre 2025

Bruno Le Maire ou l’irresponsabilité politique

Kuzmanovic Georges
25/9/2025

Sept ans ministre de Macron, vingt-cinq ans au cœur de l’État : Bruno Le Maire feint de découvrir les méfaits de l’Union européenne. Une tartufferie de plus, symbole d’une caste politique jamais responsable, jamais coupable.


Il est des moments de la vie publique où le citoyen se demande s’il doit rire ou pleurer. Quand Bruno Le Maire, ministre de l’Économie depuis plus de sept ans et acteur de premier plan de la vie politique française depuis un quart de siècle, explique désormais que « l’Union européenne est responsable de la désindustrialisation de la France » et que « les technocrates de Bruxelles tuent l’Europe », le sentiment oscille entre la stupéfaction et la colère. Voilà donc celui qui a accompagné, justifié et promu les politiques européennes les plus destructrices depuis Maastricht qui, soudain, découvre les dégâts dont il est l’un des principaux architectes.

Voilà donc l’homme qui, depuis un quart de siècle, a occupé toutes les places clés de l’appareil d’État, l’homme qui a voté, justifié, appliqué et défendu tous les traités européens, qui découvre aujourd’hui les dégâts qu’il a lui-même semés. Tartufferie ? Hypocrisie ? Cynisme ? Sans doute les trois à la fois.

Vingt-cinq ans à défaire la souveraineté française

Bruno Le Maire n’est pas un météore politique, c’est un vieux routier du système. Directeur de cabinet de Dominique de Villepin à Matignon, secrétaire d’État aux Affaires européennes, ministre de l’Agriculture sous Sarkozy, puis ministre de l’Économie d’Emmanuel Macron depuis 2017 et pendant presque 8 ans, il est dans les arcanes du pouvoir depuis un quart de siècle au moins.

Et à chaque étape, il a participé à défaire la souveraineté de la France. Il a été de ceux qui ont enterré le vote du peuple en 2005, quand les Français ont rejeté massivement le traité constitutionnel européen, ressuscité sous la forme du traité de Lisbonne en 2008 et imposé par un Congrès réuni à Versailles. Il a été de ceux qui ont vanté les mérites de la dérégulation, du libre-échange, des délocalisations, du dumping fiscal et social en Europe. Il a été de ceux qui ont imposé le dogme de la mondialisation heureuse, en sacrifiant des pans entiers de notre économie sur l’autel de la « compétitivité ».

Alors, entendre aujourd’hui Bruno Le Maire se plaindre que « Bruxelles tue l’Europe », c’est un peu comme voir un pyromane se lamenter de voir brûler une maison qu'il a lui-même incendiée.

L’euro, cette camisole qui étrangle la France

Au cœur du problème se trouve bien sûr l’euro. Conçu à l’image du Deutsche Mark, cette monnaie unique est taillée sur mesure pour l’industrie exportatrice allemande. Pour Berlin, c’est une aubaine : elle bénéficie d’une devise parfaitement adaptée à sa puissance industrielle. Pour Paris, c’est un piège : la France se retrouve coincée avec une monnaie trop forte pour son appareil productif, et trop faible pour soutenir son pouvoir d’achat.

Résultat : pour tenter de compenser ce handicap, l’État français dépense chaque année au moins 150 milliards d’euros. CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi), Crédits d’impôt, subventions, allègements de charges, primes à l’exportation… Autant de pansements budgétaires pour maintenir vaguement à flot une industrie qui suffoque sous le joug de l’euro.

Ce sont 150 milliards qui pourraient aller à l’école, à la santé, à la recherche, à la transition écologique, aux infrastructures. Mais non : ils servent à colmater les brèches d’un système monétaire absurde, voulu par nos élites, imposé aux peuples, et qui ronge année après année les bases de notre économie.

Une désindustrialisation qui n’a rien d’un accident

Ce n’est pas la fatalité qui a conduit à la désindustrialisation française, mais bien des choix politiques. Les élites françaises ont accepté les règles du jeu maastrichtien en toute connaissance de cause. Elles ont préféré vendre aux Français les vertus supposées de la « compétitivité », du « consommateur roi » et des « marchés ouverts », plutôt que de défendre l’indépendance économique et la souveraineté productive du pays.

Ainsi, au lieu de maintenir et moderniser notre appareil productif, on a organisé la fuite des usines à l’étranger. Au lieu de protéger notre avantage énergétique lié au nucléaire, on a accepté le système européen absurde de fixation des prix de l’électricité, conçu pour neutraliser l’avantage français et aligner nos coûts sur ceux de l’Allemagne. Au lieu d’investir dans des filières stratégiques, on a préféré signer des accords commerciaux ouvrant nos marchés à des produits fabriqués au bout du monde, au prix d’un désastre écologique et social, tout cela pour flatter les dogmes du libre-échange et du marché unique.

Et beaucoup en ont profité financièrement, et encore plus la classe sociale qu'ils ont servi, et en premier lieu, les ultra-riches, ceux dont la fortune a été multipliée par 5 en 10 ans.

Évolution du patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes de France de 1996 à 2024
- 1996 : le patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes représentait ≈ 6,4 % du PIB (environ 80 Mds €).
- 2017 : des responsables politiques et médias reprennent un ordre de grandeur d’≈ 25 % du PIB (repère souvent cité pour illustrer la montée depuis 1996).

On a sacrifié Alstom sur l’autel de Bruxelles et pour amplifier la fortune de quelques milliardaires à qui, in fine, profite la perte de souveraineté dans tous les domaines. On a laissé partir nos raffineries, nos aciéries, nos fleurons de l’électronique, notre industrie chimique et une partie de l'industrie militaire. On a accepté que notre agriculture soit broyée par les accords de libre-échange et même de perdre notre souveraineté agricole. Et surtout, on a consenti à ce que notre avantage énergétique – le nucléaire – soit neutralisé par un système européen de fixation des prix pensé pour priver la France de son atout compétitif et par des lobbies (puissances étrangères surtout mais, aussi écologistes) qui ne veulent pas que la France soit doté d'une énergie souveraine.

L’Allemagne, elle, a joué sa partition : enchaînant les excédents commerciaux, imposant ses règles, profitant de la monnaie unique. La France, elle, a perdu des millions d’emplois et accumulé des déficits abyssaux.

Jamais responsables, jamais coupables

Et aujourd’hui, que fait Bruno Le Maire ? Il dénonce les technocrates de Bruxelles, comme si l’Union européenne était tombée du ciel, comme si lui et ses semblables n’avaient jamais signé, jamais voté, jamais défendu ces politiques. C’est la grande tradition des élites françaises : jamais responsables, jamais coupables.

Quand les déficits se creusent, c’est la faute des Français « trop dépensiers ». Quand l’emploi s’effondre, c’est la faute des travailleurs « pas assez productifs ». Quand les usines ferment, c’est la faute de la mondialisation « inévitable ». Et quand l’Union européenne, qu’ils ont eux-mêmes façonnée, révèle son vrai visage, c’est la faute aux « technocrates ».

« On ne joue pas impunément avec les peuples et leur his­toire. Toutes les chimères politiques sont appelées un jour ou l'autre à se briser sur les réalités historiques. » - Philippe Séguin, Discours du 5 mai 1992 à l'Assemblée nationale

Non, Monsieur Le Maire. Gouverner, ce n’est pas jouer les Ponce Pilate. Gouverner, ce n’est pas se laver les mains des choix que l’on a imposés.
Gouverner, c’est décider, assumer, rendre des comptes.
On ne gouverne pas impunément !

Le prix de la trahison démocratique

Il ne faut jamais oublier que les Français ont dit « non » en 2005. Ce « non » massif au traité constitutionnel européen a été piétiné trois ans plus tard par la ratification du traité de Lisbonne. Depuis ce coup de force, le divorce est consommé entre une élite politique qui gouverne contre son peuple et des citoyens qui n’ont plus confiance.

Le système maastrichtien a donc deux effets délétères : d’un côté, il appauvrit la France en la privant de ses leviers économiques ; de l’autre, il mine la démocratie en privant le peuple de sa souveraineté. Une double peine dont Bruno Le Maire et ses amis sont les premiers comptables.

Retrouver le sens de la responsabilité

La France ne pourra pas éternellement supporter ce double fardeau : une économie bridée par l’euro et un peuple trahi par ses élites. Il faudra tôt ou tard rompre avec ce système, retrouver une monnaie adaptée à nos intérêts, protéger nos industries, rétablir un État stratège capable d’investir dans l’avenir.

Mais surtout, il faudra réapprendre ce que signifie gouverner. Gouverner, ce n’est pas se cacher derrière Bruxelles, derrière les marchés, derrière l’OTAN ou la mondialisation. Gouverner, c’est décider pour son peuple, et devant son peuple. Gouverner, c’est accepter d’être jugé sur ses actes.

Bruno Le Maire n’est pas une exception. Il est le symbole d’une génération politique qui a choisi de dissoudre la souveraineté de la France dans le système maastrichtien, puis de se cacher derrière ses règles quand les choses tournent mal.
Bruno Le Maire incarne à la perfection cette génération de dirigeants qui ont troqué la souveraineté contre les lambris européens, et qui, aujourd’hui, osent pleurer sur les ruines qu’ils ont eux-mêmes causées. À lui, comme à toute la caste politique qui l’a accompagné, il faut rappeler une vérité simple, républicaine, que le général de Gaulle résumait d’une formule : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille ». Elle ne devrait pas non plus se faire à Bruxelles.

La France ne retrouvera ni son indépendance économique, ni sa dignité démocratique tant qu’elle sera prisonnière de cette logique mortifère. Le retour au principe de responsabilité est indispensable : des responsables politiques qui assument leurs choix, qui rendent des comptes, et qui cessent de rejeter sur le peuple ou sur Bruxelles les conséquences de leur propre idéologie.

Il ne s’agit pas seulement d’un débat économique ou institutionnel. Il s’agit de la survie d’une nation qui, si elle continue à se dissoudre dans l’irresponsabilité et la dépendance, finira par n’être plus qu’une périphérie de l’empire germano-américain, sans industrie, sans voix, et sans avenir.

19 septembre 2025

Drones russes en Pologne : l’OTAN face au spectre de l’escalade et au risque d’effondrement ukrainien

Georges Kuzmanovic
19/9/2025

Quelques drones errants suffisent à mobiliser l’OTAN. Mais derrière le théâtre médiatique, l’Alliance n’a ni la force ni la volonté de sauver une Ukraine à bout de souffle.


Lorsqu’un groupe de drones a pénétré l’espace aérien polonais, l’OTAN a convoqué sa première consultation au titre de l’article 4 depuis des années. Pendant plusieurs heures, les gros titres en Europe et aux États-Unis ont évoqué une possible escalade susceptible de transformer la guerre en Ukraine en confrontation directe entre l’OTAN et la Russie. Mais une fois l’émotion retombée, l’incident a révélé moins une agression imminente de Moscou qu’un faisceau d’incertitudes : la fragilité du récit occidental, le désespoir stratégique de l’Ukraine et les fissures internes à l’OTAN.

L’incident : ambiguïté et escalade

Les drones en question n’étaient pas des plates-formes de frappe bourrées d’explosifs, mais des engins non armés, peut-être des leurres ou des appareils de reconnaissance. Ils ont été abattus en territoire polonais par des défenses aériennes coordonnées de l’OTAN. Les premières spéculations ont présenté l’événement comme une attaque intentionnelle russe, mais des éléments ont rapidement suggéré d’autres explications : erreur de navigation lors d’une frappe massive russe contre l’Ukraine, brouillage ukrainien ayant dévié les drones, voire provocation ukrainienne destinée à entraîner davantage l’OTAN dans la guerre.

La position russe est restée constante : Moscou a nié toute implication délibérée, demandant rhétoriquement « à qui profite le crime ? ». Après trois ans de conflit, la Russie n’avait guère intérêt à ouvrir un nouveau front contre l’OTAN. L’Ukraine, en revanche – épuisée sur le champ de bataille et avide d’une implication occidentale accrue – pouvait avoir des motivations. Des diplomates russes ont rappelé des précédents où des missiles ukrainiens avaient frappé la Pologne, imputés d’abord à Moscou, avant que les enquêtes ne dissipent l’accusation.

Malgré ces doutes, Varsovie a déclaré une urgence au titre de l’article 4, donnant un poids politique à l’incident et permettant à l’OTAN d’annoncer des renforts symboliques. Mais ceux-ci se sont limités à quelques avions de chasse et rotations de troupes – des gestes jugés insignifiants militairement face aux forces aguerries de Moscou.

Le front de la guerre : un horizon sombre pour Kiev

L’incident des drones ne peut être séparé de la situation sur le terrain. Les commandants ukrainiens reconnaissent désormais eux-mêmes que la Russie détient un avantage numérique de trois à six fois supérieur le long des lignes de front. Des brigades entières ne disposent que de la moitié de leurs effectifs requis, laissant de larges brèches exploitables par Moscou. Chaque mois, environ 35 000 hommes sont mobilisés en Russie, tandis que l’Ukraine peine à recruter.
Contrairement aux représentations occidentales décrivant la Russie lançant ses soldats dans des « hachoirs à viande », les tactiques russes se veulent prudentes : reconnaissances par petits groupes d’infanterie, suivies d’une saturation d’artillerie, de drones et de bombes planantes. Cette méthode limite les pertes russes tout en affaiblissant régulièrement les défenses ukrainiennes.

Koupiansk et Pokrovsk sont sur le point de tomber.

Ce seraient des défaites majeures ayant deux conséquences dont on aurait peine, du côté ukrainien, à déterminer laquelle serait la pire : soit une part importante de l’armée ukrainienne risque d’être encerclée sans aucun espoir de s’en sortir, soit l’armée ukrainienne doit refluer chaotiquement vers la rive droite du Dniepr en abandonnant son matériel lourd et en subissant des pertes importantes (comme dans l’oblast de Koursk) et… livrant toute la rive gauche du Dniepr à la Russie, soit 50% du territoire de l’Ukraine et la perte de villes majeures comme Kharkov, Zaporijia, Dniepropetrovsk, Potlava.
Dans le même temps, l’armée russe réalise une pression forte en direction de Zaporijia – qui est à mon sens l’axe principal de leur offensive en plusieurs zones du front – au point qu’on peut imaginer une traversée du Dniepr.

Quant aux sanctions, saluées initialement comme une arme décisive, elles ont échoué. Dix-huit trains de mesures n’ont pas brisé Moscou, mais ont fragilisé les économies européennes et rapproché la Russie de la Chine et de l’Inde. L’idée de sanctions secondaires contre Pékin et New Delhi reste chimérique, ces deux puissances étant devenues des partenaires énergétiques et commerciaux incontournables pour Moscou.

L’asymétrie est flagrante : la Russie augmente sa production militaire et rend son économie toujours plus souveraine, tandis que les économies occidentales – surtout européennes – affrontent des contraintes politiques et budgétaires. Les appels à renforcer les dépenses de défense se heurtent à la réalité des États-providence. Même si l’Europe relançait ses industries, la guerre pourrait se conclure avant que les usines ne livrent leurs volumes. Et c’est un grand « même » : la guerre en Ukraine dure depuis plus de 40 mois sans que rien n’ait été entrepris, ce qui est d’autant plus étonnant que la Russie, selon Macron, Merz, von der Leyen ou Starmer menacerait d’envahir l’Europe.
On peut noter que ce décalage entre les propos belliciste et enflammés et les réalisations concrètes quasi nulles ressemble à ce qui suivi la crise COVID : rien – pas de renforcement de la production de médicaments en France et en Europe pour moins dépendre de la Chine et de l’Inde, développer un pôle français du médicament, restaurer les EPRUS (Etablissements publics de réaction aux urgences sanitaires)… non des mots et peu d’action, comme si le verbe était performatif.

Le dilemme de l’OTAN : entre symbole et réalité

L’épisode polonais a mis en lumière les contradictions de l’OTAN. Les discours officiels affirment que la sécurité de l’Ukraine est inséparable de celle de l’Europe, mais l’Alliance n’a ni la capacité matérielle ni la volonté politique de tenir cette promesse. Une zone d’exclusion aérienne, évoquée après l’incident, équivaudrait à une guerre directe avec la Russie – un scénario rejeté par toutes les capitales occidentales compte tenu du principe de base de la dissuasion nucléaire, à savoir qu’on ne mène pas une guerre directe contre une puissance nucléaire, surtout quand elle dispose de 6000 têtes nucléaires.

Les renforts annoncés, limités, traduisent cette ambiguïté : afficher l’unité sans véritable dissuasion. La posture maximaliste de l’OTAN – promettant l’adhésion de l’Ukraine et la défense intégrale du territoire allié – repose sur des bases militaires fragiles. Si les lignes ukrainiennes s’effondrent, l’Alliance devra choisir entre une escalade hors de sa portée ou une défaite humiliante. D’autant que les Européens évoquent un déploiement de troupes… une fois un cessez-le-feu conclu, cessez-le-feu que la Russie rejette depuis 20 mois maintenant de manière constante.
Par ailleurs, cette posture qui proclame l’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine, nourrit la volonté russe de continuer la guerre jusqu’à la capitulation sans condition de Kiev ; en effet, l’entrée de la Russie en guerre est très exactement causée par la potentielle présence de troupes de l’OTAN en Ukraine.

Ce décalage nourrit les scénarios de partition contrôlée. L’ouest de l’Ukraine pourrait être ainsi absorbé par la Pologne avec l’aval tacite de Moscou, tandis que la Russie consoliderait son emprise sur l’est et le sud. C’est mon hypothèse depuis 2014, et si elle se réalise, ce serait un terrible « clin d’œil de l’histoire », car l’affrontement géopolitique russo-polonais accoucherait d’une extension de leurs territoires respectifs, sans qu’ils aient à s’affronter directement – scénario qui, il faut le rappeler, c’est déjà produit dans l’histoire de l’Ukraine, rendant cette option parfaitement probable, d’autant que la Pologne ne voudra jamais accepter l’existence d’une Ukraine ruinée, atrophiée et dirigée par des bandes bandéristes dont la Pologne déteste l’idéologie. La Hongrie et la Roumanie pourraient réclamer leurs territoires historiques versés à l’Ukraine par Staline après la deuxième guerre mondiale. Ce serait une partition contrôlée qui éviterait le chaos, mais reviendrait à démembrer l’Ukraine – un résultat que l’OTAN rejette publiquement mais redoute en privé.

Le facteur américain : priorités mouvantes

Les États-Unis pèsent lourdement dans cette équation. Tandis que l’Europe s’accroche idéologiquement à la défense de l’Ukraine « pour les valeurs », Washington sous Donald Trump semble calculer différemment. Il exige que l’Europe coupe ses importations d’énergie russe et impose des sanctions secondaires à la Chine et à l’Inde – conditions irréalistes. Ce jeu permet de transférer la responsabilité de l’échec de la guerre sur l’Europe tout en préparant un retrait progressif, alors même que nous savons maintenant que la guerre en Ukraine a été conduite stratégiquement par des généraux américains depuis l’Allemagne, en sus de fournir la quasi-totalité du renseignement militaire à Kiev (ce que les États-Unis continuent d’ailleurs à faire).

La rhétorique de Trump diffère peu de son prédécesseur en apparence, mais sa logique est pragmatique : éviter d’être accusé d’avoir « perdu l’Ukraine », comme Joe Biden le fut pour l’Afghanistan. En maintenant un soutien surtout rhétorique et en déplaçant la charge sur l’Europe, Trump se protège politiquement tout en préparant une sortie américaine et… tout en faisant payer l’Europe pour les armes envoyées en Ukraine.

Le point de vue de Moscou : attendre l’effondrement

Pour Moscou, la guerre est depuis longtemps une guerre d’attrition, et cette guerre elle la gagne. Les responsables russes affirment que les provocations ukrainiennes – qu’il s’agisse de missiles égarés ou de drones en territoire de l’OTAN – visent à provoquer l’Occident. La Russie, selon eux, n’a aucun intérêt à provoquer l’OTAN, surtout alors qu’elle engrange des avantages militaires.

Moscou rappelle aussi les occasions manquées de paix : les négociations d’Istanbul en 2022, interrompues sous pression occidentale, auraient pu clore la guerre. Plus récemment, le sommet d’Alaska entre Trump et Poutine est perçu en Russie comme un rare moment de leadership responsable, visant à prévenir une escalade nucléaire.

Le risque d’escalade

Malgré la prudence de Moscou, les risques d’escalade demeurent. L’intégration croissante des défenses aériennes de l’OTAN et de l’Ukraine, surtout à l’ouest, ouvre la possibilité d’engagements directs contre des drones ou missiles russes. Une erreur d’interprétation pourrait embraser la situation. De surcroît, l’idée d’utiliser des frappes occidentales à longue portée en Russie, combinée à l’effondrement des lignes ukrainiennes, accroît les dangers. Les dirigeants européens représentent le risque maximum avec une équation très dangereuse : pas de stratégie claire, crise économique et sociale en leur sein, dette galopante, dirigeants peu populaires, escalades verbales, le tout pouvant glisser vers une catastrophe par accumulation d’erreurs.

Un tournant

L’incident des drones polonais, mineur militairement, symbolise les ambiguïtés dangereuses de la guerre d’Ukraine. Il révèle le désespoir de Kiev, les contradictions de l’OTAN, les limites économiques de l’Europe et l’évolution des priorités américaines. Il illustre aussi la patience stratégique de Moscou, convaincue que le temps joue en sa faveur.
Les observateurs avertis auront noté que lors de la dernière conférence de presse – rares d'ailleurs – du Général Gerasimov, chef d'État-major des armées russes, l'éléments principal était la carte de l'Ukraine derrière lui : elle intégrait en rouge l'oblast d'Odessa et la Transnistrie (région séparatiste de Moldavie et potentiel futur lieu d'affrontement entre l'OTAN et la Russie). On peut difficilement faire message plus
clair.


À mesure que l’effondrement ukrainien se profile, l’OTAN se retrouve piégée entre deux choix : escalader au-delà de ses moyens ou accepter une défaite humiliante. Pour l’instant, les dirigeants repoussent l’échéance, s’accrochant à la rhétorique. Mais chaque drone égaré, chaque provocation mal interprétée rapproche le monde d’un seuil où le symbole ne suffira plus – et où une erreur pourrait être catastrophique.