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27 mai 2025

Anne-Laure Bonnel - Reporter

Pour en finir avec les illusions et la pensée kleenex

-26/5/2025- Avant que ma voix ne s’éteigne temporairement au sujet de l'Ukraine, contrainte par les circonstances et les "pressions", je livre ici une ultime réflexion sur le basculement du monde. Ce sujet, je n’y reviendrai plus tant que les risques pour moi et les miens ne se seront pas dissipés. Mes analyses et déplacements à l'Est reprendront lorsque le moment sera propice.
L’Ukraine, telle que vous l’avez connue, est révolue. Ce n’est ni une exception ni une fin : c’est l’histoire en mouvement, tragédie humaine pour certains, mécanique géopolitique pour d’autres. La perspective dépend du point de vue géographique et stratégique.
Oubliez les illusions d’une économie de guerre ou d’un effondrement imminent de la Russie. Ce que nous observons est un bouleversement profond et irréversible de l’ordre mondial, lent mais inéluctable. Les guerres, loin de s’éteindre, ne font que s’amorcer. L’Ukraine, réduite à son noyau, s’effacera progressivement. La Russie, portée par une dynamique implacable, avancera jusqu’à Odessa, au minimum. Trop de sang a coulé pour que le conflit s’arrête net. Le président ukrainien l’a compris.
Pour les BRICS, l’Ukraine symbolise désormais l’insupportable hypocrisie du deux poids, deux mesures, un constat partagé par une grande partie du monde. Palestine, Irak, Libye, RDC : les mêmes logiques s’appliquent. Cela n’excuse pas les guerres, mais les éclaire.
Nul besoin de postures morales. Les alliances se redessinent. Le pacte sino-russe, solide pour un temps long, redéfinit les équilibres. Les États-Unis, conscients de cette réalité, jouent la montre, cherchant à sécuriser leurs ressources pour l’avenir. Car tout se joue là : gaz, pétrole, minerais, terres rares. Les guerres, qu’elles soient hybrides ou conventionnelles, n’ont toujours eu qu’un seul moteur : l’accès aux ressources. Les conflits territoriaux ne sont que leur prolongement.
Les États-Unis se retireront bientôt du grand jeu, se repliant sur une autarcie stratégique, quel que soit leur leadership. Trump ou un autre, la forme varie, le fond reste : l’intérêt national prime. Ne vous y trompez pas.
Au Moyen-Orient, le djihadisme, échappant à ceux qui l’ont attisé, rebat les cartes. Le Liban pourrait être la prochaine victime. Quant à l’Europe, et la France en particulier, elle doit se réinventer face à un mur de défis. Les gouvernements successifs ont trop longtemps détourné le regard. La troisième guerre mondiale, dont les germes n’ont jamais cessé de croître depuis 1945, se profile à l’horizon.
Le monde se recompose. Seuls les acteurs souverains, portés par des alliances cohérentes et une vision stratégique, survivront. La France saura-t-elle se positionner ? Rien n’est moins sûr. Préparons-nous, car personne n’en sortira indemne.