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21 août 2022

La vaccination est-elle un marqueur social ?

Roland Hureaux


À mesure que se durcit la campagne gouvernementale pour la vaccination universelle contre le covid, court le bruit que le vaccin serait un « marqueur social » : se faire vacciner, c’est montrer qu’on appartient bien à la société des gens raisonnables, acceptant le progrès scientifique, bons citoyens, respectant les autres pour éviter de les contaminer, faisant confiance à l’administration, comme à tout ce qui est officiel.

Ceux qui sont contre sont des gens irrationnels, voire demeurés : ils ne croient pas à la science, comme autrefois certains ne croyaient pas que la terre était ronde, ils sont spontanément rebelles à l’autorité, peu fréquentables ; ils ne font pas « comme tout le monde ». D’ailleurs, les catégories les plus réticentes ne viennent-elles pas de marges suspectes : beaucoup de « souverainistes » du genre Philippot, des « Gilets jaunes », les gens des banlieues (on voit même des femmes voilées dans les manifestations), l’outre-mer (comme on vient de s’en apercevoir avec le tour de vis féroce de Macron contre les Antillais rétifs au vaccin), les cathos intégristes (pas les autres qui montrent au contraire une discipline exemplaire, comme ils avaient en majorité voté Macron.)

Il se peut que cette rumeur selon laquelle seuls des gens hors du « cercle de raison » seraient hostiles au passe, ait été répandue à dessein pour presser le mouvement de vaccination. Ce chantage social sournois peut expliquer ce fait étonnant que, dans cette Gaule frondeuse, malgré les doutes de beaucoup d’experts, tant de gens se précipitent, à la demande de l’État, pour se faire vacciner.

La peur de la mort

Mais cette précipitation peut s’expliquer d’autres manières. D’abord la peur de la mort, spécialement chez les personnes âgées, très répandue en ces temps d'incroyance, y compris curieusement chez de supposés croyants. Confusément, le vaccin n’est pas seulement tenu pour une garantie contre une maladie précise, le covid, mais comme un acte magique destiné à exorciser la mort en général.

Ensuite l’esprit grégaire, que tout nourri que nous soyons des idéaux individualistes de la Révolution française, n’a fait que se développer dans la société moderne. Quand tombe la foudre, les animaux du troupeau se serrent les uns contre les autres, même sous les arbres où le danger est le plus grand ! La stratégie qui a été adoptée pour riposter à l’épidémie : annonces dramatiques, confinement, interdiction de promenades en plein air, transports de malades en surnombre par hélicoptère – parfaitement inutiles si les propositions de concours du secteur privé avaient été acceptées, tout cela a créé un climat d’anxiété sans précédent, d’autant plus stressant que le président français avait annoncé que nous étions « en guerre ». Nous découvrons à cette occasion que plus on s’élève dans la hiérarchie sociale, plus on est discipliné et grégaire. C’est après tout normal : les plus gradés étaient les meilleurs élèves à l’école ; dans les grosses organisations publiques et privées qui se sont multipliées, on ne fait pas carrière sans discipline – voire, de plus en plus, sans conformisme.

La crise de l’esprit critique

Il reste tout de même surprenant de voir l’absence d’esprit critique de la bourgeoisie française, devant des faits pour le moins troublants : l’interdiction de soigner faite aux médecins au moment où l’épidémie commence, sans précédent dans l’histoire de médecine alors que, d’après les courriels de Fauci, les autorités sanitaires mondiales savaient dès le départ que ces traitements, le plus souvent, guérissaient le covid. Interdiction récemment réitérée en Guadeloupe où tous les médicaments susceptibles de guérir le covid, y compris le zinc, ont été retirés de l’île.

Aucune conscience non plus chez des gens qui se croient plus éclairés que les autres, que les « vaccins » officiels de Pfizer and Co utilisent une technique nouvelle, qui se trouve toujours à l’état expérimental et qui n’a été autorisée qu’à titre provisoire : a-t-on jamais traité des milliards de personnes sur des bases scientifiques aussi incertaines ?

Aucun esprit critique non plus face à la disproportion entre le déploiement d’un immense appareil d’État, qui n’a jamais autant mis en cause nos libertés, et les chiffres devenus résiduels, en France et presque partout ailleurs des cas et surtout des décès relevés : 44 le 15 août pour toute le France, dont 91 % au-dessus de 65 ans et 0 % au-dessous de 45 ans.

Un sujet que presque personne n’apprend à l’école : le calcul de probabilité : des gens très cultivés et sûrs d’eux ne savent pas toujours la différence entre une chance sur cent et une chance sur cent mille.

La fin de l’État hégélien

Il est clair que ceux qui suivent la consigne de vaccination générale croient encore à l’État hégélien, expression de l’intérêt général, s’appuyant sur une administration bien réglée au service exclusif de cet intérêt, comme on l’enseignait dans les manuels de droit public. L’intérêt général commande le vaccin ; comme dans toutes les épidémies, il faut faire des sacrifices, et ces braves gens (braves mais souvent féroces pour ceux qui ne partagent pas leur point de vue simpliste) s’exécutent. Ces bons Français disciplinés n’ont pas compris que nous sommes entrés dans un monde nouveau : pas le grand reset du vieux Schwab, mais un océan de corruption et de mensonge étendus à la terre entière, particulièrement dans le domaine de la santé.

La quasi-unanimité de la presse, la censure de l’Internet, les poursuites judiciaires acharnées que risquent les dissidents empêchent de voir ce monde nouveau. Et s’ils le voyaient, ces honnêtes fonctionnaires qui avaient jusque là vécu dans un monde normal, comment en supporteraient-il le choc ?

Une administration qu’ils présument régulière et seulement animée du souci du bien public ayant décidé que, pour se débarrasser du virus, il fallait vacciner le monde entier, les récalcitrants ne sont dans cette logique que des mauvais citoyens qui mettent en danger la vie d’autrui. Si on n’a aucun doute que le vaccin est efficace et sans danger pourquoi pas ? Personne ne leur a donc dit que les quatre vaccins à ARN messagers ont déjà tué 1000 personnes depuis le début de l’année, plus que tous les autres vaccins depuis 1970 (source : CNRS) ! Sans compter les suites à moyen terme encore inconnues.

Il est vrai que toute la bourgeoisie n’est pas devenue aveugle. Mais il faut aller dans ses très hautes sphères pour entendre, en France et à l’étranger, que les gens vraiment informés se font faire des certificats de complaisance. Chut ! que cela ne se sache pas.

Non, l’immense vague de protestation, non point contre le principe du vaccin comme le disent ses détracteurs, mais contre ceux-là, qui ne sont pas de vrais vaccins, et surtout contre l’obligation imposée par des méthodes terroristes, chantage à l'emploi, à l’accès aux services publics et privés, aux spectacles, à la scolarisation, voire aux soins médicaux, n’est pas que le fait d’hilotes !

Très peu de Français savent la différence entre un vrai vaccin et une application à caractère génique. Je gage qu’on la sait bien mieux chez les supposés illettrés qui manifestent que chez les bourgeois, grands et petits, qui font sagement la queue devant les vaccinodromes.

La résistance n’est pas le fait de bêtes mais de gens lucides, de vrais citoyens, qui se tiennent au courant, attachés à leurs libertés et peut-être même à leur santé. 22/8/2021

Roland HUREAUX

Ancien élève de l’ENS et de l’ENA, agrégé d’histoire, homme politique (ancien 1er adjoint au maire de Cahors), essayiste, auteur de nombreux livres et articles.Chroniqueur à Marianne2, Valeurs actuelles, Le Figaro etc.

Pass sanitaire

Marie-Laure Ruiz-Maugis

- 21/7/2021 - À ceux qui se réjouiraient que l'on pourrisse la vie des « autres », je répondrais que l'on ne pourrit pas ainsi la vie des « autres » sans s'étonner des réactions et sans faire peser une lourde menace sur les institutions et l'ordre public.
Certains responsables d'associations, de festivals, comme le festival de Flamenco de Perpignan, certains maires, ont préféré annuler les manifestations prévues plutôt que d'avoir à trier les « bons » des « mauvais ».
Ainsi le dit le maire de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) : « C’est une société de flicage. Nous sommes dans l’absurde total », a-t-il affirmé. « J’annule purement et simplement les spectacles. Il n’y a pas les bons et les mauvais citoyens. Quelle société bâtissons-nous là ? », s’est-il interrogé.
Quand je lis le décret qui entre en vigueur aujourd'hui, j'ai le tournis...
À part les lieux de culte, rien n'est épargné.
Même les bibliothèques, quel symbole...
« Cette règle concerne les salles de spectacle, de conférence, les théâtres, les cinémas, les chapiteaux, les salles de jeux, de danse, les salles omnisports et les terrains de sport, les gymnases, les piscines couvertes et extérieures, les patinoires. Mais aussi les foires-expositions et les salons temporaires, les musées, les bibliothèques – sauf les bibliothèques universitaires – ainsi que les événements culturels, sportifs, ludiques ou festifs organisés dans l’espace public lorsqu’ils sont « susceptibles de donner lieu à un contrôle de l’accès des personnes ». Sont également concernés les lieux de culte, mais uniquement pour les événements « ne présentant pas un caractère cultuel ».
Le décret précise également que le pass sanitaire sera demandé lors des compétitions et événements sportifs amateurs dès lors qu’ils rassemblent au moins 50 participants par épreuve.
Par ailleurs, il sera nécessaire pour accéder aux piscines ou aux salles de spectacle des campings et clubs de vacances, comme nous le confirme Sylvie Henry, présidente de l’Union nationale des campings et des parcs résidentiels de loisirs (Unaparel). Cela signifie que les personnes en congé dans un de ces lieux et ne disposant pas du pass ne pourront pas accéder aux infrastructures concernées et qui font le succès de ces endroits.

Le complotisme de l’anticomplotisme

Frédéric Lordon
Économiste et philosophe

Disqualifier pour mieux dominer

« L’image est familière : en haut, des gens responsables se soucient du rationnel, du possible, du raisonnable, tandis que ceux d’en bas, constamment ingrats, imputent à leurs dirigeants une série de malveillances. Mais l’obsession du complot ne relève-t-elle pas plutôt des strates les plus élevées de la société ? Les journalistes reprenant les idées du pouvoir privilégient eux aussi cette hantise.

Après « réforme », « moderne » et « logiciel » (« en changer »), « complotisme » est en train de devenir le nouvel indice du crétin, le marqueur qui situe immanquablement son homme. Un ordre social de plus en plus révoltant à un nombre croissant de personnes réduit nécessairement ses conservateurs aux procédés les plus grossiers pour tenter d’endiguer une contestation dont le flot ne cesse de monter. Au demeurant, on sait que cet ordre entre en crise profonde quand, vide d’arguments, il ne trouve plus à opposer que des disqualifications. Comme un premier mouvement de panique, « antisémitisme » a été l’une des plus tôt jetées à la tête de toute critique du capitalisme ou des médias (1). Mais, même pour l’effet de souffle, on ne sort pas d’emblée la bombe atomique s’il s’agit simplement d’éteindre un départ de feu. C’est que par définition on ne peut pas se livrer à un usage ordinaire et à répétition de la munition maximale, sauf à lui faire perdre rapidement toute efficacité. Ses usages tendanciellement grotesques soulignant son ignominie de principe, le procédé a fatalement entraîné l’autodisqualification de la disqualification.

Supposé moins couvrir ses propres utilisateurs de honte et mieux calibré pour l’arrosage extensif, susceptible par là d’être rapatrié dans le domaine du commentaire ordinaire, le « complotisme » est ainsi devenu le nouveau lieu de la bêtise journalistique — et de ses dépendances, philosophe dérisoire ou sociologue de service. Signe des temps, il faut moins invoquer la mauvaise foi que l’effondrement intellectuel de toute une profession pour comprendre ses impossibilités de comprendre, et notamment de comprendre deux choses pourtant assez simples. D’abord que la seule ligne en matière de complots consiste à se garder des deux écueils symétriques qui consistent l’un à en voir partout, l’autre à n’en voir nulle part — comme si jamais l’histoire n’avait connu d’entreprises concertées et dissimulées… Ensuite que le complotisme, tendance évidemment avérée à saisir tous les faits de pouvoir comme des conspirations, demanderait surtout à être lu comme la dérive pathologique d’un mouvement pour en finir avec la dépossession, d’un effort d’individus ordinaires pour se réapproprier la pensée de leur situation, la pensée du monde où ils vivent, confisquée par des gouvernants séparés entourés de leurs experts — bref, un effort, ici dévoyé, mais un effort quand même, pour sortir de la passivité. « Vouloir tout traiter en cachette des citoyens, et vouloir qu’à partir de là ils ne portent pas de jugements faux et n’interprètent pas tout de travers, écrivait il y a déjà longtemps Spinoza, c’est le comble de la stupidité (2). »

Mais il y a deux faces au débat, et s’il y a lieu de comprendre le mécanisme qui fait voir des complots partout, il y a lieu symétriquement de comprendre celui qui fait voir du complotisme partout. Or ni l’existence — réelle — de délires conspirationnistes ni l’intention disqualificatrice, quoique massive, ne rendent entièrement compte de l’obsession non pas pour les complots, mais pour les complotistes — un complotisme anticomplotiste, si l’on veut… Si cette nouvelle idée fixe trouve si bien à prospérer, c’est aussi parce qu’elle trouve une profonde ressource dans des formes de pensée spontanées à l’œuvre dans un milieu : le milieu des dominants, dont les journalistes, qui aux étages inférieurs en occupent les chambres de bonne, sont à leur tour imbibés comme par un fatal dégât des eaux.

La paranoïa des puissants

C’est que, par construction, être un dominant, c’est participer à des jeux de pouvoir, être immergé dans leurs luttes, en vivre toutes les tensions, et notamment l’impérieuse obligation de la vigilance, c’est-à-dire l’anticipation des menées adverses, l’élaboration de ses propres stratégies et contre-stratégies pour conserver ou bien développer ses positions de pouvoir. En réalité, dans ses strates les plus hautes, la division fonctionnelle du travail est inévitablement doublée par une division du pouvoir… la seconde ayant pour propriété de vampiriser la première : les hommes de pouvoir, dans l’entreprise comme dans n’importe quelle institution, s’activent en fait bien moins à servir la fonction où les a placés la division du travail qu’à protéger les positions dont ils ont été par là dotés dans la division du pouvoir. Or la logique sociale du pouvoir est si forte qu’accéder à une position conduit dans l’instant à envisager surtout le moyen de s’y faire reconduire, ou bien de se hausser jusqu’à la suivante. On rêverait de pouvoir observer les journées d’un patron de chaîne, d’un directeur de journal, d’un cadre dirigeant, d’un haut fonctionnaire, d’un magistrat ou d’un mandarin universitaire louchant vers le ministère, pour y chronométrer, par une sorte de taylorisme retourné à l’envoyeur, les parts de son temps respectivement consacrées à remplir la fonction et à maintenir la position. La pathétique vérité des organisations peut conduire jusqu’à cette extrémité, en fait fréquemment atteinte, où un dirigeant pourra préférer attenter aux intérêts généraux de l’institution dont il a la charge si c’est le moyen de défaire une opposition interne inquiétante ou d’obtenir la faveur décisive de son suzerain — et il y a dans ces divisions duales, celle du travail et celle du pouvoir, une source trop méconnue de la dysfonctionnalité essentielle des institutions.

La logique même du pouvoir, dont la conquête et la conservation sont immédiatement affaire d’entreprise décidée, voue par construction les hommes de pouvoir à occuper alternativement les deux versants du complot : tantôt comploteurs, tantôt complotistes. En réalité, le complot est leur élément même, soit qu’ils s’affairent à en élaborer pour parvenir, soit que, parvenus, ils commencent à en voir partout qui pourraient les faire sauter. On n’imagine pas à quel degré la forme complot imprègne la pensée des puissants, jusqu’à la saturer entièrement. Leur monde mental n’est qu’un gigantesque Kriegspiel. La carte du théâtre des opérations est en permanence sous leurs yeux, leurs antennes constamment déployées pour avoir connaissance du dernier mouvement, leur énergie mentale engloutie par la pensée du coup d’avance, leur temps colonisé par le constant travail des alliances à nouer ou à consolider. Bien davantage que l’égarement de quelques simples d’esprit, habiter le monde violent des dominants, monde de menaces, de coups et de parades, est le plus sûr passeport pour le complotisme. Le pire étant que, pour un homme de pouvoir, la paranoïa n’est pas une pathologie adventice : elle est un devoir bien fondé. La question constante de l’homme de pouvoir, c’est bien : « Qu’est-ce qui se trame ? »

Vivant objectivement dans un monde de complots, les hommes de pouvoir développent nécessairement des formes de pensée complotistes. La dénonciation obsessionnelle du complotisme, c’est donc pour une large part la mauvaise conscience complotiste des dominants projectivement prêtée aux dominés. Le premier mouvement de M. Julien Dray, voyant sortir les photographies d’une femme en burkini expulsée de la plage par la police municipale de Nice à l’été 2016, est de considérer qu’il s’agit d’une mise en scène destinée à produire des clichés d’expulsion. M. Jean-Christophe Cambadélis, ahuri des mésaventures new-yorkaises de son favori Dominique Strauss-Kahn en 2011, assure qu’il a « toujours pensé, non pas à la théorie du complot, mais à la théorie du piège (3) » – c’est en effet très différent.

Sans doute y a-t-il une forme d’injustice à ce que, de cet effet projectif, ce soient les journalistes ou les publicistes, dominés des dominants, qui portent cependant l’essentiel du poids de ridicule. Car les dominants eux-mêmes lâchent rarement le fond de leur pensée : leur sauvagerie la rend imprésentable, et puis ce sont toujours des schèmes complotistes particuliers qu’il y aurait à y lire : « celui-ci me monte une cabale », « ceux-là m’orchestrent un coup », etc. Ironiquement, ce sont donc des agents simplement satellites des plus hauts lieux de pouvoir, donc moins directement engagés dans leurs paranoïas, qui vont se charger de faire passer les schèmes complotistes particuliers au stade de la généralité, puis de les verbaliser comme tels, mais bien sûr toujours selon le mouvement d’extériorisation qui consiste à les prêter à la plèbe.

Il est fatal que la forme de pensée complotiste passe ainsi de ceux qu’elle habite en première instance à ceux qui racontent leur histoire. D’abord parce que les journalistes politiques se sont définitivement abîmés dans les « coulisses », les « arcanes » et le « dessous des cartes », manière ostentatoire de faire savoir qu’« ils en sont », mais surtout perspective qui emporte nécessairement la forme complot. Ensuite parce que la fréquentation assidue de leurs « sujets » se prête idéalement à la communication et au partage des formes élémentaires de la pensée, si bien que l’inconscient complotiste est peu ou prou devenu le leur — celui-là même d’ailleurs qu’il leur arrive de mettre directement en œuvre dans leurs propres manœuvres institutionnelles comme demi-sel du pouvoir.

Quand ils ne s’efforcent pas de passer dans le monde des caïds de plein rang. L’inénarrable Bruno Roger-Petit, qui aurait furieusement nié toute action concertée au sein de l’univers des médias pour faire aboutir la candidature Macron, n’en voit pas moins ses (non-)services officiellement récompensés. C’est donc très logiquement qu’il n’a pas cessé avant d’être nommé porte-parole de l’Élysée de dénoncer comme complotiste toute lecture de l’élection comme synarchie financière et médiatique : c’était une pure chevauchée politique.

De la croisade anticomplotiste à l’éradication de la fake news (fausse information), il n’y a à l’évidence qu’un pas. Au point d’ailleurs qu’il faut davantage y voir deux expressions différenciées d’une seule et même tendance générale. Mais comment situer plus précisément un « décodeur » du Monde.fr au milieu de ce paysage ? Il est encore loin de l’Élysée ou de Matignon. D’où lui viennent ses propres obsessions anticomplotistes ? Inutile ici d’envisager des hypothèses de contamination directe : il faut plutôt songer à un « effet de milieu », plus complexe et plus diffus. Pas moins puissant, peut-être même au contraire : d’autant plus qu’il ne peut pas faire l’objet d’une perception simple. Un milieu sécrète ses formes de pensée. La forme de pensée médiatique, qui imprègne l’atmosphère de toutes les pensées individuelles dans ce milieu, s’établit aujourd’hui à l’intersection de : 1) l’adhésion globale à l’ordre social du moment, 2) l’hostilité réflexe à toute critique radicale de cet ordre, 3) la réduction à une posture défensive dans un contexte de contestation croissante, la pénurie de contre-arguments sérieux ne laissant plus que la ressource de la disqualification, 4) la croisade anticomplotiste comme motif particulier de la disqualification, répandu par émulation, dans les couches basses du pouvoir médiatique, du schème éradicateur développé comme mauvaise conscience projective dans les couches hautes — un effet de « ruissellement », si l’on veut, mais celui-là d’une autre sorte. En résumé, on commence par entendre pendant des années des « BHL » et des Jean-Michel Aphatie, et puis, par lente imprégnation, on se retrouve en bout de course avec un Samuel Laurent, chef de la rubrique Les décodeurs du Monde.fr, d’autant plus pernicieux qu’on a affaire, comme on dit à Marseille, à « un innocent ».

Le complotisme est décidément insuffisant à rendre compte de l’obsession pour le complotisme : on n’explique pas Les décodeurs par la simple, et supposée, prolifération des cinglés conspirationnistes. Le sentiment d’être agressé, le syndrome obsidional de la forteresse assiégée y prennent une part décisive dans un univers médiatique dont toutes les dénégations d’être les auxiliaires d’un système de domination ne font maintenant qu’accréditer davantage la chose.

Il est vrai que, manifestation canonique de l’« innocence », les journalistes vivent dans la parfaite inconscience subjective de leur fonctionnalité objective, où leur dénégation prend tous les accents de la sincérité. Le fait est là pourtant, et le schème du retournement, qui prête au peuple des tendances paranoïaques en réalité partout présentes dans l’univers des dominants, n’en prend que plus de force. Au vrai, la chose ne date pas d’aujourd’hui : couvrir projectivement le peuple révolté de monstruosité est une opération vieille comme la presse ancillaire — qu’on se souvienne des hauts faits de la presse versaillaise pendant la Commune ou de ceux de la presse bourgeoise russe relatant la prise du Palais d’hiver. La croisade médiatique contemporaine contre la fake news aura du mal à recouvrir que la presse elle-même est le lieu le plus autorisé de mise en circulation de fake news (4) — ceci expliquant cela ? Au milieu d’un océan : Le Monde rapporte sans un battement de cil ni le moindre commentaire le propos, cet été, d’un « responsable macroniste » inquiet : « Les Français ont l’impression qu’on fait une politique de droite (5). » Quelques jours auparavant, le Financial Times rencontrait le premier ministre Édouard Philippe (6) : « Lorsqu’on [lui] suggère que les plans de son gouvernement ne comportent que des mesures de droite, il éclate de rire : “Vous vous attendiez à quoi ?” »

Le Monde diplomatique, Octobre 2017

CONTRE LE PASS VACCINAL

lundimatin#323

Depuis septembre 2021, le Théâtre National de Strasbourg exige la présentation du fameux pass sanitaire. Mais cette obligation ne se limite pas au public, elle s’étend aussi aux étudiants et comédiens qui s’y forment. Extension du domaine du contrôle sanitaire. En réaction, trois étudiantes se sont mises en « grève » et passent les heures de cours sur le parvis du théâtre, assises sur des chaises. Alors qu’elles détiennent le fameux pass, elles refusent néanmoins qu’il conditionne leur accès au bâtiment et donc à leurs cours de théâtre. L’une d’entre elle nous a transmis la lettre qu’elle a lu lors de l’assemblée générale du TNS et qui explique son refus.

Chers toutes et tous,

Je vous écris aujourd’hui pour tenter de rompre, à ma moindre échelle, une politique de silence, d’invisibilisation, de discrédit et donc de division.

Si, parmi les droits fondamentaux, le droit de circuler librement, le droit au travail, à l’intégrité corporelle, à la liberté de réunion... sont bien victimes directement d’un gouvernement qui scinde par la loi la population en deux catégories (les bons citoyens et les mauvais, voire les citoyens et les anciens-citoyens), le droit à l’éducation n’a, à ma connaissance, pas encore été entravé par des pratiques liberticides. Me positionner de façon neutre ou continuer à rester dans le silence, face aux dérives d’un gouvernement qui foule l’article premier de sa constitution, ne m’est plus possible. Me positionner de façon neutre face à des idéologies aux dérives fascisantes ne m’est plus possible.

Les conséquences du "maintien de l’ordre public" après la loi anti-casseurs lors de maintes manifestations ayant eu lieu ces dernières années ne sont que la partie visible d’une politique d’État répressive et dangereuse pour les droits fondamentaux de toutes et tous.

À partir de demain, mercredi 19/1/22, je vous informe donc que je ne pourrai plus avoir accès au bâtiment du TNS, mon lieu d’études. Lorsque je dis "je ne pourrai plus avoir accès au bâtiment", entendons-nous. "Légalement", je peux y entrer. Je peux, une nouvelle fois me résigner, prendre sur moi et montrer mon QR Code pour passer les portes du théâtre afin d’aller étudier. Fermer les yeux, non par bêtise mais par survie, comme je l’ai fait jusqu’à présent. Éthiquement, en revanche, je ne le peux plus. Je ne le peux d’autant plus, que pour faire valoir mon droit à l’éducation, nulle part ailleurs en France - à ma connaissance - des étudiants n’ont à se soumettre à ces mesures... Je le peux en revanche si on ne m’y empêche pas l’accès sans que j’aie à présenter un passe, quel qu’il soit. Si nous sommes parmi les premiers, encore étudiants, à être soumis à la présentation d’un passe (sanitaire ou vaccinal), ne doit-on pas craindre que celle-ci soit bientôt élargie aux autres lieux d’apprentissage ? Car je ne suis pas la seule à constater que le classique « à contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles » peut se transformer en « à mesures exceptionnelles, inscriptions progressives dans le droit commun ».

Ayant une pensée empathique et solidaire à l’égard de toutes celles et ceux ne pouvant plus avoir accès à leur lieu de travail, qu’ils soient de cet établissement ou ailleurs, je ne me résous pas à me taire face au constat que les étudiants de cette école soient soumis à un contrôle de passe pouvant, qui plus est, dorénavant être accompagné d’un contrôle d’identité. Que cette mesure de contrôle de passe (sanitaire ou vaccinal) ait été appliquée pour rentrer dans l’école sans concertation avec les étudiants est d’autant plus offensante, la mise en application des directives de l’État ne doit pas exclure le débat.

En septembre dernier, aucune solution n’ayant été trouvée pour venir étudier sans contrôle de passe, cela a abouti à une acceptation de l’inacceptable (par contrainte). Je me suis déjà sentie une première fois privée de mon droit à l’éducation, et j’atteste ne pas avoir été la seule, lorsqu’il a fallu présenter un passe sanitaire sans concession pour entrer dans l’enceinte du bâtiment. Comme beaucoup je m’y suis faite, en me disant qu’il n’y aurait pas pire.

Mais, jusqu’à quand faut-il attendre le pire ? À quel moment dire : stop, je ne me rends plus complice ? Est-ce si radical de ma part, de faire apparaître, par mon impossibilité d’entrer dans le bâtiment, l’absurdité à laquelle nous sommes toutes et tous confrontés ? De rendre visible le refus d’accepter l’addition d’une contrainte de droit, qui n’est imposée par aucune loi ? (je dis imposée et non justifiée à dessein).

Je ne jubile pas à l’idée d’avoir à rester à l’extérieur. D’avoir à ne plus pouvoir exercer ma pratique artistique en tant que comédienne. J’ai peur moi aussi, de cet avenir auquel je ne crois qu’avec amertume, dans lequel toute perspective de projection me semble amputée. La situation actuelle me fait perdre des heures de sommeil, du poids, de l’énergie. Ce qui arrive n’est un choix pour personne. Les conséquences physiques et psychologiques sur les individus se font sentir, deviennent presque palpables. Pour la première fois, comme de très nombreux jeunes de ma génération, la possibilité du suicide m’est parfois apparue comme une solution. Que retenir de cela ? Car si pour ma part l’endroit n’était que de l’ordre de pensée furtive, cette pensée est tentative voire acte pour de nombreux jeunes, surtout ces 2 dernières années. Cela relève aussi de santé publique.

Mais c’est en tant qu’artiste d’abord, que je me positionne. Prendre la parole et rendre visible ce qu’une stratégie politique parvient à rendre invisible (par autocensure, par silence, par peur, parce que questionner c’est être suspect, parce qu’on nous incite à devenir partisan d’une politique de délation, où chacun est potentiellement le flic de l’autre). Prendre la parole en tant qu’étudiante artiste-comédienne de 24 ans, en école supérieure de théâtre, au sein d’une institution, c’est aussi parce que je n’ai pas su trouver d’écho avec mes pairs, chez les artistes. Parce que je refuse qu’on me vole ma voix, ma pensée critique, mon humanité.

En 2017, la ligue internationale des droits de l’Homme s’est dite “inquiète de l’avenir de l’Etat de droit en France, vacillant dangereusement sous prétexte de lutte contre le terrorisme”. Aujourd’hui, j’étends cette inquiétude au prétexte de lutte contre la pandémie. Et si je ne remets pas en question la réalité du contexte sanitaire (d’autant plus grave que l’hôpital public meurt à petit feu depuis des années par manque de moyens et par fermetures de lits, même en temps de crise) je questionne l’endroit de bascule entre protection sanitaire et projet politique.

Ainsi, je demande afin de ne pas bafouer un droit supplémentaire, à ce que, comme tous les étudiant.es de France, nous n’ayons plus à être soumis.es à un contrôle de passe, sanitaire ou vaccinal, et à ce que le droit au secret médical soit respecté. À ce que chaque étudiant, vacciné ou non, en possession d’un passe valide ou non, ait accès à son lieu d’étude.

J’entends que notre statut légal nous considère comme public à l’intérieur du bâtiment. Or, j’ai une carte d’étudiante en Jeu au TNS au sein du groupe 47 et non une carte de “public”. J’ai passé les concours d’entrée pour être étudiante comédienne et non public. Nombreux sont celles et ceux ayant payé des frais d’inscription et cela afin d’être étudiant et non "public".

Je demande à ce que des solutions soient appliquées afin que toutes et tous nous puissions, sans discrimination, avoir accès à notre lieu d’étude, de recherche, de création.

Car ce qui nous relie devrait se tenir dans la conviction qu’être vivants, c’est être les témoins de notre temps. Que le vivre-ensemble tient dans le fait de se sentir responsables, vitalement, passionnément, brutalement responsables, de l’avenir collectif de notre société.

Merci de m’avoir lue, Juliette Bialek, comédienne G47

Le pass vaccinal ou la déchéance de citoyenneté

Xavier Méra

Après les propos de Macron sur les non-vaccinés, doit-on comprendre qu’avec l’instauration du pass vaccinal, il s’agit de remettre en question le statut juridique de citoyen des personnes non-vaccinées ?

Si l’actuel président de la République française, chef des armées et grand maître de l’ordre national de la Légion d’honneur, a tenu des propos gravissimes dans Le Parisien, ce n’est pas parce qu’il a utilisé un gros mot à l’encontre des personnes non-vaccinées. En réglant immédiatement leur focale sur la forme de ses déclarations, les éditorialistes de la presse bien-comme-il-faut ont fait mine de ne pas entendre l’essentiel. Car, n’étant certainement pas totalement incompétents dans les fonctions qu’ils occupent, ni le chef de l’État ni les rédactions concernées ne peuvent ignorer ce que le mot « citoyen » signifie normalement dans la bouche d’un président.

Lorsqu’il explique que les « antivax » s’en prennent à la « solidité d’une nation », menacent la liberté d’autrui, sont ainsi irresponsables et qu’« un irresponsable n’est plus un citoyen », on est fondé à comprendre qu’avec l’instauration du pass vaccinal et au-delà, il s’agit de remettre en question le statut juridique de citoyen des personnes non-vaccinées contre la covid. On l’est d’autant plus qu’il parle de ce pass vaccinal comme d’une « nouvelle étape » dans une série de mesures prises depuis juillet dernier, laissant ainsi entendre que d’autres ne sont pas à exclure, dans sa volonté de leur mettre la pression « jusqu’au bout ».

Pass vaccinal : les non vaccinés sont-ils toujours des citoyens ?

Autrement dit, ce très officiel gardien – et donc interprète – de la Constitution, suggère que l’État n’est pas obligé de leur reconnaitre, entre autres, un droit d’être propriétaire, de se marier, et d’être soumis aux mêmes lois que les autres en matière d’accès aux emplois publics, de liberté de pensée, d’opinion et d’expression, de religion, de circulation, de réunion, d’association, de manifestation et de fiscalité. Il suggère que l’État peut licitement leur retirer le droit de travailler et d’obtenir un emploi, le droit de grève, le droit à l’éducation et à la sécurité sociale. Et alors que l’élection présidentielle approche à grands pas, il sous-entend que l’État n’est pas tenu de leur reconnaître le droit de voter et de se présenter à une élection.

De plus, on se rappellera que la définition du « schéma vaccinal complet », requis pour avoir un pass vaccinal valide, a déjà changé et est susceptible de changer à nouveau par simple décret du gouvernement, alors qu’on avait initialement fait miroiter aux personnes inoculées deux fois une vie normale en récompense de leur coopération. Le statut de citoyen pourrait alors être modifié sur cette base, les vaccinés d’aujourd’hui étant potentiellement les non-vaccinés et ex-citoyens de demain, s’ils ne se soumettent pas à de nouvelles mises en demeure. D’autant que, comme l’a expliqué le Premier ministre, la limitation dans le temps du dispositif, sur un critère sanitaire à déterminer, « n’est pas ce qui, à ce stade, est prévu ». (...) 

La question immédiate à laquelle chacun d’eux se sentirait obligé de répondre serait plutôt de savoir si les menaces du président sont compatibles avec son rôle de gardien de la Constitution et, si ce n’est pas le cas, de savoir ce qui peut et doit être fait pour en finir avec de tels comportements au sommet de l’État. De tels débats auraient certes plus de chances d’avoir lieu si les médias en question n’étaient pas largement sous tutelle étatique, ne bénéficiaient pas en permanence de subventions et autres exonérations, et que l’Élysée ne les avaient pas fait bénéficier en plus de rallonges covid.

La méditation de pleine conscience en entreprise pour développer bien-être et performance au travail

Stéphane Leluc - Entreprendre - 6/8/2022




La vie professionnelle dans la plupart des entreprises est devenue trépidante, caractérisée par une surcharge cognitive et une complexification croissante des aspects technologiques, juridiques et organisationnels du travail. Le rythme est extrêmement soutenu et la généralisation du fonctionnement en mode multitâches (l’illusion que nous pouvons faire plusieurs choses en même temps) fait chuter notre niveau d’attention et de concentration. Résultat : le stress est devenu un « mode de vie » et le nombre de jours de maladie dus au stress ou à des maladies psychologiques a augmenté rapidement, atteignant l’inquiétante proportion de 54% des absences maladie chez les cadres et entrainant des coûts afférents élevés pour les entreprises. Même les employés en bonne santé ressentent une pression permanente et font l’expérience d’une baisse de leur satisfaction au travail, de leur créativité, de leur résilience et de leur ouverture à de nouvelles compétences.

Les résultats provenant de la recherche neuroscientifique et les expériences menées par quelques entreprises innovantes montrent que de nouvelles voies émergent pour réduire le stress, renforcer la résilience, la satisfaction au travail et la collaboration. Un aspect central de ces approches est la formation aux pratiques de méditation de pleine conscience, également connues aujourd’hui sous le nom de Mindfulness, une méthode qui a déjà fait ses preuves dans les secteurs de la santé mentale et de la prévention du Burnout.

Au niveau le plus fondamental, la méditation de pleine conscience fait référence à notre capacité d’être complètement attentifs à ce que nous faisons. Diriger notre attention est un aspect fondamental de l’esprit, et nous le faisons tout le temps. Pourtant, au milieu de la richesse d’information à notre disposition dans notre univers professionnel et dans notre vie sociale, nous perdons de façon croissante notre capacité à poser notre esprit sur un sujet et à y réfléchir, ou à être pleinement présents à ce que nous faisons. Nous avons tendance à être facilement distraits, pas présents dans nos conversations, nous avons du mal à nous détendre et à arrêter notre esprit de ruminer ou de s’inquiéter, et pensons souvent à d’autres choses alors même que nous sommes en train d’effectuer une tâche demandant un niveau de concentration élevé.

Le cerveau possède une capacité innée à l’attention. Il ne s’agit aucunement de quelque chose d’étranger que nous devrions apprendre, mais plutôt d’une qualité que nous pouvons cultiver et utiliser plus fréquemment. Etre attentif nous permet de reconnaitre et de comprendre des choses que nous manquons avec un esprit agité et inattentif. Quand nous nous engageons dans des activités ou des pensées avec attention, nous sommes plus à même de comprendre leur signification. La Pleine Conscience, l’attention dénuée de jugement que nous portons à ce qui se passe en nous et autour de nous dans l’instant présent, est la base de toutes les capacités cognitives plus élevées telles que la concentration.

Dans les années 1980, le Dr Jon KABAT ZIN, docteur en biologie moléculaire et directeur de clinique à Boston, a testé cette approche en formalisant un protocole de 8 semaines de formation à la Pleine Conscience pour les patients de sa clinique afin de les aider à réduire leur niveau de souffrance et de stress liés à leur maladie et à l’éventuelle perspective de la mort. Connu sous le nom de MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction – la réduction du stress fondée sur la pratique de la méditation de pleine conscience), ce protocole de formation s’est rapidement développé an Amérique du Nord tout d’abord dans le secteur hospitalier dans les années 1990, puis a atteint le monde de l’entreprise américain dès la fin des années 2000.

Dépouillée de toute référence religieuse ou spirituelle, la formation à la méditation de pleine conscience apprend à notre esprit à faire une pause, à lâcher prise de nos schémas de pensées discursives, et à atteindre un état naturel de paix. Des recherches scientifiques de grande envergure (8 000 études ont été consacrées à la pleine conscience depuis 20 ans) ont prouvé que ces techniques transforment réellement la structure du cerveau.

Grâce à l’introduction de formations fondées sur la méditation dans le milieu professionnel, les organisations ont intégré les découvertes scientifiques concernant les impacts neurophysiologiques de la pleine conscience sur la journée de travail et la culture d’entreprise. De nombreuses sociétés (Google, General Electric, Intel, Mercedes, Jaguar, Novartis, Orange, SNCF, RATP, L’Oréal, Sodexo, HSBC, Natixis, Schneider Electric) offrent aujourd’hui à leurs collaborateurs des formations à la pleine conscience.

Les recherches déjà réalisées sur l’efficacité de la Pleine Conscience dans la vie professionnelle ont mis en évidence les résultats suivants :

– Une réduction significative (71%) du stress perçu *

– Un renforcement de la résilience et une baisse de 50% du nombre de jours de maladie**

– Une capacité de concentration accrue (+38%)*

– Une amélioration de la capacité à rester calme et lucide durant des périodes de stress

– Une amélioration des rapports humains et de l’intelligence collective au sein des équipes, ressentie par 85% des participants aux formations de Mindfulness*

– Une meilleure acceptation (+45%) des situations de travail ainsi que de la satisfaction au travail*

– Une créativité accrue (+24%)*

– Une prise de décision plus claire et plus éthique. ***

Enfin, la pleine conscience intéresse désormais également les hommes politiques : au Royaume Uni, le projet UK MINDFULNESS INITIATIVE (www.themindfulnessinitiative.org.uk), commission d’enquête parlementaire conduite par des députés britanniques, conçoit, accompagne et rend compte de la mise en œuvre de programmes de Mindfulness dans les domaines de l’Education, la Santé, la Justice – la Défense – L’Intérieur et les Entreprises. Une initiative similaire a pris forme à l’Assemblée nationale en France où 3 groupes de députés ont déjà effectué des formations à la pleine conscience depuis 2017.

Sources: *Université de Coburg – Dr Kolhs – Generation Research Program – LMU – 2013.

**Transport for London – Health and Well-being Forum – 2012

***INSEAD : Understanding and Responding to Societal Demands on Corporate Responsibility

Directeur d’Awaris France, Stéphane LELUC intervient auprès de grands groupes français et étrangers ainsi qu’au parlement européen pour introduire, intégrer et approfondir la Pleine conscience au sein des organisations afin d’aider les entreprises à libérer leur potentiel de collaboration et de créativité. Co-auteur du « Guide pratique de méditation – Déployez vos talents », il pratique la méditation et les disciplines contemplatives depuis 30 ans.

https://www.entreprendre.fr/la-meditation-de-pleine-conscience-en-entreprise-pour-developper-bien-etre-et-performance-au-travail/?fbclid=IwAR0plwLN7MXueGJ-DUGou2DhujKPG9qwwZUAMSHNTOnbrLzNrUAgo55_W3o

18 août 2022

Jean Mizrahi

La Science

Je suis impressionné, évidemment sans être admiratif, par la méthode employée par la macronie pour discréditer les scientifiques crédibles qui s'élèvent contre la politique "sanitaire" absolument délirante de ce gouvernement. Didier Raoult est probablement celui qui a le plus subi les assauts des divers médias pour salir la personne et son travail, jusqu'à Mediapart joignant sa voix à celle des médias para-gouvernementaux. Il y a eu d'autres voix ainsi effacées du domaine public, et les groupes qui contrôlent désormais l'essentiel de la communication directe (journaux, radios, télévisions) ou indirecte (réseaux sociaux) ont activement collaboré à l'entreprise de décrédibilisation, le cas échéant par voie de censure. Alliance des médias nationaux et des GAFAM venant faire taire les discours ne rentrant pas dans la norme communément admise. Le politiquement correct a gagné.
J'ai extrait de la vidéo publiée par Raoult hier la partie la plus explicite quant à sa vision de l'inanité de la politique d'obligation vaccinale mise en place par le gouvernement. Quatre minutes en or de la part d'un expert parmi les plus cités dans le monde dans ce domaine. Il y a quelques jours, un prix Nobel peu conformiste est mort dans l'indifférence générale, on a aujourd'hui un scientifique de grand renom qui met les pieds dans le plat, et les Français de vaquer à leurs occupations, et les médias de se taire et de regarder l'homme de haut comme s'il était fou alors que s'il y a un expert, c'est bien lui.
Je me suis accroché avec plusieurs macronistes convaincus, dont Monsieur P, historien dont le père a participé au réseau de résistance dirigé par mon grand-père, et qui a tout simplement fini par me bloquer. On ne discute pas avec des macronistes, on n'échange pas des arguments, on se fait regarder de haut, ils vont jusqu'à mettre en doute votre intelligence. Opposez des arguments, des faits, vous vous voyez opposer des affirmations définitives. Ce qui me frappe dans le discours de pratiquement tous ces gens, c'est qu'ils sont persuadés être touchés par la grâce de la Science. La Science parle par leur bouche ("les scientifiques affirment que"), et toute parole dissidente est inévitablement celle de complotistes, d'ignorants, d'extrémistes. Celui qui parle contre le discours officiel est rejeté à la marge.
Il n'est pas nouveau que l'intelligentsia d'un pays choisisse de faire barrage aux discours dissidents. Ce qui est nouveau, c'est la collusion du pouvoir, des médias nationaux et internationaux, et des intellectuels, dans un contexte de pays à peu près libres, avec le droit de vote toujours en place. Il existe bien quelques intellectuels qui parlent autrement, mais ils sont bien rares et je note qu'ils sont souvent des philosophes (des vrais, pas des clowns à la Enthoven), des mathématiciens ou des physiciens (Villani, encore député issu de la majorité, a voté contre le pass), mais aussi quelques noms issus de la recherche biologique ou médicale. Raoult en fait partie.
Aujourd'hui la Science est officielle. On affirme dans les plus hautes sphères de l'État et le reste doit suivre. La trouille à transformé la majorité en un troupeau de moutons dociles prêt à croire en une science officielle énoncée par le pouvoir. Le ministère de la Vérité est en marche, et je crains malheureusement que le peuple français et ses élites, drogués au confort et à la consommation, ne portent plus aucune attention à tous ceux qui sortent des sentiers battus. La voie est libre pour une dictature, du moment que le confort reste.