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30 décembre 2022

Le gaullisme plus que jamais utile pour faire face à tous nos défis

Yann Bizien

« La gauche se réclamera de moi quand je serai mort » disait de Gaulle.
Que reste-t-il aujourd’hui du gaullisme politique, c’est-à-dire de ce courant de pensée politique ?
Ses fondations ? Sa conception de la France et du monde forgée dans l’expérience, l’épreuve et la maturation ? le sens de l’instant décisif ? L’épaisseur de la Culture ? L’aptitude à échapper à l’inévitable ?
Ses représentants ?
Je voulais poser cette question en ce dernier jour ouvrable de l’année 2022. Si je la pose, c’est que j’estime personnellement qu’il n’en reste, hélas, plus grand-chose. Plus grand-chose, parce que nous n’aurions pas la France d’aujourd’hui si les représentants de la classe ou la famille politique qui s’en revendique l’avaient vraiment été dans la pensée, la réflexion, la vision, l’ambition, la décision et l’action.
La vérité est que le gaullisme a été instrumentalisé à des fins politiques et électorales.
Si notre classe politique était vraiment gaulliste, nous n’aurions pas une France en faillite, désindustrialisée, envahie, ensauvagée, avec des prisons saturées, une École massacrée, des armées à l’os, une Justice défaillante.
Si elle était vraiment gaulliste, la France serait forte, souveraine et indépendante.
Si elle était vraiment gaulliste, la Nation ne serait pas un vilain mot à bannir de notre langage, la Patrie serait respectée et la France redoutée.
Si elle était vraiment gaulliste, nous ne serions pas alignés sur la volonté américaine, nous aurions une pensée autonome et une réflexion indépendante.
Si elle était vraiment gaulliste, nous aurions aujourd’hui une Europe des Nations plutôt que des Régions soumises à des technocrates bruxellois et strasbourgeois.
Si elle était gaulliste, l’autorité ne serait pas piétinée. Et si elle était gaulliste, l’État ne serait pas dominé par le marché mais en surplomberait la vitalité, la famille ne serait pas abandonnée mais soutenue, nos campagnes ne seraient pas désertifiées mais vivantes et dynamiques.
« Le gaullisme, c’était le rassemblement de toutes les forces, au-delà des Partis, au service d’un projet national ». « National », je viens de lâcher le mot qui va faire fuir de cette page tous ceux, nombreux, qui ne veulent plus entendre ce mot.
Certains penseurs ont voulu métamorphoser le gaullisme en « gaullisme social ». Mais le gaullisme, du temps du Général, était, par essence, déjà social. De Gaulle était en effet un homme pétri par un catholicisme charitable donc social. Son expérience spécifique de la Seconde Guerre mondiale, avec la constitution à Londres d’un gouvernement politique en exil, dans lequel il accueillait à la fois des gens de droite et de gauche, et la nécessité de devoir reconstruire un pays et de réinventer des solidarités ont forgé sa pensée sociale.
Dans « Le Coup d’État permanent », François Mitterrand accuse le Général d’agir comme un dictateur. Pourtant, en 1969, c’est le même Général qui quittera de lui-même le pouvoir après avoir proposé un référendum sur l’évolution des institutions.
Qui peut avoir ce courage physique, les vertus morales et l’honnêteté politique du général aujourd’hui ? Plus personne.
Le gaullisme revendiqué par Emmanuel Macron a donc été dévoyé, bafoué et méprisé. Son « en même temps » avait soi-disant vocation à trouver ses racines dans le gaullisme, qui entendait dépasser le clivage gauche-droite. Mais le « en même temps » de Macron est en réalité un moyen électoraliste. Il consiste à affaiblir des adversaires, à satisfaire des clientèles politiques, à multiculturaliser la France pour la dissoudre en tant que plateforme diversifiée dans l’Europe et dans le monde.
Emmanuel Macron ne supporterait pas aujourd’hui de poser des grandes questions aux Français par référendum. Comme les autres, il ne tient plus qu’au pouvoir, et à ses intérêts, se moquant bien du peuple et de ses attendus.
Aujourd’hui, peu de gens de gauche se réclament du Général. De fait, le général de Gaulle reste une icône pour les droites. Le problème est que je pense que plus personne aujourd’hui ne peut plus s’en réclamer parce que trop de politiques ont transigé avec le gaullisme historique.
En 2027, parce qu’il est déjà trop tard, il faudra que le peuple décide massivement de porter au pouvoir un candidat ou une candidate capable de poser des questions au peuple par référendum et de démissionner en cas de désaccord.
Car le gaullisme, n’était pas qu’une ambition politique. C’était aussi le sens des enjeux, de l'honneur et du sacrifice, le refus de la défaite, le souci du destin français, l’appel au sursaut, l’aptitude à entrer en résistance face aux bouleversements, la capacité à se relever ensemble après avoir touché le fond, un bloc de valeurs, le respect de la souveraineté du peuple et de notre identité. Le gaullisme, c’était l’État stratège, efficace et impartial, la nécessité d’une gestion saine des finances publiques et d’une économie solide et indépendante, conjuguées à la justice sociale.
Intellectuel dans l’action, le général de Gaulle n’a jamais séparé l’exigence de réfléchir de la nécessité d’agir.
« Le gaullisme sans de Gaulle, je n’y crois pas ! », s’écriait le Général. Le gaullisme n’est pas obsolescent. Il est plus que jamais utile pour faire face à tous nos défis. Utile, donc, mais dans sa vraie version, sa version originale qui doit nous inspirer et qui devrait permettre de rassembler « toutes les droites ».
La pensée et l’action du général de Gaulle restent une référence et un exemple quand la France a perdu son âme et que son destin est en jeu. Encore faut-il le vouloir et pouvoir s’y tenir. Car le gaullisme a aussi été une promesse de victoire.