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2 juin 2025

Le pouvoir a cyniquement choisi le laxisme

H16
2/6/2025

« Champion, mon frère », c’est avec cette interjection colloquiale que Macron a salué la victoire du PSG en Ligue des Champions dans la nuit de samedi à dimanche, au moment même où plusieurs quartiers de la capitale subissaient les assauts de hordes violentes que les forces de l’ordre peinaient franchement à juguler.


Finalement, tout s’est déroulé comme prévu, c’est-à-dire fort mal. Et cette fois-ci, il sera difficile de mettre cela sur le dos des Russes.

Pourtant, il était largement prévu que le match serait l’occasion pour beaucoup de se rassembler à Paris, et notamment sur les Champs-Élysées et les avenues attenantes. Il était largement prévu que les racailles, qui avaient largement fait parler d’elles lors de la demi-finale début mai, tenteraient les mêmes exactions ce soir-là. En conséquence, les forces de l’ordre avaient été renforcées, les magasins barricadés, les autorités et les politiciens prévenus. En France, en effet, rien ne chante autant « Célébration de victoire » que des magasins barricadés et des troupes de CRS déployées partout.

Et pourtant, le bilan de la soirée est consternant : un adolescent poignardé à mort à Dax, un homme de 23 ans tué à scooter dans le VIIe arrondissement de Paris, 4 blessés dont 2 graves à Grenoble, fauchés par une voiture de supporters, des pompiers agressés lors d’interventions, un policier grièvement blessé par un pétard et placé en coma artificiel dans la Manche, plus de 500 interpellations (491 Paris, 559 sur tout le territoire) et 320 gardes à vues, et des dizaines de vitrines brisées, des magasins pillés, des voitures incendiées.

On peut se réjouir que tout le monde ait été prévenu ; imaginez si les forces de l’ordre avaient été prises au dépourvu !


Ceci posé, tout le monde comprend – sauf quelques niais perdus dans un déni suspect – que tout ceci n’a aucun rapport direct avec le foot. Ici, tout comme les fois précédentes, l’événement sert de prétexte, essentiellement parce qu’il est populaire et peu filtré (au contraire d’autres manifestations : qui se souvient des émeutes lors des Jeux Olympiques de Paris ?). Pratique : il y aura un grand nombre de personnes au même endroit ce qui permet aux racailles de se déplacer elles aussi en grand nombre. En outre, cette masse augmente les opportunités d’agressions, de vol et de pillage, bonus pris en compte par les hordes qui s’organisent donc en conséquence.

Et s’il n’y a aucun rapport réel avec l’événement déclencheur, cela fait de ces émeutes et de ces pillages une vraie démonstration de force et d’impunité, tant judiciaire que politique.

L’impunité judiciaire est évidente : le laxisme est solidement installé et documenté en France.

Quant à l’impunité politique, il suffit de lire certaines déclarations pour comprendre le fond du problème : la classe politique française ne saisit pas toute la dynamique sociologique actuellement en place, ou, plus probablement, refuse de la comprendre.


Oh, oui, on souhaiterait vraiment que les politiciens aient « planifié » ou prévu ces débordements et s’en servent pour l’un ou l’autre agenda plus ou moins complotiste. Cela leur accorderait une intelligence presque machiavélique. La réalité est plus blafarde, triste et banale : comme ce sont des opportunistes, ils se serviront évidemment de ces débordements pour pousser leurs propositions iniques de réduction des libertés (ils ne savent faire que ça), mais non, ils n’ont rien planifié du tout car fondamentalement, ou bien ils n’ont simplement pas les capacités intellectuelles nécessaires, ou bien ils sont restés coincés sur des paradigmes dépassés.

À l’instar d’un état-major toujours en retard d’une guerre préparant des tranchées en 1939, les autorités françaises et les politiciens à leur tête sont en retard d’une génération et croient encore que les événements susceptibles de déclencher ces pillages doivent être gérés dans le cadre d’une foule de hooligans ou de turbulents supporters, qu’il s’agit « d’exactions en marge de célébrations » (foot, 14 juillet, St Sylvestre, même combat). En réalité, plus du tout : on a largement dépassé ce stade, et on se trouve en face de hordes organisées et coordonnées pour piller et détruire, tout simplement parce qu’elles le peuvent, parce qu’en face, l’État est (politiquement) impuissant.

Ainsi, les émeutes de 2023 suite au saturnisme fulgurant de Nahel ont amplement montré que les racailles pouvaient tout se permettre et qu’elles risquaient peu en regard de leurs exactions, par choix politique. Car en fait, il n’y a guère que deux grandes hypothèses pour lesquelles les politiciens et les autorités n’agissent pas à la hauteur de ce qu’on savait qu’il allait se passer.

La première est qu’ils persistent dans leur erreur d’analyse, ne comprenant pas que le laxisme et leur faiblesse lors des précédentes émeutes a pavé la voie pour les suivantes, offrant un véritable schéma directeur aux hordes de pilleurs. Ce n’est pas très charitable pour nos politiciens, mais le passé a montré que leur intelligence diminue nettement à chaque génération. Cette hypothèse n’est donc pas improbable.


Et ce n’est pas la seule.

La seconde est qu’ils comprennent très bien la dynamique actuelle et que tant que leur pouvoir n’est pas directement menacé, ils laisseront faire : pour eux, il est politiquement moins problématique de subir ces destructions et ces émeutes que d’y riposter avec force. En effet, cette riposte, pour être à la hauteur de ce qui se passe, pourrait largement autoriser l’emploi de force létale ou quasiment, comme ce fut le cas pour les Gilets jaunes.

Or, il n’y pas ce type de riposte car les autorités ont, cyniquement (et réalistement), compris qu’au contraire des Gilets jaunes, toute riposte réellement proportionnelle pouvait entraîner des blessés graves et des morts dans les émeutiers – ce qui ne serait en rien aberrant – et pouvait déclencher ensuite des mouvements plus violents encore dans les quartiers émotifs, ceux-là même qui sont maintenant durablement hors de la République (n’en déplaise aux démentis vigoureux des sociologues et autres gauchistes de plateau télé).

Le calcul n’est guère moral, mais il est logique : le pouvoir en place a choisi quelques dégâts voire une poignée de morts plutôt que des émeutes virant à l’insurrection complète, dont il ne sait pas s’il sortirait gagnant tant la déliquescence du pays est maintenant palpable.

Cependant, en faisant ce choix qui ne résout rien finalement, le pouvoir aura bien les dégâts et quelques morts puis, un peu plus tard, devra en passer par des émeutes virant à l’insurrection complète.

Ce n’est maintenant qu’une question de temps.


https://h16free.com/2025/06/02/81113-le-pouvoir-a-cyniquement-choisi-le-laxisme

12 mars 2024

L'ONU critique la criminalisation de la désobéissance civile des écologistes en France

Vincent Verschoore

"L’urgence environnementale à laquelle nous sommes collectivement confrontés et que les scientifiques documentent depuis des décennies, ne peut être traitée si ceux qui tirent la sonnette d’alarme et exigent des mesures sont criminalisés pour cette raison", estime Michel Forst qui s’est rendu le 23 février dans le Tarn sur le chantier controversé de l’A69 après des plaintes contre la réponse policière pour tenter de déloger des opposants installés dans les arbres.
Le régime macroniste corrompu par les intérêts du grand capital, à l'image de l'EuroSoviet de von der Leyen, utilise l'environnement et la fumeuse transition énergétique pour ruiner nos sociétés, éliminer la démocratie, et enrichir ses amis et donneurs d'ordres. Du Covid à la guerre en Ukraine en passant par l'énergie et le logement, rien n'a de sens autre que la prédation massive des néolibéraux. Ils achètent le pouvoir politique et administratif (haute fonction publique) et imposent une propagande anxiogène permanente, ce qui leur permet de piller les États au nom de la santé, de la sécurité ou du climat.

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30 mars 2023

Tiephaine Soter

Plusieurs sources du journalisme d'investigation indiquent depuis quelques heures que l'un des deux manifestants qui a eu le crâne fracassé par l'unité de gendarmerie en quad, style BRAV-M, à Sainte-Soline est en état de mort cérébrale. L'info originelle viendrait d'un médecin du CHU de Poitiers, qui évoque une "mort encéphalique" depuis dimanche soir.
Le directeur de la com' du CHU de Poitiers, contacté par les journalistes, "ne confirme pas et ne dément pas l'information", une manière de dire sans le dire que l'info est exacte mais qu'il n'a pas le droit de le dire pour des raisons d'ordre politique.
On nous a longuement dressé le portrait du "militant" fiché S, délinquant notoire etc., mais celui-ci, personne n'en parle.
Cet après-midi, une charge de CRS a provoqué la chute très violente d'un homme qui n'était absolument pas menaçant. Depuis les témoignages selon lesquels il recevait un massage cardiaque sur place, plus aucune nouvelle nulle part.
Ça fait 4 ans et demi que les forces de "police" sont en roue libre contre des gens qui ne font qu'exercer leur droit à manifester. On se souvient de cette dame de 80 ans qui a été tuée par une grenade lacrymo tirée à tir tendu sur elle alors qu'elle fermait ses volets, on se souvient de cette vieille dame de 73 ans renversée et piétinée par une charge de CRS, on se souvient des 353 Gilets jaunes blessés à la tête dont 30 ont perdu un œil, on se souvient de ces jeunes et moins jeunes qui ont eu la main arrachée.
J'ai longtemps été fervent soutien des hommes en bleu, particulièrement après la vague de terrorisme qui a frappé notre pays en 2015-2018. Ce n'est plus le cas désormais, pas quand je vois le peuple français être massacré alors qu'il ne fait que réclamer des conditions de vie décentes et de ne pas être considéré comme du bétail corvéable à merci.
Qu'on ne vienne pas me faire chier à me dire "c'est sur les gauchistes qu'ils tapent", parce qu'en 2018, c'était "sur les fachos de Gilets jaunes". Cette rhétorique de toujours diviser tout le monde entre gauche et droite est un piège dont il va falloir apprendre à sortir une bonne fois pour toutes : la matraque n'en a rien à foutre de votre couleur politique, tant qu'elle peut vous défoncer la gueule.


20 mars 2023

Parce que nous avons grand cœur

Anne-Sophie Chazaud

Bien sûr, il serait tentant de savourer les plaisirs de la joie mauvaise, de la fameuse Schadenfreude.
Voir tous ceux qui ont réélu délibérément Macron le 27 avril 2022 pour, dixit, éviter le fascisme et le chaos, se retrouvant désormais, comme il était à prévoir face d’une part au chaos total et dans tous les domaines, et, de nouveau, à la répression violente d’une partie de la police républicaine transformée en milice politique au service d’une caste malfaisante, soit quelque chose qui ressemble d’assez près au vrai fascisme qu’ils prétendaient éviter…
Il serait tentant de savourer ce spectacle et de dire, comme je l’ai si fortement pensé, et avec violence et dégoût pendant des semaines après la présidentielle : vous l’avez voulu, vous l’avez, débrouillez-vous-en et ne venez pas chialer.
Il serait tentant de s’en laver les mains et de rappeler à ceux qui se piquent enfin de défendre les classes populaires au lieu des lubies sociétales qui les occupent habituellement, qu’ils ont abandonné le peuple, le bloc populaire, le jour où ils ont mis un bulletin « Macron » dans l’urne, devenant les petites mains du bloc élitaire que dans le fond, souvent, petits-bourgeois métropolitains, ils incarnent parfaitement.
Mais nous avons grand cœur, et notre amour de la France et de son peuple, de son peuple qui travaille et qui toujours a été à la pointe de la justice sociale, cet amour donc est supérieur à notre légitime ressentiment envers tous ceux qui, délibérément et en parfaite connaissance de cause, ont trahi ce peuple. Nous n’avons pas le temps pour la rancœur.
Alors, de nouveau, notre cœur bat comme il avait battu aux côtés des premiers Gilets jaunes, aux côtés d’un boxeur intempestif et désespéré, aux côtés de soignants suspendus, aux côtés de jeunes à qui l’on a fait vivre mille morts pour une grippe qui ne touchait que des boomers prompts à les condamner en guise de remerciements à une vie de précarité et de privations, loin des jouissances sans entraves qu’ils se sont accaparées jalousement comme pour l’éternité.
Une nouvelle fois nous allons défendre le peuple, quel qu’il soit, contre les violences et répressions d' une police instrumentalisée.
Une nouvelle fois, et a fortiori parce que nous avons les mains entièrement propres à l’écart de cette abominable souillure, dénoncer les méfaits sans limites de la gouvernance macronnarde, qui n’aura été de bout en bout que destruction, prédation, excès narcissique, perversion azimutée, farces et attrapes, honte et malfaisance.
Une nouvelle fois notre cœur battra aux côtés de tous ceux, quels qu’ils soient, qui, courageusement tenteront par tous les moyens, de reprendre ce qu’une démocratie dépecée et dénaturée, pervertie, leur aura volé, à commencer par la pugnacité et la dignité.
Et si c’est dans la rue, s’il ne reste plus que la rue, eh bien ce sera la rue.
Parce que nous avons grand cœur.