Jean-Claude Delhez
-20/6/2025- Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, multiplie les prises de position discutables en matière de politique étrangère. La dernière en date a eu lieu lors de la réunion du G7 au Canada. Il y a affirmé publiquement qu'Israël avait « le courage de faire le sale boulot pour nous tous ». Il parlait des bombardements israéliens sur l'Iran. Quoi qu'on puisse penser du régime iranien et de l'état d'avancement de son programme nucléaire, il est un fait indiscutable : l'attaque israélienne est une violation du droit international et de la souveraineté d'un État. Dès lors, M. Merz, au nom de l'Allemagne, cautionne publiquement ces violations et prend parti dans un conflit, en faveur de l'agresseur. Il laisse entendre que c'était à l'Allemagne (et ses alliés, j'imagine) de bombarder l'Iran et qu'il faut dès lors remercier Israël pour le courage de le faire à sa place. Suite à la prise de paroles de Merz, Téhéran vient de convoquer l'ambassadeur d'Allemagne en Iran.
On se rappellera qu'avant même d'être nommé chancelier, Merz avait consacré l'une de ses premières déclarations publiques à assurer que l'Allemagne n'appliquerait pas le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahou. La politique de Merz est donc l'alignement complet sur l'action du gouvernement Netanyahou, quoi qu'il fasse en Iran, à Gaza ou ailleurs, quel que soit le nombre de ses victimes et des pays qu'ils bombarde au Proche-Orient. Ce qui est aussi, par ailleurs, la politique des USA.
Merz, c'est également l'homme du durcissement face à la Russie. Alors que Scholz, son prédécesseur, avait toujours refusé de livrer des missiles Taurus à Kiev, Merz s'est prononcé en faveur du contraire. Réactions négatives à Moscou. Mais réactions négatives aussi à Washington (il y a de l'électronique américaine dans les missiles allemands). Et réactions négatives au sein du partenaire de coalition allemand, le SPD, le parti social-démocrate. Résultat des courses : au bout de plusieurs semaines de tergiversations, l'Allemagne ne livrera pas de missiles Taurus à Kiev.
On peut aussi rappeler que Merz a obtenu des parlementaires allemands le feu vert pour dépasser la limite d'endettement du pays afin d'investir une somme rondelette dans les infrastructures civiles et dans le réarmement de la Bundeswehr. Il entend faire de l'armée allemande la plus puissante d'Europe. Ce qui est une excellente nouvelle pour les marchands de canons américains.
L'Allemagne nous avait déjà gratifié récemment de ses politiciennes va-t-en-guerre, les Baerbock et von der Leyen, voilà maintenant un nouveau faucon décomplexé dans la galaxie belliciste germanique. Pour l'anecdote, on notera que ces adeptes de la pensée néo-conservatrice américaine sont issus des Young global leaders du forum économique de Davos (Annalena Baerbock), de McKinsey (Ursula von der Leyen) et de Blackrock (Friedrich Merz).