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20 février 2025

LE GRAND DÉPLACEMENT

Nicolas Maxime

- 18/2/2025 - Sous nos yeux se prépare l'un des plus grands plans de déplacement forcé d'une population depuis la Seconde Guerre mondiale : l'expulsion progressive et systématique des Palestiniens vers les pays arabes. Il s'agit du plan Trump soutenu par Netanyahu. Ce projet, qui vise à redessiner la carte du Proche-Orient au détriment du peuple palestinien, s’inscrit dans une continuité idéologique illustrant la brutalité d’une politique néoconservatrice qui, sous couvert de "paix", légitime l’annexion, la dépossession et la fragmentation du territoire palestinien.
Dire que certains ont cru naïvement que Trump représentait une alternative pacifiste dans ce conflit... Loin de rompre avec l'impérialisme interventionniste de ses prédécesseurs, il en a été le prolongement exacerbé, offrant à Israël un boulevard pour intensifier sa politique de colonisation et d’apartheid. Trump a même poussé le cynisme à son paroxysme en envisageant de transformer Gaza en une "Riviera" où l’enclave ravagée par la guerre deviendrait un projet touristique lucratif, livré aux spéculateurs immobiliers et aux grands groupes hôteliers.
L’Histoire jugera sévèrement cette complicité active dans le démantèlement des droits d’un peuple et dans l’établissement d’un ordre fondé sur le nettoyage ethnique et l'expulsion.

7 février 2025

Nicolas Maxime

- 5/2/2025 - Sur les réseaux sociaux, je vois quelques followers qui acclament Trump parce qu'il serait en train de rompre avec le néolibéralisme en augmentant les droits de douane. Pourtant, le protectionnisme commercial n'entre pas en contradiction avec les principes du libéralisme économique.
Les économistes libéraux comme Friedrich List au XIXe siècle ou Maurice Allais au XXe siècle ont défendu le protectionnisme, notamment en période de crise ou pour soutenir l’essor industriel d’un pays. Leur logique repose sur l’idée que des barrières douanières temporaires peuvent permettre de préserver l’appareil productif national face à une concurrence extérieure déloyale ou asymétrique. Ce raisonnement s’oppose au libre-échangisme dogmatique, mais il ne remet pas en cause les principes fondamentaux du capitalisme de marché.
Le protectionnisme de Trump suit cette logique. Loin d’être un rejet du néolibéralisme, il en est plutôt une adaptation pragmatique. À aucun moment, il ne remet en cause la liberté des flux de capitaux, qui restent un pilier central du modèle néolibéral. Il ne cherche pas à protéger le marché intérieur par une régulation plus stricte, ni à encadrer les multinationales américaines. Il ne prône ni nationalisation ni intervention directe de l’État dans l’économie, si ce n’est pour favoriser les intérêts des grandes entreprises privées. Son approche vise avant tout à maximiser la compétitivité américaine dans un cadre globalisé, en usant des droits de douane comme levier de négociation et de pression sur ses partenaires commerciaux.
En ce sens, Trump ne s’oppose pas au néolibéralisme ; il en radicalise certains aspects. Son protectionnisme est un moyen de renforcer la domination des États-Unis dans l’économie mondiale, et non un projet de rupture avec le capitalisme financiarisé et globalisé.

23 janvier 2025

ELON MUSK : CE QU’IL INCARNE VRAIMENT

Nicolas Maxime

- 22/1/2025 - Il n’aura fallu qu’un bras tendu d’Elon Musk lors de l’investiture de Trump pour que celui-ci soit aussitôt interprété comme un salut nazi. Sans surprise, la 'gauche morale' s’est précipitée dans cette brèche, hurlant à la résurgence du fascisme des années 30-40 et qualifiant Musk de successeur d’Adolf Hitler et de Benito Mussolini. Ce réflexe révèle une pensée figée, incapable de dépasser les schémas du fascisme historique. Cette gauche persiste à croire naïvement que Musk et Trump ambitionnent d’imposer un État totalitaire à l’image des régimes du XXe siècle, avec des uniformes, des parades militaires, et une police politique omniprésente.
Or, “le fascisme déjà là”, emprunte des voies bien plus pernicieuses. Il ne s’incarne pas dans l’appareil d’un État autoritaire classique, mais dans la concentration accrue du pouvoir économique et technologique entre les mains d’une oligarchie. Sous couvert de liberté d’entreprise et de progrès technologique, il s’agit d’un régime de contrôle diffus, alimenté par la surveillance numérique de masse, l’algorithme comme instrument de gouvernance, et l’effacement progressif des institutions démocratiques et des États Nations. Les libertariens poursuivent également l’objectif de démanteler les services publics et de privatiser la sécurité sociale, pour les livrer aux seules lois du marché. Dans cette vision, les droits fondamentaux tels que l’accès à l’éducation, à la santé ou à la retraite ne sont plus considérés comme des garanties universelles, mais comme des biens de consommation accessibles uniquement à ceux qui en ont les moyens. La solidarité, remplacée par une compétition exacerbée, laisse place à un darwinisme social où seuls les plus performants ont le droit d’exister. Ajoutons à cela qu’Elon Musk, en promouvant le transhumanisme, via son projet Neuralink d’implantation de puces dans le cerveau humain, projette une société où les inégalités biologiques s’ajouteront aux inégalités économiques.
La 'gauche morale', en se focalisant sur des symboles dépassés, échoue à comprendre la nature de ces nouvelles formes de domination.
Ce qu’Elon Musk et ses acolytes de la Silicon Valley — Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, et Peter Thiel en tête — incarnent vraiment, c’est l’avènement de la phase totalitaire du capitalisme, que l’on peut qualifier de libertarianisme autoritaire. Cette idéologie combine l’ultralibéralisme économique à une concentration sans précédent du pouvoir technologique et financier, tout en promouvant une illusion de liberté individuelle au service de mécanismes de contrôle toujours plus sophistiqués.
On le constate notamment à travers la promotion démagogique de la 'liberté d’expression' par Elon Musk sur X (anciennement Twitter). Cette posture a séduit de nombreuses personnes crédules, persuadées qu’il défend leur droit à une parole libre et sans entraves. En réalité, X reste un réseau social centralisé et propriétaire, conçu avant tout pour maximiser les profits de son propriétaire. La plateforme exploite massivement les données personnelles des utilisateurs, les analyse pour générer des profits grâce à la publicité ciblée, et utilise des algorithmes opaques pour classer, censurer ou promouvoir certaines publications selon ses intérêts économiques ou idéologiques. Musk ne libère pas la parole : il la soumet à des mécanismes d’influence subtils et souvent invisibles, renforçant ainsi le contrôle des grandes plateformes sur le débat public. Ce discours sur la 'liberté d’expression' masque en réalité une stratégie de consolidation du pouvoir : en se présentant comme un champion de la parole libre, Musk détourne l’attention des véritables enjeux, notamment la centralisation extrême du contrôle technologique et la marchandisation des interactions sociales. C’est précisément cette hypocrisie et cette concentration du pouvoir qu’une critique politique sérieuse devrait dénoncer, au lieu de se laisser piéger par une opposition caricaturale ou purement morale.
Face à cette concentration des pouvoirs politiques et économiques, une véritable gauche devrait concentrer ses efforts sur la critique et le démantèlement des logiques d’exploitation et d’aliénation inhérentes au système capitaliste. Ces dynamiques, en poussant à l’extrême la quête de profit et la marchandisation de la vie, conduisent inévitablement à une forme terroriste de domination du Capital, où la technologie devient l’instrument principal de surveillance, de manipulation et de répression.
Au lieu de se contenter d’une posture anti-fasciste superficielle et symbolique, qui non seulement manque sa cible mais renforce la popularité d’un Elon Musk en le positionnant comme un rebelle antisystème, il est urgent de s’attaquer aux racines du problème. Cela implique de penser et d’agir contre les structures économiques et technologiques qui permettent à ces figures de prospérer et de consolider leur pouvoir au détriment des intérêts collectifs et démocratiques.
La résistance à ce fascisme 2.0 passe par une réaffirmation du Commun : socialisation des moyens de production, reconstruction des solidarités collectives, retour à la souveraineté populaire et nationale… et une lutte acharnée contre les dérives techno-féodales.

20 janvier 2025

LE MONDE D'APRÈS : LA GESTION DE L'EFFONDREMENT

Nicolas Maxime

- 20/1/2021 - Nous nous souvenons tous des espoirs nés après le confinement lié à la pandémie de Covid-19. Il était question d’un “monde d’après” plus solidaire, plus égalitaire, plus juste. Pourtant, face à la réalité actuelle – une jeune femme de 20 ans mourant sur un brancard aux urgences ou des élèves de CM1 dans les Yvelines toujours privés d’enseignant depuis deux mois – il apparaît que ce “monde d’après” ressemble davantage à une gestion de l’effondrement qui s’annonce.
Les services publics en déliquescence, symboles visibles de l’effondrement, ne sont qu’un aspect d’un tableau plus large. D’autres indicateurs préoccupants s’ajoutent : une chute continue de la fécondité, passée de 1,84 en 2021 à 1,80 en 2022, puis à 1,68 en 2023 et 1,62 en 2024, ainsi qu’une hausse de la mortalité infantile, atteignant 3,9 pour 1.000 naissances vivantes, un niveau qui place désormais la France au-dessus de la moyenne européenne.
Désormais, pour le gouvernement en place, davantage préoccupé par la préservation d’une gestion "saine” des finances publiques pour ne pas froisser les maîtres des marchés financiers, ces réalités semblent banalisées. Ce gouvernement impuissant ne fait qu’accompagner un processus de destruction du bien commun. En privilégiant une logique comptable néolibérale dictée par les marchés financiers, il sacrifie les fondements mêmes de la solidarité nationale. Réduire les budgets de l’hôpital et de l’Éducation nationale tout en feignant de regretter leurs conséquences dramatiques, c’est accepter de voir s’effondrer ce qui constituait autrefois le socle de notre modèle social. Plutôt que de répondre aux besoins essentiels de la population, il se contente de gérer les symptômes d’un effondrement en cours, sans volonté ni vision pour inverser la tendance.
Nous observons, apathiques et impuissants, à cet effondrement progressif de nos institutions et du bien commun. Mais combien de temps encore resterons-nous spectateurs passifs ? Jusqu’à ce que les fondations mêmes de notre société soient irréversiblement détruites ? La question n’est pas seulement de savoir combien de temps ce système pourra tenir, mais surtout combien de temps nous accepterons de le laisser s’effondrer sans réagir.





18 janvier 2025

Nicolas Maxime

Mal-logement : quelle politique ?

- 16/1/2025 - Le logement est au cœur des préoccupations de nos concitoyens. Pourtant, les politiques menées depuis des décennies peinent à répondre à cette crise du logement : des millions de personnes sont en situation de mal-logement, les loyers ne cessent d'augmenter et l'accès à la propriété devient inaccessible pour beaucoup d’entre eux.
Le marché immobilier, soumis à la spéculation, ne permet plus d’offrir un toit à chacun.
Dans certaines villes, la situation devient de plus en plus tendue entre propriétaires bailleurs et locaux. L’année dernière, des militants du parti breton Douar Ha Frankis (Terre et liberté) ont occupé un appartement appartenant à un propriétaire détenant plusieurs biens locatifs saisonniers. Par cette action, ils entendaient dénoncer les dérives des plateformes qui aggravent la pénurie de logements pour les habitants, contraints de faire face à une hausse des loyers et à une rareté croissante des logements accessibles.
Pourtant, une autre politique du logement est non seulement nécessaire, mais également possible afin d’éviter que la situation ne dégénère. Certaines mesures de bon sens peuvent être mises en œuvre, parmi lesquelles : la construction de 200 000 logements sociaux par an, aux normes écologiques, pour résoudre le problème de l’offre ; la réquisition des logements vacants depuis plus d’un an ; la mise en place d’une garantie universelle des loyers (GUL) pour favoriser l’accès de tous au logement en indemnisant les propriétaires en cas de non-paiement des loyers, par l’intermédiaire d’une caisse de solidarité alimentée par les bailleurs ; l’instauration de quotas concernant les locations de courte durée dans chaque commune, comme l’a fait la mairie de Saint-Malo en 2021 (contesté par un groupe de propriétaires, le tribunal administratif a estimé que ce système de quotas était légal) ; la création d’un statut de résident obligeant à habiter un certain temps dans une commune avant de pouvoir y acheter un bien immobilier ; le développement de l’accès à la propriété en généralisant à tous les ménages le bail réel solidaire qui permet de dissocier le foncier du bâti.
Toutefois, si ces dispositions peuvent améliorer l’accès au logement pour les classes populaires et moyennes, elles doivent s'inscrire dans une logique de socialisation, visant à soustraire le logement des logiques du profit pour le remettre au service de l'intérêt général. Une autre mesure, plus révolutionnaire, serait de mettre en œuvre un service public universel du logement (SPUL), où l’accès à un logement digne serait un droit fondamental, en appliquant de la même manière pour le logement ce qui a été fait pour la santé avec la Sécurité Sociale. Comme c’est le cas actuellement avec Solibail, le SPUL pourrait attribuer les logements publics et privés en fonction de critères définis (âge, composition familiale, lieu du travail ou d’études, situation spécifique comme par exemple un handicap…) et servir d’intermédiation locative entre le bailleur et le locataire, à savoir une gestion déléguée, une garantie de paiement (peu importe que le logement soit occupé ou non), une remise en état du bien immobilier loué, une déduction voire une exonération fiscale des revenus fonciers. A la place des aides au logement (qui ont une tendance inflationniste), les locataires s’acquitteraient d’une redevance égale à 20 % de leurs revenus, le SPUL versant la différence du loyer aux bailleurs.
Cela demande effectivement un changement de philosophie majeur visant à garantir à tous un logement digne, stable et durable. Une autre politique du logement est possible : celle qui place l’humain et la solidarité au centre de ses priorités.

8 janvier 2025

Nicolas Maxime

- 7/1/2025 - Jean-Marie Le Pen est mort. Malheureusement, quoi qu'on fasse et qu'on en pense, l'ancien leader du Rassemblement National aura été celui qui aura le plus influencé la scène politique française ces quarante dernières années.
Longtemps utilisé comme repoussoir et cible d’une diabolisation médiatique qui lui permit d’accéder, par surprise, au second tour de l’élection présidentielle en 2002, il a vu ses thématiques identitaires – insécurité, immigration, Islam – se diffuser dans le discours public. Aujourd’hui, ses idées sont reprises, sous des formes diverses, par presque tous les partis, qu’ils soient de gauche, de droite ou du centre, et désormais répétées sans relâche dans les médias et la sphère politique. En remportant ce que Gramsci appelait la "bataille culturelle", il a ancré ces idées dans l'imaginaire collectif, y compris parmi des populations stigmatisées initialement, comme les personnes d'origine maghrébine, africaine ou de confession juive.
Même la gauche est tombée dans le piège identitaire décrit par Daniel Bernabé, en priorisant les questions de race et de genre au lieu de s'adresser aux catégories populaires qui souffrent de leurs conditions de travail. Doublement piégée, Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise sont devenus les nouveaux repoussoirs, reproduisant ainsi la même mécanique qui avait servi à diaboliser Le Pen.
Avec l'opération de normalisation orchestrée par sa fille, Marine Le Pen, qui a donné au parti une respectabilité que "papy facho" n'avait jamais pu atteindre, le Rassemblement National est désormais en position de gouverner. Alors que Jean-Marie Le Pen disparaît, son petit-fils politique, Jordan Bardella, lui-même issu de l'immigration, pourrait bientôt accéder au pouvoir en tant que Premier ministre, ouvrant ainsi la voie du pouvoir au RN.
Jean-Marie Le Pen est mort, mais ses idées lui ont survécu et triomphent aujourd’hui.

4 janvier 2025

RSA SOUS CONDITIONS : CE QUE NOUS DEVONS COMPRENDRE

Nicolas Maxime

- 2/1/2025 - Depuis le 1er janvier, les bénéficiaires du RSA doivent désormais effectuer 15 heures d'activité pour percevoir 607,75 euros par mois. En cas de non-respect de cette obligation, le versement de l'allocation est suspendu.
Quarante années de néolibéralisme auront provoqué une atomisation de la société faisant suite à l'effondrement des valeurs communes et des grandes idéologies collectives – gaullisme, communisme, christianisme. Dans ce cadre, les précaires sont devenus des boucs émissaires, des "assistés" constituant une charge pour la société.
Sur les réseaux sociaux et dans les médias, les néolibéraux se réjouissent de manière perverse de voir les précaires, enfin, contraints de "se bouger" et de contribuer à la société, sans tenir compte du fait que de nombreuses personnes en grande précarité seront probablement incapables de réaliser ces heures d'intérêt général.
L’offensive contre les bénéficiaires du RSA n’est qu’un prélude à une stratégie plus large visant à légitimer les attaques du Capital contre le bien commun, incarné par la Sécurité sociale et les services publics. Sous le prétexte de lutter contre l’assistanat, cette mesure contribue à alimenter une rhétorique culpabilisante qui oppose les travailleurs "méritants" à des prétendus "assistés".
La Sécurité sociale et les services publics, qui font partie du patrimoine français, incarnent une "identité sociale" qui dépasse les clivages partisans. Ces institutions, fruits d’une histoire de luttes, ont tissé un lien unique entre les citoyens, créant une forme d’attachement culturel à un modèle fondé sur l’entraide et la solidarité.
En ciblant les populations les plus précaires, les néolibéraux justifient le démantèlement des institutions qui incarnent la protection sociale, en les présentant comme des poids financiers insoutenables pour la collectivité.
L’objectif final de cette stratégie est de substituer à un modèle basé sur la solidarité universelle un système où l’accès aux droits fondamentaux dépend de conditions toujours plus restrictives et de logiques marchandes. Ainsi, derrière l’attaque contre les bénéficiaires du RSA, c’est tout un projet de destruction des conquêtes sociales qui se dessine, au profit des intérêts privés et du Capital, au détriment de la solidarité et des travailleurs.
Prisonniers de notre impuissance collective et de l’absence d’alternatives crédibles, nous sommes condamnés à choisir entre Macron et Le Pen, deux faces d’un même système. Pendant ce temps, en polarisant les débats sur des boucs émissaires comme les bénéficiaires du RSA, que l’on réduit à des "parasites", nous entretenons l’illusion de sauver un modèle à bout de souffle. Pourtant, le Capital, lui, a déjà désigné d’autres cibles à sacrifier. Cette diversion nous empêche de voir l’essentiel. Nous devons comprendre que la véritable menace vient d’un système économique, en voie de radicalisation, qui détruit méthodiquement les acquis sociaux, privatise les biens communs et impose une logique marchande à toutes les sphères de la vie.

28 décembre 2024

Le bloc central domine sans partage la politique française

Nicolas Maxime

- 27/12/2024 - Fabius, Chirac, Rocard, Cresson, Beregovoy, Balladur, Juppé, Jospin, Raffarin, De Villepin, Fillon, Ayrault, Valls, Cazeneuve, Philippe, Castex, Borne, Attal, Barnier... Et maintenant Bayrou... et demain Bardella. Les gouvernements se sont succédé avec des couleurs politiques différentes mais continuent de suivre la même ligne politique.
Depuis 1983, avec le ralliement de François Mitterrand au néolibéralisme et l'abandon du gaullisme au profit du thatchérisme par la droite, le bloc central domine sans partage la politique française. Le bloc central, souvent perçu comme se limitant à Renaissance et LR, dispose en réalité d’un périmètre bien plus large qu’il n’y paraît. Les partis du Nouveau Front Populaire – le PS, les Verts et le PCF –, prisonniers de leur européisme, finissent par rejoindre le bloc central une fois au pouvoir. Par pragmatisme, ils se conforment aux injonctions néolibérales de Bruxelles, ne se limitant qu'à des ajustements budgétaires destinés à satisfaire leur principal électorat : les fonctionnaires.
Quant au Rassemblement National, loin d'être une véritable alternative, ce parti fondé par d'anciens vichystes et membres de l'OAS s'est désormais normalisé, reprenant aujourd'hui la dynamique sarkozyste de 2007. Rejetée pour le moment par le bloc central, ce qu'on appelle l'extrême droite se positionne déjà en vue de gouverner, comme en témoigne l'accent mis par ses représentants sur le sérieux budgétaire et le respect des institutions.
Il existe aussi des mouvements souverainistes, mais même unis, ils peinent à dépasser 2 % des voix, le Frexit ne pouvant à lui seul constituer un véritable projet de société.
Reste La France Insoumise. Jean-Luc Mélenchon et son mouvement ne font évidemment pas partie du bloc central. En 2017, grâce à une stratégie résolument populiste, LFI semblait incarner une véritable alternative aux yeux de ses électeurs. Cependant, à l'approche des élections de 2022, et plus encore pendant les législatives de 2024, le mouvement a changé de position sur l’Union européenne, adoptant une posture ambiguë, tout en procédant à une véritable purge interne de certains de ses membres. La haine que lui voue le bloc central, prêt à tout pour s’unir contre LFI, témoigne de la peur que ce projet politique inspire à la caste médiatico-politique. Cela dit, être l’une des rares alternatives à l’extrême centre ne garantit pas que cette alternative soit viable. J'y reviendrai dans un autre post.
Et pourtant, une alternative crédible est indispensable pour éviter que le bloc central, toujours soumis aux intérêts des marchés financiers et des multinationales, et en voie de radicalisation, ne soit une fois de plus reconduit.

22 décembre 2024

VIOLENCES ET DÉSINTÉGRATION SYMBOLIQUE AU SEIN DE L'OCCIDENT EN PHASE TERMINALE

Nicolas Maxime

- 22/12/2024 - Les événements tragiques – l'attentat de Magdebourg et la tuerie de Wormhout et Loon-Plage – témoignent d’une crise profonde traversant les sociétés occidentales. Ces drames illustrent une désintégration symbolique, révélatrice des contradictions du capitalisme néolibéral et de l’effondrement des structures collectives. La violence y apparaît comme le symptôme d’un désordre systémique où les repères identitaires, culturels et sociaux disparaissent.
Dans le Nord de la France, un jeune homme de 22 ans a abattu cinq personnes : son ex-employeur, deux agents de sécurité et deux migrants sans mobile apparent. Né à Dunkerque et vivant chez ses parents à Ghyvelde, il était sans emploi et inconnu des services de police et de la justice, selon la procureure de Dunkerque. Détenteur d’une licence de tir sportif, il avait accès à des armes de gros calibre, et des munitions d’arme automatique ont été découvertes chez lui.
En Allemagne, un réfugié saoudien a commis un attentat à la voiture-bélier lors d’un marché de Noël à Magdebourg. Ce psychiatre, admirateur d’Israël, est apostat et critique de l’Islam, admirateur de l’AFD et d’Elon Musk mais en même temps milite pour les droits des immigrés saoudiens, tout en exigeant de l’Allemagne qu’elle cesse de s’en prendre à ses compatriotes.
Comme à son habitude, les mouvements politiques ne saisissent rien de la nature de ces évènements tragiques et essaient d’en faire leur propre lecture idéologique. La gauche saisit l’occasion de l’attaque de Magdebourg pour dénoncer les crimes islamophobes, tandis que la droite et l’extrême droite, tout en passant sous silence la tuerie de Wormhout, s’en servent pour alimenter leur discours contre l’immigration, alors même que le meurtrier était sympathisant de l’AFD.
Contrairement à des crimes motivés par des idéologies, des conflits personnels, ou même des troubles psychiatriques, ces attaques échappent à toute explication rationnelle. Ils reflètent, à travers les profils des assassins, la fragmentation identitaire et idéologique de nos sociétés contemporaines. Là où les conflits avaient autrefois des racines claires – politiques, religieuses ou culturelles – ils se recomposent aujourd’hui dans une confusion totale.
Le "terroriste de Magdebourg" comme le meurtrier de Wormhout ne correspondent à aucun cadre explicatif traditionnel. Leur violence n’est ni religieuse, ni idéologique, ni strictement personnelle. Elle traduit une perte de sens collective, où les symboles sont vidés de leur substance pour devenir des instruments d’une violence qui bascule dans une folie criminelle indistincte.
Loin d’être des événements anecdotiques, les récents drames de Wormhout et de Magdebourg traduisent une désintégration profonde des sociétés occidentales. L’effondrement des repères symboliques, la montée des inégalités, la dissolution des liens sociaux, l’intensification des violences reflètent une société en quête désespérée de sens, caractérisée par le nihilisme et l'ultra-narcissisme, incapable de surmonter ses contradictions. Ces faits divers, bien qu’individuels, incarnent une réalité plus large : l’Occident, incapable de se réinventer un nouveau modèle, semble s’effondrer sous le poids de ses propres échecs et contradictions internes.

21 décembre 2024

L'ULTIME PROVOCATION DU MÉPRISANT DE LA RÉPUBLIQUE

Nicolas Maxime

- 21/12/2024 - Avant même son accession à la présidence de la République, Emmanuel Macron avait déjà fait preuve d’un certain mépris envers les classes populaires. On se souvient de ses propos sur les "illettrées de Gad" ou de sa célèbre formule : "La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler."
Ces déclarations laissaient entrevoir une attitude condescendante, qui s’est confirmée après son élection. Les petites phrases dédaigneuses se sont multipliées : "Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien", "On met un pognon de dingue dans les minima sociaux", "Je traverse la rue et je vous trouve un travail", "Les Gaulois réfractaires au changement", "Les fainéants", ou encore "Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder".
Ces remarques, répétées au fil du temps, témoignaient d’un mépris constant pour une partie de la population, et d’un décalage entre le président et les préoccupations des Français les plus précaires.
Dans le même temps, on a découvert qu’Emmanuel Macron, qui n’a cessé de promouvoir une image inclusive, aurait tenu des propos, en privé, ouvertement racistes et homophobes : « C’est rempli de Mamadou », « La cage aux folles », « Les cocottes ». Devrait-on vraiment être surpris, au fond ?
On aurait pu croire qu’Emmanuel Macron avait modéré ses propos pendant son second mandat, mais il n’en est rien : son naturel a rapidement repris le dessus. Lors d’une visite à Mayotte après le passage d’un cyclone dévastateur, le président, fidèle à sa réputation de "Méprisant de la République" – pour reprendre les termes de Monique Pinçon-Charlot – a lancé à une foule endeuillée et en colère : « Si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! »
Ces paroles, marquées par une absence flagrante d’empathie, reflètent également un discours néocolonial. En insinuant que les Mahorais seraient incapables de faire face à leurs difficultés sans la France, il adopte la posture du colonisateur moralisateur, dénigrant la capacité d’autonomie de la population. Et si, au contraire, les difficultés rencontrées à Mayotte étaient aggravées par la présence et la gestion de la France ?
Cette déclaration à Mayotte constitue une ultime provocation de la part du "Méprisant de la République", qui, dans un contexte où les habitants sont privés d’eau, de nourriture et confrontés à des pénuries, franchit cette fois-ci la limite de l'abject.
Malgré cette ultime provocation du "Méprisant de la République", il ne s’agit pas de faire d’Emmanuel Macron le bouc émissaire de notre colère, mais de comprendre qu’il n’est que le symptôme d’un Occident en phase terminale, incarnant le degré zéro de la politique.
Emmanuel Macron n’est que le réceptacle d’une classe bourgeoise dirigeante, cet extrême centre néolibéral qui n’a cessé d’afficher son mépris social envers les classes populaires. Si ce mépris était relativement mesuré sous les cinq premiers présidents de la République, il a ressurgi avec Nicolas Sarkozy, s’est accentué avec François Hollande, et a atteint son paroxysme avec Emmanuel Macron. Il est fort probable que ce phénomène se poursuive, voire s’intensifie, avec ses successeurs désignés comme Édouard Philippe, Gabriel Attal ou Jordan Bardella.
Il est impératif que nous réfléchissions collectivement à une alternative concrète au capitalisme néolibéral, qui dépasse le simple fait Macron, afin de résister à un système de plus en plus dominé par le narcissisme pathologique et le mépris de ceux qui en sont les représentants.

3 octobre 2024

Nicolas Maxime

3/10/2024 - Ça fait 40 ans que nous subissons des politiques de l'offre et des politiques de rigueur (certes moins violentes qu'ailleurs) qui se sont accompagnées d'une désindustrialisation et d'une financiarisation de l'économie. Ces politiques se sont révélées être des échecs. Le gouvernement Barnier va réduire le déficit de 60 milliards d'euros soit 20 milliards d'impôts supplémentaires et 40 milliards de baisses de dépenses publiques. Comment expliquer en quoi cela va résoudre la crise économique et sociale dans ce pays ?
Rappelons déjà une évidence, d’un point de vue macroéconomique, il n’y a aucune justification à l’équilibre budgétaire ou à la réduction des dépenses, surtout en période de quasi-récession, sauf à vouloir détruire consciemment les services publics. Ainsi, il y a pas mal de contre-exemples dans le monde : les USA ont un déficit de 8 % et ont désormais un chômage à 4 %, le Japon a une dette publique équivalente à 266 % de son PIB.
Il y aura encore une récession car ces baisses de dépenses vont avoir un effet négatif sur l'activité et encore augmenter le déficit et la dette, ce qui amène à un cercle vicieux. L'inverse serait de stimuler la demande et de faire une politique budgétaire très expansionniste basée sur des investissements publics, et on ne parle pas des plans de relance insignifiants de Sarkozy et Macron (qui étaient en réalité des plans de sauvetage) mais de quelque chose de plus puissant au niveau macro-économique qui demanderait à creuser le déficit public de façon plus extrême. Mais c'est la seule et unique solution pour la transition écologique, la souveraineté alimentaire et industrielle, la sauvegarde des services publics, la lutte contre le mal logement sinon ce sera vraiment la véritable décroissance pour les plus pauvres.
Réduire les dépenses publiques sans relancer la machine productive c'est avoir assurément plus de précarité et de sans-abrisme. Augmenter les impôts des plus riches est totalement incertain pour obtenir des recettes supplémentaires en vue du contexte international et taper dans les cotisations sociales sans distinction notamment des TPE-PME peut avoir des effets néfastes sur l'activité.
La seule et unique solution est donc de creuser le déficit budgétaire, ce qui paraît à première vue contre-intuitif mais tout à fait logique d’un point de vue macro-économique. Mais pour ce faire, il faut prendre conscience que les véritables contraintes sont politiques et non pas financières. Ces contraintes proviennent de l’UE et des institutions financières (FMI, banques centrales, agences de notation…). Pour s’en défaire, la seule et unique solution est de rompre avec l’UE et de sortir de l’euro car nous n’avons plus de souveraineté monétaire. Une solution intermédiaire serait la mise en œuvre d'une monnaie fiscale complémentaire le temps de la sortie afin d'éviter l'écueil des marchés et de financer en partie cet immense plan de relance.
Dans beaucoup de posts sur Facebook, y compris à gauche, je lis que la France va mal parce qu’elle est en déficit ou qu’elle a une dette publique de 3 000 milliards d’euros, ce qui démontre selon moi une méconnaissance de la monnaie. Je rappelle qu’en 1945, à la sortie de la guerre, l’économie française était exsangue, la France était hyper endettée à hauteur de 250 % de son PIB. Croyez-vous qu’on a mis en œuvre des plans d’austérité ? Non. Le Conseil National de la Résistance (CNR) a entrepris des nationalisations et créé la Sécurité Sociale. Pour se faire, d’autres circuits d’endettement ont été mobilisés comme le circuit du Trésor qui permettaient au Trésor public de capter des capitaux nécessaires à son endettement par le biais de la banque centrale, des correspondants du Trésor et des banques commerciales françaises.
Ainsi, revendiquons à contrario de toute la pensée dominante que le déficit budgétaire est sain, que la dette publique est vertueuse lorsqu'ils permettent de financer les investissements d'avenir sans augmenter les impôts ou baisser les dépenses. Bien entendu, ce type de politique volontariste doit s'accompagner de la sortie de l'euro, de la création d'un circuit du Trésor, d'un retour au protectionnisme, de nationalisations et d'un État employeur en dernier ressort pour éliminer toute forme de chômage.