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7 décembre 2024

Faire tomber Barnier et tous les autres…

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


- 6/12/2024 - C’est pas moi, c’est pas ma faute, d’ailleurs j’étais même pas là… Voilà en résumé l’allocution de notre cher Président. Du Macron dans toute son immaturité et son déni de la réalité. Sa faculté à s’exonérer de toute responsabilité est devenue sa signature, sa marque de fabrique. Il n’est jamais responsable de rien, fait toujours retomber la faute sur les autres, alors qu’il n’écoute personne et qu’il décide de tout, tout seul. Et c’est cet homme qui selon Bardella devrait rester en place, puisqu’il s’est précipité pour annoncer qu’il n’exigeait pas sa démission. Incompréhensible. Le RN fait tomber son gouvernement et dans la foulée devrait suivre l’avis de 60% des Français qui souhaitent sa démission. Au lieu de cela, Bardella lui fait une presque déclaration d’amour. On se demande s’il ne regrette pas le mauvais tour qu’il vient de lui jouer en censurant Barnier. Macron s’est montré une fois de plus agressif et méprisant, inversant systématiquement les accusations, calomniant même les oppositions puisqu’il s’est permis d’affirmer que ce vote revenait à un acte anti-républicain. On croit rêver, il considère la possibilité offerte par notre constitution de virer un Premier ministre comme non républicaine.

Il faudrait, selon son délire, se prosterner face à sa prétendue grandeur et c’est cet homme que Bardella n’entend pas pousser vers la sortie ? Ne pas demander son départ est au vu de sa prestation d’hier soir une faute politique, quand on voit avec quelles audace et arrogance il a rejeté la responsabilité de l’échec de Barnier et donc la sienne sur cette opposition devenue subitement anti-républicaine, alors qu’il a lui-même organisé les désistements en juin pour grappiller quelques sièges avec ce NFP honni aujourd’hui. Rappelons accessoirement que ce NFP qui se croit majoritaire ne l’est pas. Le système électoral alambiqué a fait que le premier parti, en nombre de suffrages, le RN, se retrouve troisième en nombre de sièges.

Il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur la stratégie et la volonté du RN de vouloir conquérir le pouvoir. Avoir eu l’aplomb de renverser Barnier et immédiatement après se vautrer aux pieds de Macron en l’assurant qu’il est légitime qu’il reste président est une erreur, à moins que ses propos n’aient dépassé sa pensée. Dans ce cas un peu plus de rigueur dans ses déclarations serait bienvenue, pour éviter de semer le trouble dans l’esprit des électeurs. L’idée était-elle vraiment celle-ci ? On se souvient qu’après les élections européennes, il avait demandé la dissolution, il aurait dû, dans un contexte similaire, en faire autant avec la démission de Macron. Il s’est fourvoyé. Pour une fois Mélenchon a raison d’affirmer que ce sont les événements qui le forceront à partir. Bardella en se rangeant dans le camp des soumis, s’est de facto déconsidéré et placé en retrait. La pugnacité du leader d’extrême gauche fait défaut à droite et au RN en particulier, on a l’impression que Bardella est venu s’excuser d’avoir déplu au prince-président en faisant tomber son poulain. Ce n’est ni le discours, ni la posture que l’on attend d’un parti qui prétend présider aux destinées de notre pays. Comment rattraper une telle bévue, une nouvelle a-t-on envie de dire, tant ce genre de sortie est devenu une habitude au RN. L’attitude que le RN réservera au nouveau gouvernement et au budget qui sera présenté devra remettre les pendules à l’heure, mais un peu plus de cohérence au sein de ce parti, notamment dans la communication est toujours d’actualité et visiblement le problème n’est pas réglé. Tout le crédit qu’ils avaient capitalisé en censurant Barnier s’est écroulé avec cette simple déclaration.

L’immaturité du Président et son discours pervers ont rejailli sur certains membres de l’opposition, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’en tenant de tels propos Bardella s’est positionné à contre-courant de l’opinion publique. Le mieux serait que des consignes claires soient formulées au sein du mouvement pour éviter, autant que faire se peut, de telles sorties. Tous devraient avoir compris que ce président est incapable du moindre compromis. Il promet de lâcher du lest pour s’assurer des collaborations et quand c’est fait, il ne tient pas ses promesses. Les LR se sont faits rouler dans la farine à tous les coups et les socialistes aussi et à chaque fois, ils replongent, pensant que cette fois-ci, le président tiendra ses promesses. Que leur faut-il pour qu’ils comprennent ?

Oui Macron doit partir, oui Mélenchon a raison d’insister et de vouloir précipiter les événements pour le faire tomber, cette évidence n’a donc pas frappé l’esprit des ténors du RN, c’est dramatique. Un pas en avant et deux en arrière, il va vraiment falloir qu’une ligne claire soit définie chez eux et qu’ils s’y tiennent. Ça devient lassant, jouer les girouettes n’est plus de saison. Lorsque le problème est identifié, ne pas le nommer c’est ne pas désirer le régler. Macron doit démissionner et le RN doit y travailler comme tous ceux qui prétendent le combattre. Il va falloir faire tomber les hommes de paille de Macron, les uns derrière les autres, jusqu’à ce que plus personne n’y aille, jusqu’à ce que Macron n’ait plus personne à nommer, jusqu’à ce que le roi soit nu et qu’il n’ait d’autres solutions que partir. Ou alors, comme nous le préconisons au RPF, qu’une procédure de destitution soit menée à son terme. Ce président est la goupille qui bloque désormais toute possibilité d’avancer, il doit sauter. [...]

6 décembre 2024

Kuzmanovic Georges

- 6/12/024 - Dans cette interview exclusive, nous abordons trois sujets brûlants :
Le chaos politique en France :
- Motion de censure
- État catastrophique des finances publiques
- Les taux d’emprunt qui explosent
- Que faut-il faire pour sortir de la crise ?
La guerre BRICS / USA :
- L'objectif de Trump de faire un dollar great again en opposition aux BRICS
- BRICS-Clear : vers un nouvel ordre monétaire mondial ?
Le rouble face au dollar et à l'euro :
- Pourquoi le rouble a-t-il chuté ? Réussite (enfin) des sanctions et effondrement de la Russie ou illusions occidentales ?
- L’Europe survivra-t-elle à la crise politique française et en particulier l'Euro ?
Et bien sûr, Jacques Sapir nous parle de son nouveau livre : “La fin de l’ordre occidental ?”
Jacques Sapir partage son analyse précise et percutante pour comprendre les défis majeurs de notre époque.

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5 décembre 2024

LA MOTION DE CENSURE... UNE FIN EN SOI OU UN PREMIER PAS...

Jacques Cotta

- 4/12/2024 - Les macronistes, les LR et quelques autres ont agité le chiffon rouge de la terreur. Ils ont annoncé un cataclysme général. "Ils jouent la peur" se sont interrogés les commentateurs. Et s'ils ne jouaient pas ? S'ils avaient réellement peur ?
Ils ont peur non du vote à l'Assemblée nationale, mais du pays réel, des millions de travailleurs, ouvriers, salariés, jeunes qui sont agressés par la politique de Macron comme jamais. Les plans sociaux se multiplient. Les suppressions d'emplois dans le privé comme dans le public sont annoncés par dizaines de milliers. L'emploi, les salaires, les services publics comme les fonctionnaires sont au centre de la cible visée par la politique macronienne.
Alors peur ? Oui, sans doute peur de la réaction qui pourrait suivre le départ obligé de Barnier et de son gouvernement. Car derrière Barnier, il y a Macron et le régime.
Alors peur ? Oui peur que la béquille du pouvoir, la division syndicale notamment, ne puisse constituer une digue durable et suffisamment solide pour protéger régime et institutions.
La crise qui s'ouvre est à l'issue incertaine et leur peur est justifiée, dés lors que l'avenir peut se jouer non dans les salons feutrés du Palais Bourbon mais dans les entreprises, sur les lieux de travail, dans les quartiers, dans l'unité des travailleurs. Leur peur est en fait celle qu'inspire la lutte des classes lorsque celle qui regroupe et représente l'immense majorité se met en mouvement.
L'avenir est incertain et après le vote de la motion de censure, c'est cela qui les rend inquiets... à juste titre.

Après Barnier, sortir de la doxa européenne…

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


Par 331 voix, la motion de censure a été votée, Barnier est tombé. L’événement prend un caractère historique tant il est rare dans notre constitution, même s’il était prévisible dès sa nomination. Si les précédents budgets avaient connu semblable infortune, nous n’en serions pas là, mais il était de bon ton de privilégier une stabilité apparente au détriment de la logique et de la sincérité. Nous avons bien eu durant les jours qui ont précédé ce vote, toute la classe de privilégiés, cette gauche bourgeoise boursouflée de suffisance et de mépris, qui s’est acharnée à vouloir nous faire croire que ce n’était moralement pas acceptable que Barnier soit censuré, surtout avec l’hypocrite association des voix de l’ensemble des oppositions. Ils ne se sont même pas rendu compte de l’incongruité de leurs propos, toujours dans l’inversion accusatoire, le dédain et le dénigrement. Aux autres le devoir d’exemplarité, à eux l’exonération. Pour eux, continuer la gabegie administrative, l’immigration de masse, la guerre aux Russes, la destruction de nos industries, c’est la « stabilité » et la « raison » ?

Les mêmes qui se sont empressés en juin dernier, de se désister ou d’aller voter pour ceux de l’extrême gauche, au prétexte de barrage républicain, les déclarent infréquentables aujourd’hui. Le front républicain est bon quand il sert à conserver le pouvoir, mais représente la honte et le déshonneur quand il concourt à le leur faire perdre. Habitués à se considérer comme des intouchables, ils contestent le verdict des urnes et s’accrochent au pouvoir. C’est là la caractéristique principale de cette engeance, refuser la réalité et se conduire comme s’ils avaient toujours la légitimité, pour rester aux commandes alors que les scrutins prouvent l’inverse. Il n’y a pas de chaos, simplement l’obligation pour Macron de tenir compte de ce qui s’est passé en juin dernier et de voir un gouvernement accepter de rompre avec les vieilles recettes qui ne fonctionnent plus. S’attaquer aux dépenses inutiles, sans toucher aux impôts et taxes c’est largement possible, nous l’avons déjà présenté au RPF mais cela sous-entend que l’on tourne le dos au système de copinage et de financement de ce népotisme qui entretient une caste obéissante.

Mais que va faire Macron, ce peureux, qui une fois de plus était à l’étranger quand la situation réclamait sa présence auprès de son Premier ministre ? C’est dire la considération qu’il lui portait. Sans empathie, sans l’ombre d’une reconnaissance envers ceux qu’il utilise, il doit nommer un nouveau Premier ministre. S’il reste dans sa logique, il choisira une vieille gloire issue du même camp, celui que les Français ont rejeté massivement et son sort sera identique. Il n’a pas de majorité mais en enfant capricieux, prétend imposer son homme et exige que tous les autres se plient à ce choix de droit divin. Il n’a ni la stature d’un président de la République, ni celle d’un chef d’État démocratique, mais se comporte comme un petit dictateur imbu de lui-même qui devra soit démissionner, soit être destitué pour que l'on retrouve stabilité et cohérence dans la conduite des affaires de la France. La crise politique qui est devant nous est surtout une crise des egos qui utilisent et détournent nos institutions qui en sont devenues incapables d’éviter ces blocages ou ces passages en force, à coup de 49.3. La France mérite mieux que cette pseudo démocratie et surtout que ces petits hommes politiques qui se prennent pour des génies, alors qu’ils sont incultes, arrogants, et dépourvus de sens de l’État, inféodés à Bruxelles ou aux États-Unis, tout juste capables d’obéir en montrant les dents, mais heureusement bien trop lâches pour mordre.

La démission de Macron sera forcément le prochain sujet à débattre, car LE problème c’est bien lui et lui seul. Les oppositions ont fait la première partie du travail, débarquer Barnier l’européiste qui grâce à sa suffisance, vient de terminer sa carrière politique sur cette note historique. Nous nous réjouissons que les oppositions aient enfin compris que voter pour un même but ce n’était pas s’allier mais protéger les intérêts des Français. La suite devrait être tout aussi passionnante, surtout de voir les perdants paniquer sans se remettre de la journée d’hier et contraints de considérer que le problème est ailleurs, incarné par Macron, le président le plus détesté de la Vème République. Vous aurez noté au passage que c’est le NFP qui dépose une motion, mais que le coupable est le RN qui la vote, selon les éditorialistes de bon ton.

Il ne faut pas se leurrer, quel que soit le choix de Macron, la feuille de route restera la même : immigration arabo-africaine, fable carbone, serrage de ceinture, aide à l’Ukraine, lutte contre l’extrême droite. Nous sommes déjà le pays le plus imposé au monde, ou presque, la hausse continue des prélèvements obligatoires n’est pas une issue viable, sauf à envisager une gouvernance soviétique ou cubaine, ce qui semble bien être un objectif inavoué de la caste autoproclamée « camp du bien ». Il faudra dorénavant si on veut avoir le plus petit espoir de redresser ce pays, affronter directement la doxa européenne, donc von der Leyen et sa clique de mentors.

Yann Thibaud

- 4/12/2024 - Écoutant distraitement à la radio les différentes interventions de responsables politiques, qui se sont succédés hier soir à la tribune de l'Assemblée nationale au cours du vote de la motion de censure, j'ai été frappé par l'agressivité inouïe, la démagogie, l'hypocrisie, la mauvaise foi, les calculs multiples et l'insincérité, qui ressortaient constamment de leurs propos.
Ce que j'en ai retenu, pour le dire d'une formule lapidaire, c'est : « 50 nuances de haine » !
Navrant et indigne spectacle, de la part de ces représentants de la nation, au faîte du pouvoir, censés parler en notre nom !
Et je me suis dit que notre monde aura réellement changé, lorsque ce seront les plus sages, les plus évolués et les plus éminents d'entre nous, qui seront à la tête de notre nation, et non plus les plus faux, les plus arrivistes, les plus retors, les plus manipulateurs et les plus égotiques.
Ce qui implique, me semble-t-il, de passer d'une culture matérialiste, aujourd'hui omniprésente, arrogante, exclusive et obligatoire, à une nouvelle culture, une culture de l'éveil, une culture de l'être, une culture authentiquement spirituelle, prenant en compte et développant les plus nobles et les plus remarquables facultés de l'être humain.
J'ai eu le sentiment que tout ce que j'entendais ce soir-là, était ce qu'il ne fallait surtout plus faire désormais.
Et que tout ce système, d'une effarante et effroyable complexité, était devenu aujourd'hui clairement obsolète et dysfonctionnel.
Voilà, à mon avis, ce qui arrive lorsqu'une société toute entière ne se préoccupe plus que de chiffres, d'économie et de matérialité, et néglige totalement ce qui fait la réelle qualité de l'être humain.
Voilà ce qui arrive lorsque l'on tourne délibérément le dos au véritable but de l'existence humaine, qui n'est aucunement d'accumuler du capital, du pouvoir ou du prestige, mais d'exprimer notre plus brillant et somptueux potentiel.
Pourtant, notre nation n'est ni jeune, ni immature, et résulte d'une longue et sinueuse histoire.
Pourtant, le savoir druidique ancestral, l'enseignement du Christ, ainsi que les nobles idéaux de l'humanisme et de la philosophie des Lumières, se sont succédés sur notre sol et ont inspiré nos plus grands penseurs, ainsi que notre peuple tout entier.
Il faut croire que nous nous soyons passablement égarés en chemin, qu'à force de tout déconstruire, nous y ayons perdu notre âme, tout autant que notre esprit, et qu'il nous faille désormais retrouver et exprimer notre grandeur et notre génie.
Vaste et exigeant chantier, mais que pouvons-nous faire d'autre ?

3 décembre 2024

Régis de Castelnau

Rubrique : stupides

- 3/12/2024 - « Vous voulez le chaos, vous êtes stupides, vous êtes irresponsables ! »
Ils ont truqué l’élection présidentielle de 2017 et organisé un coup d’État médiatique et judiciaire pour faire élire un parfait inconnu qui s’est révélé un psychopathe. Ils lui ont donné le mandat de poursuivre le démantèlement de l’État, d’accélérer la désindustrialisation de la France au profit des États-Unis, d’abandonner notre souveraineté à Ursula, de détruire méthodiquement les grands services publics, sécurité civile, justice, santé, éducation etc. etc. Ils ont profité de la pandémie pour porter atteinte aux libertés fondamentales et utilisé une violence policière et judiciaire d’État sans précédent contre les mouvements sociaux. Ils ont mis la culture et les médias en coupe réglée, ils ont truqué les comptes de la nation, et par servilité vis-à-vis des USA, ils ont engagé la France dans une guerre absurde, inutile et ruineuse en Europe centrale.
Ils sont en train de transformer une France en décomposition en un pays du tiers-monde. Leur domestique élyséen vient d’être deux fois écrasé à des élections générales.
Les Français veulent se débarrasser d’un premier ministre dont le parti représente 6% des électeurs, et que l’imposteur narcissique mégalomane et irresponsable, dégage enfin d’un poste usurpé depuis sept ans.
Et tout ce système pourri jusqu’à la moelle de se répandre en lamentations et surtout en insultes : « vous voulez le chaos, vous êtes irresponsables, vous êtes stupides… »

MAIS JUSQU’À QUAND ALLONS-NOUS LE SUPPORTER ?

28 novembre 2024

Jacques Cotta

- 26/11/2024 - Le tour de vis ordonné par Macron et les capitalistes à l’occasion du débat budgétaire est sans précédent. Il plonge la France dans une situation inédite. Jamais les plans sociaux déjà déclarés, ou en préparation, n’ont été aussi dévastateurs. Michelin et Auchan font figure d’amuse-gueule au banquet des spéculateurs et actionnaires qui se gavent sur le dos des travailleurs rejetés dans la misère. Macron, Barnier, leurs donneurs d’ordre comme leurs obligés incarnent le système capitaliste dans toute son horreur, que les Français dans leur grande majorité veulent rejeter. Dans les entreprises, notamment celles menacées de perdre des emplois, souvent par centaines, par milliers, une question traverse toutes les têtes. Quelle autre solution que de les dégager, les chasser, les mettre dehors ?

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Jordan Bardella recadre Ursula von der Leyen

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Yann Thibaud

- 28/11/2024 - Je ne me sens attiré ni par le totalitarisme de la gauche, ni par l'autoritarisme de la droite.
Je ne me sens partisan ni du matérialisme de la gauche, ni du religionisme de la droite.
Je ne me sens proche ni du progressisme délirant de la gauche, ni de la nostalgie de l'ancien régime de la droite.
C'est pourquoi j'ai le sentiment que seule l'écologie, qui n'est certainement pas de gauche (puisque celle-ci est progressiste), mais pas davantage de droite (puisqu'elle est industrialiste), peut nous apporter une solution viable et crédible aux multiples problèmes actuels.
Sortir du clivage droite/gauche semble donc indispensable, si nous voulons inventer un nouveau monde, répondant à nos véritables aspirations.
Aussi longtemps que la gauche continuera à phagocyter les milieux de l'alternative, ceux-ci ne pourront proposer une perspective réellement crédible.
Mais la droite, conservatrice et immobiliste, ne saurait davantage constituer un horizon réellement désirable.
Il nous faut donc impérativement inventer du neuf, sortir de ces ornières éternellement ressassées que sont la droite et la gauche, et réfléchir aux applications effectives d'une vision écologique du monde et de la vie.
La gauche voudrait nous faire croire qu'elle est le camp du bien, tandis que la droite voudrait nous faire penser... à peu près la même chose.
Dès lors, qui croire et à qui accorder confiance et crédit ?
La situation actuelle nous montre clairement quelles sont les forces qui veulent et souhaitent ardemment la guerre et donc la destruction du monde, et celles qui désirent tout aussi ardemment la paix et donc sa préservation.
Voilà pourquoi nous vivons le temps des révélations, révélation de la véritable nature des forces en présence.
Et l'on pourra constater qu'étonnement, ce sont les mouvances présentées comme extrémistes qui aspirent le plus à la paix, et celles présentées comme modérées, qui souhaitent à tout prix la guerre.
Paradoxe que l'on avait déjà pu observer, dans les positions prises durant la supposée ou prétendue crise sanitaire.
Conclusion : ne pas se fier aux apparences et ne pas croire les médias.
Sortir des multiples conditionnements idéologiques qui nous sont aujourd'hui proposés ou imposés, et penser de manière nouvelle, fertile et créative.
En définitive, il me semble que le clivage droite/gauche pourrait et devrait être remplacé par le clivage totalitarisme/démocratie authentique.
Le bellicisme actuel du bloc prétendument central démontrant clairement sa véritable nature, qui est totalitaire, tant vis-à-vis de l'étranger que de son propre peuple.
Sortir du clivage droite/gauche permettrait ainsi de créer une nouvelle mouvance, une sensibilité alternative, se réclamant de l'anti-totalitarisme, de la démocratie authentique, de la défense de la liberté d'expression, du pacifisme et de l'écologie.

24 novembre 2024

FIN DE LA COMÉDIE, SUPERFICIALITÉ DE L'ENTRACTE

Gabriel Nerciat

- 24/11/2024 - Ce gouvernement Barnier, c'est vrai, c'était un peu rigolo au début (ça me rappelait les derniers films de Claude Sautet, avec le vieux Montand qui joue au cabot en tablier de garçon de café dans une brasserie chic du centre de Paris, pendant lesquels on se demandait pourquoi l'auteur de Max et les Ferrailleurs et de César et Rosalie ne trouvait plus grand chose d'intéressant à dire ou à filmer).
Mais maintenant, la comédie a assez duré.
Les Méhaignerie d'arrière-saison, les Lecanuet sans jeune épouse pétaradante, les François-Poncet sans francisque dans les tiroirs, les Gilles de Robien sans maris trompés, les François Baroin sans Michèle Laroque à cheval ni Pierre Palmade au volant, tout ça ressemble trop à un mauvais remake des années 1990 pour que ça puisse séduire très longtemps.
Qu'est-ce que ce gouvernement sans majorité parlementaire et sans aucune cohérence intérieure est censé nous rapporter, à part des augmentations d'impôts et des journées travaillées sans salaire ?
Personne, ou pas grand monde, n'a voté pour lui (LR aux dernières élections, c'est 6 ou 7% des suffrages), et ceux qui le soutiennent le font soit pour maintenir Macron au pouvoir soit pour éviter un improbable Premier ministre venu de la gauche (je parle de ce faquin de Bernard Cazeneuve, bien sûr, pas de Lucie Castets qui resterait moins de temps à Matignon que Jean-Paul Ier sur le trône de Pierre).
Si la France est vraiment dans une situation économique gravissime, alors il est évident que ce n'est pas ce gouvernement sans légitimité ni visibilité quelconques qui pourra faire quoi que ce soit d'important dans ce domaine.
Une réforme de l'État ou de l'économie ambitieuse se fait toujours en début de mandat présidentiel, avec un programme clair et une majorité soudée pour la mettre en œuvre. Pas dans une situation aussi précaire et incertaine que celle qui prévaut depuis la dissolution de cet été.
Ajoutons que l'éternel chantage à la banqueroute de l'État ou à la crise obligataire foudroyante, ce mélodrame d'hiver dont la bourgeoisie des retraités de province ne se lasse jamais, ne peut effrayer que des imbéciles incultes capables de dépenser sept euros pour lire Le Point ou alors servir à démasquer l'imposture des escrocs qui le colportent : il suffit de se renseigner même de façon superficielle sur l'état des obligations françaises en cette fin d'année pour savoir que nous ne sommes absolument pas dans la situation de la Grèce 2010 ou de l'Argentine du début du siècle.
Ne serait-ce que parce qu'une dépréciation importante des emprunts d'État français amènerait immédiatement, vu l'affaiblissement de l'économie allemande, un risque de crise systémique sur l'ensemble de la zone euro, et faites confiance aux grands gérants des banques d'affaires de ce monde pour le savoir bien mieux que le bigot tartuffe de la Vendée ou l'héritier à moitié débile que Macron a placé au quai d'Orsay.
Dès lors, si Marine Le Pen, qui n'a même pas obtenu de Barnier l'abrogation de l'AME ou la perspective d'une modification du mode de scrutin législatif, maintenait plus longtemps son soutien sans participation à l'actuel gouvernement, elle commettrait pour elle la même erreur fatale que Matteo Salvini lorsqu'il accepta de rejoindre la coalition d'union nationale de Mario Draghi.
La tentative de coup d'État des juges perpétré à son encontre par le Parquet de Paris adossé au Parlement européen (et ourdi très certainement avec la complicité directe de Dupond-Moretti lorsqu'il était encore ministre) devrait au contraire l'inciter à mettre le feu à la plaine plutôt que de sans cesse temporiser en vain.
Le vrai problème, tout le monde le sait, c'est Macron.
Roi sans couronne, ce dernier est devenu d'autant plus dangereux (on le voit sur l'Ukraine) qu'il ne peut plus rien décider directement et se trouve privé d'allié à l'intérieur comme à l'extérieur.
C'est lui qu'il faut faire partir. Par tous les moyens.
Avant même que son camp en capilotade et ses sponsors supranationaux aient le temps de se mettre d'accord sur le nom d'un successeur en état de marche.
Ce ne sera peut-être pas suffisant pour sortir de la crise, mais ce sera la condition indispensable pour pouvoir commencer à envisager de le faire.

19 octobre 2024

Jacques COTTA

Le RN, comment, pourquoi et jusqu'à quand ?

18/10/2024 – Le gouvernement Macron-Barnier ne repose sur rien, est ultra minoritaire, et n'existe que par la bienveillance du Rassemblement national qui lui permet d'administrer au pays le poison mortel de l’Union européenne qui a mis hier la Grèce à genoux. Le Rassemblement national maître du jeu, au centre de la vie politique française, comment cela est-il possible, pourquoi, et surtout jusqu’à quand ?

Cliquer sur l'image (vidéo de 16mn 57s) ↴

2 octobre 2024

Une France qui se droitise ?

H16

2/10/2024 - À la suite de l’abominable viol puis meurtre de Philippine Le Noir de Carlan, les réseaux sociaux ont été utilisés pour organiser, dans plusieurs endroits en France, des minutes de silence en hommage à la jeune femme.

Ils ont aussi été utilisés par certains militants d’extrême-gauche pour se coordonner afin d’aller directement perturber ces hommages : après tout, il semble évident qu’observer une minute de silence est un acte d’extrême-droite, comme à Vienne où un groupuscule d’excités a cru intelligent d’intervenir, en braillant quelques slogans antifascistes en italiens. En effet, dans le dogme actuel des gauchistes, rendre hommage à une victime serait fasciste, et ce d’autant plus lorsqu’on souhaite faire appliquer la loi et respecter les ordres d’expulsions de criminels étrangers.


Par la suite, ce sont aussi les mêmes réseaux sociaux qui ont largement rendue visible les perturbations de ces militants et ainsi exposé l’implacable logique de leurs arguments (“vouloir que la loi soit enfin appliquée est fasciste”). Dans la foulée, ces mêmes réseaux sociaux ont participé à découvrir l’intéressant pédigrée des militants brailleurs. La surprise est modérée : tous actifs dans les franges les plus à gauche de la politique (PCF et LFI essentiellement), ils émargent tous au service de l’État d’une façon ou d’une autre (enseignants, fonctionnaires, politiciens).

Le déroulement de cette intéressante séquence permet d’illustrer une réalité qui semble échapper assez largement aux médias de grand chemin, ainsi qu’aux politiciens du pays : tout indique que la France s’est “droitisée” de façon claire.

Oh, bien sûr, certains seront prompts (à raison) à pointer les résultats des dernières élections où le Rassemblement national a obtenu un gain évident de suffrages. Mais cela va au-delà de ces aspects politiques bien visibles : les événements qui s’accumulent depuis quelques années et la façon dont l’opinion publique réagit montrent une perméabilité de plus en plus forte à certaines idées traditionnellement portées par la droite (fermeté des institutions dans l’application de la loi, importance de l’ordre).

Ainsi, au contraire de ce que le temps d’antenne consacré aux associations gauchistes et autres militants LFI ou apparentés pourrait faire croire, une très grande majorité de Français est favorable à l’emprisonnement systématique et sans limite des étrangers frappés d’OQTF, et, plus intéressant encore, 64% des électeurs qui se disent de gauche partagent la même opinion.


De la même façon, même lorsque les reportages larmoyants sur les migrants se multiplient dans la plupart des médias officiels, le discours qui prêche un frein ou un arrêt de l’immigration marque clairement des points (en 2023, 64% des Français indiquaient être favorable à l’arrêt de l’immigration extra-européenne et il est assez probable que la proportion n’a pas du tout diminué depuis).

Quant aux idées mondialistes et la volonté d’un retour à une vision plus locale ou nationale des intérêts citoyens, elles semblent marquer des points et pas seulement en France : c’est une tendance générale dans le monde occidental ; à mesure que la vision interventionniste occidentale perd du terrain, la vision patriotique semble clairement en gagner.

On pourra prendre exemple sur les suffrages exprimés il y a quelques années en Hongrie, en Pologne, et plus récemment en Italie (avec l’arrivée de Meloni), les gains électoraux de l’AfD en Allemagne ainsi que ceux du Parti Populaire et du Parti de la Liberté en Autriche.

On observe les mêmes tendances au Canada et la façon dont se déroule la campagne de Trump aux États-Unis illustre là encore le même gain d’une vision résolument moins interventionniste, aux frontières fermées, tournée d’abord vers les proches plutôt que l’extérieur ; en somme, la politique occidentale est en train de basculer de la vision progressiste vers la vision conservatrice.


Ce phénomène n’est pas un hasard et provient en bonne partie d’une conséquence de la crise pandémique que nous avons traversée il y a quatre ans : cette dernière a en effet montré le pire de ce que produit cette vision “globo-mondialiste” à savoir un suivisme aveugle. Dans ce contexte, les peuples ont senti le besoin de marquer leurs différences, et le décalage croissant entre la classe politique encore en poste et ce besoin populaire n’en est que plus marqué.

Plus spécifiquement, les jeunes qui ont été les plus touchés par cette crise et en ont le plus souffert sont actuellement ceux qui se rebiffent le plus : comme le notait un récent article de Politico, la tendance est palpable et ne touche pas seulement les générations X ou plus anciennes, mais bien les plus jeunes aussi.

En effet, la gauche ne parvient plus à s’en faire entendre : dans la plupart des pays, elle a perdu ou elle perd actuellement les soutiens de la classe populaire qu’elle n’arrive plus à représenter, en choisissant de se concentrer sur certaines communautés spécifiques très visibles (d’où la sur-représentation dans leurs rangs des minorités wokes, des musulmans ou des migrants notamment). Dans ce contexte, les “écolos” sont l’exemple de ces formations politiques qui capitalisaient jadis sur les jeunes mais qui peinent à trouver la même audience à présent.

Cependant, en réalité, tout ceci n’est pas vraiment une “droitisation”.


Il suffit d’éplucher les programmes politiques (notamment économiques) des partis concernés pour comprendre qu’on est loin de la mise en avant volontariste de l’entrepreneuriat, ou d’une recherche de minimalisme dans l’intervention de l’État. En fait, il s’agit simplement d’un déplacement tellement marqué vers les côtés les plus extrêmes de la gauche dans les médias et les politiciens que tout le spectre politique s’en trouve décalé.

Les prochains mois seront donc particulièrement déterminants avec la réalisation – possiblement trop tard – par les dirigeants occidentaux, Français y compris, que non seulement ils n’ont plus l’assentiment du peuple ni même d’une courte majorité de celui-ci, mais que ce dernier leur est de plus en plus ouvertement hostile.

Alors que ceci va s’ajouter à une situation économique catastrophique en France, il n’est pas invraisemblable d’imaginer que ce véritable gouffre entre les dirigeants et le peuple se traduise par un peu plus que quelques manifestations dans les rues.


https://h16free.com/2024/10/02/78811-une-france-qui-se-droitise

23 septembre 2024

France : des dirigeants en roue libre

H16

H16 signe des chroniques qui sont d’une telle lucidité anti-gouvernementale que leur auteur est haï par l’oligarchie qui, tirant les ficelles de ses pantins, se voit constamment démasquée dans ses turpitudes, d’où le pseudonyme H16, qui cache un haut fonctionnaire très au fait de ce qui se passe dans les officines de l’Élysée et de Bruxelles.

23/9/2024 - Ah, ça y est ! Grâce à Super Barnier, nous disposons à présent d’un fort beau gouvernement état neuf, très peu servi. Et vu les cadors qui le composent, on sait que le pays va sortir en chantant de l’ornière dans laquelle son président l’avait malencontreusement fourré : en effet, grâce à la pirouette de la dissolution, nous sommes passés d’une situation complexe où le chef de l’État semblait avoir perdu les coudées franches ainsi qu’une partie de sa légitimité, à une situation encore un peu plus complexe où il a perdu encore un peu plus de ses marges de manœuvre et le peu de légitimité qui lui restait.


Voilà assurément, un progrès pour Macron qui, une fois encore, vole de victoire en victoire.

Certes, les plus naïfs persistent à penser que Macron, fin stratège, aurait prévu toute la piteuse séquence qui nous a été infligée depuis les élections européennes, faisant ainsi mine de prendre la mouche après la déculottée de Cunégonde Hayer aux européennes, il aurait en réalité profité de cette déroute largement anticipée afin – via la dissolution – de rebattre habilement les cartes pour forcer le pays dans l’impasse dans laquelle il se trouve actuellement.

Les moins naïfs s’interrogeront sur l’intérêt de cette impasse, sur le bénéfice politique d’une assemblée bloquée et le gain obtenu de l’absence de gouvernement : le pays aurait plutôt besoin d’inspirer la confiance et la sérénité et absolument tout dans les séquences politiques qui se sont succédées depuis la dissolution montrent fébrilité, approximation et gesticulations.

Pire : avec le départ du nigaud de Bercy, on se rend compte que les finances françaises sont en pleine déconfiture et qu’il va falloir trouver 10, pardon 20 pardon 50 ou 60 milliards d’euros très très vite pour éviter de mauvaises surprises d’ici à la fin de l’année…

Heureusement, le calibre de ceux qui ont été placés par Barnier à l’Économie d’un côté et au Budget de l’autre laissent présager le meilleur : tous deux jeunes et inconnus au bataillon, l’un énarque – on en manque tant, en France ! – l’autre repêché de la BPI et autres émanations de l’État, tous deux macronistes de la première heure (et probablement de la dernière), il fallait au moins ce niveau d’inconscience pour se lancer dans ces ministères pas du tout minés.

Vraiment, la direction générale maintenant impulsée par le couple Barnier-Macron montre sans la moindre ambiguïté que le pouvoir a consciencieusement fait l’impasse sur le vote du peuple, ses préoccupations et qu’il n’a absolument rien à carrer de ce qui se passe effectivement dans le pays : alors que les Français ont très clairement indiqué par leurs votes qu’ils ne voulaient plus des bras cassés macronards, c’est dans ce vivier de semi-habiles terminés à la chaux que piochent allègrement le président et le blob mou qui lui sert de Premier ministre.


En réalité, ce gouvernement est la confirmation de ce que l’on pressentait déjà : on observe maintenant une partition complète entre la France provinciale, la France périphérique et la France de centre-ville.

Cette dernière est, sans même beaucoup caricaturer, cette France des petits bourgeois aux fins de mois sans souci, mondialistes et connectés au reste du monde, éco-conscients en diable et, parce qu’auto-définis comme “de bonnes personnes”, obstinément attachés aux discours lénifiants des médias de grand chemin, dans un extrême-centre sans compromis : ils ont signé pour le monde d’après, ils l’appellent de leurs vœux car croient farouchement qu’ils vont y gagner. Par nature, ils ne représentent en réalité plus qu’une frange assez minoritaire de la population totale mais comme ils sont à la tête des médias, des administrations, des grandes entreprises et des lieux de savoir et de pouvoir d’où l’on parle, on les voit tout le temps et on les croit donc nombreux.

Par opposition, la France périphérique, c’est cette masse nettement plus nombreuse de population qui voudrait bien accéder aux avantages et émoluments de la frange précédente notamment parce qu’elle est en contact quotidien avec elle, qu’elle en hume les fragrances enivrantes et qu’elle jalouse son pouvoir et ses introductions partout où il faut être. Là où la petite frange bobo vote bien sagement pour les macroneries, les républiconneries ou les autres horizonades ensemblistes, cette France périphérique estime trouver son compte auprès du Nouveau Front Populaire et des cas sociaux qui l’animent de façon colorée.

Enfin, par élimination, les principaux problèmes de la France provinciale n’étant abordés par aucun des blobs politiques précédents et ne semblant occuper un peu l’esprit que du Rassemblement National et de ces “divers droite” (rapidement fourrés à l’extrême-droite par la presse peu soucieuse de nuances), tout le reste de la population ou à peu près se retrouve donc là.

Le souci de cet état des lieux est que, par différents artifices démocratiques et politiques comme on l’a vu ces derniers mois, ce dernier groupe est sous-dimensionné par rapport à son assise populaire. Pire, les deux autres blocs n’ont pas du tout à subir les mêmes avanies que ce troisième. Le premier est à l’abri de l’insécurité et le second bénéficie largement des mannes de l’impôt, très essentiellement ponctionné sur le troisième.

En fait, la France est revenue à la situation d’Ancien Régime où le tiers-État paye toutes les factures (économiques, sécuritaires et sociétales).


Au passage, ce constat n’est d’ailleurs plus unique à la France : petit à petit, en Europe, on observe la même cristallisation avec des peuples, perclus d’impôts et de contraintes administratives de plus en plus ubuesques, admonestés sans arrêt par les Pères La Morale de l’élite mondialiste qui s’est progressivement arrangée pour conserver le pouvoir et en tenir éloigné ces peuples turbulents (populistes même !) dans un coup silencieux fort bien décrit ici : en France comme en Europe et de façon similaire aux États-Unis, les non-élus construisent une société parallèle, loin des pénibles contraintes introduites par les élections.

Quant à ces dernières, elles continuent avec plus ou moins de fraudes d’ailleurs mais n’aboutissent qu’à placer des factotums plus ou moins crédibles dans des institutions dont le pouvoir réel, mesurable, est rapidement devenu nul. L’Assemblée française en est un exemple, devenue chambre d’enregistrement quelque peu accessoire, le Parlement européen en est un autre.

Oh certes, l’opinion publique peut ainsi s’exprimer, des politiciens peuvent tout à fait être élus, mais finalement, les États et les administrations font exactement comme elles avaient prévu de faire depuis belle lurette, sans aucunement tenir compte des élections, des programmes et des promesses (de toute façon, qui les tient, hein). Ce n’est pas une vue de l’esprit, cela a même été quantifié (on pourra lire à profit ce récent billet).

Cependant, d’après vous, combien de temps peut tenir la supercherie ? Combien de temps peut tenir ce système alors que les élites ne s’imposent plus aucune limite et considèrent de plus en plus ouvertement que le peuple se trompe, qu’il est bête, inutile, ne sent pas bon et doit, à ce titre, disparaître ?

Les élites semblent persuadées pouvoir se passer du peuple. Mais à mesure que les tensions s’accumulent, il apparaît maintenant évident que le peuple n’est pas d’accord et qu’il entend de plus en plus le faire savoir.


https://h16free.com/2024/09/23/78720-france-des-dirigeants-en-roue-libre

22 septembre 2024

UN VAUDEVILLE D'ARRIÈRE-SAISON

Gabriel Nerciat

À la fois pathétique et rigolo, ce gouvernement.

22/9/2024 - On dirait le fruit de la scission du Rotary Club de Boulogne-Billancourt organisé par les héritiers de Pierre Bergé, qui tenterait une OPA hostile contre une cellule dissoute du Lion's Club de Chambéry.
En fait, c'est plutôt digne du théâtre de Labiche, mais mis en scène par Patrice Chéreau et Claude Chabrol : les vieux tartuffes moribonds de la Chiraquie, dont plus aucune maison de retraite ne veut sinon à la rigueur les gérants du salon de thé du Palais du Luxembourg, s'empressent de tomber dans le piège éventé de Macron, alors même que les grandes folles de Renaissance et les démocrates-chrétiens dégénérés ou zombifiés du MODEM s'activent pour préparer la ruine du gouvernement qu'ils sont censés soutenir ainsi que la sortie anticipée du Banquier président déchu.
Pour Ursula von der Leyen, toutefois, dernière protectrice teutonne de l'extrême-centre exsangue, l'essentiel est sauf : Michel Barnier est là pour endosser la responsabilité sacrificielle du matraquage fiscal que va nécessiter le maintien de la zone euro, et l'hypocrite Bruno Retailleau, qui ne pourra rien faire de sérieux sur l'immigration sans l'appui de Gabriel Attal et de François Bayrou, empêchera à Beauvau l'instauration du scrutin proportionnel nécessaire à la fin du pseudo-Front républicain.
Si cela ne dure que trois ou quatre mois, cela peut être plaisant, malgré tout.
Quand Sacha Houlié pleure, que Gérald Darmanin hurle ou que Bernard Cazeneuve boude, comme à Guignol, tout le monde rit et frappe des mains.

21 septembre 2024

Jacques Cotta

AVEC BARNIER ET SON GOUVERNEMENT, "LES DERNIERS SONT DONC LES PREMIERS !"

C’est le parti LR via le premier ministre, ultra minoritaire, arrivé en queue de peloton à toutes les dernières élections, qui dirige donc le gouvernement et en occupe les postes clés. C'est ainsi que la macronie trouve un sursis. Pour certains, des vieux crabes sur le retour, pour d’autres, d’illustres inconnus, et, pour la première fois, un gouvernement qui ne peut se prévaloir d’aucune légitimité démocratique. C’est le fait du prince, c’est le monarque qui décide, personne d’autre. Telle est la Ve République. Au fait, ce marasme, ce déni de démocratie n’est que l’aboutissement du fameux « Front républicain ». En réalité, même sans aucun ministre du NFP, ce gouvernement Barnier, dans l’enchaînement des faits, est le gouvernement de la gauche. Comme Macron en est le président. Le reste n’est que baratin.
D’ailleurs pour les symboles : après avoir permis la réélection de Borne et quelques autres avec le Front républicain, voilà que le NFP déciderait de ne pas voter l’abrogation de la réforme des retraites parce que c’est le RN qui le propose dans sa niche parlementaire. Donc, on sauve Borne, et on sauve ensuite la réforme qu’elle a portée, fait passer à coup de 49.3 contre des millions de Français. Bravo ! Mais les Français se foutent de savoir qui propose de mettre à la poubelle la réforme des retraite. Ce qu'ils veulent, c'est qu'elle soit balayée, voilà tout ! En réalité, la gauche a permis Barnier, que le RN a adoubé. Belle complémentarité non ? 20/9/2024

Nouveau gouvernement et intense perplexité

Maxime Tandonnet


21/9/2024 - Oui, bien sûr, on peut, et c’est le réflexe normal, on peut trouver tout cela scandaleux et s’en indigner. Les Français ont clairement et vertement sanctionné le macronisme à deux reprises, aux européennes comme aux législatives et il est toujours aux affaires avec 10 ministres sur 16 dans le gouvernement tel qu’il est annoncé. Et c’est vrai, cette indignation est légitime. Mais quoi, dans les urnes, les électeurs n’ont rien voulu clairement, rien choisi, rien désigné. Il n’ont pas donné de majorité à la gauche NFP, malgré ses gesticulations et pas davantage au RN malgré le phénoménal matraquage médiatique qui le désignait vainqueur certain. Les électeurs ont violemment sanctionné la malfaisance d’un pouvoir mais sans désigner de recours. Alors la France est dans un état épouvantable, sur tous les plans. Une équipe de circonstance a accepté de prendre le relai dans des conditions invraisemblables – déchirée et minoritaire à l’AN. Compte tenu de l’état effroyable du pays, elle a le mérite de tenter quelque chose, avec une chance sur mille de réussir. L’autre choix était de jouer sur la destitution (article 68 de la Constitution). Mais était-ce responsable de plonger le pays dans un nouveau psychodrame, sans issue – autre que Mélenchon ou le Pen à l’Elysée – et toujours le chaos ? Dans tous mes papiers précédents, j’ai toujours mis en garde la droite classique contre le danger de s’enchaîner au boulet du macronisme et de son épouvantable bilan sécuritaire, social, éducatif, économique et financier, moral. Elle l’a fait quand même. Le vin est tiré comme dirait l’autre… Maintenant, il n’y a pas d’autre choix que de vitupérer dans le vide ou de miser, sans illusion, sur cette petite chance sur mille. C’est idiot, mais c’est ainsi.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/09/21/nouveau-gouvernement-et-intense-perplexite/

20 septembre 2024

Le mur de la dette est là et personne ne veut le voir

H16

H16 signe des chroniques qui sont d’une telle lucidité anti-gouvernementale que leur auteur est haï par l’oligarchie qui, tirant les ficelles de ses pantins, se voit constamment démasquée dans ses turpitudes, d’où le pseudonyme H16, qui cache un haut fonctionnaire très au fait de ce qui se passe dans les officines de l’Élysée et de Bruxelles.

20/9/2024 - Voilà, notre vibrant ministre des Petites Économies et des grosses Finances, Bruno Le Maire, est parti après 7 longues et pénibles années à la tête de Bercy et traditionnellement, l’heure serait donc au bilan d’autant qu’aucun ministre ne l’a pour le moment remplacé. Or, la saison actuelle est propice à l’établissement d’un de ces solides budgets bien roboratifs comme la France sait nous en pondre régulièrement, à base de Grands Plans, de Belles Autorités et autres envolées lyriques destinées à conquérir les cœurs, les marchés et les industries.

Mais là, bon, non, c’est pas trop ça.

Depuis la dissolution, il y a comme un petit flottement dans l’air.

On admirera à ce sujet le temps mis par le chef de l’État à avancer sur tous les dossiers : depuis la fin des élections européennes, tout se déroule comme si Emmanuel Macron freinait des quatre fers sur tous les sujets importants, à commencer par celui des finances publiques.

Peut-être est-il vaguement conscient d’un décalage entre ses propres aspirations, assez probablement faites de spectacles et de festivités et celles du peuple qui trouve de plus en plus difficile de boucler ses fins de mois…


Dans ce contexte, on est même en droit de se demander si la dissolution elle-même ne fut pas autre chose qu’une simple distraction, une diversion afin de faire oublier tous ces sujets qui fâchent. Il faut dire qu’au même moment – mais si, rappelez vous ! – Bruno nous annonçait qu’il y avait quelques petits soucis dans les comptes nationaux et qu’un petit trou de 10 milliards (jolie somme, vous ne trouvez pas ?)… puis 20 milliards d’euros (joli doublement, vous ne trouvez pas ?) avait été découvert.

Pourtant, tout avait été taillé au cordeau l’année précédente et rien ne laissait présager cette mauvaise fortune soudaine et passagère, enfin, voyons. Mais si.

Et soyons honnêtes, la dissolution permit effectivement d’occuper les esprits tout le mois de juin, loin des considérations budgétaires et de ces problèmes de sous pas assez sonnants et beaucoup trop trébuchants. Aubaine pour le chef de l’État puisqu’en enfilade habile de cette dissolution et des résultats franchement en demi-teinte dont elle accoucha (posez la question “qui a gagné” pour immédiatement animer vos dîners en ville), les Jeux Olympiques arrivèrent là encore à point nommé pour, d’une part, remettre à plus tard toute désignation gouvernementale embarrassante et, d’autre part, occuper encore les esprits, et ce d’autant plus facilement qu’on avait subrepticement enduit les cérémonies de dérapages provocateurs et autres wokeries débridées.


Cependant, une fois les Jeux finis, ce ne fut pas plus l’occasion de se dépêcher pour passer à la suite.

Plusieurs semaines furent nécessaire à laisser s’installer les pitreries de la clique à Mélenchon, judicieusement décorées d’une Julie Castets parfaitement accessoire qui n’aura d’ailleurs pas survécu à cette phase d’entre-deux malaisante pour tous les observateurs lucides. Quant à la récente désignation de Barnier comme Premier ministre, elle a (faussement) laissé croire à tout le monde que la situation allait enfin se débloquer.

Pourtant, le déferlement de mollesse du patelin fonctionnaire ne pouvait laisser présager rien d’autre qu’une tempête d’air tiède douillettement enrobée d’atermoiements niais sur ce qu’il convenait de faire, de ne pas faire et d’envisager pour la France, avec calme, détermination, et ce sentiment de néant qui étreint probablement les abribus éteints.


Et donc, conformément à ce qu’on savait qu’il allait se produire (i.e. rien), c’est exactement ce qu’on observe au moment même où, en parallèle, il apparaît qu’il faille absolument faire quelque chose et de plus en plus radical à mesure que la situation se découvre pour ce qu’elle est : catastrophique.

Eh oui : si le chef de l’État temporise avec autant d’application, ce n’est pas parce qu’il s’est fichu dans une situation politique inextricable ou parce que la situation sociale en France serait tendue. Oh, certes, Macron s’est bien mis dans une impasse politique avec son idiote dissolution, et certes les tensions entre les différentes populations françaises, de moins en moins miscibles, croissent au point de partitionner le pays, mais ce n’est probablement pas ce qui préoccupe le chef de l’Exécutif autocentré et qui n’a jamais rien eu à carrer du peuple ou des institutions.

Non, ce qui le préoccupe, c’est que la fête pourrait bien se terminer brutalement : le petit trou de 20 et quelques milliards déjà mentionné par Bruno Le Fuyard Suisse semble beaucoup plus gênant que ce qu’ont laissé entendre les membres du gouvernement, et l’établissement du budget pour 2025 en devient singulièrement plus compliqué.

Dans ce contexte, le fait que les documents budgétaires ne soient pas consultables par les députés peut n’être vu par les plus naïfs que comme une péripétie politicienne un peu puérile. Pour les lucides, en revanche, cette manoeuvre bizarre camoufle assez mal un malaise profond qui s’est emparé de l’Exécutif, d’autant qu’elle se confirme au niveau du ministère des Finances, Bercy ayant à son tour refusé de communiquer les documents demandés.

Malaise d’ailleurs renforcé par des rumeurs insistantes, qui portent autant sur la difficulté pour Barnier d’avancer sur cette question épineuse que sur celle, plus triviale mais encore plus visible, de la composition de son gouvernement : entre les oppositions du chef de l’État à certains noms et le casse-tête de trouver des ministrables suffisamment téméraires (ou idiots) pour se lancer dans le bourbier actuel alors que beaucoup savent, discrètement, que la situation est épouvantable, Barnier pourrait se retrouver à renoncer plus vite que prévu, laissant Macron se dépêtrer avec une faillite politique, rapidement doublée d’une faillite économique.


Oui, vous avez bien lu : les signes s’accumulent sur une situation politique et économique sans précédent, et le mot “faillite” n’est plus trop fort.

En réalité, cela ne devrait être une surprise pour personne : cela fait plusieurs années que le train de vie de l’État est insoutenable, cela fait plusieurs mois que les rapports financiers désastreux et les alertes remontent de Bercy, on évoque depuis avril des ponctions voraces de l’épargne et l’idée d’augmenter encore les impôts, qui n’ont pourtant jamais été aussi hauts, continue d’être goulûment relayée par les médias afin de préparer le peuple à une saignée historique.

Or, ni Barnier dans sa confortable nullité, ni personne d’autre d’ailleurs n’envisage réellement de couper dans les dépenses de l’État obèse.

Aucun de nos ploutocrates, aucun de nos politiciens, aucun de nos experts de plateau télé, aucun chroniqueur officiel, aucun journaliste ni aucun économiste en vue n’envisage une seule seconde que la situation est à ce point catastrophique qu’il faille envisager de couper, franchement et rapidement, dans des pans de la forteresse social(ist)e française.

Personne de ces “élites” n’imagine venu le temps d’arrêter net les dépenses fastueuses pour les lubies globo-mondialo-wokes. Personne ne veut entendre parler d’une coupe claire, massive, de la distribution frénétique du pognon gratuit des autres à toutes les strates de profiteurs de la République. Personne ne veut imaginer la disparition subite des milliers de fromages républicains, agences inutiles et autres comités théodules stériles. Personne n’ose évoquer la remise en question du système social français, pourtant en plein écroulement, ou envisager que, peut-être, les débilités écolo-décroissantes et les stupidités de la transition énergétique sont en train de signer l’arrêt de mort du pays.

L’Exécutif, imbibé à tort de la certitude que le déluge sera après lui, continue de croire avec cette obstination qui confine à l’abrutissement que “c’est bon encore cette fois, ça va passer” et qu’il va suffire d’augmenter les impôts.

Cette fois, le mur est là et ce pays est foutu.


https://h16free.com/2024/09/20/78703-le-mur-de-la-dette-est-la-et-personne-ne-veut-le-voir

19 septembre 2024

Denis Collin

Ainsi la gauche ne votera pas l'amendement du RN visant à abroger la réforme des retraites. Elle apporte une nouvelle fois un soutien sans faille à Macron. Après avoir fait réélire Mme Borne, la gauche vient au secours de sa loi.

Ceux qui n'ont pas compris que cette gauche n'est que le flanc gauche du capital doivent nettoyer la m... qu'ils ont dans les yeux. Et ce n'est pas seulement le PS qui est en cause, mais tous les partis du NFP, LFI en tête. S'il y a eu un temps où l'on pouvait espérer quelque chose de la gauche (avant 1981 pour fixer les idées), désormais les espoirs ne sont plus permis. 19/9/2024

9 septembre 2024

Réflexion sur le fondement démocratique de l’expérience Michel Barnier à Matignon

Maxime Tandonnet


9/9/2024 - Samedi 7 septembre ont eu lieu des manifestations de gauche contestant le fondement démocratique de la nomination de M. Barnier à Matignon qualifié de « coup de force ». Elles auraient réuni 300 000 manifestants selon les organisateurs. Que faut-il en penser?

Le principal argument des manifestants tient au résultat des législatives des 30 juin et 7 juillet 2024. Avec 183 députés, la coalition de gauche dite NFP dispose du plus grand nombre de parlementaires, devant Ensemble 168 et RN 143. Même bien loin de la majorité absolue (289 députés), la gauche unie, en tête par le nombre de députés, aurait ainsi vocation à désigner un premier ministre issu de ses rangs.

Or, ce raisonnement n’est pas conforme à la tradition républicaine. En démocratie, dans la tradition française, la majorité relative n’est pas un critère de choix du gouvernement. Si une coalition dispose de 50%+1 une voix, évidemment le premier ministre doit être issu de ses rangs. Mais le fait de revendiquer le plus grand nombre de députés minoritaires, dans un contexte fragmenté, ne crée pas un droit à exercer le pouvoir.

Dans l’hypothèse d’une Chambre émiettée, sans majorité nette, le choix du chef de gouvernement et du gouvernement est toujours fondé sur la recherche du moins mauvais équilibre possible pour lui permettre de n’être pas mis en minorité et de durer aussi longtemps que possible en évitant la censure. Il est parfaitement normal de choisir le premier ministre ayant le moins de chance d’être censuré et donc de puiser un gouvernement dans une logique de quête d’un équilibre central par-delà les coalitions et les partis.

Ainsi, lors des élections du 10 novembre 1946, le parti communiste et ses alliés obtenaient 182 députés, le MRP (centriste) 162 et la SFIO (socialiste) 102. Le chef de gouvernement désigné fut pourtant Léon Blum de la SFIO (Léon Blum, icône de la gauche historique, n’a pas refusé la présidence du Conseil !).

D’ailleurs, si le RN, par un basculement de quelques sièges, l’avait emporté en nombre de députés en 2024, obtenant une prétendue majorité relative, tout en étant à cent lieues de la majorité absolue, les mêmes manifestants auraient-ils réclamé pour lui le droit à gouverner ?

La nomination de Michel Barnier est donc irréprochable sur le plan de la logique du fonctionnement parlementaire. En revanche, elle soulève évidemment une question de fond au regard de la perception de la démocratie par l’opinion.

Le Premier ministre est issue d’une formation qui a obtenu environ 7% des voix lors des deux tours des législatives, contre 33% au RN, 28% au NFP et 22% à Ensemble (macronistes). Si cette nomination est parfaitement légale et conforme aux principes républicains, nonobstant les protestations du 7 septembre, la question de sa légitimité populaire se pose en effet.

Disons que le fondement de l’accession au pouvoir de Michel Barnier relève de la légitimité historique plutôt que démocratique. Elle résulte des circonstances, des événements – l’effondrement d’un chef de l’État, un profond chaos politique, un pays en perdition – et non d’un choix populaire. (Le 30 juin 1958, de Gaulle n’est pas revenu au pouvoir à la suite d’une élection mais d’une profonde crise de régime.)

L’enjeu, pour Michel Barnier, est de transformer cette légitimité historique, de l’ordre de l’événementiel, en légitimité populaire – ou popularité qui compenserait le manque d’assise démocratique à la base.

La clé du succès tient à sa capacité à tenir tête à l’Élysée, à rassurer par sa personnalité, à donner un visage radicalement différent de l’autorité politique, à engager les réformes attendues des Français sur la sécurité, l’immigration, l’école, les finances et les services publics. Surtout, à bannir la folie de la communication narcissique pour recentrer la vie publique sur l’intérêt général.

À ce niveau, je me répète : les chances de succès sont évidemment réduites dans un contexte aussi difficile et piégé mais le coup mérite d’être tenté et d’ailleurs, quel autre choix que de tenter d’y croire, pour le pays ?

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/09/09/reflexion-sur-le-fondement-democratique-de-lexperience-michel-barnier-a-matignon/

Michel Barnier : l’effervescente mollesse de l’extrême centre antilibéral

H16

9/9/2024 - Voilà, c’est fait : après deux mois d’atermoiements et de “consultations” aussi théâtrales qu’inutiles, Macron a fini par désigner Michel Barnier comme nouveau premier ministre en remplacement du stagiaire Gabriel Attal qui venait pourtant tout juste de maîtriser la photocopieuse au rez-de-chaussée.

Comme on pouvait le prévoir depuis la dissolution et les résultats en demi-teinte des élections législatives de Juin, la nomination de ce vieux cacique de la droite centriste a provoqué une cataracte de larmes de gauchistes : instantanément, les castors cocos se sont transformés en castors cocus, les poussant à alimenter tous les réseaux sociaux de leur amertume devant une issue qui était pourtant aussi prévisible qu’amusante.


Eh non, l’opération de communication artificielle et tonitruante de la gauche pour propulser une comptable de la Ville de Paris comme candidate au poste de Premier ministre n’a pas fonctionné. Lucie Castets va pouvoir retrouver les locaux douillets de la Mairie et ses conversations à la machine à café dont on se doute qu’elles vont être un temps plus animées, avant de se fondre à nouveau dans l’anonymat qu’elle n’aurait probablement jamais dû quitter. Gageons cependant que les petits marquis du NFP sauront faire durer le plaisir et qu’on n’a pas fini de voir revenir son nom tant l’énarque grisonnante colle bien au politiquement correct du moment.


Pour beaucoup, Barnier semble avoir été choisi après de longues tractations entre les différents partis politiques et le chef de l’État.

En pratique, il n’en est rien et il est même à parier que sa nomination était dans les tuyaux dès les résultats du second tour consolidés. Les deux mois qui ont suivi ont été essentiels pour Macron afin de garantir que l’arrivée de Barnier à Matignon se passe dans des conditions favorables avec le moins de grincements de dents possibles.

Ainsi, l’étape Cazeneuve est assez typique d’une manœuvre politique classique destinée, ici, à diviser les rangs du NFP (ce qui a assez bien fonctionné, reconnaissons-le). Le pauvre Bernard n’avait en réalité aucune chance d’être nommé, tant par le fait qu’il hérissait une partie de la gauche que par le fait que Macron ne veut pas toucher à la dernière réforme des retraites. Tout comme le théâtre Castets a fait miroiter aux militants de gauche une chimérique capacité du NFP a imposer quelqu’un et les a distrait comiquement pendant deux mois, le théâtre Cazeneuve a permis de garantir un Premier ministre hors du bloc de gauche et notamment des excités de LFI rapidement devenus encore plus infréquentables que le RN (belle performance au passage).

De ce point de vue, difficile de ne pas comprendre que Mélenchon a ici agi dans le meilleur intérêt de Macron, d’autant plus facilement que nos deux compères s’entendent très bien en coulisse. Si l’on y ajoute les efforts d’Alexis Kohler (le secrétaire de l’Élysée) pour pousser le nom de Barnier depuis plusieurs mois (en pratique, ce nom circulait déjà en 2022), on comprend que placer l’ex-commissaire européen à Matignon n’avait rien d’une surprise.

Quant à la politique qu’il mènera, il n’y a aucune chance qu’elle surprenne : il a été pris précisément pour sa capacité à continuer à plumer les oies françaises en limitant leurs cris, et c’est d’ailleurs ce qu’il a clairement exprimé dans ses premières prises de paroles publiques.

Ainsi, les cris d’orfraie de toute la gauche qui éructe sur l’ultralibéralisme de Barnier donnent une bonne indication de la direction générale que prendra le gouvernement : étatiste standard pétri du socialisme mou dont tous les politiciens français font usage dès lors qu’ils sont au pouvoir, il a déjà amplement montré sa volonté de ne surtout pas s’approcher, même de loin, de quelque libéralisme que ce soit tant en matière politique qu’en matière économique ou même sociale.

En réalité, ses petites phrases sur une volonté de faire revenir la sécurité en France, d’y contrôler l’immigration ou de vouloir corriger les problèmes économiques liés à la dette doivent se comprendre dans le cadre mental d’un fonctionnaire français hyper-consensuel, à l’extrême centre et politiquement correct au point de frôler le suicide, c’est-à-dire qu’absolument rien ne sera fait concernant ces domaines et qu’il fera absolument tout son possible pour maintenir le statu quo.

Il suffit pour le comprendre d’écouter ses déclarations sur la situation économique, qu’il juge (à raison) très grave, mais qu’il embourbe immédiatement dans une notion de “dette écologique” ridicule qui permettra absolument toutes les pirouettes budgétaires, y compris les plus néfastes et délirantes.


Le seul avantage de Barnier – que ce dernier a d’ailleurs poussé sans difficulté lors de la passation sur le perron de Matignon – est son expérience et une meilleure connaissance des us et coutumes politiques françaises, ce qui permet de remettre un blanc-bec à sa place sans que ce dernier ne puisse moufter. Au-delà de cet aspect, Barnier sera essentiellement à la tête d’un gouvernement technique, gérant les affaires courantes et ne pouvant, de fait, se lancer dans aucune réforme un tant soit peu couillue sans risquer une censure rapide des deux tiers de l’Assemblée.

Eh oui : les marges de manœuvre gouvernementales sont nulles et l’auraient été tout autant avec le clown Cazeneuve, la potiche Castets ou n’importe quel autre dessert lacté que Macron aurait eu la fantaisie de nommer ; les caisses de l’État sont vides, les dettes abyssales et la situation économique catastrophique.

Aucune réforme possible d’un côté et un budget auquel il manquera (au bas mot) 60 milliards d’euros de l’autre ? Il n’y aura donc – si l’on écarte le défaut de paiement, toujours possible – qu’une pluie d’impôts et de taxes qui permettra de résoudre l’équation. Cela tombe bien, c’est ce qu’explique Barnier lorsqu’il explique envisager une “plus grande justice fiscale” : cette dernière étant une chimère socialiste qui n’a jamais été utilisée que pour tabasser fiscalement les classes moyennes, on sait d’ores et déjà que le nouveau Premier ministre va… tabasser fiscalement les classes moyennes.


Parallèlement, comme la gauche – et surtout l’extrême-gauche – ne voudra absolument rien laisser passer, le pays peut déjà se préparer à une période de manifestations plus ou moins violentes inclusives, des grèves paralysantes éco-responsables et des blocages divers et variés.

Même si la participation microscopique aux dernières gesticulations du week-end donnent une bonne idée de la force réelle de cette extrême-gauche effervescente, même si une partie de la gauche serait sans doute prête à des compromis pour faire avancer les choses, il est garanti que les excités de LFI et de cette partie de la population qui bénéficie de l’État providence (médias, syndicats, étudiants, lycéens et artistes, notamment) ont tout intérêt à continuer à s’agiter et à réclamer une destitution voire un changement de régime : après tout, Macron a durablement fusillé toute crédibilité des institutions, et les gauchistes ont toujours été réputés pour leur capacité à s’emparer du pouvoir par la force lorsque celle-ci abandonne les autorités en place.

Dans ce contexte, Macron pourrait avoir du mal à tenir encore dix mois avant la prochaine fenêtre possible pour une nouvelle dissolution : entre les problèmes budgétaires, sociaux et politiques, le locataire de l’Élysée apparaît de plus en plus coincé, et de toute façon, vu la direction prise, quoi qu’il fasse maintenant, ce pays est foutu.


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