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8 avril 2024

La violence à l’école n’est pas prête à s’arrêter

H16

-8/4/2024 - Jolie excursion en province française que l’actualité et les collèges du cru nous ont offerte la semaine dernière ! Ainsi, mardi, nous découvrions le charme discret de Montpellier où de petites querelles féminines entre collégiennes ont poussé certaines à en mettre une autre dans le coma. Mercredi, ce fut la calme ville de Tours où des collégiennes décidèrent d’en dépouiller une autre après l’avoir copieusement tabassée. Jeudi, c’est dans la riante Île-de-France, à Viry-Châtillon, qu’un collégien trouve la mort sous les coups de ses camarades de classe pour avoir osé fréquenter la mauvaise fille.

Décidément, l’école française explore de nouveaux domaines avec, il faut le dire, un succès mitigé : par exemple, les cours d’auto-défense, parfois prodigués à certains enseignants, ne semblent pas toujours porter leurs fruits. Certes, mais compte tenu du calibre de nos ministres et de l’impeccable compétence de notre administration scolaire, on sait déjà que les résultats s’amélioreront dès les prochains mois.


En attendant, force est de constater qu’on observe la répétition d’événements tragiques dans certains établissements de l’Hexagone. Le schéma, bizarrement, est toujours à peu près le même, avec des établissements réputés – depuis longtemps – calmes et sereins, dans des banlieues elles-mêmes très favorablement connues des services de police et de justice, des altercations impliquant systématiquement une victime et une demi-douzaine (au moins) d’agresseurs (le “un contre un” semble désuet) et des parents étonnamment absents du côté des racailles assaillants. Dans tous les cas, un facteur religieux est présent, sous forme de prétexte ou pour alimenter un communautarisme pratique et qui permet d’invoquer des lois supérieures à celles du pays.

Bien évidemment, à chaque fois, les autorités se retrouvent devant le fait accompli et font la démonstration de leur impuissance : bien que des alertes avaient été remontées dans le cadre scolaire ou que des plaintes avaient été déposées, rien de tangible n’avait été fait. Dans certains cas, le maire de la commune concernée passera dans les médias pour expliquer son courroux ou son désarroi, certains iront jusqu’à pleurnicher, mais cela n’ira guère plus loin.

De la même façon, à chaque fois, les médias se bousculent pour relayer des messages qui ont maintenant leurs tournures si éculées qu’elles en deviennent des gimmicks, depuis le padamalgam jusqu’au vivrensemble qui ne doit pas être discuté ni ne saurait être remis en question par ce qui sera, ensuite, systématiquement présenté comme un fait divers aussi malheureux que ponctuel ou purement coïncident.

Et peu importe que ce ponctuel se répète de plus en plus fréquemment, peu importe que les coïncidences finissent par faire des statistiques solides : rien ne devra être analysé dans un contexte plus large, et non, non et non, il ne s’agira surtout pas de communautarisme. Ce n’est pas du tout un problème de comportements général d’un quartier ou d’une population, c’est – bien sûr – une question de moyens dont on n’a jamais assez et qui nécessite la réapparition sur les plateaux télés des politiciens qui ont pourtant amplement prouvé leur inaptitude à traiter le problème lorsqu’ils en avaient l’occasion.


Pourtant, ces moyens n’ont cessés d’être déversés à gros bouillons d’argent gratuit des autres, et pas qu’un peu : une petite consultation même furtive des documents officiels qui détaillent les montants d’argent public engouffrés dans ces quartiers montrent que ces “moyens dont on manque” représentent systématiquement des dizaines de millions d’euros pendant des dizaines d’années (par exemple, Mosson, le quartier de Montpellier ou se sont déroulés les derniers faits tragiques, a bénéficié de 74 millions d’euros de fonds publics). À la fin, autant de milliards de l’État qui ne se traduisent par aucun résultat positif, au contraire.

Et quand ce n’est pas faute de moyens (dont on manque toujours cruellement), c’est parce que ces ghettos n’offrent aucune perspective… Toutes aussi absentes pour les collégiens au milieu de la Creuse ou de la Lozère mais dont la violence ne s’exprime apparemment pas de la même façon, voire… pas du tout. Étrange, non ?

Ce déni de comprendre qu’il ne s’agit ni d’un problème de moyens (ou de réseaux sociaux, comme l’explique stupidement Najat Vallaud-Belkacem sans pouffer de rire), ni d’un problème de pauvreté, s’accompagne du déni de l’aggravation de la situation. Pourtant, là encore, les statistiques sont sans ambiguïté.


En fait, le problème de fond, cette violence dans le cadre scolaire, est récurrent et s’est installé depuis des décennies. Il y a dix ans de cela, ces colonnes dressaient déjà le constat d’une violence largement insupportable au sein des établissements scolaires


Pire, l’état des lieux, pas reluisant, portait sur des enquêtes au long cours qui permettaient de retracer ces violences au moins cinq à dix ans en arrière, ce qui nous ramène au début des années 2000. Bref et au bas mot, cela fait 20 ans qu’on sait que ces problèmes s’accumulent et que cette violence ne cesse de croître.

Il y a vingt ans, cela se traduisait par du harcèlement, des enfants tapés dans la cour de récréation ou à la sortie du collège et cela se transforme maintenant par des adolescents qui viennent armés (couteaux, pistolets), qui menacent des enseignants et des élèves, qui passent à l’acte et qui les tuent, élèves comme profs. Samuel Paty, Dominique Bernard ont chèrement payé cet entêtement des institutions et des politiciens dans le déni.

Il ne faut pas se leurrer, les médias camouflent une double réalité abominable : d’une part, le fait que la situation est devenue catastrophique et les exhortations au padamalgam, au vivrensemble ne suffisent plus à rassurer les citoyens. D’autre part, le fait que les politiciens et l’administration s’en foutent complètement.

Oui, vous avez bien lu.

Si on pouvait encore vaguement croire il y a dix ans que politiciens et administrations étaient à la fois débordés et incompétents, on comprend maintenant qu’en réalité, ni les premiers (qui profitent tranquillement du pouvoir et des ors de la République) ni les seconds (qui bénéficient de la rente que procure leur position d’intermédiaires indispensables dans toutes les interactions dans le pays) n’en ont quelque chose à carrer.

En somme, on le sait déjà : le maire de Viry-Châtillon continuera de pleurnicher devant les caméras, comme d’autres le feront après lui. Personne ne veut réellement s’attaquer au problème, devenu de toute façon électoralement suicidaire et politiquement impossible à toucher.


https://h16free.com/2024/04/08/77244-la-violence-a-lecole-nest-pas-prete-de-sarreter

4 avril 2024

Le chaos dans les lycées, quelle responsabilité ?

Maxime Tandonnet

29/3/2024 - La démission du proviseur de Maurice Ravel dans le XXe à Paris, à la suite de menaces islamistes, pour avoir exigé d’une lycéenne qu’elle retire son voile conformément à la loi, fait beaucoup de bruit. Alors, les politiciens au pouvoir donnent du menton. Jamais l’Éducation nationale n’avait sombré dans un tel chaos : militantisme islamiste, violence, menaces de meurtre, effondrement du niveau. C’est en grande partie la faute des équipes au pouvoir qui sont censées diriger la France, notamment depuis 12 ans. A cause de leurs prétendues réformes, elles ont accéléré l’œuvre de destruction du lycée et favorisé le chaos. Ne soyons pas dupes : les moulinets, les coups de menton, la logorrhée virile et la diarrhée communicante, cette fuite dans l’exubérance vaniteuse et bavarde n’est jamais que le signe de l’impuissance. Ils ont affaibli le lycée par une politique de nivellement avec la suppression des séries spécialisées et le sacrifice démagogique du bac (contrôle continu, « grand oral » imbécile, etc.). Les projets de militarisation ou encasernement de la jeunesse – uniforme scolaire, service universel et autres idées piquées à la droite radicale – ne sont rien d’autre que des leurres destinés à distraire l’opinion du désastre en cours. En abandonnant la notion d’excellence scolaire, en saccageant l’enseignement des mathématiques, du français, de l’histoire, de la philosophie, des sciences, en dévalorisant les examens et le mérite, en sabotant la transmission de l’intelligence, nos apprentis sorciers, comme la nature à horreur du vide, ont ouvert la voie à la violence et à la terreur islamiste. Ils sont responsables et coupables mais intouchables dans un régime politique fondé sur l’irresponsabilité. Pauvre Maurice Ravel, de voir son nom associé à une telle débâcle.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/03/29/le-chaos-dans-les-lycees-quelle-responsabilite/

20 février 2024

Brutes, racailles et sauvageons : le quotidien des enseignants

Jean-Paul Brighelli / Causeur
12 février 2024

L'enseignante et essayiste Mara Goyet, 2017 © BALTEL/SIPA

Les élèves ne sont pas les mêmes, disent les pédagos. À élèves différents, pratiques diverses, ajoutent-ils. Oui — mais ils ne disent pas ce que tous les enseignants constatent : les « apprenants » sont désormais incontrôlables.

Ma consœur Mara Goyet, qui enseigne l’Histoire-Géographie, s’est fait connaître au fil des années 2000 par des ouvrages pertinents sur le collège — et écrits avec moins de hargne que les miens, ce qui la rendit plus fréquentable. Entre autres : Collèges de France, Fayard, 2003 ; Tombeau pour le collège, Flammarion, collection Café Voltaire, 2008 ; Collège brutal, Flammarion, collection Café Voltaire, 2012 ; Finir prof. Peut-on se réconcilier avec le collège ?, Robert Laffont, 2023.

Et voici que cette dame, qui sait tenir une classe, confiait à Facebook il y a quelques jours :

« C’est une réflexion un peu étrange que je me suis faite hier soir après une heure de cours un peu éprouvante. Je me suis dit que j’allais y repenser après une « bonne nuit de sommeil ».
« Depuis deux ou trois ans, j’ai le sentiment qu’un verrou a sauté. Une partie des élèves nous parle de plus en plus mal. Comme on ne parle ni à un professeur, ni à un adulte. Comme on peut sans doute parler à ses parents en pleine crise d’ado. Et encore.
« C’est un mélange de mépris, de contestation, de plainte et de dénonciation de grave injustice. Dans ces moments-là, l’enseignant est à la fois rien et un bourreau. Ce qui est le plus étrange c’est que cela peut venir d’élèves que l’on a aidés, que l’on aime bien, avec lesquels on peut tout à fait avoir un lien. J’ai vécu l’an dernier ce retournement de manière spectaculaire avec une élève que j’aimais et soutenais beaucoup.
« J’enseigne depuis 27 ans dont 11 ans en ZEP, je ne découvre donc pas la potentielle violence de certains élèves. Mais là, j’ai le sentiment que c’est un peu différent. Il ne s’agit pas d’altercations ni de confrontations. Cela peut se dérouler dans un contexte serein et cela ne prend pas forcément l’aspect d’une crise. »

Et de s’enquérir : « Vous avez des idées ? »

Déconfiture

Ses pistes personnelles ne sont pas à négliger : « L’idée qui m’est venue hier c’est qu’il y a un lien avec l’assassinat de Samuel Paty. Si la majorité de l’opinion voit désormais le courage, la solitude et l’investissement des enseignants, une autre a pris toute la mesure de leur vulnérabilité. Certains élèves n’aiment pas les victimes. Le terme est une insulte. Une faute. Une faiblesse. Une victime se doit donc d’être victimisée ou méprisée (elle est responsable de son état ; prof est un métier de lâche ; d’ailleurs, lors des minutes de silence pour Samuel Paty, les élèves sont en général polis mais beaucoup ne semblent pas spécialement concernés). Quand on ne se laisse pas faire, il y a un retournement immédiat qui consiste à se victimiser soi-même (« pourquoi moi », « qu’est-ce que j’ai fait », « pourquoi c’est toujours moi », « ça se fait pas »). »

A lire aussi, Lisa Kamen-Hirsig : L’école contre le réel

J’ai fait ma petite enquête auprès des collègues en exercice dans des zones difficiles — mais qui ne sont pas forcément labellisées ainsi.
L’une met en cause le confinement : en deux ans d’école supprimée ou bancale, les élèves ont perdu l’habitude d’écouter, voire tout simplement d’être assis. Ils s’étonnent encore de ne pas pouvoir se lever pour aller chercher un Coca dans le frigo.
Une autre pense à l’extrême féminisation du corps enseignant. Et de préciser — pour mettre les points sur les i : « Quand j’étais en collège en banlieue parisienne, il y a une bonne quinzaine d’années, les collègues femmes et moi avions déjà nettement plus de problèmes de discipline (ou même de statut) que les « collègues hommes ». Et oui, c’est certainement lié aussi (pas seulement mais aussi) à un certain type de public qui a une relation particulière aux femmes, et carrément compliquée aux « femmes de savoir ». »
Une autre, qui enseigne en CPGE, note : « Il y a certainement aussi une perte de limites, d’autorité, que mes collègues de prépas scientifiques constatent désormais y compris avec les élèves de ces prépas en cours de maths ou physique. En français ou philo, c’était habituel depuis que j’y suis (14 ans), et cela s’est aggravé. Mais je l’imputais au fait de ne les voir que peu, d’être une matière à faible coefficient — comme la musique ou le dessin en collège…
Mais donc les élèves qui n’écoutent pas, ne bossent pas et de surcroît contestent (et s’imaginent qu’ils sont brillants), il y en a désormais en prépas… »
Enfin, telle enseignante en IUT se trouve en butte à l’hostilité pas même camouflée des Musulmans locaux, qui ne tolèrent pas qu’une femme leur enseigne quoi que ce soit. Quand de surcroît elle a les cheveux courts, on l’identifie immédiatement comme « gouine », ces adorables bambins adultes n’étant jamais à court d’un cliché.
J’ajouterai la prépondérance éducative, à la maison, des théories (et pratiques) de l’enfant-roi, qu’il soit considéré comme HPI (forcément puisqu’il est intenable) ou tout simplement comme le petit mâle auquel ses sœurs et sa mère doivent obéir. La gifle se fait rare, la fessée est proscrite. Il en est à la maison comme à l’école : désormais, on écoute ce que le petit morveux croit avoir à dire : les femmes sont impures et la terre est plate.

Les raisons d’une déconfiture ne sont jamais uniques. Elles sont multi-factorielles. Mais il y a un axe de lecture qui n’a pas été pris en compte dans cette recherche des causes d’ensauvagement : c’est le facteur-temps. L’évolution vers la sauvagerie et la bestialité n’a pas été régulière. Elle s’est singulièrement accentuée depuis quelques mois.
Certes, la situation s’est lentement dégradée depuis une dizaine d’années. Le confinement a donné un coup d’accélérateur — mais au fur et à mesure que l’on reprend en main les élèves laissés en jachère pendant deux ans, cela devrait se tasser. Or, la situation s’est brutalement aggravée à la rentrée de septembre, plus encore à celle de janvier.

Nanterre (92), une islamiste marche dans la ville après le désordre suite aux violences et affrontements entre police et manifestants, 29 juin 2023 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

L’après-Nahel

Début septembre, certains élèves étaient encore dans l’exaltation de leur joli coup de pseudo-émeute et de vrais pillages de début juillet. Ils avaient fait entendre leur puissance collective, face à des forces de l’ordre qui n’osent plus réagir — et ont d’ailleurs l’ordre de rester passive.
Depuis début janvier, c’est bien pire. En cause, le parti-pris pro-Gaza de nombre d’élèves musulmans. Déjà qu’il fallait gérer ceux qui niaient la Shoah (une invention des Juifs, comme chacun sait), il faut désormais faire avec ceux qui affirment que les bébés jetés dans les fours sont un pur mensonge israélien. Encouragés par des leaders politiques qui ne savent plus où ils ont rangé leur gauche, ils arrachent les photos placardées d’otages israéliens, et se lancent dans des campagnes de manifestations systématiques — tous les samedis. Et je passe sur les déferlantes de graffitis et autres bombages.
Spontanées, ces manifestations hurlantes ? Je n’en crois rien. Celles qui se déroulent dans la rue, avec haut-parleurs, banderoles et musique, sont soigneusement préparées. Aucune improvisation. Un orchestre clandestin s’est saisi de cette opportunité pour lancer à l’assaut de notre civilisation en général et de l’Ecole en particulier des hordes à intellect minimal et pulsions chauffées à blanc. Le moindre incident, la moindre mauvaise note, la moindre contestation de leur pouvoir de brutes sont autant de prétextes à protestations violentes, qui infailliblement amènent les parents à faire chorus avec leurs chers bambins si malmenés par le Système. Les agressions contre les surveillants, l’administration et les enseignants ne se comptent plus — sinon, chaque semaine, sur les cinq doigts de chaque main. On n’enseignait plus, depuis longtemps, qu’en atmosphère tendue. On ne bosse plus désormais qu’en atmosphère survoltée. En fait, on ne travaille plus du tout.

A lire aussi, du même auteur : Génération connards

Il en est des élèves comme des supporters de foot (ce sont d’ailleurs souvent les mêmes) : ils s’alignent sur le comportement et les vociférations des plus bêtes — et le terme de « bête » n’est pas gratuit : ils ont renoncé au langage, ils sont passés à l’étape du cri inarticulé, et désormais l’étape suivante est le coup porté avec une spontanéité touchante… Après « À mort l’arbitre ! », on est passé à « À mort le prof » — et Samuel Paty ou Dominique Bernard portent témoignage du fait que ce ne sont pas des métaphores.
Alors, je pose une question très simple : jusqu’à quand les autorités tolèreront-elles que l’on assassine des enseignants — et continueront à s’étonner que l’on ait des problèmes de recrutement ?

Gabriel Attal, alors ministre de l’Education nationale, visite une école primaire à Saint-Germain-sur-Ille (35) © Gabrielle CEZARD/SIPA

Dernier point. Les cours d’« empathie », dans ces circonstances, risquent fort d’avoir un effet négatif. Les proies, désignées à la collectivité, ne connaîtront aucun apaisement — et les enseignants, qui ne sont pas partie prenante de l’empathie universelle, paieront les pots cassés des hormones réfrénées : le harcèlement vis-à-vis des profs, qui sont le fait des élèves et des parents, qui via Pronote envoient des messages insultants aux enseignants et à leur hiérarchie, parfois en pleine nuit, est en expansion lourde. On sait comment cela peut finir.

Quant aux groupes de niveau que devrait générer la fin du collège unique, ils risquent, s’ils ne sont pas gérés d’une main légère et avec beaucoup d’intelligence, avec des passerelles d’un groupe à l’autre tout au long de l’année, d’enfoncer les élèves les plus turbulents — qui sont neuf fois sur dix les plus faibles — dans une spirale descendante. Ils commenceront par dire « Je suis parmi les nuls parce que je suis noir / maghrébin / manouche. Et ils se vengeront. Ils savent qu’ils peuvent compter sur leurs parents, et sur leurs « grands frères ».

Interrogations abyssales. C’est peut-être la raison pour laquelle Mara Goyet, après avoir émis des questionnements fondés, a supprimé de sa page tout ce que j’ai reproduit ici — et que j’avais sauvegardé immédiatement après parution.

https://www.causeur.fr/brutes-racailles-et-sauvageons-le-quotidien-des-enseignants-276076?fbclid=IwAR2KVPl1rs5YghWpAkQLZPfbk8bsiFCI2dV1xm4HNVfzwEyq9LkxwbrYfMo

22 janvier 2024

Oudéa-Castéra, polémiques et éducation

H16

22/1/2024 - Charmant début pour la nouvelle ministre de l’Éducation nationale : à peine nommée, Amélie Oudéa-Castéra se retrouve dans une de ces polémiques typiquement franco-française qui permet de bien illustrer l’état de délitement complet des institutions, des médias et des politiciens.

En répondant à la presse sur la scolarisation de ses trois garçons à Stanislas, un établissement aussi privé qu’abominablement catholique, la ministre justifiait son choix en expliquant avoir voulu éviter “un paquet d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées” dans le public, explication qui n’a pas manqué de déclencher une tempête dans le corps enseignant, ce dernier s’estimant injustement stigmatisé par les propos de leur ministre.


En outre, en choisissant l’établissement Stanislas à Paris, l’emballement médiatique était certain : d’une part, il apparaissait clair que l’établissement en question, véritable repaire de ce qui est perçu comme la pire engeance catho-conservatrice par toute la gauche militante, pouvait devenir une cible de tous les reproches possibles et d’autre part, il devenait enfin envisageable de rouvrir en grand la question du financement des établissements privés sous contrat, chose qui n’avait plus été faite depuis Mitterrand (et qui avait déclenché des manifestations monstres dans le pays).

Eh oui : alors que, de façon fort embarrassante, les derniers résultats des enquêtes PISA ont amplement démontré le niveau consternant des élèves français et ont logiquement posé la question des performances de l’Éducation nationale (ou de leur absence, disons), les médias, les politiciens et les institutions elles-mêmes (syndicats en tête) se chamaillent pour savoir si une ministre a le droit de coller ses gamins dans le privé.

Cette polémique grotesque montre surtout que les “élites” (ou ce qui passe pour tel dans ce pays en perdition) ont fort bien compris l’état réel de l’instruction en France : c’est un désastre qui justifie amplement de faire des efforts, voire des sacrifices contraires au militantisme affiché. La mixité sociale, l’inclusivité et tout le tralala, ça va très bien tant que ça concerne les enfants des autres, les gueux qui n’ont pas le choix. Pour ceux qui l’ont, toutes les raisons sont bonnes, qu’on soit de droite ou de gauche, du reste.


Et alors qu’il apparaît de plus en plus flagrant que le niveau général s’enfonce dans les abysses, celui du public encore plus vite que celui du privé, on se demande ce qu’envisagent concrètement les décideurs pour rattraper la situation.

Heureusement, la réponse arrive vite : elle est confuse, vague, badigeonnée de termes technocratiques grotesques et sent bon le gloubiboulga à base de référentiel bondissant.


Cependant, en attendant le “choc des savoirs” dont on pressent qu’il sera très mou – le passé donnant une indication claire des ministricules à faire et dire n’importe quoi – force est de constater que l’ensemble de l’appareil d’État ne fait absolument rien pour aider les parents à fournir la meilleure instruction possible à leur enfants, au contraire même.

Les réactions récoltées contre Stanislas en disent long sur cette haine farouche d’une grosse partie de l’institution d’Éducation nationale contre l’élitisme d’une part, contre les établissement privé d’autre part, et contre les établissements confessionnels enfin.

Elle ne doit étonner en rien : l’école de Jules Ferry s’est, pour ainsi dire, bâtie par opposition à l’Église et l’anticléricalisme quasi-rabique de toute une partie de l’institution éducative en France n’est pas une dérive mais bien une composante recherchée par les académies et les inspections. Cette lutte qui semble poindre avec cette polémique grotesque n’est ni nouvelle, ni larvée.

En réalité, une part non négligeable de la bureaucratie scolaire cherche à mener une guerre complète contre toute alternative à l’éducation laïque, obligatoire et dispensée exclusivement par l’État.

Les récents coups de boutoir contre l’instruction à la maison en sont une parfaite illustration : prenant prétexte de dérives possibles par des sectes sur les enfants (ce qui doit représenter quelques dizaines de cas par an, à tout casser), l’ensemble de l’appareil d’État s’est mis en ordre de marche pour écraser toute velléité des parents à éduquer et instruire leurs enfants.

Depuis le début de la rentrée 2023, les cas se multiplient de parents en bute à l’administration et aux dernières lois votées contre l’instruction à l’école, sachant que la précédente rentrée fut déjà particulièrement pénible.

De lois liberticides en manipulations de l’opinion publique avec de gros sabots médiatiques, il est devenu maintenant à peu près impossible d’échapper à la férule de l’État dans l’instruction fournie à ses enfants. Dans le meilleur des cas, il reste possible de les inscrire dans des établissements hors contrat, ce qui revient à payer deux fois pour un service : une fois par ses impôts, avec un service de plus en plus mal rendu et une autre fois pour les frais d’inscription et d’enseignement dans l’établissement privé, rarement bon marché (il faut en effet compter de 200 à 400 euros par mois pour les écoles hors contrat, jusqu’à 700 euros dans certaines écoles parisiennes).


Mais voilà : l’école à la maison, les établissements privés hors contrat, c’est surtout deux façons pratiques de protéger ses enfants de l’influence de l’État dans leur éducation. C’est aussi la voie royale pour former des individus indépendants des structures administratives et des pensées et des propagandes de groupes que représentent les enseignements actuels. Actuellement, c’est une façon d’éviter l’introduction forcenée de propagande réchauffiste, wokiste, collectiviste partout dans tous les enseignements.

Or, des citoyens indépendants n’ont aucun intérêt pour l’État et pour des politiciens qui veulent au contraire accroître leur pouvoir. Pire : ce sont clairement des menaces avec lesquelles il est bien plus complexe d’interagir qu’avec les flocons de neige adulescents et émotionnellement instables que l’État forme actuellement à rythme industriel.

En fait, la seule solution réellement praticable et pratiquée dans certains pays, qui a démontré pouvoir effectivement améliorer les résultats et la qualité des enseignements, c’est le “chèque-éducation” : chaque élève se voit attribuer un chèque annuel pour son éducation, qui est touché directement par l’école au choix des parents, ce qui met les établissements en concurrence.

Cependant, ne comptez pas trop sur ce “chèque éducation” en France. Nous avons déjà un “chèque Chaussettes Trouées”, n’en demandez pas plus.


15 janvier 2024

Catherine Gaillard

Ma réponse à Guy Konopnicki qui écrit « Je n'aurais jamais imaginé avoir recours au privé, et pourtant ils ont tous terminé leur scolarité au lycée privé Edgar Poe. Bien sûr, ce n'est pas Stanislas, c'est un établissement laïque. C'était financièrement un peu lourd, j'ai parfaitement conscience d'avoir fait bénéficier mes enfants d'une sélection par l'argent. Question de choix, à d'autres l'épargne, la bourse, la pierre et les voyages de rêve, nous avons investi pour nos enfants. »

Moi : Parce-que vous pensez que toutes les familles modestes et les pauvres auraient pu payer l'école privée à leurs enfants simplement "en renonçant à l'épargne, la bourse, la pierre et les voyages de rêve..." bah non, parce-que, pour eux, il ne s'agissait pas de "question de choix", n'ayant de toute façon, pas accès à "l'épargne, la bourse, la pierre et les voyages de rêve..." Leur seul choix, c'est de les faire bouffer OU de leur offrir l'école privée.

Il y a quelque-chose de l'ordre de la tricherie dans cette façon de présenter les choses. La tricherie généralisée - et la tartufferie - de la gauche dont j'étais (et je ne suis toujours pas de droite aujourd'hui) depuis 40ans, et qui a conduit notre pauvre pays là où il est aujourd'hui.

9 janvier 2024

Nouvelles du déclin intellectuel

Maxime Tandonnet


Un sondage OpinionWay, paru ce 7 janvier dans La Tribune Dimanche, met en lumière les lacunes historiques, culturelles et civiques des jeunes âgés de 16 à 24 ans. Et le résultat est alarmant. Selon ce document, seuls 54% des sondés savent que la Révolution française a commencé en 1789, quand plus de 77% d’entre eux sont incapables de préciser à quel moment la peine de mort a été abolie en France. À la question « en quelle année Hitler a-t-il accédé au pouvoir en Allemagne », seulement 37% des jeunes ont répondu correctement. Si les jeunes nés entre 1999 et 2007 ont du mal à dater les grands événements historiques, le sondage révèle également des lacunes quant à leur compréhension. Ainsi, 38% des sondés n’ont jamais entendu parler de la « rafle du Vel d’Hiv », quand 32% d’entre eux ne savent pas ce que veut dire le terme « Solution finale ». Mais ce n’est pas de la faute des écoliers, des collégiens et des lycéens. La vérité, c’est que le déclin scolaire et intellectuel a été organisé. En quelques décennies, l’enseignement de l’orthographe, de la grammaire, de la littérature, de l’histoire événementielle, des sciences et des mathématiques a été volontairement étranglé, à l’image de la réforme Blanquer du lycée de 2019 qui, en supprimant les séries (littéraire, économique, scientifique) et en achevant de massacrer le bac, a représenté une étape supplémentaire dans la course au nivellement et à la médiocrité. Mais tout le monde est coupable, la gauche bien sûr mais aussi la droite qui naguère voulut supprimer l’enseignement de l’histoire en série scientifique. Et les coups de menton viril sur « l’uniforme scolaire », les redoublements ou le SNU ne feront qu’amplifier la catastrophe en détournant l’attention des véritables enjeux. Faire croire que le clonage vestimentaire est une réponse à l’effondrement intellectuel contribue méchamment à la crétinisation de masse. Bêtise, bêtise, bêtise… L’abêtissement passe aussi par le culte des jeux vidéos, l’idolâtrie footballistique, l’effarante stupidité des deux tiers de la télévision. Le renouveau de la France passe, avant toute autre considération, par la réhabilitation de l’excellence, du mérite, de l’esprit critique, de la liberté de pensée et de la curiosité intellectuelle. A l’inverse du conformisme ambiant et de la passion uniformisatrice.

12 décembre 2023

Denis Collin

(Via LP) Une enseignante du collège Jacques Cartier d’Issou dans les Yvelines montre à des élèves de 6ème un tableau du début du XVIIème représentant le mythe de Diane et Actéon, issu du livre III des Métamorphoses d'Ovide.
L’histoire est la suivante : au cours d'une chasse, le jeune Actéon surprend la déesse Diane et ses suivantes au bain. Il est puni de sa curiosité, changé en cerf avant d'être dévoré par ses propres chiens.
Finalement Ovide, poète latin (contemporain de Jésus-Christ), est un précurseur involontaire des féministes de Metoo : Actéon (chasseur et voyeur, il cumule les défauts) est puni par la mort pour avoir reluqué des baigneuses dans le plus simple appareil.
Ce mythe antique a inspiré plusieurs peintres dont le Titien (le tableau est à Édimbourg). La version présentée aux collégiens des Yvelines est l’œuvre du peintre maniériste italien Giuseppe Cesari. Il existe deux tableaux presque identiques de la même scène par le même artiste, l’une est à Budapest, l’autre est au Louvre.
C’est une œuvre classique de la culture européenne. Elle est plutôt pudique. On voit cinq femmes nues, quelques seins (mais pas tous) et quelques poils pubiens très discrets. Ce n’est pas une peinture érotique. On est très loin du tableau de Gustave Courbet “L’origine du monde” (1866, visible au musée d’Orsay).
Mais cela révulse certains des élèves (des enfants) du collège des Yvelines. Ils estiment que leurs convictions religieuses sont bafouées. Des parents s’en mêlent. L’enseignante est accusée de racisme. Elle est menacée. Elle a le soutien de ses collègues et de son chef d’établissement. Le rectorat est muet.
Qu’en pense le ministre Gabriel Attal ?

11 décembre 2023

Sur le classement PISA, les réactions politiques et la vérité relative au déclin scolaire français

Maxime Tandonnet

Singapour caracole largement en tête en mathématiques, sciences et lecture, comme en 2016, suivi par Macao, Taïwan, Hong Kong, le Japon et la Corée du Sud en maths. La France, 23e du classement, se situe comme en 2018 dans la moyenne des pays de l’OCDE, à un niveau comparable à celui de l’Espagne, la Hongrie et la Lituanie dans les trois matières. Elle est classée 22e en math, 24e en compréhension de l’écrit et 22e en sciences parmi les 38 pays de l’OCDE. Ses résultats sont en chute dans tous les domaines, surtout en mathématiques.


Il est difficile de parler de surprise tant le constat corrobore toutes les observations de ces dernières années sur le déclin scolaire français. Seule véritable nouveauté : l’extrême habileté de la communication gouvernementale autour de cette faillite. Par un impressionnant tour de passe-passe, le pouvoir politique a réussi a transformer une publication embarrassante pour lui en succès. La parution du classement PISA 2022 a servi de tremplin au lancement médiatique du « plan Attal ». Le catalogue comporte des mesures emblématiques : redoublement facilité, brevet (plus ou moins) obligatoire pour passer au lycée, groupes de niveau au collège, expérimentation de l’uniforme… L’effet de communication a été largement obtenu : les médias et les politiques (surtout à droite…) s’extasient devant ces annonces qui iraient dans « le bon sens ». De fait, l’opinion est satisfaite. Certes un joli succès politique.

De fait, ces annonces ne règlent pas grand-chose. On peut toujours dire « qu’elles vont dans le bon sens », c’est facile et ne coûte rien, mais ni plus ni moins que le retour du latin de M. Blanquer ou celui des « dictées », vanté par M. Pap N’Diaye – dont nul n’a d’ailleurs vu la couleur… Elles recouvrent d’un léger brouillard de conservatisme le désastre dû aux réformes précédentes : suppression des séries en première, abandon des maths obligatoires, neutralisation du bac par le contrôle continu et le « grand oral ». Mais elles ne remettent rien en question sur le fond. Le redoublement n’a jamais rien réglé (je ne suis même pas sûr qu’il existe dans les pays asiatiques qui caracolent en tête du classement PISA), rien ne dit que les professeurs en feront usage contre les parents en cas de désaccord et d’ailleurs, le déclin scolaire français est bien plus ancien que le bannissement de cette pratique chez nous.

Le redoublement, parlons-en. Il n’était pas interdit à l’initiative des professeurs mais rendu relativement complexe par une circulaire du 22 février 2018 – sous l’ère macronienne – par une procédure supposée assurer les droits de la défense des parents. On imagine que l’objectif du plan Attal est de revoir cette circulaire dans un sens moins favorable aux parents. Mais quel rapport avec le déclin du niveau scolaire déjà largement à l’œuvre à l’époque comme le prouve le classement PISA de 2018 ? Alors, c’est le macronisme qui fait marche arrière mais encore faudrait-il avoir l’honnêteté de le reconnaître.

La vérité c’est que derrière l’écran de fumée se poursuit une politique fondée sur le nivellement par le bas et la condamnation du mérite, de la réussite et de l’intelligence. La catastrophe scolaire procède de l’idéologie. Elle consiste à briser les talents, le goût du travail et de la réussite au profit d’un faux égalitarisme : banalisation du bac (90% de réussite), suppression des concours d’entrée à Sciences Po, sélection à l’entrée des universités par algorithmes (parcours sup) plutôt que par des épreuves intellectuelles, disparition de la culture générale dans les concours, etc. Tout en donnant des coups de menton sur le « redoublements » et « l’uniforme », jetés comme des os en pâture à l’opinion, le pouvoir poursuit une chasse impitoyable au mérite et à l’intelligence, d’où la fermeture de classes préparatoires aux grandes écoles jugées trop élitistes :

« Dans le détail, les classes préparatoires littéraires du lycée Lamartine (Paris 9e) et du lycée Chaptal (Paris 8e) seraient fermées. Pour la filière scientifique, les prépas des lycées Claude-Bernard (16e), et Carnot (17e) sont concernés. Une prépa ATS (Adaptation technicien supérieur), destinée aux étudiants en filière technologique désireux de rejoindre une école d’ingénieurs, serait aussi fermée au lycée Pierre-Gilles-de-Gennes (13e). Côté économique, la prépa ECG (économique et commerciale, voie générale) du lycée Jacques-Decour (9e) est menacée. »

« L’en même temps » bat son plein. Pour être franc, ce qui me frappe, ce n’est pas tant l’habileté de la communication gouvernementale que son phénoménal succès. L’unanimisme, la faiblesse de l’esprit critique et le conformisme politico-médiatique autour de ces annonces font froid dans le dos. Plus que le classement, PISA, ils sont un signe patent de la crétinisation.

La France de pire en pire et de PISA en PISA

H16

11/12/2023 - La dernière enquête PISA vient de sortir et ses résultats sont clairs : les efforts entrepris par les gouvernements successifs ces trente dernières années en matière d’instruction finissent par payer ! Le niveau des élèves français s’effondre et la majorité des élèves qui sortent de l’école sont maintenant nuls en lecture, en écriture et en calcul.

Reconnaissons ici performance publique : alors que l’insécurité a clairement succédé au simple sentiment d’insécurité, c’est diamétralement opposé pour l’apprentissage qui n’est plus maintenant qu’un sentiment d’apprentissage qui permet, en distribuant un vague diplôme à la fin, d’apaiser les tensions sociales et faire croire à l’aptitude de tous. Ainsi, alors qu’en 2000, la France pouvait se targuer d’être onzième au classement des pays de l’OCDE par le score moyen en mathématiques de ses élèves – et quinzième en lecture – elle n’était plus qu’à la 26ème place en math et à la 25ème en lecture en 2022.

C’est bien une véritable dégringolade qui semble moyennement inquiéter le gouvernement.

Ainsi, l’actuel ministrion en charge de l’Éducation nationale, un certain Attal, a fait assaut de communication pour bien expliquer toutes les belles gesticulations résolutions que lui et sa lourde administration allaient lancer afin de remédier à cette inquiétante baisse du niveau des élèves français.


Bricolages sur le bac via une épreuve de math en première, tentative d’imposer un niveau minimal pour l’accès au lycée (qui hérisse déjà si fort les enseignants qu’on devine déjà l’échec), énièmes bidouilles de programmes notamment en primaire, saupoudrage de gimmicks à la mode (ici, de l’intelligence artificielle parce que “cryptomonnaie” ou “dérèglement climatique” auraient été trop ouvertement du foutage de gueule), il ne manque qu’un Comité de citoyens, un petit Grenelle et un numéro vert pour boucler le plan com’ du frétillant clown aux manettes.

Le lecteur, même mal affûté, comprend assez vite qu’avec ces propositions périplaquistes, le ministrion s’occupe surtout d’occuper la galerie. Aucune des mesures envisagées (dont l’application réelle promet le pire) ne permettra une amélioration sensible du système scolaire français : l’idéologie, gangrenant complètement le corps d’inspecteurs et, dans une mesure à peine moindre, le corps enseignant, garantit à elle seule que les modifications de trajectoire seront marginales ; le socialisme profond, dans lequel toute l’Éducation nationale baigne maintenant avec délice comme un pachyderme dans sa boue, interdira par définition toute libération bureaucratique nécessaire aux établissements tant du côté des programmes que du recrutement des professeurs ou même de la sélection des élèves.

Enfin, la discipline et la sécurité des classes, ce volet indispensable permettant de garantir une atmosphère propice à la concentration, l’instruction et le passage des savoirs dans un cadre idoine, n’est non seulement pas abordé par le freluquet qui sert de ministre, mais est même activement combattu par toute son administration elle-même.

Il suffit pour s’en convaincre de jeter un œil rapide (une fesse distraite ?) à la presse de grand chemin pour comprendre l’ampleur du problème : il apparaît que les établissements républicains sont régulièrement l’objet de drames parfois violents mais toujours consternants qui poussent les enseignants, ces petits mammifères généralement mous, à se raidir et protester. Le fait que ce soit en pure perte en dit long sur la trajectoire générale de la bureaucratie qui étouffe l’enseignement en France.


Et pendant qu’à Libourne, on épilogue discrètement sur une lettre anonyme menaçant de mort une enseignante et que l’académie de Besançon estime que le danger n’est ni grave ni imminent alors qu’un élève se balade avec un pistolet chargé dans l’établissement, se rassurant sans doute du fait que le port d’arme est interdit en France, on pourra regarder du côté de l’académie de Versailles qui a, elle aussi, une façon très à elle de gérer le harcèlement dont certains élèves sont les victimes.

On se souviendra en effet des lettres assez étranges (et pour ne pas dire menaçantes) que ce rectorat avait envoyées à des parents se plaignant du harcèlement subi par ses enfants, dont le contenu expliquait que les parents devaient “adopter désormais une attitude constructive et respectueuse envers (…) tout personnel de l’Éducation nationale”.

Ceux qui auraient crû, naïvement, qu’il s’agissait d’une malencontreuse tournure de phrase (pourtant répétée dans plusieurs lettres) et d’une formulation maladroite d’une administration qu’on espère à l’écoute de ses assujettis, en seront pour leurs frais : en pratique, il est commun qu’en plus du harcèlement que les élèves subissent parfois, les parents qui s’en plaindraient se retrouvent sous enquête de la part des administrations sociales qui savent bien comment garantir que le #PasDeVague sera imposé.

Violence dans les établissements, harcèlement entre élèves, harcèlement (parfois sexuel) des personnels sur les élèves, harcèlement des administrations sur les parents qui tentent de faire valoir leur bon droit, déni de la part des rectorats, tous ces problèmes – qui ont un impact sévère et évident sur la capacité d’apprentissage des élèves – sont connus, profonds et absolument pas abordés par les frétillements ridicules du ministrion actuellement en charge.

Au passage, pourra-t-on s’étonner vraiment que ces aspects de sécurité et de discipline ne soient pas pris en compte, voire évités par tous les ministres en poste depuis 30 ou 40 ans, alors même que l’Éducation nationale est, de l’aveu de tous, un bastion indétrônable de la gauche, cette gauche qui pousse la tolérance et la permissivité jusqu’à l’absurde et qui a toujours su trouver les bonnes excuses pour continuer sur sa lancée laxiste ?

En définitive, le score PISA de la France encapsule fort bien l’impasse catastrophique dans laquelle s’est fourvoyé le pays en insistant sur une Éducation nationale monolithique, bureaucratique, repliée sur elle-même et bien plus prête à se protéger elle-même qu’à tenter de protéger les élèves et leur apporter l’instruction indispensable à leur construction sociale et psychologique. Refusant, par idéologie, par déni et par principe, de revenir à des fondamentaux pourtant éprouvés de méthodes, de discipline et d’objectifs ambitieux, de liberté des établissements et des programmes, cette administration n’est plus qu’une forteresse agissant pour sa seule sauvegarde.

Le ministrion, essentiellement occupé de son propre avenir, n’a aucun plan pour corriger ces problèmes et il n’est de toute façon pas équipé pour.

Le prochain score PISA sera donc bien pire.


https://h16free.com/2023/12/11/76139-la-france-de-pire-en-pire-et-de-pisa-en-pisa

7 décembre 2023

René Chiche

Je vous invite à lire attentivement et à partager largement les propositions du syndicat Action & Démocratie / CFE-CGC pour reconstruire l'école et créer, selon l'expression de Gabriel Attal, un #ChocDesSavoirs.
Il s'agit d'un texte essentiel pour refaire de l'école une fierté française et républicaine.
Des propositions originales, profondes, pragmatiques et aux effets puissante ↴

Denis Collin

Après PISA : Pour enrayer le déclin français, le gouvernement agit comme on pouvait s’y attendre : il prend des mesures pour accélérer la catastrophe.
D’un part, il ferme des classes préparatoires (notamment littéraires), c’est-à-dire les derniers lieux du lycée où l’on apprend encore à travailler et où l’on vise l’excellence. Vive les paresseux ! Ajoutons que les écoles supérieures de commerce (toutes privées) et désireuses de piquer la manne que sont les étudiants des classes préparatoires « sup de co » ont créé une filière pour bacheliers, les bachelors, parce qu’un nom américain, c’est plus chic et HEC, la première de ces écoles, s’y met à son tour. Autrement dit, au lieu de passer deux ou trois ans dans des classes publiques et gratuites, les étudiants devront passer à la caisse dès le bac. Tout cela dessine les contours d’une privatisation totale de l’enseignement supérieur.
D’autre part, le ministre promet pour venir en aide aux élèves après la classe, un logiciel d’IA. Des programmes plus exigeants, des classes moins chargées, des heures de cours et des professeurs : foin de ces vieilleries. Vive l’IA. L’IA après la classe qui prépare l’IA remplaçant le professeur, vieille chimère technocratique. À la clé la mort définitive de l’instruction publique.

19 novembre 2023

L’effondrement scolaire favorise l’extrémisme, le fanatisme, la violence

Maxime Tandonnet
(pour Figaro Vox)


Le ministre de l’Education national, M. Gabriel Attal, vient de tirer la sonnette d’alarme en des termes prudents lors d’une interview au journal le Parisien : « Les résultats ne sont pas satisfaisants et sont même… plutôt inquiétants. » Selon le ministre, « un peu plus de la moitié des élèves [en quatrième] ne lisent pas convenablement et en mathématiques, plus de la moitié ne maîtrisent pas la résolution de problèmes et la géométrie. » Le constat n’a certes rien de nouveau. Un an auparavant, celui de son prédécesseur M. Pap N’Diaye était exactement le même, en des termes plus musclés : « Disons le clairement, le niveau d’ensemble baisse. » (22 décembre 2022).


Il corrobore de nombreuses études internationales qui font état d’une chute spectaculaire du niveau scolaire français, dans quasiment toutes les matières. D’après le classement Timss de 2019, les élèves français se classent derniers de l’Union européenne en mathématique et avant-dernier dans l’OCDE (devant le Chili). Selon le classement PISA, les jeunes Français ne sont que 23ème en lecture et compréhension de texte. Enfin, en histoire-géographie, le naufrage est avéré : d’après l’Éducation nationale, le pourcentage des élèves de faible niveau est passé de 15 à 21% entre 2006 et 2012, et celui des élèves de niveau élevé de 10 à 6%.

Cette chute du niveau scolaire n’est pas, pour l’essentiel, une affaire de crédits. Un rapport de la Cour des comptes de décembre 2021 souligne que la France consacre 110 milliards € à l’Éducation nationale (hors enseignement supérieur). Les dépenses pour les élèves du 1er degré (élémentaire, primaire) ont augmenté de 210% par élève en termes constant de 1980 à 2020 et de 65% pour le second degré. La France consacre 5,2% de son PIB à l’Éducation nationale contre 4,5% en Espagne, Allemagne, Japon, Italie (selon le même rapport).

Cette chute du niveau est le fruit d’un choix idéologique qui consiste à sacrifier la méritocratie et l’excellence au profit du nivellement par le bas et l’égalitarisme – une fausse égalité. Ce choix idéologique s’exprime à travers de multiples décisions prises depuis un demi-siècle. L’objectif de 80% d’une classe d’âge « au niveau bac » a amplifié la faillite scolaire en ouvrant la voie à une stratégie de rabaissement du niveau tournée vers sa réalisation. Elle se traduit aujourd’hui par la quasi neutralisation du bac qu’obtiennent plus de 90% des candidats. L’invraisemblable réforme dite « Blanquer » supprimant les séries (littéraires, scientifiques, etc.) et achevant de neutraliser le bac par le « contrôle continu » a été un pas supplémentaire dans la voie du nivellement par le bas.

D’autres décisions emblématiques ont montré la voie de la course à la médiocrité au prétexte d’égalitarisme : la suppression du concours d’entrée à Science po ou des épreuves de culture générale aux concours administratifs. Elle s’est traduite par le triomphe de la démagogie consistant à dévaloriser les enseignements considérés comme fastidieux, à l’image de l’orthographe, la grammaire et les mathématiques… Pourtant fondamentaux.

Cette course à la médiocrité procède d’un dessein de long terme du pouvoir politique, sans doute implicite, peut-être inconscient mais réel, consistant à forger une société d’individus aisément manipulables. L’incapacité à lire, à écrire et à compter, l’affaiblissement de la curiosité intellectuelle, de la passion des livres, ouvre la voie à la soumission et au triomphe de la propagande. Il est plus facile d’influencer et de faire marcher au pas des femmes et des hommes sans racines intellectuelles, privés des repères de la littérature, de l’histoire et de la philosophie ou de la connaissance scientifique. Cette course à la médiocrité explique sans doute aussi la poussée des extrémismes en politique, le triomphe des aboyeurs au détriment de la raison collective. Le déclin scolaire, en entraînant celui de l’esprit critique et de la pensée ou de la capacité à s’exprimer, prépare le clonage d’une société servile, soumise aux idolâtries et à toutes sortes de fanatismes et de violences telles le fascisme, le communisme, l’islamisme ou le wokisme. Pour changer de cap, il faudrait un véritable bouleversement intellectuel autour de la réhabilitation de l’excellence plutôt que des coups de menton aussi vains que répétitifs.
18/11/2023

17 novembre 2023

[Éducation nationale]

René Chiche

Je n'ai pas critiqué l'action du ministre Gabriel Attal jusqu'à présent, parce qu'elle va dans le bon sens. En revanche, je tombe des nues en découvrant le caractère totalement superficiel et improvisé de la mission dite "exigence des savoirs".
Cette mission "éclair" lancée le 5 octobre, sans que la moindre lettre de mission n'ait encore été publiée à ce jour, doit rendre ses conclusions fin novembre tout en procédant d'ici-là, parait-il, à des auditions des organisations concernées ainsi qu'à une consultation des 860 000 enseignants.
Nul ne peut croire qu'un simple questionnaire conçu à la hâte puisse tenir lieu de consultation de ces derniers, si tant est qu'il y ait lieu de les consulter individuellement, ce dont je ne suis pas du tout convaincu. Et nul ne peut croire non plus que des questions "à choix multiples" fermées puissent servir à autre chose qu'à valider des décisions déjà arrêtées et à éluder une fois de plus les vrais sujets. Certes, le questionnaire est conçu pour être renseigné en moins de cinq minutes, ce qui peut expliquer que les intéressés soient nombreux à le renseigner au point que le ministre se flatte le 8 novembre devant les sénateurs d'avoir déjà obtenu 100 000 réponses.
Mais je prie mesdames et messieurs les sénateurs de bien vouloir prendre cette annonce avec des pincettes : on peut remplir le questionnaire autant de fois que l'on veut et il peut être rempli par n'importe qui, ma voisine aussi bien, puisqu'il n'y a aucune étape d'identification. Ce chiffre de 100 000 réponses est donc totalement invérifiable !
Ce n'est pas sérieux.
Je n'avais aucun a priori sur cette mission au moment où elle a été lancée bien que les délais me paraissaient déjà totalement incompatibles avec son objet : une "mission éclair" pour faire face au mal du siècle ? De qui se moque-t-on ? Le "choc des savoirs" (expression dépourvue de sens autant que d'élégance) risque bien de ne produire qu'un pshitt ou un prout !
La désinstruction est un sujet grave, aux aspects multiples. Le niveau de certains bacheliers est proche de l'illettrisme, les lacunes de tous ordres sont immenses et conduisent à devoir proposer ou imposer de la "remédiation" dès l'entrée dans l'enseignement supérieur ; l'exposition prématurée aux écrans cause par ailleurs des dégâts considérables sur les capacités cognitives de toute une génération pendant que des élus locaux irresponsables continuent d'amputer le budget de réfection des routes pour pouvoir se vanter d'équiper les enfants en tablettes ; les programmes scolaires rédigés par la DGESCO sont devenus des pavés illisibles dignes de figurer dans une comédie de Molière et c'est pourtant aux mêmes que l'on confie le soin de chercher les moyens permettant d'améliorer le niveau scolaire ; les heures de rien continuent à envahir le temps scolaire au détriment des heures d'enseignement disciplinaire.
Les remèdes sont en réalité très simples, mais ce n'est certainement pas aux inventeurs du "référentiel bondissant", des "programmes spiralaires" et des lieux de "bienvivance" qu'il faut confier la tâche de dire comment reconstruire l'école.
Recrutez d'excellents maîtres et fichez-leur la paix, d'abord ! Donnez aux élèves des conditions d'étude dignes dans des lieux qui ressemblent à des écoles et non à des parcs d'activité ou des antichambres de Pôle emploi ! Rendez à chacun sa place dans l'institution et rappelez à l'administration qu'elle est au service des enseignants et non l'inverse ! Videz les programmes de cette grotesque logorrhée sur les "compétences" afin qu'ils se bornent à énoncer clairement les connaissances qui doivent être acquises chaque année ! Interdisez les smartphones et les tablettes en classe !
A-t-on besoin d'une "mission" pour ça ? Non ! Il suffit d'une volonté politique et que le ministre fasse preuve d'un peu d'autorité pour ne pas se laisser dicter sa conduite en ce domaine par son administration ou par des syndicats majoritaires qui s'accommodent de la désinstruction autant qu'ils y prennent part.

13 novembre 2023

Lutter contre le harcèlement, vraiment ?

H16

Vendredi dernier, le Chef de l’État s’est fendu d’un message à rallonge sur X, la plateforme de Musk : dans son style habituel de lycéen confus, il a tenté d’interpeler les jeunes générations sur un fléau qu’il prétend prendre à coeur, le harcèlement scolaire.

Pas de doute : Emmanuel Macron veut absolument montrer qu’il comprend le problème et entend le résoudre avec, notamment, une législation aux peines renforcées. Le locataire de l’Élysée évoque ainsi les 10 ans de prison et 150.000 euros d’amende qu’encourt potentiellement un vilain harceleur à l’école.


Ici, on sent qu’il mise habilement sur la mémoire de poisson rouge des élèves français qui ne se souviendront pas que même les violeurs multirécidivistes ne sont que très rarement aussi fermement condamnés, et que le même Macron avait clairement émis le désir, il y a deux ans, “d’emmerder les non vaccinés”, faisant de lui un exemple assez parlant de ce que peut justement être un harceleur.

Plus prosaïquement, plusieurs raisons ont présidé à retrouver ainsi ce dossier dans l’actualité tel un cheveu sur la soupe.

De façon assez évidente, il y a le besoin grandissant de mobiliser les journalistes sur d’autres sujets que l’actualité franco-française (les indicateurs économiques actuels sont affolants), de la récession qui n’est plus dissimulable et dont les conséquences sont en train de se compter en kilomètres de queues devant les soupes populaires, et encore plus de les éloigner des gesticulations parfaitement incohérentes du chef de l’État en matière d’affaires étrangères notamment au Proche-Orient.

D’autre part, il fallait occuper le petit Gabriel Attal dont l’arrivisme et la toxicité deviennent difficiles à camoufler.

Le lancement de la campagne contre le harcèlement est donc l’occasion de lui coller dans les pattes à la fois le Premier Ministre Babette Borne et l’autre moitié du couple Macron, ce qui ne manque pas de faire un tableau croquignolet lorsque ce trio se rend sur le terrain où gêne et crispation se lisent sur leurs visages à chaque étape du calvaire communicationnel.


Calvaire qui se traduit d’ailleurs par l’interaction embarrassante de Borne avec un élève harcelé, dialogue malaisant qui n’a d’ailleurs pas manqué d’alimenter la polémique, pendant que ce qu’on peut lire comme du mépris de la part de Brigitte Macron est pudiquement passé sous silence.

Au moins le ministricule Attal aura-t-il eu la présence d’esprit d’être aussi incolore, inodore et insipide que possible lors de ce douloureux épisode : cela valait mieux puisque lorsqu’il est lâché sans surveillance, il se laisse aller à bobarder ouvertement à la télévision, s’inventant un passé de harcelé repris avec une telle ferveur dans tous les médias de grand chemin que la moindre once d’esprit critique impose de ne pas y croire une seconde…

En réalité, cette campagne va très pratiquement servir de chausse-pied au programme de lutte contre le harcèlement en ligne, programme qui servira de boulevard évident à toute une série de dispositions légales permettant d’ajouter une belle couche de dystopie orwellienne sur les réseaux sociaux : l’actuel pouvoir ne supporte pas de voir ses narratifs grotesques mis en pièce et comprend que son emprise, décroissante, sur le noyau dur des retraités scotchés aux médias traditionnels ne va pas suffire à tenir le pays à mesure que la situation se dégrade.

Et pendant qu’on occupe le peuple en prétendant garantir la sécurité de ses enfants dans le cadre scolaire, les administrations (suivant en cela l’exemple donné par nul autre que le chef de l’État lui-même) s’emploient chaque jour à pister le citoyen, ne le lâchant absolument jamais tant qu’il y a quelques sous à grapiller : cotisations, impôts, taxes, règlementation délirante et contraintes légales à n’en plus finir qui finiront, toutes, par des amendes d’une façon ou d’une autre, il apparaît clair que certains harcèlements sont, eux, parfaitement autorisés et ce, même s’ils conduisent leurs victimes (et le pays avec elles) vers les pires extrémités.


Le harcèlement des Français par leurs administrations se double de celui d’institutions et de politiciens qui ne se cachent même plus de vouloir leur imposer un agenda pour lequel ils n’ont pas été élus : alors qu’aucune plateforme majoritaire ne demandait à imposer les véhicules électriques, des éoliennes pour tous, le financement délirant de guerres étrangères, la mise en place de programmes éducatifs sexuels controversés ou l’introduction de délicieux insectes chitineux un peu partout dans notre nourriture, on aboutit à abandonner toute volonté d’électricité pas chère, d’eau courante propre et peu coûteuse ; la guerre à la voiture (thermique d’abord) est ouvertement déclarée ; celle à la propriété privée n’est pas encore officialisée exclusivement pour des raisons de constitutionnalités.

Le harcèlement des Français par des mouches du coche de plus en plus agressives devient préoccupant et dans ce constat, la lutte contre le harcèlement à l’école ressemble encore une fois à la pose d’une cautère mal taillée sur une jambe de bois.

En effet, le harcèlement à l’école est d’abord et avant tout un problème de discipline qu’il est maintenant impossible de faire régner par démission de l’intégralité du corpus enseignant (ou à peu près), cette démission étant elle-même le résultat inévitable de la volonté farouche de toute l’administration de ne surtout pas faire de vagues, de toujours plier devant la moindre adversité. Pour rappel, #PasDeVague date de 2018, mais la dérive consternante de toute l’Éducation nationale date de plusieurs décennies, l’abandon de la discipline s’inscrivant bien dans l’air du temps des années 80 et 90.

À la démission commode et rapide des pouvoirs publics a succédé celle des enseignants puis des parents eux-mêmes et enfin des élèves entre eux.


Le harcèlement scolaire n’est qu’un symptôme de plus dans l’effondrement (ici moral) du pays, de l’abandon des valeurs essentielles qui fondent non pas la République ou je ne sais quel autre concept aussi ronflant que creux, mais bien l’humanisme basique dont tout individu normalement constitué devrait faire preuve. Chacun laisse faire, les victimes subissent, parce que les hiérarchies, veules, corrompues et terrorisés par le qu’en dira-t-on, se terrent et ne font plus rien, que la justice, borgne, idéologisée et débordée, s’en fout.

Le fait que le harcèlement soit rampant dans le système éducatif français en dit long sur le délitement total de la société, et l’incapacité des autorités à comprendre la racine du problème – son laxisme compulsif – impose de voir qu’il n’y aura pas de salut venant d’elles et certainement pas venant des tristes bouffons qui nous gouvernent, eux qui sont les principaux promoteurs de toutes les tendances qui ont abouti exactement à ces résultats et qui permettent d’affirmer une chose simple :

Ce pays est foutu.


https://h16free.com/2023/11/13/75889-lutter-contre-le-harcelement-vraiment

26 octobre 2023

Didier Lemaire

Menaces de mort, mutations... Didier Lemaire revient sur les difficultés qui marquent la vie des professeurs.

⇒ https://fb.watch/nWzuhVdN4W/

17 octobre 2023

LETTRE D'UNE AMIE, PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE

Philippe Miquel

Élèves analphabètes, ingrats, vides et avides, platement réduits à deux dimensions, profs pusillanimes, à peine plus instruits, tout aussi conformistes, sourds, muets, aveugles pour la plupart. Syndicats moutonniers, partisans, frileux et impotents ; doxa wokiste, bien pensance obligée, réflexion balisée ; réformes pléthoriques, absurdes, hors-sol, chronophages ; menaces directes ou indirectes (avec désormais l’option décapitation) ; parents démissionnaires, procéduriers, intransigeants, direction lâche, stupide, superficielle (une boussole qui indique le sud). Et le tropisme du privé pour le public s’accélère. L’attraction de l’abîme peut-être. J’étais souvent la seule à dire non, la seule à ne pas vouloir d’iPad en cours, pour les élèves et pour les profs. Asphyxiée par la bêtise, l’inconséquence, la mièvrerie ambiante, je ne pouvais presque plus exercer mon métier. Don Quichotte. Sisyphe. J’ai choisi Cyrano.
Formatage, bourrage de crâne, l’école n’est même plus un village Potemkine (on peine à cacher les ruines sous le tapis) mais un grand ratage institutionnalisé, un Mc Donald's qui gave les esprits de malbouffe (chacun vient comme il est), un système lénifiant, de plus en plus inégalitaire (fruit de plusieurs décennies de bourdieuseries), une vaste entreprise de déconstruction, de déstructuration, de décivilisation (comme dit l'autre).
Par intérêt sans doute, paresse, idéologie, cynisme, ils ont tué l’intelligence, l'esprit critique, la pensée libre, la vraie culture, le goût, l’exigence, l’histoire, la mémoire, l’identité, l’âme. Ils ont découragé les meilleurs, les plus motivés, les plus solides. Une violence inouïe, insidieuse, quotidienne, banale, destructrice. Une violence qui ne dit pas son nom. La « fabrique des crétins » est devenue la fabrique des barbares. Logique et chronologique.
Alors, je suis partie. Rester n’aurait eu ni sens, ni sève, ni saveur. Pas de complaisance ni de compromission. Un choix, pas une fuite. Une révolte, pas une démission. Je n’ai manqué à personne, personne ne m’a manqué. Cela remet l’ego à sa juste place. Cette liberté a un prix. Forcément. Officiellement, je suis en arrêt maladie. Mon salaire suit les méandres complexes d’une administration kafkaïenne (pléonasme). Bref, je ne gagne pas grand-chose et j’aurais une retraite de misère. Mais je ne regrette rien. Ils n’auront pas ma peau, ni ma liberté, ni mon temps.
Ma colère est à la mesure de ma déception, de ma désillusion, de mon désenchantement. De mon impuissance. Tout a été dit depuis longtemps, rien ne change. Avec l’Education nationale le pire est toujours sûr. Je ne regarde pas en arrière, je ne veux pas être amère. C’est fini. Ailleurs, loin, définitivement et dans l’indifférence de ce qui adviendra à ce pays, je préfère cultiver mon jardin. (30/09/2023)

16 octobre 2023

Éducation nationale : des carences épouvantables

Olivier Tournafond
17/9/2022

Olivier Tournafond, professeur de droit à l’Université Paris XII, est l'invité de Ying Huang

15 octobre 2023

A qui le tour ?

Action & Démocratie

Commençons par dire que les mots ne suffisent pas pour traduire l’immense peine que nous éprouvons suite à ce nouvel assassinat au couteau d’un professeur.
C’est donc humblement que nous adressons d’abord par ce message nos condoléances et notre solidarité à la famille de Dominique Bernard, à son épouse, à ses filles, à ses parents, à ses amis ainsi qu’à ses élèves de qui il était unanimement apprécié. Cet excellent professeur de lettres au lycée d’Arras, dont le visage exprime avec une noble simplicité les plus hautes vertus humaines que sont la générosité, l’humilité, l’intelligence, est mort à 57 ans dans l’exercice de ses fonctions, tué parce qu’il était professeur, et ce près de trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty.
Cela n’aurait jamais dû arriver. Cela ne devait plus jamais arriver. Et cela néanmoins est arrivé.
Nous adressons également nos pensées solidaires et émues à David Verhaeghe, professeur d’EPS grièvement blessé au cours de cette attaque, ainsi qu'à Jacques Davoli, chef d’équipe des agents techniques de l’établissement, lui aussi grièvement blessé. Puisse le soutien de vos proches, celui de l’institution et celui de tous les personnels dont nous nous faisons ici les relais vous donner la force de surmonter cette terrible épreuve.
A toi Dominique, à toi David, à toi Jacques, nous voulons aussi dire, malgré la douleur, la stupeur, la colère aussi, notre profonde admiration pour la bravoure dont vous avez chacun fait preuve en cherchant à protéger, au péril de la vôtre, la vie de vos collègues ainsi que la vie des élèves qui vous étaient confiés. Cela s’appelle de l’héroïsme. Vous êtes des héros. La République vous doit l’hommage que méritent ses héros.
Vous n’êtes cependant pas des soldats supposés servir sur un terrain d’opérations dangereux, et vous n’auriez jamais dû vous trouver dans la situation de perdre votre vie ou de l’exposer. Surtout depuis Samuel Paty, qui lui non plus n’aurait jamais dû se trouver dans la situation horrible où il a été plongé. Il est temps que la République soit vraiment aux côtés de ses hussards noirs autrement que le temps d’une cérémonie, et qu’au lieu de laisser lentement périr son école, elle sache la défendre et se mettre au niveau de ceux qui consacrent leur vie à la transmission des connaissances, à l’élévation de la jeunesse, à la propagation des Lumières. Il est temps que le gouvernement prenne conscience du fait que le corps enseignant est le premier et peut-être le seul rempart contre l’obscurantisme ; les terroristes eux l’ont bien compris et c’est précisément la raison pour laquelle ils s’attaquent à des professeurs.
En tant que syndicat voué à la défense des intérêts matériels et moraux des personnels, et désormais aussi à la défense de leurs intérêts vitaux, Action & Démocratie ne peut accepter que l’on se résigne à compter ses morts et faire part de sa compassion pour les victimes après chaque attentat, comme si tout cela était une fatalité et qu’on n’y pouvait rien. Il faut regarder les choses en face et cesser de se cacher derrière la langue de bois car, si on ne le fait pas, d’autres encore paieront de leur vie le prix de notre lâcheté.
Dominique Bernard est mort sous les coups de couteau d’un individu dont la présence sur notre sol interroge et qui était inscrit au fichier des personnes recherchées (fiche S). Comment un tel individu a-t-il pu concevoir et perpétrer son crime odieux alors qu’il était censé être sous surveillance ? Comment a-t-il pu pénétrer aussi facilement dans un établissement scolaire ? Combien d’individus « fichés S » sont actuellement présents dans les établissements scolaires ou sont susceptibles de les fréquenter ? Y en a-t-il parmi nos élèves ? Y en a-t-il parmi les personnels ou les parents d'élèves ? Y en a-t-il parmi les élèves majeurs et étudiants post-bac (BTS) ou encore les adultes majeurs en formation en CFA et GRETA dans des lycées ? Le devoir d’un syndicat est de poser ces questions, celui du gouvernement est d'y répondre. Action & Démocratie exige que les informations d'une telle importance soient systématiquement communiquées à l’Éducation nationale et aux personnels qui, pour des raisons évidentes, doivent les posséder pour pouvoir prendre les bonnes décisions, notamment devant ce qu’on appelle des « signaux faibles ». Ne pas le faire reviendrait à exposer tous les agents mais aussi tous les élèves au danger.
Dominique Bernard est mort sous les coups de couteau d’un individu qui, en outre et selon toute vraisemblance, a répondu à l’appel d’une organisation terroriste à mener un « jihad mondial » le vendredi 13 octobre 2023. Cet appel était connu de tous et notamment des autorités. A-t-il été suffisamment pris au sérieux par ces dernières ? On peut s’interroger puisque le ministre Gabriel Attal a annoncé le renforcement des mesures de sécurité après cet attentat : n’était-ce pas plutôt avant, et dès l’appel du Hamas, qu’il fallait renforcer les mesures de sécurité ? Pourquoi les établissements scolaires n’ont-ils pas fait l’objet d’une attention comparable à celle de certains lieux de culte alors que l’on sait, depuis l’assassinat de Samuel Paty, que les professeurs sont des cibles ?
Enfin, Dominique Bernard est mort sous les coups de couteau d’un individu qui avait été scolarisé dans cet établissement d’Arras et qui était persuadé de la légitimité de son geste. Ce serait faire preuve d’une naïveté coupable que de réduire ce geste à celui d’un « déséquilibré » ou d’un « radicalisé ». Les choses sont hélas beaucoup plus graves, et nous qui sommes sur le terrain le constatons chaque jour. En particulier depuis l’attaque terroriste d’une violence inouïe perpétrée en Israël par le Hamas et la riposte de l’État israélien, nous voyons se développer en France des discours nauséabonds, flirtant parfois avec l’antisémitisme le plus décomplexé, qui ont pour effet, sinon pour objet, de justifier l’injustifiable, de faire passer la barbarie pour de la légitime défense ou encore de transformer les victimes en bourreaux et réciproquement les bourreaux en victimes. Ces discours, qui dans leurs versions les plus excessives et caricaturales s’apparentent à une apologie du terrorisme, se répandent par l’intermédiaire des réseaux sociaux jusque dans les couloirs des établissements, les salles de professeurs, voire au sein des salles de classe. Une étude de l'IFOP de décembre 2022 avait révélé que 56% des professeurs du secondaire déclaraient s'être auto-censurés afin d'éviter tout incident déclenché au nom de convictions religieuses ou "philosophiques" : c'était 7 points de plus qu'en 2020 et 20 points de plus qu'en 2018 ! L'auto-censure des collègues, autrement dit la peur, est une réalité, et celle-ci n'est pas l'un des moindres dégâts collatéraux de ces discours qui, sous couvert d'expliquer, finissent par excuser l'abjection. Action & Démocratie ne peut que les condamner solennellement et avertir tous ceux qui, au sein de l’Éducation nationale, font preuve de complaisance envers le terrorisme d'une manière ou d'une autre, qu’ils contribuent par leurs postures à installer la confusion dans les esprits, ceux des plus jeunes notamment.
En tant que syndicat des personnels de l’Éducation nationale, nous estimons n’avoir ni à commenter ni à prendre position sur quelque conflit que ce soit, a fortiori sur des conflits aussi complexes que le conflit israélo-palestinien, et nous savons que le seul devoir des enseignants en de telles circonstances consiste justement à donner aux jeunes gens les instruments qui leur permettent de penser la complexité du réel. Mais quel que soit le niveau de complexité de la situation au Proche-Orient, un acte barbare est un acte barbare et doit être dénoncé comme tel sans tergiverser, sans tourner autour du pot, sans « oui, mais… ». C’est pourquoi Action & Démocratie, à l’instar de la fédération des services publics de la CFE-CGC dont nous faisons partie, condamne sans réserve les monstruosités commises par le Hamas en Israël, tout autant que les appels au meurtre suivis d’effets que cette organisation terroriste a lancés, l’assassinat de notre collègue à Arras étant précisément l’un de ces effets. Il faut le dire. C'est la moindre des choses que nous devons à Dominique Bernard.
Il est urgent que le gouvernement et le ministère de l’Éducation nationale prennent la mesure de la gravité de la situation, de la profondeur du problème et de la persistance de la menace de mort qui pèse sur les professeurs en France. Il est urgent qu'ils prennent aussi conscience de l’inefficacité des mesures de surveillance et de protection en vigueur actuellement, pour ne rien dire de l’inutilité absolue du bavardage concernant les « valeurs de la République » qu’on nous ressort après chaque attentat.
Tout cela dépasse largement le cadre syndical et concerne gravement le registre des responsabilités régaliennes de l’État. L’entrisme de l’islamisme est une réalité documentée, et dénoncée, entre autres, par les Imams de Drancy et de Bordeaux, Hassen Chalghoumi et Tarek Oubrou : ils parlent sans détour de cette jeunesse désorientée, fragilisée et captée, fascinée par un activisme anti-démocratique qui est à l’œuvre, qui gangrène au-delà des quartiers sensibles, un nombre effarant de campus universitaires, d’IESP et de grandes écoles. Au sein même de l’enseignement secondaire, des campagnes idéologiques sont menées tambour battant par des organisations qui jouent avec le feu : Action & Démocratie non seulement les désapprouve mais les dénonce et s’en démarque absolument, ici même, sans frilosité.