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11 juin 2025
Des couteaux partout ? Aucune solution !
H16
-11/6/2025- Hier, le meurtre insensé d’une mère de famille de 31 ans, surveillante de collège par un des élèves de l’établissement déclenche, sans surprise, une véritable tempête de branquignolage chez les politiciens actuellement en exercice.
Alors que la sidération s’empare du corps enseignant, le Premier ministre n’hésite pas à prendre la parole et montrer la plus grande fermeté : pour lui, pas de doute, cet événement dramatique est l’occasion indispensable d’enchaîner les clowneries.
Il n’y a pas d’autres mots : alors que l’émotion est à son comble, Bayrou n’a rien trouvé de plus pertinent à proposer que le déploiement (au moins à titre de test) de portiques détecteurs de métaux à l’entrée des établissements et, jugeant la mesure pas suffisamment grotesque, aura ajouté dans la foulée l’interdiction de la vente des armes blanches (tous les couteaux, en somme) aux mineurs.
À 6000 euros par portique, sur les 60.000 établissements français (et en ne comptant qu’un portique par lieu), la facture de ces âneries s’établit déjà autour de 360 millions d’euros qu’il faudrait sans l’ombre d’un doute doubler compte-tenu du marché public qu’il faudrait passer. Pour rien, tant ces dispositifs ont amplement prouvé ne rien changer à la situation.
Quant à l’interdiction de vente des couteaux, même les politiciens les moins malins comprennent que ceci n’a qu’une portée symbolique, sans rapport avec la réalité (où les couteaux et armes par destinations sont foison) et sans effet : les sociétés occidentales actuelles qui ont tenté ce genre de cascade juridique ridicule ont largement démontré l’inefficacité cuisante de la mesure.
Pas de doute, il faut être régulièrement plongé dans un bain débilogène très agressif pour arriver à sortir ce genre d’inepties alors qu’on est Premier ministre. D’ailleurs, le contraste avec d’autres propositions – toutes aussi inutiles et décalées, mais décidément moins débiles – est d’autant plus fort : sans la moindre surprise, certains représentants de fédérations de parents d’élèves réclament… plus de moyens, les portiques ne semblant pas gagner leur suffrages.
Enfin, avec un soupçon de finesse en plus, l’occasion dramatique est prestement récupérée par le psychopathe en location à l’Élysée : pour Macron, il faut absolument en profiter pour interdire les réseaux sociaux aux mineurs. Eh oui : un élève de troisième poignarde une surveillante pendant une fouille de sacs par les gendarmes, il faut donc scanner sa carte d’identité pour se connecter aux réseaux.
Logique implacable.
Bien évidemment, ceci n’est rien d’autre que l’extension inexorable du contrôle de l’expression publique, l’effondrement démocratique du pays n’étant plus à démontrer. L’emballage ici consiste non pas à « éviter les trafics » (drogues ou armes) mais à « protéger les enfants ». L’éventualité de devoir présenter une carte d’identité ou un moyen d’identification fort pour se connecter à Facebook ou X était déjà en discussion la semaine dernière, le cynisme décomplexé du chef de l’État fait le reste.
En somme, alors que la presse de cour n’a jamais été aussi subventionnée, on veut à présent imposer l’identification pour accéder à internet et aux plateformes sociales, installer des portes dérobées dans des applications de messagerie pour scruter tous les messages chiffrés, déployer une surveillance généralisée par caméra avec reconnaissance faciale, multiplier l’usage de drones de surveillance, et établir des listes (les gauchistes et les fascistes adoOorent les listes !) de personnalités à censurer sur les réseaux (comme le démontre d’ailleurs les récentes auditions ridicules de tiktokeurs en Commission parlementaire, comme s’il n’y avait pas d’autres matières plus pressantes pour l’État actuellement).
Chaque coup de couteau médiatique n’est plus seulement porté sur des victimes aléatoires, mais aussi sur le contrat social français et l’idée démocratique qui n’est plus qu’un lambeau déchiré de ces coups de boutoirs législatifs.
Et au-delà de ces propositions complètement hors-sol qui démontrent la duplicité consternante de notre caste politique, on devra noter qu’une fois encore, la question des parents n’est jamais posée : ce mineur paraît être apparu spontanément pour faire ses exactions ; les parents semblent être hors du tableau, hors d’atteinte et de responsabilité. Personne n’en parle.
Pourtant, l’éducation de base que tout parent doit à ses enfants inclut notamment une réflexion sur la violence, et une nécessité de contrôler ses pulsions. Sur ce point, ces parents ont failli, gravement. On sait peu de choses sur l’élève meurtrier et on peut tout imaginer, mais l’imaginer comme une racaille déjà bien connue de l’établissement, sinon des services de police, n’est plus une hypothèse si hardie. L’enquête et les inévitables fuites de l’instruction permettront de brosser un portrait plus détaillé de l’individu et, peut-être, de sa famille.
Néanmoins, ce cas n’empêche aucunement une réflexion sur le reste de la société tant les coups de couteau plus ou moins mortels sont devenus, en l’espace de quelques années, une composante majeure de l’actualité hebdomadaire du pays : l’ensauvagement de la société est constaté partout et il suffit de se rappeler de quelques graphiques de Marc Vanguard pour bien comprendre ce qui se trame dans le pays. Ceux qui ont des yeux et deux sous de jugeote savent qu’une frange de la population devient complètement ingérable.
Pourquoi ? Parce que la réponse politique a été très en-deça de ce qu’il aurait fallu, et ce depuis plusieurs décennies. Ne rencontrant aucune résistance en face d’elle, cette population ingérable continue d’étendre ses prérogatives, par la violence.
Il s’agit ici d’un problème de laxisme institutionnel (déjà évoqué ici) qui a été sciemment choisi à la fois par déni de réalités qui dépassent les conceptions du monde par la caste jacassante actuelle, et à la fois par commodité et nécessité pour ne pas déclencher une véritable insurrection générale (toute fermeté devant se traduire à un moment ou un autre par des blessés et des morts du côté des ingérables lors de leur reprise en main).
Le pouvoir est d’autant plus faible maintenant qu’il l’a été dans le passé et a laissé la situation dégénérer, la déconnexion des élites du reste du peuple permettant cette dégénérescence à moindre frais pour elles.
L’agitation qu’on observe aujourd’hui est d’ailleurs la même que celle qui avait suivi la décapitation de Samuel Paty : on veut montrer que la République ne va pas se laisser faire, scrogneugneu, mais c’est du théâtre.
Tout ceci reste bien évidemment du flan, pour exactement les mêmes raisons qu’alors : l’Education Nationale a amplement prouvé qu’elle choisira toujours le « pas de vague » plutôt que la moindre action un peu couillue – du reste, avec un premier ministre comme Bayrou mouillé jusqu’au cou dans son propre « pas de vague » à Betharram, on se doute déjà que ce ne sont pas les bons acteurs pour jouer la moindre pièce « du muscle en République ».
Du côté des forces de police, elles se lassent rapidement de choper des multirécidivistes (OQTF ou non) qui sont relâchés. L’absence de sanctions effectives et mesurables les rend de plus en plus dangereux et pire, cette absence de sanction sert d’exemple à tous les « wannabe racailles » qui calquent leurs comportements sur ces exemples. Le dernier cas en date rentre probablement assez bien dans ce cadre.
Du côté des journalistes, ils ont fait et referont sans nul doute le travail d’agitation médiatique pendant la période qui vient, permettant à tout le monde d’entendre les psaumes républicains et les slogans de fermeté fraîchement démoulés par les politiciens – « promis juré plus jamais ça, on va voir ce qu’on va voir ! » – pour ensuite prestement enterrer l’enquête, le jugement et la condamnation (probablement ridicule) du coupable – le nombre de coups de couteau mortels en France par jour rendant maintenant ce camouflage de plus en plus facile, d’autant que procès et condamnation auront lieu dans un lointain futur, la justice française étant, en plus de laxiste, particulièrement lente et détachée des événements…
Pourtant, les solutions sont largement connues : mettre fin au laxisme et à la culture de l’excuse, fini le « pas de vague », incarcérer ceux qui doivent l’être de façon durable, protéger vraiment les victimes et la société et si cela doit être au détriment des fadaises sur le vivrensemble, qu’il en soit ainsi.
Beaucoup plus risquées politiquement, ces solutions nécessitent certes un peu de moyens (construire des prisons, par exemple) mais dépendent surtout d’un état d’esprit qui n’habite ni la classe politique, ni le judiciaire, ni la classe journalistique.
Il n’y aura donc aucune solution effectivement appliquée. Le théâtre va continuer.
Ce pays est foutu.
10 juin 2025
Quand le bâtiment ne va pas, on en remet une couche
H16
9/6/2025
Surprise : le gouvernement entend faire – enfin ! – des économies ! La surprise est de taille mais rassurez-vous : lorsqu’on épluche la méthode employée, on comprend l’ampleur de la fumisterie.
Tout commence avec le constat de fraudes plus ou moins massives dans l’usage de MaPrimRénov’, cette magnifique usine à gaz bureaucratique mise en place par le gouvernement pour notamment permettre aux particuliers d’améliorer l’isolation de leur logement et, prétendument, d’économiser sur leur facture énergétique.
Des fraudes dans ce truc ?! La surprise est modérée.
Après étude, il s’avère que plus d’un dossier sur dix déposé pour bénéficier des aides gouvernementales à la rénovation de son logement est frauduleux : ainsi, en 2024, l’agence en charge de cette prime a découvert 44 000 dossiers frauduleux, avec des usurpations d’identités ou des devis outrageusement gonflés, pour un montant total de fraudes de l’ordre de 230 millions d’euros.
Devant ce montant de fraude et, plus sûrement, devant le montant total de l’aide accordée tous les ans (MaPrimeRénov’ coûte 3,6 milliards d’euros aux finances publiques en 2025), il n’a donc pas fallu longtemps aux fines lames de l’actuel gouvernement pour décider qu’il serait bon de la suspendre : mercredi dernier, Lombard, l’actuel factotum en charge des ruines économiques françaises, a ainsi confirmé la suspension du dispositif, expliquant qu’il y avait à la fois « un encombrement en ce moment et un excès des fraudes » tout en rassurant bien sûr les Français que cette suspension (et cette économie sur les finances exsangues du pays) était parfaitement temporaire, car « une fois que cela sera réglé, la gabegie le processus pourra continuer » probablement d’ici à la fin de l’année.
Décidément, dans ce pays, quand il ne s’agit pas de faire quelque chose d’utile et de pratique, tout est réglé comme du papier à musique et c’est donc sans surprise que cette suspension a immédiatement déclenché (entre autres) la grogne de la Fédération Française du Bâtiment : quoi, faire des économies, ne plus ponctionner le contribuable pour distribuer son argent afin d’arroser des particuliers spécifiques ?! Vous n’y pensez pas, « c’est totalement insupportable et incompréhensible » comme l’a exprimé avec virulence Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment.
Et si l’on peut comprendre un des aspects de son courroux (le fait que le dispositif d’aide, mis en place il y a cinq ans, change de formule tous les six mois, illustrant parfaitement l’insécurité juridique permanente dans laquelle évolue le Français moyen), on reste tout de même interdit devant cette levée de boucliers destinée à empêcher la moindre remise à plat d’un système qui provoque pourtant 12% de fraudes.
On ne s’étonnera pas, en revanche, de voir que les grognements du Salleron ont été assortis de menaces même pas voilées d’actions physiques à base de gros camions qui bloqueraient la capitale si, d’aventure, le robinet à pognon des autres n’était pas durablement rouvert.
Bien sûr, l’absence de surprise continue encore un peu puisque, devant cette grogne et les menaces accompagnantes, le ministricule de l’Économie s’est tout de même fendu d’une remarque destinée aux grogneurs : « Il ne s’agit pas de faire une économie en cachette comme ça, en bloquant le système » permettant d’assurer tout le monde que cette suspension est bien temporaire, foulala, ne vous énervez pas, rangez vos gros camions, du calme.
Avec ces menaces et ces grognements, l’illustration est parfaite de la corruption des esprits qu’entraîne immanquablement l’intervention de l’État dans un marché au départ libre : de réglementations en lois, de distorsions de marché en obligations et contraintes de plus en plus lourdes et asymétriques, petit à petit le marché immobilier est devenu un marais puant de magouilles, de chausse-trappes et de mauvaises décisions, dont la fluidité se réduit tant que ce marché ressemble à présent à une mélasse très épaisse.
Pire : on fait même tout pour inciter les gens à tenter d’accéder à la propriété avec une décontraction quasiment criminelle et ce même lorsque le parcours devient de plus en plus risqué, l’endettement de plus en plus élevé et la probabilité de perdre du temps et de l’argent (beaucoup) devient de plus en plus forte.
Au passage, faut-il rappeler que la démographie française est en effet défavorable à l’immobilier sur le moyen terme, le nombre de biens sur le marché devant mécaniquement augmenter à mesure que la génération la plus nombreuse (celle des boomers) arrive en fin de vie ?
Cet intéressant (et très peu surprenant) ballet entre ceux qui ponctionnent et distribuent d’un côté, ceux qui touchent les subventions et qui en vivent de l’autre, et l’absolue disparition de toute mention du contribuable (celui qui paie tout ce monde pendant ce temps) se déroule dans une chorégraphie bien connue, alors qu’il serait en réalité beaucoup plus simple de supprimer le DPE, premier facteur d’aggravation de l’ensemble du secteur immobilier, et raison pour laquelle les travaux de rénovations sont devenus subitement si importants dans le parc immobilier français.
Mais halte là, petit inconscient ! Il est hors de question d’admettre s’être trompé, il est hors de question d’admettre que les opposants au DPE avaient raison !
Certes, ils avaient pourtant amplement prévu que cette nouvelle réglementation ne pourrait qu’entraîner une hausse stratosphérique des retraits de biens à la location et à la vente, sans générer de croissance en face, ce qui se traduirait par un accroissement des tensions sur le marché de l’immobilier, un renchérissement des biens (tant à la vente qu’à la location) et favoriserait l’émergence de faux DPE, de petits arrangements et de grosses magouilles à la performance gonflée.
Mais peu importe : tout se déroule exactement comme prévu, c’est-à-dire fort mal et le gouvernement, mené par des ânes bâtés à l’ego insurmontable, refusera simplement de reconnaître l’énorme erreur que furent ses décisions dans le domaine depuis des années, à commencer par le DPE jusqu’aux primes de rénovations et autres dispositifs complexes pour compenser les contraintes débiles que ce DPE crée de toute pièce.
Comme l’expliquait un précédent billet, on continuera donc sur la même lancée : personne ne veut voir les problèmes tant l’application d’une solution signifie remettre en cause une niche, une subvention, un avantage, une tubulure législative ou fiscale chromée reliant l’une des poches de Nicolas de la classe moyenne qui paye à tous les autres qui en profitent.
Tout le monde sait que le pays est en faillite, mais personne n’est prêt à faire l’effort d’une remise à plat des systèmes délirants de la bureaucratie française maintenant poussée dans sa folie la plus totale.
Ce pays est foutu.
9 juin 2025
Roxane Borde / Diapason
6/6/2025
Michael Barenboim ne jouera pas en Israël
6/6/2025
Michael Barenboim ne jouera pas en Israël
© DR
Le violoniste allemand, fils du maestro Daniel Barenboim, a une nouvelle fois exprimé son soutien aux Palestiniens.Après avoir créé le collectif « Make Freedom Ring » destiné à récolter des fonds pour les Palestiniens grâce à des concerts organisés dans différentes villes d’Europe, Michael Barenboim continue de condamner la guerre menée par Israël à Gaza. Violon solo du West-Eastern Divan Orchestra et professeur à l’Académie Barenboim Saïd, deux institutions fondées par son père Daniel Barenboim afin de réunir des instrumentistes israéliens et des pays arabes voisins, le musicien juif allemand a une nouvelle fois explicité son opinion sur la situation au Proche-Orient. Il a ainsi déclaré au média musical VAN Magazin qu’il ne comptait pas remettre les pieds en Israël avant longtemps, que ce soit pour un concert avec l’Israel Philharmonic ou avec tout autre ensemble du pays, même non financé par l’État : « Je ne peux pas savoir ce que l’avenir nous réserve d’ici dix à vingt ans, mais je ne me vois pas voyager là-bas », confie-t-il sans équivoque, glissant à cette occasion qu’il n’avait pas non plus l’intention de se rendre aux États-Unis de sitôt.
Contre les agissements de l'Etat hébreu
Depuis le début de la guerre lancée par Israël dans la bande de Gaza après les attentats du 7 octobre 2023 menés par le Hamas, Michael Barenboim s’est exprimé à plusieurs reprises sur le sujet, critiquant notamment l’attitude de son pays, l’Allemagne, qui refuse toujours de condamner les agissements de l’État hébreu : « Il n’y a aucune raison que les Palestiniens souffrent de quelque chose que les Allemands ont fait il y a 80 ans », s’insurgeait-il au média The Times of Israel. Le musicien fait d’ailleurs partie des signataires d’une lettre ouverte adressée le mois dernier au ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, alors que son homologue israélien Gideon Sa’ar s’apprêtait à le rencontrer à Berlin. Dans cette tribune, les auteurs demandaient à leurs dirigeants d’arrêter de livrer des armes à Israël et de prendre au sérieux la menace de génocide. « Nombre de citoyennes et de citoyens de ce pays ont profondément honte de la position de l’Allemagne concernant le conflit au Proche-Orient », expliquent-ils.
De son côté, Michael Barenboim s’attache à rappeler qu’Israël n’est pas « la seule représentation du judaïsme » : « Je suis juif, n’est-ce pas ? […] Mais je ne veux pas être représenté par Israël », affirmait-il, toujours au journal The Times of Israel. Outre les concerts du collectif « Make Freedom Ring », Michael Barenboim, qui a aussi étudié la philosophie, organise une série de conférences sous le titre « Kilmé » (« mot » en arabe), au cours desquelles il laisse la parole à des artistes, intellectuels et universitaires palestiniens. Il a également fondé l’ensemble de musique de chambre Nasmé aux côtés de cinq instrumentistes palestiniens.
René Chiche
-9/6/2025- Inutile d'ajouter au bruit autour de la "flottille de la liberté". On rappellera seulement que flottille prend deux t et désigne une flotte de plusieurs petits bâtiments.
Pour le reste, étant professeur et non psychiatre, je m'abstiens de commenter ce nouveau délire collectif et souhaite force et courage aux habitants de la place de la République à Paris que j'ai quittée sans regret depuis une vingtaine d'années alors qu'elle n'était pas encore régulièrement inondée par les drapeaux du Hamas.
Kuzmanovic Georges
9/6/2025
9/6/2025
Breaking news : nous aurions enfreint les sacro-saints codes de "nudité et sexualité" de YouTube...
En cause ? Un visuel de Marianne – poitrine à demi découverte – en train de défendre la République contre l’Union européenne et la tripartition. Sacrilège !
Résultat : la vidéo avec François Cocq est invisibilisée. La justice algorithmique américaine a encore frappé.
Travailler avec les normes américaines, c’est comme essayer de débattre philosophie avec un puritain sous Prozac.
Et vous, sérieusement... qui fantasme devant une allégorie de la République en lutte ? À part peut-être un censeur en manque d’adrénaline ?
Blague à part, c’est grave : ces normes venues d’outre-Atlantique ne sont pas les nôtres.
Cette pudibonderie pseudo-morale, habillée de bons sentiments, colonise notre imaginaire culturel. Elle installe insidieusement une vision du monde digne des télévangélistes : aseptisée, corsetée, infantilisante.
Bref, la République a un sein nu... et ça fait trembler la Silicon Valley. On touche le fond...
8 juin 2025
NOTRE FOLIE, NOTRE VÉRITÉ
Benoît Girard
-8/6/2025- Le conflit israélo-palestinien n'est pas un conflit périphérique que nous aurions à arbitrer du haut de notre supériorité morale, en fonction de nos attachements historiques ou de nos colères personnelles.
C'est un enjeu qui se déploie dans les profondeurs de l'anthropologie occidentale, un catalyseur conjoncturel de ce "tout est permis" qui creuse tout au long de notre histoire un sillon sanglant.
La même génération qui s'est structurée autour du "plus jamais ça" réactive en toute bonne conscience la rhétorique de Mein Kampf : l'illusion de l'être collectif et du péril existentiel qui justifie tout ; la négation du conflit et de ses rites au nom d'une position "défensive" qui voit dans toute altérité une menace à éradiquer. Les tabous ne protègent de rien : ils ne font que transporter dans le temps le souvenir fasciné de leur propre violation.
La bêtise joviale de nos "élites" médiatiques, la tranquillité et la bonne conscience avec lesquelles elles en appellent au meurtre... toutes ces postures dégoulinantes d'imbécilité satisfaite ont donc quelque chose de prophétique par quoi nous devons nous laisser éclairer plutôt que scandaliser. En effet, ce ne sont pas ces personnes qui parlent et nous n'avons pas, sauf à laisser contaminer notre propre cause par les miasmes de leur racisme et de leur ressentiment, à en faire nos boucs émissaires : elles sont parlées par les ressorts profonds de notre identité collective, trop longtemps occultés, et qui s'offrent désormais en spectacle. Ils ne résisteront pas à la lumière mais ça ne les empêchera pas, tels les derniers soubresauts d'un monstre blessé, de causer beaucoup d'horreurs et de souffrances. Seule notre compréhension de l'intérieur est capable d'infléchir le cours de l'inévitable.
7 juin 2025
LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, CE N'EST QUE ÇA
Jean-Claude Delhez
-7/6/2025- Le président brésilien Lula vient d'effectuer une visite d'État en France. Lors d'une conférence de presse commune, devant un président français muet, il a exprimé ce qu'il avait sur le cœur au sujet de la situation internationale au Proche-Orient, en Europe de l'Est et en Amérique centrale, appelant à la fin des conflits. Un mois plus tôt. Lula était à Moscou, pour la commémoration de la victoire de 1945, aux côtés de Vladimir Poutine (et de Xi Jinping). Car le Brésil n'est pas aligné sur la posture occidentale. Une posture occidentale minoritaire si l'on considère la planète entière, les pays des cinq continents.
Prenons un exemple. La carte que je joins dessine en rouge les pays qui participent aux sanctions contre la Russie : l'OTAN et ses alliés du Pacifique. Ce sont eux qui se sont baptisés « la communauté internationale ». Ils présentent leur attitude comme ayant valeur universelle ; celui qui ne s'y conforme pas serait hors la loi. À titre de comparaison, ce qu'on appelle les BRICS, une union qui regroupe d'autres pays de la planète, compte 3,6 milliards d'habitants, sur un total de 8 milliards d'humains, soit près de la moitié de l'humanité. Ou encore : les pays représentés au défilé du 9 mai à Moscou (y compris l'Inde dont le président fut retenu par le conflit avec le Pakistan) cumulent 52% de la population humaine. La « communauté internationale », elle, compte 1 milliard d'habitants, soit 12,5% de l'humanité.
En matière économique, les BRICS, c'est entre un tiers et 40% du PIB mondial. L'économie des BRICS vient de dépasser celle des pays du G7 (USA + Japon + grands pays européens). Et l'écart ne va faire que se creuser, notamment avec la croissance économique constante de la Chine. On n'en parle guère dans les médias occidentaux, mais la Chine ne cesse d'innover. Elle a dépassé les USA en nombre de brevets d'invention. Il ne se passe pratiquement plus une semaine sans qu'arrive de ce pays l'annonce d'une nouvelle avancée technologique ou économique. Pendant ce temps, l'Occident, lui, ne rêve que batailles, conflits et armements.
L'Occident se veut référence mondiale. Ses valeurs, ses intérêts, ses actions doivent s'appliquer à la terre entière. Une terre entière à laquelle on ne demande pas son avis. Et parmi ces valeurs supposées universelles, il y a bien sûr la démocratie, les droits humains, la souveraineté des États, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes... On se souvient que c'était pour offrir la démocratie à l'Irak que Georges Bush Jr lui avait déclaré la guerre en 2003. Il est d'ailleurs de coutume d'appeler les USA le gendarme du monde. Mais lorsque celui qui fait respecter les règles est en même temps celui qui les définit, où est la démocratie, où est la souveraineté des États ?
La communauté internationale n'existe pas. C'est une posture des pouvoirs qui vise à faire croire qu'ils sont légitimes, qu'ils agissent au nom de tous. Ils vont dire, par exemple, que tel pays (du côté de l'est, c'est toujours par là que ça se passe) ne respecte pas les sanctions internationales. C'est vilain, il piétine le droit, ce pays. Or, il n'y a pas de sanctions internationales. Il y a des sanctions unilatérales, décidées par tel pays ou tel groupe de pays.
Pour qu'il y ait décision internationale, il faudrait que la directive vienne de l'ONU. Or, cette pauvre ONU, depuis plusieurs années, est bien à la peine. On n'en parle pour ainsi dire plus. C'est comme si les Nations Unies avaient cessé d'exister. Il faut dire que le droit international, dont aime à se réclamer le pouvoir médiatico-politique, est régulièrement violé, et par ceux-là mêmes qui s'en revendiquent. Quand Bush et ses alliés européens envahissent l'Irak en 2003, ils le font sans avoir été agressés par l'Irak et sans mandat de l'ONU, donc en violation du droit international. Quand les occidentaux bombardent la Libye en 2011, ils le font avec un mandat de l'ONU qui les autorise à protéger la population libyenne, et non à faire tomber le régime en place. Quand l'OTAN intervient militairement pour détacher le Kosovo de la Serbie, il n'agit pas autrement que lorsque la Crimée passe de l'Ukraine à la Russie.
La communauté internationale, ce n'est plus qu'une minorité qui se raconte des histoires, qui se prend pour le centre d'un monde qui évolue de plus en plus sans elle.
6 juin 2025
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