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9 juin 2023

Le macronisme est un autoritarisme



Sans changer une virgule à la Constitution, Emmanuel MACRON nous révèle, par sa pratique du pouvoir, toutes les tares de la Vème République.

Sa loi sur les retraites est une maltraitance démocratique tout autant que sociale. Il l’impose contre une très large majorité des Français et contre l’Assemblée nationale. En effet, toutes les dispositions tirées de la Constitution de 1958, dont le projet était d’instaurer un « parlementarisme rationnalisé » auront été utilisées, aboutissant de fait à un parlementarisme muselé.

« Le Parlement vote la loi. Il contrôle l’action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. » énonce l’article 24 de la Constitution. « Nous empêcherons un vote à tout prix » ont trompeté plusieurs responsables du parti présidentiel Renaissance ces dernières semaines à propos de la proposition de loi portée par le groupe LIOT, dont l’article 1er propose l’abrogation de la loi retraites du 14 avril 2023. Les fondamentaux sont attaqués.

Les députés du parti présidentiel ont brandi contre la proposition de LIOT l’article 40 de la Constitution qui prévoit que « Les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique. ». La proposition de loi du groupe LIOT prévoit la compensation, à due concurrence, des charges induites pour les organismes de Sécurité sociale par une taxe sur le tabac ? Elle a été déclarée recevable par le président de la commission des finances, conformément aux prérogatives de ce dernier ? Qu’importe, il fallait éviter un vote « à tout prix » sur l’abrogation !

La présidente de l’Assemblée nationale, après quelques hésitations et après avoir subi de très fortes pressions de l’Élysée, s’est donc résolue à s’asseoir sur les principes démocratiques élémentaires, en s’opposant à ce que la proposition de loi soit débattue en séance plénière, après avoir fait voter la suppression de l’article 1er de la proposition de loi en commission des affaires sociales, et en piétinant le droit d’amendement des parlementaires. La séparation des pouvoirs a rarement été aussi méconnue depuis l’instauration de la République.

Les républicains qui ne se résolvent pas à cette forfaiture doivent se rassembler et proposer des solutions permettant de redonner des perspectives positives à notre démocratie.

Dans l’immédiat, il faut utiliser tous les moyens légaux pour faire vivre les contre-pouvoirs, qu’ils soient institutionnels (motions de censure parlementaires, proposition référendaire au printemps 2024…) ou extra-institutionnels (manifestations, pétitions, grèves, articles de presse…).

Près de 65 ans après son instauration, la Vème République est à bout de souffle. Sa dangerosité initiale montre aujourd’hui toute sa dimension.

Mais avant d’envisager de refonder nos institutions, il nous faut résister ici et maintenant à la dérive autoritaire du pouvoir macroniste.

17 mai 2023

Borne commence à péter un câble

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

Borne veut à tout prix que la proposition de loi de la LIOT, susceptible d’annuler la réforme des retraites, ne puisse pas être votée, et pour cela elle est prête à tout notamment à demander à la présidente de l’Assemblée nationale d’invoquer l’article 40 pour la déclarer irrecevable. Cette irrecevabilité viendrait du fait que l’annulation de la loi provoquerait un déséquilibre budgétaire. L’affaire est cocasse puisque les caisses de retraite ont été en excédent cette année et qu’elles le seront pour l’année prochaine également. Présumer d’un déficit pour le futur, surtout dans les conditions évolutives que nous connaissons actuellement c’est jouer à madame Irma. Si madame Borne est si soucieuse que cela des finances publiques, pourquoi ne s’emploie-t-elle pas à rétablir les comptes, en remboursant les sommes indûment prises par ses prédécesseurs et qui devaient, dans le cadre du fonds de réserve pour les retraites de Jospin, assurer cet équilibre à hauteur de plus de 150 milliards. S’il y a eu irrecevabilité et spoliation c’est bien les gouvernements successifs qui en sont les auteurs, et qui ont créé ces fameux déséquilibres, en puisant allégrement dans ce pactole.

Il serait donc normal que madame Borne, dans un souci budgétaire, se fasse un honneur de rembourser cet argent. Mais sa préoccupation n’est pas là, elle ne veut pas que l’on touche à sa réforme. Tous les moyens seront mis en œuvre pour empêcher de débattre et de voter la proposition de la LIOT. Nous en parlions il y a peu, ce gouvernement se moque totalement de la paix sociale, il suit un agenda et doit passer cette loi en force, tout le reste est de la littérature. Pour elle, le parlement n’est qu’un obstacle, qu’il faut parvenir à contourner par tous les moyens, en donnant l’illusion qu’on le respecte. Il n’y aura pas eu pire anti démocrate que toute cette clique de macronistes sous la Vème république. Non seulement ils méprisent le peuple au point de se réjouir de le voir crever, mais en plus ils repoussent la représentation nationale. La LIOT doit donc s’attendre à devoir remballer sa proposition et à envisager un autre angle d’attaque, à savoir, de destituer Macron. Il est d’ailleurs étonnant que madame Borne s’inquiète à ce point des finances de la France, au moment où Macron débloque des milliards pour l’Ukraine. Depuis le début, combien exactement nous coûte cette aide ? N’y a-t-il pas déséquilibre ici, et sans le consentement de la représentation nationale. Macron distribue des milliards un peu à tout le monde, sans jamais passer par la case Assemblée nationale. Pour autant nous n’avons pas entendu notre brave premier ministre, s’insurger contre ces dons. Y aurait-il donc une nuance très macronienne encore une fois, dans l’origine ou le contenu d’un déséquilibre budgétaire. S’il vient de l’opposition c’est très grave et il faut l’interdire, si c’est le prince tout est permis. Il peut jouer avec l’argent des Français, faire exploser la dette, augmenter le budget de l’Élysée sans réel fondement, changer la déco du palais pour faire plaisir à madame, sans aucune remontrance de madame Borne, comme c’est curieux.

C’est vrai que dans un régime autocrate comme le nôtre, le pouvoir est autorisé à tous les excès et le peuple n’a pas de compte à lui demander. La réalité est que madame Borne est tout sauf une démocrate, elle n’en a pas la plus petite qualité. La macronie tremble face à cette proposition de loi, si elle pouvait elle supprimerait l’Assemblée nationale, d’un trait de plume. Elle s’obstine à ne pas reconnaître le caractère juste d’un tel examen, pour elle la démocratie s’arrête aux exigences du pouvoir de l’exécutif. Elle refuse d’entendre que c’est son 49.3 qui a déclenché ce qu’elle vit tous les jours, à savoir des comités d’accueil qui l’empêchent de se déplacer, elle et ses collègues. Mais dans une folie démentielle elle persiste et signe, obtuse jusqu’à la déraison, autiste jusqu’à l’absurde, elle ne peut pas supporter l’idée que son texte, ou une partie, soit retoqué. C’est la marque des arrogants, pétris de l’idée de leur supériorité, sourds à ce qui vient de l’extérieur, seuls dans leur délire, persuadés de détenir l’absolue vérité. Elle trépigne, la démocratie elle s’en fout, la paix sociale aussi, tout ce qui l’intéresse c’est de rouler dans la farine l’ensemble des partis et des syndicats et de faire passer sa réforme quoi qu’il en coûte, pour satisfaire Bruxelles. Une fois la forfaiture faite, elle se plaît à se gargariser de qualités qu’elle n’a pas, pour vanter son sens de l’ouverture, du dialogue et de l’écoute. Hypocrite et fabulatrice, elle se rêve une personnalité, incapable de se voir telle qu’elle est. La démocratie, c’est accepter que l’avis du premier ministre ne soit pas toujours suivi. Sans majorité, la décence imposerait que l’on s’ingénie à prendre des mesures qui seront approuvées par tous, à défaut d’être capable de cette adaptation, il faut quitter le pouvoir. Mais c n’est certainement pas contourner l’obstacle et faire comme si vous aviez tous les pouvoirs. Pancher, de la LIOT, devrait brandir si Borne s’obstine à vouloir empêcher l’examen et le vote de cette loi, l’Article 68 de la destitution, contre le 40 de l’empêchement de la démocratie.



14 mai 2023

Retraites : pourquoi il ne faut justement rien lâche

Pierre Duriot
Porte-parole du RPF

« Je souhaite maintenant que nous tournions la page et que nous nous engagions sur d’autres sujets », explique Bruno Le Maire, doctement. Il faut traduire cette phrase en langage plus abrupt et considérer que quand ce gouvernement fait passer un dispositif contre 80% de l’avis des Français, il faut « se la fermer », et que « passer à autre chose », signifie, faire passer une infamie du même type, par la même méthode, après laquelle, il faudra également se taire et « passer à autre chose ».

Il ne faut au contraire, rien lâcher, les décrets d’application ne sont pas encore là et les recours pas tous épuisés. Première raison, le système n’est pas en péril financièrement, il est même excédentaire et les 12 à 13 milliards qui manqueraient, sont pure invention. le Conseil d’orientation des retraites et l’INSEE ont fait tous les deux le constat d’une inutilité de cette réforme, sur fond d’augmentation de la mortalité, qui va améliorer la santé financière du système. Mais ce gouvernement n’a cure des services de l’État, auxquels il substitue, à très grands frais, des cabinets de conseil à sa solde.

Cette réforme est une commande de l’Europe non élue, la Commission européenne, qui a menacé la France d’une perte de liquidités et de financement auprès de la banque européenne, en cas d’échec de la réforme. Breton, le commissaire européen l’a dit quasiment clairement. Il s’agit, en passant à 64 ans et 43 annuités de cotisation, de faire en sorte que plus personne ne puisse avoir une retraite par répartition complète, étant donné que l’âge moyen d’entrée dans le monde du travail est passé à plus de 25 ans. La réforme va donc stimuler les revenus supérieurs, pour leur faire souscrire des retraites complémentaires par capitalisation, auprès des grands groupes amis des dirigeants et de la caste de Bruxelles.

L’argument d’un logique alignement sur les autres pays européens ne tient pas, puisque, même si l’âge de départ est parfois de 67 ans, le nombre d’annuités de cotisation est souvent bien inférieur à 43 ans.

Enfin, d’un point de vue sociologique, si l’espérance de vie tourne autour de 80 ans, celle de vie en bonne santé est d’environ 65 ans, ce qui fait que la grande majorité des « jeunes retraités » seront en réalité des malades. Sans compter, un quart des salariés qui sont morts, avant même d’arriver à la retraite.

D’un point de vue financier, quand bien même il y aurait cette somme qui manque, de 12 milliards d’Euros, elle est dérisoire et facilement trouvable. Macron a trouvé 200 milliards pour ses confinements, donne chaque année 10 milliards à des pays africains, également plusieurs milliards à l’Ukraine. L’État passe aussi des dizaines de milliards d’aides sociales aux étrangers, encore plus dans des subventions versées aux entreprises, lesquelles servent bien souvent directement à la rémunération des actionnaires et se traduisent également souvent, un comble, par des licenciements. On peut également inclure dans cet inventaire, des dizaines de milliards de fraudes sociales et fiscales, qui rendent les 12 milliards de retraites invoqués par Macron, totalement dérisoires. D’autant plus que ce gouvernement a toujours menti sur la réalité des faits et continue de le faire sur de multiples dossiers, comme le Covid, le réchauffement climatique, l’Ukraine, ou la vaccination… Pourquoi faudrait-il le croire sur les retraites ?

L’expression « tourner la page », serinée par les ministres, actuellement, sur toutes les ondes, n’est jamais qu’une injonction déguisée à se soumettre, en attendant d’autres calamités. Il ne faut donc rien lâcher et Macron le sait, puisqu’il ne se déplace plus, désormais, qu’avec un dispositif de protection supérieur à celui utilisé pour assurer la sécurité des visiteurs de marque en Ukraine, au plus proche de la guerre. Comme à Dunkerque, où la ville a été en état de siège pendant la visite du président. Au RPF, nous espérons que la démarche d’annulation de cette réforme, entamée par la LIOT arrive à son terme et incitons nos sympathisants à faire de la pédagogie autour d’eux, afin de préserver cet héritage gaulliste bénéfique au peuple et qui n’est nullement en péril.


3 mai 2023

Réforme des retraites, le chaos et le désastre

Maxime Tandonnet


Il faut le dire et le répéter. La réforme des retraites, en particulier les 64 ans qui provoquent la colère, est inutile et injuste. L’âge moyen d’entrée sur le marché du travail en France est de 22, 5 ans (INSEE). Le nombre d’annuité nécessaire pour toucher une retraite à taux plein est de 43. Dès lors l’âge moyen théorique de la retraite n’est pas 62 ans, mais plutôt 65,5 ans.

Les 64 ans ont en vérité pour objectif de faire travailler, au-delà de 43 annuités, les personnes, en minorité, entrées sur le marché du travail avant 21 ans, ayant fait peu d’études, notamment les travailleurs manuels. Dans la plus grandes opacité, plusieurs aménagements en faveur des carrières longues permettent à certaines classes d’âge d’éviter ce couperet, mais il reste des poches d’injustice non réglées grâce auxquelles le pouvoir peut se targuer de quelques économies, évidement infinitésimales au regard des 560 milliards de dettes accumulées par le pouvoir macroniste en deux ans (Cour des Comptes).

Alors pourquoi cette réforme ? Fondamentalement emblématique, elle symbolise la poigne jupitérienne et la mise en œuvre de la volonté présidentielle de « transformer la France ». Elle exprime la détermination du pouvoir macronien à faire plier une Nation qui refuse les 64 ans en raison de leur caractère injuste, visant les « sans-dents », les « Gaulois réfractaires », « ceux qui ne sont rien et ne peuvent même pas se payer un costume », les « fainéants » et les « illettrés ». Elle incarne la morgue et le mépris de la sphère dirigeante actuelle envers les gens, le peuple. Nous sommes dans une violente épreuve de force emblématique, une logique de guerre civile entre d’une part ceux « d’en haut » qui prétendent faire le bien du pays contre lui-même, c’est-à-dire l’équipe au pouvoir retranchée derrière les murs de ses palais dorés et les cordons des forces de l’ordre, et d’autre part la population de ce pays dans son immense majorité souvent en souffrance sociale, qui soutient la contestation à cette réforme.

Ce qui s’est passé le 1er mai est une honte absolue. Le pays a sombré une nouvelle fois dans la violence, le sang et les flammes. Plus de 100 policiers ont été blessés, dont un grièvement brûlé. Ces chiffres, qui s’accumulent depuis quatre mois, montrent la profondeur du chaos dans lequel la France a durablement sombré. l’image que donne la France à l’étranger est celle d’un pays dévasté. Évidemment les auteurs de ces abominations contre les forces de l’ordre sont des criminels. Mais ceux qui ont provoqué par autocratie, aveuglement et exubérance vaniteuse les circonstances de cette tragédie, sont eux aussi impardonnables.

Rarement, la politique française n’avait sombré dans un tel niveau de déchéance depuis 1945. Le pouvoir macroniste est évidemment le principal responsable de ce fiasco et de ce chaos. La gauche mélenchoniste n’a jamais fait que souffler sur les braises de la violence. La droite lepéniste – modèle de discrétion – se frotte ostensiblement les mains en espérant tirer les marrons du feu de cette calamité en 2027… Mais c’est loin 2027. La droite classique a choisi le camp macroniste de cette réforme absurde et injuste, contre le pays, manquant une occasion historique de se poser en protectrice du peuple.

Il reste une poignée de responsables politiques, dont Charles de Courson et d’autres, en dehors d’une logique partisane, qui ont montré le cap de la sagesse, de l’apaisement, du sens de l’État et de la vision historique. Evidemment sans être écoutée tant le climat est à l’aveuglement, au délire vaniteux, à la courtisanerie. Dans les périodes de trouble profond, le redressement part toujours d’une infime poignée de visionnaires. S’il reste une lueur d’espoir pour l’avenir de la France, certes faiblarde, elle est à chercher de ce côté-là.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2023/05/02/reforme-des-retraites-le-chaos-et-le-desastre/

14 avril 2023

Pourquoi la réforme des retraites n'est ni légitime, ni démocratique, ni constitutionnelle

Tiephaine Soter

L'un des arguments qui m'agacent le plus en ce moment dans les pseudo-débats sur la réforme des retraites est celui selon lequel il faudrait arrêter de dire que le gouvernement est passé en force de façon non démocratique, sous prétexte que la procédure du 49.3 est prévue dans la constitution et qu'il y a eu un "vote" avec la motion de censure...
Les tenants de cette ligne font semblant d'ignorer la différence entre Démocratie et Constitutionnalité, et semblent totalement ignares des questions sur la légalité, la représentativité et la légitimité. Accrochez-vous, ça va être un peu long, désolé, mais c'est comme ça.
En France, la Constitution indique que la Souveraineté est détenue par le Peuple, qui l'exerce à travers ses représentants, élus au suffrage universel.
Lorsque dans une élection, environ la majorité des électeurs décide de ne pas se déplacer aux urnes parce qu'aucun candidat n'est jugé digne de recevoir un vote, et que le candidat élu l'est avec entre la moitié et les deux tiers des votants, il est évident qu'on ne peut plus parler de représentativité de l'élu : la majorité de l'électorat n'a PAS voté pour lui.
L'Assemblée Nationale n'est PAS représentative du Peuple français.
L'Assemblée Nationale n'est pas le seul organe législatif : elle est doublée du Sénat, qui est formé par suffrage "universel indirect", c'est à dire que seuls les élus votent. Le Sénat ne représente que les élus eux-mêmes, et certainement pas le Peuple français. Or, il participe au processus législatif, peut amender des textes, peut en proposer, peut être à l'initiative de réformes, au même titre que l'Assemblée Nationale, sans pourtant être représentatif du Peuple français. Il n'a pas la même légitimité, il a pourtant quasiment les mêmes pouvoirs que l'Assemblée Nationale.
Puis vient le Gouvernement, dont le rôle constitutionnel est d'appliquer les lois : c'est le pouvoir exécutif. Le Gouvernement est censé être au service de l'Assemblée Nationale et du Sénat, eux-mêmes censés exprimer la volonté du Peuple français ; indirectement le Gouvernement est censé être au service du Peuple.
Or, le Gouvernement a pourtant l'initiative législative, détermine les ordres du jour des deux assemblées, et dispose de pouvoirs permettant de passer en force des réformes et des lois sans passer par la procédure législative habituelle : présentation du texte, discussions, amendements, débats sur les amendements, vote final. Le Gouvernement peut imposer d'interrompre la procédure à tout moment et de faire voter directement, en "engageant sa responsabilité". Rappelons que le Gouvernement est normalement un organe exécutif, pas législatif. Les membres du Gouvernement ne sont pas élus, mais désignés par un premier ministre, lui-même non élu, mais désigné par le Président de la République. On a donc un organe qui n'est ni démocratiquement désigné, ni légitime par rapport à l'exercice de la souveraineté française ("représentants élus au suffrage universel", rappelez-vous), qui agit hors de son cadre constitutionnel originel fondé sur la séparation des Pouvoirs mais bénéficie de pouvoirs de contrôle sur les deux assemblées.
Prétendre que ce système serait démocratique alors que par essence il ne l'est pas puisqu'il est de nature autocratique, c'est donc faire preuve d'une méconnaissance absolue des principes régissant le Droit Constitutionnel, qui ne se limite pas à la seule Ve République. [...] Le Droit Constitutionnel, ça inclut aussi et entre autres le préambule de la Constitution de 1946 et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.
L'âge du départ en retraite, jusqu'en 2008, était fixé par convention collective de branche, c'est-à-dire négocié par les représentants des travailleurs avec les représentants des employeurs, puis validé par le vote des travailleurs et des employeurs. Démocratie directe, autodétermination, souveraineté, tout était parfaitement respecté.
À partir de 2008, réforme Sarkozy qui fait basculer les conditions de départ à la retraite dans le Code de la Sécurité Sociale plutôt que dans le Code du Travail. Le Code de la Sécurité Sociale ne permet plus aux salariés de décider de leurs conditions de travail, comme le prévoient pourtant les dispositions du préambule de la Constitution de 1946, puisque c'est désormais le Gouvernement qui en gère tous les aspects.
Inconstitutionnalité de la réforme, illégitimité absolue de l'action gouvernementale, mais tout passe crème malgré les protestations populaires.
Et donc on en arrive désormais à cette réforme de 2023, qui n'est ni légitime (décidée par un organe non élu), ni démocratique (imposée aux Assemblées, puis vote bloqué non sur la Loi mais sur la confiance au Gouvernement, deux choses qui n'ont rien à voir), ni constitutionnelle (puisque viole toujours le préambule de la Constitution de 1946).
Le Conseil Constitutionnel est un organe non élu, donc les représentants sont désignés pour partie par le Président de la République, pour partie par les deux Présidents des assemblées, eux-mêmes élus par les membres desdites assemblées. Le Conseil Constitutionnel n'est donc ni démocratiquement élu, ni garant de la Souveraineté du Peuple français dont il n'émane absolument pas. Il ne se saisit que sur décision politique, et peut même décider de ne pas statuer. Dans les faits, et c'est déjà arrivé, il peut noter des inconstitutionnalités mais valider quand même un texte.
Quiconque prétend que notre système est démocratique, et que notre système politique respecte la Constitutionnalité, est un baltringue qui méritera le même sort que ces foutus enculés qui prétendent nous gouverner.
Et histoire de bien finir de casser le débat, je vais sortir le quasi Godwin : en juin 1940, Pétain est arrivé au Pouvoir en toute légalité, selon les procédures prévues par la Constitution de la IIIe République. De Gaulle, lui, était un fuyard qui a abandonné son poste, appelait à renverser le gouvernement en place et à mener des actions violentes et de sabotage, et était condamné à mort pour ça par le régime. Qui est resté dans l'Histoire comme l'archétype du traître, et qui est vu comme l'incarnation de la Souveraineté du Peuple français ?
Parle-moi encore de légitimité, de constitutionnalité et de démocratie pour défendre la réforme des retraites, et ça va très mal se passer.


25 mars 2023

RETRAITE EN FRANCE : LES LIMITES DU COLLECTIVISME

Marc Amblard

Il n’y a pire système de retraite que celui par répartition : il consiste à détourner par la force une partie des revenus du travailleur non pas pour assurer sa subsistance plus tard mais pour la reverser à d’autres personnes, devenues inactives.
Il lui reste seulement l’espoir que les générations futures seront en mesure de contribuer de la même façon au financement de ses vieux jours. Pari hautement risqué en raison des incertitudes économiques et de l’évolution défavorable de la démographie.
Ainsi, sous couvert de la « solidarité », nous avons cédé à la facilité de la répartition et bâti une redoutable pyramide de Ponzi
Une bombe à retardement.
Mais il y a un effet encore plus insidieux : en retirant à l’individu la nécessité de se constituer lui-même une épargne de précaution, on l’a déresponsabilisé en favorisant son penchant à la jouissance immédiate au détriment de son devoir de prévoyance.
Le voici désormais dépendant et prisonnier d’un système injuste et à bout de souffle.
Aux générations montantes : ne comptez que sur vous-mêmes, le collectivisme n’est pas la solution. Il est le problème.
Aux politiques : laissez-moi totalement libre de gérer mon épargne et décider à quel moment je souhaite cesser de travailler. Système mutualisé (fonds de retraite) ou placements privés, cela ne regarde que moi.


22 mars 2023

Macron, président du chaos

Jacques COTTA

Chaos social, chaos économique, chaos politique... Mais il y a plus : avec "l'épisode" réforme des retraites et l'usage de la constitution de la Vème République, Emmanuel Macron est président du chaos démocratique ! Évidemment, rien n'est joué et la mobilisation populaire tient dans ses mains les perspectives d'avenir...

https://www.youtube.com/watch?v=R4uVMFbcRnA

20 mars 2023

Vers des jours difficiles…

Gilles La Carbona

Les démocrates ont retenu leur souffle, suspendus aux déclarations des uns et des autres, comme de celles de Ménard, et autres traîtres au peuple, qui ont refusé de voter la censure, au motif de… allez donc savoir, si ce n’est pour faire plaisir à Macron. Il faudra qu'ils s’expliquent devant les électeurs. La colère du peuple est montée et il est probable qu’elle ne redescendra pas, pire elle risque de s’amplifier. Ne voient-ils pas, ces braves députés, que ce n’est pas là un effet de mode, mais bien un sentiment qui s’installe durablement ? Le problème n’est pas seulement celui des retraites, mais ce constat que dans un pays démocratique, on peut faire passer en force une réforme contre le peuple, à qui ce gouvernement et les précédents, depuis six années de calvaire, mènent une guerre ouverte et sans merci.

L’utilisation du 49.3 a déclenché tout autre chose, derrière le déni de démocratie, dont Ménard et les Ciotti se contentent, il y a aussi l’attitude globale de Macron. Ces excès de langage, de comportements, son mépris incessant des Français et de notre pays est la cause du rejet qu’il inspire. Lui, l’homme hautain, sournois, mais aussi ses méthodes. Il a abusé de tout, trompé sans cesse pour masquer la vraie nature de ce qu’il était, mais aujourd’hui c’est sans masque qu’il apparaît. Il n’a pas de majorité, et ce ne sont pas les godillots et consorts qui le sauveront de la catastrophe. Car si son gouvernement reste en place, il serait faux de penser que tout reprendra comme s’il ne s’était rien passé, d’abord parce que la rue ne l’entendra pas de cette oreille, et aussi parce que le coup de force fait à l’Assemblée nationale laissera des traces indélébiles.

Voilà ce que ces faquins n’ont pas compris, se complaisant sans doute dans l’émeute larvée, la confrontation permanente, et le besoin de répression. Voter la motion de censure aurait été, voter pour la paix intérieure et l’apaisement, choisir le dialogue et la sérénité, se ranger derrière le peuple. À l’inverse, soutenir Macron et son gouvernement, c’est souhaiter que la France bascule dans la pire des dictatures. Déjà l’étranger nous montre du doigt, tous les pays européens sans exception condamnent la méthode macroniste et sa posture. Les libertés ne sont plus assurées et il devient compliqué de le cacher. Il ne reste que des courtisans de seconde zone pour ne rien voir, ne rien comprendre et tenter de faire comme s’il ne se passait rien. Des barricades s’installent, les étudiants, les lycéens entrent peu à peu dans la danse, et il y eut encore des députés pour refuser de censurer ce gouvernement. Que cherchent-ils ? La guerre civile, le chaos ? Ne pas sanctionner ce pouvoir, alors que l’immense majorité du peuple le veut, c’est devenir l’ennemi de ce peuple. Comment justifieront-ils leurs positions, après que Borne soit maintenue ?

Le combat peut continuer sur le plan constitutionnel avec l’article 27 de la Constitution qui stipule que « Tout mandat impératif est nul », si les députés ont subi des pressions, au lieu de se déterminer librement dans l’exercice de leur mandat. « Ils ne sauraient être prisonniers d’intérêts locaux ou catégoriels. Aucune injonction à agir dans tel ou tel sens ne peut leur être adressée ». Et des pressions, il y en a eu, des menaces officielles d’exclusion des partis et des tentatives de corruption en proposant des facilités pour les aménagements urbains dans les circonscriptions des « bons » votants. À moins que la rue ne décide de rejeter elle-même la motion, avec les moyens d’un peuple affamé, contraint, trompé et floué…


17 mars 2023

Entre le 49.3 à l’Assemblée et le retour du chaos

Maxime Tandonnet
Publié le 17 mars 2023 (pour Atlantico, avec M. Christophe Boutin)


La réforme des retraites a donc été adoptée par 49.3 à l’Assemblée nationale. Des motions de censure ont été annoncées dans la foulée. Est-ce une énième crise politique, comme la France en a l’habitude ou une rupture plus profonde ?

Nous sommes sans doute devant bien autre chose qu’une simple crise sociale. Dans les profondeurs du pays, l’exaspération est extrême. Elle a des causes économiques et sociales bien sûr, l’aggravation de la pauvreté, le chômage, l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat et frappe de plein fouet la classe populaire et la classe moyenne. Mais surtout, cette exaspération à des causes mentales. Elle est une réponse au sentiment d’un déni démocratique. En 2017 comme en 2022, la présidentielle n’a pas donné lieu à un débat de société et à des choix politiques, le président étant élu largement par défaut. Le taux d’abstention gigantesque des législatives (46%) a souligné à quel point la population ne se sentait plus écoutée ni représentée. La réforme des retraites avec sa mesure emblématique des 64 ans, fait l’objet d’un rejet extrêmement profond de la population. L’entêtement ou l’aveuglement des dirigeants politiques à ce sujet engendre un malaise profond dans le pays. Cette impression que le pouvoir politique méprise le peuple est à la source d’un climat explosif. L’usage du 49.3 (après le 47.1 pour bloquer les débats) pourrait être l’étincelle de trop.

Derrière le match Emmanuel Macron et son gouvernement contre l’opposition politique et sociale, dans quelle mesure se joue-t-il le match des Français contre la technocratie ?

Le conflit se situe entre une vaste majorité des Français et une classe dirigeante qui s’incarne dans quelques figures médiatisées au style technocrate poussé à la caricature : arrogance, langue de bois, mépris, indifférence morgueuse… Pour autant, l’État profond (l’administration) n’y est cette fois-ci pour rien. Ce n’est pas lui qui a poussé le pouvoir politique dans cette voie. L’origine est purement politique : les « 65 ans » en guise de programme du président-candidat Macron et l’acharnement de ce dernier à les mettre en œuvre, déclinés en « 64 ans », dans un objectif de posture autoritaire. Rarement un tel consensus contre le pouvoir politique ne s’est trouvé réuni dans une logique qui surmonte les clivages sociaux et idéologiques – à l’exception de la bourgeoisie fortunée et retraitée.

Alors que le gouvernement est forcé de recourir au 49.3. À quel point faut-il voir, dans la séquence actuelle, un énième clou dans le cercueil du cercle de la raison ? Une remise en cause du modèle ?

Le pays sombre une nouvelle fois dans l’absurdité. Cette réforme, en particulier les 64 ans de la discorde, est largement inutile et relève de la provocation. Compte tenu des 43 annuités pour atteindre une retraite à taux plein, les 64 ans pénalisent (injustement) une minorité de personnes qui, ayant fait peu d’études (travailleurs manuels), ont exercé un premier emploi avant l’âge de 21 ans. Or, dans un climat d’extrême confusion, il semble que « les carrières longues » sont partiellement exonérées de la règle des 64 ans (même si des poches d’injustice subsistent). Affirmer dans ces conditions que les 64 ans sont en soi indispensables pour sauver les retraites relève du mensonge grossier. La France se déchire sur une querelle qui relève à bien des égards du chiffon rouge. Bien entendu le modèle politique français, le système présidentiel, est au cœur de la tragédie dès lors qu’il favorise les dérives autocratiques et vaniteuses, la courtisanerie (que l’on voit à l’œuvre notamment dans l’ancienne opposition de droite) et la déconnexion.

Quelles peuvent être les conséquences de la séquence politique actuelle, à la lumière de ces enjeux ?

Il est toujours difficile de prévoir la suite des événements. À court terme, les conditions d’un embrasement paraissent réunies : l’extrême impopularité et discrédit de l’équipe au pouvoir avec une colère qui risque de se focaliser sur l’image du président, le mécontentement social, le quasi consensus populaire dans le rejet, la crise démocratique. Le déclenchement d’événements d’une gravité équivalente à mai 1968 (bien que d’une nature différente) est un scénario plausible même si rien n’est évidemment certain. À long terme, en revanche les choses sont plus claires. Nous allons de toute façon vers une aggravation de l’écœurement, du dégoût de la politique et de la défiance. L’abstention va encore augmenter, dans des proportions vertigineuses ainsi que le vote de colère, aussi bien vers la Nupes que vers le RN. L’effondrement du macronisme est inéluctable. La droite LR, dans sa forme actuelle, est probablement aussi condamnée. En soutenant – avec un zèle qui fait froid dans le dos – la réforme du président Macron elle a largement lié son destin à celui du macronisme. Bien entendu, sur les ruines de la politique française, de nouvelles personnalités, n’ayant pas trempé dans la compromission, peuvent émerger. Mais nous n’en sommes pas là. 17/3/2023

Le bon moment pour enfin renverser…

Gilles La Carbona

D’abord le 47.1 pour empêcher le débat. Ensuite le 44.3 pour bloquer les votes. Enfin le 49.3 pour forcer le passage, un de plus. On est loin de la superbe affichée par Macron il y a quelques jours, assurant qu’il aurait une majorité à l’Assemblée nationale. Goguenard, il nous a servi sa soupe habituelle qui s’oxyde au contact de la réalité. C’est sa réforme, ses commanditaires, son affaire, même s’il envoie Borne au feu, qui se fait huer. Il était sûr de lui, sûr de pouvoir manœuvrer tout le monde et le voilà obligé de recourir à l’article le plus controversé de notre constitution, pour faire adopter en force une loi que seuls lui et ses commanditaires désirent. La Constitution a été écrite pour un honnête homme et elle est exploitée par un arriviste. Le peuple n’en veut pas et la représentation nationale non plus, mais l’autocrate assumé s’en tamponne. Voilà ce qu’il fait de l’opinion du peuple et de la volonté des députés. Seul contre tous, Macron persiste et signe et fait un nouveau bras d’honneur à la nation.

Que Ciotti, Retailleau et consorts soient aller négocier avec lui n’a pas compté et il les maltraite eux aussi, les tient pour faibles et imbéciles et décide dans leur dos. On se demande s’ils ont seulement compris ce message ? Ils risquent, ces traîtres à leurs électeurs, de laisser adopter un texte qui dans n’importe quelle autre démocratie aurait été, si ce n’est abandonné, du moins rejeté par les représentants du peuple. Ils signent aussi la disparition de l’Assemblée nationale comme lieu où se font les lois, où la parole des représentants du peuple s’exprime. Macron n’aura pas besoin de dissoudre une assemblée dont il sait pouvoir s’affranchir dès qu’il n’a pas de majorité sur un texte essentiel, soit, tout le temps. Les députés seront ainsi face à 80% d’un peuple mécontent qui, quoiqu’il arrive, leur fera payer cet épisode.

On va enfin savoir, entre la posture ahurissante qui consiste à ne pas voter comme le RN par pure idéologie, ou une écoute du peuple, ce qui prime dans la tête de ces députés devenus godillots et dont on sent bien que la préoccupation première est de ne pas perdre leur statut de privilégié, leurs émoluments et pour le coup, leur régime spécial de retraite.

Il ne s’agit même plus de savoir si cette loi est justifiée ou non, quand la méthode n’est plus en adéquation avec les règles de bases d’une démocratie, où l’on respecte le vote de ses députés, il n’y a qu’un choix : renverser ce gouvernement. Inutile de nous seriner avec un : « on n’avait pas le choix ». En utilisant le 49.3 sur un texte d’une importance si haute, c’est le palais Bourbon qu’il vient d’effacer de la constitution. En laissant en place un gouvernement aussi sourd que celui-ci aux avis des parlementaires, les députés vont cautionner la disparition de nos institutions et accessoirement trahir la confiance des Français.

Que vaut une république gouvernée dans ces conditions ? Où voit-on un chef d’État qui n’écoute pas son propre parlement ? Dans quel pays ? Les républiques bananières où notre intéressé va donner des leçon d’une démocratie, qu’il n’applique pas ici.

Votez la motion de censure, renversez enfin ce gouvernement autocrate, ou regardez mourir notre pays.


16 mars 2023

Ouragan politique sur la France ?

Yann Bizien

☐ Le général de Gaulle avait eu le panache de démissionner en perdant la confiance d'une majorité.
Minoritaire à l'Assemblée, minoritaire dans la rue, minoritaire dans les sondages, Emmanuel Macron fera tout pour s'accrocher au pouvoir sur le champ de ruines français.
Sa seule réforme est un échec sur le fond et sur la méthode. Mal élu, sans faire campagne, partant un coup à gauche, un coup à droite, incapable de rassembler les Français, brutalisant toute notre société, son second quinquennat est déjà brûlé.



☐ "Quoi qu'il arrive", vote ou rejet de la motion de censure, Emmanuel Macron doit avoir la fièvre ce soir en voyant de nouveau le peuple de France indigné dans la rue après l'usage ultime de l'article 49.3.
En pleine crise du pouvoir d'achat et d'emballement inflationniste, sans majorité absolue, face à un pays fracturé, le président sait que son pouvoir est fragilisé, que sa légitimité est contestée et que sa réputation est au plus bas. S'il s'estime inamovible, il a toutefois conscience du niveau exceptionnel de la gravité de la crise politique qu'il a lui-même générée.
Certes, son horizon politique se ferme. Mais son orgueil, pourtant, est intact. Car il n'a aucune empathie réelle pour le peuple. Il entend bien lui faire payer, avec ce projet de réforme des retraites, ses propres fautes de gouvernance et de gestion. On le sait, il n'est en réalité soumis qu'au pouvoir et aux lois froides et cyniques de l'argent.
Notre Président doit désormais compter les heures jusqu'au vote ou au rejet de la motion de censure. Il attend, sans panache.



☐ 14h45 : Terrible aveu de faiblesse, d'échec politique et nouveau déni de démocratie pour Emmanuel Macron et sa minorité présidentielle. Considérant que les conditions n'étaient pas réunies pour un vote de sa réforme des retraites, il fait subitement le choix de la force, de la brutalité et d'un braquage démocratique. Il mise sur la discorde entre les oppositions. Et il nous impose un psychodrame pour gagner du temps et du consentement.

Madame Borne, huée, évite le vote sur la réforme des retraites en faisant un nouvel usage de l'article 49.3. Elle engage la responsabilité de son gouvernement et prononce un discours clivant et très contesté, sous le chant de la Marseillaise.

Les députés ont 24 heures pour déposer une motion de censure contre le Gouvernement. Il ne pourrait y avoir de dissolution de l'Assemblée nationale qu'en cas de vote de cette motion.

Le Parlement aura été humilié et bafoué. Le peuple aura été une nouvelle fois ignoré, méprisé et piétiné.

Emmanuel Macron braque encore davantage les Français et les syndicats en cherchant à faire passer sa réforme impopulaire aux forceps constitutionnels et en bafouant la démocratie sociale. Son projet n'a plus du tout de légitimité. Il risque une censure d'ici ce lundi.

Les Français sont blessés. Ils n'ont plus confiance dans l'exécutif qui n'a aucune majorité sur ce texte et qui cherche aujourd'hui à contourner la volonté du peuple. Le Gouvernement peut être renversé.

Pierre Duriot

Je me marre… j’étais dans le cortège de la manifestation, contre la réforme des retraites, parce que c’est un héritage gaulliste et que nous y tenons, à ce dispositif qui permet, normalement, à chacun de vivre dignement, arrivé à l’âge où le corps ne peut plus travailler. Et qu’on ne vienne pas nous dire que le système est en péril, puisque le COR et l’INSEE ont dit qu’il ne l’était pas. Même Attali, le liquidateur, estime que Macron n’a pas à aller chercher bien loin les 12 milliards qui ne manquent même pas. Non, le plus drôle, sont ces infâmes gauchistes, qui braillent contre celui qu’ils ont fait élire, pour éviter le chaos avec Marine Le Pen, paraît-il. Le chaos, ils l’ont, alors heureux ? Marine Le Pen aurait-elle fait pire ? Rien n’est moins sûr. Au moins, avec elle au pouvoir, ces braillards auraient voté une motion de censure pour faire tomber un gouvernement. Ils pourront toujours se consoler en pensant qu’avec Macron, ils ont eu une « forme moins grave » du chaos, ce qui, comme pour le vaccin, est tout à fait invérifiable. Si seulement, pour la prochaine élection, ça leur apprenait à rester dans leur boulot de syndicaliste et qu’à l’occasion du second tour, ils ferment leur grande g… ce serait déjà un sacré progrès.

Premières leçons du combat contre la réforme des retraites

Jacques COTTA

À l’heure où j’écris ces quelques lignes, le sort de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron n’est pas encore connu. Adoption à l’Assemblée nationale après le Sénat grâce au vote des députés LR, utilisation de l’article 49.3 par le gouvernement pour imposer sans vote la loi macronienne, dépôt d’une motion de censure ou de plusieurs au résultat incertain… Quoi qu’il en soit, on peut sans risque de se tromper tirer quelques leçons des semaines écoulées pour permettre entre autre de se projeter dans l’avenir qui de toutes les façons sera politiquement et socialement agité.

Les manifestations ont été massives dans toutes la France, s’inscrivant en province dans la continuité de l’irruption populaire connue lors du mouvement des Gilets jaunes. La volonté exprimée dans les sondages d’opinion – de 80 à 90% des Français pour le retrait de cette réforme – a tenu sans fléchir face à l’obstination de l’exécutif. Alors que les discours n’avaient pas manqué pour promettre la fin durable des mobilisations populaires après la répression subie par les Gilets jaunes il y a quatre ans, la lutte des classes a déjoué les prévisions des oiseaux de mauvais augure.

L’avenir risque fort d’être agité. Avec l’inflation, la hausse des prix des produits de première nécessité, la difficulté pour des millions de finir le mois, la hausse du coût de l’énergie, l’impossibilité de se chauffer, de se déplacer, de se soigner, la mise à mal des services publics les plus indispensables, avec les nouvelles initiatives gouvernementales sur le front de la protection sociale et du travail notamment, ce ne sont pas les débats idéologiques mais les conditions matérielles, la défense des intérêts vitaux de millions de citoyens mis à mal par la volonté d’une petite minorité aux ordres du capital et de l’union européenne qui préparent agitations, manifestations, révoltes, voire révolution…

Pourtant, l’appel au blocage du pays et à la grève a reçu une réponse mitigée. Les difficultés financières bien sûr ont pesé sur les capacités à cesser durablement le travail. Mais n’existe-t-il pas aussi une raison politique ?

Cette réforme, dite « réforme Macron », puis « réforme Macron-Ciotti », est au point de départ la réforme « Hollande-Touraine-Macron ». Il s’agit d’une réforme politique. La volonté de repousser l’âge de départ à la retraite incarne le combat acharné de toutes les forces par le passé pour frapper la classe ouvrière, les salariés, les jeunes ou retraités. Les renoncements, trahisons, capitulations de la gauche ne sont évidemment pas sans effet.

La responsabilité des chefs politiques et des partis traditionnels dans la perte de confiance et la division des travailleurs est aussi celle des responsables syndicaux. L’unité affichée par les leaders de la CGT, de la CFDT et autres à la tête des manifestations est l’apparence des choses.

La véritable unité qui pèse est celle qui rassemble les leaders syndicaux dans la confédération européenne des syndicats, bras armé de l’Union européenne dans le monde du travail. La classe ouvrière ne peut affirmer sa force qu’à travers des organisations indépendantes du capital et du gouvernement. L’indépendance de classe, voilà le problème…

La force de Macron, dont la faiblesse objective est évidente, réside dans l’absence totale de toute alternative politique. Le wokisme de la FI et de la NUPES un jour, son discours radical un autre, ne peuvent convaincre personne. Macron le sait et en joue. Pendant qu’il offre les retraites au groupe LR, le voilà qui propose l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution, cela pour satisfaire la FI qui en faisait une question identitaire, alors que nul ne se propose en fait de revenir sur ce droit fondamental et élémentaire.

Cette question mêle d’ailleurs le politique au syndical. Tous les responsables ont appelé hier à « voter Macron » contre le « danger fasciste incarné par Le Pen ». En réalité c’est à eux, les « chefs » de la gauche entre autre, que nous devons Macron et la réforme des retraites. Cela pèse dans une partie des couches populaires qui a le sentiment d’être tout de même prise pour le dindon de la farce.

Et la démocratie ?

La démocratie est battue en brèche. Le caractère totalement antidémocratique de la Vème République dont les institutions permettent, à coup d’articles que l’on découvre jour après jour, de faire passer contre la volonté populaire les lois du président Bonaparte, apparaît au grand jour.

La gestion de la réforme des retraites par l’exécutif ne sera pas sans conséquence dans l’avenir. La « violence » macronienne, permise par l’application des institutions, prépare la victoire de Marine Le Pen en 2027, et lui laissera un système avec un Élysée puissant, sans contrepouvoir.

Si la situation va jusque là, les mêmes qui se sont affirmés comme « le rempart à Le Pen », qualifiant le RN de parti fasciste alors qu’il s’agit d’un parti de la droite autoritaire comme il en existait à droite du RPR des années 1980, et qui ont ainsi justifié leur choix pour Macron, préparent simplement le lit de la responsable du Rassemblement National.

Mais rien ne dit que la situation ira jusque là.

La Vème République est flageolante, les forces sociales sont en mouvement, et la situation, quelle que soit l’issue sur les retraites, demeure bien imprévisible… 15/3/2023

13 mars 2023

Réforme des retraites : et si la classe politique avait tout faux ?

Maxime Tandonnet
Publié le 11 mars 2023


Texte ci-dessous : ma position n’est pas de principe contre une réforme. Elle consiste à dire que cette réforme-là relève de l’imposture : son intérêt effectif est, non pas réduit, mais nul, inexistant. Or ce constat est tabou. J’attends toujours qu’une autorité morale ou intellectuelle ou politique ait le courage de le dire. Ils sont en train de déclencher une nouvelle déchirure sociale – alors que la France a tant besoin de stabilité et de concorde – pour du néant. Ensuite, je suis convaincu que dans une vieille nation comme la France, il est monstrueux de réformer contre le pays profond 75% de ses habitants, 90% de ses travailleurs. La France n’appartient pas à une caste déconnectée qui se prétend éclairée et entend faire le bien des gens contre eux-mêmes ; elle appartient à ses habitants. Pour réformer, il faut d’abord écouter, expliquer, convaincre. Sinon, c’est la loi du mépris qui s’impose. Tel est le fond de ma pensée sur tout cela ou plutôt, de ma sensibilité : je ne supporte pas qu’on se moque du monde. Et de tout cœur, je remercie le Figaro Vox de me permettre d’exprimer cette sensibilité.

« Le résultat des élections de 2022 doit impérativement prévaloir sur les sondages et sur "la rue" » : cette affirmation domine le discours officiel, politique et médiatique, pour justifier la volonté du pouvoir actuel et de ses alliés de mener à son terme, quoi qu’il arrive, l’emblématique réforme des retraites. Ainsi, le report à 64 ans du départ de l’âge à la retraite, dérivé de la promesse de campagne de M. Macron de porter cet âge à 65 ans, serait comme gravé dans le marbre. Un tel raisonnement se heurte à l’esprit initial de la Ve République. Dans l’esprit de son fondateur, Charles de Gaulle, l’élection ne valait pas une sorte de chèque en blanc pour les dirigeants politiques, dont la légitimité pour réformer le pays reposait, au-delà du scrutin initial, sur la confiance populaire préservée. D’où les referendums successifs où le Général engageait sa confiance et la poursuite de son mandat. Présider ou gouverner la France contre son gré, sans la confiance et le soutien populaire, était inconcevable à ses yeux.

Les faits lui donnent raison. C’est une erreur profonde de prétendre qu’en élisant le président Macron en 2022, une majorité des Français (globalement) lui a accordé un feu vert pour mettre en œuvre les 65 ou 64 ans. La présidentielle de 2022 s’est déroulée sans véritable campagne, sans le moindre débat de fond, entre les terreurs covidesques et le déclenchement de la guerre d’Ukraine. Le choix de nombreux électeurs de l’actuel président était dominé par la crainte de voir M. Mélenchon ou Mme le Pen parvenir à l’Élysée. Certes à un moment de la campagne, pour couper l’herbe sous le pied de la candidate de droite, le candidat-président a annoncé un report de l’âge de la retraite à 65 ans (tandis que quelques mois auparavant, il fustigeait cette mesure comme hypocrite). Mais il est abusif d’affirmer que les électeurs (dans leur ensemble) avaient cette mesure à l’esprit quand ils ont voté dans un contexte global extrêmement anxiogène. Quant au message principal des législatives qui ont suivi, avec 46% de participation, le refus d’accorder une majorité absolue au chef de l’État manifestait bien au contraire une volonté populaire de ne pas accorder au président un blanc-seing, y compris sur les 65 ans.

La séquence politique actuelle est dramatique pour la démocratie française. La mesure phare des 64 ans est immensément impopulaire et rejetée par les trois quarts des Français et les neuf dixièmes des actifs comme le prouvent toutes les enquêtes d’opinion, confirmant une réalité que chacun peut percevoir dans sa vie quotidienne. Or, sous de mauvais prétextes, la classe dirigeante donne le sentiment de n’en tenir aucun compte. Elle s’enfonce dans une attitude qui manifeste une sorte de fuite dans le mépris et la déconnexion. Pire : dans ce bras de fer entre les élites dirigeantes et le peuple, c’est le peuple qui a raison sur le fond. Les 64 ans ne servent strictement à rien compte tenu de la règle des 43 annuités. Leur unique effet sera d’obliger à travailler plus de 43 ans quelques catégories de travailleurs ayant commencé avant 21 ans donc ayant peu fait d’études (et échappant aux dérogations prévues pour les carrières longues). Le reproche d’inutilité et d’injustice envers cette mesure totémique est avéré. L’image d’une classe politique obtuse, refusant d’écouter le pays, à l’abris de ses palais et engoncée dans l’indifférence pendant que la France populaire s’enfonce dans une nouvelle galère – le blocage de l’économie et des transports – est dévastatrice.

Selon le discours dominant le président « ne pourrait plus gouverner s’il renonçait à cette mesure ». Pourtant, qu’il cède ou non, la confiance, déjà fragile, sera définitivement rompue avec le pays, obérant gravement la suite de son mandat. Et quasiment toute la classe politique sortira perdante de cette épreuve de force entre elle-même et la Nation. Les leaders officiels de la droite LR se sont gravement compromis avec la majorité présidentielle dans une logique d’arrogance au prétexte de coller à un programme qui, à quatre reprises (présidentielles et législatives), a contribué à leur défaite. La Nupes a fait naufrage dans l’outrance. Cette crise sociale a aussi montré les limites de la « dédiabolisation » du RN, avec lequel les syndicats rejettent tout contact, un parti qui ne parviendra jamais à incarner l’apaisement et une réconciliation dont la France a tellement besoin. Dans cette débâcle qui signe peut-être le paroxysme de la décomposition politique et semble ouvrir sur un abîme, seuls les « frondeurs » de la droite LR pourraient éventuellement tirer leur épingle du jeu. Ils sont une vingtaine de la jeune génération LR. Ils ont compris (contrairement aux leaders du parti) qu’au-delà de l’emblématique report à 64 ans (encore une fois inutile et injuste) se jouait un bras de de fer entre les « élites dirigeantes » incarnées par la présidence Macron, et la France populaire, le monde du travail. À condition cependant de ne pas faire naufrage à leur tour dans la mégalomanie, la prétention solitaire et le culte de la personnalité.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2023/03/11/reforme-des-retraites-et-si-la-classe-politique-avait-tout-faux-pour-figaro-vox/

10 mars 2023

Retraites : voici comment tout arrêter

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

Les députés de Renaissance qui ne voteront pas la réforme des retraites seront exclus et perdront leur place en commission. C’est l’information qui est passée sur BFMTV. On ne saurait être plus clair, or « Tout mandat impératif est nul », affirme l’article 27 de la Constitution de 1958 : cela signifie que les députés se déterminent librement dans l’exercice de leur mandat. Ils ne sauraient être prisonniers d’intérêts locaux ou catégoriels. Aucune injonction à agir dans tel ou tel sens ne peut leur être adressée.

Il y a lieu pour les oppositions de saisir le Conseil Constitutionnel pour destituer l’ensemble de ce groupe, le dissoudre, et demander l’annulation du futur vote, entaché par cette consigne.

C’est sans doute là l’erreur qui pourrait nous sauver de la catastrophe à venir, et remettre la démocratie au cœur de notre république.

On savait la Macronie peu encline à respecter les règles mais on l’espérait plus fine. Il est vrai qu’en matière de délicatesse et d’habilité d’esprit, il y a longtemps qu’elle ne trompait plus personne. Sa vantardise la perdra, il ne fallait pas officialiser cet oukase qui aurait dû rester secret.

Qui aura assez de cran pour se dresser contre cet ordre, qui osera affronter ce pouvoir ? Le chantage aura-t-il raison de la liberté de penser, d’agir des députés ? Où sont-ils d’ores et déjà totalement phagocytés par le gourou, incapables de porter leurs convictions jusque dans l’hémicycle, tout juste bon à courber l’échine et à obéir ?

Que le Conseil Constitutionnel ne vienne pas nous sortir une excuse bidon. La déclaration a été publique, suffisamment précise et détaillée pour que le futur vote soit entaché de cette irrégularité, qui ne peut souffrir d’une quelconque once de proportionnalité. À partir du moment où il y a pression et menace, le vote n’est plus libre et éclairé, il est donc nul. C’est bien le cas, d’autant que cette communication a été faite suite à une réunion de groupe à l’Assemblée nationale. On ne saurait nous opposer qu’il s’agissait d’un entretien informel privé, dont les décisions n’avaient pas un caractère impératif. C’est exactement l’inverse. Même ceux qui étaient convaincus du bien-fondé de cette réforme ne sont plus crédibles, on ne pourrait, sans faire preuve d’une mauvaise foi avérée, faire le tri entre les votants. Seuls ceux qui auront voté contre pourront se prévaloir d’une liberté totale de leur choix, les autres non. Dans ce cas le vote est nul et le groupe doit être sanctionné. Nul ne doit s’exprimer sous la menace d’une sanction, ou d’une contrainte, c’est la définition contraire de la liberté et dans ce cas précis de l’exercice d’un mandat électif.

Il appartient donc aux députés de l’opposition de se saisir de cette affaire pour faire tomber ce gouvernement, ou du moins nous débarrasser de cette loi une fois qu’elle aura été votée, si tel est le cas, par cette macronie placée de fait, dans l’illégalité la plus totale. Mais vont-ils le faire ? Avec eux, tous les renoncements étant possibles, rien n’est moins certain. Si nous savons que c’est envisageable, eux dont c’est le métier aussi. Nous les observons, qu’ils ne se trompent pas. Quant aux députés de Renaissance, nous ne pouvons que les engager à faire preuve d’un sursaut d’orgueil et de dignité. Que représenteront-ils aux yeux de leurs électeurs après s’être pitoyablement couchés pour une place en commission ? Dormiront-ils paisiblement, la conscience tranquille, sans penser qu’ils se sont compromis et humiliés jusqu’à abandonner leur libre pensée ? Il y a eu un moment où ceux qui n’ont plus suivi Robespierre ont eu un destin plus agréable que les autres…

9 mars 2023

Réforme des retraites "de gauche" et "sans perdant": Dussopt prend les Français pour des gogos

Louis Nadau / Marianne

- 6/3/2023 - Selon le ministre, interrogé par Le Parisien ce dimanche 5 mars et franceinfo ce lundi, la réforme des retraites serait « de gauche ». La farce ne s’arrête pas là, puisqu’après trois mois de décorticages médiatiques de sa réforme, Olivier Dussopt ose un triple saut périlleux arrière en affirmant que cette dernière ne fera « pas de perdant ».


« C’est une réforme de gauche, qui aurait pu être portée par un gouvernement social-démocrate », insiste donc Olivier Dussopt dans Le Parisien. Et d’ajouter sur franceinfo : « La dernière réforme des retraites qui est intervenue dans notre pays, c'est fin 2013, quinquennat de François Hollande. Je l'ai votée. » Quelle meilleure référence que le quinquennat de François Hollande pour départager gauche et droite ? Et quel gage social plus solide que le vote d’Olivier Dussopt ? « Une réforme de droite, ce serait une réforme sans les mesures d'accompagnement que nous avons proposées continue le ministre. Ce serait uniquement les 64 ans, sans aucune mesure sur les carrières longues et la pénibilité. » Sauf que ces « mesures d’accompagnement » sont issues des discussions avec… Les Républicains. C’est par exemple le cas de la durée de cotisation pour les carrières longues, amendée à la demande de LR. Il fallait donc des députés de droite pour rendre le texte plus compatible avec la gauche.

« SAUVER LE SYSTÈME PAR RÉPARTITION »

En bon disciple du « en même temps », Olivier Dussopt martèle l’idée que ramener la réforme « nécessaire, juste et équilibrée » à une vulgaire grille de lecture gauche-droite n’a pas grand sens. « Au cours des vingt dernières années, il y a eu cinq réformes : quatre par la droite, une par la gauche. Aucune des nouvelles majorités n'a remis en cause ces réformes, remarque le ministre du Travail. Ce que je dis, c'est que la réforme que nous menons, un gouvernement social-démocrate la mènerait, à condition de vouloir sauver le système par répartition. » Système par répartition qui, rappelons-le, n’a pas besoin d’être sauvé, dixit le président du Conseil d’orientation des retraites, Pierre-Louis Bras, selon qui « les dépenses de retraites ne dérapent pas » et « diminuent plutôt à terme dans la plupart des hypothèses ». En revanche, ces dépenses ne sont « pas compatibles avec les objectifs de finance publique du gouvernement », c’est-à-dire avec le choix politique consistant à faire peser l’effort financier sur les travailleurs.

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Olivier Dussopt prétend en outre que sa réforme ne ferait « pas de perdants » parmi les Français. « Il n’y aura pas de perdants, car les pensions ne baisseront pas », affirme le ministre dans Le Parisien. « La réforme demande des efforts aux Français. Cela oui. Mais nous faisons en sorte qu’ils soient le plus justement répartis. » Ne dites pas « perdre au change », mais « demander des efforts ». Comme l’avait relevé Libération, Olivier Dussopt enferme ici le débat dans cette fausse alternative : repousser l’âge de départ ou baisser les pensions. L’étude d’impact présentée par le gouvernement écarte la seconde branche de l’alternative « en raison de l’incidence négative d’une telle mesure sur le revenu, donc le pouvoir d’achat, des retraités ». Mais c’est donc bien avec cette option que le ministre compare la réforme. Nul besoin d’examiner les propositions de l’opposition de trouver d’autres possibilités : une note rédigée par le Haut-Commissariat au Plan, dirigé par François Bayrou, suggère par exemple d’augmenter d’un point les cotisations retraites versées par les employeurs, afin de dégager 7,5 milliards d’euros.

LE CORTÈGE DES PERDANTS

N’en déplaise au ministre du Travail, les perdants de la réforme des retraites existent bien, et ils sont nombreux. Première catégorie de perdants de la réforme – la plus importante numériquement : les travailleurs pour qui l’âge de départ à la retraite sera décalé. Puisque la communication du gouvernement met en avant « que quatre travailleurs sur dix pourront prendre leur retraite avant 64 ans », sa contraposée est évidente : six travailleurs sur dix devront partir à 64 ans, voire plus pour obtenir une retraite complète. Autres perdants : les travailleurs nés avant 1972, pour qui l’accélération du passage de 42 à 43 années de cotisation ajoutera des trimestres à valider pour partir à la retraite à taux plein.

Suivent les travailleurs misant sur une surcote – c’est-à-dire l’obtention d’une pension plus confortable grâce aux trimestres cotisés en continuant à travailler après l’âge légal de départ à la retraite (c'est-à-dire l'âge de départ à la retraite le plus précoce possible). Pour ces Français ayant choisi de jouer les prolongations, le recul de l’âge légal signifie donc un manque à gagner. « J'ai entendu cet argument dans la bouche de parlementaires de gauche, s’amuse Olivier Dussopt sur franceinfo. C'est assez fantastique : ils nous expliquent qu'il ne faut pas travailler plus longtemps, qu'il ne faut pas reculer l'âge, mais en même temps qu'il faut encourager les gens à travailler après l'âge de départ. » Il n’y a pourtant aucune incompatibilité entre souhaiter que les Français ne soient pas obligés de partir plus tard à la retraite, tout en étant favorable à ce que ceux qui travaillent plus vieux aient une meilleure pension.

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7 mars 2023

Réforme des retraites, la duperie et le chaos

Maxime Tandonnet


Manifestations, grèves, une nouvelle période noire s’ouvre aujourd’hui pour le pays. Pourtant, rien ne ressemble plus à une gigantesque duperie que cette réforme des retraites. Les 64 ans, qui mettent l’opinion et les syndicats en colère, constituent un leurre lamentable, rigoureusement inutile dès lors que la règle des 43 annuités reporte l’âge du départ formel à la retraite bien au-delà de 64 ans et dès lors que des dérogations ont été adoptées pour que les personnes ayant travaillé avant l’âge de 21 ans ne soient pas contraintes de travailler au delà de ces 43 annuités, sauf plusieurs exceptions – victimes émissaires – destinées à faire croire que cette réforme sert à quelque chose. La France a beaucoup souffert ces dernières années : attentats terroristes, crise des Gilets Jaunes, mouvement social, deux années d’Absurdistan sanitaire, vertigineuse poussée inflationniste. Et voici que le pouvoir politique rajoute – sans la moindre raison utile ou valable – une nouvelle épreuve au pays. Pour rien, ou quasiment rien, il replonge la France dans le chaos. L’idée est de mettre en œuvre une promesse de la campagne présidentielle, les 65 ans, lâchée spontanément à des fins politiciennes, dans un contexte électoral où les Français ont de toute évidence voté, non en faveur de cette proposition, mais par défaut, pour éviter M. Mélenchon ou Mme Le Pen. La France entre dans une nouvelle période de turbulence qu’elle doit à l’horreur narcissique et à la lâcheté opportuniste d’une partie de sa classe politique. Cette réforme est immensément impopulaire. Une caste hors-sol, dominée par l’entre-soi, prétend faire le bonheur du peuple contre lui-même. Cela s’appelle le mépris.



Le 7 mars avec Jaurès

Jacques COTTA

- 1/3/2023 - Alors que le gouvernement semble vouloir persister dans sa volonté d’imposer sa réforme des retraites, une immense majorité veut toujours la voir abrogée. La capacité de bloquer le pays le 7 mars décidera sans doute de l’issue.

Dans de nombreux secteurs, l’appel à la grève reconductible est déjà à l’ordre du jour. Les cheminots, tous syndicats réunis, ont déjà fait connaitre leur décision. Signe révélateur, les adhérents de la CFDT, qui pourtant dans les années passées ont été appelés à accepter les réformes gouvernementales, ont cette fois-ci voté à 80% pour le blocage. FO et CGT chez Véolia se prononcent pour une grève illimitée. La CGT occitane a pris une position identique. Le climat chez les hospitaliers, les enseignants, dans la jeunesse n’est pas plus apaisé. Dans un contexte de mécontentement général, d’augmentation du coût de la vie, d’inflation touchant notamment les produits alimentaires, d’aumône patronale avec la provocante décision de Total de bloquer jusqu’à la fin de l’année le prix du super et du diesel à 1,99€, histoire de nous habituer dans le meilleur des cas à un prix à 2€ par la suite, tout concourt à un ras-le-bol généralisé qui pourrait bien déboucher sur une explosion aux conséquences imprévisibles.

Comme nous l’avons déjà expliqué ici, plus que sociale ou économique, l’enjeu de cette réforme est politique. Pour Emmanuel Macron, il faut humilier, soumettre, asservir. Si elle passe, la défaite infligée à la grande majorité des Français devrait permettre, du moins l’Élysée le pense, d’avancer sur tous les autres dossiers, dont la protection sociale qui représente des milliards à capter. Mais le jeu est risqué. Si Macron est contraint de reculer, il se trouvera affaibli et en situation d'impossibilité à poursuivre dans la voie tracée par ses donneurs d’ordre et l’union européenne. Plus que le gouvernement, c’est une crise de régime sérieuse qui pourrait bien se profiler. Du coup, Macron compte sur toutes les combines possibles pour s’en sortir, cherchant l’appui de tout ce qui est attaché à la 5ème république.

Au Sénat, le groupe LR fait « ses offres de service », au risque de voir emporter ce qu’il en reste dans la révolte populaire. Mais l’argument est logique. Comment s’opposer sur ce qui a été le fer de lance de la droite traditionnelle durant des années, l’argument phare de Fillon avant qu’il ne disparaisse dans sa sombre histoire de costume et de salaires indus versés à sa moitié ?

La crise de régime inquiète de toute part. Comment comprendre, par exemple, les propos de Fabien Roussel, secrétaire nationale du PCF, qui, sur France Info indique qu’ "au sénat, dans le calme, nos élus communistes présenteront des amendements pour améliorer la réforme des retraites" ? Fabien Roussel aurait-il oublié qu’il n’y a rien à améliorer, que les Français considèrent cette réforme comme non négociable, et non amendable.
Dans le camp syndical, l’appartenance de la CGT et de la CFDT à la confédération européenne des syndicats, bras armé dans le monde du travail de l’UE, donne un éclairage précis aux déclarations de Philippe Martinez à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon, au sujet de la pluie d’amendements déposés au palais Bourbon, avec comme reproche essentiel le fait que « l’article sur les 64 ans n’a pu être débattu », et aux propos du président de la CFDT Laurent Berger, qui tout en se joignant sous la pression « d’en bas » à l’appel au blocage, y fixe déjà des limites. C’est aussi sur la peur d’une crise institutionnelle, d’une crise de régime et les liens avec l’union européenne que compte Macron pour tenter de s’en sortir.

Rarement la situation n’aura été aussi tranchée, aussi nette entre d’une part les profiteurs et leurs alliés, et d’autre part la plus grande partie du peuple, les travailleurs, les ouvriers, les salariés, les jeunes et retraités. Le capitalisme connaît une crise profonde et les lois de la lutte des classes qui s’imposent aujourd’hui s’inscrivent dans l’histoire sociale et politique de notre pays et rappellent la situation que dénonçait déjà Jean Jaurès au début du siècle dernier, lorsqu’il soulignait « le contraste entre l’énorme misère du prolétariat industriel et l’insensibilité sociale de la bourgeoisie ».

Du leg que nous a laissé le fondateur de « l’humanité », le porte voix des mineurs de Carmaux, le combattant socialiste inlassable aux côtés des verriers, des viticulteurs, des syndicalistes réprimés, le défenseur de Dreyfus pour qui « nous ne sommes pas tenus, pour rester dans le socialisme, de nous enfuir hors de l’humanité », l’homme gagné au socialisme qui mêle le marxisme aux traditions révolutionnaires et républicaines françaises, un des legs le plus important donc, est sans doute la détermination dont il a fait preuve jusqu’à son dernier souffle, exprimée notamment dans sa plaidoirie au procès qui opposait le journaliste Gérault-Richard au président de la République Jean Casimir-Perier :

« Et vous vous étonnez de la véhémence de nos paroles, de la force de nos accusations ! Mais songez donc que nous parlons au nom d’un siècle de silence ! Songez donc qu’il y a cent ans il y avait dans ces ateliers et dans ces mines des hommes qui souffraient, qui mouraient sans avoir le droit d’ouvrir la bouche et de laisser passer, en guise de protestation, même leur souffle de misère : ils se taisaient. Puis un commencement de liberté républicaine est venu. Alors nous parlons pour eux, et tous leurs gémissements étouffés, et toutes les révoltes muettes qui ont crié tout bas dans leur poitrine comprimée vibrent en nous, et éclatent par nous en un cri de colère qui a trop attendu et que vous ne comprimerez pas toujours. »

C’est avec la même détermination que Jaurès combattait pour qu’une grève générale internationale réalise l’unité des travailleurs de toute nationalité contre la guerre et la barbarie annoncée hier à la veille de 1914 dans le conflit Autriche Serbie comme aujourd’hui dans l’opposition entre l’Ukraine et la Russie.

À trois jours du déclenchement de la guerre, Jaurès était assassiné.

Tant sur la question internationale que sur la question sociale au niveau national, Jaurès, sa pensée et son combat sont d’une brûlante actualité.

En 1917, Léon Trotski concluait un éloge de Jean Jaurès, que nous pouvons reprendre à notre compte sans hésiter, par ces mots :

« Jaurès, athlète de l’idée, tomba sur l’arène en combattant le plus terrible fléau de l’humanité et du genre humain : la guerre. Et il restera dans la mémoire de la postérité comme le précurseur, le prototype de l’homme supérieur qui doit naître des souffrances et des chutes, des espoirs et de la lutte. »


18 février 2023

Retraites : plus nul que la NUPES, tu meurs…

Gilles La Carbona & Pierre Duriot

Voilà, la réforme des retraites file au Sénat, sous l’œil satisfait de la macronie, sans que l’article 7, concernant les 64 ans n’ait été débattu. La controversée NUPES, ce ramassis de bras cassés provocateurs, est l’unique responsable de cette bévue. Avec plus de 20 000 amendements, ils ont volontairement ralenti les débats, jouant de l’obstruction comme d’une fine stratégie, alors que c’était la pire des choses à faire. Nous l’avions dénoncé au RPF, mais comme la NUPES n’écoute qu’elle-même, enfoncée dans sa stupide arrogance sectaire, elle a maintenu ses amendements, se croyant très forte. Prétendant ne pas faire comme le RN, elle a fait le jeu de la macronie, comme d’habitude, qui n’attendait que le terme des débats, pour tranquillement transmettre cette loi au Sénat. L’ami Larcher va se faire un plaisir de faire voter le texte, lui qui l’a promis à Macron cet été. La NUPES est tombée dans le piège grossier qui lui était tendu. Aveuglée par son idéologie rigide et intolérante, engluée dans sa sombre bêtise, elle a fait le jeu de la macronie… ses gesticulations post-débats n’y changeront rien. Les syndicats, pourtant amis, lui avaient demandé de retirer les amendements, pour que l’article 7 puisse être voté et rejeté. C’était le point le plus important, la réforme des retraites repose sur ce recul de l’âge, même un enfant de 7 ans l’aurait compris, mais les idiots utiles de la NUPES, non.

Autant de bêtise est désolant, et même agaçant. On se demande s’il n’y a pas eu collusion avec Macron. On en vient à douter de la sincérité de ces « opposants », tant l’évidence de la manœuvre saute aux yeux. Ces débats n’auront servi à rien, et l’indignation, les insultes, que cette formation s’est ingéniée à perpétrer durant les séances, n’ont pas grandi ses orateurs de supermarché, mais ont au contraire, mis en exergue leur manque de discernement. Ils ont, par leur absurde posture, contribué à faire passer cette loi. Macron n’en demandait pas tant, mais il savait à qui il s’adressait. Bouffis d’orgueil, prétentieux jusqu’à la nausée dans leur dogme érigé en véritable religion intransigeante, ils se sont laissés emporter dans une logorrhée furieuse, qui faisait le jeu de la macronie, obligée de rester calme face aux provocations, certaine qu’à la fin de l’envoi, c’est elle qui aurait le dernier mot. C’est exactement ce qui s’est passé, et nous l’avions au RPF, signalé il y a quelques jours déjà. Qu’ont-ils apporté dans le rejet de cette loi ? Rien, le bilan est à leur charge… négatif. La NUPES porte l’entière responsabilité du non vote de l’article 7, ce n’est pas une faute, c’est une collaboration zélée, dans le pur esprit pétainiste des « pleins pouvoirs ». Il reste à souhaiter qu’à l’issue de l’examen au Sénat, la commission mixte paritaire ne s’entende pas et qu’une nouvelle lecture soit faite, avec entre-temps une mobilisation suffisamment forte pour faire reculer le gouvernement. Si rien n’est perdu, rien n’est encore gagné, loin de là.

En face, Borne explique que le RN n’avait rien à proposer. Évidemment, il n’y a rien d’autre à proposer que le retrait pur et simple de cette réforme, dont tous les spécialistes, du COR et de l’INSEE, disent qu’elle n’est pas nécessaire, puisque le système n’est pas en péril. Dussopt, de son côté, explique qu’elle permettra d’atteindre le plein emploi. On ne voit pas le rapport. Toute la communication gouvernementale repose sur des postulats faux : la répartition n’est pas en péril et cette réforme n’a strictement rien à voir avec le plein emploi. Comme pour le Covid, le vaccin, le chômage, l’Ukraine, l’État use de propagande, de mensonges et de contre-vérités, pour faire passer un agenda ne contribuant en aucune manière au redressement du pays, mais qui poursuit d’autres objectifs, entre autres, celui de la liquidation des acquis de ce qu’on appelle le gaullisme-social et qui a garanti pendant des décennies le droit du travail et le maintien d’une rémunération honnête des retraités. La NUPES, par sa posture idéologique stupide et le comportement indigne de ses élus, a fait tomber, ce pour quoi elle prétend se battre : elle en sera redevable devant ses électeurs.


17 février 2023

Denis Collin

Une très confuse discussion s'est ouverte à gauche pour savoir s'il fallait faire de l'obstruction ou si l'on devait discuter l'article 7, celui qui prolonge à 64 ans l'âge de départ à la retraite. Tout cela est une sinistre farce. Car il n'y a pas de discussion possible. Le gouvernement a choisi la procédure accélérée (47.1) justement pour empêcher le débat et faire adopter son projet "quoi qu'il en coûte". La seule attitude digne eût de refuser de cautionner la farce macronienne, de cesser de faire comme si nous avions un réel parlement, de ne plus faire les figurants d'une pièce écrite par l'exécutif et donc de se retirer sur l'Aventin, comme le firent les plébéiens romains en -494. Évidemment, ceux qui ont fait élire Macron préfèrent rester acteurs (de second plan) dans la farce.