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19 juillet 2024

De la banalisation des couteaux, des fous et du RN

H16

19/7/2024 - Dans au moins un domaine, les récentes élections ont enfin pu apporter un peu de clarté. Bien sûr, il ne s’agit pas du domaine politique tant l’explosion en vol du NFP, prévue et actée, donne à tant de politiciens l’occasion d’exprimer leurs talents de clown.

Non, si les choses sont plus claires, c’est clairement pour les gauchistes français qui ont enfin compris pourquoi le Rassemblement National bénéficie actuellement d’un tel élan électoral : il ne s’agit pas d’un hasard, pas plus qu’il ne s’agit d’une volonté populaire de mal voter. La gauche connaît le peuple, elle sait comment il vote (puisqu’il vote pour elle, sa seule vraie représentante) et sait que les électeurs qui s’égarent vers le parti de Marine Le Pen se sont évidemment égarés, tout comme se sont égarés jadis ces Français qui sont allés faire le djihad en Syrie. Il suffit pour s’en convaincre de lire les témoignages poignants consciencieusement recueillis par du Vrai Journalisme.


Et cet égarement n’a pas d’autre cause que la propagande de certains médias : c’est certain, le peuple aime la gauche et quand il ne l’aime plus, c’est qu’on lui a menti, qu’on l’a baratiné, qu’on lui a retourné la tête comme le fait, par exemple, CNews. Oh, cette antenne n’est pas la seule mais représente à elle seule une source majeure de cette confusion droitiste dans l’esprit facilement manipulable du peuple ! C’est d’ailleurs pour cela que des pétitions circulent pour lui interdire toute diffusion.

D’ailleurs, si CNews n’existait pas, qui parlerait de certains faits divers dans lesquels des petits différents gastronomiques aboutissent à des échanges de coups de feu ?

Or, sans ces médias qui relatent sans arrêt les petits faits divers crapoteux, qui montrent bien trop complaisamment une insécurité largement fantasmée, il va de soi que personne n’irait voter RN : sans ces nouvelles, sans ces informations, personne ne constaterait vraiment ni violence du quotidien, ni insécurité, ni incivilités, ni rien. Et tout le monde voterait correctement dans les différentes nuances de gauche.


Mais voilà : si les faits sont têtus, les faits divers sont de plus en plus banals, même les pires.

Banals sont les échanges (globalement pacifiques) de coups de couteau, qui sont souvent qualifiés de fous. Un regard biaisé, un mot de trop, une cigarette qui manque à l’appel, un bonjour un peu trop vif, et c’est l’engrenage.

Mais n’était-ce pas toujours le cas ? Allons, tout le monde sait que ces petits échanges de lames affûtées ont toujours existé, de tous temps, y compris à Paris. Sans ces médias, sans ces faits divers qui grossissent inutilement leur importance, tout le monde s’en porterait mieux, voyez-vous.

Banales aussi sont les utilisations alternatives de feux d’artifices, voire de cocktails Molotov. Allons, n’exagérons pas l’importance de ces faits divers. Après tout, qui n’a pas déjà enflammé des gamins de 16 ans à coup de cocktail Molotov, pour tenter une expérience ou rire entre amis ?


Et surtout, qu’y a-t-il de plus banal qu’un fou en liberté, de nos jours ? C’est aussi ça, les valeurs de la République : une grande et large liberté pour tous de s’exprimer de toutes les façons possibles. Et si cela passe par quelques petits coups de canifs ici ou là, est-ce grave ? Est-ce important ? Est-ce vraiment utile que CNews, Valeurs Actuelles ou d’autres opusculues fascistoïdes d’extre-droite pro-Poutine s’éternisent sur le cas de ce meurtrier laissé libre car jugé irresponsable, et qui tente de tuer un soldat français, vraiment ?

Alors oui, certes, il est effectivement bien plus simple de généreusement badigeonner du qualificatif de “fou” sur les criminels violents de plus en plus nombreux sur le territoire.

D’une part et comme le rappelait un récent article (de février) à ce sujet, plus d’un tiers des immigrants, légaux ou non, qui déferlent actuellement sur l’Europe, déclarent des troubles mentaux : une étude menée en 2020 sur les réponses données par 2 999 primo-immigrants hors UE montrait ainsi que 35,91 % d’entre eux déclaraient un trouble psychique. L’observation sur le terrain – via les faits divers, par exemple – semble assez bien corroborer cette étude.

D’autre part, une fois déclaré fou, les suites judiciaires et politiques sont beaucoup plus simples à gérer que de vrais criminels bien responsables de leurs actes. Ces derniers encombrent les prisons, gênent les politiciens et font suer magistrats et policiers. Les premiers sont simplement remis à des services psychiatriques débordés ou à peu près inexistants, ce qui libère tout notre petit monde pour d’autres tâches bien plus gratifiantes.

Malheureusement, relâcher des fous peut entraîner des récidives graves.

Là encore, il semble qu’au delà des faits divers (vilains, pas beaux, inutiles et qui font honteusement monter le Rassemblement National), ce sont les chiffres officiels de la délinquance qui amènent de l’eau au moulin néfaste de nos méchants médias : avec une multiplication par 4,7 des faits observés, avec un millier d’agressions, 1500 actes de vandalisme, 600 cambriolages par jour et une attaque avec arme toutes les heures, la France semble lentement basculer du côté mexico-colombien de la sécurité et non du côté suisse.

C’est extrêmement agaçant parce que cela ne peut que contribuer à alimenter les rubriques “faits divers” de ces médias méchants et de CNews, cette chaîne d’extrême-droite évidemment fasciste. À force, cela pourrait pousser ce même peuple, outré de voir que rien n’est fait ou, pire encore, que le contraire du bon sens est cajolé avec tendresse par toute la gauche, à demander pourquoi la Justice française ne ressemble plus à rien ou pourquoi on a choisi d’arrêter d’enfermer les dangereux, les fous et surtout les fous dangereux.

Et ça, c’est vraiment le genre de questions qu’on ne veut surtout pas poser, surtout pas actuellement : il est bien plus urgent de savoir qui siègera au perchoir de l’Assemblée nationale ou qui sera le prochain incapable désigné Premier ministre.


20 mai 2024

Métropole ou Nouvelle-Calédonie : serait-ce le temps des milices ?

H16

20/5/2024 - La vie en France est décidément pleine de rebondissements ! Jugez plutôt.

En une semaine, on découvre par exemple que des récidivistes multi-condamnés sont trimballés dans de petites fourgonnettes de prisons en tribunaux avec une protection minimaliste, ceci permettant les actions les plus violentes aboutissant à la mort de trois personnels pénitentiaires lors d’une évasion sanglante.

On découvre de même qu’étrangler une contrôleuse SNCF peut entraîner de la prison avec sursis à condition d’être un migrant irakien déjà mis en cause dans cinq faits précédents (normalement, c’est de la prison ferme – la République s’adapte).

On découvre aussi que les règlements de compte continuent jusque dans les rues de la capitale, en plein jour, avec cet homme abattu de plusieurs balles tirées par un assaillant repartant sur un scooter sous le regard médusé des habitants de ce quartier “pourtant tranquille” du XXe arrondissement. Heureusement que le port d’arme est sévèrement contrôlé en France, sinon ce genre de fusillades aurait lieu plus souvent.


Tout ceci en quelques jours, on ne pourra qu’apprécier la performance du pays qui semble actuellement au taquet pour occuper ses habitants. Mais ce n’est pas tout puisque les festivités dépassent largement le cadre de la Métropole puisqu’on découvre enfin que le processus démocratique entraîne parfois quelques petites frictions du côté de la Nouvelle-Calédonie.

Sur cette province française de l’autre bout du monde, depuis 1988 ne peuvent voter que les habitants (français) qui justifiaient déjà de dix années de présence sur l’île au moment de l’accord de Nouméa, et leurs descendants, en excluant les habitants arrivés après 1988, alors que le nombre de ces “nouveaux” arrivants ne cesse de croître jusqu’à représenter plus de 20% du corps électoral ordinaire.

Or, le gouvernement a déposé fin janvier un projet de loi qui mettrait en place un corps électoral “glissant”, pérennisant l’existence de citoyens français “de seconde zone” dans un “en même temps” si délicieusement macronien qu’on ne peut s’étonner qu’il explose ainsi en vol avec dégâts. On pourra lire avec profit l’article de Contrepoints consacré à la question. C’est en tout cas et officiellement ceci qui a déclenché les émeutes qui mettent actuellement le Caillou à feu et à sang : plusieurs gendarmes et civils ont été tués dans ce qui ressemble de plus en plus à une véritable insurrection armée.

De façon comique, ce qui se passe du côté de Nouméa, à quelques semaines d’élections européennes déjà fort polarisées, pousse certains politiciens dans des retranchements idéologiques de plus en plus exigus : on comprend sans mal que, pour eux, il est absolument indispensable de soutenir cette partie des Kanaks qui, pour lutter contre leur grand remplacement par des étrangers français, européens et maintenant asiatiques et australiens, réclament essentiellement la mise en place d’un droit du sang et veulent donc interdire le droit de vote des étrangers aux élections locales.

Cependant, les mêmes gauchistes se retrouvent alors entortillés dans leurs contradictions lorsqu’on leur fait remarquer qu’il existe un nombre croissant de Français métropolitains qui réclament essentiellement la même chose (le droit du sang et l’interdiction du droit de vote des étrangers dans les élections locales) pour essentiellement les mêmes raisons, une lutte contre un grand remplacement que ces gauchistes n’hésitent pas alors à qualifier de théorie du complot avec l’aplomb que seuls les cuistres imbéciles et les idéologues peuvent se permettre…


Mais au-delà de ces considérations politiques, il apparaît que les violences locales se développent à la faveur de la même impuissance des autorités que celle qu’on avait pu observer, consternés, en juin de l’année dernière lors des émeutes des quartiers émotifs en métropole.

Et cette même impuissance des autorités ou, au moins, leur sous-estimation assez régulière des capacités des engeances violentes à créer des dégâts, maintenant largement intégrée par la population, entraîne à son tour la création de milices locales.

Eh oui : lorsque la force n’est plus du côté des autorités, ces dernières se dissolvent commodément et laissent à chacun, avec une décontraction typique des irresponsables, la charge de sauver ses propres miches, illustrant fort bien qu’après le Quoi Qu’il En Coûte débridé et le En Même Temps systématique de la Macronie triomphante survient le Démerdez-Vous Sans Nous des mêmes clowns à roulette.


Ceci n’est pas une exagération.

Comme un précédent billet de 2016 en faisait mention notant qu’à mesure qu’augmentent les exactions des populations turbulentes, on observe la mise en place – certes ponctuelles et localisées – de groupes de citoyens de moins en moins passifs destinés à faire régner un peu d’ordre alors que les forces de polices sont débordées par les plans Vigipipeau Écarlate Clignotant et autres festivités plus ou moins bien organisées et ne répondent plus guère aux appels de détresse devenus habituels.

À mesure (lente mais croissante) que les Français se rendent compte de l’inanité des sanctions et peines distribuées par un appareil judiciaire de plus en plus ridicule et laxiste, on se rend compte que la Justice – normalement encadrée dans les sociétés civilisées – doit se distribuer de façon directe et rapide pour obtenir un résultat palpable.

Par exemple récent, des Français d’origine tchétchène font comprendre que les agressions subies par des racailles locales ne peuvent rester sans réponse, alors même que les autorités, saisies, n’ont pas jugé nécessaire d’intervenir : “Nous nous excusons auprès des Français qui verront ces tweets. Cependant, étant donné que ni la police ni la justice n’ont fait leur travail pour appréhender ces voyous, alors même qu’ils ont failli tuer un adolescent, il a fallu recourir à un langage qu’ils comprennent mieux.”


Bref, on observe que d’un côté, la France apaisée de Macron l’est de moins en moins et que de l’autre, le sentiment de milice se fait de plus en plus fort. Dans quelques semaines, avec les Jeux olympiques de Paris, la mobilisation des forces de l’ordre sur un événement ponctuel et concentré va drainer les troupes d’endroits où elle sert manifestement de seul vague obstacle entre la société et le chaos. Le pays, déjà bien mûr pour des émeutes comme le prouva le mois de juin l’année dernière, n’attend manifestement qu’une opportunité pour en remettre une couche.

La démonstration d’impuissance néocalédonienne fournit de nouveaux arguments tant à ceux, peu nombreux mais très vocaux, qui ne cherchent plus que le chaos qu’à ceux qui comprennent que sans le concours de citoyens responsables, ce pays est foutu.

Décidément, les prochains mois vont être sportifs.


https://h16free.com/2024/05/20/77707-metropole-ou-nouvelle-caledonie-serait-ce-le-temps-des-milices

23 avril 2024

Une violence propre aux jeunes ? (ou jeunesse-émissaire)

Maxime Tandonnet


23/4/2024 - Depuis environ 10 jours, la mode politico-idéologique est revenue à la violence des jeunes, à l’issue d’une série de tragédies sanglantes. Quelque temps auparavant, le sujet central portait sur le déficit public et la dette de l’Etat. Encore un peu avant, c’était la perspective d’une intervention de l’armée française en Ukraine… Une thématique dominante chasse l’autre… Par séquence d’une semaine à dix jours… Tout va si vite. Et demain ? Croyez bien, je n’affirme pas ici des certitudes mais une impression, qui mérite débat… Le pouvoir politique multiplie les annonces et les mises en scène sur la « violence des jeunes » (sic). Tout cela est bien connu, nous avons l’habitude. Les annonces portent sur des solutions autoritaires : l’encadrement militaire par le SNU obligatoire pour tous (promis lors de la campagne de 2017 – où en sommes-nous ?). Maintenant l’air du temps va encore plus loin et profitant de la tension internationale, parle de rétablir le service militaire. On a eu « l’uniforme scolaire » comme autre solution miracle approuvée par toute la classe politique dans un grand élan consensuel imbécile. Bizarrement, la mode est passée. Désormais il est question d’internat et de supprimer les allocations familiales aux familles des délinquants. C’est un vieux refrain qu’on entend depuis au moins 20 ans. Et toujours exactement le même, dans les mêmes termes… Des lois ont été votées et des crédits ouverts… Les coups de menton se succèdent… Et puis rien… Comme si le disque était rayé… De décennies en décennie, les pouvoirs politiques pataugent dans l’impuissance. Peut-être faudrait-il avoir un diagnostic avant de prendre des vraies/fausses décisions qu’on appelle « annonces » et qui ne servent jamais qu’à leurrer le pays d’un gouvernement, d’une majorité à l’autre. Quel pourcentage des « jeunes » sombre effectivement dans l’extrême violence, celle qui fait couler le sang ? Si c’est une infime minorité, les solutions globales de type SNU obligatoire ou uniforme ne servent à rien sinon à faire payer l’immense majorité des jeunes pour une poignée de délinquants qui relèvent de la police et de la justice. Par ailleurs, que peut faire le pouvoir politique : peut-être devrait-on réfléchir en termes de modèle de société à offrir aux jeunes. L’obsession de la performance sportive, (foot, JO), de la frime vestimentaire, de l’argent roi, le déferlement porno sur Internet, peuvent-ils conduire à autre chose qu’à la promotion de la violence ? Est-ce utopiste d’espérer sur le long terme, une société privilégiant la passion de la littérature, de la musique ou de l’histoire sur les clowneries des milliardaires du football ? Et puis l’exemplarité: une vie politique réduite au grand Guignol stérile et vaniteux, détaché de tout souci de la vérité et du bien commun, ne favorise évidemment pas la cohésion sociale et un climat de paix civile notamment chez les jeunes.

17 avril 2024

Le vivrensemble est en train de se luxer le dos

H16

17/4/2024 - Les semaines se suivent et se ressemblent en République du Bisounoursland : alors que la violence à l’école devient difficile à camoufler, celle dans la société française ne fait plus de doute.

Ainsi apprend-on, juste après les tragiques incidents de Montpellier dont le fond religieux est évident, qu’une adolescente vient d’être agressée à Achenheim dans le Bas-Rhin pour, là encore, des motifs religieux : ses quatre agresseurs lui aurait reproché de ne pas respecter le ramadan.

Ainsi apprend-on que le géant d’un Geox (magasin de chaussures) de Strasbourg est à présent menacé de mort (après les habituelles insultes) pour avoir refusé de laisser son employée travailler en portant un voile, le règlement de travail de l’entreprise étant pourtant clair. On ne s’étonnera que modérément du profil de la vendeuse par qui le scandale arrive. En attendant, le gérant est obligé de composer avec ce nouveau vivrensemble à base de vigiles et de patrouilles policières.

Ainsi Bordeaux aura une nouvelle fois profité de l’enrichissement religieux et des enquiquinantes dérives de lames folles qui l’accompagnent parfois alors qu’un individu d’origine afghane a attaqué plusieurs personnes et tué l’une d’elles à coups de couteau, l’agresseur reprochant à ses victimes de boire de l’alcool alors que le ramadan n’est pas fini.

Ainsi un adolescent homosexuel de 15 ans a-t-il été violemment agressé par un groupe de jeunes à Grenoble, en raison de cette homosexualité, directement reprochée par l’un de ses cousins. Rassurez-vous : bien qu’ayant réalisé un enlèvement, une séquestration et des violences avec actes de barbarie, les agresseurs étant mineurs ont été relâchés. Gageons que les suites judiciaires seront exemplaires et que les associations de lutte contre l’homophobie seront présentes, n’est-ce pas.


On pourra noter de façon intéressante l’augmentation du nombre de ces actes reportés par la presse et commentés partout. On peut raisonnablement imaginer qu’en réalité, tout ceci arrive sur une base pluriquotidienne, mais que le nombre considérable d’incidents apporte une certaine lassitude du public.

De la même façon, on notera que la violence présente dans ces quartiers perdus de la République, et qui s’exprimait de façon sporadique contre la classe moyenne précisément absente de ces quartiers, se retourne maintenant progressivement contre ceux qui en sont issus et qui auraient le malheur de vouloir s’en extraire, de s’affranchir de leurs pratiques courantes, ou, pire encore, de composer pacifiquement avec le reste de la société française.

Devant ce qui apparaît pour une augmentation de ces faits, la République se défend farouchement : rapidement, les petits soldats du vivrensemble rappellent leurs évidences (tout ceci est très ponctuel, la violence est tout à fait limitée, mais non il n’y a aucun communautarisme, etc.) et n’en parlons plus.

Malheureusement, les chiffres, même torturés par les politiciens et les médias, n’en finissent pas de pointer sur d’autres évidences, assez peu favorables à l’apaisement.

D’un côté, on observe que les homicides augmentent de façon alarmante, et les tentatives d’homicides, avec 5072 en 2023 contre 2069 en 2011, sont au plus haut depuis 50 ans…


Certains ont de surcroît l’impudence de noter la sur-représentation des étrangers dans les violences commises en France : alors que ces derniers ne représentent que 7,8% de la population totale, on en retrouve 14% mis en cause pour viols hors cadre familial et 19% dans le cadre conjugal.

Pire : certains en viennent à demander que les OQTF soient appliquées et que ceux qui ont violé ou tué en France en soient expulsés, alors qu’au contraire le vivrensemble imposerait (?) plutôt de les accueillir et de les choyer. Là encore, rassurez-vous puisque les autorités ont rapidement placé en garde-à-vue les ultra-fascistes suppôts de Poutine qui osent demander de telles choses.

De cette violence, on peut en faire un problème religieux mais ceci occulte deux causes.

C’est tout d’abord l’illustration que le combat contre la religion séculaire en France (le christianisme) ne s’est pas traduit par une société plus ouverte ou tolérante, au contraire.

En lieu et place de gens qui ne croient plus en Dieu, on a surtout des gens qui croient un n’importe quoi où tout se vaut et où par conséquent, plus rien n’a de valeur. Et lorsque ce blob devient trop mou, tous ceux qui, nombreux, ont besoin d’une colonne vertébrale ou une structure solide sont un terrain fertile pour toute construction sociale répondant exactement à ces demandes.

Dans ce cadre, l’islam est d’autant plus séduisant que, d’une part, le catholicisme français officiel s’est fait un devoir d’être chaque jour plus en phase avec les “fameuses valeurs de la République”, donc toujours plus mou, plus accommodant de toutes les dernières modes niaises poussées par le politiquement correct, et que, d’autre part, cet islam est même chéri par toute une partie de la gauche, au contraire du christianisme farouchement combattu, soupe électorale oblige. Pas étonnant, dès lors, que cette religion naturellement très prosélyte gagne en “parts de marché” des religions en France.

L’autre cause, c’est surtout l’abandon du régalien par l’État, dilué dans le social et un culte à la laïcité complètement stérile. L’État ne fait plus son travail et a même abandonné avec délice toute velléité de le faire.

Au-delà de l’éventuel discours un peu martial d’un préfet ou d’un ministre de l’Intérieur lorsqu’une occasion (attentat, émeutes, etc.) le commande, personne n’a rien à faire de l’insécurité en France, de la dégradation complète de l’ambiance générale dans le pays.

En réalité, on sait bien comment juguler ces “incivilités” (qui, pour la plupart, sont des délits voire des crimes) et on sait bien comment garantir la paix et la sécurité dans un pays, mais cela nécessite une police et une justice efficaces dont le gros défaut est de considérer tous les justiciables sur le même plan, ce qui, au pays de l’égalitarisme et des petits aplatissements, passe mal.

Oui, il y a en France tout l’arsenal nécessaire de lois et de police pour revenir à un réel état de droit dans le pays. Mais il n’y a aucune volonté de l’utiliser : il n’y a aucune volonté politique de construire les prisons qui manquent cruellement, il n’y a aucune volonté politique de faire appliquer réellement les lois et les peines existantes, il n’y a aucune volonté politique d’écarter de la société ses éléments les plus dangereux, notamment parce qu’ils contiennent en eux les ferments de peur qui ont permis de tenir fermement la classe moyenne jusqu’à présent.

Cependant, avec la véritable déroute économique actuelle, la classe moyenne est en train de s’évaporer très vite et ce précédent calcul (de très court terme) des dirigeants est en train de jouer contre eux : à mesure que l’insécurité et l’appauvrissement général gagnent, le baratin des politiciens ne suffit plus.

Le vivrensemble est en train de se luxer le dos.


https://h16free.com/2024/04/17/77304-le-vivrensemble-est-en-train-de-se-luxer-le-dos

11 avril 2024

Adriana Kezaco

Les emmerdeurs et la racaille n'ont pas droit de séjour dans les grandes villes russes. C'est pareil que ce soit à Moscou, Saint-Pétersbourg, Ekaterinbourg, Krasnodar, Smolensk, Novossibirsk et j'en passe.
Le premier qui joue au con le paie très cher. Violences égal direction la tôle et sans sursis. C'est tolérance zéro pour les cons et ça paie !
Ici c'est l'inverse. Je me souviens quand j'étais sur Paris 20ème. J'avais deux potes au commissariat, un lieutenant et le major qui faisaient équipe comme OPJ de nuit. De temps en temps, j'allais les voir au boulot. Un soir j'appelle pour savoir si je peux passer, histoire de se taper un gâteau breton et du café.
"Amène-toi c'est relativement calme."
Bref je débarque vers 22h et je demande "quoi de neuf ce soir ?".
"Bah, deux connards rue des Pyrénées qui s'en sont pris à deux jeunes femmes, vol à l'arrache de sac et de téléphone avec coups et blessures, sont en GAV on attend les victimes pour un tapissage, histoire d'avoir un flag en bonne et due forme et les envoyer au trou."
Les deux victimes arrivent et passent au tapissage derrière une vitre sans tain. Les agresseurs sont nommés sans le moindre doute. Mon pote se frotte les mains, rédige son PV d'audition et le faxe au magistrat de permanence.
Sur ce on se tortore le gâteau.
Dring, coup de fil du parquet. Je vois mon pote tirer une sale tronche, raccroche. "Ah ? problème ?" je demande.
"Tu sais quoi, les deux Tunisiens en question on les remet en liberté parce qu'avec les événement actuels faut pas faire de vagues !"
Quoi ?
"Oui, t'entends bien, on les relâche et je vais dire quoi aux deux filles moi ? Que les auteurs sont de nouveau dans la rue et peuvent les tabasser demain encore !
Des fois je me demande si ça sert à quelque chose d'être flic dans ce système de merde."
Écœuré le lieutenant, le major dit "heureusement la retraite c'est bientôt, on sert à rien ici".
Voilà, ça c'est la France. Et j'invente rien !
Tolérance mon cul et voilà où ça mène ce dépotoir hexagonal. C'est pour ça que je n'y crois plus entre autres choses et que je dis que ce pays est fini.

8 avril 2024

La violence à l’école n’est pas prête à s’arrêter

H16

-8/4/2024 - Jolie excursion en province française que l’actualité et les collèges du cru nous ont offerte la semaine dernière ! Ainsi, mardi, nous découvrions le charme discret de Montpellier où de petites querelles féminines entre collégiennes ont poussé certaines à en mettre une autre dans le coma. Mercredi, ce fut la calme ville de Tours où des collégiennes décidèrent d’en dépouiller une autre après l’avoir copieusement tabassée. Jeudi, c’est dans la riante Île-de-France, à Viry-Châtillon, qu’un collégien trouve la mort sous les coups de ses camarades de classe pour avoir osé fréquenter la mauvaise fille.

Décidément, l’école française explore de nouveaux domaines avec, il faut le dire, un succès mitigé : par exemple, les cours d’auto-défense, parfois prodigués à certains enseignants, ne semblent pas toujours porter leurs fruits. Certes, mais compte tenu du calibre de nos ministres et de l’impeccable compétence de notre administration scolaire, on sait déjà que les résultats s’amélioreront dès les prochains mois.


En attendant, force est de constater qu’on observe la répétition d’événements tragiques dans certains établissements de l’Hexagone. Le schéma, bizarrement, est toujours à peu près le même, avec des établissements réputés – depuis longtemps – calmes et sereins, dans des banlieues elles-mêmes très favorablement connues des services de police et de justice, des altercations impliquant systématiquement une victime et une demi-douzaine (au moins) d’agresseurs (le “un contre un” semble désuet) et des parents étonnamment absents du côté des racailles assaillants. Dans tous les cas, un facteur religieux est présent, sous forme de prétexte ou pour alimenter un communautarisme pratique et qui permet d’invoquer des lois supérieures à celles du pays.

Bien évidemment, à chaque fois, les autorités se retrouvent devant le fait accompli et font la démonstration de leur impuissance : bien que des alertes avaient été remontées dans le cadre scolaire ou que des plaintes avaient été déposées, rien de tangible n’avait été fait. Dans certains cas, le maire de la commune concernée passera dans les médias pour expliquer son courroux ou son désarroi, certains iront jusqu’à pleurnicher, mais cela n’ira guère plus loin.

De la même façon, à chaque fois, les médias se bousculent pour relayer des messages qui ont maintenant leurs tournures si éculées qu’elles en deviennent des gimmicks, depuis le padamalgam jusqu’au vivrensemble qui ne doit pas être discuté ni ne saurait être remis en question par ce qui sera, ensuite, systématiquement présenté comme un fait divers aussi malheureux que ponctuel ou purement coïncident.

Et peu importe que ce ponctuel se répète de plus en plus fréquemment, peu importe que les coïncidences finissent par faire des statistiques solides : rien ne devra être analysé dans un contexte plus large, et non, non et non, il ne s’agira surtout pas de communautarisme. Ce n’est pas du tout un problème de comportements général d’un quartier ou d’une population, c’est – bien sûr – une question de moyens dont on n’a jamais assez et qui nécessite la réapparition sur les plateaux télés des politiciens qui ont pourtant amplement prouvé leur inaptitude à traiter le problème lorsqu’ils en avaient l’occasion.


Pourtant, ces moyens n’ont cessés d’être déversés à gros bouillons d’argent gratuit des autres, et pas qu’un peu : une petite consultation même furtive des documents officiels qui détaillent les montants d’argent public engouffrés dans ces quartiers montrent que ces “moyens dont on manque” représentent systématiquement des dizaines de millions d’euros pendant des dizaines d’années (par exemple, Mosson, le quartier de Montpellier ou se sont déroulés les derniers faits tragiques, a bénéficié de 74 millions d’euros de fonds publics). À la fin, autant de milliards de l’État qui ne se traduisent par aucun résultat positif, au contraire.

Et quand ce n’est pas faute de moyens (dont on manque toujours cruellement), c’est parce que ces ghettos n’offrent aucune perspective… Toutes aussi absentes pour les collégiens au milieu de la Creuse ou de la Lozère mais dont la violence ne s’exprime apparemment pas de la même façon, voire… pas du tout. Étrange, non ?

Ce déni de comprendre qu’il ne s’agit ni d’un problème de moyens (ou de réseaux sociaux, comme l’explique stupidement Najat Vallaud-Belkacem sans pouffer de rire), ni d’un problème de pauvreté, s’accompagne du déni de l’aggravation de la situation. Pourtant, là encore, les statistiques sont sans ambiguïté.


En fait, le problème de fond, cette violence dans le cadre scolaire, est récurrent et s’est installé depuis des décennies. Il y a dix ans de cela, ces colonnes dressaient déjà le constat d’une violence largement insupportable au sein des établissements scolaires


Pire, l’état des lieux, pas reluisant, portait sur des enquêtes au long cours qui permettaient de retracer ces violences au moins cinq à dix ans en arrière, ce qui nous ramène au début des années 2000. Bref et au bas mot, cela fait 20 ans qu’on sait que ces problèmes s’accumulent et que cette violence ne cesse de croître.

Il y a vingt ans, cela se traduisait par du harcèlement, des enfants tapés dans la cour de récréation ou à la sortie du collège et cela se transforme maintenant par des adolescents qui viennent armés (couteaux, pistolets), qui menacent des enseignants et des élèves, qui passent à l’acte et qui les tuent, élèves comme profs. Samuel Paty, Dominique Bernard ont chèrement payé cet entêtement des institutions et des politiciens dans le déni.

Il ne faut pas se leurrer, les médias camouflent une double réalité abominable : d’une part, le fait que la situation est devenue catastrophique et les exhortations au padamalgam, au vivrensemble ne suffisent plus à rassurer les citoyens. D’autre part, le fait que les politiciens et l’administration s’en foutent complètement.

Oui, vous avez bien lu.

Si on pouvait encore vaguement croire il y a dix ans que politiciens et administrations étaient à la fois débordés et incompétents, on comprend maintenant qu’en réalité, ni les premiers (qui profitent tranquillement du pouvoir et des ors de la République) ni les seconds (qui bénéficient de la rente que procure leur position d’intermédiaires indispensables dans toutes les interactions dans le pays) n’en ont quelque chose à carrer.

En somme, on le sait déjà : le maire de Viry-Châtillon continuera de pleurnicher devant les caméras, comme d’autres le feront après lui. Personne ne veut réellement s’attaquer au problème, devenu de toute façon électoralement suicidaire et politiquement impossible à toucher.


https://h16free.com/2024/04/08/77244-la-violence-a-lecole-nest-pas-prete-de-sarreter

5 avril 2024

LA GUERRE DES MOTS

Gabriel Nerciat

5/4/2024 - Quand les Juifs furent molestés puis assassinés en Seine-Saint-Denis ou à Toulouse, au début de ce siècle, les élites et les petits-bourgeois diplômés ne protestèrent pas, ou peu.
Il faut dire qu'ils n'étaient pas Juifs, et même quand parfois ils l'étaient, se disaient qu'on ne devait pas généraliser ni remettre en cause ce qui ne pouvait pas l'être (une intellectuelle gauchiste d'origine ashkénaze, Illana Weizman, s'est même offert son heure de gloire, il y a quelques années, en expliquant doctement sur les radios d'Etat que "les Juifs ne sont pas des Blancs comme les autres").
Puis, quand des caricaturistes et des journalistes laïcards furent massacrés, les journalistes crurent opportun de dire que c'était à cause des religions. Polyeucte, c'est un type violent, c'est connu, et d'ailleurs Voltaire ne l'aimait pas. Jacques Maritain non plus.
Puis, quand ce fut au tour d'un prêtre catholique ou de militaires en uniforme d'être tués, les évêques de France intervinrent pour dire que tous les fils d'Abraham étaient des frères ; un sociologue de renom très réputé sur l'analyse des faits religieux publia même un article dans Le Monde pour rappeler que les anarchistes athées du XIXe siècle ne faisaient pas mieux.
Puis, quand ce furent de simples civils et adolescents de souche européenne qui tombèrent à leur tour dans des villages assez relégués des provinces rurales périphériques, les mêmes journalistes qui "étaient Charlie", Patrick Cohen et Caroline Fourest en tête, déboulèrent en disant que ce n'était pas vrai ; que ce n'étaient que des menteries proférées par Vincent Bolloré pour faire élire Marine Le Pen.
Enfin, quand ce sont de jeunes musulmanes d'origine maghrébine qui manquent de mourir parce qu'elles s'habillent en européennes et se teignent les cheveux en rouge, que dit-on ?
Qu'il faut être prudent, et ne pas parler à la légère de sujets qui pourraient devenir graves. Peut-être que ce n'est qu'une histoire de filles hystériques et de jeux vidéos, après tout (RTL, BFM-TV et Libé sont déjà sur le coup pour accréditer la thèse).
C'est ainsi que la colonisation de la nation et du continent se fait et se poursuit, avec les meurtres et les violences qu'entraîne toute colonisation, sans qu'on prenne vraiment la peine de la nier explicitement ou de la commenter.
On sait très bien que dès que les mots et les noms adéquats seront communément utilisés (même celui de "Grand Remplacement" est assez vain et désormais neutralisé), plus rien n'empêchera le pire de s'imposer.
Alors, même ceux qui sont prioritairement visés jugent indispensable de ne pas les proférer. Jamais, en aucun cas.
Comme dans le fabliau médiéval où le croquant qui dit "crapaud" se met soudain à les éjecter de sa bouche.

19 novembre 2023

Gastel Etzwane

Il y a 5 ans, les Gilets jaunes descendaient en nombre dans les rues pour se soulever contre la politique d'Emmanuel Macron. Au plus fort de la révolte, l'exfiltration du Président de la République par hélicoptère est même envisagée, en cas d'attaque du Palais de l'Elysée. Une information du Canard enchaîné jamais démentie depuis sa parution.
Fin 2018, les blindés de la gendarmerie gardaient Paris, une 1ère depuis la guerre d'Algérie. La situation pré-insurrectionnelle tétanise le pouvoir. Récemment, les journalistes Laurent Valdiguié et Étienne Girard ont révélé dans un livre une information restée confidentielle : les époux Macron avaient envisagé de se chercher un appartement dans la capitale, de peur de ne pas pouvoir terminer le mandat. (Le Parrain, éd. Seuil)
Après des mois de révolte, la répression policière étouffe le mouvement. Sur les plateaux TV, c'est la "matraque médiatique". Les contestataires sont devenus la cible des éditorialistes. L'un d'eux appelant même à tirer sur les manifestants.
Pendant cette révolte sociale, au moins 2.000 personnes ont été écoutées et/ou géolocalisées par le renseignement. Jamais une surveillance aussi massive n’avait été déployée en France. Un contrôle inédit qui se poursuit, selon le journaliste Vincent Nouzille qui évoque aussi la multiplication des entraves au droit de manifester avec notamment la quasi généralisation des gardes à vue préventives.
23 personnes ont été éborgnées entre 2018 et 2019. Selon les informations rassemblées par l'AFP, aucun policier ou gendarme n'a été condamné en 5 ans. "La police a blessé en quelques mois autant de manifestants qu’en 20 ans", résume le journaliste David Dufresne sur Franceinfo.
L’ONU a demandé à la France d’enquêter sur "l’usage excessif de la force". Le Conseil de l’Europe a demandé à la France de "suspendre l’usage du LBD". Il n'en sera rien ! Pour tirer au LBD, un policier devait respecter une distance minimum de 10 mètres. Selon les informations collectées par Mediapart, aujourd'hui le ministère de l'Intérieur a réduit la distance de tir à 3 mètres. Une décision dangereuse que même la gendarmerie nationale déconseille de suivre...
5 ans après, le pouvoir d'achat a baissé, la pauvreté s'est étendue dans le pays, les inégalités se sont accentuées, la surveillance s'est généralisée et les prix des carburants ont augmenté de 40 centimes de plus par litre.
Si la colère couve toujours, elle ne déborde plus dans la rue. Jusqu'à quand?

9 août 2023

Patrick Sébastien dénonce les dérives de notre époque

France Bleu

Patrick Sébastien vient de publier “Vivre et renaître chaque jour”, sans doute son livre le plus personnel. De sa plume alerte et poétique, il nous offre une magnifique leçon de vie et peint, de manière implacable, les dérives de notre époque. Patrick Sébastien est l’invité de Déborah Grunwald. 27/11/2022


24 juin 2023

Maxime Tandonnet
(Atlantico)

Jean Luc Moudenc agressé, Zemmour pris à partie, des mouvements d’extrême gauche de plus en plus véhéments, la violence en politique semble s’intensifier. La responsabilité est évidemment ceux qui pratiquent la violence ou la justifient, mais n’y-a-t-il pas aussi une responsabilité secondaire à aller chercher de la part de la majorité et du gouvernement dans la création d’un contexte favorable à ces violences ?

La démocratie et même la politique se sont affirmées au fil du temps comme un mode de résolution pacifique des conflits. La démocratie est le pire des systèmes à l’exception de tous les autres comme disait Churchill. Elle repose sur le principe que dès lors que deux points de vue sont en opposition, la majorité obtient satisfaction et la minorité s’incline. Tel est le secret de la paix civile depuis plus de deux siècles. Or, nous voyons réunis tous les symptômes d’une crise dramatique de la démocratie. L’abstentionnisme a atteint 54% aux dernières législatives. Les citoyens ont le sentiment que les politiques n’ont pas tenu compte de la victoire du Non à 54% au référendum sur la Constitution européenne en 2005, dès lors que le traité de Lisbonne, approuvé ensuite par voie parlementaire, reprenait une partie des dispositions de cette Constitution. Un sentiment s’est imposé dans le pays que voter ne servait à rien, que la démocratie était une fiction, qu’une caste dirigeante ayant la prétention de faire le bien du peuple contre lui-même ne tenait aucun compte de l’avis de ce même peuple. Alors évidemment, cette impression que voter ne sert plus à rien favorise la tentation de la violence.

Que ce soit par la négation du clivage droite gauche, le mépris des corps intermédiaires ou les contradictions permanentes du discours politique, Emmanuel Macron a-t-il créé les conditions d’installation et de développement d’une violence ? Comment cela s’est-il produit ? Quelles ont été les étapes les plus délétères ?

La démocratie directe ou référendaire a été abandonnée depuis la victoire du Non au référendum de 2005 et la démocratie parlementaire fait naufrage dans le chaos. La disparition du clivage structurant droite-gauche ou majorité/opposition a ouvert la voie à un modèle politique fragmenté, dominé par des oppositions radicalisées. Entre Renaissance, la Nupes, le RN et LR, on est entré dans un système chaotique qui fonctionne par des combinaisons et des compromissions ponctuelles dans un contexte instable et dominé par des haines intestines, une montée aux extrêmes. Bref, ce climat de chahut permanent et de cour de récréation donne le sentiment qu’aucune alternance n’est envisageable. En outre, le président jupitérien s’est donné un style autocratique en confrontation permanente avec le peuple. Après les Gilets jaunes en 2018 et 2019, la réforme des retraites a été un moment fort de cette confrontation. Le passage en force des 64 ans contre l’avis d’au moins huit-dixièmes des travailleurs sans débat et sans vote de l’Assemblée nationale, a été le déclencheur d’une crise sociale de trois mois. L’impression de mépris, d’arrogance, d’intouchabilité en l’absence de possibilité de sanction du pouvoir est ravageuse pour la paix civile.

À quel point ce sont idéologiquement et sociologiquement les racines du macronisme qui sont en cause ?

Idéologiquement, le macronisme est un étrange pot-pourri, vulgarisé sous les formules « en même temps » ou « ni droite ni gauche ». De fait, il emprunte, d’une part, le pire d’une mauvaise gauche (esprit bureaucratique et négation des libertés notamment pendant le covid19, gabegie financière insensée, nivellement scolaire, surfiscalité, laxisme sécuritaire et migratoire, dérive écologiste dans la fermeture de Fessenheim) et, d’autre part, le pire d’une mauvaise droite : mépris des gens, délaissement des services publics comme la santé, déstabilisation de l’État, culte du chef, argent roi, autoritarisme stérile, élitisme arrogant. Le tout est empaqueté dans une débauche de communication narcissique, de provocations et de mystifications (par exemple sur le chômage). Il donne le sentiment d’un entre-soi hors sol, déconnecté du monde des réalités. Il se veut intouchable, invulnérable, à l’image de cette déferlante d’affaires politico-financières qui ne font l’objet d’aucune sanction en interne. Sociologiquement, le macronisme est au croisement d’une partie du CAC 40, des retraités cossus et de la gauche caviar (ou bobo). Tout l’oppose au peuple, aux classes moyennes et populaires. Cette scission est évidemment une source de violence potentielle considérable.

Si le macronisme s’attelait à recrédibiliser la parole publique, revitaliser la démocratie parlementaire, etc. pourrait-il permettre une désescalade dans les violences observées ? Le peut-il ?

Mais en dehors d’une situation exceptionnelle, on ne voit pas de perspective d’un retour à une politique apaisée. Améliorer le fonctionnement de la démocratie par le référendum ou une dissolution qui serait suivie d’une Assemblée plus gouvernable, n’est pas dans l’esprit du macronisme. Ce dernier repose tout entier sur une défiance envers le peuple. Non, il ne le peut pas. Mais le salut ne viendra jamais non plus ni du RN ou autre parti nationaliste ni de la Nupes qui ont une image beaucoup trop clivante dans le pays pour créer un sursaut national. La droite LR quant à elle est allée beaucoup trop loin dans la compromission avec le macronisme contre le peuple, son adversaire privilégié, pendant la réforme des retraites. Tout peut changer très vite évidemment à la faveur d’événements imprévisibles, mais en ce moment, en ce moment, j’insiste, pour l’instant, on ne voit aucun signe nulle part d’une possibilité de renouveau démocratique.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2023/06/24/lideologie-du-en-meme-temps-favorise-t-elle-un-climat-de-violence-pour-atlantico/

1 juin 2023

[ ARTE ]

Au nom du maintien de l'ordre (1/2) Reculez

https://www.arte.tv/fr/videos/101352-000-A/au-nom-du-maintien-de-l-ordre-1-2/


Partout dans le monde, des foules en colère affrontent des forces de l’ordre surarmées. Le journaliste Paul Moreira s’immerge dans des manifestations et interroge des spécialistes pour éclairer les causes de ce glissement répressif.

Paris, 8 décembre 2018, acte IV des Gilets jaunes. Pour la première fois à Paris, des véhicules blindés sont utilisés pour contenir un mouvement social. Des manifestants sont blessés, certains vont garder des séquelles. En 2020, aux États-Unis, lors des manifestations contre le racisme et les violences policières organisées après la mort de George Floyd, des images similaires circulent. Le tournant a été pris une vingtaine d'années plus tôt : les mouvements sociaux, jadis disciplinés, ont laissé place à des explosions de colères collectives à laquelle les autorités répondent par une militarisation croissante. Norm Stamper, l'ancien chef de la police de Seattle qui a participé à ce changement de doctrine du maintien de l'ordre, plaide désormais pour une réforme de la police : "Je me suis raconté des mensonges pendant des années. Pourquoi gazons-nous des citoyens non-violents ?"

Implacable démonstration

Comment a-t-on évolué du maintien de l'ordre à un contrôle des foules qui ressemble à une guerre de basse intensité ? Réalisé par le journaliste et reporter Paul Moreira, qui a couvert notamment les manifestations des "gilets jaunes", ce documentaire se penche sur les nouvelles doctrines de maintien de l'ordre en donnant la parole à de nombreux témoins et spécialistes, dont des responsables policiers et des vendeurs d’"armes à létalité réduite". Mêlant leurs propos d’une désarmante franchise et des immersions, parfois rudes, au sein de cortèges en France, en Allemagne ou aux États-Unis, ces deux épisodes livrent une démonstration : cette évolution du contrôle des manifestants, symbolisée par l'usage massif et non contrôlé des armes à balles en caoutchouc, résulte de schémas pensés et assumés par les hiérarchies policières. La peur se répand dans les cortèges et le constat apparaît aussi évident qu’inquiétant : ce glissement répressif menace les libertés publiques.


Au nom du maintien de l'ordre (2/2) Presque mortel

https://www.arte.tv/fr/videos/111712-000-A/au-nom-du-maintien-de-l-ordre-2-2/


Second volet de cette enquête de Paul Moreira qui tente d'éclairer les causes de ce glissement répressif. En France, aux États-Unis, en Allemagne et ailleurs, on est passé du maintien de l'ordre au contrôle des manifestants - et l'arme emblématique de cette évolution est le LBD (lanceur de balles de défense).

En France, aux États-Unis, en Allemagne et ailleurs, on est passé du maintien de l'ordre au contrôle des manifestants ; et l'arme emblématique de cette évolution est le fusil à balles en caoutchouc, le LBD (lanceur de balles de défense). Si le Royaume-Uni l'emploie dans ce qu'il reste de ses colonies dès les années 1960, il faut attendre 1995 pour qu’il soit importé en France, avec une utilisation d’abord circonscrite à des situations de violence individuelle extrêmes. Dix ans plus tard, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, l’autorise face à des foules lors des émeutes dans les banlieues, puis l'usage se banalise. Pourtant, les études sont rares sur ces armes dites "à létalité réduite". On sait néanmoins qu'elles causent des mutilations et réhabituent les policiers à une gestuelle que l'on pensait disparue : mettre en joue et tirer, parfois sans respecter les règles d'utilisation. Face à cette violence, les manifestants n’ont qu’un recours : le téléphone portable, pour enregistrer les bavures. D’autres renoncent à se joindre aux cortèges. Est-ce l'objectif recherché ?

3 mai 2023

Réforme des retraites, le chaos et le désastre

Maxime Tandonnet


Il faut le dire et le répéter. La réforme des retraites, en particulier les 64 ans qui provoquent la colère, est inutile et injuste. L’âge moyen d’entrée sur le marché du travail en France est de 22, 5 ans (INSEE). Le nombre d’annuité nécessaire pour toucher une retraite à taux plein est de 43. Dès lors l’âge moyen théorique de la retraite n’est pas 62 ans, mais plutôt 65,5 ans.

Les 64 ans ont en vérité pour objectif de faire travailler, au-delà de 43 annuités, les personnes, en minorité, entrées sur le marché du travail avant 21 ans, ayant fait peu d’études, notamment les travailleurs manuels. Dans la plus grandes opacité, plusieurs aménagements en faveur des carrières longues permettent à certaines classes d’âge d’éviter ce couperet, mais il reste des poches d’injustice non réglées grâce auxquelles le pouvoir peut se targuer de quelques économies, évidement infinitésimales au regard des 560 milliards de dettes accumulées par le pouvoir macroniste en deux ans (Cour des Comptes).

Alors pourquoi cette réforme ? Fondamentalement emblématique, elle symbolise la poigne jupitérienne et la mise en œuvre de la volonté présidentielle de « transformer la France ». Elle exprime la détermination du pouvoir macronien à faire plier une Nation qui refuse les 64 ans en raison de leur caractère injuste, visant les « sans-dents », les « Gaulois réfractaires », « ceux qui ne sont rien et ne peuvent même pas se payer un costume », les « fainéants » et les « illettrés ». Elle incarne la morgue et le mépris de la sphère dirigeante actuelle envers les gens, le peuple. Nous sommes dans une violente épreuve de force emblématique, une logique de guerre civile entre d’une part ceux « d’en haut » qui prétendent faire le bien du pays contre lui-même, c’est-à-dire l’équipe au pouvoir retranchée derrière les murs de ses palais dorés et les cordons des forces de l’ordre, et d’autre part la population de ce pays dans son immense majorité souvent en souffrance sociale, qui soutient la contestation à cette réforme.

Ce qui s’est passé le 1er mai est une honte absolue. Le pays a sombré une nouvelle fois dans la violence, le sang et les flammes. Plus de 100 policiers ont été blessés, dont un grièvement brûlé. Ces chiffres, qui s’accumulent depuis quatre mois, montrent la profondeur du chaos dans lequel la France a durablement sombré. l’image que donne la France à l’étranger est celle d’un pays dévasté. Évidemment les auteurs de ces abominations contre les forces de l’ordre sont des criminels. Mais ceux qui ont provoqué par autocratie, aveuglement et exubérance vaniteuse les circonstances de cette tragédie, sont eux aussi impardonnables.

Rarement, la politique française n’avait sombré dans un tel niveau de déchéance depuis 1945. Le pouvoir macroniste est évidemment le principal responsable de ce fiasco et de ce chaos. La gauche mélenchoniste n’a jamais fait que souffler sur les braises de la violence. La droite lepéniste – modèle de discrétion – se frotte ostensiblement les mains en espérant tirer les marrons du feu de cette calamité en 2027… Mais c’est loin 2027. La droite classique a choisi le camp macroniste de cette réforme absurde et injuste, contre le pays, manquant une occasion historique de se poser en protectrice du peuple.

Il reste une poignée de responsables politiques, dont Charles de Courson et d’autres, en dehors d’une logique partisane, qui ont montré le cap de la sagesse, de l’apaisement, du sens de l’État et de la vision historique. Evidemment sans être écoutée tant le climat est à l’aveuglement, au délire vaniteux, à la courtisanerie. Dans les périodes de trouble profond, le redressement part toujours d’une infime poignée de visionnaires. S’il reste une lueur d’espoir pour l’avenir de la France, certes faiblarde, elle est à chercher de ce côté-là.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2023/05/02/reforme-des-retraites-le-chaos-et-le-desastre/

« Cela devient presque normal de passer deux jours au trou pour avoir manifesté »

Eric Vial

Arrestations durant les manifestations contre la réforme des retraites : 80 % des dossiers classés sans suite par le procureur, et les 20 % restant « ressortent libre en comparution immédiate ».
La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) vient de publier un rapport alertant sur les conditions de détentions des personnes placées en garde à vue en France dans le cadre de la contestation contre la réforme des retraites. La CGLPL s’inquiète de voir que des principes fondamentaux du droit français et européen ne sont pas respectés.
Elle constate dans l’immense majorité des cas des « arrestations arbitraires », des « interpellations violentes », des « procès-verbaux incomplets voire défectueux ». Pire la contrôleuse relate des incarcérations dans « des cellules indignes » et « des fouilles en sous-vêtements »…
Dans ce rapport de 30 pages, les officiers de police judiciaire interrogés par la contrôleuse reconnaissent ne pas connaître les raisons des interpellations des manifestants mais se disent « solidaires » de leurs confrères. Certains policiers expliquent « qu’ils avaient l’ordre d’interpeller des personnes présentes dans une zone », sans plus.
Dans Libération, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté raconte : « Pour la large majorité des personnes que nous avons vues, il n’y avait aucune preuve (…) Ce sont des sortes d’arrestations préventives, arbitraires ». Elle considère que si la Police « arrête les gens le samedi, elle est «tranquille» jusqu’au lundi ». Elle ajoute : « nous avons échangé avec des gardés à vue qui se plaignaient d’avoir été malmenés pendant leur interpellation. Je veux bien entendre que des policiers soient fatigués, qu’ils n’en peuvent plus de se faire insulter pendant des heures. Mais c’est contre-productif de brutaliser les gens, sans compter le fait que c’est illégal ».
La CGLPL constatant que le Droit des personnes n’est pas respecté a donné quinze jours au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin pour répondre et mettre fin aux « dérives » caractérisées et liberticides.


Sauver la peau du président ?

Pierre Duriot


Les analyses de la violence des manifestants et des policiers, sont assez simplistes, dans les médias, qui s’appliquent à nous servir le monde manichéen dont ils ont l’habitude. Les bons Ukrainiens, les méchants Russes, le méchant virus et le bon vaccin, le gentil démocrate incompris et la méchante d’extrême droite, le bon migrant et le méchant xénophobe. Tout cela tombe avec le temps, mais sur le moment ça marche et deux semaines après, il faut « passer à autre chose », nous disent maintenant les ministres, avec les mêmes rebonds dans la voix, que quand ils serinaient, « la seule solution, c’est la vaccination ». Et les pseudos journalistes de répercuter : « c’est inadmissible dans une démocratie », devant les images de policiers molestés.

La première des violences est bien la violence d’État, qui se comporte comme un père qui bat sa femme, tout en enseignant à son garçon, qu’il ne faut pas battre sa femme. L’État bat son peuple, le brime, le ruine, le confine, le tue au travail, l’empêche de se soigner, de se nourrir, d’avoir des loisirs, lui demande d’être économe, écologique, frugal et respectueux, tout en faisant l’exact contraire de tout cela. En faisant l’exact contraire, avec en plus, un effet d’affichage, d’arrogance même : oui, mais nous, on a le droit de ne pas respecter la loi qu’on édicte. Insupportable. Mais il va plus loin, il laisse mourir les entreprises, alors qu’il pourrait sortir des tarifs européens de l’énergie, pour sauver les emplois et l’activité : il ne le fait pas et tout le monde le sait. N’est ce pas d’une grande violence ? La population est à l’image de ses gouvernants, devenue violente, de manière systémique, puisque le pouvoir ne répond plus que par la violence, de manière systémique également.

On ne peut pas s’émouvoir du policier en feu, plus que du Gilet jaune amputé. On ne peut pas condamner le jusqu’au boutisme des casseurs et accepter le jusqu’au boutisme du 49.3. On ne peut pas expliquer qu’il ne faut pas manquer de respect au président, quand le président évoque ceux qui ne sont rien. Et les solutions à cette violence systémique passent par des mesures qui ne résolvent rien. Par exemple, le président du syndicat des petits commerces explique qu’il faut penser à des indemnisations pour les commerçants qui se font fracasser leurs vitrines, parce qu’ils sont sur les itinéraires des manifestations. Ou alors, il préconise qu’on change de temps en temps les itinéraires, pour mieux répartir la casse, sans doute ? Le mieux ne serait-il pas de supprimer la casse ?

Violent toujours, le gouvernement n’écoute que si on casse et encore. Imaginez que 10 millions de personnes descendent dans la rue pour protester et que tout se passe bien, qu’il n’y ait pas le moindre heurt, pas de black-blocs, pas de casse, rien… que se passerait-il avec Macron ? Rien. Avec cet homme là, violent systémique lui aussi, on aurait droit à son traditionnel « Les Français m’ont élu », synonyme pour lui de « Je fais donc ce que je veux ». Clairement, la France a quitté le groupe des démocraties pacifiques, parce qu’elle n’est simplement plus, de fait, une démocratie dans laquelle, quand le peuple revendique, on l’écoute, on discute, on amende. Il n’y a plus rien de tout cela, on envoie les policiers à la baston, parmi lesquels, beaucoup commencent à douter du bien fondé des ordres et des missions.

Mais l’État fait pire, il sait qui sont les casseurs, il sait où ils habitent, il en laisse même venir de l’étranger, peut-être même qu’il commande leur venue et il ne les arrête pas. Il les laisse faire, casser, piller, blesser les forces de l’ordre et invoque les blessures subies par les forces de l’ordre, pour justifier encore plus de violence, non pas contre les casseurs en question, mais contre le peuple. Et cet État se situe, en ce moment, exactement juste avant l’ordre de tirer sur la foule, à balles réelles, achevant ainsi de passer officiellement dans le camp des dictatures. Et expliquer qu’on peut le faire, parce qu’on est les gentils, qu’on n’est pas l’extrême droite, ne trompera personne. Il y a une incongruité quotidienne à expliquer que le danger de l’extrême droite, c’est les autres et à se comporter comme un gouvernement d’extrême droite, qui n’écoute pas, ne discute pas, mais passe son temps à cogner, parce qu’il s’autoproclame le camp du bien.

Il serait pourtant possible de faire cesser cette folie, qui se cristallise autour de la personne du président, qui voulait qu’on aille le chercher. Il sait qu’il en est proche et se barricade, pire qu’un dirigeant de Corée du Nord, pour aller au foot. Avec une procédure de destitution, les motifs ne manquent pas, les députés arrêteraient cette violence et sauveraient également, en même temps, la peau du président dont la seule mention, la seule apparition, hérisse désormais, le poil de toute la nation. Il s’agirait, dans le respect de la constitution, d’une exfiltration symbolique et salutaire, qui apaiserait les tensions, au moins quelques temps et permettrait de lever la soupape d’une cocotte minute sociale et économique, qui n’en finit plus de monter en pression.

8 avril 2023

Le syndrome Benalla

Gilles La Carbona

Depuis l’annonce du 49.3, les manifestations n’en finissent plus, d’ampleurs différentes. Il ne se passe pas une journée sans que la France ne soit secouée par cette colère. Les périphériques bloqués, les ponts, les dépôts pétroliers, font l’objet d’action coup de poing. Plus symboliques sont les attaques contre des lieux incarnant le pouvoir, des permanences de LR ou de députés Renaissance saccagées, murées, des mairies envahies. À Paris et à Nancy, les portes d’entrée de la banque de France ont fait l’objet de tentatives d’incendie. Le restaurant la Rotonde, a également été visé. La grogne monte d’un cran.

Nous l’avions dit au RPF, cette colère contre l’utilisation du 49.3 en lieu et place d’un vote des députés, se mue en une révolte contre un pouvoir qui aujourd’hui, est non seulement contesté, mais plus grave, détesté. Pour seule réponse, la violence policière, pardon, pour BFM, il ne faut pas employer ce terme, mais celui de « dérapage ». Encore une fois cette chaîne se distingue par une déférence qui confine à l’aveuglement et au détournement de la réalité. Mais que ne ferait donc pas BFM, dont son président doit tant au couple Macron ? Ce renvoi d’ascenseur n’est pas un service qu’il rend à l’apaisement social. Masquer les faits, les minimiser pour tenter de justifier ce que la presse étrangère découvre, horrifiée, est une manipulation peu honorable. Il y a une différence entre un dérapage et une violence. Si les deux sont condamnables, les conséquences qui en résultent ne sont pas les mêmes. Une femme sauvagement matraquée, avant d’être poussée dans le métro, place d’Italie, c’est une violence, le refus de s’identifier avec son RIO auprès du journaliste David Dufresne, ou devant des députés de la Nation, Ugo Bernalicis, Alexis Leaument, Thomas Portes, c’est un dérapage. Mais après tout pourquoi les forces de l’ordre seraient-elles tenues de respecter une obligation ? Qui peut les obliger ? La police ? L’armée ? Ne rêvons pas.

Le Conseil d’État s’est délicatement écarté du débat en s’excusant de ne pouvoir prendre une décision qui relève du pouvoir hiérarchique. Mais n’est-ce pas aussi le but de cette institution défaillante de pallier les manquements hiérarchiques ? Une notation abusive est annulée par la justice administrative, aucun juge n’a encore laissé le soin à l’administration en cause de gérer seule ce problème. Il en est de même pour faire respecter une règle à laquelle la police se soustrait sans aucune sanction. Que peut-on dire d’une police, qui non seulement ne laisse pas travailler un journaliste, mais qui en plus ne respecte même pas les élus de la nation ? Et dire que certains justifient leur attitude agressive pour « sauver la République ». Un ancien préfet fustige la macronie et parle de « nouveaux flics » en ces termes : « On recrute des teubés , ils parlent comme des voyous et portent des armes et une matraque. Je ne reconnais plus la police dans laquelle j’ai travaillé. » Anciens et nouveaux ne doivent pas plus se comprendre dans la police, que dans d’autres administrations.

Mais si un policier n’est plus identifiable, comment un manifestant peut-il faire la différence entre un voyou et un fonctionnaire assermenté ? L’habit seul, ferait donc le moine ? Souvenons-nous de l’affaire Benalla, il avait bien un brassard de police autour du bras, et n’était nullement habilité à s’en prévaloir. Nous arrivons devant un problème d’une gravité encore jamais atteinte. Nous avons un pouvoir qui ne peut se maintenir que par la violence et la terreur, une police qui n’a plus rien de républicaine, puisqu’elle enfreint elle-même les lois qu’elle est censée faire appliquer, et des députés qui n’osent pas destituer un président détesté à l’intérieur, et méprisé à l’extérieur. Chirac, à son époque, avec le CPE, avait su entendre à la fois, la rue et la République et retiré sa loi. Macron, obéissant à des intérêts supérieur et avec le profil psychologique très particulier qu’on lui connaît, n’écoute personne.

Les députés ne se rendent pas compte de la catastrophe qui arrive, médusés pour certains par l’Eldorado qu’ils découvrent. Entre salaire confortable et avantages hallucinants, ils ont perdu la tête. L’annonce de la constitutionnalité de la loi, si elle n’est pas tempérée par l’acceptation du RIP, pourrait provoquer un nouvel embrasement. Lorsque les mots deviennent impuissants à convaincre, les actes les remplacent. Ces derniers ne sont plus que l’expression brutale de l’exaspération. C’est cette évidence que nos oppositions sont incapables de voir et de comprendre. Au RPF, avec d’autres, nous craignons que ce qui risque d’arriver, ne soit plus du ressort de la prévention, ou de la pédagogie.


30 mars 2023

Tiephaine Soter

Plusieurs sources du journalisme d'investigation indiquent depuis quelques heures que l'un des deux manifestants qui a eu le crâne fracassé par l'unité de gendarmerie en quad, style BRAV-M, à Sainte-Soline est en état de mort cérébrale. L'info originelle viendrait d'un médecin du CHU de Poitiers, qui évoque une "mort encéphalique" depuis dimanche soir.
Le directeur de la com' du CHU de Poitiers, contacté par les journalistes, "ne confirme pas et ne dément pas l'information", une manière de dire sans le dire que l'info est exacte mais qu'il n'a pas le droit de le dire pour des raisons d'ordre politique.
On nous a longuement dressé le portrait du "militant" fiché S, délinquant notoire etc., mais celui-ci, personne n'en parle.
Cet après-midi, une charge de CRS a provoqué la chute très violente d'un homme qui n'était absolument pas menaçant. Depuis les témoignages selon lesquels il recevait un massage cardiaque sur place, plus aucune nouvelle nulle part.
Ça fait 4 ans et demi que les forces de "police" sont en roue libre contre des gens qui ne font qu'exercer leur droit à manifester. On se souvient de cette dame de 80 ans qui a été tuée par une grenade lacrymo tirée à tir tendu sur elle alors qu'elle fermait ses volets, on se souvient de cette vieille dame de 73 ans renversée et piétinée par une charge de CRS, on se souvient des 353 Gilets jaunes blessés à la tête dont 30 ont perdu un œil, on se souvient de ces jeunes et moins jeunes qui ont eu la main arrachée.
J'ai longtemps été fervent soutien des hommes en bleu, particulièrement après la vague de terrorisme qui a frappé notre pays en 2015-2018. Ce n'est plus le cas désormais, pas quand je vois le peuple français être massacré alors qu'il ne fait que réclamer des conditions de vie décentes et de ne pas être considéré comme du bétail corvéable à merci.
Qu'on ne vienne pas me faire chier à me dire "c'est sur les gauchistes qu'ils tapent", parce qu'en 2018, c'était "sur les fachos de Gilets jaunes". Cette rhétorique de toujours diviser tout le monde entre gauche et droite est un piège dont il va falloir apprendre à sortir une bonne fois pour toutes : la matraque n'en a rien à foutre de votre couleur politique, tant qu'elle peut vous défoncer la gueule.