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30 avril 2025

Ce n’est pas de la censure, c’est juste une calibration vigoureuse de la vérité

H16

-30/4/2025- l n’y a plus aucun doute, c’est sûr à présent : nous sommes attaqués de toutes parts ! La propagande, déchaînée, est maintenant déversée par pleins barils sur tous nos réseaux sociaux, et bientôt, plus personne ne comprendra rien à ce qui se passe dans le pays et en Europe, et ne saura faire la distinction entre les vraies informations propres et labellisées « sans complot » et les autres, produites sans arrêt par les complotistes, les antivax, les pro-Poutine et, surtout, les fascistes d’extrême-droite !

D’ailleurs, toute la presse bruisse de ce qui ne peut être qu’une évidence : une vaste opération est en cours depuis le début de l’année pour répandre la dissension dans les pays européens, semer le trouble dans les esprits pas suffisamment affûtés de nos concitoyens, voire – l’horreur – introduire le doute quant aux motivations réelles de nos dirigeants sur nos destinées.


Les faits sont là, indéniables (sous peine de sanctions) : l’opération Storm-1516 aurait ainsi déclenché la publication de 38 877 publications sur les réseaux sociaux (X, Facebook, Instagram…), générant plus de 55,8 millions de vues, qui reprenaient au moins cinq récits faux, entre décembre 2024 et mars 2025, selon l’organisation de presse Newsguard. Newsguard, le « leader mondial » – auto décrêté – pour « la fiabilité de l’information », c’est – rappelez-vous – cette vénérable institution pas du tout liée aux officines d’influence étrangère américaines, dont le « comité consultatif » est commodément rempli d’accointances du renseignement américain (dont Michael Hayden, ancien directeur de la CIA et ancien directeur de la NSA). Du solide, du crédible, de l’impartial, donc.

Et Newsguard est formel : payés par Poutine, des gens disent des trucs faux sur les intertubes, partout en Europe.

Il était donc logique que les autorités prennent les devants et se lancent dans une guerre sans merci contre ces intox, ces mensonges, cette propagande et ces fausses informations (ces « fèqueniouzes » comme on dit de nos jours). Partout, en Europe, cela n’a pas traîné et ces autorités ont pris la mesure de la tâche à accomplir. Sans plus tarder, elles sont même passées à l’action d’une façon décisive, allant même jusqu’à légiférer dans certains cas.

C’est ainsi qu’en Allemagne, un journaliste relayant une image (très manifestement fausse et satirique) d’une ministre tenant un panneau « Je hais la liberté d’expression » s’est vu poursuivi par la ministre et condamné, créant ainsi un intéressant paradoxe puisqu’à la fin, l’information du panneau devient vraie.

C’est ainsi qu’au Royaume-Uni, jamais en retard d’une idée lumineuse pour harceler les sujets britanniques, la police agit maintenant avec zèle pour prévenir les discours de haine, à commencer par ceux qui consisteraient à réclamer qu’on parle anglais en Angleterre (quel toupet !).


Cette intéressante position des forces de l’ordre britanniques n’est du reste pas en désaccord général avec le gouvernement national qui semble de plus en plus s’orienter vers une réintroduction progressive mais ferme des lois contre le blasphème, étant bien sûr entendu qu’il s’agit de blasphèmes envers l’Islam avant tout (les autres religions n’ayant apparemment pas leur mot à dire dans ce contexte).

Et pendant que le peuple britannique va découvrir une nouvelle façon de s’exprimer librement ou quasiment, l’Union Européenne ne restera pas sans rien faire.

En effet, pour Ursula von der Leyen, l’actuelle patronne de la Commission européenne, il apparaît clair qu’il faut mettre en place tout l’arsenal opérationnel et juridique pour favoriser la lutte contre la désinformation dès le plus jeune âge la naissance des intox, avec un « prébunking » qui serait au débunking ce que la vaccination est au traitement de la maladie contractée.

L’image est particulièrement bien choisie lorsqu’on se rappelle le succès de la dernière vaccination de masse qui, outre une sécurité sanitaire évidente, empêchait avec brio aussi bien de contracter la maladie que de la transmettre. Parions que l’Union Européenne trouvera dans ses petits papiers et ses prochaines législations les idées les plus pertinentes pour garantir qu’il en sera de la désinformation comme des méchants virus, dont on peut déjà voir les premières traductions avec le développement, lancé en fanfare par l’Union européenne de radio-télévision, de « Spotlight », authentique réseau de vérification des faits destiné à lutter contre la vilaine désinformation et qui va tout faire pour promouvoir avec courage et obstination une information fiable et de qualitay.

Ce réseau inclut d’ores et déjà 17 radios publiques et intègre le projet français « Alliance pour les faits » lancé en février, précédemment coordonné par la source de vérité fraîche Radio France, avec France Télévisions, l’autre source de réalité sans biais, ainsi que France Médias Monde, TV5 Monde et l’INA, fusionnant ainsi les deux initiatives. Si, en tant que contribuable européen, vous n’êtes pas déjà parcouru des frissons de plaisir de savoir qu’on va vous dorloter avec des informations ciselées au travers de toutes ces belles initiatives, je ne sais pas ce qu’il vous faut !


En effet et comme l’explique Florent Latrive, directeur adjoint de l’information de Radio France, « Les médias de service public ont la responsabilité unique d’être un havre de vérité dans un océan de fausses informations et d’incertitudes ». Le petit vent de censure calibration virile de la liberté d’expression qui s’installe un peu partout sur le Vieux-Continent doit donc bénéficier des efforts de Florent et de son équipe de Radio-PravdaFrance, pour la plus grande joie des citoyens européens qui sauront que les médias officiels débitent de la vérité calibrée, estampillée authentique par les plus hautes autorités dont la fiabilité aura été une constante et jamais mise en défaut ces dernières années.

Comme on le sait, le culot jusqu’à l’absurde, le fait de tout oser, c’est à ça qu’on reconnaît les experts et les journalistes officiels. C’est donc en toute logique que ces derniers s’agitent dans la foulée de ces dernières initiatives pour y ajouter la mise en place d’un observatoire contre les « fake news » médicales : apparemment, le domaine de la santé serait particulièrement sujet à voir apparaître ces abominables complots et autres fausses informations ! Il était donc amplement temps que les autorités s’en occupent, à commencer par le ministère en charge des questions de santé.

Il n’y a pas encore de ministère de l’information, mais gageons – devant ces nouvelles et le déversement d’intox toujours plus grossières – qu’on en prend le chemin.

En attendant qu’enfin, la vérité vraie soit correctement poinçonnée par le pouvoir légal et légitime, savourons la haute tenue des informations qui nous sont délivrées par les canaux officiels (comme ici par exemple, où l’on nous explique sans rire que non, le vice-président américain n’a pas tué le Pape).

Pas de doute : l’avenir européen et français est tout tracé, et la liberté d’expression ne s’est jamais mieux portée qu’aujourd’hui et ici.


https://h16free.com/2025/04/30/80733-ce-nest-pas-de-la-censure-cest-juste-une-calibration-vigoureuse-de-la-verite

28 avril 2025

La France Dacialand

H16

-28/4/2025- Magie des médias trop occupés à commenter la politique américaine et la mort du pape, la récente étude de l’INSEE portant sur la pauvreté en France n’a eu qu’une modeste couverture : pour la presse, cette pauvreté qui touche trois Français sur vingt n’est qu’un simple élément de décor qui ne sort que lors des campagnes électorales.

Pourtant, si cette presse subventionnée et décidément de plus en plus déconnectée du peuple prenait la peine de parcourir les réseaux sociaux, elle découvrirait une tendance claire : non seulement, le nombre de Français pauvre est important, mais il grandit… Et au contraire de l’économie, cette croissance est même de plus en plus vigoureuse.


Les choses avaient cependant bien commencé : la France, au sortir des Trente Glorieuses, affichait une belle croissance, de faibles déficits et un produit intérieur brut par habitant très décent, comparable à celui de la Suisse ou des États-Unis, qui lui permet d’envisager avec optimisme l’avenir et le passage au XXIe siècle. Dans l’euphorie du moment, les choix générationnels d’une politique très accommodante (pour ne pas dire carrément laxiste) avec l’avènement de Mitterrand et de sa clique vont cependant quelque peu modifier la trajectoire hexagonale.

Cinquante années plus tard, le constat est quelque peu troublant : tout s’est déroulé comme prévu, c’est-à-dire de plus en plus mal et c’est ainsi qu’on découvre que pour des raisons financières, un Français sur deux restreint ses achats de produits d’hygiène.


Le constat est même encore plus douloureux lorsqu’on prend la peine de comparer ce PIB avec les pays de l’Est. Ces derniers, choisissant résolument de s’éloigner du socialisme pour remettre le capitalisme, la propriété privée et la liberté d’entreprendre au cœur de leur politique, développent rapidement leur économie. La France, qui rogne chaque mois un peu plus sur ces mêmes principes, enregistre une progression de moins en moins vigoureuse ; concrètement, la République tchèque dispose du même PIB par habitant que la France des années 2000, sans l’avalanche de problèmes hexagonaux…


Le tableau semble clair et (faute de savon ?) ne sent pas bon : les Français s’appauvrissent et le pays, jadis synonyme de luxe et de richesse, se transforme petit à petit en vaste foire où tout se brade, se négocie, où la classe moyenne passe lentement mais inexorablement des Renault et des Peugeot aux Dacia avant de ne même plus pouvoir acheter cette marque pourtant d’abord destinée aux petits budgets.


Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Action, la chaîne de magasins hard-discount la plus agressive actuellement sur le marché, remporte les faveurs d’un nombre croissant de Français, devant Leroy-Merlin ou Decathlon : chaque économie est bonne à prendre, chaque passage en caisse devient une occasion d’optimiser ses dépenses…

Ce n’est pas plus un hasard si la consommation des produits bio continue de marquer franchement le pas (12% de baisse en 4 ans) : ces produits, plus chers que ceux issus de la production traditionnelle, peinent chaque jour un peu plus à trouver leur public à mesure que les fonds viennent à manquer.

Ce n’est pas d’avantage un hasard si le site LeBonCoin remporte un tel succès dans le pays, et talonne voire dépasse parfois les sites marchands comme Amazon : au-delà de l’aspect pratique que représente un site réellement efficace pour la recherche d’emploi (en comparaison de France Trouvaille ou Paul Anchoy), les ventes de matériel d’occasion représentent malgré tout une petite rentrée de liquidités pour certains Français modestes qui trouvent là une façon pratique d’arrondir leurs fins de mois, et pour d’autres qui y voient une bonne façon d’éviter de payer du matériel neuf là où de l’occasion suffit. En France, le luxe n’est plus de disposer du superflu, mais simplement de matériel neuf.

Et cette préoccupation des coûts les plus bas, des économies et des arrangements financièrement optimisés se retrouvent aussi dans la recherche permanente des astuces pour l’immobilier « low-cost », pour les régions où l’on peut se loger à prix plus faible régulièrement vantées dans les articles sur la question, et, bien évidemment, sur cette nouvelle tendance de la colocation : présentée comme « à la mode », ou comme une solution pratique contre la hausse des loyers, voire comme une idée géniale pour lutter contre le réchauffement climatique, la pollution ou les autres lubies écologiques du moment, cette tendance répond avant tout aux contraintes financières de plus en plus fortes qui pèsent sur les Français, notamment en début de carrière. L’enrobage médiatique à coup de tendance, de bonne idée et de syntonisation avec Gaïa, masque mal la réalité, plus crue, de l’appauvrissement évident des classes moyennes et notamment des plus jeunes entrant dans la vie active.


Cette pauvreté croissante est en outre visible comme le nez au milieu du visage via des chiffres officiels comme celui du nombre d’allocataires du RSA. Autour de 400.000 lors de sa création en 1988 par Rocard, ce minimum social dépasse le million de bénéficiaire en 1996 pour être à présent distribué à 1,8 millions d’individus pour un coût frisant les 10 milliards d’euros, financés par les départements qui, au passage, doivent réduire leurs dépenses dans d’autres domaines de services publics, la pauvreté infusant alors directement le reste de la société, par capillarité.

Non, vraiment, les signes sont très nombreux mais la presse se contente de les relever, les uns après les autres, sans jamais joindre les points, pourtant numérotés et faciles à relier pour obtenir un joli dessin clair : il ne faudrait pas qu’on en vienne à la conclusion inévitable mais surtout fort abrasive que la succession de gouvernements socialistes et de branquignoles incompétents au pouvoir n’a pas réussi à réduire la pauvreté.

Au contraire, elle a même augmenté, transformant petit à petit ce qui était encore un pays de cocagne en une nouvelle tête de pont du Tiers-monde.


https://h16free.com/2025/04/28/80681-la-france-dacialand

14 avril 2025

H16
14/4/2025

Le dilemme du syndicaliste

Petite fiction pendant les vacances

C’est la pause pascale, rien de tel qu'une petite fiction pour passer le temps avec une tranche de vie ordinaire en République Démocratique Populaire Française.

La France sans le syndicalisme ne serait pas ce paradis de douceur de vivre, aux rivières de miel et de lait pour tous et toutes. Mieux encore, le syndicalisme mène à tout.

C’est le cas, notamment, pour Martin.

Martin est depuis des années responsable syndical, c’est-à-dire qu’il est responsable de l’activité syndicale dans l’entreprise qui le salarie, mais surtout pas coupable. Et il s’y est notamment illustré dans sa lutte contre son rachat par un actionnaire indien, lutte qui lui a permis de lancer en pleine réunion syndicale un tonitruant :

« Et pis quoi encore, bientôt on sera payés comme des Indiens et on mangera avec les mains ?! Déjà qu’on travaille comme des Chinois ! »

La lutte, il sait ce que c’est, Martin. Il en a mené une, longue, épuisante mais juste, contre la suppression de sa place de parking attitrée. Il se souvient du temps passé à imprimer des tracts sur les photocopieurs de l’entreprise, de l’odeur d’ozone qu’ils dégagent passé les 1000 premières copies. Il se souvient aussi de ses échecs, comme celui lors de la demande de suppression des tests d’alcoolémie pour les postes à risque…

La lutte, il la connaît aussi par la pression médiatique, subie lorsque des bus entiers l’ont amené avec ses camarades syndicalistes soutenir des grévistes dans des usines de Picardie et d’Île-de-France, par so-so-solidarité. La lutte, pour lui, c’est aussi l’odeur caractéristique des pneus qui brûlent et des saucisses qui grillent, le goût spécial de la 33 Export éventée. La lutte, il la connaît bien, mais rien ne l’a préparé à la suite.


Malgré tout, malgré la lutte, l’actionnaire indien a décidé de fermer une partie de l’usine où il travaille. Elle perd de l’argent depuis des années et depuis des années, Martin sent venir ce jour ; depuis le rachat, il sait, il sent même que l’actionnaire étranger a déjà fait ses comptes et n’a rien à faire de l’emploi sur place. Salaud d’actionnaire qui cherche la rentabilité au lieu de faire du social ! La fermeture, il n’y a jamais cru… Jusqu’à ce que cela arrive.

Et lorsqu’il apprend cette fermeture, officiellement, il est, bien sûr, désemparé. La lutte serait-elle finale ? Le sentiment perdurera jusqu’à l’appel de son chef de section local.

Tu vas voir, c’est très simple : on va préparer un plan pour le maintien de l’entreprise en activité. Une fois que les médias parleront du plan, tout le monde croira que le site est viable. Et là, c’est magique : soit l’État nous soutient, soit on continue la lutte, le site fait faillite et on monte une SCOP. Facile, non ? T’inquiète pas Martin, on est avec toi !

Et effectivement, tout le syndicat est avec lui. Et ça tombe bien, parce que pour les démonstrations de force, et surtout son utilisation, le syndicat s’y connaît : grève, protestations médiatiques bruyantes, séquestrations de cadres, interdictions d’accès à l’usine, tout y passe. Et pendant qu’une petite partie des salariés est joyeusement mobilisée, l’autre est violemment immobilisée avec le renfort de nombreux camarades.

Comme prévu, les médias s’emparent du sujet, écrivent de courts articles décidés sur le rôle stratégique de cette usine dans une économie, de longs articles larmoyants sur une région déjà dévastée, de moyens articles philosophiques sur une lutte syndicale forcément d’envergure. Rapidement, tous les projecteurs se braquent sur l’usine, ou, plus précisément, sur Martin, qui devient la figure de proue facile à identifier de ce combat des petits contre les grands, des gentils contre les méchants, des ouvriers contre les actionnaires, des Français contre les Indiens. Et mieux encore, Martin parle aux hommes politiques, il s’entretient avec les ministres, bref, il tutoie le pouvoir.

Les élus qui visitent promettent bien sûr leur soutien, annonçant sans risque que des mesures concrètes seront prises, bientôt, après les élections, à la rentrée au plus tard, et des lois seront adoptées. Publiquement, c’est no pasaran et plus jamais ça, mon brave Martin ! En privé, ils lui proposent même de « porter son combat plus haut, là où on a besoin de gens comme lui », c’est-à-dire jusqu’aux racines du mal : l’Europe. Seule condition : Martin ne doit pas en parler avant le bon moment, ce petit point délicat dans le temps où on va le propulser tête de liste aux élections européennes, par exemple.

Martin hésite. Il ne sait pas s’il doit accepter. Certes, il pourra porter plus haut les couleurs et la voix du syndicat, étendre la lutte et montrer la puissance de son discours et de ses engagements aussi haut que possible. Mais cela revient aussi à soutenir des politiciens dont il ne sait pas s’il peut leur faire confiance. Un vrai dilemme que ce choix entre la lutte locale ou le destin national, que dis-je, européen !

Et le destin, chafouin, semble avoir déjà choisi.

Ce jeudi, Martin a été appelé par la chef du Cabinet du Ministre de l’Industrie Solidaire et de la Production Citoyenne. Elle a insisté pour que Martin se rende à une soirée où seront présents de nombreux responsables politiques locaux. Martin ne s’est pas fait prier : il veut pouvoir leur parler, il a besoin de se sentir rassuré par leur soutien.

La soirée lui fera découvrir une autre façon de faire de la politique.

Au Conseil Général, dans une salle de réception, Martin tombe sur de vieux messieurs aux ventres dodus et gonflés par des années de banquets, qui discutent calmement en présence de jolies jeunes filles, apparemment stagiaires en communication et relations publiques. Elles boivent du bon champagne, abondamment servi à un buffet des plus raffinés, et discutent parfois entre elles, parfois avec certains hommes politiques dont elles sont souvent proches. Martin ne peut s’empêcher de remarquer la similitude de cette réception avec celles auxquelles il a participé dans un des châteaux du syndicat


Évidemment, de flûtes en flûtes, la tête légèrement étourdie autant par le bon vin que les charmes nombreux des demoiselles, le sujet de l’usine de Martin, où il a passé l’après-midi à répondre à des interviews pour la presse avec un casque un peu usé qu’on lui a prêté pour l’occasion, a été très peu abordé au cours de la soirée. C’est ballot, mais il faut le comprendre : le sujet est aride, la victoire incertaine, ça passionne difficilement les jeunes filles. Et Martin comprend qu’il doit plutôt tenter de s’habituer à sa nouvelle vie de prochain élu, d’autant qu’à l’évocation de ses chances réelles de devenir un député européen, l’une des stagiaires semble très intéressée (au point qu’elle lui glisse à l’oreille, entre deux petits canapés au saumon, qu’ils peuvent passer la fin de la soirée ensemble).

Martin accepte. La journée a été harassante, avec toutes ces questions, et le lourd casque de chantier. La lutte est fatigante et après tout, un guerrier a droit à son repos. Les vapeurs éthyliques (et un soupçon d’excitation ?) l’empêcheront de noter que le taxi qui l’attend, à la sortie du conseil général au milieu de voitures officielles avec chauffeur, ne se dirige ni chez lui, ni chez elle, mais dans l’un des rares hôtels haut-de-gamme de la ville. Hôtel dans lequel la stagiaire a ses habitudes puisqu’elle en a déjà la clé. Et pour la facture, pas d’inquiétude : le taxi et l’hôtel sont payés d’avance, « pour que tu t’habitues à ton nouveau statut », lui a glissé un conseiller général à la poignée de main à la fois molle et moite.

Le lendemain matin, émergeant avec difficulté d’une soirée et d’une nuit fort peu réparatrice, Martin apprend la nouvelle sur les gros titres des journaux régionaux et nationaux déposés devant sa porte de chambre : les hommes politiques ont retourné leur veste. L’actionnaire va fermer une partie de l’usine contre une promesse d’investissements dans la région dont le premier ministre est originaire.

L’appel à la chef de Cabinet confirmera qu’il est maintenant dans une autre cour : désormais, il faut accepter certaines concessions, et faire marche arrière semble délicat (on s’habitue vite aux avantages acquis, foi de syndicaliste !). La pensée, fugace, des barbecues au pneu dans la cour de l’usine, lui traverse l’esprit, et celle de l’espoir qu’il a suscité chez ses camarades de combat. Mais bon, c’est décidé : il doit aller vers de plus hautes responsabilités. Fini les bricolages locaux !

Déjà, dans sa tête, de belles affiches de campagne colorées remplacent les tracts en noir et blanc.

Toutes similitudes avec des histoires relatées dans la presse seraient purement fortuites.

11 avril 2025

Nicolas, 35 ans, découvre les urgences à la française

H16 & Citronne

-11/4/2025- Nicolas, 35 ans, marié, et père de deux enfants (de 5 et 8 ans), vit un quotidien familial plutôt paisible et des week-ends rythmés par les activités extra-scolaires des deux marmots.

Cette année, alors qu’Emma pratique la danse, pour Léo, la question se pose encore : du haut de ses cinq ans, il est difficile de lui trouver un loisir.

Mais Nicolas y tient : l’activité physique, c’est important ! Après tout, “Manger, Bouger” est LE slogan seriné pendant toute sa jeunesse. Afin d’optimiser sa pratique du mangibougisme, Nicolas a scrupuleusement épluché la brochure “Le guide Manger-Bouger” fournie par le site de Santé Publique. Sur quarante pages de conseils parfois niais, parfois contradictoires, quatre sont consacrées à l’activité physique, et se résument à en recommander 3 heures par semaine.


Qu’à cela ne tienne ! Nicolas passe rapidement en revue les activités disponibles près de chez lui et, après avoir un instant contemplé le babyfoot – ce qui n’est pas très sérieux, Léo arrivant tout juste à atteindre les poignées de la table de jeu – opte finalement pour le football avec d’autres enfants. Sur le papier et dans la tête de Nicolas, c’est à la fois simple et sans risque.

Mais de l’idéal sur papier au papier de verre de la réalité, il n’y a qu’un pas que Léo franchit en trébuchant quelques mois plus tard, lors d’un match agité dans lequel certains des enfants de l’équipe adverse, manifestement possédés par une envie de gagner incontrôlable, n’hésitent pas à utiliser des tacles appuyés.


Gros cris et gros pleurs, Nicolas récupère vite son petit pour l’emmener aux urgences les plus proches, la cheville commençant clairement à enfler.

Après avoir garé sa voiture et pris le petit ticket qui lui permettra de payer son parking, Nicolas se rend à l’accueil des urgences où une dame entre deux âges, l’air morose et le regard las, lui explique qu’il peut se rendre dans le hall d’attente. Le minot a mal et le fait savoir en gémissant régulièrement, mais cela ne semble heureusement inquiéter personne.

Nicolas jette un œil autour de l’intéressante faune rassemblée là et peut se réjouir de voir que toute la diversité et le multiculturalisme à la française y sont bien présents : toutes les couches de la population, les sexes, les ethnies ou presque semblent être entrées en collision dans ce hall d’attente qui ressemble davantage à une gare de triage pleine de vie et de microbes qu’à l’antichambre d’un hôpital aseptisé.

Les choses se présentent moyennement bien : il y a semble-t-il quelques dizaines de personnes avant Léo. En pratique, ce n’est pas évident de savoir qui est là pour un traitement en urgence, tant on en voit peu de souffrants. Beaucoup semblent passer le temps, accompagner un patient aux affections peu visibles, ou occuper la galerie de leurs comportements parfois étranges.

Nicolas s’est assis et a allongé son fils sur la chaise jouxtant la sienne, faisant reposer les jambes de l’enfant sur les siennes. Les premières minutes s’écoulent pendant lesquelles il explique à Léo qu’un médecin ou un infirmier devrait arriver bien vite et s’occuper d’eux, qu’il y aura peut-être une radiographie, et qu’il repartira peut-être avec gros bandage (en espérant in petto que ce ne sera pas un plâtre).

Cependant, ces premières cinq dix trente cinquante minutes passées, personne ne semble arriver. La foule bigarrée n’a pas beaucoup évolué, et le rythme des prises en charge semble extraordinairement lent. Nicolas saurait être patient, mais son fils, qui continue de gémir, commence à prendre une teinte un peu cireuse qui l’inquiète un peu.

Un plaisir n’arrivant jamais seul, une dame clairement en surpoids s’assoit près de lui en lui toussant copieusement dessus. Après un petit coup d’oeil de côté, Nicolas se décale avec son fils afin de s’éloigner de l’éventuelle contagion du virus gras que se trimballe bruyamment cette bonne femme. Celle-ci, ravie de la place supplémentaire ainsi obtenue le gratifie d’un franc sourire affalant toute sa rotondité sur les chaises.

Dépité par cette attitude, Nicolas décide de se dégourdir les jambes dans le hall tout en gardant Léo à portée de vue.

Son petit tour le fait passer devant plusieurs attractions.


Un jeune adulte en survêtement fait profiter tout le monde de la subtile mélopée qui monte des enceintes de son téléphone tout en scrollant répétitivement sur une de ces multiples applis où la musique est toujours trop forte ; une mère tente vainement de calmer les pleurs de son bébé qui semble plus pris d’une crise de colique que d’une véritable urgence ; plusieurs personnes reniflent têtes baissées sur leur téléphone.

En bruit de fond permanent, un homme âgé, accompagné de sa femme et de sa fille aînée, discute rapidement dans une langue étrangère entrecoupée de termes que Nicolas reconnaît être du français. Ce triplet est bientôt rejoint par deux hommes qui semblent être les fils… Voilà toute la smala réunie dans une salle déjà bien trop pleine alors que les patients ne sont pris qu’au compte-goutte.

Une infirmière arrive cependant ; Nicolas, plein d’espoir, voit son tour arriver… pour repartir lorsque celle-ci fait signe à un sexagénaire arrivé là moins de dix minutes avant. Ils se saluent, semblent se connaître, et commencent à partir dans le couloir : manifestement, l’heureux retraité doit avoir un coupe-file relationnel…

Ce qui, au passage, ne plaît pas du tout aux deux fils de l’homme âgé, qui le font bruyamment savoir. Les échanges, vifs et parsemés d’intéressantes interjections colorées, ne sont pas toujours clairs mais il apparaît finalement que le dernier arrivant est un ancien médecin et qu’il connaît un peu tout le monde ici ; son traitement en urgence sera pour lui beaucoup plus rapide.

Tant mieux pour lui, mais pour les deux jeunes, cela ne peut pas se passer ainsi et à mesure que le ton monte, Nicolas retourne vers son fils, gris mais stable : il ne tient pas à se retrouver à proximité si les choses s’enveniment.


Ce qu’elles ne tardent pas à faire : rapidement, l’infirmière déjà présente puis un autre personnel hospitalier sont pris à partie, au point que la sécurité doit intervenir. Finalement, un médecin appelé en renfort déboule pour s’occuper du vieil homme dont le sabir ne permet toujours pas de déterminer ce qui lui arrive exactement. Entraînée par le médecin, la smala et son brouhaha disparaissent par le couloir dans les méandres de l’hôpital.

Nicolas regarde autour de lui, et si quelques personnes sont bien choquées par la scène, la majorité a cependant décidé de poursuivre ses activités de visionnage de vidéo, discussions téléphoniques et envois de messages. Cet affichage d’agressivité est désormais tellement intégré dans les mœurs, banalisé, que personne ne s’en émeut.

Les prises en charges ne s’accélèrent pas ; le temps devient de plus en plus long.

Nicolas, qui avait auparavant envoyé un SMS laconique à sa femme, prend maintenant le temps de l’appeler pour l’informer de la situation. Peu étonnée des péripéties, elle explique avoir déjà lu un article sur une situation similaire il y a quelques mois ; tout ceci n’est pas grave : elle va préparer le dîner mais s’il n’est pas bientôt rentré, elle le gardera au chaud pour Léo et lui.

En l’entendant, Nicolas frémit : c’est vrai que cela fait maintenant plusieurs heures qu’il est là et il redoute d’avoir à patienter encore longtemps. L’agacement, l’inquiétude de se prendre un mauvais coup dans un accès de folie d’un des patients étranges stockés dans ce hall bondé, puis la faim le taraudent. Quant à Léo, il n’a toujours été vu par personne et sa cheville continue d’enfler.

C’en est trop.


Il soulève son fils aussi délicatement que possible et décide de l’emmener à la clinique privée qui se trouve à 20 minutes en voiture. Pris en charge dès son arrivée, le diagnostic tombera 30 minutes plus tard : c’est une grosse foulure, et le plâtre est évité.

Pas de fracture, mais en revanche, une belle facture : lorsqu’il la reçoit un mois plus tard, Nicolas se prend la tête dans les mains. On lui avait pourtant asséné toute sa vie que le monde nous enviait ce système de santé solidaire. Il pense à ses cotisations, à ce service dont on prétend toujours qu’il est “gratuit”, à cette excellence qu’il a dû payer dans le privé. Il repense à sa carte Vitale, à ce hall d’attente et à la qualité alternative des services qu’il a reçus. L’inquiétude le guette quand il se remet en tête cet article qu’il a lu sur le déficit colossal de la santé en 2024. Mais où donc peut-bien aller tout cet argent ?

Décidément, en France, si la santé n’a pas de prix, elle a clairement un coût.


https://h16free.com/2025/04/11/80695-nicolas-35-ans-decouvre-les-urgences-a-la-francaise

9 avril 2025

United Kingdom has fallen

H16

-9/4/2025- Dans un récent tweet, Matt Goodwin, un journaliste et politologue britannique volontiers classé à droite, fait un petit bilan de quelques faits survenus en l’espace de quelques jours au Royaume-Uni et pour lui, pas de doute : la situation est catastrophique.

Il commence ainsi avec un exemple du côté politique : un groupe de députés, dont beaucoup élus dans des quartiers défavorisés en Grande-Bretagne, a décidé de faire pression en faveur d’un aéroport… au Pakistan, pour plaire à leurs électeurs musulmans pakistanais. C’est très bien pour ces derniers, mais c’est un détournement complet de la fonction de représentant du peuple britannique dont le but officiel est de travailler pour le Royaume, et non pour la République pakistanaise. C’est un cas parmi de nombreux, comme ces candidats à des élections locales qui font campagne non pas sur des questions centrales pour la Grande-Bretagne mais sur la Palestine.

Ce faisant, on se dirige lentement mais sûrement vers un modèle de politique communautariste qui ressemble plus au Liban qu’à la Grande-Bretagne. Toute ressemblance à ce qui se passe en France serait bien évidemment fortuite.


Du côté juridique, un récent exemple est celui du "Conseil des peines" ("Sentencing Council") assez déconnecté des réalités, non élu et certainement irresponsable, a refusé la demande de ministres – élus ceux-là – de modifier les lignes directrices qui vont pourtant graver dans le marbre un système juridique à deux vitesses, dans lequel les personnes appartenant à des minorités raciales, sexuelles et de genre devraient être traitées plus favorablement que les autres lors de l’application des peines de prison, violant ainsi le principe de l’égalité de traitement de tous les citoyens de ce pays devant la loi.

Pour le côté judiciaire, la police a récemment décidé d’arrêter deux parents dont le seul "délit" était de se plaindre de leur école locale dans un groupe WhatsApp, les autorités de l’école, véritablement orwelliennes, et la police privilégiant toutes deux la "sécurité émotionnelle" de quelques enseignants fragiles par rapport à la nécessité de défendre la liberté d’expression et la liberté individuelle au Royaume-Uni.

Du côté de l’immigration, on apprend entre-temps que 6000 migrants illégaux sont maintenant arrivés sur les côtes britanniques via des petits bateaux au cours des trois premiers mois de cette année, soit 40% de plus que l’année dernière, avec des traversées quasi quotidiennes dernièrement, ce qui porte le total depuis 2018 à 157 000 migrants illégaux qui coûtent aux contribuables britanniques, pourtant déjà en difficulté, plus de 7 milliards de livres sterling par an.


Il ne s’agit pas seulement de montrer ici la violation des lois britanniques en vigueur, mais aussi de mettre en lumière l’incompétence totale et l’incapacité des politiciens et, ici, de l’État britannique à contrôler ses frontières et assurer la sécurité de ses citoyens. Là encore, toute ressemblance avec ce qui se passe en France est fortuite. De surcroît, le Royaume-Uni n’a même plus la (faible) excuse française des accords de Schengen pour expliquer le constat formulé.

Enfin, dans le domaine économique, on apprend que les politiciens de Westminster sont désormais plus intéressés par l’aide aux ressortissants étrangers et aux migrants illégaux que par l’aide à leur propre peuple, avec le « discours de printemps » du ministre de l’économie britannique confirmant qu’ils sont plus enclins à réduire les aides sociales et le soutien aux retraités, aux travailleurs et aux agriculteurs britanniques, qui sont originaires de ces îles et dont les ancêtres y ont contribué pendant des siècles, qu’à réduire les millions que ces mêmes contribuables britanniques sont aujourd’hui contraints de dépenser quotidiennement pour subventionner les étrangers, les migrants illégaux, les criminels étrangers, le système d’asile défaillant et cette aide étrangère qui continue d’être utilisée dans des fermes de crevettes au Bengladesh, des voitures électriques pour les prisons albanaises, des programmes sur l’égalité des genres au Kenya ou des ateliers de poésie dans les prisons colombiennes.

Ici aussi, toute ressemblance avec ce qu’on a récemment découvert concernant l’Aide française au développement est purement fortuite, c’est de la coïncidence et du padbol industriel sur palettes.


Ces éléments ne sont qu’une simple collection de quelques points saillants dans une actualité en réalité débordante concernant ce pays. C’est justement ce qui est alarmant, et le fait que les points de comparaison sont si nombreux avec la France – et d’autres pays européens, d’ailleurs – ne fait que renforcer l’inquiétude qu’on peut avoir dans la direction prise par les élites au pouvoir, partout en Europe, et qui sont maintenant complètement détachées des contingences populaires.

Les protestations du peuple ne semblent plus ni les concerner, ni même les atteindre : la conjonction de plusieurs virus mentaux (le wokisme, le collectivisme ou l’étatisme, un progressisme absolument délirant et un "humanisme" complètement dévoyé) leur garantit une protection étanche à toute auto-critique. D’autre part, leur caste a déjà pris les mesures de ségrégation sociale et médiatique indispensable à leur équilibre psychologique quotidien.

Il semble évident qu’une partie des dirigeants poursuit simplement sur une lancée impulsée il y a maintenant plusieurs décennies : ils sont incapables de la moindre remise en question, leur inertie intellectuelle ne leur permettant pas de se retourner et s’analyser sans se casser quelque chose.

Il semble aussi évident qu’une autre partie est, elle, parfaitement consciente de la direction prise, et s’y prépare presque avec gourmandise : ces politiciens savent que le Royaume-Uni, comme la France, l’Allemagne et l’Europe en général, courent à la catastrophe avec ces politiques de plus en plus déconnectées de la réalité et véritablement mortifères tant pour l’économie européenne que pour la civilisation qu’elle nourrit.

Mais que ce soit Macron, Merz, Starmer, tous préparent, nourrissent et attendent le chaos dont ils feront leur miel : ils imaginent déjà les foules, apeurées et perdues, qui réclameront un retour de l’ordre, sans regarder la facture, qui sera d’autant plus salée que ces dirigeants savent qu’ils sont détestés par ce peuple qu’ils détestent au moins autant en retour.

Comme la France, il apparaît de plus en plus que le Royaume-Uni est foutu.


https://h16free.com/2025/04/09/80620-united-kingdom-has-fallen

7 avril 2025

Droits de douane : la manœuvre Trump

H16

-7/4/2025- Panique et gesticulations, en Occident et sur les marchés : l’administration Trump vient de frapper un grand coup avec l’imposition de droits de douanes salés !

Et même s’il est bien trop tôt pour déterminer si ces droits de douane seront un avantage ou un inconvénient pour les États-Unis dans les prochaines années, cela n’a cependant pas empêché toute une cohorte d’éminents experts de plateau télé, de commentateurs affûtés des médias de grand chemin et des réseaux sociaux d’expliquer que Trump commet une erreur ou qu’il fait n’importe quoi, que c’est un clown qui ne comprend rien à rien, etc. On dirait que les dix dernières années passées n’ont laissé aucune trace dans leurs esprits.


Il est piquant de constater que ces mêmes experts et commentateurs sont ceux qui ont montré une belle constance à prévoir l’exact contraire de ce qui s’est passé jusqu’à présent, sur tous les sujets et en particulier sur Trump lui-même. Apparemment, pour être invité sur les plateaux, il ne sert à rien d’avoir raison (même un peu). Il faut exclusivement être d’accord avec la pensée officielle, peu importe qu’on se soit trompé avec acharnement depuis des lustres.

Plus piquants encore sont les commentaires des économistes et politiciens, notamment européen et en particulier français, qui osent des explications et des prédictions alors que la situation européenne en général et française en particulier est absolument catastrophique et que ce sont ces mêmes abrutis qui en sont responsables…


Maintenant, il est économiquement clair que les droits de douanes (on peut dire aussi tarifs en français, puisqu’après tout, « tariffs » est l’anglicisation de ce terme dans ce contexte) sont un outil économique puissant qui permet de modifier la façon dont l’impôt est perçu, puisqu’il se situe plus du côté des consommateurs que des producteurs (qu’ils soient entrepreneurs ou salariés). On peut très bien discuter de la pertinence d’en user, mais c’est un débat qu’on n’entend pas dans les médias actuellement, exclusivement polarisés sur l’incompétence ou la folie de Trump, et la méchanceté de ces vilains « tarifs ».

Et quelle méchanceté !

Concrètement, les premières victimes de ces changements devraient être les grandes entreprises de l’économie numérique (GAFAM) – et par voie de conséquence, la Californie et sa Silicon Valley – ainsi que les pays qui exportent vers les États-Unis comme… l’Allemagne. Décidément, ça se présente de moins en moins bien pour les Teutons. A contrario, on peut raisonnablement imaginer que ces droits de douanes devraient être favorables aux petites et moyennes sociétés industrielles américaines installées aux États-Unis. Pour les industriels étrangers déjà installés sur place (comme les français Air Liquide ou Schneider par exemple), ils n’auront pas à souffrir de ces changements puisqu’ils produisent sur place.

À ce titre, les gesticulations de Macron (qui réclame que les industriels français cessent leurs investissements aux États-Unis) sont déjà prises avec l’effarement et le mépris qu’il se doit par les principaux concernés qui, eux, comprennent ce qui se passe au contraire du locataire de l’Élysée, de plus en plus à côté de ses pompes.


D’autre part, le premier objectif visible et évident de cet outil, à savoir obtenir une position forte de négociation sur le plan géopolitique, semble déjà largement acquis : tous les pays touchés s’agitent pour trouver une parade, riposter ou négocier. Trump a plus obtenu d’attention et de mobilisation économique de tous ses partenaires ou compétiteurs économiques en deux jours que Biden en quatre ans.

Ainsi, on peut s’attendre à de nombreuses négociations dans les prochains mois : les États-Unis vont pouvoir obtenir des concessions commerciales, industrielles, politiques ou même de sécurité en jouant sur ces droits. L’Europe actuelle, qui se présente faible et désunie, va donc encore une fois s’aplatir complètement devant Washington ; à la différence de Biden cependant, elle le fera en se roulant par terre de colère. Le résultat sera le même, et pourrait même imposer une fin bien plus rapide au conflit russo-ukrainien, par ricochet économique.

Mais ici, le point important est plutôt du côté de l’Asie : ces « tarifs » vont possiblement forcer la Chine à revoir l’appréciation de sa propre monnaie. L’avenir dira dans quelle proportion, mais cela devrait provoquer des changements bilatéraux profonds entre ces deux puissances.

En outre, ces tarifs, en provoquant une turbulence sur les marchés internationaux et donc des risques, entraînent un recentrage des capitaux vers les obligations (« risk off ») et notamment américaines. Or, ceci est primordial pour l’administration Trump : ce faisant, les taux d’intérêts sur les obligations à 10 et 30 ans américaines baissent, le coût de la dette américaine diminue en conséquence, ce qui redonne quelques marges de manœuvres au budget américain qui en a bien besoin.


En effet, 9200 milliards de dollars doivent être refinancés en 2025. Sur les obligations à 10 ans, chaque baisse de 1 point de base (0.01%) des taux permet d’économiser environ 1 milliard de dollars par an ; des taux qui baissent de 0.37% comme dernièrement, cela signifie 37 milliards d’économie par an. On peut vraisemblablement parier que la baisse continuera, améliorant encore cet aspect.


Au passage, cette politique en partie défavorable à la bourse n’impacte pas tous les Américains de la même façon : on rappellera que les 10% les plus riches détiennent environ 89% des actions. En somme, ceci tend à privilégier plutôt les travailleurs et les classes modestes que les retraités et les riches, au contraire de ce qui se pratique en Europe… Trump aurait-il vu quelque chose que nos élites font mine de ne pas voir ?

Les efforts de DOGE – qui nettoie les dépenses indues et les fraudes manifestes – s’ajoutent à cette réduction des coûts gouvernementaux (dont, au passage, on n’entend absolument pas parler de la part du gouvernement français, alors qu’il ne peut s’empêcher pourtant de donner des leçons de gestion à la terre entière).

Bien évidemment, ces droits de douanes se traduiront mécaniquement par un renchérissement de certains produits pour les consommateurs américains (pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi, on proposera de relire Bastiat, par exemple), et ceci devrait durer au moins le temps que les industries américaines s’adaptent ; c’est probablement en tenant compte de ce contexte que circulent des rumeurs insistantes sur une suppression de l’impôt sur le revenu pour les contribuables gagnant moins de 150.000 dollars à l’année – cette suppression serait compensée par ces droits de douane ou à peu près, selon différentes estimations.

À ceci s’ajoute la baisse des prix du pétrole de 13% depuis début avril et de 25% depuis janvier. Là encore, ceci devrait ménager des marges de manœuvres pour l’administration américaine, ainsi que diminuer les coûts énergétiques (et, logiquement, tous les coûts induits dans les produits de consommation courante) pour les consommateurs mondiaux, américains compris.


Bien évidemment, la question n’est pas de savoir si, dans l’absolu, les droits de douane sont une bonne ou une mauvaise chose : toutes choses égales par ailleurs, ils signifient systématiquement un renchérissement des biens importés et une perte de pouvoir d’achat pour le consommateur sur les produits concernés. Cependant, toutes les choses ne sont pas égales par ailleurs : les effets de bords (diplomatiques, industriels, politiques) de ces « tarifs » ne sont absolument pas négligeables.

Trump fait ici un pari, qu’il pourrait aussi bien perdre que gagner. C’est certainement un pari audacieux, avec de gros risques mais aussi des gains potentiels importants. Cependant, ce n’est pas non plus le premier pari qu’il fait, et notre bonhomme a déjà surpris de nombreuses personnes de nombreuses fois.

Que beaucoup de politiciens continuent à ne voir en Trump qu’un saltimbanque imprévisible est finalement très inquiétant pour les peuples qui se sont placés sous leur responsabilité : dans les frictions géopolitiques et économiques mondiales qui s’annoncent, les erreurs d’analyse et de posture politiciennes seront très coûteuses, et ces politiciens semblent fort mal outillés pour les affronter.

Décidément, l’Europe semble bien mal placée.


https://h16free.com/2025/04/07/80650-droits-de-douane-la-manoeuvre-trump

2 avril 2025

L’Allemagne de pire en pire

H16

-2/4/2025- On peut tortiller les choses de mille et une façon mais à la fin, la réalité reste là, impérieuse aux gesticulations et l’évidence s’impose : l’Union Européenne, c’est d’abord et avant tout l’Allemagne.

Ce n’est pas trop étonnant : la plus grosse économie européenne dicte en effet la plupart des politiques de l’Union. Cela lui a relativement bien servi, surtout lorsque la rigueur allemande a contrebalancé les prurits dépensiers de la France, par exemple, mais ce n’est plus le cas depuis quelques années…

Dès lors, ce qui se passe outre-Rhin mérite qu’on s’y attarde un peu, d’autant plus que le gouvernement allemand voit arriver Friedrich Merz comme remplaçant de l’actuel chancelier Scholz. On pourrait croire que passer de l’ancienne coalition des Sociaux-Démocrates (franchement à gauche) à celle des Chrétiens-Démocrates (traditionnellement de droite-centriste) pourrait se traduire par une amélioration du réalisme allemand.

Tout indique qu’il n’en sera rien.

Pour rappel, ces Chrétiens-Démocrates ont été placés en tête des résultats des dernières élections avec 28 % des votes, alors que l’AFD a fait 20 %, le SPD 16% et les Écolos 11%. Les Libéraux du FDP n’ont pas réussi à franchir la barre des 5 % et ne sont donc plus dans l’Assemblée allemande, marquant leur dégringolade alors qu’ils obtenaient autour de 10 à 11 % aux deux élections précédentes.


Bref, on assiste à une coalition classique CDU/CSU et SPD, remplaçant la coalition précédente, composée du SPD (socialistes), des Vert et des Libéraux. Il est piquant de constater que ces élections de février ont été déclenchées car les Libéraux ont été chassés du gouvernement Scholz à cause de leur opposition sur des questions budgétaires, réclamant notamment plus de rigueur dont les Socialistes ne voulaient pas entendre parler.

L’élimination des Libéraux du tableau final laisse donc libre cours au nouveau gouvernement dont Merz devrait prendre les commandes, et qui ne sera logiquement pas plus rigoureux que le précédent : il lance un bon gros endettement pour financer sa défense avec une CDU résolument plus atlantiste et bien plus pro-Ukraine que ne l’était le SPD, à la base un parti de syndicats industriels qui avait historiquement une approche beaucoup plus pro-business.

Mieux encore, les nouveaux députés ont fait sauter le frein à l’endettement qui avait pourtant été inscrit dans la constitution allemande : alors qu’il faut les deux tiers des voix du Parlement pour modifier la constitution, l’obtention de cette modification constitutionnelle n’était possible que si Merz et ses alliés obtenaient le soutien des Écolos. Qui l’ont fourni en contrepartie que soit inscrite la neutralité carbone dans la constitution.

Oui, vous avez bien lu : l’Allemagne rigoureuse a donc choisi de remplacer l’interdiction d’endettement, mesure ô combien nécessaire pour éviter les dérapages qu’on constate maintenant en France et qui poussent notre pays à la faillite, par un principe aussi grotesque qu’inaccessible, qui garantit a contrario que l’économie allemande va se mettre un boulet monumental à la patte.

Non seulement la rigueur budgétaire qui permettait à l’Allemagne de présenter une bonne image de son budget et de ses finances disparaît, mais en plus l’hystérie écologiste devient constitutionnelle. Les garde-fous avec lesquels le précédent gouvernement devait composer ont tous disparu, l’ancienne coalition conserve un pouvoir considérable, les modérateurs (représentés par les Libéraux) n’ont plus aucune voix et les discours de Merz et sa coalition sont beaucoup plus interventionnistes et martiaux que ceux de Scholz.

Pour l’Allemagne, mais aussi pour l’Europe, le bilan est véritablement consternant et la fuite en avant vient de passer le turbo.


En outre, la situation allemande n’est pas sans pointer le défi démographique qui secoue d’ailleurs toute l’Europe à divers degrés : les votants CDU et SPD représentent essentiellement les classes les plus nombreuses et aussi les plus âgées de la population. Inversement, les classes les plus jeunes ont voté ou bien pour l’AFD (surtout pour les hommes), ou bien pour Die Linke – l’extrême-gauche (pour les femmes), deux partis qui sont volontiers classés plutôt « pro-Russes » et qui représentent tous deux un changement économique radical.

La population allemande s’enfonce dans un véritable malaise avec d’un côté une population vieillissante qui semble vouloir brader son économie, et une jeunesse et des actifs, peu ou pas du tout concernés par l’Ukraine et qui appellent des changements économiques de leurs voeux mais ne sont pas entendus, au point que la politique qui sera mise en place leur sera directement antagoniste.

Ce problème allemand n’est pas sans rappeler le problème français, assez similaire avec une classe moyenne pas ou peu représentée dans l’hémicycle et des décisions gouvernementales très favorables aux retraités et aux fonctionnaires. Au final, au niveau européen, les deux plus grosses économies (allemande et française) sont maintenant au point mort ou pas loin, et ne semblent pas prendre conscience de leur état.

Ce dernier point est d’ailleurs confirmé par le dernier rapport de l’ONU sur le développement économique, qui montre bien le décrochage de plus en plus inquiétant de l’Europe :


Partout dans le monde, les investissements étrangers directs croissent… sauf en Europe où on observe même un retrait des investissements en 2022 et en 2023, avec l’Allemagne et la France qui subissent les baisses les plus marquées, les Britanniques limitant leur ralentissement.

Ces investissements représentent normalement des emplois et des développements futurs, qui ne sont donc pas lancés ou réalisés. Et même si l’on évoque maintenant des investissements et des efforts dans le domaine de la Défense, on peut sérieusement douter que des investisseurs étrangers décident d’investir dans ce domaine-là, l’étranger souhaitant rarement voir se développer ou s’améliorer la défense européenne… Là encore, le contraste avec les investissements en Amérique du Nord ne laisse aucun doute sur la mauvaise direction prise par le Vieux Continent.

La situation n’est pas bonne, et tout indique qu’elle ne va pas s’améliorer : non seulement, la France ne peut espérer aucune aide de l’Allemagne (les gouvernements qui se sont succédé outre-Rhin ces dernières années roulent manifestement bien plus pour Washington que pour l’Europe), mais cependant, avec l’arrivée de Merz, on doit prendre conscience que l’Allemagne ne roule même plus pour elle-même.

L’Allemagne semble avoir choisi le suicide, et pourrait bien entraîner la France puis toute l’Europe avec elle.


29 mars 2025

Nicolas, 35 ans, ne touchera jamais sa retraite

H16 / Citronne

-28/3/2025- Avec le mois qui se termine, Nicolas, 35 ans, marié avec deux enfants de 5 et 8 ans, examine sa feuille de paie. Les petites lignes se multiplient mais un montant le rassure : celui que lui et son patron ont cotisé pour sa retraite.

Nicolas imagine son avenir : il se voit couler bien tranquillement des jours heureux, dans une petite maison à la campagne ou pourquoi pas au bord de la mer. Fier d’avoir obtenu son diplôme d’ingénieur à 23 ans, en suivant la ligne toute tracée des “études supérieures” comme tous ses professeurs le lui avaient conseillé à l’école, il savait que s’il commençait à travailler une fois le diplôme obtenu, il pourrait s’en sortir pour partir vers 63 ans, comme ses parents avant lui, aujourd’hui heureux retraités de l’époque bénie des trente glorieuses.

Avec son salaire médian, Nicolas est ainsi prélevé de 290€ pendant que son patron verse quant à lui 430€. Avec 720€ tous les mois, Nicolas, qui doit encore travailler une trentaine d’années, se demande combien il va toucher.

Dans l’esprit simple de Nicolas, le calcul est simple : puisqu’on lui prélève autant tous les mois, il s’attend à retrouver ses 43 annuités soit, pour 43 années de 12 mois à 720€, 371 520 euros. Si la somme le laisse un peu songeur, c’est parce qu’elle paraît un peu courte.

Décidé à tirer toute la question au clair, Nicolas se lance fougueusement sur les intertubes.

Après quelques minutes de recherche, il comprend rapidement son erreur : c’est évident (et rassurant), il lui faut bien sûr tenir compte d’un rendement de toutes ces cotisations placées, pardi !

Pour Nicolas, qui a toujours bien écouté les informations pertinentes et suivi tous les conseils précieux que lui prodiguent les médias et son gouvernement, il ne fait pas le moindre doute que les retraites sont gérées au millimètre près par nos administrations au taquet et nos politiciens prévoyants.

Nicolas fait donc un calcul rapide, ou plutôt, utilise l’un de ces nombreux outils de simulations sur internet : avec une durée de cotisation de 43 ans, un versement mensuel de l’ordre de 720€ (c’est marqué sur sa feuille de paie), Nicolas opte pour un rendement de 4%. Ce chiffre n’est pas complètement hasardeux : il a utilisé les calculs du brillantissime économiste socialiste Thomas Piketty dans son “Capital au XXIe siècle” lorsqu’il explique dans un calcul qui n’a pas été remis en question depuis que le rendement pur du capital a, entre le XVIIIème et le XXIème siècle, « oscillé autour d’une valeur centrale de l’ordre de 4 à 5 % par an ».

Et ceci donne un capital de sortie de l’ordre de 950.000 euros : voilà qui est nettement plus confortable, et, cerise sur le gâteau, 4% d’intérêts sur cette somme donnent, tous les ans, un revenu qui remplace largement son salaire actuel. Vivement la retraite !


Malheureusement, la discussion enjouée qu’il aura à ce sujet avec sa femme quelques minutes plus tard tournera au vinaigre : la voilà qui lui soutient mordicus que ses précieuses cotisations ne sont pas du tout versées sur un solide petit compte épargne-retraite que l’État gèrerait bien comme il faut. Pis encore, elle lui explique que contre toute attente, il ne pourra certainement pas prendre sa retraite aussi tôt qu’il le souhaiterait ! En effet, l’époque bénie dont ont joui leurs parents respectif, eux qui ont pu prendre leur retraite à 61 ans, ni trop vieux, ni trop jeune, était possible est bel et bien terminée.

Nicolas retourne donc sur internet et tente d’y voir plus clair. Les clics s’enchaînent et la figure soucieuse du trentenaire fait place à une mine carrément déconfite : sapristi, sa femme a raison !


Non seulement, Nicolas ne cotise pas du tout pour sa retraite, mais en plus absolument rien n’indique qu’il aura le droit à quelque chose lorsque son heure sera venue. Oh, il y a bien sûr tout un paquet de « partenaires sociaux » prêts à jurer-cracher que dans 30 ans, l’État fera le nécessaire : c’est d’autant plus facile pour ces partenaires que, vu leur âge déjà bien avancés, ils seront tous largement enterrés dans ce laps de temps.

Réalisant que ces promesses n’engagent que ceux qui y croient, et qu’il y croit de moins en moins, Nicolas commence à paniquer.

Nerveux, il se lance dans un premier calcul pour vérifier son âge de départ à la retraite. En ayant commencé à travailler à 23 ans, il fait un premier décompte. Il aurait cotisé 48 trimestres. Bien, après un rapide coup d’œil sur le site officiel de la retraite, il constate qu’au vu de son année de naissance, il est nécessaire de cotiser 172 trimestres. Le calcul est rapide, et il n’est pas bon, Nicolas ! 172 – 48 = 124 trimestres, soit l’équivalent de 31 ans et un départ en retraite à 66 ans. Ceci, en admettant de continuer à travailler de manière continue et sans interruption.

Les promesses sont dures et Nicolas y croit de moins en moins.

Lisant rapidement les explications souvent confuses fournies par différents sites, il comprend néanmoins que les sommes considérables qui lui sont prélevées ne sont absolument pas abondées pour lui-même, mais aussitôt claquées pour éponger les retraites actuelles et que même ainsi, ça ne permet pas de couvrir tous les besoins, d’autant plus que Nicolas apprend, au détour d’un clic hasardeux, que les pensionnés actuels touchent beaucoup plus que ce qu’ils ont cotisé.


Pire : en parcourant d’autres sites qui détaillent différentes simulations, il lui apparaît clair que sa future retraite ne sera qu’une portion de plus en plus congrue (en pratique, à peu près la moitié) de son salaire actuel, et ce dans le meilleur des cas où il y a encore un système en place. L’hypothèse qu’il doive se passer complètement de toute retraite n’est même plus à écarter vu la gestion sous-optimale du bazar.

Pour Nicolas, c’est la douche froide : s’il ne compte que sur la pension officielle, il va au devant d’une jolie déconfiture.


Il va lui falloir trouver un moyen de compenser ce que l’État semble maintenant incapable de faire, c’est-à-dire s’occuper lui-même de sa propre retraite.

Autrement dit, en plus des 720€ qui sont prélevés et qui ne lui donneront le droit à rien de vraiment tangible ou d’assuré dans 30 ans, le trentenaire va devoir consacrer une partie de son épargne pour constituer sa retraite.

Nicolas sait qu’il peut mettre environ 400 euros par mois à cette fin en espérant qu’aucun accident majeur ne survienne. En retournant sur le simulateur, Nicolas se rend compte qu’il devrait parvenir, au bout de 30 ans et en tablant hardiment sur un rendement moyen de 7% (pas trop farfelu, le rendement moyen du CAC40, dividendes réinvestis, sur les dernières décennies tournant entre 8,8% et 9,9% selon le calcul) à rassembler un capital de 450.000 euros qui lui permettront tout juste d’assurer un niveau de revenu moyen.

Bien évidemment, s’il avait constitué son épargne intégralement pour lui-même, Nicolas s’en serait nettement mieux sorti et beaucoup plus sereinement.

En tripotant le simulateur, Nicolas se rend d’ailleurs compte que même pour un ouvrier qui resterait toute sa vie au SMIC, la capitalisation serait largement préférable à l’actuelle répartition : en tablant sur les 159 euros que représentent les charges réelles de retraites ponctionnées sur le salaire brut employeur de 1881 €, le modeste épargnant disposera, toujours en considérant le rendement moyen de 7% évoqué précédemment, d’un capital de 472.000 euros à la fin des 43 annuités. Autrement dit, l’ouvrier hypothétique de Nicolas aurait une meilleure retraite et pourrait même léguer son capital à ses enfants à son décès, ce que bien évidemment la répartition ne permet pas du tout.

Ce dimanche, un peu trop rempli en émotions financières, a épuisé Nicolas qui va devoir vraiment changer sa façon d’épargner. Il a compris que sa retraite de base, il peut faire une croix dessus…


https://h16free.com/2025/03/28/80531-nicolas-35-ans-ne-touchera-jamais-sa-retraite

26 mars 2025

Un système de santé plein de (mauvaises) surprises

H16

-26/3/2025- Tout en se gardant bien de le recopier, le monde entier nous envie notre système de sécurité sociale français. Mais si. C’est en tout cas ce qui nous est dit et seriné depuis des années. La réalité est cependant plus contrastée et ces colonnes se font parfois l’écho de ces petites bizarreries qui font tout le charme de ce système collectiviste qui ne s’écroule pas du tout sous son propre poids.

Prenons par exemple ces intéressants cas de personnes handicapées de façon définitive dont on demande pourtant, régulièrement, de passer des visites de contrôle pour s’assurer que leur condition n’a pas évolué. Certes, tant les miracles que les abus existent : rien de tel qu’une petite vérification de temps en temps pour garantir qu’un membre qui n’a jamais poussé n’est pas subitement apparu – et, symétriquement, que ce qui était déclaré comme une maladie de longue durée ne le soit plus après un passage à Lourdes.


Cependant, nous sommes en France et ces administrations, pointilleuses avec leurs assujettis, n’ont plus depuis longtemps le caractère irréprochable que nos aïeuls pouvaient leur trouver dans un élan de naïveté ou d’optimisme qui a depuis longtemps disparu avec nos générations sottement matérialistes.

Il suffit qu’un dossier « s’égare » – locution pratique pour mal camoufler qu’un incompétent n’aura pas fait son travail – ou, plus rare mais plus symptomatique, qu’une cyberattaque survienne pour transformer ce qui est déjà une péniblerie passablement superfétatoire en parcours du combattant administratif. C’est le cas récent qui touche Léa Ligny, confrontée à un déménagement au moment où son département de départ, la Seine-Maritime, a subi une attaque informatique : dossier perdu, et voilà notre assurée dans un pétrin d’autant plus compact qu’il n’a en réalité aucune raison d’exister.

La jeune femme est en effet amputée de la jambe droite – qui ne risque pas de repousser spontanément – et d’une condition cardiaque de naissance, là aussi sans rémission possible. Dès lors, dossier ou pas, il ne devrait pas y avoir le moindre problème.


Nous sommes en France et tout ne se termine pas toujours par des chansons, au contraire : alors qu’en Seine-Maritime, elle était considérée handicapée à 100%, son passage dans l’Eure la fait passer à handicapée entre 50 et 80%, ce qui lui impose de trouver un travail et permet à l’organisme de s’affranchir de tout versement d’aides auxquelles l’assurée avait pourtant droit jusqu’à présent.

Emballement bureaucratique, incompétence, foutage de gueule, volonté de faire des économies mesquines ou mélange de ces différentes options, tout est possible et confirmé par la tendance générale que l’actualité livre parfois, dans un soubresaut de lucidité : on apprend ainsi que le Ministère de la Santé, cherchant à faire des économies, entend dorénavant restreindre la délivrance de pansements.

La collision de cette information avec les cas illustrés précédemment impose de se demander quelle serait l’économie réalisée si l’on s’affranchissait par exemple de demander des visites médicales de contrôles pour les handicapés « définitifs » comme les exemples précédents. Cette volonté affichée d’économie, qui serait louable dans un gouvernement bien organisé, prend avec ce gouvernement de solides branquignoles les atours d’une diversion pour camoufler des problèmes d’approvisionnements divers, dont les pansements seraient les derniers avatars (après certains médicaments).

Certains manuels de survie vont devoir être quelque peu remaniés si, d’aventure, les sparadraps et la gaze devaient devenir rares dans l’Hexagone. Voilà qui présage d’une préparation particulièrement tendue à la prochaine catastrophe nationale.


Décidément, ce système que le monde entier nous aurait envié, un jour, ne semble plus que l’ombre de lui-même : se dégradant de plus en plus vite, il ne remplit même plus le minimum qu’on serait en droit d’attendre d’un pays jadis riche, en atteste le temps de passage aux urgences qui continue de grimper ; maintenant, il faut trois heures en moyenne pour être pris en charge.

Les causes profondes sont connues, mais ne vous inquiétez pas : elles ne seront pas gérées.

Ce système met des barrières et des contrôles sur des choses qui ne devraient pas en nécessiter, n’en met pas là où on sait pourtant pertinemment qu’ils sont nécessaires. On se retrouve ainsi avec des millions « d’assurés sociaux » en trop, qui correspondent à des gens décédés depuis longtemps, ou des personnes qui n’ont en réalité aucun droit mais qui bénéficient des largesses de la République et des trous, béants, des systèmes de contrôles et d’un laxisme maintenant institutionnalisé.

Parallèlement, on continue d’enfouir les honnêtes cotisants, les citoyens lambdas, sous des procédures et des cerfas, des demandes de paperasserie et de démarches aussi complexes que confuses, et on ne fait même pas le ménage nécessaire dans les données et les dossiers qui le méritent. Cette marée de formulaires et de procédures se retrouve à tous les étages des systèmes sociaux, dans toutes les strates des services publics, rendant impossible toute responsabilisation et irréaliste toute démarche individuelle des personnels concernés qui, incapables de couper dans l’obésité administrative, finissent par laisser les services publics se dégrader (transformant par exemple les urgences en véritables hospices improvisés).

Obèse et centralisé, le monstre froid n’a plus qu’un rapport lointain avec sa mission initiale, à savoir fournir une couverture assurantielle et des services de soins pour les cotisants. Les avanies qu’il fait subir aux handicapés lourds sont une parfaite illustration de ce système devenu complètement fou au sens premier, c’est-à-dire échappant à la raison : il n’existe plus que pour lui-même, broyant ceux qui s’y opposent et méprisant ceux qui doivent le subir.


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