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31 août 2022

mélimélo

⬦ Pour ne pas avoir le bac, il faut en faire la demande.
Luc Ferry

⬦ Pourquoi devrions-nous souffrir de restrictions et privations qui ne sont dues qu'à l'incompétence et aux décisions irresponsables de nos dirigeants ?

⬦ Si Moderna attaque Pfizer pour violation des brevets, ils vont devoir prouver que Pfizer a repris leurs ingrédients, donc nous allons savoir ce qu'il y a dedans !

⬦ La nuit il fait un peu trop frais, je suis obligé de prendre un vêtement de plus quand je sors tard, c'est plus les canicules d'antan !

⬦ Sous des latitudes plus chaudes que la nôtre, est-ce que vous savez s’il y a des survivants ?

⬦ Alors cet hiver ça sera papi et mamie dans la cuisine et en plus dans le noir.

⬦ En cas d’urgences médicales, le ministre de la Santé met en place un jeu de piste.

⬦ Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, je vous propose d'essayer la routine... Elle est mortelle !
Paulo Coelho

Les conseils secrets doivent cesser

Gilles La Carbona

Après les conseils de défense COVID, dont on sait aujourd’hui qu’ils ne furent qu’une vaste mascarade, voilà ceux sur l’énergie. Ne pouvant se défaire de l’envie de nous nuire et n’ayant plus de grain à moudre avec la fausse pandémie, il se rabat sur l’énergie. L’homme aime l’emphase, il a besoin de frapper les esprits pour se grandir faute de porter, dans son action, l’excellence qu’il s’attribue. Quoi de plus martial qu’un conseil de défense ? Mais défense de quoi ? Où est l’ennemi qui frapperait à notre porte et justifierait ces alcôves furtives et ténébreuses ? Il faut bien, par un jeu savamment orchestré, justifier l’injustifiable. Restriction, pénurie, démolition de la France et de son économie, seront au menu concocté « pour notre bien ».
Il organise lui-même son petit cénacle et dirige les débats dans l’obscurantisme le plus complet. Il ne règle pas les problèmes, il les créés. C’est uniquement sa faute, si nous devons subir une hausse du prix du gaz de l’électricité et des produits alimentaires, pour suivre aveuglément et sans discernement les délires, ou les plans, de Van Der Leyen et de Biden. Il nous annonce un cataclysme et se fera un plaisir de nous dire qu’il a évité le pire grâce aux décisions prises en dehors de tout contrôle parlementaire. Cet homme se fiche de la démocratie qu’il considère comme un frein. La liberté est pour lui une plaie et il use de tous les stratagèmes pour la contourner tout en martelant qu’il agit pour notre bien.
L’opposition, qui commence à regimber, doit arrêter cette mascarade et interdire que ces conseils se réunissent en catimini, sous la seule volonté du Président. Nous ne sommes pas en régime Présidentiel pur, il est donc urgent de faire cesser cette pratique. S’empressera-t-il de classer secret défense tout ce qui va s’y dire ? S’il veut vraiment aider notre pays, la solution est simple, pour éviter une crise énergétique et sociale : cesser d’alimenter la guerre en Ukraine. Qui a protesté quand les Américains ont démantelé la Yougoslavie ? Quand les Français ne pourront plus ni se chauffer, ni se nourrir, que croit-il qu’il se passera ? Borne, après s’être félicitée de la fermeture des réacteurs de Fessenheim comme étant la panacée de l’écologie, vient aujourd’hui nous expliquer qu’il faut des restrictions dans toutes les entreprises, pour pallier la pénurie d’énergie qu’elle a elle-même organisée. La planification de nos malheurs apparaît maintenant de plus en plus clairement aux yeux des observateurs. Il est nécessaire de mettre cet homme et ce gouvernement hors d’état de nuire, par la voie légale de la destitution : on ne peut rien construire avec un président qui est devenu l’ennemi intérieur du pays.
Gilles La Carbona, secrétaire national du Rassemblement du Peuple Français, chargé du suivi de la vie parlementaire.

Travailler moins pour vivre mieux


Céline Marty, philosophe : "Il y a énormément de secteurs, de services notamment, qui brassent de l’air"

Interview par SIMON BRUNFAUT
27 août 2022


©Thomas Decamps


Pourquoi le travail occupe-t-il une place si importante dans nos existences ? La philosophe, Céline Marty publie un ouvrage* dans lequel elle montre que "le travail dévore nos vies". Selon elle, le travail est "mystifié", investi d’une idéologie qui doit être, à l'heure de la crise écologique, remise en question afin de "s'émanciper du productivisme". Et si travailler moins était la solution ?

Pourquoi avons-nous tendance à "mystifier" le travail dans nos sociétés, selon vous ?

C’est le résultat de l’accumulation de plusieurs phénomènes. Suite à la révolution industrielle, nos gouvernements ont organisé une société de l’emploi. Pour acquérir des droits sociaux et des ressources économiques, le travail déclaré et rémunéré est devenu central. On a considéré qu’il était nécessaire que tout le monde ait un emploi à plein temps pendant quarante ans. À cette exigence de travailler s’est ensuite greffé un discours sur la valeur. On a ainsi donné progressivement une valeur existentielle et morale au travail. Il y a deux siècles, ce discours n’existait pas.

Si le travail est bien un enjeu économique, vous estimez cependant qu’il n’est pas un véritable sujet politique. Comment "politiser" le travail ?

L'omniprésence du travail n’est pas remise en question, car la mise au travail est une manière de discipliner les populations : plus les gens ont du temps libre, plus ils sont en mesure de remettre en cause le système. Plus on laisse du temps libre aux gens, plus ils vont revendiquer des choses. Les gens les plus contestataires sont d’ailleurs ceux qui ont le plus de temps libres...

D’autre part, nous avons une culture politique particulière en Europe. À droite, on défend le travail, car il est le symbole de l'émancipation de l'individu. À gauche, on observe une défense du travail bien fait, par exemple, et il n'y a pas de consensus pour critiquer le travail. La critique du travail vient en réalité des milieux anarchistes et écologiques, qui posent cette question: que faut-il vraiment produire ? Comment éviter les rapports de force qui se jouent au travail ? Cette question est peu abordée à gauche, car on maintient l'espoir dans le progrès technique et l'on se limite à discuter des conditions de travail.

Quel a été l’impact de la séquence covid sur notre conception du travail ?

À l’échelle individuelle, les gens ont beaucoup réfléchi. On a parlé du travail, il y a eu un débat autour des métiers essentiels. Mais le problème, c'est qu’il n’y a eu aucune traduction politique de ces questionnements. On a pris quelques mesures de revalorisation salariale ici et là, c’est tout. Quand on écoute actuellement le discours de Macron, on a l’impression d’entendre Thatcher dans les années 80 : atteindre le plein emploi, réduire l’assurance chômage, faire en sorte que tout le monde ait un job, etc. Les conséquences du covid n’ont absolument pas été prises en compte. C’était pourtant le moment de se poser des questions, étant donné l’urgence climatique notamment...
Le secteur de la publicité et de la communication pourrait disparaître puisqu'il ne sert qu’à stimuler la consommation.

Comment adapter notre conception du travail aux enjeux écologiques? Des métiers sont appelés à disparaitre, selon vous ?

Le travail est une activité polluante et destructrice de ressources. Donc, il faut choisir ce qu’il faut produire en priorité. Le secteur de la publicité et de la communication pourrait disparaître puisqu'il ne sert qu’à stimuler la consommation. Le secteur aérien doit lui aussi être totalement repensé. Cet été, étant donné la sécheresse et les canicules, on a pu voir émerger un questionnement public au sujet de l’arrosage des golfs. C'est la preuve qu'il est possible de politiser certaines activités et de questionner leur légitimité en sachant que nous sommes appelés à repenser entièrement l’organisation de la production.
Il y a toujours eu des emplois qui ont été supprimés dans l’histoire du travail, et on l’a fait souvent sans beaucoup d’états d’âme.

Mais vous savez ce que l’on va vous opposer: il faut sauvegarder les emplois...

Il y a toujours eu des emplois qui ont été supprimés dans l’histoire du travail, et on l’a fait souvent sans beaucoup d’états d’âme. D’ailleurs, si on s’intéresse à l’histoire du travail, on voit que, très souvent, on a choisi de supprimer les emplois des travailleurs les plus revendicatifs, dans les secteurs les mieux organisés syndicalement. En réalité, quand ça arrange le politique, on supprime facilement les emplois.
Les temps libres sont tout aussi légitimes que les temps de travail.

Où devrait commencer et où devrait s’arrêter le travail, selon vous ?

Aujourd’hui, nous avons tendance à considérer que tout est travail : on va à la salle de sport pour "travailler" sa musculation, la vie de couple est un "travail", on doit "travailler sur soi", etc. En disant "tout est travail", on rend les choses extrêmement confuses. Nous avons besoin d’activités normées qui satisfont des besoins collectifs, mais le citoyen pourrait participer à normer ces activités et à réfléchir les conditions de travail. À côté de ça, il faut revendiquer du temps et de l’énergie pour les temps libres. Les temps libres sont tout aussi légitimes que les temps de travail. Les conséquences sociales et écologiques de l’hyperproductivisme sont payées par l’ensemble de la société.
L'enjeu est de construire une protection sociale qui ne dépende pas de l’emploi.

Moins travailler est donc une manière de répondre très concrètement à l'urgence climatique ?

Oui, c’est une manière de revoir notre manière de consommer et de produire. On ne cesse de nous dire qu’il faut travailler plus, mais quelles sont les conséquences concrètes de cet hyperproductivisme? Un tiers de la production agricole part à la poubelle avant même d’arriver dans nos assiettes. C’est donc un tiers des efforts, du travail humain et des ressources naturelles, qui partent en fumée. Il y a énormément de secteurs, de services notamment, qui détruisent des ressources pour brasser de l’air. On peut penser au démarchage téléphonique, par exemple. Le problème, c'est que l'on répète à longueur de journée aux gens qu’ils ont besoin d’avoir un emploi, et donc ils choisissent n’importe quoi. Tout l’enjeu est de construire une protection sociale qui ne dépende pas de l’emploi. Nous n’avons pas adapté notre système de protection sociale aux gains de productivité et au chômage de masse.
L’automatisation et la révolution numérique ont fait disparaitre beaucoup d’emplois. Mais nous n’en avons pas profité pour réduire le temps de travail.

À quel point la révolution numérique et l’automatisation ont-elles bouleversé notre conception du travail, selon vous ?

L’automatisation et la révolution numérique ont fait disparaitre beaucoup d’emplois. Mais nous n’en avons pas profité pour réduire le temps de travail. À l'heure de l'automatisation et du numérique, nous restons fondamentalement dans une société de l’emploi. Nous avons donc créé une série d’emplois artificiels pour compenser la perte d'autres emplois. On peut penser au livreur Uber qui vous apporte vos sushis, par exemple.
La course à la productivité et à la croissance n’obsède pas le monde entier.

La question du travail est liée également à l'enjeu de la mondialisation. L’argument consiste bien souvent à dire qu’il faut s’adapter à cette course effrénée, et donc travailler plus... Comment échapper à cette exigence ?

L’argument de la course à la mondialisation ne convainc pas individuellement qu’il faut travailler plus. On nous fait croire que la situation aux États-Unis, par exemple, serait désirable. Mais ce modèle social ne fait pas rêver. C’est la même chose pour la Chine. Nous ferions mieux de regarder du côté européen. En Norvège, personne ne travaille après 17h. Le modèle du surengagement est en fait très localisé et parait absurde aux yeux de certains pays. Cette course à la productivité et à la croissance n’obsède pas le monde entier.
Nous devons penser une organisation du travail plus respectueuse des humains et des conditions environnementales.

Vous plaidez pour une "société frugale". Comment la mettre en place ?

Il est nécessaire de convaincre au niveau local d’abord, au niveau des opinions publiques. Nous allons droit dans le mur, d’un point de vue humain et écologique. Nous n’avons pas le choix. En situation de crise, il faut organiser les choses autrement et le politique peut le faire très vite. Et il est possible de proposer une autre organisation du travail. En Angleterre, on vient de mettre en place la semaine de 4 jours. Nous devons penser une organisation du travail plus respectueuse des humains et des conditions environnementales.


*Travailler moins pour vivre mieux. Guide pour une philosophie antiproductiviste, Céline Marty, Dunod, 184 p., 17,90 €

https://www.lecho.be/opinions/general/Celine-Marty-philosophe-Il-y-a-enormement-de-secteurs-de-services-notamment-qui-brassent-de-l-air/10409653?

30 août 2022

Surmortalité hors Covid

Vincent Verschoore

Début juillet je publiais cet article sur le constat de surmortalité hors Covid aux USA, au RU et en France. https://zerhubarbeblog.net/.../constat-dune-surmortalite.../

Un phénomène inquiétant, un sujet tabou pour les médias mainstream, heureusement caché derrière une actualité bien assez dramatique, mais un phénomène qui se confirme de mois en mois.
Au RU, l'observateur averti qu'est le Dr John Campbell vient de publier une nouvelle analyse des chiffres officiels de surmortalité britannique.

Il en appelle à une action immédiate et approfondie par le gouvernement, y compris par le biais d'autopsies, pour saisir la cause d'une "épidémie" qui touche toutes les classes d'âges et qui, si elle perdure, va tuer plus de gens que le Covid lui-même.


Gabriel Nerciat

À VOS LUMIÈRES, GENTILS AMIS
 
À propos, est-ce que quelqu'un, parmi mes diligents amis macroniens et/ou euro-atlantistes - ou quiconque considère appartenir de plein droit au cercle supérieur de la raison rationnelle (non, ce n'est pas un pléonasme) -, est-ce que quelqu'un, donc, pourrait m'expliquer, à moi simple d'esprit buriné par l'irrationnalité de l'obscur, pourquoi, de l'aveu même du Banquier Président et de Madame von der Leyen, il est si urgent de déconstruire les souverainetés nationales en Europe (au nom de la paix, du libre-échange, de la solidarité, de l'écologie, de la créolisation, de la masse critique, du nomadisme professionnel, de la xénophilie, de l'extension des partouzes ou de je ne sais quoi d'autre) et pourquoi il ne faudrait absolument pas toucher, d'un cheveu, à la souveraineté nationale de l'Ukraine - un État qui n'existait pas il y a plus de trente ans et auquel une part conséquente de ses citoyens ne veut manifestement plus appartenir.
Toutes les réponses sont bonnes à prendre, merci.


Ces élites détestées qui nous préparent sciemment un hiver misérable

H16

(...) L’élite occidentale actuelle semble avoir un mal croissant à déclencher le moindre enthousiasme dans sa population.

Les citoyens montrent des signes clairs d’agacement surtout lorsque se multiplient les agendas délirants qu’elle fait passer avant les besoins de ces populations. Il est certes évident que les idées sont encore confuses chez l’électeur occidental moyen qui découvre, très progressivement, que les avanies qu’il a subies ces dernières années ont été entièrement architecturées et sinon voulues, au moins empirées ou déclenchées par les conduites imbéciles et obstinées de ces élites et de leurs grands objectifs mondialistes.

Il faut dire qu’est subitement devenu très visible le lien entre les décisions politiques calamiteuses prises ces 10 dernières années – favorisant les énergies renouvelables ingérables et donc le gaz – ainsi que ces dernières semaines – boycott et sanctions multiples – et l’explosion des prix de l’énergie, à la pompe ou au compteur, et qui promet un hiver particulièrement désagréable pour tous.

En outre, maintenant que l’inflation explose, il devient difficile de nier le lien entre ces choix calamiteux, les disruptions logistiques décidées pour des raisons sanitaires fumeuses, les choix de société imposés à commencer par ces choix écologiques ou cette fiscalité délirante afin d’imposer une décroissance et une désindustrialisation jugées polluantes, entrainant des délocalisations massives et un abandon de la valeur ajoutée au reste du monde...

Indéniablement, cet agacement déjà palpable se muera en détestation à mesure que les dirigeants continueront de pousser leurs agendas débiles à base d’électricité rationnée (merci Linky !), de viande remplacée par des insectes, d’abolition de propriété privée et de Pass Carbone qui ne dit pas encore son nom mais dont on chuchote de plus en plus l’existence dans les médias de révérence.

Décidément, si vous aviez apprécié les confinements en 2020 et 2021, vous adorerez leur version « ultra-sobre » cet hiver. Tout en prévoyant un pull, attendez-vous cependant à ce que la grogne monte.

Hiver démocratique

Anne-Sophie Chazaud

- 30/8/2022 - Pendant que la gogoche et la droidroite amusent la galerie et se demandent si les hommes enceints mangent 3 fois plus de barbecues que les femmes au bord de piscines qu’il faudrait interdire – ou pas –, il se passe des choses graves, des choses de grandes personnes.
Comme avec le délire sanitariste, il a donc été décidé et annoncé par Emmanuel Macron que la question énergétique serait gérée à partir de cette semaine en Conseil de Défense (couverte par le secret défense, donc).
L’ineptie, l’absence de vision stratégique de l’exécutif, la bêtise européiste – et atlantiste béate – ont conduit le peuple français dans l’impasse, alors il importe désormais de tout camoufler et, surtout, d’écarter cette question cruciale et sa gestion du champ du débat démocratique normal.
À ce propos, l’on est sans nouvelles de l’opposition qui devrait, si elle avait un peu de dignité, se lever unanimement pour demander qu’il soit mis fin à ces pratiques de gouvernance qui correspondent en réalité à un changement de régime dont on constate bien qu’il est durable. Visiblement les députés ont mieux à faire que de sauver la démocratie.
Nous avions prévenu que l’obsession sanitaire avait introduit des pratiques non démocratiques, nous avions également prévenu que ce ne serait que le début, le prétexte pour s’installer durablement en contournement de la souveraineté et de la représentation nationales. L’on fut alors qualifié et disqualifié par les habituels procès en complotisme et en irresponsabilité, dont on a bien compris désormais qu’ils servent en réalité à protéger le pouvoir contre toute forme d’opposition réelle, de contradiction et d’esprit critique. Ce qui se passe aujourd’hui démontre que nous avions hélas raison et que tout recul de la démocratie et des libertés est toujours irréversible. Aucun parti autoproclamé « de la Raison », aucun parti prétendu « de la Science » n’aurait jamais dû pouvoir sans honte se réclamer de pareilles dérives et il fallait être bien sot pour accepter cette rhétorique aussi stupide qu’indigne.
Les motifs invoqués (santé, énergie et plus tard ceci ou cela, peu importe quoi, il y aura toujours une bonne raison à ériger en peur suprême...) serviront toujours désormais à alimenter la même rhétorique de l’urgence, ce cache-sexe, cette bonne aubaine des confiscations anti-démocratiques.
Lorsqu’on dit que Winter is coming, il faut y voir aussi un hiver politique et social terrible et sans fond. Et ce serait bien de se réveiller avant qu’il ne soit vraiment trop tard.
Je vous souhaite une bonne semaine ce nonobstant.

Du discours trompeur...

Pierre Duriot

L’hôpital craque, ça on le savait. Mais cela va beaucoup plus loin. Sur France-Info, qui n’est pas spécialement une radio complotiste, un président de collectif de défense expliquait que les urgences devaient fermer la nuit et que la sécurité des patients n’était plus assurée. Il prenait comme exemple, une vieille dame, morte dans un service d’urgence, dont France-Info ne mentionnait pas le nom, après avoir passé sept heures sur une chaise, à attendre en vain qu’on la prenne en charge. Le président d’expliquer que ce genre de cas n’était pas isolé. Mais la radio nationale, pourtant légèrement la « voix de son maître », car largement subventionnée, s’est fendue d’un floutage des voix des intervenants qui racontaient ces horreurs. Et pourquoi donc ?
Explication, toujours par le président du collectif : « nous subissons des pressions impensables pour ne pas raconter la réalité » de nos hôpitaux, aujourd’hui. En réalité, malgré le Covid, la période estivale propice aux accidents, les lits ont continué à fermer, en grande quantité, pendant que le gouvernement ne communique pas sur ces décisions et pire, fait croire que tout va bien et ordonne la chape de plomb, au point que personne n’ose raconter quoi que ce soit, de peur de perdre son travail et ne propose de s’exprimer qu’anonymement et avec la voix masquée, dans quel pays vit-on ? À tel point qu’à l’hôpital de Laval, deux syndicats ont déposé un signalement auprès du procureur de la République de Mayenne, alertant sur « la mise en danger du personnel hospitalier de Laval ». Ce service souffre depuis plusieurs mois de fermetures à répétition, à cause d’un manque de personnel et de suppression de lits.
Au Rassemblement du Peuple Français, nous alertons depuis quelques temps sur la tromperie par le discours. L’État ne tente pas de résoudre les crises qui se présentent, contrairement à ce qu’il prétend, il les organise. La destruction méthodique des services publics résulte bien d’une volonté politique, du moins en ce qui concerne la santé, avec les suppressions de lits, la mise à l’écart de personnels non-vaccinés, alors même qu’il est acté que la vaccination n’empêche pas la transmission. Il en va de même, en matière d’éducation, avec la sous-rémunération chronique des profs, les recrutements hasardeux et les suppressions de postes. En matière d’énergie également, puisque le programme a consisté à fermer des centrales nucléaires, sur des critères idéologiques, pour ensuite décréter le rationnement. Ce ne sont pas seulement les personnels hospitaliers de Laval qui sont en danger, c’est la nation tout entière.


Pierre Duriot

Je me marre... prof solide, tout temps et tout terrain, derniers échelons de la hors-classe et de la classe exceptionnelle, quarante ans d’expérience, habillé pas à la mode, avec des méthodes ringardes basées sur le travail et la discipline, exigeant avec les filles et les garçons, quelles que soient leur couleur de peau, leur origine ethnique et leur religion, attend qu’on se mette en rang le matin, qu’on ne parle pas pendant le travail et qui explique et réexplique jusqu’à ce que tout le monde ait compris. Passe pour un vieux con, mais s’en fout. Sait écrire sans faute. N'a pas pris un seul jour de congé pendant le Covid. Espèce en voie de disparition. Fait sa pré-rentrée demain. C’est pas le tout de passer son été à faire le zouave sous l’eau et dans le ciel.


La France loin d’être visionnaire

Eric Vial

C’était en 2018.
J’avais assisté aux débats très intéressants sur LCP.
Dans mes souvenirs, pas un expert n’avait justifié la décision de rompre si subitement avec le nucléaire arguant qu’il y avait un risque important pour « notre indépendance énergétique » et sur « les possibles coupures d’électricité que cela pourrait engendrer ».
Mal préparée à la sortie du nucléaire, et surtout absolument pas en situation de compenser par les énergies renouvelables qui apparaissent toujours comme un pis-aller, la France a choisi de sortir au forceps par dogme et pour faire un coup de com’.
Mal lui en a pris. La guerre en Ukraine a aggravé la situation de notre dépendance énergétique. Désormais notre Pays n’exporte plus de l’énergie mais en importe, creusant du même coup notre déficit commercial. De toute l’histoire de France, jamais, y compris durant la période révolutionnaire, son déficit n’avait été aussi grand. Nos lendemains vont être très difficiles, c’est certain.
Pour compenser, la France rouvre en catastrophe des centrales à charbon dont le combustible est acheté dans le Pacifique, elle achète du gaz de schiste liquéfié aux USA, un gaz tellement dangereux pour la planète que son extraction est interdite en France : des hérésies écologiques.
Comble du comble, le gouvernement annonce désormais qu’il faudra faire des efforts cet hiver, « qu’il sera froid » , que c’est « la fin de l’abondance et de l’insouciance » préfigurant des renoncements sociaux qui seront difficile à faire passer.
Mais est-ce aux Français de supporter des décisions sur lesquelles ils n’ont pas été consultés et sur lesquelles les experts émettaient très clairement des doutes, notamment sur la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim ?
Il serait juste de ne faire supporter aux Français aucune hausse du prix de l’électricité ou du gaz ces prochains mois. Que les politiciens assument leurs choix : c’est leur responsabilité, pas celle du peuple, surtout à une époque où nous comptons 9 millions de pauvres en France !
Il en va aussi de la pérennité de l’Europe qui doit assumer ses décisions.
Les solutions sont dans leurs mains, pas dans les nôtres.


29 août 2022

François Asselineau

GAZ ALGÉRIEN : MACRON COUILLONNÉ PAR DRAGHI

• 26/11/2021 Les médias à la botte crient pour la N-ième fois au génie de Macron parce qu'il signe un traité de coopération avec Draghi.
Le "couple franco-italien" ainsi créé après le "couple franco-allemand" place la France, paraît-il, au centre du jeu européen.

• 25/3/2022 Les médias à la botte hurlent pour la N+1ème fois au génie de Macron parce qu'il annonce que la Commission européenne « aura mandat » pour faire des achats en commun de gaz.
C'est, paraît-il, un beau succès de la "Présidence française de l‘Union européenne" et cela prouve les bienfaits de cette Union européenne !

• 18/7/2022 Prenant tout le monde de court, Draghi va signer à Alger un colossal accord de fourniture supplémentaire de gaz algérien à l’Italie pour 4 milliards de dollars !
Draghi n'en a pas parlé à Macron malgré le "couple franco-italien" de novembre, n'a pas fait d'achat européen en commun malgré l'annonce de mars.

• 26/8/2022 Macron se rend en Algérie 5 semaines après Draghi dans l'espoir de signer un accord de fourniture en gaz comparable.
Mais le président Tebboune n'est d'accord que pour « un partenariat renouvelé, concret et ambitieux ».
Un intitulé ronflant pour camoufler du vide !
Ce «partenariat renouvelé et ambitieux» prévoit :
- la création d'une commission franco-algérienne sur la colonisation
- l'accueil en France de 8 000 étudiants algériens en plus du contingent annuel de 30 000 jeunes
- une rencontre de Macron avec des champions de breakdance

MAIS DU GAZ ? PAS QUESTION !

On apprend le même jour que l‘Algérie n'a plus de capacités de gaz à exporter.
Toute la marge qui lui restait a été vendue à l'Italie par l'accord signé en juillet !
Draghi a donc cocufié Macron avec maestria, en raflant tout le gaz pendant que le Mozart de la finance faisait du jet-ski.

On a aussi appris que le communiqué de victoire de Macron de mars dernier sur les « achats de gaz en commun par la Commission européenne » ne fut qu'un énième bobard de communication.
Dès que la France a quitté la prétendue "présidence de l'Union européenne", le discours de Macron a été mis à la poubelle.
 
Face à une gifle diplomatique et à un revers économique aussi cinglants, Macron a réagi avec un culot monstre.
Tel "Le renard et les raisins" dans la fable de La Fontaine, il a osé :
1/ affirmer que la France n'avait en fait pas besoin du gaz algérien alors qu'il était venu à Alger pour ça !
2/ se réjouir que l’Algérie ait tout vendu à l’Italie.

Conclusion
L'adage de Donald Trump selon lequel « Tout ce que Macron touche se transforme en merde » est une nouvelle fois vérifié.
Macron s'enfonce dans le mensonge pour tenter de cacher ses échecs phénoménaux en tout domaine.







Quand le réel percute l’idéologie…

Jacky Dufourcq

- 29/8/2022 - Nos chers journaux matinaux télévisés nous informent de la moyenne, oui la moyenne pas le maximum, d’âge du parc automobile français qui est de 12,2 ans.
Des Clio, des 207 dans une proportion importante, diesel de surcroît.
Pourquoi ces gens conservent-ils si longtemps des véhicules si anciens et d’une technologie dépassée.
Et bien, c’est une évidence parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement.
La nécessité est souvent l’argument qui conditionne les choix économiques et honni soit qui critique l‘astreinte budgétaire.
Mais alors comment ressentir l’injonction écologique, les interdictions de circuler, la propagande permanente pour « changer de modèle » adressées par les penseurs de la bifurcation climatique quand le réel de la fin de mois contraint en moyenne d’avoir un véhicule de plus de 12 ans d’âge ?
Être pauvre et même être seulement de revenus modestes est un combat permanent pour donner à sa famille le nécessaire, l’indispensable dans la dignité.
Alors cette stigmatisation écologique qui frappe en matière automobile la majorité des Français dans la réalité de l’obsolescence du parc automobile et de la difficulté pour eux d’acquérir un « bon véhicule » est simplement scandaleuse.
Elle frappe les « gens » dans la réalité de leurs contraintes.
Il faudra bien qu’un jour la Gauche repense ses relations avec les Écologistes et leur logorrhée populiste si elle veut renouer avec le Peuple.
« Les faits sont têtus, Camarades » devrait-on rappeler aux Communistes et Socialistes engagés dans une alliance avec le boboïsme écolo !
À intellectualiser en permanence, on en oublie la réalité de la condition « des gens » qui devrait être la base ou le départ d’une pensée politique pour le Peuple.
Le réel existe c’est tout !

Russie

Xavier Tytelman

- 29/8/2022 - Monsieur Jean de Gliniasty, ambassadeur de France en Russie de 2009 à 2013 et chercheurs en relations internationales, répond à nos questions sur la Russie, de l'éclatement de l'URSS au rétablissement de la Russie engagé par Poutine, aboutissant à l'invasion de l'Ukraine.



28 août 2022

Vous avez dit dérèglement climatique ?

Jonathan Sturel

Ils parlent de plus en plus de « dérèglement climatique ». Il n'y a pas si longtemps, ils ne parlaient que de « réchauffement climatique ».
La raison est simple : on ne peut propagander sur le réchauffement qu'en été, lorsqu'il fait chaud et que cette chaleur rend les gens plus attentifs à cette thématique de réchauffement. En hiver, lorsqu'ils ont froid, c'est difficile de leur bourrer le crâne avec des histoires de fortes chaleurs.
En glissant tranquillement vers le « dérèglement climatique », ils élargissent le champ d'expression de la propagande. Ils peuvent maintenant se plaindre du climat y compris en hiver puisque le problème du climat n'est plus qu'il se réchauffe mais qu'il se dérègle, or il peut très bien se dérégler aussi en hiver.
Dès qu'il fera un degré de trop en hiver, ou un degré de moins, ils pourront continuer de nous bassiner avec leurs histoires. « Oh ! On enregistre tant de millimètres de pluie sur le mois de novembre cette année, alors qu'habituellement c'est 2 millimètres de moins, preuve que le climat se dérègle complètement ! »
Et n'importe quelle petite variation, n'importe quelle petite singularité deviendra une occasion supplémentaire de maintenir la pression mentale sur le climat. [...]

26 août 2022

Rien de tel qu’une bonne guerre pour mettre en place une vraie sobriété énergétique !

H16

La rentrée approche à pas cadencés (certains diraient même avec des bruits de bottes) et tout l’Exécutif français s’y prépare aussi finement et intelligemment que pour les précédentes phases du nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron : oui, bien sûr, quelques petits nuages s’amoncellent à l’horizon mais qui peut douter qu’avec une telle brochette de clowns cadors, la France surmontera les petits obstacles que l’actualité mettra sur son chemin ?


C’est donc l’esprit rafraîchi après deux semaines passées à relire les grands philosophes, à s’imprégner des plus grandes figures de l’Histoire de France, à réfléchir intensément aux tendances profondes de la société française (le karting doit-il être autorisé pour les hommes enceints en prison ?) qu’Emmanuel Macron aborde la prochaine rentrée avec détermination, bien décidé qu’il est à propulser le pays dans un nouveau fossé défi.
Et l’intense réflexion n’aura pas été inutile puisqu’elle permet d’ores et déjà pour l’Exécutif d’espérer une « rentrée sereine » comme l’explique sans rire un article d’une officine de propagande officielle.

Comme d’autres paris avant lui, celui qui consiste à imaginer une rentrée ordonnée est assez couillu et un petit tableau de la situation actuelle suffit pour s’en convaincre : l’inflation n’est pas exactement maîtrisée ; l’été aura permis une démonstration assez inquiétante des capacités d’intervention de nos services publics dans différents domaines d’urgence ; tout indique que l’hiver qui vient ne sera pas exactement placé sous le signe des économies et des prix modérés de l’énergie ; enfin, tant le climat politique intérieur qu’extérieur n’incitent guère à un optimisme débordant : les choses ne se déroulent pas exactement comme prévu.

Heureusement, le chef de l’État et son gouvernement ont une solution : « La rentrée sera très verte ». Autrement dit, tous les efforts des ministres, de l’administration française et de l’ensemble des forces vives du pays vont devoir se tourner vers une écologie totale, pervasive et inclusive. Parce que même si cela n’a jamais été le projet de personne, ni dans les programmes, ni dans les votes, il semble que cela soit devenu aussi indispensable que l’hystérie covidiste disparaissait, et d’autant plus à mesure que des problèmes énergétiques graves apparaissaient dans le pays.

Il faut dire que Macron et son gouvernement ont joué de malchance.


Après avoir distribué de l’argent comme jamais, une inflation galopante est malencontreusement apparue. Pas de bol.

Avec cette inflation et les ruptures massives de chaînes logistiques déclenchées par les intelligentes décisions de confinements partout dans le monde, les prix des énergies fossiles ont explosé à la hausse. Pas de bol.

Pour aider à lutter contre le vilain méchant dioxyde de carbone, la France a choisi, comme l’Allemagne, de se départir de ses centrales nucléaires qui marchaient pourtant fort bien. Pas de bol.

Depuis plusieurs années, l’Union européenne a choisi la dépendance énergétique quasi-complète envers l’étranger, à commencer par la Russie. Malheureusement, le conflit qui a éclaté en Ukraine rend la situation complexe. Pas de bol. Suite à ce conflit, l’Union européenne, France en tête, décide d’interdire les importations d’hydrocarbures russes. Pas de bol.


Comme le pouvoir d’achat des Français s’effondre, le gouvernement choisit de pousser au remplacement des voitures thermiques par des voitures électriques à l’autonomie inférieure et beaucoup plus coûteuses à produire, au moment où l’électricité n’a jamais été aussi chère. Pas de bol.

Pour aider notre secteur aéronautique (l’un des quelques-uns à exporter et rapporter gros), le gouvernement envisage maintenant d’interdire les jets privés au motif qu’ils ne sont pas électriques, polluent, ce qui devrait aboutir à de succulentes pertes d’emplois. Pas de bol.

Bref, on comprend que même doté de son très gros cerveau et d’un gouvernement d’experts affûtés dans les plus âpres combats, le pauvre Emmanuel Macron ne pouvait pas lutter contre cet enchaînement aussi fortuit que complètement imprévisible de circonstances malheureuses. Vraiment, pas de bol !

Mais rassurez-vous : moyennant une campagne de communication efficace, tout ceci passera comme une lettre à la Poste (quand elle n’est pas en grève, que le courrier n’a pas été perdu ou volé et que l’avis de passage n’a pas été oublié).

Tout juste suffira-t-il d’expliquer qu’il n’y aura aucune pénurie ni coupure : on parlera de distribution calibrée, de transition douce et de sobriété énergétique. Grâce à une habile distribution de tickets de rationnements, chèques carburant et autres facilités de caisse, grâce à des idées aussi nombreuses que clairement définies, on va habituer le Français à sa nouvelle misère frugale.

Et surtout, surtout, soyez assurés qu’Emmanuel Macron fera tout pour que vous assumiez sereinement ses erreurs politiques, ses choix débiles et ses idées stupides qu’il enfile depuis plusieurs années. D’ailleurs, il ne s’en est même pas caché : pour les Français, ce sera bel et bien la « fin de l’abondance », ce qui donne une bonne idée du grand vide qui les attend alors que l’essentiel manque déjà. En revanche, ne vous attendez pas à la fin de l’abondance pour nos gouvernants et les petits protégés de la République : ils sauront en effet faire en sorte que leurs dépenses énergétiques, leurs fastes et leur luxe soient carbono-compensés mille fois par vos impôts, vos taxes, vos restrictions, vos vexations diverses.

Ce sera facile, et l’excuse est déjà toute trouvée : on ne devra avoir « aucune faiblesse », on va devoir payer le « prix de la liberté », tsoin tsoin, et s’il faut une bonne guerre, alors qu’il en soit ainsi. Rien de tel qu’une effusion de sang Gaïa-compatible, avec des explosifs carbono-compensés et des armes électriques neutres (et inclusives) pour faire oublier les errements politiques consternants de ces dernières décennies, les choix calamiteux empilés pour des raisons électoralistes et les discours démagogiques dégoulinants d’idioties écologiques.

« Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas » disait Napoléon. Depuis les 30 glorieuses, la France ne s’est pas contentée d’un pas : elle a fait un véritable marathon et avec Macron, elle passe maintenant au sprint.


Les médias nous baratinent de plus en plus

H16

Juillet et août, mois douillettement placés sous la chaleur de l’été, sont traditionnellement propices aux sujets plus légers dans l’actualité : les petits reportages balnéaires succèdent normalement aux recettes de salades et autres barbecues goûtus pendant que le farniente gagne doucement les salles de rédaction. Manque de chance, cette année n’a pas permis aux journalistes de se reposer réellement et c’est sans doute à cause d’une fatigue évidente que le déchaînement de propagande auxquels ils se livraient jusqu’à présent avec gourmandise devient maintenant parfaitement grossier et évident pour la plupart.

Il est vrai que la situation internationale s’y prête fort bien et que la multiplication des sujets graves n’aide pas au repos des esprits : problèmes énergétiques, hystérie climatique, inflation galopante et après une crise sanitaire qui avait déjà beaucoup contribué à monter les uns contre les autres sur des motifs de plus en plus futiles et artificiels, le conflit russo-ukrainien donne une nouvelle occasion aux propagandistes des deux camps de s’exprimer sans plus la moindre retenue.

Dans une guerre, il est certes attendu que les informations seront, toutes, à prendre avec des pincettes. Il n’en reste pas moins que certains médias font des efforts que d’autres ne tentent même plus, la fin semblant justifier tous les moyens avec désinvolture et en avant Ginette.

C’est le cas par exemple de France2 qui nous aura gratifié, lors de ce qui est présenté comme un reportage depuis la centrale nucléaire de Zaporijjia, d’une magnifique illustration de ce à quoi peut aboutir une propagande décontractée sans aucune remise en question.

Selon la journaliste du service public de propagande étatique, un missile russe n’aurait pas explosé sur le toit de la centrale (jusqu’à présent aux mains des Russes) ; nullement étonnée que les militaires russes tentent ainsi de détruire une centrale dont ils ont le contrôle depuis plusieurs mois au risque de déclencher un incident nucléaire majeur, le reportage présente alors les images … d’une cheminée abimée comme étant les restes d’un missile. Plus c’est gros, plus ça passe. Mais plus ça se voit aussi :


Cet exemple aussi grotesque que ridicule n’a pas semblé beaucoup défriser les médias français qui sont rapidement passés à autre chose (karting en prison, canicule, les sujets ne manquent pas). Ne vous attendez donc pas à d’épais « fact-checking » de la part des suspects habituels (Libération, Le Monde et autres thuriféraires des pouvoirs en place) : circulez, il n’y a rien à voir, rien à commenter, rien à critiquer et surtout aucune prise de recul ne sera nécessaire. De toute façon, le narratif officiel est fixé, il n’est absolument pas question ni de l’amender, ni de le nuancer ou d’apporter de l’information. Ici, le but est d’accompagner les grandiloquences du président Macron dans sa fuite en avant nihiliste et belliqueuse et c’est tout.


Malheureusement, comme mentionné au début de ce billet, le souci de cette attitude est que l’aspect factice et propagandiste de ces messages officiels est maintenant évident et à mesure que les carabistouilles grossières s’accumulent, il devient de plus en plus difficile pour ne pas dire impossible de croire, même un peu, la réalité alternative que nous peignent la presse et le gouvernement : une part croissante du peuple sait maintenant que l’une et l’autre tordent les faits, mentent autant qu’ils le peuvent et ont bel et bien un agenda qui ne peut s’embarrasser de la vérité ou d’une simple prise de précautions élémentaires et dont l’alignement avec les désirs et besoins de ce peuple est si faible qu’on est en droit de se demander s’ils n’en deviennent pas les ennemis objectifs…

La conséquence est aussi tragique qu’évidente : cette propagande de plus en plus visible entraîne un effondrement complet de la confiance qui forme normalement le ciment de toute société fonctionnelle, notamment par un effondrement de la confiance dans les médias. C’est en tout cas ce qui ressort des enquêtes régulières de confiance qui ont lieu, comme par exemple celle de Gallup récemment publiée et qui montre que jamais les médias (télévision ou presse) n’ont reçus aussi peu de crédit ou n’ont inspiré aussi peu confiance depuis les années 70.
Or, indéniablement, l’érosion puis la disparition complète de cette confiance entraîne l’évaporation de toute légitimité dans les règles, lois et contraintes que le gouvernement veut imposer ; la disparition de la confiance se nourrit du constat de ces mensonges grotesques répétés, de l’évidence d’une coterie qui prétend faire un travail de vérification alors qu’il ne s’agit plus que d’un groupe d’entre-soi, de gens qui se vérifient les uns les autres, qui appartiennent tous aux mêmes cercles et aux mêmes « bulles », qui se font confiance les uns les autres, et qui surtout excluent les outsiders ou la moindre pensée dissidente, la moindre nuance, la moindre discussion ou la moindre remise en question.

Petit à petit, le peuple se rend compte de cette supercherie, et se place de plus en plus en dehors de ces bulles auto-alimentées d’un fact-checking en plein autosuçage frénétique. Et de leur position extérieure, un nombre croissant d’individus constate toute l’hypocrisie du théâtre d’ombre que le gouvernement et la presse leur jouent en croyant, dur comme fer, qu’ils y adhèrent encore tous, obligatoirement.

Oh, certes, il est encore loin le moment où la majorité du peuple sera consciente de ces mensonges et, surtout, entendra faire savoir qu’elle en a assez, qu’il est temps de revenir à un discours réaliste et nuancé, et de réaligner pouvoirs politique et médiatique avec les besoins et les envies du peuple ; et certes oui, il pourrait s’écouler encore des mois, des années peut-être avant qu’on parvienne à ce réalignement.

Néanmoins, chaque jour qui passe, chaque nouvelle idiotie, chaque nouvelle grotesquerie entraîne l’extraction spontanée d’individus hors de ces réalités alternatives construites par ces aigrefins, et chaque individu qui vient grossir les rangs de l’ « équipe réalité & nuance » ne fera plus jamais le chemin inverse.


L’abondance est finie !

Radu Portocala

Nous devons sacrifier notre bien-être pour punir la Russie.
L’Ukraine nous est si chère que nous devons avoir froid pour elle, manger moins pour elle.
Le nouveau petit père des peuples, Joe Biden, a dit : « Cut off Russian gas gonna hurt Europe but that’s the price I am willing to pay. » (Couper le gaz russe fera du mal à l’Europe, mais c’est le prix que je veux payer.)
Organisons chaque jour l’heure de haine. Haïssons la Russie.
Passons ensuite à l’heure d’amour. Aimons l’Amérique (et donc l’Ukraine).
Grelotter, c’est moral puisque c’est l’Amérique qui nous le dit. Faisons, donc, notre devoir et grelottons !
Payons plus cher notre pain, puisque cela aidera à terrasser le monstre russe !
L’insouciance est finie !
Remplissons nos poches de cartouches (il y en a pour deux semaines) et tenons-nous prêts. L’Amérique veut faire la guerre à la Russie et à la Chine. Soyons ses soldats, puisqu’on a mis son sang dans nos veines et ses idées dans nos têtes ! Soyons fidèles à ses idéaux ! Cessons de penser à nous !
Et, par-dessus tout, soyons confiants : l’imbécillité est en passe de gagner.

25 août 2022

L’organisation de la fin de l’insouciance

Pierre Duriot

- 25/8/2022 - Macron a beau jeu de clamer « la fin de l’insouciance », il l’a lui-même organisée. Maniant en permanence l’injonction contradictoire, il a envoyé Philippe, le premier ministre, expliquer à la tribune, que le masque ne servait à rien, puis a rendu le masque obligatoire, y compris pour les enfants du cours préparatoire. Puis il a incité à la vaccination, ne l’a pas rendue obligatoire, ça aurait été illégal, mais a privé les non-vaccinés de vie sociale. A fait licencier des personnels soignants et des pompiers, les privant d’avenir et nous privant de ressources humaines. A empêché les malades chroniques non-vaccinés, d’aller se faire soigner. A laissé planer le doute sur les mesures coercitives. A commencé par traiter de « complotistes » ceux qui ont vu arriver le passe-vaccinal, avant de traiter encore de « complotistes », les mêmes qui finalement ont refusé de s’y soumettre. Il a décidé de tout, quasiment tout seul, tout en expliquant benoîtement que pour le reste, c’est l’Europe qu’on est obligé de suivre : l’inflation, les sanctions à l’Ukraine, la guerre inconsidérée contre la Russie… et servi sa formule « c’est pas bibi », à propos du prix du pétrole.
Si bien qu’un jeune ménage ne sait plus tout à fait s’il peut faire un projet d’avenir avec un crédit, si ses enfants seront bien enseignés, si les grands enfants trouveront un travail décent à l’issue de leurs études, si cet hiver, on pourra se chauffer, voire manger. Il complote, avec ses amis de Bruxelles et traite encore de « complotistes » ceux qui le voient arriver avec six mois d’avance et qui sont désormais très nombreux. Le pyromane annonce le feu qu’il a lui même allumé et il a dans sa besace, dit-il, les moyens de l’éteindre, il faut le faire, par solidarité, avec qui, on se le demande. Pour la planète ? alors que nous sommes un pays qui produit moins de un pour cent de la pollution mondiale et que nous pourrions bien couler dans l’Atlantique, que le réchauffement climatique ne bougerait pas d’un iota.
Ses solutions, on les connaît : rationnements, ségrégations, privations, coercitions. Il n’a fait que cela depuis plus de cinq ans, quelles raisons aurions de croire que cela pourrait changer ?


23 août 2022

Du vaccin au changement climatique

Gilles La Carbona

Une question se pose avec acuité et l’opposition devrait être en mesure d’y apporter une réponse claire. Quand cessera enfin la délégation des décisions en matière sanitaire ? Le nouveau conseil scientifique, par sa présidente Brigitte Autran, pense qu’il n’y a pas assez de vaccinés en France. Vaccinés, contre quoi ? Un virus qui a disparu à force de mutation ? L’annonce surprend d’autant que le mois dernier, Delfraissy et Fischer dénonçaient l’instrumentalisation du conseil scientifique, et l’inutilité de la vaccination, la comparant au mieux à un traitement. Les effets secondaires semblent encore parfaitement d’actualité et toujours aussi mal connus et pourtant, la chape de plomb, les réticences et les mensonges perdurent. Des décès par crises cardiaques, cancers foudroyants, seraient en augmentation. Et les articles scientifiques n’en finissent plus de dénoncer la dangerosité de ces vaccins. Mais voilà que la nouvelle égérie de la science médicale, version Macron, en remet une couche. Dans le même temps, un syndicat de soignants indépendant nous apprend que 57% des médecins sont aujourd’hui hostiles à ces injections. Notez bien que ce nouveau conseil scientifique est aussi chargé d’évaluer l’impact du changement climatique sur la santé. Ne serait- ce pas une mission pour attribuer nos maux au changement climatique ?

L’homme serait-il devenu à ce point fragile qu’il ne supporte plus une variation de température, lui qui depuis son arrivé sur Terre a connu périodes de refroidissements et de réchauffements sans pour autant disparaître. Il ne fait pas encore, en Europe, les températures africaines et les Africains survivent non ? La ficelle est bien grosse et il ne saurait être question de subir à présent une nouvelle vague de restriction ou de mesures délirantes. Il est urgent que le parlement reprenne le contrôle et qu’il se débarrasse de ce nouveau conseil, dont on ne voit pas ce qu’il pourrait faire de mieux que l’ancien, dont on sait aujourd’hui tous les travers et les compromissions qui l’ont caractérisé. Combien de ces éminents scientifiques avaient touché de l’argent des labos ? Combien de ce nouveau conseil sont dans le même cas ? Il appartient aux parlementaires de faire la lumière sur les éventuelles collusions et de prendre les mesures pour les écarter du pouvoir. Il est inadmissible qu’un pouvoir se cache derrière une structure non élue, dont les débats sont en plus, classés secret défense. Une démocratie ne peut laisser en place une telle structure. Au pire elle doit non seulement la contrôler mais aussi être à l’origine du choix de ses membres. Les citoyens ont clairement exprimé, en juin, leur besoin de changement, il appartient à l’opposition, détentrice de la majorité, de refuser cette façon de gouverner. Par respect des mandats qui lui ont été confiés, cette opposition doit défaire cette commission, ou a minima, rendre ses discussions publiques.

Gilles La Carbona, secrétaire national du Rassemblement du Peuple Français, chargé du suivi de la vie parlementaire


22 août 2022

Tiens, un imprévu dans le Nouvel Ordre Mondial

H16

Les mois d’été sont parfois chauds et ceux de 2022 furent aussi particulièrement chargés : après quelques semaines de pause, force est de constater que le monde continue de tourner frénétiquement.

Ainsi, pendant que la France continuait sa descente dans les absurdités macronesques habituelles sur le mode « Vite, vite, faisons venir à grand frais des pompiers étrangers au statut vaccinal inconnu pour ne surtout pas réintégrer les pompiers français non vaccinés », pendant que la situation internationale continuait de se dégrader à tous points de vue tant du côté de l’Asie que de l’Ukraine, et pendant que tout ceci se déroulait avec forces gros titres et fines analyses dans les médias grand public, une nouvelle fracassante passait totalement inaperçue.

Ce n’est qu’à la faveur de quelques timides articles d’une presse qui a consciencieusement regardé ailleurs qu’on apprend, furtivement, que certains pays n’entendent pas vraiment se couler dans le moule que l’Occident avait prévu pour eux : suite à une réunion des BRICS, ces pays en développement rapide qui comptent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, d’intéressantes dispositions monétaires ont été prises dont on pourrait dire qu’elles remettent profondément en cause l’ordre mondial financier actuel sans que, pourtant, personne ne s’en soit réellement ému.

Les accords de Bretton Woods ont clairement dessiné en 1944 le monde de l’Après Seconde Guerre Mondiale en faisant du dollar américain la monnaie de référence pour tous les échanges internationaux, avec la mise en place de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International. Les accords multipartites qui viennent de se nouer entre les BRICS et au-delà modifient donc l’ordre mondial monétaire de façon majeure, dans l’indifférence suspecte d’à-peu-près tout le monde occidental.

On peut s’en étonner puisque ceci signifie de façon assez claire une perte de suprématie pour le dollar américain. Jusqu’à présent en effet, certains échanges commerciaux internationaux étaient réglés en dollars américains : la vente de matières premières, le prix du baril ou de l’or, les règlements interbancaires entre nations différentes étaient très majoritairement réglés en dollars ce qui imposait du reste que des masses considérables de billets verts devaient être conservés dans la plupart des banques centrales des pays de la planète.

Pour ces pays, l’utilisation du dollar n’a pas que des avantages. La monnaie américaine donne à l’Oncle Sam une très grande capacité d’influence dans le monde : qui utilise le dollar doit en respecter les moindres contraintes, notamment celles imposées par la politique étrangère américaine, et qui ne la respecte pas peut se retrouver coupé des échanges internationaux ou voir ses réserves bloquées… Ce fut le cas de nombreuses fois pour différents pays, les tentatives de sortie du « système dollar » se traduisant parfois par des changements brutaux de régime. Quant à l’interdiction d’utiliser le dollar, elle a longtemps signifié un effondrement de l’économie concernée…

Cette position dominante du dollar lui permet aussi de diluer son inflation en la répartissant à échelle planétaire. Pratique : l’impression de billets n’avait jusqu’à présent pas d’impact réel pour l’économie américaine. Le dollar était jusqu’à présent leur monnaie, et les problèmes afférents étaient rejetés sur le reste du monde.


Cependant, les récents développements internationaux montrent que cette hégémonie monétaire n’est plus aussi solide.

Avec l’annonce par les BRICS de la création d’une nouvelle monnaie de réserve, la position américaine va fondamentalement changer : en offrant à tous ceux qui le voudront une monnaie de réserve concurrente (ou supplémentaire) au dollar, les BRICS vont donner l’occasion à des douzaines de pays de s’affranchir du dollar et donc de l’influence américaine directe ou indirecte (c’est le cas de l’Algérie par exemple).

Parallèlement à l’introduction programmée de cette nouvelle monnaie de réserve, l’Inde a déjà annoncé utiliser le Dollar de Hong-Kong, le Yuan ou le Dirham pour payer son charbon à la Russie, ce qui lui permet de contourner assez facilement les sanctions imposées à la Russie de Poutine. Du reste, la Turquie – pourtant membre de l’OTAN – semble mettre en place des mécanismes équivalents pour ses propres besoins.

Voilà qui est ballot !

Normalement, tout était prévu pour un nouvel ordre mondial taillé au cordeau : la pandémie devait générer des piscines olympiques de dettes faramineuses, qui devaient à leur tour largement inciter les gouvernements, en pleine banqueroute, à effacer ces dettes par le truchement d’une nouvelle monnaie mondiale, à la fois numérique et totalement contrôlée par les États. Et dans ce nouvel ordre mondial, c’était très simple : l’Occident mènerait la danse, les humains seraient tous contrôlés par cette monnaie et tout irait bien (pour les élites) sur le principe « Vous ne serez bien sûr plus propriétaire de rien, mais vous serez heureux (ou sinon, tant pis) », comme l’explique calmement un Forum Économique Mondial toujours aussi relax du collectivisme.


Malheureusement, avec ce nouveau développement, ce « Nouvel Ordre Mondial » ne semble pas prendre la direction envisagée par nos fines élites : difficile d’imposer une monnaie unique dans un monde qui n’est pas unipolaire par exemple et alors qu’une partie des nations s’éloigne vigoureusement d’un dollar devenu une arme financière (« weaponized currency »). Difficile de pousser ces monnaies numériques de Banques centrales alors que Bitcoin et les cryptomonnaies indépendantes continuent d’attirer l’attention et d’offrir une alternative de plus en plus crédible aux monnaies fiat qui démontrent chaque jour un peu plus les dangers qu’elles comportent.

Eh oui : difficile de rendre l’utopie collectiviste mondialiste attrayante dans un contexte de plus en plus mouvant, où la concurrence apparaît et ne semble pas vouloir se laisser faire. Difficile de vendre ces CBDC dans un monde qui ne veut pas se plier au diktats de moins en moins cachés d’une petite élite délicieusement éco-consciente qui veut diminuer son empreinte carbone en oubliant de préciser que le carbone, c’est vous… Si un nouvel ordre mondial est en train de se mettre en place, ce n’est décidément pas celui que cette élite avait prévu.

Accessoirement, on ne pourra s’empêcher de noter que ce Nouvel Ordre Mondial imprévu semble se dessiner sans l’Euro. Ce n’est pas un hasard.


Marc Alpozzo

Petite bibliothèque de survie (XXV)

Puisque nous en sommes presque à retourner enfin au travail, la rentrée des classes c’est déjà dans moins de 15 jours, retrouver des chérubins éteints, paresseux, passifs, un système au bord de la faillite à tous les niveaux, des restrictions certainement, et des hausses de prix spectaculaires, munissons-nous d’outils de pensée pour affronter un réel désormais hostile. Je ne crois pas que les gens en général cherchent le bonheur, c’est même, je pense, tout le contraire. Ils lui préfèrent le bien-être. Ce qui est évidemment très différent. Mais, en période de crise, plutôt que de prendre du Prozac, pourquoi ne pas relire le « Manuel » d’Épictète ? Ouvrez aussi les « Pensées pour moi-même » de Marc-Aurèle. Testez Sénèque. Personnellement, je préfère le boiteux Épictète, qui en un paragraphe, voire en une phrase, « Préoccupe-toi de ce qui dépend de toi, et ne te préoccupe pas de ce qui ne dépend pas de toi », nous fait le cadeau d’une méthode pour être heureux en permanence. Et, si vous n’arrivez pas à lire Épictète, alors lisez le philosophe, et non moins ami Emmanuel Jaffelin, et ses « Célébrations du bonheur » (Michel Lafon, 2021), qui est un bonne vulgarisation de la pensée du maître Épictète, ainsi qu’un bon diagnostic des méthodes à utiliser pour affronter notre siècle sordide et décadent. J’ai réalisé cet entretien avec l’auteur, à la veille de la rentrée des classes, en 2021.
Alors, lisez et relisez les stoïciens, et soyez heureux, bon sang de bonsoir !

21 août 2022

La vaccination est-elle un marqueur social ?

Roland Hureaux


À mesure que se durcit la campagne gouvernementale pour la vaccination universelle contre le covid, court le bruit que le vaccin serait un « marqueur social » : se faire vacciner, c’est montrer qu’on appartient bien à la société des gens raisonnables, acceptant le progrès scientifique, bons citoyens, respectant les autres pour éviter de les contaminer, faisant confiance à l’administration, comme à tout ce qui est officiel.

Ceux qui sont contre sont des gens irrationnels, voire demeurés : ils ne croient pas à la science, comme autrefois certains ne croyaient pas que la terre était ronde, ils sont spontanément rebelles à l’autorité, peu fréquentables ; ils ne font pas « comme tout le monde ». D’ailleurs, les catégories les plus réticentes ne viennent-elles pas de marges suspectes : beaucoup de « souverainistes » du genre Philippot, des « Gilets jaunes », les gens des banlieues (on voit même des femmes voilées dans les manifestations), l’outre-mer (comme on vient de s’en apercevoir avec le tour de vis féroce de Macron contre les Antillais rétifs au vaccin), les cathos intégristes (pas les autres qui montrent au contraire une discipline exemplaire, comme ils avaient en majorité voté Macron.)

Il se peut que cette rumeur selon laquelle seuls des gens hors du « cercle de raison » seraient hostiles au passe, ait été répandue à dessein pour presser le mouvement de vaccination. Ce chantage social sournois peut expliquer ce fait étonnant que, dans cette Gaule frondeuse, malgré les doutes de beaucoup d’experts, tant de gens se précipitent, à la demande de l’État, pour se faire vacciner.

La peur de la mort

Mais cette précipitation peut s’expliquer d’autres manières. D’abord la peur de la mort, spécialement chez les personnes âgées, très répandue en ces temps d'incroyance, y compris curieusement chez de supposés croyants. Confusément, le vaccin n’est pas seulement tenu pour une garantie contre une maladie précise, le covid, mais comme un acte magique destiné à exorciser la mort en général.

Ensuite l’esprit grégaire, que tout nourri que nous soyons des idéaux individualistes de la Révolution française, n’a fait que se développer dans la société moderne. Quand tombe la foudre, les animaux du troupeau se serrent les uns contre les autres, même sous les arbres où le danger est le plus grand ! La stratégie qui a été adoptée pour riposter à l’épidémie : annonces dramatiques, confinement, interdiction de promenades en plein air, transports de malades en surnombre par hélicoptère – parfaitement inutiles si les propositions de concours du secteur privé avaient été acceptées, tout cela a créé un climat d’anxiété sans précédent, d’autant plus stressant que le président français avait annoncé que nous étions « en guerre ». Nous découvrons à cette occasion que plus on s’élève dans la hiérarchie sociale, plus on est discipliné et grégaire. C’est après tout normal : les plus gradés étaient les meilleurs élèves à l’école ; dans les grosses organisations publiques et privées qui se sont multipliées, on ne fait pas carrière sans discipline – voire, de plus en plus, sans conformisme.

La crise de l’esprit critique

Il reste tout de même surprenant de voir l’absence d’esprit critique de la bourgeoisie française, devant des faits pour le moins troublants : l’interdiction de soigner faite aux médecins au moment où l’épidémie commence, sans précédent dans l’histoire de médecine alors que, d’après les courriels de Fauci, les autorités sanitaires mondiales savaient dès le départ que ces traitements, le plus souvent, guérissaient le covid. Interdiction récemment réitérée en Guadeloupe où tous les médicaments susceptibles de guérir le covid, y compris le zinc, ont été retirés de l’île.

Aucune conscience non plus chez des gens qui se croient plus éclairés que les autres, que les « vaccins » officiels de Pfizer and Co utilisent une technique nouvelle, qui se trouve toujours à l’état expérimental et qui n’a été autorisée qu’à titre provisoire : a-t-on jamais traité des milliards de personnes sur des bases scientifiques aussi incertaines ?

Aucun esprit critique non plus face à la disproportion entre le déploiement d’un immense appareil d’État, qui n’a jamais autant mis en cause nos libertés, et les chiffres devenus résiduels, en France et presque partout ailleurs des cas et surtout des décès relevés : 44 le 15 août pour toute le France, dont 91 % au-dessus de 65 ans et 0 % au-dessous de 45 ans.

Un sujet que presque personne n’apprend à l’école : le calcul de probabilité : des gens très cultivés et sûrs d’eux ne savent pas toujours la différence entre une chance sur cent et une chance sur cent mille.

La fin de l’État hégélien

Il est clair que ceux qui suivent la consigne de vaccination générale croient encore à l’État hégélien, expression de l’intérêt général, s’appuyant sur une administration bien réglée au service exclusif de cet intérêt, comme on l’enseignait dans les manuels de droit public. L’intérêt général commande le vaccin ; comme dans toutes les épidémies, il faut faire des sacrifices, et ces braves gens (braves mais souvent féroces pour ceux qui ne partagent pas leur point de vue simpliste) s’exécutent. Ces bons Français disciplinés n’ont pas compris que nous sommes entrés dans un monde nouveau : pas le grand reset du vieux Schwab, mais un océan de corruption et de mensonge étendus à la terre entière, particulièrement dans le domaine de la santé.

La quasi-unanimité de la presse, la censure de l’Internet, les poursuites judiciaires acharnées que risquent les dissidents empêchent de voir ce monde nouveau. Et s’ils le voyaient, ces honnêtes fonctionnaires qui avaient jusque là vécu dans un monde normal, comment en supporteraient-il le choc ?

Une administration qu’ils présument régulière et seulement animée du souci du bien public ayant décidé que, pour se débarrasser du virus, il fallait vacciner le monde entier, les récalcitrants ne sont dans cette logique que des mauvais citoyens qui mettent en danger la vie d’autrui. Si on n’a aucun doute que le vaccin est efficace et sans danger pourquoi pas ? Personne ne leur a donc dit que les quatre vaccins à ARN messagers ont déjà tué 1000 personnes depuis le début de l’année, plus que tous les autres vaccins depuis 1970 (source : CNRS) ! Sans compter les suites à moyen terme encore inconnues.

Il est vrai que toute la bourgeoisie n’est pas devenue aveugle. Mais il faut aller dans ses très hautes sphères pour entendre, en France et à l’étranger, que les gens vraiment informés se font faire des certificats de complaisance. Chut ! que cela ne se sache pas.

Non, l’immense vague de protestation, non point contre le principe du vaccin comme le disent ses détracteurs, mais contre ceux-là, qui ne sont pas de vrais vaccins, et surtout contre l’obligation imposée par des méthodes terroristes, chantage à l'emploi, à l’accès aux services publics et privés, aux spectacles, à la scolarisation, voire aux soins médicaux, n’est pas que le fait d’hilotes !

Très peu de Français savent la différence entre un vrai vaccin et une application à caractère génique. Je gage qu’on la sait bien mieux chez les supposés illettrés qui manifestent que chez les bourgeois, grands et petits, qui font sagement la queue devant les vaccinodromes.

La résistance n’est pas le fait de bêtes mais de gens lucides, de vrais citoyens, qui se tiennent au courant, attachés à leurs libertés et peut-être même à leur santé. 22/8/2021

Roland HUREAUX

Ancien élève de l’ENS et de l’ENA, agrégé d’histoire, homme politique (ancien 1er adjoint au maire de Cahors), essayiste, auteur de nombreux livres et articles.Chroniqueur à Marianne2, Valeurs actuelles, Le Figaro etc.

Pass sanitaire

Marie-Laure Ruiz-Maugis

- 21/7/2021 - À ceux qui se réjouiraient que l'on pourrisse la vie des « autres », je répondrais que l'on ne pourrit pas ainsi la vie des « autres » sans s'étonner des réactions et sans faire peser une lourde menace sur les institutions et l'ordre public.
Certains responsables d'associations, de festivals, comme le festival de Flamenco de Perpignan, certains maires, ont préféré annuler les manifestations prévues plutôt que d'avoir à trier les « bons » des « mauvais ».
Ainsi le dit le maire de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) : « C’est une société de flicage. Nous sommes dans l’absurde total », a-t-il affirmé. « J’annule purement et simplement les spectacles. Il n’y a pas les bons et les mauvais citoyens. Quelle société bâtissons-nous là ? », s’est-il interrogé.
Quand je lis le décret qui entre en vigueur aujourd'hui, j'ai le tournis...
À part les lieux de culte, rien n'est épargné.
Même les bibliothèques, quel symbole...
« Cette règle concerne les salles de spectacle, de conférence, les théâtres, les cinémas, les chapiteaux, les salles de jeux, de danse, les salles omnisports et les terrains de sport, les gymnases, les piscines couvertes et extérieures, les patinoires. Mais aussi les foires-expositions et les salons temporaires, les musées, les bibliothèques – sauf les bibliothèques universitaires – ainsi que les événements culturels, sportifs, ludiques ou festifs organisés dans l’espace public lorsqu’ils sont « susceptibles de donner lieu à un contrôle de l’accès des personnes ». Sont également concernés les lieux de culte, mais uniquement pour les événements « ne présentant pas un caractère cultuel ».
Le décret précise également que le pass sanitaire sera demandé lors des compétitions et événements sportifs amateurs dès lors qu’ils rassemblent au moins 50 participants par épreuve.
Par ailleurs, il sera nécessaire pour accéder aux piscines ou aux salles de spectacle des campings et clubs de vacances, comme nous le confirme Sylvie Henry, présidente de l’Union nationale des campings et des parcs résidentiels de loisirs (Unaparel). Cela signifie que les personnes en congé dans un de ces lieux et ne disposant pas du pass ne pourront pas accéder aux infrastructures concernées et qui font le succès de ces endroits.

Le complotisme de l’anticomplotisme

Frédéric Lordon
Économiste et philosophe

Disqualifier pour mieux dominer

« L’image est familière : en haut, des gens responsables se soucient du rationnel, du possible, du raisonnable, tandis que ceux d’en bas, constamment ingrats, imputent à leurs dirigeants une série de malveillances. Mais l’obsession du complot ne relève-t-elle pas plutôt des strates les plus élevées de la société ? Les journalistes reprenant les idées du pouvoir privilégient eux aussi cette hantise.

Après « réforme », « moderne » et « logiciel » (« en changer »), « complotisme » est en train de devenir le nouvel indice du crétin, le marqueur qui situe immanquablement son homme. Un ordre social de plus en plus révoltant à un nombre croissant de personnes réduit nécessairement ses conservateurs aux procédés les plus grossiers pour tenter d’endiguer une contestation dont le flot ne cesse de monter. Au demeurant, on sait que cet ordre entre en crise profonde quand, vide d’arguments, il ne trouve plus à opposer que des disqualifications. Comme un premier mouvement de panique, « antisémitisme » a été l’une des plus tôt jetées à la tête de toute critique du capitalisme ou des médias (1). Mais, même pour l’effet de souffle, on ne sort pas d’emblée la bombe atomique s’il s’agit simplement d’éteindre un départ de feu. C’est que par définition on ne peut pas se livrer à un usage ordinaire et à répétition de la munition maximale, sauf à lui faire perdre rapidement toute efficacité. Ses usages tendanciellement grotesques soulignant son ignominie de principe, le procédé a fatalement entraîné l’autodisqualification de la disqualification.

Supposé moins couvrir ses propres utilisateurs de honte et mieux calibré pour l’arrosage extensif, susceptible par là d’être rapatrié dans le domaine du commentaire ordinaire, le « complotisme » est ainsi devenu le nouveau lieu de la bêtise journalistique — et de ses dépendances, philosophe dérisoire ou sociologue de service. Signe des temps, il faut moins invoquer la mauvaise foi que l’effondrement intellectuel de toute une profession pour comprendre ses impossibilités de comprendre, et notamment de comprendre deux choses pourtant assez simples. D’abord que la seule ligne en matière de complots consiste à se garder des deux écueils symétriques qui consistent l’un à en voir partout, l’autre à n’en voir nulle part — comme si jamais l’histoire n’avait connu d’entreprises concertées et dissimulées… Ensuite que le complotisme, tendance évidemment avérée à saisir tous les faits de pouvoir comme des conspirations, demanderait surtout à être lu comme la dérive pathologique d’un mouvement pour en finir avec la dépossession, d’un effort d’individus ordinaires pour se réapproprier la pensée de leur situation, la pensée du monde où ils vivent, confisquée par des gouvernants séparés entourés de leurs experts — bref, un effort, ici dévoyé, mais un effort quand même, pour sortir de la passivité. « Vouloir tout traiter en cachette des citoyens, et vouloir qu’à partir de là ils ne portent pas de jugements faux et n’interprètent pas tout de travers, écrivait il y a déjà longtemps Spinoza, c’est le comble de la stupidité (2). »

Mais il y a deux faces au débat, et s’il y a lieu de comprendre le mécanisme qui fait voir des complots partout, il y a lieu symétriquement de comprendre celui qui fait voir du complotisme partout. Or ni l’existence — réelle — de délires conspirationnistes ni l’intention disqualificatrice, quoique massive, ne rendent entièrement compte de l’obsession non pas pour les complots, mais pour les complotistes — un complotisme anticomplotiste, si l’on veut… Si cette nouvelle idée fixe trouve si bien à prospérer, c’est aussi parce qu’elle trouve une profonde ressource dans des formes de pensée spontanées à l’œuvre dans un milieu : le milieu des dominants, dont les journalistes, qui aux étages inférieurs en occupent les chambres de bonne, sont à leur tour imbibés comme par un fatal dégât des eaux.

La paranoïa des puissants

C’est que, par construction, être un dominant, c’est participer à des jeux de pouvoir, être immergé dans leurs luttes, en vivre toutes les tensions, et notamment l’impérieuse obligation de la vigilance, c’est-à-dire l’anticipation des menées adverses, l’élaboration de ses propres stratégies et contre-stratégies pour conserver ou bien développer ses positions de pouvoir. En réalité, dans ses strates les plus hautes, la division fonctionnelle du travail est inévitablement doublée par une division du pouvoir… la seconde ayant pour propriété de vampiriser la première : les hommes de pouvoir, dans l’entreprise comme dans n’importe quelle institution, s’activent en fait bien moins à servir la fonction où les a placés la division du travail qu’à protéger les positions dont ils ont été par là dotés dans la division du pouvoir. Or la logique sociale du pouvoir est si forte qu’accéder à une position conduit dans l’instant à envisager surtout le moyen de s’y faire reconduire, ou bien de se hausser jusqu’à la suivante. On rêverait de pouvoir observer les journées d’un patron de chaîne, d’un directeur de journal, d’un cadre dirigeant, d’un haut fonctionnaire, d’un magistrat ou d’un mandarin universitaire louchant vers le ministère, pour y chronométrer, par une sorte de taylorisme retourné à l’envoyeur, les parts de son temps respectivement consacrées à remplir la fonction et à maintenir la position. La pathétique vérité des organisations peut conduire jusqu’à cette extrémité, en fait fréquemment atteinte, où un dirigeant pourra préférer attenter aux intérêts généraux de l’institution dont il a la charge si c’est le moyen de défaire une opposition interne inquiétante ou d’obtenir la faveur décisive de son suzerain — et il y a dans ces divisions duales, celle du travail et celle du pouvoir, une source trop méconnue de la dysfonctionnalité essentielle des institutions.

La logique même du pouvoir, dont la conquête et la conservation sont immédiatement affaire d’entreprise décidée, voue par construction les hommes de pouvoir à occuper alternativement les deux versants du complot : tantôt comploteurs, tantôt complotistes. En réalité, le complot est leur élément même, soit qu’ils s’affairent à en élaborer pour parvenir, soit que, parvenus, ils commencent à en voir partout qui pourraient les faire sauter. On n’imagine pas à quel degré la forme complot imprègne la pensée des puissants, jusqu’à la saturer entièrement. Leur monde mental n’est qu’un gigantesque Kriegspiel. La carte du théâtre des opérations est en permanence sous leurs yeux, leurs antennes constamment déployées pour avoir connaissance du dernier mouvement, leur énergie mentale engloutie par la pensée du coup d’avance, leur temps colonisé par le constant travail des alliances à nouer ou à consolider. Bien davantage que l’égarement de quelques simples d’esprit, habiter le monde violent des dominants, monde de menaces, de coups et de parades, est le plus sûr passeport pour le complotisme. Le pire étant que, pour un homme de pouvoir, la paranoïa n’est pas une pathologie adventice : elle est un devoir bien fondé. La question constante de l’homme de pouvoir, c’est bien : « Qu’est-ce qui se trame ? »

Vivant objectivement dans un monde de complots, les hommes de pouvoir développent nécessairement des formes de pensée complotistes. La dénonciation obsessionnelle du complotisme, c’est donc pour une large part la mauvaise conscience complotiste des dominants projectivement prêtée aux dominés. Le premier mouvement de M. Julien Dray, voyant sortir les photographies d’une femme en burkini expulsée de la plage par la police municipale de Nice à l’été 2016, est de considérer qu’il s’agit d’une mise en scène destinée à produire des clichés d’expulsion. M. Jean-Christophe Cambadélis, ahuri des mésaventures new-yorkaises de son favori Dominique Strauss-Kahn en 2011, assure qu’il a « toujours pensé, non pas à la théorie du complot, mais à la théorie du piège (3) » – c’est en effet très différent.

Sans doute y a-t-il une forme d’injustice à ce que, de cet effet projectif, ce soient les journalistes ou les publicistes, dominés des dominants, qui portent cependant l’essentiel du poids de ridicule. Car les dominants eux-mêmes lâchent rarement le fond de leur pensée : leur sauvagerie la rend imprésentable, et puis ce sont toujours des schèmes complotistes particuliers qu’il y aurait à y lire : « celui-ci me monte une cabale », « ceux-là m’orchestrent un coup », etc. Ironiquement, ce sont donc des agents simplement satellites des plus hauts lieux de pouvoir, donc moins directement engagés dans leurs paranoïas, qui vont se charger de faire passer les schèmes complotistes particuliers au stade de la généralité, puis de les verbaliser comme tels, mais bien sûr toujours selon le mouvement d’extériorisation qui consiste à les prêter à la plèbe.

Il est fatal que la forme de pensée complotiste passe ainsi de ceux qu’elle habite en première instance à ceux qui racontent leur histoire. D’abord parce que les journalistes politiques se sont définitivement abîmés dans les « coulisses », les « arcanes » et le « dessous des cartes », manière ostentatoire de faire savoir qu’« ils en sont », mais surtout perspective qui emporte nécessairement la forme complot. Ensuite parce que la fréquentation assidue de leurs « sujets » se prête idéalement à la communication et au partage des formes élémentaires de la pensée, si bien que l’inconscient complotiste est peu ou prou devenu le leur — celui-là même d’ailleurs qu’il leur arrive de mettre directement en œuvre dans leurs propres manœuvres institutionnelles comme demi-sel du pouvoir.

Quand ils ne s’efforcent pas de passer dans le monde des caïds de plein rang. L’inénarrable Bruno Roger-Petit, qui aurait furieusement nié toute action concertée au sein de l’univers des médias pour faire aboutir la candidature Macron, n’en voit pas moins ses (non-)services officiellement récompensés. C’est donc très logiquement qu’il n’a pas cessé avant d’être nommé porte-parole de l’Élysée de dénoncer comme complotiste toute lecture de l’élection comme synarchie financière et médiatique : c’était une pure chevauchée politique.

De la croisade anticomplotiste à l’éradication de la fake news (fausse information), il n’y a à l’évidence qu’un pas. Au point d’ailleurs qu’il faut davantage y voir deux expressions différenciées d’une seule et même tendance générale. Mais comment situer plus précisément un « décodeur » du Monde.fr au milieu de ce paysage ? Il est encore loin de l’Élysée ou de Matignon. D’où lui viennent ses propres obsessions anticomplotistes ? Inutile ici d’envisager des hypothèses de contamination directe : il faut plutôt songer à un « effet de milieu », plus complexe et plus diffus. Pas moins puissant, peut-être même au contraire : d’autant plus qu’il ne peut pas faire l’objet d’une perception simple. Un milieu sécrète ses formes de pensée. La forme de pensée médiatique, qui imprègne l’atmosphère de toutes les pensées individuelles dans ce milieu, s’établit aujourd’hui à l’intersection de : 1) l’adhésion globale à l’ordre social du moment, 2) l’hostilité réflexe à toute critique radicale de cet ordre, 3) la réduction à une posture défensive dans un contexte de contestation croissante, la pénurie de contre-arguments sérieux ne laissant plus que la ressource de la disqualification, 4) la croisade anticomplotiste comme motif particulier de la disqualification, répandu par émulation, dans les couches basses du pouvoir médiatique, du schème éradicateur développé comme mauvaise conscience projective dans les couches hautes — un effet de « ruissellement », si l’on veut, mais celui-là d’une autre sorte. En résumé, on commence par entendre pendant des années des « BHL » et des Jean-Michel Aphatie, et puis, par lente imprégnation, on se retrouve en bout de course avec un Samuel Laurent, chef de la rubrique Les décodeurs du Monde.fr, d’autant plus pernicieux qu’on a affaire, comme on dit à Marseille, à « un innocent ».

Le complotisme est décidément insuffisant à rendre compte de l’obsession pour le complotisme : on n’explique pas Les décodeurs par la simple, et supposée, prolifération des cinglés conspirationnistes. Le sentiment d’être agressé, le syndrome obsidional de la forteresse assiégée y prennent une part décisive dans un univers médiatique dont toutes les dénégations d’être les auxiliaires d’un système de domination ne font maintenant qu’accréditer davantage la chose.

Il est vrai que, manifestation canonique de l’« innocence », les journalistes vivent dans la parfaite inconscience subjective de leur fonctionnalité objective, où leur dénégation prend tous les accents de la sincérité. Le fait est là pourtant, et le schème du retournement, qui prête au peuple des tendances paranoïaques en réalité partout présentes dans l’univers des dominants, n’en prend que plus de force. Au vrai, la chose ne date pas d’aujourd’hui : couvrir projectivement le peuple révolté de monstruosité est une opération vieille comme la presse ancillaire — qu’on se souvienne des hauts faits de la presse versaillaise pendant la Commune ou de ceux de la presse bourgeoise russe relatant la prise du Palais d’hiver. La croisade médiatique contemporaine contre la fake news aura du mal à recouvrir que la presse elle-même est le lieu le plus autorisé de mise en circulation de fake news (4) — ceci expliquant cela ? Au milieu d’un océan : Le Monde rapporte sans un battement de cil ni le moindre commentaire le propos, cet été, d’un « responsable macroniste » inquiet : « Les Français ont l’impression qu’on fait une politique de droite (5). » Quelques jours auparavant, le Financial Times rencontrait le premier ministre Édouard Philippe (6) : « Lorsqu’on [lui] suggère que les plans de son gouvernement ne comportent que des mesures de droite, il éclate de rire : “Vous vous attendiez à quoi ?” »

Le Monde diplomatique, Octobre 2017