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9 novembre 2025

Gastel Etzwane

-9/11/2025- Au lendemain du discours prononcé par J.D. Vance à Munich, lors de la Conférence sur la Sécurité, en février 2025, la presse française et européenne a titré comme s’il s’agissait d’une déclaration de guerre vis-à-vis de l’Europe : « L’Amérique lance l’affront frontal contre l’Europe » (Le Monde), ou encore « Ultimatum américain au Vieux Continent » (Die Zeit).
Or, lorsqu’on lit réellement ce discours, il n’y a aucune menace : il s’agit d’une défense rigoureuse de la démocratie, du suffrage, de la liberté d’expression, et d’une dénonciation du recul de ces principes à l’intérieur même de l’Union européenne.
C’est précisément cela qui a dérangé ceux qui gouvernent aujourd’hui en Europe. Voici le texte.
« L’Europe affirme défendre la démocratie contre des menaces extérieures, mais la menace la plus inquiétante, aujourd’hui, ne vient ni de la Chine, ni de la Russie : elle vient de l’intérieur même des sociétés européennes. On parle partout de « protection de la démocratie », mais dans le même temps, on envisage d’annuler des élections, on poursuit des adversaires politiques, on criminalise des opinions, on impose des interdictions générales, on érige des « cordons sanitaires » pour empêcher certains courants d’exister. Une démocratie qui se dit forte, mais qui a peur de son propre électeur, révèle sa fébrilité : elle montre qu’elle n’a plus la maîtrise morale d’elle-même. La liberté d’expression recule, et les pouvoirs établis se retranchent derrière les mots « désinformation » et « mésinformation » pour neutraliser la dissidence. Il n’y a pas de place pour ces murs invisibles dans une démocratie adulte.
Mais le nœud central du problème européen est aujourd’hui la migration de masse. Rien n’est plus urgent, rien n’est plus grave pour la stabilité sociale européenne. Les violences qui accompagnent les désordres migratoires ne sont pas un accident : elles sont la conséquence de choix politiques qui ont ouvert les digues et permis des flux que les peuples n’ont jamais approuvés et qu’ils n’ont jamais votés. Les dirigeants européens savent parfaitement que cette stratégie conduit à la fragilisation profonde de leur propre cohésion nationale, mais ils préfèrent persévérer, tout en interdisant le débat réel.
Une démocratie authentique ne se démontre pas par de grands discours, mais par la capacité à affronter le réel, à assumer les coûts de ses choix, et à faire confiance à son citoyen. Si l’Europe veut être respectée, elle doit cesser de craindre le suffrage, cesser de censurer, et cesser de s’enfermer dans des interdictions idéologiques pour esquiver ce qui lui fait peur : le peuple lui-même. »

6 octobre 2025

Julien Pradelle
5/10/2025

Toute l’escroquerie du système repose en réalité sur la démocratie représentative. Une démocratie, une vraie, où le peuple gouverne (c'est le sens du terme "démocratie"), n’est pas représentative. Le peuple y écrit et y vote lui-même les lois, et il y prend les grandes décisions, notamment via le référendum d’initiative citoyenne, tout comme il y écrit et y modifie lui-même la constitution. Il faut certes une assemblée, mais celle-ci doit être composée de citoyens tirés au sort, qu’on n’élèvera pas au-dessus des autres comme nous le faisons avec notre prince-président et son gouvernement de ploutocrates. Les membres de cette assemblée doivent être rémunérés au salaire minimum et éventuellement toucher une prime sur résultats en fin de mandat ; ils doivent être régulièrement renouvelés. Voter, au sens d’élire, c’est renoncer à gouverner, car c’est déléguer à d’autres le pouvoir de prendre les grandes décisions. Choisir, dans un éventail limité par le système, à qui donner le pouvoir, ce n’est pas exercer le pouvoir.
La France n’a jamais été une démocratie. Disons qu’elle a autrefois été un peu plus démocratique qu’aujourd'hui, notamment sous De Gaulle.

30 septembre 2025

Le totalitarisme sous couvert de démocratie : la grande illusion moderne

Prune Arnoul
28/9/2025

1. Quand la liberté devient façade

Nous vivons dans des sociétés qui se revendiquent “démocratiques”. Les élections, les médias, les institutions, tout semble garantir que le peuple reste souverain. Pourtant, un paradoxe s’impose : jamais les citoyens n’ont eu l’impression d’avoir aussi peu de prise sur leur destin.

Ce décalage n’est pas un accident. C’est la marque d’un nouveau régime : un totalitarisme soft, masqué derrière les apparences démocratiques.

2. Qu’est-ce que la démocratie… et qu’est-elle devenue ?

· Étymologie : “demos” (peuple) + “kratos” (pouvoir). La démocratie suppose donc un pouvoir exercé par et pour le peuple.

· Dans la pratique : elle est devenue un rituel électoral où l’on choisit entre des candidats pré-sélectionnés par des partis, des médias, des lobbies.

· La métamorphose : la démocratie moderne ressemble à une mise en scène. On conserve les formes (votes, débats parlementaires, discours sur la liberté), mais le fond est confisqué par une oligarchie politico-financière.

3. Le totalitarisme du XXIe siècle : invisible mais omniprésent

Contrairement aux dictatures du passé, le totalitarisme moderne n’a pas besoin d’un tyran unique. Il avance sous le masque du pluralisme.

· Contrôle par l’information : la concentration médiatique fait que 90 % de l’information provient de quelques grands groupes liés aux mêmes intérêts financiers. La pluralité n’est qu’un décor.

· Contrôle par la peur : crises sanitaires, menaces terroristes, catastrophes climatiques — autant de leviers pour justifier la restriction progressive des libertés.

· Contrôle par la loi : au nom de la sécurité, de l’écologie, de la santé publique, des textes de plus en plus intrusifs régissent nos vies quotidiennes.

· Contrôle par la technologie : caméras, biométrie, traçage numérique. La surveillance s’impose non par la violence, mais par le confort et le consentement.

Résultat : le citoyen vit dans l’illusion d’être libre, alors qu’il est étroitement encadré, surveillé, modelé.

4. La grande ruse : faire croire que le choix existe

· Élections sous contrôle : on vote, mais dans un champ balisé. Les options réellement alternatives (systémiques, révolutionnaires, hors système financier mondial) ne franchissent jamais la barrière médiatique.

· Débat public tronqué : certaines questions fondamentales (monnaie, souveraineté alimentaire, rôle des banques centrales, liens entre gouvernements et multinationales) sont hors champ médiatique.

· L’illusion du progrès : on nous promet plus de droits, plus d’inclusivité, plus de transparence, mais en échange, les citoyens abandonnent leur souveraineté réelle au profit d’instances supranationales opaques.

5. Le citoyen comme rouage docile

Ce totalitarisme moderne repose sur la psychologie. Il ne cherche pas à écraser, mais à fabriquer du consentement.

· Les écrans saturent d’informations contradictoires, créant fatigue et confusion.
· Le travail et le quotidien absorbent toute l’énergie, empêchant le recul critique.
· Les distractions (sport, divertissement, réseaux sociaux) anesthésient les frustrations légitimes.

L’homme moderne ne se sent pas oppressé, mais épuisé, désorienté et dépolitisé.

6. Les signes concrets d’un basculement

· État d’urgence permanent : sanitaire hier, climatique demain. On s’habitue à des restrictions temporaires qui deviennent structurelles.
· Langage inversé : surveillance = protection, censure = lutte contre la haine, restriction = progrès écologique.
· Économie financiarisée : les peuples travaillent, mais le pouvoir réel est dans les mains d’institutions financières transnationales que personne n’élit.
· Colonisation mentale : les valeurs traditionnelles (famille, culture, souveraineté) sont déconstruites au profit d’un consommateur standardisé, docile et interchangeable.

7. Clés pratiques pour sortir de l’illusion

Sortir du totalitarisme déguisé ne peut pas passer uniquement par le vote ou la plainte. Cela exige des actes concrets et quotidiens :

1. Se réapproprier l’information : diversifier ses sources, lire hors des médias de masse, croiser les perspectives, vérifier l’origine des financements.

2. Reprendre du pouvoir économique : acheter local, soutenir des circuits courts, sortir de la dépendance aux multinationales.

3. Créer des micro-démocraties : associations, collectifs, villages, communautés qui expérimentent des formes d’autogestion.

4. Pratiquer la désobéissance civile douce : refuser certaines intrusions, défendre la vie privée, contourner les systèmes trop intrusifs.

5. Cultiver la souveraineté intérieure : méditation, spiritualité, enracinement. Car un peuple sans conscience intérieure est plus manipulable.

8. Un monde à double visage

Le XXIe siècle n’a pas besoin de dictateurs hurlants. Le totalitarisme est désormais élégant, numérique, consensuel, invisible. Il se présente comme démocratie, mais il fonctionne comme contrôle total.

La bonne nouvelle : dès qu’on voit le mécanisme, le sortilège s’effondre. Car un système basé sur l’illusion ne tient que tant que nous y croyons.

La vraie démocratie ne viendra pas d’en haut, mais d’en bas, de la capacité des citoyens à retrouver leur souveraineté, leur lucidité et leur courage collectif.

Le défi de notre temps n’est pas seulement de dénoncer la fausse démocratie, mais de réinventer la vraie.

15 septembre 2025

Charlie Kirk et l’effondrement démocratique

H16

-15/9/2025- Sans le moindre doute, l’assassinat de Charlie Kirk montre une fois de plus que déshumaniser un adversaire conduit inéluctablement à user de la violence à son encontre lorsque celui-ci refuse de se taire ou de disparaître. Ce n’est malheureusement pas la première fois, ni certainement la dernière, que le rappel de cette réalité sera fait.


Cependant, on lit ici ou là que cette rhétorique déshumanisante est un poison qui rongerait nos sociétés démocratiques.

Ce n’est qu’en partie vrai : refuser de voir l’humain dans celui qui tient des opinions différentes est effectivement une façon aussi toxique que rapide de transformer la relation en conflit et justifier la violence, mais non, cela ne ronge pas nos sociétés démocratiques : à proprement parler, il n’y a plus de démocratie réelle actuellement en Occident.

Si cela ronge quelque chose, c’est malheureusement plus profond que la seule couche démocratique des sociétés : cela a maintenant atteint toutes les strates, depuis les individus jusqu’aux partis politiques. On se déchire autant en famille que dans la rue ou sur des plateaux télés pour des opinions différentes et ces dernière se font chaque jour plus radicales, moins nuancées et moins aptes à supporter l’aménagement, le compromis.

C’est d’ailleurs pour cela que ces sociétés occidentales se meurent assez visiblement.


Grâce à une application lente mais obstinée du gramscisme dans la culture et l’éducation pour transformer la société, inexorablement, les universités, les écoles, les instituts de formation, les outils de production culturelle, les associations lucratives sans but ont tous ou presque été « capturés » par une caste issue des mêmes formations intellectuelles, des mêmes bords idéologiques de gauche, essentiellement marxistes ou au moins collectivistes, qui ont soigneusement, au cours des 50 dernières années, infiltré les postes à responsabilité de la société actuelle, i.e. tous les médias, la magistrature, partis politiques, les grosses associations avec pignon sur rue etc. en y cooptant leurs semblables.

C’est vrai en France, aux États-Unis, au Royaume-Uni, … bref, partout en Occident le schéma est le même et se répète de façon singulière : à chaque fois, on notera qu’arrivée aux postes clés, la caste se protège en distribuant les postes, les subventions, les aides, les facilités et les prébendes aux bonnes associations, à la bonne presse, aux bonnes formations et institutions, aux bons individus (c’est-à-dire ceux qui véhiculent les messages qui leurs sont utiles). Les scandales sur les distributions de l’USAID aux États-Unis dévoilés par le DOGE ou de l’AFD ou des subventions à la presse en France montrent bien, outre l’évident capitalisme de connivence, la dérive non démocratique maintenant en place.

Parallèlement, à l’étage supra-national, ces mêmes individus n’ont eu de cesse de pousser des institutions aussi peu démocratiques que possibles (ONU et institutions filles, OTAN, Union européenne, etc.) qui permettent, là encore, d’y coopter leurs amis idéologiques.

Quand on observe la trajectoire globale des sociétés occidentales sous cet effet, on ne peut qu’observer deux phénomènes : d’une part le déplacement des discours traditionnellement de droite vers le centre de l’échiquier et une poussée de la gauche vers l’extrême-gauche, et d’autre part la polarisation de plus en plus claire des individus.

Tout ceci est logique et se déroule en deux temps.

1- Une fois les médias polarisés, il devient impossible d’exister sans tenir un discours qui y est autorisé, i.e. de centre, de gauche ou d’extrême-gauche, mais certainement pas de droite conservatrice ou libérale.

C’est une censure subtile, mais elle s’illustre sans ambiguïté par exemple (parmi d’autres) avec le refus des gens de gauche d’aller sur CNews, la seule chaîne vaguement de droite du PAF (et toutes les variations sur « on ne discute pas avec les nazis »). Elle s’illustre avec les délicieux plateaux d’intervenants d’émissions de débat de société ou de politique où on retrouve 4 ou 5 personnes issues de la gauche ou de l’extrême gauche, pour une de la droite ou de l’extrême droite – quand il y en a une ! La contradiction sera éventuellement présente, mais comme un gage, pas comme une réelle envie de montrer tous les points de vue à égalité. Du reste, pour la caste médiatique, c’est de bonne guerre : on ne donne pas la parole aux méchants, puis aux ennemis, puis à Hitler, enfin voyons ! Il est intolérable de tolérer les intolérants, et le curseur définissant ceux qui sont intolérants sont dans les seules mains des cooptés de la caste.


2- Cette situation pousse alors les partis à adapter leur discours pour pouvoir être vus : petit à petit, même les partis traditionnellement à droite, libéraux ou conservateurs se font plus étatistes et collectivistes, et se retrouvent systématiquement à jouer en défense pour éviter les anathèmes, d’ailleurs largement relayés par des médias qui sont favorables à ceux qui les distribuent.

La différence entre les partis de gauche, du centre et de droite rétrécit d’années en années. Le parcours économique du Front puis Rassemblement national en France est une illustration parfaite de cette tendance lévogyre.

Le résultat est sans appel : l’offre politique correspond de moins en moins puis plus du tout à ce que demande le peuple et c’est assez visible tant dans les sondages d’opinion que dans l’instabilité politique, en France comme ailleurs. Il y a un fossé de plus en plus large entre le peuple et cette frange qui dirige la politique, les médias, la magistrature, les associations, etc. Cet écart explique à la fois la radicalisation de l’expression sur les rares endroits où elle est encore libre et le besoin de censure rabique qui s’est emparé des institutions qui sentent le pouvoir s’échapper.

Aux États-Unis, l’arrivée du trumpisme a largement accéléré le retour de balancier vers une administration et un gouvernement plus en phase avec le peuple. On observe actuellement les soubresauts de plus en plus violents d’une gauche devenue presque folle qui sent l’abandon du peuple et des leviers de pouvoir qui vont avec, et dont on se doute qu’il aura des conséquences fortes pour ceux qui vont aller trop loin : rapidement, les actes qui étaient avant favorisés par l’establishment ne seront dorénavant plus sans conséquence d’autant qu’ils sont fermement opposés au nouvel establishment en place.

De façon intéressante, un précédent billet mentionnait un « effet domino » provoqué par Trump, Milei ou Bukele arrivant au pouvoir. C’est exactement ce qu’on observe actuellement, avec une panique et des gesticulations de plus en plus affolées des différentes institutions de pouvoir pour ne rien lâcher, une multiplication des pliages de la réalité par le médiavers de plus en plus spectaculaire.

Pour la gauche, la démocratie n’est valable que lorsqu’elle lui permet d’obtenir le pouvoir. Dans ce cadre, ce qui vient d’arriver aux États-Unis avec Charlie Kirk est donc un signal, celui que la gauche a compris qu’elle est en train de perdre le combat culturel et le combat politique et devient donc de plus en plus violente.

C’est aussi, paradoxalement, une preuve que le collectivisme, le marxisme et le fascisme reculent.


https://h16free.com/2025/09/15/81921-charlie-kirk-et-leffondrement-democratique

11 juillet 2025

LETTRE OUVERTE À NICOLAE CEAUSESCU

Radu Portocala
11/7/2025

Très estimé Camarade Président,
Cette lettre arrive bien un peu tard, mais je précise à ma décharge que je pense à l’écrire depuis quelques années. Depuis, pour être plus précis, que l’Occident où je vis est entré dans une phase de démocratisation aiguë.
Je vous écris pour vous prier de pardonner mes attitudes d’autrefois. Je me suis permis de vous critiquer, de faire de nombreuses émissions de radio contre votre politique, d’écrire dans des journaux et des livres que vos choix étaient désastreux. J’avais tort et c’est vous qui aviez raison. C’est bien pour cela que ceux qui vous comprenaient vous avaient nommé Le Danube de la Pensée, alors qu’ils m’appelaient chien galeux.
Ce que je vois autour de moi ces dernières années me montre que vous aviez une très limpide vision de l’avenir. Je constate avec joie que l’Occident s’est réveillé : il a enfin compris votre sagesse et il a commencé à appliquer votre politique. Il a du retard, certes, mais il montre de la bonne volonté et se dépêche pour rattraper le temps perdu.
Ô, très estimé Camarade Président, pourquoi n’êtes-vous pas là pour vous réchauffer le cœur à la vue de ce spectacle ? Vos ennemis d’hier, ceux qui dédaignaient votre œuvre grandiose, devenus vos disciples, vos suiveurs.
Je croyais, quand je vivais dans le paradis rouge, que vous me persécutiez. Non ! J’avais tort ! Vous me prépariez pour la vie que j’allais avoir ici, dans cet autre paradis, celui de la démocratie radicale et impitoyable. Oui, vous me prépariez, et maintenant je suis prêt à accueillir avec enthousiasme cette renaissance. Le « maintenant » qui vient est l’« autrefois » que je croyais perdu. Je ne suis pas dépaysé. Vos pensées m’entourent de nouveau.
Veillez sur nous ! Vive le passé radieux ! Que sa lumière nous guide !


Radu Portocala est un journaliste et un écrivain d’origine roumaine. Persécuté par la Securitate, il a d’abord trouvé refuge en Grèce, avant de s’installer en France en 1982 ; il y connaîtra Cioran, et les exilés roumains de Paris. Il a notamment écrit sur Ceausescu, et a participé aux livres collectifs de Stéphane Courtois.
Contrairement à nous qui faisons les malins et jouons les durs sur les réseaux sociaux, il a connu la dictature, une dictature à l'ancienne, non celle qui ferme un compte Facebook, mais celle qui emprisonne ses opposants pour délit d'opinion.
Il a récemment exercé son regard critique sur la situation française, et en a tiré un volume réjouissant contre le macronisme, au titre étrange en forme d'oxymore : “Le Vague tonitruant” (éd. Kryos). Il est aussi l’auteur d’un recueil de poèmes : “Voie sombrée” (éd. Dédale).
“Voie sombrée” se présente sous la forme d’une poésie très visuelle, presque narrative, où l’on suivrait la tentative d’évasion d’un homme, passant d’une cellule souterraine à une autre, dans un univers qui prolongerait le monde de Beckett et celui de Kafka.
On voit qu’il n’y a pas deux Radu Portocala, le journaliste et le poète, mais un seul, animé du même esprit contestataire, un abbé Faria, creusant pour nous aider à sortir de la cellule idéologique.
Bruno Lafourcade

5 juin 2025

Soumission à l’autorité et crédit social

Alexis Haupt
Philosophie

"Étant un autoritarisme numérique, le crédit social chinois est un système autoritaire très vicieux en cela qu’il rend impersonnel l’autoritarisme. Avec ce nouveau genre d’autoritarisme, l’homme reçoit les interdictions et restrictions directement par l’outil numérique. Il n’est plus seulement puni par l’homme mais aussi par la machine. Ce n’est plus seulement le policier qui l’empêche d’accéder à tel lieu ou de retirer de l’argent au guichet de banque, mais son smartphone ! Cet aspect impersonnel a toute son importance.
En effet, Milgram lui-même avait déjà remarqué que lorsque l’autorité malveillante demandait d’obéir à un ordre, le cerveau humain avait tendance à oublier que cet ordre avait initialement été pensé par des humains et finissait par obéir comme s’il émanait d’une force dépassant l’Homme. Comme s’il n’y avait pas d’autres options que celle d’obéir. Le psychologue américain a appelé ce phénomène le « contre-anthropomorphisme ». C’est-à-dire le fait de se « refuser à voir l’homme derrière les systèmes et les institutions ».
Partant des travaux de Milgram, qui nous informe que les hommes ont tendance à tendre vers ce phénomène de contre-anthropomorphisme quand ils reçoivent un ordre, pensez bien que lorsque ce sera une intelligence artificielle qui vous refusera l’accès à un endroit parce que votre QR code n’est pas valide, les hommes se résigneront vite à cette situation comme si elle était une fatalité, en oubliant que ce sont des humains qui sont à l’origine de cette restriction informatisée.
Je soutiens que le crédit social accentuera le phénomène de contre-anthropomorphisme dont nous parlait déjà Milgram. Après tout, n’est-ce pas en partie ce phénomène qui opère chez des gens quand ils obéissent consciemment à de mauvaises règles en disant « c’est la loi » ? Je pense que c’est en partie ce phénomène qui explique pourquoi des personnes à qui l’on dit que la démocratie représentative ne leur offre que le droit de choisir des maîtres rétorquent « le système est ainsi, nous ne pouvons rien y faire ». Ces gens prennent ce régime politique pour une fatalité. Ils s’y habituent jusqu’à finir par ignorer ou oublier que ce sont des êtres humains comme eux qui sont à l’origine de ces règles du pouvoir. C’est comme si lesdites règles leur tombaient du ciel, rendant les choses inaltérables, alors qu’ils pourraient bel et bien les changer en faisant une chose toute simple : en le voulant.
Eh oui, la recette pour qu’un peuple se donne en servitude lui-même est simple : faites-le naître au sein d’un régime politique en lui disant « voilà les règles de la cité démocratique », je veux dire, faites-lui passer un contrat tacite en ce qui concerne le régime politique du pays où il naît, et alors le phénomène de « contre-anthropomorphisme » aura lieu. Ce phénomène a cela de vicieux qu’il met dans l’esprit des gens qu’un contrat est signé entre eux et l’autorité. Un contrat leur demandant de suivre les règles dudit contrat. Alors les gens, inconsciemment, continuent de se soumettre aux règles du contrat jamais signé, sans jamais intérioriser l’idée qu’ils pourraient très bien quitter ce jeu auquel ils ne se sont jamais engagés contractuellement. Le contrat tacite induit un engagement tacite. C’est une arme redoutable pour faire obéir les gens ou pour les faire adhérer à tout système sans esprit critique.
Ce phénomène est une cause sérieuse de la servitude volontaire. Quand l’homme sera capable de courage, d’audace intellectuelle, c’est-à-dire d’oser remettre en question les leçons, les dogmes, les règles ou la doxa, alors il sera non seulement souverain intellectuellement, mais il connaîtra la démocratie. C’est en effet cette audace intellectuelle qui fera naître sa capacité à remettre en question le récit de l’autorité qui lui explique depuis sa naissance ce qu’est la démocratie, et qui lui permettra d’intérioriser l’idée : « Ai-je signé un jour un accord pour évoluer au sein de ce régime politique ? »."

Alexis Haupt
Philosophie

30 mai 2025

Gilles Casanova

-30/5/2025- Je vous incite à prendre le temps de lire ces extraits de l'entretien du philosophe Marcel Gauchet avec Alexandre Devecchio, pour Le Figaro, le 26 mai 2025.
Il y fait une description clinique et très précise du processus de fin de la démocratie dans lequel « Les Progressistes » nous entraînent.
Bien sûr les nécessités qui poussent à ces attaques contre la démocratie et la liberté sont liées aux besoins de la défense en dernier ressort de l'intérêt du Capital le plus concentré. Mais la nouveauté réside dans le fait que l'aile marchante de cette croisade pour le Capital est constituée des dirigeants et porte-paroles de « la gauche » et pratiquement à l'unanimité de ses formations politiques, tout à fait à contre-emploi de ce qui fut son histoire et sa fonction telles qu'elles s'incarnèrent au XXe siècle, à travers les combats de Jean Jaurès, par exemple.

"La confusion entre d’un côté les tenants de l’État de droit et de l’autre ceux de la souveraineté populaire, ne date pas d’hier. Souvenez-vous de l’opposition entre les « démocraties populaires » et les « démocraties bourgeoises ». Tout tient aux équivoques de la notion de « peuple ». La démocratie, c’est classiquement le pouvoir de tous, par opposition au pouvoir d’un seul, la monarchie, ou au pouvoir de quelques-uns, l’aristocratie, autrement dit, en langage moderne, la souveraineté du peuple. Jusque-là, tout le monde s’accorde. Mais qu’est-ce que le peuple, et comment se manifeste-t-il ? C’est là que les divergences se déclarent. Pour les communistes, le peuple parlait par la voix du parti. Pour les nouveaux convertis de l’État de droit, ce sont les juges qui l’expriment en dernier ressort.
Pour les classiques démodés dont je suis, cela reste l’ensemble des citoyens électeurs et les majorités qui s’en dégagent. Mais je précise que dans cette conception, il y a une place essentielle pour l’État de droit. La majorité n’a pas le droit d’empêcher la minorité de s’exprimer et il faut des instances pour y veiller. La prétention actuelle de substituer l’État de droit à la démocratie classiquement entendue est un dévoiement de ce principe juste. Elle le dénature en ouvrant la porte au droit pour la minorité de réduire la majorité au silence. (...)
La proposition de l’historien Pierre Rosanvallon selon laquelle : « les juges incarnent autant que les élus le principe démocratique de la souveraineté du peuple » est extravagante, mais aussi un aveu précieux. Au moins, cette fois, on annonce la couleur. Que je sache, la fonction du juge est de veiller à la juste application des lois. Or il ne fait pas la loi, ce sont les élus qui la font. Ce simple constat suffit à faire ressortir la différence entre un rôle qui consiste à traduire en texte la souveraineté du peuple et la fonction qui consiste à faire respecter l’effectivité de ces prescriptions. Certes, le juge interprète la loi, qui ne prévoit pas tout. Mais il y a bien de la différence entre définir une loi et l’interpréter. La proposition de Rosanvallon revient à gommer cette différence, à mettre l’auteur et l’interprète sur le même plan, à faire du juge un législateur.
Mieux, un législateur d’un rang supérieur, l’oracle d’une vérité cachée au peuple ordinaire et à ses élus. Ainsi, par la grâce d’un banal concours administratif, ou d’une nomination hasardeuse, le juge deviendrait la voix d’un mystérieux « peuple-communauté » transcendant le peuple électoral. On a déjà connu ce genre d’arguties, toujours destinées à écarter la voix d’un « peuple arithmétique » suspect de mauvaises pensées au profit d’un peuple défini non selon la « quantité », mais selon la « qualité », comme Mussolini l’explique par exemple dans La Doctrine du fascisme.
La dictature ne faisant plus recette, on cherche ailleurs les moyens d’une autorité qui n’a de comptes à rendre à personne. Car le but de l’opération est clair : il s’agit d’ériger les juges en bouclier antimajoritaire contre les propensions « populistes » dudit peuple. Inutile de dire que les juges ont tout à perdre en se laissant embarquer par cette promotion en forme d’impasse.
Le peuple peut se tromper, bien sûr, mais nous n’avons pas d’autre arbitre. Le problème est de le convaincre, pas de l’empêcher. (...)
Le constat d’une société de plus en plus individualiste où les droits individuels priment sur l’intérêt général est largement partagé aujourd’hui, et c’est tant mieux. Mais un constat n’est pas une analyse. Ce que je m’efforce de montrer, précisément, c’est la corrélation étroite entre cette individualisation radicale et la mise en avant de l’État de droit comme alpha et oméga de la vie démocratique. Une démocratie réduite en réalité à la protection des droits fondamentaux des individus, en évacuant la conversion de ces droits en souveraineté du peuple, parce qu’elle pourrait empiéter sur ces droits. Comme quoi, à partir d’un même constat de départ, on peut arriver à des conclusions très différentes. (...)
Je n’ai aucun doute sur la capacité de Rosanvallon d’exprimer l’état d’esprit des élites. C’est le fil conducteur de sa réflexion politique. Mais je ne parlerais en l’occurrence ni de méfiance ni de peur du peuple. Mon sentiment est que nous avons affaire d’un côté à une juste appréciation des aspirations du peuple, en matière d’État social, d’immigration et de sécurité, notamment, mais pas seulement, et de l’autre côté à la ferme conviction qu’il a tort et qu’il faut par tous les moyens neutraliser ces aspirations. C’est un progressisme autoritaire que nous avons devant nous et Rosanvallon vient de nous livrer un article important de son manifeste. (...)
Il n’est pas sûr du tout que le verdict du procès Le Pen accroisse cette fracture entre les « élites » et le peuple, car la question est doublement compliquée et rien n’a été fait pour l’éclaircir. Qui est au courant du règlement du Parlement européen concernant les fonctions des assistants parlementaires ? Le problème posé était en fait celui du financement de la vie politique et il aurait pu et dû donner lieu à un débat ouvert. En l’enfermant dans la stricte logique juridique, on l’a rendu hermétique pour la grande masse de la population. Ensuite, il y avait cette question spécialement épineuse des critères de l’exécution provisoire d’une décision d’inéligibilité.
Combien de gens ont véritablement saisi de quoi il s’agissait au juste ? Seul le résultat a été enregistré. Ce n’est pas le moindre problème de ces procès à incidences politiques majeures que de jouer à l’abri d’un rideau de fumée. Enfin et surtout, l’affaire engageait la question plus que jamais sensible dans l’opinion française de l’argent public. Chacun le sait, il règne un fort soupçon à l’égard du personnel politique d’en abuser. C’est dans ce prisme que le procès a été lu pour un grand nombre. « Finalement, Marine Le Pen est comme les autres. » Ils étaient prêts à le croire, ils en ont eu la confirmation. Ce n’est qu’auprès d’une minorité militante que la décision judiciaire a constitué un facteur de radicalisation supplémentaire. (...)
Dire que l’annulation du 1er tour des élections en Roumanie puis la mise à l’écart du candidat favori des sondages, mais aussi la menace d’interdiction de l’AfD en Allemagne et sa mise sous surveillance accrue s'inscrivent dans une tentation autoritaire serait une expression plus juste que celle de tournant autoritaire, dans tous les cas. Sursaut démocratique, certainement pas. Sauf à admettre que les uns ont la bonne définition de la démocratie qui exclut de prendre en compte les arguments des autres. Des autres qui ne sont pas des minorités marginales, qui plus est, mais des majorités potentielles dans certains cas. Or l’essence de la démocratie, c’est le moment de le rappeler, réside dans l’acceptation du conflit, donc dans la préoccupation, pour ceux qui se veulent démocrates, d’en regarder les motifs en face afin de les désamorcer dans la mesure du possible.
Ici, à l’opposé, nos progressistes sont dans la négation des raisons du conflit. Il ne devrait pas exister. Il relève de « fantasmes » ou de « passions tristes ». Une question au passage : la passion investie dans ce refus de la réalité est-elle « triste » ? D’où la recherche de moyens tant bien que mal présentables, la dictature faisant trop mauvais genre, de neutraliser cette adversité insupportable. Le détraquement du système judiciaire fournit l’instrument providentiel de cette tentative d’étouffement de la voix des nouvelles classes dangereuses. (...)
Les premiers mois à la Maison-Blanche de Donald Trump n'annoncent ni une dérive autocratique ni un retour en force de la volonté du peuple américain.
Entendons-nous, d’abord sur ce que veut dire autocratie. Ce n’est pas une notion à prendre à la légère. Trump peut se montrer capricieux, erratique, brutal, cela n’en fait pas un autocrate. Autocratie veut dire, outre l’accaparement du pouvoir dans les mains d’un seul, l’empêchement de l’opposition de s’exprimer, de peser sur les décisions ou de concourir loyalement aux élections. Nous n’en sommes pas là et rien n’annonce une évolution en ce sens. On peut déplorer la suppression de certains financements, cela ne justifie pas de crier au « fascisme ». Les élections de mi-mandat, dans moins de deux ans, seront un test à cet égard. Il est infiniment probable qu’elles se dérouleront comme à l’ordinaire et Trump peut les perdre.
Quant au peuple américain, il ne parle pas d’une seule voix. Il est divisé, comme tous les peuples. Il est composé de républicains et de démocrates, et de gens qui ne se reconnaissent ni dans un parti ni dans l’autre. L’élection de Trump a sûrement été vécue comme une revanche sur le mépris dont il a été accablé par une partie de son électorat. Mais la vraie question pour l’avenir est de savoir si cette revanche aura fait entrer dans la conscience américaine, au-delà de ses clivages, la nécessité de prendre en charge les problèmes soulevés par l’électorat trumpiste."

21 mai 2025

ROUMANIE : L'INGÉRENCE ÉTRANGÈRE

Jean-Claude Delhez

-21/5/2025- Le destin des politiciens, quel que soit le pays ou le parti, m'est égal. Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'on nomme, à tort, la démocratie, puisque ça n'en est pas une. Le cas récent de la Roumanie présente à cet égard une mécanique qui mérite que l'on s'y attarde un peu.
Rappel de l'affaire. Une élection présidentielle à 2 tours. Au 1er tour, un candidat méconnu arrive en tête (Calin Georgescu). On parle alors d'une ingérence russe qui aurait pu fausser le résultat du scrutin. L'élection est annulée. On en programme une autre. Le candidat méconnu ne peut plus s'y présenter ; il y est remplacé par un autre (Georges Simion). Celui-ci obtient 40% au premier tour, contre 20% pour celui qui arrive en seconde place. Les deux sont qualifiés pour le second tour qui s'est déroulé ce dimanche.
J'ouvre ici une parenthèse pour spécifier que, dans ce qui est appelé une « supposée ingérence russe », le mot important est « supposée ». Selon une enquête journalistique, relayée par l'émission « Envoyé spécial » du 24 avril, il s'agit en fait de la manipulation d'un parti roumain au pouvoir (le parti national libéral), via une agence de communication britannique. Fin de la parenthèse.
Entre les deux tours de la récente élection, une politicienne française déclare : « On va tout faire sur le terrain pour s'assurer que le prochain président roumain soit pro-européen ». Celle qui annonce cela est Valérie Hayer, qui dirige le groupe macroniste au Parlement européen. Puis c'est Emmanuel Macron lui-même qui monte au feu, en téléphonant à ce candidat (Nicosur Dan) quelques jours avant le 2e tour de l'élection.
À ce stade, notez une chose. Quand Elon Musk a soutenu publiquement le parti AfD en Allemagne, on a dénoncé l'ingérence étrangère. Ce que viennent de faire Hayer et Macron, c'est la même chose.
Ensuite, ça vous a peut-être échappé mais une annonce officielle a eu lieu dimanche, au moment du 2e tour de cette élection roumaine. Lors de la fermeture des bureaux de vote, et avant que le résultat ne soit connu, le ministère de l'Intérieur roumain a annoncé que le scrutin avait été la cible d'une ingérence russe. Encore une. Et puis, une fois le résultat connu, on n'a plus parlé nulle part de cette supposée deuxième ingérence.
Etant donné ce que l'on sait de la « supposée première ingérence russe », on se doute de la valeur qu'il faut accorder à la seconde. Mais, jouons quand même le jeu, comme si tout ça était sérieux, et qu'on ne nous prenait pas pour des imbéciles. Alors, de deux choses l'une. Ou bien, comme le pouvoir roumain le prétend, il y a bien une ingérence russe. À ce moment-là, il doit réagir de la même manière qu'au moment de la première élection : annuler le scrutin. Ou bien, il n'y a pas d'ingérence russe. Et alors, c'est le gouvernement roumain qui ment. Se pose alors la question de savoir pourquoi il ment. Je suggère une hypothèse : pour pouvoir annuler le scrutin au cas où le candidat de l'opposition arriverait en tête.
Dans tous les cas de figure, cette élection est une farce, du début à la fin. Une farce saluée avec enthousiasme, dès le lendemain, par les Macron, von der Leyen et consorts. Notez qu'avant même tout cela, la population roumaine n'avait déjà pas confiance dans le système politique et les élus de son pays. Malheureusement, il n'y a pas qu'elle qui a matière à se plaindre. Quant au responsable de l'ingérence, Emmanuel Macron, son puissant idéal de justice avait été choqué par la récente intervention de Musk dans les affaires allemandes. « Il existe désormais une internationale réactionnaire » avait-il lancé alors. Il y a aussi une internationale des fossoyeurs de la démocratie. Il le sait d'autant mieux qu'il en fait partie.

https://www.youtube.com/watch?v=23gdw0_pLJk (à partir de la 22e minute) ↴

14 mars 2025

Thierry Mariani alerte les Français : le sort de Dodik en République serbe et celui de Georgescu peuvent devenir le nôtre

« Ces scandales sont trop graves », rappelle le député européen, un des derniers représentants d’une longue tradition française, désormais révolue, d’alliance avec la Russie et la Serbie.
« Je vais vous dire d'où vient toute cette folie soudaine : ici, ils ont peur. L'Union européenne est en réalité toute nue depuis l’élection de Trump. »
Mais malgré Trump, l’Union européenne et les néoconservateurs ont toujours la main sur les instances internationales, rappelle-t-il.
« Désormais l’UE n'a plus que le bâton pour exister. Alors, les bureaucrates cognent, ils censurent et piétinent la démocratie sous les habits de la vertu. L’UE ne veut pas des peuples libres, elle veut des sujets dociles. »
« République Serbe, Roumanie, Géorgie, il est temps que la liste s'arrête. »
« Il n’y a plus de Bosnie-Herzégovine» : le président de la République serbe de Bosnie, condamné à un an de prison et 6 ans d’inéligibilité, refuse le coup d’État de Bruxelles. »
Kompromat

19 février 2025

Stéphane Rozès
19/2/2025

La décision du Conseil d’État de fermer C8 est une décision partisane

C8 est la première chaîne de la TNT. C’est ce que l’on appelle une chaîne populaire.
Personnellement, je ne regardais guère C8 et n’ai pas de sympathie pour Cyril Hanouna. Par ailleurs, je n’ai pas été invité sur CNews, également du groupe Bolloré, depuis des années.
Mais une chose importe plus que tout au monde : c’est la liberté d’expression.
C8 peut être sanctionnée pour des manquements, mais fermer C8, comme le font les régimes autoritaires et les dictatures, cela n’est pas possible.
Dans la vie de la Cité, seuls les principes doivent prévaloir, a fortiori dans les démocraties libérales. Le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel en sont les garants.
Le Conseil d’État a fait ici preuve de partialité idéologique, d’autant qu’il n’a pas eu, ainsi que l’ARCOM, la même sévérité à l’égard des manquements à l’impartialité de l’audiovisuel de service public.
Cette décision est un précédent dangereux. Il faut le dire. Ceux qui ne le feront pas ne seront guère crédibles quand ils parleront de liberté d’expression.
Les principes de la République et de la démocratie ne sont pas à géométrie variable. Ils se défendent intégralement.

17 février 2025

Europe : les giroflées à cinq pétales de JD Vance

H16

- 17/2/2025 - Saperlipopette, la semaine passée a marqué un véritable tournant en matière de géopolitique, avec crissements de pneus, gyrophares et pétarades motorisées particulièrement bruyantes.

Il suffit pour s’en convaincre de récolter les réactions des uns et des autres dans une presse à la limite de l’apoplexie depuis le dernier discours du vice-président américain Vance et l’appel téléphonique de Trump à Poutine : l’étendue des dégâts idéologiques est assurément grande, et l’onde de choc n’a pas encore fini de se déplacer dans les différents milieux politiques et diplomatiques européens.


En première analyse, on se doit de noter que les dirigeants européens réagissent quasi-unanimement aux changements géopolitiques introduit par l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche : ils sont, à peu de chose près, livides et outrés qu’on puisse ainsi leur tenir un discours aussi franc, simple et clair, en pleine face, sans filtre et, pire que tout, sans animosité. Non seulement l’Américain nous donne quelques conseils de bon sens (le malotru !) mais en plus, il se montre même amical en le faisant (insulte suprême).

Eh oui : le discours de Vance, qu’on pourra regarder ci-dessous, n’est un camouflet que pour une certaine tranche d’Européens. C’est peut-être une gifle, mais seulement pour ces dirigeants qui se sont directement sentis concernés par les rappels de bon sens du vice-président, bon sens dont ils se sentent à raison complètement dépourvus. Un étranger vient de leur montrer qu’ils se baladaient tout nu, eux qui étaient persuadés d’être richement habillés ! Insupportable affront !

Les peuples européens qui ont écouté le discours sont globalement en accord avec ce dernier, et pour cause : rappelant que les valeurs américaines sont essentiellement les mêmes que les valeurs européennes, à savoir la démocratie et la liberté d’expression fondement même de celle-là, Vance explique très simplement que les dirigeants européens doivent revenir à ces fondamentaux qui ont permis le succès de la civilisation occidentale. Dans son discours, le vice-président américain explique que les États-Unis attendent de l’Europe qu’elle se reprenne en main, tant sur le plan économique que sur le plan militaire et diplomatique.

Il va sans dire que ce discours ne peut que choquer des dirigeants qui ont systématiquement utilisé leurs budgets de défense comme variable d’ajustement de leur politique budgétaire, la souveraineté de leur pays comme un paillasson encombrant dans leur désir de tout déléguer à une autorité européenne supérieure, et la démocratie comme un pur produit marketing pour justifier tout et n’importe quoi et surtout une diminution minutieuse de la liberté des peuples.

Parallèlement, il apparaît de plus en plus évident que les peuples occidentaux tiennent à leur souveraineté, qu’ils n’ont décidément pas les mêmes vues que leurs dirigeants tant sur les équilibres budgétaires que sur la démocratie, et qu’ils ne sont plus du tout d’accord pour une immigration incontrôlée, pas plus aux États-Unis qu’en Europe.

Ces peuples semblent trouver les délires écologiques maintenant trop coûteux et veulent clairement y mettre un frein, ne serait-ce que pour la raison pragmatique mais évidente que l’énergie bio-syntonisée à base de prout de licornes raffinés coûte beaucoup trop cher, que la dépendance énergétique à la Russie et aux États-Unis devient plus que pesante financièrement et géopolitiquement parlant, et que ces coûts sont en train d’emmener l’industrie européenne et toute son économie dans le gouffre.

Les peuples européens ne semblent pas non plus près à entrer en guerre avec la Russie. Certes, les opinions vis-à-vis de Poutine sont très diverses, allant de l’admiration à la haine la plus farouche, mais il est clair que la vaste majorité populaire, lucide, est très opposée à une entrée en guerre contre la Russie.

Pourtant, les dirigeants européens ne semblent tenir compte d’absolument aucune de ces aspirations pourtant raisonnables : il suffit de voir les réactions de Macron, Scholz, von der Leyen ou des avortons habituels de la politique européenne (Breton, Barrot, Kallas) face au discours de Vance, puis à la suite de l’échange téléphonique entre Trump et Poutine, pour comprendre le décalage – qu’on peut qualifier maintenant de mortifère – entre ces dirigeants et leur peuple qu’ils ne représentent plus du tout.

Ainsi, les mêmes qui ont multiplié les mesures pour limiter la liberté d’expression (tant pendant la pandémie qu’ensuite) prennent d’assaut les plateaux télé pour clamer haut et fort que Vance délire, que la liberté d’expression ne s’est jamais si bien portée qu’en Europe et que s’il continue à raconter n’importe quoi comme ça, on va couper les réseaux sociaux pour empêcher qu’une telle désinformation se répande, non mais !

Ainsi, les mêmes qui voulaient s’aligner coûte que coûte avec les Américains il y a encore trois mois se retrouvent à réclamer maintenant avec véhémence une indépendance totale à l’Oncle Sam, et « on va faire nos propres armes, nos propres munitions, nos propres armées, vous allez voir », oubliant les décennies d’abandon progressif de tout le complexe militaro-industriel européen aux mieux-disant américain (pour le plus grand profit de certains dirigeants européens habilement placés).

Ainsi, alors que des négociations de paix semblent se mettre en place, ces mêmes dirigeants (qui ont consciencieusement miné la liberté d’expression et l’économie européenne) montent à présent au créneau pour tenter de les saboter en multipliant les prétextes les plus invraisemblables qui aboutissent à des prises de position véritablement ubuesques.


Ces gesticulations grotesques et cette panique complète qui s’est emparée de l’intelligentsia européenne démontrent sans ambiguïté l’absence totale de toute vision à long terme pour l’Europe et pour chacun des pays qui la compose, ainsi que l’impéritie décontractée dans laquelle ces dirigeants (et Macron pas le dernier) ont laissé leurs pays s’enferrer.

Du reste, le fait que leurs réactions surviennent alors que l’outil de propagande et d’influence américaine (USAID) est en train de se faire démonter outre-Atlantique n’est pas un hasard.

D’une part, il est évident que sans ces canaux habituels leur dictant la marche à suivre, les dirigeants européens doivent, pour la première fois de leur existence, prendre des décisions basées sur ce qu’ils croient être leurs opinions. Compte-tenu de la lavasse qui forme cette « opinion », la panique est logique.

D’autre part, ils sont manifestement captifs d’hypernormalisation, ce principe selon lequel tout le monde comprend (consciemment ou non) que l’ordre mondial est en train de radicalement changer, que les objectifs ne peuvent rester les mêmes, mais qu’en faisant semblant, en s’obstinant à nier ces changements, on va pouvoir faire perdurer la situation postérieure…

En fait, les dirigeants européens se sont tellement auto-intoxiqués avec la croyance en un monde bâti selon leurs désirs que ces changements leurs sont tout bonnement impossibles à conceptualiser. Ils se retrouvent comme des poulets sans tête à se raccrocher aux mantras et directions prises il y a des décennies, bille en tête, sans remise en question et sans montrer la moindre capacité d’adaptation à une donne qui a pourtant changé de façon assez radicale en quelques mois.

Les pays européens doivent impérativement revenir à une gestion saine et surtout indépendante de leurs relations internationales. Leurs dirigeants doivent impérativement obtenir un mandat clair de leur peuple. Pour cela, ils doivent garantir des débats libres et une vraie expression démocratique.

Ils font exactement le contraire et s’obstinent. Au milieu de cette troupe d’autocrates perdus, Macron tente de prendre la tête d’une coalition européenne qui va donc faire l’exact opposé de ce qu’il faudrait, au plus mauvais moment.

Cela va très bien se passer.


https://h16free.com/2025/02/17/80207-europe-les-giroflees-a-cinq-petales-de-jd-vance

15 février 2025

Michel Rosenzweig

- 15/2/2025 - « Si la démocratie américaine peut survivre à dix ans de reproches de Greta Thunberg, alors vous pouvez survivre à quelques mois d'Elon Musk ». J.D. Vance.

Depuis hier toute la politico médiasphère bien pensante de l'Empire du Bien est en PLS, étouffée par la rage d'entendre tout ce qu'ils refusent d'admettre, comparant Munich 2025 à Munich 1938.
Too bad, ce discours du vice-président américain J.D. Vance à la conférence de Munich sur la sécurité est pourtant historique.
Alors, qu'a-t-il vraiment dit ? Plutôt que de déformer ses propos, les faits rien que les faits, voici son discours avec la traduction.

Cliquer sur l'image 

« L’une des choses dont je voulais parler aujourd’hui, c’est bien sûr nos valeurs communes. Et vous savez, c’est formidable d’être de retour en Allemagne. Comme vous l’avez entendu plus tôt, j’étais ici l’année dernière en tant que sénateur des États-Unis. J’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères David Lammy et j’ai plaisanté en disant que l’année dernière, nous avions tous deux des emplois différents de ceux que nous avons aujourd’hui. Mais il est désormais temps pour tous nos pays, pour nous tous qui avons eu la chance de nous voir confier le pouvoir politique par nos peuples respectifs, de l’utiliser à bon escient pour améliorer leurs conditions de vie.

Je tiens à dire que j'ai eu la chance de passer ces dernières 24 heures en dehors des murs de cette conférence et j'ai été très impressionné par l'hospitalité des gens, même s'ils se remettent bien sûr de l'horrible attaque d'hier. La première fois que je suis venu à Munich, c'était avec ma femme, qui est ici avec moi aujourd'hui, dans le cadre d'un voyage personnel. J'ai toujours aimé la ville de Munich et j'ai toujours aimé ses habitants.

Je tiens à vous dire que nous sommes très touchés et que nos pensées et nos prières vont à Munich et à tous ceux qui sont touchés par le mal infligé à cette belle communauté. Nous pensons à vous, nous prions pour vous et nous serons certainement de tout cœur avec vous dans les jours et les semaines à venir.

Nous nous réunissons à cette conférence, bien sûr, pour discuter de sécurité. Et nous parlons généralement des menaces qui pèsent sur notre sécurité extérieure. Je vois de nombreux, très nombreux chefs militaires de renom réunis ici aujourd’hui. Mais si l’administration Trump est très préoccupée par la sécurité européenne et estime que nous pouvons parvenir à un accord raisonnable entre la Russie et l’Ukraine – et nous pensons également qu’il est important que l’Europe prenne des mesures importantes dans les années à venir pour assurer sa propre défense – la menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe n’est pas la Russie, ni la Chine, ni aucun autre acteur extérieur. Ce qui m’inquiète, c’est la menace qui vient de l’intérieur. Le retrait de l’Europe de certaines de ses valeurs les plus fondamentales : des valeurs partagées avec les États-Unis d’Amérique.

J'ai été frappé par la récente intervention à la télévision d'un ancien commissaire européen qui s'est réjoui de l'annulation par le gouvernement roumain d'une élection. Il a prévenu que si les choses ne se déroulaient pas comme prévu, la même chose pourrait se produire en Allemagne.

Ces déclarations désinvoltes sont choquantes pour les oreilles des Américains. Depuis des années, on nous répète que tout ce que nous finançons et soutenons est fait au nom de nos valeurs démocratiques communes. De notre politique à l’égard de l’Ukraine à la censure numérique, tout est présenté comme une défense de la démocratie. Mais lorsque nous voyons des tribunaux européens annuler des élections et de hauts responsables menacer d’en annuler d’autres, nous devrions nous demander si nous nous tenons à des normes suffisamment élevées. Et je dis bien nous-mêmes, car je crois fondamentalement que nous sommes dans la même équipe.

Nous devons faire plus que parler des valeurs démocratiques. Nous devons les vivre. Aujourd’hui, de mémoire d’homme, la guerre froide a placé les défenseurs de la démocratie face à des forces bien plus tyranniques sur ce continent. Et pensez à ceux qui, dans cette lutte, ont censuré les dissidents, fermé les églises, annulé les élections. Étaient-ils les bons ? Certainement pas.

Et Dieu merci, ils ont perdu la guerre froide. Ils l'ont perdue parce qu'ils n'ont ni valorisé ni respecté tous les bienfaits extraordinaires de la liberté, la liberté de surprendre, de faire des erreurs, d'inventer, de construire. Il s'avère qu'on ne peut pas imposer l'innovation ou la créativité, tout comme on ne peut pas forcer les gens à penser, à ressentir ou à croire. Et nous pensons que ces choses sont certainement liées. Et malheureusement, quand je regarde l'Europe aujourd'hui, je ne sais pas toujours très bien ce qui est arrivé à certains des vainqueurs de la guerre froide.

Si vous vous présentez par peur de vos propres électeurs, l'Amérique ne peut rien faire pour vous.

Je pense à Bruxelles, où les commissaires de la Commission européenne ont averti les citoyens qu'ils avaient l'intention de fermer les réseaux sociaux en cas de troubles civils : dès qu'ils repéreraient ce qu'ils jugeaient être un « contenu haineux ». Ou à ce même pays, où la police a mené des descentes contre des citoyens soupçonnés d'avoir publié des commentaires antiféministes en ligne dans le cadre de la « lutte contre la misogynie » sur Internet.

Je pense à la Suède, où le gouvernement a condamné il y a deux semaines un militant chrétien pour avoir participé à l'autodafé de Corans qui a conduit au meurtre de son ami. Et comme le juge l'a fait remarquer de manière effrayante, les lois suédoises censées protéger la liberté d'expression ne donnent pas, en réalité, un « laissez-passer » pour faire ou dire n'importe quoi sans risquer d'offenser le groupe qui professe cette croyance.

Et ce qui m’inquiète le plus, c’est peut-être le cas de nos chers amis, le Royaume-Uni, où le recul des droits de conscience a mis en péril les libertés fondamentales des Britanniques religieux en particulier. Il y a un peu plus de deux ans, le gouvernement britannique a accusé Adam Smith Conner, un physiothérapeute de 51 ans et ancien combattant de l’armée, du crime odieux d’avoir prié en silence pendant trois minutes à 50 mètres d’une clinique d’avortement, sans gêner personne, sans interagir avec personne, mais en priant seul en silence. Après que les forces de l’ordre britanniques l’ont repéré et lui ont demandé pourquoi il priait, Adam a simplement répondu que c’était au nom de son fils à naître.

Lui et son ancienne petite amie avaient déjà avorté des années auparavant. Mais les policiers n'ont pas bougé. Adam a été reconnu coupable d'avoir enfreint la nouvelle loi sur les zones tampons, qui criminalise la prière silencieuse et d'autres actions susceptibles d'influencer la décision d'une personne à moins de 200 mètres d'un centre d'avortement. Il a été condamné à payer des milliers de livres sterling de frais de justice au ministère public.

J’aimerais pouvoir dire qu’il s’agit d’un hasard, d’un exemple unique et insensé d’une loi mal rédigée adoptée contre une seule personne. Mais non. En octobre dernier, il y a quelques mois à peine, le gouvernement écossais a commencé à distribuer des lettres aux citoyens dont les maisons se trouvent dans des zones d’accès dites sûres, les avertissant que même la prière privée dans leur propre maison peut être considérée comme une infraction à la loi. Naturellement, le gouvernement a exhorté les lecteurs à signaler tout concitoyen soupçonné d’être coupable de délit de pensée en Grande-Bretagne et dans toute l’Europe.

La liberté d’expression, je le crains, est en recul et, dans l’intérêt de la comédie, mes amis, mais aussi dans l’intérêt de la vérité, je dois admettre que parfois les voix les plus fortes en faveur de la censure ne viennent pas d’Europe, mais de mon propre pays, où l’administration précédente a menacé et intimidé les sociétés de médias sociaux pour qu’elles censurent ce qu’on appelle la désinformation. De la désinformation, comme par exemple l’idée que le coronavirus avait probablement fuité d’un laboratoire en Chine. Notre propre gouvernement a encouragé les entreprises privées à faire taire les personnes qui osaient dire ce qui s’est avéré être une vérité évidente.

Je ne viens donc pas ici avec une simple observation, mais avec une proposition. Et tout comme l’administration Biden semblait désespérée de faire taire les gens qui s’exprimaient, l’administration Trump fera exactement le contraire, et j’espère que nous pourrons travailler ensemble sur ce sujet.

À Washington, un nouveau shérif est en poste. Sous la direction de Donald Trump, nous pouvons être en désaccord avec vos opinions, mais nous nous battrons pour défendre votre droit de les exprimer sur la place publique. Aujourd’hui, la situation est devenue si mauvaise qu’en décembre dernier, la Roumanie a purement et simplement annulé les résultats d’une élection présidentielle sur la base des soupçons fragiles d’une agence de renseignement et d’une énorme pression de ses voisins continentaux. Si j’ai bien compris, l’argument était que la désinformation russe avait infecté les élections roumaines. Mais je demanderais à mes amis européens de prendre du recul. Vous pouvez croire que c’est mal pour la Russie d’acheter des publicités sur les réseaux sociaux pour influencer vos élections. Nous le pensons certainement. Vous pouvez même condamner cela sur la scène internationale. Mais si votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique provenant d’un pays étranger, alors elle n’était pas très solide au départ.

La bonne nouvelle, c’est que je pense que vos démocraties sont bien moins fragiles que beaucoup de gens le craignent.

Croire en la démocratie, c'est comprendre que chacun de nos citoyens a de la sagesse et a une voix.

Je crois vraiment que permettre à nos citoyens de s’exprimer les rendra encore plus forts. Ce qui nous ramène bien sûr à Munich, où les organisateurs de cette conférence ont interdit aux parlementaires représentant les partis populistes de gauche comme de droite de participer à ces discussions. Nous ne sommes pas obligés d’être d’accord avec tout ce que disent les gens. Mais lorsque les dirigeants politiques représentent un groupe important, il nous incombe au moins de participer au dialogue avec eux.

Aujourd’hui, pour beaucoup d’entre nous de l’autre côté de l’Atlantique, cela ressemble de plus en plus à de vieux intérêts bien ancrés se cachant derrière des termes laids de l’ère soviétique comme « mésinformation » et « désinformation », qui n’aiment tout simplement pas l’idée que quelqu’un avec un point de vue alternatif puisse exprimer une opinion différente ou, Dieu nous en préserve, voter différemment, ou pire encore, gagner une élection.

Il s’agit d’une conférence sur la sécurité et je suis sûr que vous êtes tous venus ici préparés à parler de la manière dont vous comptez augmenter les dépenses de défense au cours des prochaines années, conformément à un nouvel objectif. Et c’est formidable, car comme le président Trump l’a clairement indiqué, il estime que nos amis européens doivent jouer un rôle plus important dans l’avenir de ce continent. Nous ne pensons pas que vous entendiez ce terme de « partage des charges », mais nous pensons qu’il est important que les Européens intensifient leurs efforts tandis que l’Amérique se concentre sur les régions du monde qui sont en grand danger.

Mais permettez-moi de vous demander comment vous allez commencer à réfléchir aux questions budgétaires si nous ne savons pas ce que nous défendons en premier lieu. J'ai déjà entendu beaucoup de choses au cours de mes conversations et j'ai eu de très nombreuses conversations intéressantes avec de nombreuses personnes réunies ici dans cette salle. J'ai beaucoup entendu parler de ce contre quoi vous devez vous défendre, et bien sûr, c'est important. Mais ce qui m'a semblé un peu moins clair, et certainement à de nombreux citoyens européens, c'est ce pour quoi vous vous défendez exactement. Quelle est la vision positive qui anime ce pacte de sécurité partagé que nous considérons tous comme si important ?

Je crois profondément qu’il n’y a pas de sécurité si l’on a peur des voix, des opinions et de la conscience qui guident son propre peuple. L’Europe est confrontée à de nombreux défis. Mais la crise à laquelle ce continent est confronté en ce moment, la crise à laquelle nous sommes tous confrontés ensemble, je crois, est une crise que nous avons nous-mêmes provoquée. Si vous vous présentez dans la peur de vos propres électeurs, l’Amérique ne peut rien faire pour vous. Et d’ailleurs, vous ne pouvez rien faire pour le peuple américain qui m’a élu et qui a élu le président Trump. Vous avez besoin de mandats démocratiques pour accomplir quoi que ce soit de valable dans les années à venir.

N’avons-nous pas appris que des mandats trop restrictifs produisent des résultats instables ? Pourtant, il y a tant de choses qui peuvent être accomplies avec le type de mandat démocratique qui, je pense, résultera d’une plus grande réactivité aux voix de vos citoyens. Si vous voulez profiter d’économies compétitives, d’une énergie abordable et de chaînes d’approvisionnement sûres, vous avez besoin de mandats pour gouverner, car vous devez faire des choix difficiles pour profiter de toutes ces choses.

Et bien sûr, nous le savons très bien. Aux États-Unis, on ne peut pas gagner un mandat démocratique en censurant ses adversaires ou en les mettant en prison. Qu'il s'agisse du chef de l'opposition, d'un humble chrétien priant chez lui ou d'un journaliste essayant de rapporter l'actualité. On ne peut pas non plus gagner un mandat démocratique en ignorant son électorat de base sur des questions comme celle de savoir qui a le droit de faire partie de notre société commune.

Parmi tous les défis urgents auxquels sont confrontées les nations représentées ici, je pense qu’il n’y en a pas de plus urgent que la migration de masse. Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq vivant dans ce pays a immigré de l’étranger. Il s’agit, bien sûr, d’un chiffre record. C’est d’ailleurs un chiffre similaire aux États-Unis, également un record historique. Le nombre d’immigrants entrés dans l’UE en provenance de pays tiers a doublé entre 2021 et 2022 seulement. Et bien sûr, il a beaucoup augmenté depuis.

Et nous connaissons la situation. Elle ne s'est pas matérialisée dans le vide. C'est le résultat d'une série de décisions conscientes prises par des hommes politiques de tout le continent et d'autres pays du monde entier, au cours d'une décennie. Nous avons vu les horreurs provoquées par ces décisions hier dans cette même ville. Et bien sûr, je ne peux pas évoquer à nouveau ce sujet sans penser aux terribles victimes qui ont vu une belle journée d'hiver à Munich gâchée. Nos pensées et nos prières les accompagnent et resteront avec elles. Mais pourquoi tout cela est-il arrivé en premier lieu ?

C’est une histoire terrible, mais nous l’avons entendue trop souvent en Europe, et malheureusement trop souvent aux États-Unis également. Un demandeur d’asile, souvent un jeune homme d’une vingtaine d’années, déjà connu de la police, a foncé dans une foule et a brisé une communauté. L’unité. Combien de fois devrons-nous subir ces revers effroyables avant de changer de cap et de donner à notre civilisation commune une nouvelle direction ? Aucun électeur sur ce continent n’est allé aux urnes pour ouvrir les vannes à des millions d’immigrés non contrôlés. Mais vous savez pour quoi ils ont voté ? En Angleterre, ils ont voté pour le Brexit. Et qu’ils soient d’accord ou non, ils ont voté pour. Et de plus en plus de gens partout en Europe votent pour des dirigeants politiques qui promettent de mettre fin à une migration incontrôlable. Il se trouve que je suis d’accord avec beaucoup de ces préoccupations, mais vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec moi.

Je pense simplement que les gens se soucient de leur maison, de leurs rêves, de leur sécurité et de leur capacité à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants.

Et ils sont intelligents. Je pense que c'est l'une des choses les plus importantes que j'ai apprises au cours de ma brève carrière politique. Contrairement à ce que l'on pourrait entendre à quelques montagnes de Davos, les citoyens de nos pays ne se considèrent généralement pas comme des animaux éduqués ou comme des rouages ​​interchangeables de l'économie mondiale. Il n'est donc pas surprenant qu'ils ne souhaitent pas être bousculés ou ignorés sans relâche par leurs dirigeants. Et c'est le rôle de la démocratie de trancher ces grandes questions lors des urnes.

Acceptez ce que vos gens vous disent, même si c'est surprenant, même si vous n'êtes pas d'accord

Je crois que le fait de rejeter les gens, de faire fi de leurs préoccupations ou, pire encore, de bloquer les médias, d’empêcher les élections ou d’exclure les gens du processus politique ne protège rien. En fait, c’est le moyen le plus sûr de détruire la démocratie. S’exprimer et exprimer ses opinions n’est pas une ingérence électorale. Même lorsque des personnes expriment des opinions en dehors de votre propre pays, et même lorsque ces personnes sont très influentes – et croyez-moi, je dis cela avec humour – si la démocratie américaine peut survivre à dix ans de réprimandes de Greta Thunberg, vous pouvez survivre à quelques mois d’Elon Musk.

Mais aucune démocratie, qu’elle soit américaine, allemande ou européenne, ne survivra à l’idée de dire à des millions d’électeurs que leurs pensées et leurs préoccupations, leurs aspirations, leurs appels à l’aide, ne sont pas valables ou ne méritent même pas d’être pris en considération.

La démocratie repose sur le principe sacré selon lequel la voix du peuple compte. Il n’y a pas de place pour les pare-feu. Soit on respecte ce principe, soit on ne le fait pas. Les Européens, les citoyens ont voix au chapitre. Les dirigeants européens ont le choix. Et je suis fermement convaincu que nous n’avons pas à avoir peur de l’avenir.

Acceptez ce que votre peuple vous dit, même si c'est surprenant, même si vous n'êtes pas d'accord. Et si vous le faites, vous pourrez affronter l'avenir avec certitude et confiance, sachant que la nation est derrière chacun de vous. Et c'est là, pour moi, la grande magie de la démocratie. Elle ne réside pas dans ces bâtiments en pierre ou dans ces beaux hôtels. Elle ne réside même pas dans les grandes institutions que nous avons bâties ensemble en tant que société commune.

Croire en la démocratie, c'est comprendre que chacun de nos citoyens est doté de sagesse et a une voix. Et si nous refusons d'écouter cette voix, même nos combats les plus victorieux n'aboutiront à rien. Comme l'a dit un jour le pape Jean-Paul II, à mon avis l'un des plus extraordinaires défenseurs de la démocratie sur ce continent ou sur tout autre, « n'ayez pas peur ». Nous ne devons pas avoir peur de nos citoyens, même lorsqu'ils expriment des opinions qui ne sont pas celles de leurs dirigeants. Merci à tous. Bonne chance à vous tous. Que Dieu vous bénisse. »

James David Vance

21 janvier 2025

Yann Thibaud

- 18/1/2025 - Un étrange narratif se fait entendre depuis quelque temps au sein des milieux médiatiques et politiques dominants, étonnant et stupéfiant narratif donc selon lequel la liberté d'expression serait aujourd'hui le principal obstacle au bon fonctionnement de la démocratie !
Faut-il donc rappeler que la démocratie ne se résume pas à des règles, procédures et institutions, mais est d'abord et avant tout un état d'esprit, fondé sur la liberté d'opinion et d'expression ainsi que sur ce qui en découle nécessairement, à savoir le libre débat, la confrontation courtoise et respectueuse des opinions, dans la droite ligne de la philosophie des Lumières, axe central et majeur de la pensée occidentale ?
Comment peut-on se prévaloir d'idéal ou de valeurs démocratiques, si l'on refuse de débattre avec ceux qui ne pensent pas comme soi, en les discréditant a priori et en les insultant en les qualifiant, au choix, de fascistes, d'extrémistes ou de complotistes ?
Est-il donc nécessaire de faire savoir aux bien-pensants qui nous gouvernent, que la démocratie n'est aucunement la dictature, la tyrannie ou le totalitarisme, fût-ce celui de la conformité à la doxa en vigueur ?

8 janvier 2025

En Europe, il faut protéger la démocratie. Du peuple.

H16

- 8/1/2025 - Pour l’idée même d’Europe, ces dernières semaines furent particulièrement révélatrices : il apparaît clair, dans la bouche de nos dirigeants, des politiciens de carrière et des imputrescibles factotums qu’on retrouve dans tous les médias de grand chemin que pour protéger la démocratie en Europe, il va falloir la protéger vigoureusement, notamment d’être prise en main par le peuple.

C’est donc en toute logique qu’après l’appel du Parlement européen à faire de nouvelles élections en Géorgie, celles ayant eu lieu n’étant pas du tout du goût des parlementaires, les mêmes élites occidentales ne se sont pas démontées et ont calmement fait pression sur Bucarest et sa Cour suprême afin que soient annulées les récentes élections dans lesquelles un leader populiste arrivait en tête, et ce contre l’avis même des candidats pourtant encore en lice.

À ce sujet, le silence quasi-joyeux de la Commission européenne ne laisse aucun doute sur ce qui a pu se passer en coulisse pour que des élections qui n’étaient pas entachées d’irrégularités soient annulées au prétexte d’ingérences dont les preuves peinent encore à se matérialiser à ce jour.

Dans les deux cas, il apparaît en effet que le peuple se prend à voter des trucs absolument pas en ligne ni avec ce qui était prévu, ni avec ce qui était désiré. C’est intolérable, et les autorités européennes ont donc agi pour que le train démocratique continue de rouler sur les rails de leurs choix, leurs ingérences dans ces affaires étrangères étant ici parfaitement permises, autorisées et désirables.


Malheureusement, tout ne se déroule pas toujours comme prévu, même pour les élites de la politique occidentale. Parfois, des affaires refont inopinément surface dans lesquelles leurs biais, leur mépris et leurs hypocrisies sont si impossibles à camoufler que leurs gesticulations médiatiques ne suffisent pas à calmer le peuple.

Et rien n’est plus insupportable pour ces élites que de voir leurs discours lénifiants sur le multiculturalisme et le vivrensemble se fracasser sur les rochers pointus de la réalité, ce qui s’est exactement passé récemment avec la réémergence des affaires de Rotherham, Telford, Huddersfield et d’autres.

Véritablement, après ces élections qui ne se déroulaient pas comme prévu, l’effroi puis la contestation palpable et de plus en plus vocale des peuples européens devant les projets de leurs dirigeants les a forcés à agir aussi rapidement que possible.

La panique est, cependant, mauvaise conseillère. Difficile de ne pas voir la fuite en avant vers une Europe résolument autocratique, de laquelle on écarte le peuple par trop crasseux. Il suffit de voir les réactions consternantes d’un Breton, d’un Moscovici ou d’une Loiseau contre Elon Musk qui ne fait qu’émettre ses opinions, diamétralement opposées aux leurs, pour bien saisir l’ampleur de l’affolement qui s’est emparé de nos « élites ».

En pratique, ces politiciens écument de voir leur influence pâlir, mais continuent obstinément de miser sur les moyens traditionnels de communication (télé, radio, presse) alors que ces derniers ont perdu toute crédibilité sur les 5 dernières années. Pour eux, c’est évident : c’est de l’ingérence étrangère, et tant pis si le double-standard qu’ils appliquent ainsi est pourtant visible aux yeux de tous. Ils ne comprennent pas que la façon dont ils taisent certaines affaires, dont ils poussent certain vivrensemble utopique, irréaliste et même dangereux, la manière dont ils jouent les étonnés lorsque la vérité éclate enfin, ne camoufle en rien leur responsabilité directe dans ce qu’on observe.

En revanche, ils comprennent – même si c’est confusément – que ces fissures de plus en plus béantes dans leurs belles histoires érodent durablement leur pouvoir, que le peuple tente de récupérer cette démocratie qu’ils imaginaient réservée à eux seuls.

Dès lors, une riposte est mise en place.

Au-delà des prurits sur les réseaux sociaux où ils gesticulent – en vain – pour tenter de faire taire les discours alternatifs, nos dirigeants ont bien compris qu’ils devraient en passer par la loi.

Pourquoi ne pas mettre en place un programme officiel pour faire de l’ingérence étrangère ?


Attention, hein, c’est la bonne ingérence, pas la mauvaise, pas celle de Musk, n’est-ce pas.


Bien sûr, il s’agit ni plus ni moins qu’une mise en place explicite d’ingérence politique dans l’expression démocratique de chaque pays membre, puis des pays directement périphérique à l’Union. Le diable est dans les détails du programme de « protection de la démocratie », qui se base bien sûr sur la « promotion des élections libres et équitables », ce qui est largement sujet à interprétation comme en témoignent la Roumanie et la Géorgie récemment, et comme pourra probablement en témoigner l’Allemagne aux prochaines élections générales qui pourraient voir l’AfD arriver en tête.

L’idée de « renforcer la liberté des médias » en est une excellente qui se heurtera cependant à la pratique effective, passant par des législations dont on ne comprend pas pourquoi elles se multiplient : la liberté ne devrait pas avoir besoin d’autant de barrières, non ?

Enfin, la « lutte contre la désinformation » permet absolument toutes les manipulations et les dernières années fournissent une foultitude d’exemples et d’applications ; en pratique, cette lutte s’est toujours tournée contre ceux qui émettaient des avis contraire à la doxa. En outre, accorder aux autorités le pouvoir de trancher sur ce qui relève de la vérité ou non est exorbitant, tant les abus sont aisés et les dérives faciles, et faire preuve d’optimisme dans son application n’est pas ambitieux mais juste suicidaire.

L’enfer étant pavé de bonnes intentions, il ne fait pas le moindre doute que l’emballage rose et les barils de moraline dans lesquels sont plongés ces beaux programmes serviront avant tout à corseter encore un peu plus l’expression autorisée dans l’Union, et à poursuivre les dissidents politiques et scientifiques.

Pendant ce temps, d’un côté, les BRICS semblent décidés à ne pas s’en laisser compter par l’Europe et les États-Unis. De l’autre, le continent américain est en train de basculer vers la droite populaire : outre Trump, les dirigeants Milei, Bukele et bientôt Poilièvre au Canada signalent bien cette tendance alors qu’en Europe, on continue nos délires politiquement corrects de plus en plus forts ainsi que les âneries climatiques traumatisantes qui sont en train d’envoyer l’Allemagne industrielle par le fond.

L’Europe met ici en place tout ce qu’il faut pour installer une véritable dictature de la pensée, et ce faisant, elle s’isole chaque jour un peu plus du reste du monde.


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