Il n'y a pas de société... C'était la forte pensée de Mrs Thatcher et on peut finir pas croire qu'elle a raison. Nous vivons dans notre bulle, nous préoccupant de nous-mêmes, nous accordant avec d'autres bulles au gré des vents qui font voleter ces bulles. Nous sommes résolument devenus hostiles à toute obligation collective, ni la messe du dimanche matin ni la réunion de cellule du parti ne peuvent nous sortir de notre bulle. Sans que nous parvenions à réagir, nous voyons notre monde en train de s'effondrer — je n'ai pas dit le monde, mais notre monde. Ce monde qui s'effondre valait-il le coup d'être défendu ? J'ai la faiblesse de croire qu'il en valait la peine, que la "grande culture" occidentale est une expression magnifique de l'esprit humain et que ces droits de l'homme que nous héritons du christianisme est le gage de la perfectibilité de l'être humain. Tout cela, me dira-t-on, était seulement l'ornement du capitalisme. Maintenant, nous allons vers un capitalisme sans ornement, un capitalisme que plus rien ne retient et qui fera exploser toutes nos petites bulles.
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13 août 2023
Eric Vial
« Je ne suis pas un journaliste de gauche, je ne dénonce personne. »
« Je ne suis pas un journaliste de gauche, je ne dénonce personne. »
Guy Debord
Tel est pris qui croyait prendre.
Après les socialistes et les écologistes, les députés du groupe présidentiel à l’Assemblée nationale sont appelés à ne plus répondre aux questions des journalistes du Journal du Dimanche.
Ils considèrent que la rédaction de l’hebdomadaire est désormais dirigée par « un journaliste d’extrême droite », Geoffroy Lejeune.
Passons sur le fait qu’encore une fois ceux qui dénoncent le rejet, l’ostracisme, la violence des mots, et la stigmatisation des individus en sont souvent les premiers auteurs. Chérir la liberté de la presse, d’expression et la diversité des points de vue devraient être une valeur cardinale pour ces grands démocrates, même si une partie de cette presse est selon eux, « polémiste et populiste ». Après tout, qui juge hormis le lecteur ? La presse libre est plurielle, elle l’a toujours été, elle le sera toujours.
Au-delà, ces censeurs putatifs du JDD, lui font indirectement un sacré coup de publicité en lui donnant du crédit. Car ils produisent le sentiment que le titre de presse, par ses questions et ses articles, embarrasse l’establishment fortement contesté dans la population. Bref, ils rendent la marque JDD populaire face à des journaux plus consensuels ou considérés comme plus proches du pouvoir.
Mais surtout, ces politiciens qui boycottent (expliquant dans d’autres situations que « le boycott c’est mal ») laissent le champ libre de l’expression politique à ceux qu’ils disent vouloir combattre.
Croire qu’on est tellement important que le JDD n’attendait qu’une chose, « leurs déclarations » ; que sans elles, le Journal du Dimanche ne pourra pas travailler, est une grave erreur de jugement guidée par l’orgueil.
En général, ce sont les interviewés qui sont sollicités par un journal. Ils ne veulent pas répondre ? Grand bien leur fasse, d’autres le feront. Assurément, personne ne s’en offusquera dans une rédaction. Allez hop, au suivant ! La nature de l’information a horreur du vide. Quoi qu’il arrive, le JDD sortira ses articles.
Pour s’amuser, imaginons maintenant l’inverse : le jour où une rédaction exprimera officiellement le souhait de ne plus interroger les députés de gauche ou de la majorité, de ne plus parler des actions du gouvernement. Quelles seraient alors les réactions des élus ? Sans doute extrêmement compréhensives, comme peut-être celles de certains lecteurs d’ailleurs qui vont chercher désormais leur information sur d’autres canaux alternatifs ?
Comme disait le journaliste Jean Jaurès : « Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire. » Voilà, c’est cela qui doit animer tous les protagonistes, rien d’autre.
12 août 2023
Segundo Cimbron
La cour des comptes s'interroge sur le fait que des aides à la création (censées soutenir de jeunes artistes) soient versées à des stars établies comme Florent Pagny (271.000 €) ou Johnny Hallyday (333.000 €) pourtant mort en 2017...
(Le Figaro, 5 août 2023)
Voilà une information qui devrait faire moins de bruit que la "fraude" de Julie, mère célibataire, qui ne pensait pas qu'elle devait déclarer comme revenu à la CAF les 250 € que son père lui verse chaque mois pour l'aider à s'en sortir en puisant dans sa maigre retraite, et que la CAF vient de lui déduire de ses aides au logement avec effet rétroactif et amende.
(Cas authentique mais pas isolé)
Faut dire que Pagny et Smet ne "fraudent" pas lorsqu'ils se "délocalisent" pour payer le moins d'impôts possible au pays qui les nourrit et les adule, alors que Julie, cette mauvaise citoyenne, est censée ne pas ignorer la loi, même quand cette loi est inique et stupide...
Ces Jeux Olympiques 2024 qui se présentent si bien…
H16
On s’amuse, on rigole, le temps passe et mine de rien, dans moins d’un an, Paris devra accueillir les Jeux Olympiques d’été. Heureusement, les astres s’alignent et tout indique que ces événements sportifs seront placés sous les meilleurs auspices.
Reconnaissons-le : ces jeux tombent vraiment à point. Pour une France dont la dette dépasse à présent tous les records et dont le déficit n’en finit pas de se creuser (merci le Bruneau de Bercy), ces Jeux représentent même une vraie opportunité de dépenses somptuaires au frais du contribuable avec une probabilité de retour sur investissement complètement nulle pour le contribuable. Rassurez-vous cependant : comme on peut s’y attendre, les gros industriels, largement subventionnés, sauront s’y retrouver. Le capitalisme de connivence à la française se porte très bien.
Et c’est donc avec une bonne humeur teintée d’un optimisme d’airain que, petit à petit, ces Jeux s’organisent dans la capitale française dans le respect inclusif de tous, de toutes et mêmes de nos amis les animaux, à commencer par les surmulots dont on pressent qu’ils sauront, eux aussi, trouver leur intérêt à ce raout sportif.
D’ailleurs, en parlant d’inclusivité et de mammifères facétieux, les hordes de migrants un peu turbulents ne seront pas un souci : d’une part, la sécurité sera tenue d’une main aussi ferme qu’électronique – et, on le soupçonne, extensible à l’ensemble du territoire pour bouter le complotiste et le dissident hors nos murs. D’autre part, bien que venus en nombre grâce à l’accueil chaleureux et solidaire – surtout solidaire, d’ailleurs – de la Mairie de Paris, ces migrants sont maintenant habilement redirigés dans des endroits plus propices à leur épanouissement personnel : les jugeant sans doute un peu trop exubérants, pas tout à fait assez intégrés au décor et souffrant d’une absence un peu trop visible des “bons codes” pour nos sociétés policées, les autorités ont en effet décidé de les expédier en petits paquets surprise aux six coins de l’Hexagone.
Gageons que la Province se réjouira de ces surprises croustillantes.
Pour les épreuves, les tests menés jusqu’à présent donnent une bonne idée de ce qui pourrait se passer : l’annulation chaotique de l’épreuve de natation ce premier week-end d’août permet de situer avec précision l’efficacité et le professionnalisme des équipes en charge de toute l’organisation.
Au passage, on ne pourra s’empêcher de noter que cette annulation survient à cause d’une pollution de la Seine (dont le lit n’était pas asséché, heureusement) provoquée par une pluie diluvienne, ruinant à la fois le message officiel d’une canicule, l’autre message officiel d’une sécheresse, celui d’une capitale de plus en plus propre, et celui, enfin, d’une préparation de ces jeux tirée au cordeau.
On sera rassuré en se rappelant que les surmulots savent assez bien nager et que la pollution des lieux ne les gênera pas beaucoup. On gagnera en assurance en apprenant qu’en fait, après analyses des eaux, cette pollution n’était que très légère et – c’est ballot – ne nécessitait pas l’annulation des épreuves. On perdra toute assurance en constatant que si les épreuves furent malgré tout annulées, c’est essentiellement parce que les résultats des analyses sont parvenus trop tard, le lundi suivant.
Bref, les choses commencent à prendre la tournure qu’on imaginait déjà il y a quelques temps et on entraperçoit les contours d’une capitale 2024 particulièrement rutilante.
Cossue, même, si l’on en juge par les estimations de prix des locations pendant cette période, que certains se sont enhardis à faire pour aboutir à des chiffres croquignolets : comptant avec un optimisme assez stupéfiant sur une masse de 15 à 20 millions de touristes à Paris pendant cette période, les professionnels du milieu hôtelier auraient ainsi multiplié le prix de leurs chambres par plus de six. Une chambre actuellement autour de 90€ s’affiche parfois à plus de 1300€ dans un an, ce qui ne manquera certainement pas de scandaliser les députés LFI dont on attend les réactions avec gourmandise (sauf pour ceux d’entre eux qui louent très capitalistiquement des chambres dans la capitale, bien sûr).
Sans nul doute, les répétitions et autres tests grandeur nature permettront de rôder les procédures, décrasser les moteurs, huiler les comportements, préparer les esprits et trouver des solutions innovantes pour résoudre ou contourner les mille et un petits soucis qui ne manqueront pas de se présenter dans les dix prochains mois.
Peut-être y aura-t-il un peu de retard ici ou là dans l’un ou l’autre aménagement olympique, mais reconnaissons-le, c’est peu probable. Peut-être y aura-t-il quelques tensions au niveau de la sécurité alors que certaines épreuves se déroulent dans les quartiers les plus festifs, jeunes et remuants de la capitale ; mais cette fois-ci, on sait que les autorités sauront réagir aux hordes de supporters anglais turbulents. Peut-être les transports en commun devront faire preuve d’un peu plus de leur légendaire souplesse et capacité d’adaptation pour accommoder le flot de touristes frétillants qui ne manqueront pas de se bousculer dans la capitale ; mais il est certain que les Franciliens et les Français sont déjà confiants.
Ou presque, puisque une petite minorité (67 %, tout au plus) des habitants de l’agglomération parisienne se disent “pessimistes”, estimant que la France “ne sera pas prête”.
Allons, allons !
Compte-tenu de l’esprit inventif et de la détermination des équipes notamment municipales qui ont amplement démontré jusqu’à présent toute l’étendue de leurs compétences, il n’y a pas de doute que tout va très bien se passer.
Répartition des migrants : est-ce une bonne idée ?
Maxime Tandonnet
L’idée est à la mode et l’occupant de l’Elysée est revenu dessus à plusieurs reprises. Elle procède d’un constat simple, presque mécanique. La France reçoit environ 350 000 ressortissants étrangers « de pays tiers » (hors UE) chaque année (sans compter les demandeurs d’asile ni les migrants en situation irrégulière, mais sans compter non plus ceux qui repartent comme les étudiants, d’où le caractère très approximatif de cette statistique). Aujourd’hui, ils résident pour l’essentiel en région parisienne et dans les grandes métropoles notamment lyonnaise et marseillaise. Pour faciliter leur intégration, il faudrait, selon la doctrine actuelle, les répartir en province et dans le monde rural en voie de désertification. D’une pierre, deux coups…
Cette idée de quotas impératifs de répartition des populations migrantes vient notamment d’Allemagne, où elle est, depuis au moins un demi siècles, un principe fort de la politique migratoire – pouvant s’expliquer par le caractère fédéral de ce pays.
À titre personnel, je la trouve absurde. Elle est une forme de renoncement et de mépris. Soit les migrants sont en situation régulière, entrés avec un visa d’immigration (long séjour) ou régularisés par les préfectures ou réfugiés reconnus. Dans ce cas, en vertu du principe de non discrimination et de liberté, ils ont le droit de circuler et de résider où ils le souhaitent, comme tout homme libre sur le territoire. Soit ils sont en situation illégale et l’État n’envisage pas de les régulariser. Dès lors ils doivent retourner dans leur pays en application du droit international et du droit national. Il n’existe pas d’autre possibilité.
D’ailleurs, du point de vue de l’intégration, il est incohérent de vouloir forcer des migrants à résider dans des espaces ruraux d’où partent les jeunes Français en l’absence de possibilité d’emploi. C’est les condamner au désœuvrement et au chômage ou à la solitude : le contraire d’une politique d’intégration. Enfin, délocaliser les populations migrantes en imposant aux populations locales des centres d’accueil, plaqués arbitrairement, de manière artificielle, autoritaire et sans concertation, est une manière d’attiser les tensions sur l’immigration et de favoriser les tentations du vote extrémiste.
Cette politique relève ainsi d’un double mépris, celui des ressortissants étrangers – contraints de vivre à un endroit qu’ils n’ont pas choisis – et celui des habitants locaux. Mais n’est-ce pas le but recherché, au fond, par les apprentis sorciers ? Elle est d’une rare hypocrisie, visant, à satisfaire les idéologues sans frontièristes, résidents des bons quartiers urbains (la France affirme sa vocation de pays d’accueil) tout en les préservant d’une promiscuité redoutée avec les classes populaires issues de l’immigration, expédiées dans les campagnes. Tartufe, maître de ce monde. Tout ceci est bien lamentable… 12/8/2023
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